**[[:hn:pa.poulainmottedevareille|Pierre-Anatole Poulain Motte de Vareille]]** ======Monographie historique de la commune d'Itteville (Seine-et-Oise), depuis son origine jusqu'à nos jours====== Imprimé, aux dépens de l'auteur, à 100 exemplaires in-18 jésus. Propriété de l'auteur, tous droits réservés. ITTEVILLE (SEINE-ET-OISE) SON ORIGINE, SON HISTOIRE, SA SITUATION ACTUELLE. 1874 1 AVANT-PROPOS La notice historique que nous présentons à tous ceux qui aiment et cultivent l'histoire nous a coûté prês de vingt-cinq années de recherches nécessitées par l'absence de tous documents historiques. Notre travail est bien minime, si on le compare aux nombreux et considérables ouvrages des érudits de nos jours. Nous faisons des vœux, néanmoins, afin que des hommes instruits, patients investigateurs dans le domaine des temps passés, accomplissent la même tâche pour chacune des trente mille communes de la nationalité française, ceci, bien entendu, dans l'intérêt de chacune de celles pour lesquelles ce travail n'existe pas encore; alors nous pourrions nous enorgueillir de posséder un corps d'histoire vraiment national, où se trouverait décrit, depuis son 1. [merged small][ocr errors] 274181 6 origine, l'accroissement lent, mais progressif, de la civilisation française, dont l'influence se fait sentir, malgré tous nos malheurs et nos revers, jusque dans les contrées les plus éloignées. Ce vœu que nous formons est en voie de s'accomplir, au moins dans l'ancienne province de l'Ile-de-France, au sein de laquelle se trouve la commune d'Itteville dont nous avons cherché à rétablir, autant qu'il nous a été possible, l'origine légendaire, l'histoire bien accidentée, enfin la situation actuelle. Puisse cet exemple, donné par la Société des historiens de l'Ile-de-France, trouver de nombreux imitateurs et donner l'élan aux autres lettrés de notre admirable patrie! Paris, juin 1874. P. A. Poulain Motte de Varcille. || MONOGRAPHIE HISTORIQUE⠀⠀⠀⠀BIA DE A COMMUNE D'ITTEVILLE PREMIÈRE PARTIE I Itteville, commune du département de Seineet-Oise, canton de la Ferté-Alais, arrondissement d'Étampes, se trouve à environ 40 kilomètres sud de Paris, à 16 kilomètres nord-est d'Étampes, à la même distance sud-ouest de Corbeil, à 6 kilomètres nord-ouest de la Ferté-Alais, son chef-lieu de canton, et environ 35 kilomètres sud-est de Versailles, le cheflieu du département. Cette commune, avec les six hameaux qui en dépendent, les.. Moulins-du-Gué, les Murs, Aubin, tes Moulins-du-Saussaye, la Brière et L'Épine, est située dans l'ancien comté de Hurepoix, non loin des confins du duché de Gâtinais. C'est le premier village qui se rencontre depuis la Ferté-Alais, sur la route départementale n° 34 qui relie celle de Corbeil à Milly depuis son point de rencontre, à la Ferté-Alais, à la grande route de Paris à Orléans et Bordeaux, à Arpajon. L'origine de ce village doit être fort ancienne. Son heureuse situation dans la presqu'île formée entre les deux rivières de Juine et de Malesherbes, non loin du confluent où elles prennent le nom d'Essonne, l'air pur et salubre dont on y jouit, rendu plus sain encore par le voisinage des coteaux boisés qui le dominent, ont dû attirer sur son emplacement, depuis les temps les plus reculés, une population considérable. Son terroir, qui contient une vaste superficie confinant à l'ouest à celui de la commune de Bouray, bordé au nord-ouest, au nord, au nordest, à l'est et au sud-est par le cours des deux rivières de Juine et de Malesherbes, enfin au sud et au sud-ouest par les terroirs des communes de Cerny et de Bouray, offre un sol d'une grande richesse, où prospèrent à souhait les céréales, les plantes légumineuses, la vigne, les arbres à fruit et les prairies naturelles et artificielles. Ce village est situé, avons-nous dit, dans l'ancien Hurepoix, presque sur les confins du Gâtinais. Ces deux provinces faisaient partie de l'ancienne Ile-de-France, et étaient renommées pour leur richesse et leur abondance. L'origine du mot, Gâtinais, dérivée soit du mot grec yasτn, en latin gaster, synonymes de ventre, symbole d'abondance, ou bien de Vastinium, son ancien nom latin, de vastum, vaste, signifiait assez son importance. Jules César, le conquérant des Gaules, s'y plaisait : il avait augmenté encore l'étendue de cette province; son vaste ter ritoire comprenait toute une contrée couverte de bois et de pâturages, aboutissant d'un côté à la Champagne, d'autre au pays du Mans, et englobait alors tout le Hurepoix et la Beauce. Les habitants s'appelaient aussi Méloduniens, de la ville de Melun, qui fut parfois la capitale du Gâtinais; quant aux habitants du Hurepoix, on les nommait Parisiens, tout spécialement à cause de Paris, capitale de tout le Hurepoix. Ces deux provinces, suivant J. Spigel (voir les annotations sur les antiquités de Richard Ber thelin), comprenaient tout le pays, limité, au nord et à l'orient, aux rivières de Seine et d'Yonne, depuis Montereau jusqu'à l'Auxerrois; au midi, de la Loire jusqu'à Orléans, enclavant les terroirs d'Étampes, Pluviers, Janville, etc., etc. L'air y était renommé pour sa pureté et sa salubrité excessives, ce qui avait engagé les rois de France à y posséder de nombreuses maisons de plaisance; Étampes, Montargis, Fontainebleau recevaient souvent leur visite, ils se plaisaient à y séjourner. En remontant le cours des âges, on a de sérieuses présomptions de croire que l'emplacement où se trouve le village actuel, ou au moins ses proches environs, ont dû servir d'habitations aux hommes. En effet, en opérant l'extraction de la tourbe dans les marais communaux de la vallée de la rivière de Malesherbes, dans l'espace compris entre les Moulins-du-Saussaye et les prairies voisines du hameau d'Aubin qui dépendent de la commune d'Itteville, on a retrouvé des traces d'habitations lacustres, de vieux pilotis, des corps d'arbres entiers carbonisés, des débris de nacelles et autres, enfin des cornes de cerfs. L'auteur de cette notice historique possède une hache de pierre en parfait état de conservation, qu'il a trouvée dans les bancs de sable situés au lieu dit le Chemin-à-Potier, entre la montagne dite de la Justice et celle des Glands. Il a aussi découvert, non loin de là, une pièce de monnaie, ou médaille de bronze, dont la face représente un roi coiffé d'une couronne de fer, ladite médaille percée d'un trou destiné peutêtre à recevoir un anneau, et qui a dû servir d'amulette ou de signe de reconnaissance à quelque soldat romain ou barbare. Cette allégation ne trouverait-elle pas une preuve suffisante dans ce fait existant encore aujourd'hui que, sur l'emplacement du bois dit des Glands, on rencontre, ainsi que dans la partie dite de l'Ardennais, de nombreux murgers, ancien mot celte signifiant tas de pierres, qui y existent d'un temps immémorial, formant circonvallation, et qui ont dû, assurément, être des ruines de camps, ou d'habitations fortifiées? On remarquera, de plus, qu'entre ces deux collines se trouve une dépression du sol formant ravin, qui conserve encore de nos jours le nom de vallée aux Alains, dénomination rappelant les invasions des Barbares dans les Gaules, pendant les derniers jours de l'empire romain. D'ailleurs les hauteurs de la montagne dite de la Justice, le plateau qui || s'étend depuis la sommité des Glands jusqu'à celles qui dominent, dans une continuité non interrompue, les vallées qui se rencontrent aux défilés de la Ferté-Alais et de la vallée de la Juine venant d'Étampes, n'auraient-ils pas été un lieu favorable à l'établissement d'un camp d'observation dans les anciens temps? Le pays d'Étampes et ses environs étaient, en effet, une sorte de station militaire. Le Chemin-àPotier dont nous parlons plus haut, situé derrière la montagne de la Justice, aboutit, en se rendant du côté de la Ferté-Alais, à un autre chemin appelé le Chemin-Vert, après avoir traversé le Chemin de l'Ardennais. Or ce Chemin-Vert est une ancienne voie romaine, formée jadis de larges dalles et de blocs de grès dont on a détruit à grand'peine la plus longue partie, et dont la destruction complète a toujours résisté à la pioche des habitants. Cette voie romaine était sans doute une voie de communication transversale entre l'ancienne Agendicum (Sens) et Genabum (Orléans). Tous ces indices prouvent surabondamment que ces lieux, couverts jadis de forêts impénétrables, ont dû néanmoins attirer des habitants dès les temps anciens et préhistoriques. [ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small] Les