Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.rf.mulard.1899a

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 =====Raymond Mulard (1899)===== =====Raymond Mulard (1899)=====
    
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 =======Monographie d'Angerville====== =======Monographie d'Angerville======
  
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 > //Chaque monographie devait respecter un plan commun. D'abord, une partie géographique et historique (situation géographique, climat, histoire locale, biographies de personnages remarquables, liste des personnalités locales, économie...) puis une partie consacrée à l'instruction publique, dans laquelle l'instituteur faisait l'historique des bâtiments ayant abrité les écoles et parlait de son métier et de son programme scolaire.// > //Chaque monographie devait respecter un plan commun. D'abord, une partie géographique et historique (situation géographique, climat, histoire locale, biographies de personnages remarquables, liste des personnalités locales, économie...) puis une partie consacrée à l'instruction publique, dans laquelle l'instituteur faisait l'historique des bâtiments ayant abrité les écoles et parlait de son métier et de son programme scolaire.//
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 +> [[hn:rf.mulard|Raymond Mulard]]
  
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 | Billets simples| | | Aller et retour| |  | | Billets simples| | | Aller et retour| |  |
-|1re classe | 2e | 3e | 1re classe | 2e | 3e |+|1re classe | 2e | 3e | 1re | 2e | 3e |
 |d'Angerville à Paris| |d'Angerville à Paris|
 | 8 f 40 | 5 f 70 | 3 f 70 | 12 f 60 | 9 f 05 | 5 f 90 | | 8 f 40 | 5 f 70 | 3 f 70 | 12 f 60 | 9 f 05 | 5 f 90 |
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 | 5 f 25 | 3 f 55 | 3 f 30 | 7 f 90 | 5 f 70 | 3 f 70 | | 5 f 25 | 3 f 55 | 3 f 30 | 7 f 90 | 5 f 70 | 3 f 70 |
  
