Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn.e.menault.1859

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bg [CHAPITRE IX.]
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   * Laissons-le donc poursuivre tranquillement son voyage, et |**128**| qu'on nous permette de présenter M. le baron de Fœneste. M. le baron, sandis! est un cadet de Gascogne, assez bon diable au fond, mais qui s'est fourré dans la tête qu'en tout, l'essentiel est de paraître, et qu'apparence sans réalité vaut encore mieux que réalité sans apparence. D'Aubigné, qui l'a tenu sur les fonds baptismaux, s'est avisé, en véritable érudit du XVIe siècle, d'aller lui chercher un nom dans le dictionnaire grec: //Phainesthai//. M. le baron de //Phainesthai// raconte ses aventures au bonhomme //Einai//. (Je vous plains si vous avez oublié votre grec.) Le bonhomme //Einai// est en tout l'opposé de M. le baron. Avant d'arriver à Paris, ce dernier passe une nuit à [[:angerville|Angerville]]. Vous allez voir comment M. le baron fit, le lendemain, connaissance avec le fouet d'un postillon de la Beauce. Je le laisse parler:   * Laissons-le donc poursuivre tranquillement son voyage, et |**128**| qu'on nous permette de présenter M. le baron de Fœneste. M. le baron, sandis! est un cadet de Gascogne, assez bon diable au fond, mais qui s'est fourré dans la tête qu'en tout, l'essentiel est de paraître, et qu'apparence sans réalité vaut encore mieux que réalité sans apparence. D'Aubigné, qui l'a tenu sur les fonds baptismaux, s'est avisé, en véritable érudit du XVIe siècle, d'aller lui chercher un nom dans le dictionnaire grec: //Phainesthai//. M. le baron de //Phainesthai// raconte ses aventures au bonhomme //Einai//. (Je vous plains si vous avez oublié votre grec.) Le bonhomme //Einai// est en tout l'opposé de M. le baron. Avant d'arriver à Paris, ce dernier passe une nuit à [[:angerville|Angerville]]. Vous allez voir comment M. le baron fit, le lendemain, connaissance avec le fouet d'un postillon de la Beauce. Je le laisse parler:
     * "Come à chien maigre bont les mousches, nous troubasmes les poustes tellement rompues par monsur de la Barenne (la Varenne était contrôleur général des postes sous Henri IV) par monsur de la Barenne, qui courait lui-même en personne, que le comte fut contraint de me laisser à Angerbille avec quauque argent pour l'attraper le lendemain. Le postillon de Guillerbal et moi eusmes querelle pour ce que je le nommois couquin comme c'est la feiçon, il me répliqua couquin bous-même. Je m'approche pour lui donner une platassade, mon espeio s'estoit prise dans les descoupures; come lou taquin bit que je ne la poubois arracher, il me boulut donner de son fouet: toute la courroie s'entortilla autour de mon cou. Me voilà par terre, si estonnay de la cheute, que mon bilen estoit hors de bue, et lou pis est que mon chebal l'aboit suibi, etc."     * "Come à chien maigre bont les mousches, nous troubasmes les poustes tellement rompues par monsur de la Barenne (la Varenne était contrôleur général des postes sous Henri IV) par monsur de la Barenne, qui courait lui-même en personne, que le comte fut contraint de me laisser à Angerbille avec quauque argent pour l'attraper le lendemain. Le postillon de Guillerbal et moi eusmes querelle pour ce que je le nommois couquin comme c'est la feiçon, il me répliqua couquin bous-même. Je m'approche pour lui donner une platassade, mon espeio s'estoit prise dans les descoupures; come lou taquin bit que je ne la poubois arracher, il me boulut donner de son fouet: toute la courroie s'entortilla autour de mon cou. Me voilà par terre, si estonnay de la cheute, que mon bilen estoit hors de bue, et lou pis est que mon chebal l'aboit suibi, etc."