nations et les cités ont, pour la plupart du temps, une origine fabuleuse ou fondée sur des légendes. Celle du village dont nous allons tracer l'histoire sera, si on le veut, basée sur des conjectures; aucun titre, aucun document ne sont malheureusement restés sur lesquels nous puissions nous appuyer; nos allégations offriront cependant, nous l'espérons, de grandes probabilités. Toutes les localités dont le nom propre est composé du mot ville, ont dû, généralement, leur naissance à une ferme ou métairie. Pour distinguer une ferme d'une autre ferme, on ajoutait, ordinairement, à ce mot de ville, en latin villa, ferme ou métairie, le nom de son premier propriétaire. Ainsi les lieux nommés Alainville, Fromondville, Ville-Vallier étaient originairement la ferme d'Alain, de Fromond, de Vallier. Itteville était donc aussi, dans son origine, la ferme d'Itte, Ittæ villa. C'est ce qu'on croit avoir découvert. Les historiens de la première race (Duchesne, tome 1er des Historiens de France), Aimoïn, Frédégaire, Sigebert de Gemblours (le 1o1 sècle des Bénédictins), etc., rapportent que la bienheureuse Itte, aliàs Yde ou Ydeberge, et son frère, saint Modoald, évêque de Trèves, sortaient de la première noblesse d'Aquitaine. Yde ou Ydeberge épousa le bienheureux Pépin de Landen, dit Pépin le Vieux, prince du Brabant, seigneur du palais des rois d'Austrasie, et qui devint, après l'avénement au trône de France du roi Clotaire II, par la réunion entre les mains de ce dernier des trois royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Bourgogne, le maître du palais de Dagobert 1er, roi d'Austrasie, que son père, Clotaire II, fut obligé de donner aux peuples et aux seigneurs austrasiens, sur leur demande formelle, en l'année 622. <«< Clotaire II (voyez Anquetil, Histoire de « France, 614-622), orphelin à l'âge de six mois, <«< fils d'une mère accusée et mal justifiée de la << mort de son époux (Frédégonde), possesseur «< peu assuré du plus petit royaume de France, « envié et toujours attaqué par ses plus proches << parents, devient roi unique par la méchanceté [blocks in formation] imprudente de sa tante (Brunehaut) et réunit « sous son sceptre la monarchie tout entière « (Velly, t. I, p. 210). Il ne porta pas la cou<< ronne avec une égale autorité dans les trois <<<< royaumes. << Les Austrasiens et les Bourguignons voulu<< rent continuer à être gouvernés par leurs lois, <«< et que leurs pays conservassent chacun leur << titre de royaume et leurs officiers, en sorte << qu'on peut dire que Clotaire ne fut réellement <«< roi que de la Neustrie, sa première posses« sion; il s'assura cependant la prépondérance «< dans le gouvernement des deux autres, en re<«< tenant auprès de lui les principaux seigneurs « d'Austrasie et de Bourgogne, comme ses con<< seillers intimes pour les affaires de leur pays «< (612-622). « On remarquera qu'entre les seigneurs aus<<<< trasiens retenus à la cour de Neustrie se trou« vait un Pépin, dit Pépin de Landen, ou le « Vieux, très-estimé de Clotaire, et possesseur « de grandes terres entre la Meuse et le Hainaut. (Anquetil, Histoire de France, édition Lecointe « et Durey, 1820, tome II, page 82.) [ocr errors] « Clotaire avait deux fils, Dagobert, fort jeune, <« La construction de ces retranchements coûta aux habitants 3,000 livres, somme assez considérable pour l'époque. Ils les acquittèrent en trois années. Ces retranchements ne les garantirent pas toujours néanmoins des dangers extérieurs, car ils se virent obligés, de temps en temps, d'acheter leur tranquillité à prix d'argent, ainsi que le constate un compte de marguillier sous la minorité de Louis XIV, où il est expliqué qu'il fut payé 19 livres aux ennemis, pour qu'ils n'entrassent pas dans Itteville. Lotheric, évêque de Sens, seigneur d'Itteville, avait accordé le patronage de cette cure au Chapitre de Notre-Dame de Paris en l'année 1005 ; il est probable que c'est vers cette époque que fut entreprise la construction de cette belle église. Le Chapitre de Saint-Denis était fort riche; les croyances religieuses, très-vives alors, firent éclore, en ces temps de renaissance des arts, des monuments que celui-ci rappelle vivement. On pourra remarquer que des peintures murales