-Un bureau de Poste et télégraphe accrédité et rendu plus rapide les communications avec Paris et Étampes d’un côté, Orléans de l’autre.+  * Un bureau de Postes et télégraphes augmenté et rendu plus rapides les communications avec Paris et Étampes d’un côté, Orléans de l’autre. 
 + 
 +  * Mais le commerce local doit son développement aux foires et marchés. 
 + 
 +  * C’est M. Delpech, ancien seigneur d’Angerville, qui obtint de Louis XV les lettres patentes donnant des foires et marché à notre pays. 
 +  * Nous en extrayons ce qui suit: 
 +  * "Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de navarre, à tous présents et à venir, salut: 
 +  * "Notre aimé et féal, le sieur Jean Delpech, marquis de Méréville, notre conseiller en la grand’chambre de notre cour de Parlement de Paris, nous a fait exposer que, comme propriétaire du marquisat, terre, seigneurie et justice de Méréville et dépendances, il a, entre autres choses, droit d’y faire tenir quatre foires par an et deux marchés par semaine, l’un le mardy et l’autre le vendredy; que, n'y ayant ni foire ni marché aux bourg d’Angerville dépendant dudit marquisat de Méréville, situé sur la grande route de Paris à Orléans et le passage des troupes, il est fort onéreux et incommode aux habitants dudit bourg et des lieux circonvoisins d'être obligés de porter leurs denrées et marchandises à plus de quatre lieux à la ronde; que, pour améliorer le dit bourg d'Angerville et procurer des vivres plus abondamment aux troupes et aux passagers, le dit sieur exposant désirerait pourvoir établir deux |**10**| foires pour chacune année, la première le 20 juillet et la seconde le jour de feste de Saint-Hubert, et y transférer le marché qui se tient le vendredy à Méréville, pour y être tenu le même jour de vendredy de chaque semaine; sur quoi il nous a très humblement fait supplier de luy accorder nos lettres sur ce nécessaires. À ces causes, voulant favorablement traiter ledit sieur exposant et lui donner des marques de la satisfaction que nous avons de ses services, nous lui avons, notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, permis et accordé, et par présentes signées de notre main, permettons et accordons de faire tenir au dit lieu d’Angerville deux foires par chacun an, la première le 20 juillet, et la seconde, le jour de feste de Saint-Hubert, et d’y transférer le marché qui se tenait au dit lieu de Méréville le vendredy de chaque semaine ................. ....................... ................... ................ .............. ............: car tel est notre bon plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces présentes, données à Versailles, le quatorzième jour de novembre, l’an de grâce mil sept cent trente-cinq, et de notre règne le vingtième, signé sous le reply, Louis." 
 +  * "Et sur le reply: par le roi, Phelippeaux. — 
 +  * "Scellés en lacs de soie et cire verte; et sur le reply est écrit: 
 +  * "Registrées en chambre des comptes, ouï le procureur général du roy pour jouir, par l'imétrant et ses successeurs, propriétaire du marquisat de Méréville, de l'effet et contenu en icelles, et être exécutés selon leur forme, teneur y suivant, et aux charges portées par l’avis sur ce, fait le trois février mil sept cent trente-six, signé Ducorme, et à côté visa Chaumelin." 
 +  * Ces lettres furent en effet enregistrées le 3 février 1736, par arrêt de la chambre des comptes, rendu sur enquête faite au baillage de Dourdan, ce qui prouve qu’Angerville faisait alors partie de l’élection de Dourdan. 
 + 
 +  * Par arrêté préfectoral en date du 22 janvier 1812, la foire dite de Saint-Hubert, qui se tenait autrefois le 3 novembre, fut remise au 4 du même mois, pour laisser un jour d'intervalle entre celle d'Auneau (Eure-et-Loir) qui se tient le 2 novembre, et donner ainsi le temps aux marchands et aux acheteurs de venir à celle d’Angerville. |**11**| 