-  * Malgré les boutades des poètes, [[:angerville|Angerville]] fixait l'attention des historiens. Ainsi, André Duchesne, dans son livre sur les antiquités de la France, après avoir parlé de la Beauce, ajoute: "Son étendue est riche de plusieurs villes et villages qui ne sont pas autrement de grand nom et que l'on ne trouve pas souvent en lisant nos histoires, bien que je ne veuille laisser |**129**| tomber sous ma plume Toury, [[:angerville|Angerville]], [[:mereville|Mérinville]], etc.((Duchesne, chap. XII, pag. 308.)) » Puis, [[:hn:b.fleureau|dom Basile Fleureau]], l'historien d'[[:etampes|Étampes]], ajoute qu'[[:a,gerville|Angerville]] est un gros bourg et paroisse reconnaissant plusieurs seigneurs. L'abbé de Saint-Denis en est seigneur de la plus grande partie, et il y a justice haute, moyenne et basse en titre de prévôté. Le roi est seigneur d'une autre partie (souvenir de l'Angere regis), laquelle répond devant le prévôt d'[[:etampes|Étampes]]. Et le reste, avec le hameau de Villeneuve-le-Bœuf, appartient au seigneur de [[:mereville|Méréville]]. L'historien d'[[:etampes|Etampes]] n'oublie pas de rappeler, dans son ouvrage, que les abbés de Saint-Denis ont usurpé à [[:angerville|Angerville]] la juridiction du roi : nouvelle preuve qu'[[:angerville|Angerville]] appartenait bien au roi, qu'elle était bien l'ancien //Angere regis//. De plus, il ajoute que [[:guillerval|Guillerval]] reconnaît des appels de la prévôté d'[[:angerville|Angerville]].+  * Malgré les boutades des poètes, [[:angerville|Angerville]] fixait l'attention des historiens. Ainsi, André Duchesne, dans son livre sur les antiquités de la France, après avoir parlé de la Beauce, ajoute: "Son étendue est riche de plusieurs villes et villages qui ne sont pas autrement de grand nom et que l'on ne trouve pas souvent en lisant nos histoires, bien que je ne veuille laisser |**129**| tomber sous ma plume Toury, [[:angerville|Angerville]], [[:mereville|Mérinville]], etc.((Duchesne, chap. XII, pag. 308.)) » Puis, [[:hn:b.fleureau|dom Basile Fleureau]], l'historien d'[[:etampes|Étampes]], ajoute qu'[[:angerville|Angerville]] est un gros bourg et paroisse reconnaissant plusieurs seigneurs. L'abbé de Saint-Denis en est seigneur de la plus grande partie, et il y a justice haute, moyenne et basse en titre de prévôté. Le roi est seigneur d'une autre partie (souvenir de l'Angere regis), laquelle répond devant le prévôt d'[[:etampes|Étampes]]. Et le reste, avec le hameau de Villeneuve-le-Bœuf, appartient au seigneur de [[:mereville|Méréville]]. L'historien d'[[:etampes|Etampes]] n'oublie pas de rappeler, dans son ouvrage, que les abbés de Saint-Denis ont usurpé à [[:angerville|Angerville]] la juridiction du roi : nouvelle preuve qu'[[:angerville|Angerville]] appartenait bien au roi, qu'elle était bien l'ancien //Angere regis//. De plus, il ajoute que [[:guillerval|Guillerval]] reconnaît des appels de la prévôté d'[[:angerville|Angerville]].
   * Il est peu de villages, comme on le voit, qui aient été plus divisés qu'[[:angerville|Angerville]]. Mais le temps approche où toutes ces religions différentes vont s'éteindre. Déjà les seigneurs protestants d'Ouestreville nous semblent, depuis la réconciliation de notre Église, beaucoup moins turbulents. Du reste, le protestantisme était aussi moins persécuté. L'édit de Nantes (20 avril 1598), en reconnaissant les droits à l'exercice de ce culte, mit fin à ces guerres de religion qui désolaient les campagnes.   * Il est peu de villages, comme on le voit, qui aient été plus divisés qu'[[:angerville|Angerville]]. Mais le temps approche où toutes ces religions différentes vont s'éteindre. Déjà les seigneurs protestants d'Ouestreville nous semblent, depuis la réconciliation de notre Église, beaucoup moins turbulents. Du reste, le protestantisme était aussi moins persécuté. L'édit de Nantes (20 avril 1598), en reconnaissant les droits à l'exercice de ce culte, mit fin à ces guerres de religion qui désolaient les campagnes.
   * Le calme était donc rétabli, et les seigneurs, hauts justiciers, avaient dans leurs châteaux le libre exercice de leur religion; ils pouvaient admettre trente personnes à leur prêche. Mais bientôt leurs synodes furent de véritables assemblées politiques: ils formèrent un état dans l'état. Appuyés par des alliances étrangères, ils établirent en France des cercles à l'imitation de l'Allemagne, troublèrent les premières années du règne de Louis XIII, et, jusqu'à l'époque de Richelieu, menacèrent l'unité de la France. Richelieu, le grand édificateur du pouvoir royal, s'empara de la Rochelle, leur centre, et leur imposa l'édit d'Alais ou l'édit de grâce. |**130**|   * Le calme était donc rétabli, et les seigneurs, hauts justiciers, avaient dans leurs châteaux le libre exercice de leur religion; ils pouvaient admettre trente personnes à leur prêche. Mais bientôt leurs synodes furent de véritables assemblées politiques: ils formèrent un état dans l'état. Appuyés par des alliances étrangères, ils établirent en France des cercles à l'imitation de l'Allemagne, troublèrent les premières années du règne de Louis XIII, et, jusqu'à l'époque de Richelieu, menacèrent l'unité de la France. Richelieu, le grand édificateur du pouvoir royal, s'empara de la Rochelle, leur centre, et leur imposa l'édit d'Alais ou l'édit de grâce. |**130**|
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