décoraient jadis la voûte et les murs. Malheureusement les réparations successives, nécessitées par le temps, les ont presque entièrement détruites, et elles ont été recouvertes d'un triste badigeonnage à la chaux. On voyait jadis, dans l'église, le mausolée de Jacques Le Compte, gendre de Barnabé Brisson, célèbre et savant magistrat au parlement de Paris, qui fut successivement, sous Henri III, avocat général, conseiller d'État, président à mortier, puis ambassadeur en Angleterre, et que les ligueurs firent pendre si indignement aux grilles du Châtelet le 15 novembre 1591. On y lisait aussi l'épitaphe de Jehan de Moucy, autre seigneur d'Itteville, remarquable par la manière dont elle était conçue : Ci-gist.. de-la-Bretonnerie, à Paris (1). enterré à Sainte-Croix Il est à présumer que, vers le commencement du xvi° siècle, l'église d'Itteville était devenue dans un état de vétusté et de délabrement graves qui nécessitèrent sans doute de grandes réparations, sinon une reconstruction totale, car on voit, dans les registres de la paroisse d'Itteville, tenus par les anciens curés, la copie de l'extrait de la dédicace de l'église de Saint-Germain d'Itteville en l'année 1538. Voici le texte de cette copie : << L'an mil cinq cent trente-huit, le dix-hui<« Le 31 octobre 1762, ainsi que le constate une note insérée au feuillet 41 du registre paroissial de la cure, le beffroi de l'église fut entièrement réparé, on y plaça 3 cloches. La première portant la date de 1540, la plus grosse portant le nom de Saint-Germain. La deuxième, moyenne, a le même nom. Et enfin, la troisième, plus petite, sans date, nommée Barbe. Quatre ans après, on fut obligé de faire refondre la grosse cloche; cet ouvrage fut exécuté, le 27 juillet 1766, par les sieurs Pierre-François et Charles-François Limaux, maîtres fondeurs de cloches, pour le prix de 450 livres. Le 19 octobre suivant, elle fut bénie et remise en place. Feuillets 46 et 47 du même registre. II La Chapelle de saint Gombert. En traçant l'historique de l'origine du village d'Itteville, nous avons dit que saint Gombert, évêque de Sens, avait été le directeur d'Itte et le premier pasteur des colons du village naissant. Il aimait Itteville et en faisait sa résidence accoutumée. Cependant cette demeure habituelle de saint Gombert n'est pas prouvée par des titres ou des monuments. Ce fut sans doute pour honorer la mémoire de ses vertus que les descendants des fondateurs d'Itteville lui ont voué un culte religieux. Une vaste chapelle avait été érigée sur le lieu probable de son habitation. Elle fit donner au quartier qu'elle desservait le nom de quartier de SaintGombert qu'il porte encore aujourd'hui. La construction de cette chapelle ne paraissait pas cependant remonter à une antiquité reculée. Elle menaçait ruine vers le milieu du siècle dernier; elle fut rasée en 1762, et une plus petite fut élevée sur son emplacement. La première || pierre en fut posée le 5 juin 1763; cette dernière chapelle pouvait contenir environ cent per sonnes. La révolution de 1793, qui détruisit tant d'édifices voués au culte, fit abandonner celui-ci, qui, vendu comme bien national, est devenu cabaret et salle de danse. Les bâtiments qui en dépendent étaient destinés à servir d'école de filles dirigée par deux religieuses. Nous avons parlé, dans la première partie de cet essai historique, des vertus du saint évêque de Sens, qui vécut dans l'intimité des nobles fondateurs du village d'Itteville. Saint Gombert, avonsnous dit, quitta son diocèse pour les suivre dans leur retraite du Brabant. Le peu de documents que nous avons pu recueillir sur son existence feront peut-être lire avec quelque intérêt les lettres suivantes, le concernant ainsi que son église, datées des 8 et 27 juillet 1758, et que nous avons pu transcrire et extraire des registres paroissiaux de l'église de Saint-Germain-d'Itteville. Voici le texte de cet extrait : « On a cru devoir transcrire dans ce registre «< ces lettres, pour, en cas que cette église, qui << tombe en ruines (la chapelle de saint Gombert), [ocr errors] « ne soit jamais rétablie, en conserver la mé< appelle le Chantier de Saint Gombert dont la «cure jouit d'une partie, et la fabrique de Saint<< Germain de l'autre, ayent jamais