 + 
 +===== §4. — Administration ===== 
 + 
 +  * Nous empruntons à l’excellente monographie "Angerville la Gâté – village royal" de M. Ernest Menault le tableau suivant relatif à l’administration municipale d’Angerville : 
 + 
 +==== 1° — Avant 1789 ==== 
 + 
 +  * 1644 — Pierre Fanon, procureur fiscal de la chastellenie de Guillerval, Monnerville et Angerville. 
 +  * 1650 — Gaspar Depussay, procureur fiscal à Angerville. 
 +  * 1659 — Jehan Ruzé, bailly de la chastellenie de Guillerval, Monnerville et Angerville la Gaste. 
 +  * 1660 — Symon Blanchet, procureur fiscal à Angerville. 
 +  * 1660 — Thomas Mousset, procureur du bailliage d’Angerville. 
 +  * 1676 — Hiérosme Palluau, lieutenant d'Angerville. 
 +  * 1677 — Jean Pommereau, receveur de la seigneurie des Murs. 
 +  * 1681 — Gaspard Depussay, procureur fiscal de la chastellenie de Guillerval, Monnerville et Angerville. 
 +  * 1681 — Hiérosme Blanchet, procureur fiscal à Angerville. 
 +  * 1697-1716 — Pierre Courtois, conseiller du Roi, maire perpétuel. 
 +  * 1700 — Jean Pommereau, receveur des Murs. 
 +  * 1700 — Jean Fleury, procureur fiscal. 
 +  * 1701 — Louis Rabourdin, commissaire. 
 +  * 1713-1717 — Hugues Lesueur, maire. 
 +  * 1735 — Claude Pommereau, receveur des Murs. 
 + 
 +==== 2° — Depuis 1789 ==== 
 + 
 +  * 1789 — Rousseau Jean-Henry, syndic et membre de l’assemblée provinciale de l’Orléanais en 1789. Élu maire le 9 décembre 1792, resta en fonctions jusqu’au 24 mars 1793, fut président de l’administration municipale en 1797 et redevint maire à partir du 18 juin 1800 jusqu’au 30 avril 1809, époque de son décès. 
 +  * 1790 — Tessier, juge de paix du canton d’Angerville et maire de 1790 à 1791. 
 +  * 1791 — Bertrand Louis, maire du 9 janvier au mois de novembre 1791. 
 +  * 1792 — Dubois Jean-Pierre, maire du 22 janvier au 20 mars. 
 +  * 1792 — Chartrain Louis Jacques Abdenago, premier officier municipal, fut appelé à remplir du 20 mars au 9 décembre 1792 les fonctions de maire par intérim, et le devint en titre par élection du 24 mars 1793 jusqu’au 2 brumaire (23 octobre 1795). À cette époque, destitution du conseil général de la commune de la juridiction de paix et du comité de surveillance, par le représentant du peuple Pierre Couturier. Réorganisation et nomination à la charge de maire de Charles Léger dont les fonctions furent de courte durée. 
 +  * 1793 — Dollon François, nommé maire, du 15 brumaire an II au 3 thermidor an II (17 avril 1794). 
 +  * 1794 — Hardy Étienne, nommé le même jour juge de paix du canton d’Angerville, et resta en fonctions jusqu’en 1801, époque où le pays fut dépossédé de son canton. 
 +  * 1808 — Thiercelin Louis, adjoint de 1808 à 1817, maire du 16 février 1817 au 13 novembre 1834. |**14**| 
 +  * 1811 — Rousseau Marie Jean-Baptiste Armand, jugeant au 24 juillet 1814. 
 +  * 1814 — Guillaumeron Pierre Jacques, jusqu'au 19 janvier 1817. 
 +  * 1831 — Buisson François, dicteur en médecine – démissionne vers la fin de 1836. 
 +  * 1837 — Bourgeois Louis Gabriel, du 3 mai au 17 septembre. 
 +  * 1837 — Buisson François, réélu - jusqu’en 1847. 
 +  * 1857 — Rousseau Lucien, ... 
 +  * 1870 — Gœtzmann Jacques brasseur 
 +  * 1878 — Meneault Ernest, publiciste, chevalier de la Légion d’Honneur. 
 +  * 1884 — Babault Charles, docteur en médecine, chevalier de la Légion d’Honneur. 
 +  * 1888 — Mailfet James, docteur en médecine. 
 +  * 1896 — Menault Ernest - réélu - Maire actuel — Inspecteur général d’Agriculture. Officier de la Légion d’Honneur. 
 + 
 +  * Actuellement, le Conseil municipal compte 16 membres. 
 +  * Au point de vue administratif, Angerville possède comme fonctionnaires : 2 instituteurs, 2 institutrices publiques, 1 curé-doyen, 1 receveur des contributions indirectes, 1 receveur buraliste,  une brigade de gendarmerie à cheval. 
 +  * En outre, résident à Angerville, 2 docteurs-médecins, 1 médecin vétérinaire, 1 pharmacien. 
 + 
 +  * Angerville est du ressort de la perception de Méréville. 
 +  * La commune d’Angerville est une des vingt communes du canton de Méréville, arrondissement d’Étampes, département de Seine-et-Oise. 
 +  * Comme nous l’avons déjà fait remarquer, elle fut érigée en chef-lieu de canton en 1792, puis en 1801, le chef-lieu fut transféré à Méréville. |**14**| 
 + 
 +===== III. – Esquisse historique ===== 
 + 
 +  * **Note.** – Monsieur Ernest Menault, dont nous avons déjà cité le nom, a écrit en 1878 une Histoire d’Angerville, intitulée: "Essai historique sur bailliage royal, seigneurie et monastère de la Beauce. – Angerville la Gâte – village royal.", ouvrage qui a obtenu une mention honorable au concours de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.) — Par l’authenticité et le nombre des documents qu’il a recueillis, par la manière claire et agréable dont il a relié ces documents les uns aux autres, il a fait un ouvrage qui est sans contredit un modèle du genre. 
 + 
 +  * Aussi ne pouvions-nous mieux faire, pour écrire la partie historique de notre monographie, que de nous adresser à la bienveillance de Monsieur Ernest Menault qui s’est empressé de nous accorder l’autorisation de puiser en toute liberté dans ses "Essais historiques". Nous lui en témoignons ici notre vive et respectueuse reconnaissance. 
 + 
 +  * Notre esquisse est donc une sorte de résumé très condensé de ses "Essais", et, afin d’éviter le redire, nous avons écrit en écriture droite les citations que nous avons empruntés à cet ouvrage. 
 + 
 +==== Étymologie. ==== 
 + 
 +  * L'étymologie d’Angerville est Angera villa. "La tenure féodale exigeait la détermination exacte de la nature de la propriété en raison des services dus. Or, ici, le nom d’Angere seul indique une propriété qui n’avait pas d’habitation, et qui, sans doute, était cultivée par les hommes du roi, établis à Monnerville et autres lieux circonvoisins, l’incrément //regis// indique que ce lieu était affecté au service public, qui se confondait, à cette époque, avec celui du roi. 
 + 
 +==== Origine. ==== 
 + 
 +  * Ce n’est que sous Saint Louis que nous avons des traces incontestables de l’existence d’Angerville. 
 + 
 +  * Ainsi, d’après un manuscrit de la Bibliothèque nationale rédigé vers 1250, Angerville dépend, pour le service du culte, du doyenné de Rochefort, et compte à peine 110 communiants. Ce chiffre n’indique encore, comme on le voit, qu’une faible |**16**| et naissante bourgade. 
 + 
 +  * En l’année 1117 Louis VI détruisit le château du Puiset dont le seigneur, véritable bandit, ravageait toutes les terres de la Beauce. 
 + 
 +  * Par une charte datée de 1119, une de ces terres du domaine royal,  ravagée, abandonnée, fut cédée à Suger, abbé de Saint-Denis, en reconnaissance des services qu’il avait rendus dans cette lutte contre le seigneur du Puiset. 
 + 
 +  * Cette charte, confirmée en 1391 par Charles VI, dit que cette terre, appelée //Angera regis//, est située près d’une petite rivière qui se jette au-dessus d’Étampes, dans la Juine. Cette petite rivière est nommée le Louet (aujourd’hui la Louette). Mais aucune ville n’existait encore à cette époque, car les religieux de Saint-Denis n’en font nullement mention dans leurs livres si parfaitement tenus. Comment les chroniqueurs de cet âge où les luttes de Louis le Gros contre les seigneurs de son domaine tiennent une si grande place, ne diraient-ils pas un mot d’Angerville, ou par quel miracle Angerville eût-il échappé seul aux ravages des seigneurs du Puiset ou à l’oppression des seigneurs de Méréville? 
 + 