appartenu à << saint Gombert. Il y a aussi plusieurs arpens de << terre scitués à Janville, de la paroisse d'Auvers, << voisine de celle d'Itteville, qu'on appelle le fief « de Saint-Gombert, mais ces terres appartiennent « aux différents particuliers, et il ne paroit pas tion, transformé en cour, et il a été mis à jour de nombreuses sépultures contenant beaucoup d'ossements humains, et plusieurs tombes de plâtre gallo-romaines ou de la dernière époque mérovingienne, qui renfermaient quelques armes. || «< que la concession leur en ait été faite à charge « de rente à l'église de Saint-Gombert ou de « Saint-Germain, et qu'ils aient par conséquent << appartenu à une de ces Eglises; nous n'avons « aussi aucun registre qui fasse mention de curés « de Saint-Gombert, et des baptêmes, mariages a et sépultures faits en la paroisse de Saint-Goma bert. « La tradition du païs est que l'église de Saint<< Gombert étoit l'église paroissiale du tems qu'il « y avoit des chanoines à Itteville, et que lors<«< qu'ils en sont sortis, on a fait de l'église Saint«< Germain l'église paroissiale. Ce raisonnement « ne paroit pas fondé. 1° Il n'y a aucune preuve «< qu'il y ait eu des chanoines à Itteville. Il est «vray qu'il y a, dans les deux fermes des sei«gneurs scituées proche l'Église, des chambres [ocr errors] qui servent aujourd'huy de grenier, et qu'on «dit avoir été celles des chanoines. Ces fermes, << ainsi que l'église de Saint-Germain, étoient en<< tourées de grands murs et de tourelles. Il en <«< reste encore des vestiges que l'on appelle le fort. La tradition est que ce sont les chanoines «< qui se sont ainsi fortifiés pour se mettre à cou<< vert des partis bleus, du temps des guerres «< civiles. Pour moy je crois que ces chambres et [ocr errors][merged small][merged small] aces fortifications n'étoient pas pour des cha« noines qui demeurâssent habituellement à << Itteville; mais pour recevoir MM. les chanoines « de Notre-Dame de Paris, lorsqu'ils venoient à << leur terre d'Itteville, d'autant plus qu'il n'y a «> Nous avons dit plus haut, en faisant la description de l'intérieur de l'église Saint-Germain d'Itteville, que l'autel du bas-côté de droite est -dédié à la mémoire de saint Gombert, et qu'un tableau représentant ce saint archevêque décore çet autel. Nous avons trouvé sur les registres paroissiaux de la cure d'Itteville la mention suivante relative à cette peinture : [ocr errors] << Feuillet 48°, 24 octobre 1766, Fonts de « bâtesme nouveaux, donnés par M. Claude Léger Sorbet, écuyer, propriétaire du fief de « Rouany, et la maison bourgeoise, scitués en «< cette paroisse, ainsi que le tableau de la cha« pelle de Saint-Gombert. Description du tableau << de ladite chapelle.-Le mêsme jour a été placé « dans la chapelle, et au-dessus de l'autel de << Saint-Gombert, le tableau qui représente le << saint Archevêsque de Sens habillé à la grecque. « Le dessein de ce tableau a été pris sur la <«< figure de saint Denys qui est posé dans la «< cathédrale de Paris sur l'autel parallèle à celui « de la sainte Vierge. (Nota.) Comme on n'est [ocr errors] point certain si saint Gombert, patron de cette chapelle, est l'Archevêsque de Sens, de ce nom, << ou un autre saint (voyez les lettres à ce sujet), <«< on a cru devoir l'habiller ainsi à l'antique << parce que cette draperie, au pallium près, << peut convenir à beaucoup de saints. [ocr errors] « Ce tableau est du sieur Alizard, élève de « l'Académie royale des Peintres, où il a remporté le prix, et actuellement à l'Académie de <«< Rome, en qualité de pensionnaire du Roy; il <«> [blocks in formation] On ne rencontre pas dans le village d'autres monuments. La Mairie, maison commune à laquelle se trouve réunie l'Ecole communale, est de construction récente, élevée sur les plans de M. Magne, architecte d'Etampes. Elle est simple et commode, mais n'offre rien à l'œil. Elle comprend, au rez-de-chaussée, une salle de conseil. qui en même temps sert à l'usage des réunions électorales et aux cérémonies publiques, une grande salle d'école et l'habitation journalière de l'instituteur; au premier étage, une autre salle de mairie et des chambres occupées par l'Instituteur actuel; une avant cour, divisée en deux parties et close par de