 +  * Enfin, dans les guerres du Puiset, on dut choisir sur la route un lieu de refuge pour l’armée. La voie romaine qui passait par Saclas ayant été abandonnée, le territoire dont Angerville occupe une partie fut choisi pour devenir ce relais, et il a eu la même destination jusqu’à notre époque. 
 + 
 +  * Ce territoire, le texte de la charte citée le représente comme vacant, et fait appelé à ceux qui voudront le peupler, le cultiver, l’habiter; il va plus loin: il nous le dépeint comme un désert, et le souvenir de ce désert vit encore dans l’épithète qui s’ajoute au nom d’Angerville:la Gaste (la Gâte), de //gasta//, terre en friche, inculte, déserte. 
 + 
 +  * Cette partie de la Beauce était comprise dans le territoire des Carnutes, lors de la conquête des Gaules par César, et dans la XIIᵉ Lyonnaise après la division établie par les Romains dans ce pays. On a trouvé à Angerville, dans des fouilles, quelques pièces romaines, entre autres une de César. Mais rien n’indique le séjour fixe de ce peuple sur son sol d’autant plus qu’elle n’était pas traversée par la voie romaine conduisant à Paris. 
 + 
 +  * Dans les textes, //Angere regis// devient //Angere villa//; cette terminaison //villa// (ferme) étant commune à beaucoup de lieux |**17**| en Beauce, comme en Normandie, en Picardie, etc. 
 + 
 +  * Donc Angerville, par sa destination comme relais, par sa situation près d’une fontaine, par sa proximité de la Chalouette, représente parfaitement l’Angere de la charte de Louis VI, lequel Angere était une terre déserte que non seulement les hommes, mais que la végétation semblaient avoir aussi abandonnée; et Angerville peuplée, florissante, s’appelait encore Angerville-la-Gâte. 
 + 
 +  * À l’époque de Philippe le Bel, Angerville était un simple hameau constitué par quelques chaumières groupées autour d’une modeste chapelle et qui ne jouait aucun rôle politique, qui ne fournissaient point de députés lors de la convocation des États-Généraux. 
 + 
 +===== Sous les Valois : guerre civile et guerre de Cent ans ===== 
 + 
 +  * Les privilèges accordés par Louis le Gros à Angerville, village royal, subsistèrent tant que durèrent les Capétiens. Ainsi, nul ne pouvait y pratiquer la justice qui appartenait au roi; nul n’avait le droit d’entraîner les habitants à se suite dans ces guerres privées qui furent le fléau du moyen-âge. les prévôts, les maires, ne pouvaient exiger d’eux ni impôt, ni taille, ni taille, ni host, ni chevauchée; ils devaient seulement payer un cens de huit ou dix deniers par arpent de terre qu’ils voulaient cultiver. 
 + 
 +  * Mais à partir de la dynastie des Valois, commence, pour les campagnes, une ère de douleurs où, aux mutations continuelles des monnaies, aux exigences du fisc, aux malheurs de la royauté se mêlent les horreurs de cette longue guerre de Cent ans que la France soutint contre l’Angleterre. 
 + 
 +   * Charles VI, en 1391, confirma, sur la demande des abbés de Saint-Denis, les lettres de Louis le Gros. Ce qui n’empêcha pas la Beauce, les terres d’Angerville, en particulier, d’être ravagées tour à tour par les Bourguignons et par les Armagnacs, suivant qu’ils étaient maîtres au nom de la ville de Paris. 
 + 
 +  * Le 11 février 1429, Angerville dut ouvrir ses portes et |**17**| laisser passer les Anglais conduisant un convoi de vivres à leurs compatriotes assiégeant Orléans; et le lendemain fut livré, à cinq kilomètres d’Angerville, le combat de Rouvray dit Journée des harengs, où beaucoup de nobles et vaillants capitaines et chefs de guerre furent tués. "Les corps desquels seigneurs furent deppuis apportez à Orléans et mis en sépulture dedans la grant église dicte Saincte-Croix, là où se feist pour eulx beau service divin." (Quicherat: //Histoire du siège d’Orléans//). 
 + 
 +  * Enfin, malgré la protection du roi et de l’abbaye de Saint-Denis, par sa position entre Étampes et Orléans, la  pauvre Angerville dut bien souvent justifier son épithète: Que de fois elle fut gâtée! 
 + 
 +  * Vers l’an 1480, Louis XI confirma les privilèges de l’abbé de Saint-Denis, ordonnant que les appellations de sentences et jugements rendus par les officiers des justices et terres des abbés de Saint-Denis, fussent désormais portées au parlement de Paris. Mais il ne faut pas oublier que le roi conservait sur Angerville les droits qui lui revenaient naturellement puisque c'est lui qui avait fondé Angerville — village royal — et la preuve, c’est que les habitants vont s’adresser à Charles VIII pour obtenir des foires et un marché. 
 + 
 +  * Notre pays ravagé par les Anglais, le fut aussi odieusement par les soldats mêmes qui les avaient combattus.  
 + 
 +  * La taille perpétuelle établie par Charles VII pour entretenir l’armée, élevée par Louis XI à 4.800.000 livres, contribua à ruiner les malheureux Beaucerons. 
 + 
 +  * Les cahiers des doléance du commerce, présentés aux États-Généraux de Tours (1484) dévoilent d’une manière saisissante les souffrances de nos paysans : 
 + 
 +  * "La plus grande cause de la grande misère du peuple, disent-ils, ce sont les vexations intolérables et les rapines obstinées des gens de guerre. C’est une chose étrange que les gens de guerre stipendiés pour défendre le peuple, soient précisément ceux qui le pillent et l'outragent. Quand un pauvre laboureur a toute la journée labouré à grande peine et sueur de son corps, et qu’il a cueilli le fruit de son labeur, dont il s’attendait à vivre, on vient lui enlever la meilleure partie pour la donner à tel qui la battra peut-être avant la fin du mois, qui l’obligera de coucher par terre, et qui viendra déloger les chaumes occupés du labourage pour loger les siens; et quand le pauvre |**18**| homme a payé avec bien de la peine sa quote-part de la taille à laquelle  il est imposé, pour rétribuer les gens d’armes, et qu’il espère se comporter avec   
 +ce qui lui est demeuré, espérant que ce sera pour vivre le reste de l’année et   
 +pour ensemencer sa terre, vient une noble de gens d’armes qui menacent   
 +et gâtent ce peu de bien que le pauvre homme aurait réservé pour vivre. 
 + 
 +Mais tout cela ne suffisait pas ; il contraient le paysan à grands coups   
 +de bâton à aller chercher en ville du pain blanc, du poisson, des épiceries et toutes   
 +choses exquises ; et à la vérité, s’il ne était Dieu qui consolât les pauvres et   
 +leur donnât patience et cherchéors en disertion, etc… 
 + 
 +*Charles VIII, par amour pour son peuple, dans le but   
 +de réprimer ces abus, publia des ordonnances que sa faiblesse   
 +l’empêchait d’exécuter.* Mais du moins il rendit à Angerville   
 +un vieil service en lui accordant, *par lettres patentes, deux   
 +foires par an et un marché, le jeudi de chaque semaine*,   
 +octobre 1482. 
 + 
 +Signalons aussi, comme un événement historique, le   
 +*passage à Angerville d’Anne de Bretagne*. Cette gracieuse   
 +princesse à peine âgée de vingt-et-un ans, déjà veuve d’un roi   
 +de France, allait rencontrer Louis XII qu’elle épousa en seconde noce   
 +et se rendait à Étampes. 
 + 
 +Quelques années plus tard, Angerville et Étampes revirent   
 +passer *Anne de Bretagne*. Combien, cette fois, le cortège différait   
 +du premier. Elle revenait de mourir à Blois (9 janvier 1514) et l’on   
 +transportait son corps à Saint-Denis pour l’inhumer au   
 +milieu des rois. 
 + 
 +Le jeudi qui fut le lendemain de son passage à Janville, fut conduite la   
 +noble royne à Angerville, et à la porte de l’église y avait en escript ce   
 +qui ensuyt : 
 + 
 +> *Passe avec nous, village d’Angerville,  
 +> *Le royal corps que les gens reçoivent.*   
 +> *En le voyant, prions Dieu qu’en paix soit*   
 +> *Et que l’âme en soit pour danger oïlle.*
  
-Mais la commune locale doit son développement aux foires et marchés.+_(Récit du funéraille d’Anne de Bretagne par Meaulx et Gendrot)_
  
-C’est M. Delpech, ancien seigneur d’Angerville, qui obtint de Louis XVI les lettres patentes donnant des foires et marchés à notre pays.+==== Le Protestantisme====
  
 +*Les habitants d’Angerville croyurent  
 +pouvoir jouir désormais en paix de leurs travaux, eurent  
 +arrivèrent tant redoutés. Charles VIII, sous l’espoir de plaintes,  
 +leur avait donné un marché, Louis XII, père du peuple,  
 +avait épousé dans ses murs, non commerce prenait*
  
 +de l’entretien.
  
 +En effet, la route de Paris à Orléans, depuis *l’établissement des postes*,  
 +s’était plus fréquentée, et, comme Angerville non seulement était un relais  
 +de poste, mais aussi un gîte pour bien des voyageurs venant d’Orléans,  
 +ainsi que pour beaucoup de marchands, le nombre de ses auberges aug-  
 +mentait, la consommation était plus rapide, une plus grande somme de  
 +mouvement lui donnait une plus grande quantité d’existence, et, quoique  
 +son premier marché eût pas réussi, grâce sans doute à la jalouse concur-  
 +rence de Méréville, le jour viendra où elle vaincra cet obstacle, et son  
 +marché sera plus important que celui de sa rivale.
  
 +Mais bientôt, sous *François Ier*, on vit s’ajouter, aux  
 +misères de la famine, de la poste et de la gabelle, celles causées  
 +par de nouvelles levées de *tailles achées*. Ceux-ci, paysans de  
 +la veille, devenaient des *bandits dignes des Vandales*. On ne  
 +pouvait dire leurs atrocités.
  
-===== Esquisse historique =====+*Ils égorgeaient un tonneau pour boire une gorge*, et si quelque paysan   
 +hasardait l’humble observation sur ces impôts épouvantables, ils le forçaient   
 +à faire chauffer lui-même son vin dans une chaudière et venir leur laver   
 +les pieds avec cette précieuse boisson.* (Bourdaloue)*
  
-On voit que le nom d’*Angerville la Gaste* ou *la Gasté* fut en usage depuis le XIIe siècle jusqu’à la Révolution.+*Les guerres d’Italiesajoutèrent à ces calamités et furent la   
 +cause d’impôts nouveaux que François Ier levait selon   
 +*son bon plaisir*.
  
-En effet, les chartes et les rôles royaux lappellent presque toujours *Angerville la Gasté*. Ce nom indique l’origine du villageet sa situation sur une terre autrefois désertéeincultivableet livrée aux friches+Cette tendance de la royauté vers *l’absolutisme*à relation-   
 +ner les mœurs ecclésiastiques, particulièrement à Rome, amè-   
 +nèrent fatalement une vive réaction : les idées de liberté et de   
 +réforme religieuse formulées dabord en Allemagne par *Luther*,   
 +*Melanchthon*, *Zwingli*, puis en France par *Calvin*, trouvèrent   
 +écho dans une nouvelle religion*le Protestantisme*qui se   
 +répandit rapidement dans le nord de la France surtout.
  
-La commune se composait de quelques habitations groupées autour de la fontaine de Saint Hubertnon loin de l’église et du château, aujourdhui disparus. Ce fut là le premier noyau.+C’est en 1545le prieur de *Mondonville* nous rapporte que   
 +l’église de Saint-Pierre et léglise d’Angerville-la-Gâte, ayant été profanée   
 +par la malice des démons fut réconciliée en même temps que son cimetière   
 +— que s’était donc passé ?
  
-L'égliseconsacrée à Saint Pierre et Saint Paulremonterait au XIIIe siècle. Plusieurs fois remaniéeelle a gardé son clocher carré, roman, à flèche octogonale, et des fenêtres à colonnettes.+Il s’agissait simplement d’une contestation entre Jean de Villiers, curé d’An-   
 +gerville, et René de Gervilleseigneur d’Outrevillelaquelle avait   
 +amené une scène scandaleuse dans l’église.
  
-Il reste peu de chose de l’ancien châteausitué à proximité du lieu-dit *les Murs* ; ses fossés sont à peine visibles et quelques fondations de moellons y subsistent à peine.+Après les cérémonies de la réconciliation de l’église profanéeRené   
 +de Gerville fut cité à comparaître devant l’archidiacre
  
-Vers 1230, les religieux de Saint-Denisqui tenaient ces terres en fief direct du roi, les affermèrent à des laboureurs de l’Orléanais et du Dunois. Ceux-ciexemptés de corvées et de tailles féodales, formèrent peu à peu une petite communauté rurale, attachée à la glèbe mais libre d’exploitation.+de Charlespour répondre aux griefs élevés contre sa personne   
 +fut exilé hors de foidans la cause de la foi 
  
-Les guerres du XIVe sièclenotamment celle de Cent Ansruinent plusieurs fois le bourg.+Ce petit seigneur d’Outreville, qui s’étendamment parlait   
 +dans l’origine du territoire d’Angervilleavait l’enthousiasme   
 +ardent de la nouvelle doctrineet il est bien probable que les habitants   
 +d’Outreville embrassèrent la religion réformée. Il existe encore aujourd’hui un   
 +chemin dit *des Huguenots*. Ce chemin, selon la tradition, était celui que   
 +prenaient les protestants d’Outreville pour se rendre au prêche à Pithiviers. En   
 +effet, ce chemin qui part d’Outreville, passe derrière le château de Bonneville   
 +et se dirige vers le lieu désigné.
  
-En 1358, *Angerville* est pillée par les bandes d’Étienne Marcel, puis, en 1419, par les Bourguignons. Enfin, en 1432, le capitaine anglais *John Talbot* y établit un poste avancé.+Ainsi le territoire d’Angerville a compté des seigneurs et des gens du peuple   
 +proclamant la foi protestante dès l’introduction du calvinisme en France.
  
-Maisaprès la reconquête du royaume par Charles VII, le pays se repeuple et les campagnes se remettent à produire.+===== Angerville à la coutume d’Étampes. ===== 
 +En sa qualité   
 +de ville neuvede village royal, Angerville avait obtenu une charte de   
 +franchise royale qui lui servait tout d’abord de coutume, mais on   
 +reconnaît que s’accrut la puissance royale, le droit écrit et le droit coutumier   
 +tendirent à se confondre.
  
-Le village bénéficie de sa situation sur la grande route Paris-Orléans, appelée « le Chemin royal ».+*La coutume rédigée à l’écrit* sous Philippe le Valois devait   
 +concerner *la plupart des villages de la Beauce*. Puis, ayant   
 +été modifiée à Orléans et à Montargisles habitants d’Angerville   
 +se soumirent à la juridiction de l’écriture orléanaise.
  
-Dès le XVIe siècleune hôtellerie renommée y accueille les voyageurs, relais des postesroulottes et marchands.+Toutefoislors de la rédaction des coutumiers d’Étampes ou   
 +Beaunevilleune importante difficulté se produisit et préoccupait le   
 +roi considérant ce juste titre. Angerville comme dépendant du   
 +Duché d’Étampes (donné en dot par François Ier) voulait res-   
 +ter libre habitante à toute autre juridiction, en particulier à   
 +celle des religieux de Saint-Denis 
  
-Le bourg est rattaché au bailliage de Pithiviers, élection d’Étampes, généralité d’Orléans.+Ce furent des tiraillements dont ses habitants eurent à   
 +souffrir.
  
-Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Angerville prospère lentement grâce aux marchés et au commerce du bléIl devient célèbre par ses foires de Saint-Hubertoù lon vend bestiaux et grains.+===== Fortifications===== 
 +Angerville avait obtenu de Henri II des   
 +lettres patentes par lesquelles elle était autorisée à *s’entourer de   
 +murailles*. Suivant certains renseignementssélevait autour   
 +du mur de quatre mètres de hauteur, un quatre-vingt-cinq   
 +centimètres d’épaisseur, flanqué de vingt tourelles avec créneaux   
 +et meurtrières, ayant en avant de larges fossés, pour en défense   
 +lance 
  
-À la veille de la Révolution, Angerville compte près de 1 200 habitants, et possède des notables (médecinsofficiers municipauxpropriétaires)qui s’engagent dans les premières assemblées de la nation.+Il faut dire, à la véritéque cette enceinte ne pouvait pas tenir   
 +la force et soutenir un siègemais la ville a tournédu moins,
  
 ==== Références ==== ==== Références ====
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