simples treillages, la précède; et enfin un beau jardin en contre bas d'une terrasse est mis, par la Commune, à la disposition de l'instituteur et est attenant à la façade postérieure de la Mairie. Le village contient encore de nombreuses chaumières, et la seule habitation bourgeoise qui s'y fasse remarquer est celle de M. Sauvat, dont nous avons parlé précédemment, dont la construction, autant qu'on puisse le présumer, n'est pas fort ancienne et qui a été sans doute élevée vers l'an 1595, lors de la vente de la Seigneurie d'Itteville par le Chapitre de Notre-Dame de Paris à Messire Jacques Le Compte. De même que l'église, et à la même époque sans doute, sous le règne de Henri III, le village fut clos de murs. Ces murailles avaient 6 à 7 mètres de hauteur, sur 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres d'épaisseur; tous les 50 mètres on avait élevé des tourelles de 5 à 6 mètres de largeur sur 2 mètres de rayon; le tout, ne formant qu'une seule et même enceinte à laquelle on avait ménagé quatre portes principales, était surmonté de créneaux et sans doute d'une plate-forme, et le village était défendu en outre par des fossés pratiqués à l'extérieur des murs et des tours. Enfin, des meurtrières percées dans tout ce système de défense et garnies de fortes et solides pierres permettaient de repousser une attaque ou une escalade avec des armes défensives telles que fusils de siéges, petits canons, etc. Mais le tout est en ruines. Cepen. dant, de distance en distance, on rencontre encore de ces tourelles dont quelques-unes, assez bien conservées, peuvent encore donner quelque idée de la hauteur et de la force de ces moyens de défense. Tout ce que nous venons de dire de l'histoire de notre village, bien déchu aujourd'hui, prouve donc qu'il a eu son importance. Sa population a dû être considérable. Il a joué quelque rôle dans notre histoire, car nous avons vụ plus haut qu'en l'année 1360, lors du traité de Brétigny, dit Paix des Dames, et sous le règne [ocr errors][merged small][merged small] du roi Jean, il avait été compris dans le nombre des neuf forteresses rachetées dans le duché de France, et que les Anglais évacuèrent moyennant 24,000 florins à l'écu du roi Philippe de Valois. Il est donc probable, puisque la forteresse d'Etteville, ainsi désignée dans ce traité, avait été rachetée et comprise au nombre des neuf places fortes, qu'elle avait une importance majeure, et qu'elle offrait un point stratégique sérieux. Son enceinte a dû être assez considérable, et sa population bien plus nombreuse que de nos jours. En effet, depuis le lieu dit de la porte du Billoy jusqu'à la porte appelée d'En-Haut ou de Saint-Vrain, on retrouve des amas de ruines de murs de clôture, des excavations indiquant d'anciennes caves qui ont dû appartenir à de vieilles habitations, et cette partie du sol du village s'appelle encore les faubourgs. On ne se tromperait guère en l'évaluant à plus de 2,500 ou 3,000 habitants. La population actuelle comprend à peine 700 habitants pour le village seul, et une cinquantaine pour les hameaux qui en dépendent. L'ancien cimetière de la commune était, pour ainsi dire, attenant à l'église, dont il n'était séparé que par une ruelle donnant accès tant à || l'église qu'à l'ancienne ferme dite du Fort. Il a été fermé comme insuffisant pour la commune et se trouvant dans l'enceinte du village, depuis à peu près trente-cinq ans; un nouvel emplacement au sud-est et hors de l'enceinte des habitations a été choisi depuis cette époque. Le nouveau cimetière, d'une contenance de plus de 2,000 mètres, est tout à fait convenable, et il sera possible, le cas échéant, de l'agrandir. Divisé en deux parties séparées par une grande allée au milieu de laquelle est une belle croix de fonte, le côté gauche a été destiné aux sépultures temporaires gratuites, le côté droit aux concessions perpétuelles qu'on peut obtenir moyennant un taux assez modéré. Les hameaux qui dépendent de notre commune sont appelés l'Épine, la Brière, le Saussaye, Aubin, les Murs, les Moulins-du-Gué. L'Épine. Le hameau de l'Épine se compose d'une belle propriété appartenant à M. Narcisse Rabourdin, riche négociant en farines, un des anciens meuniers dits des quatre marques. Ce domaine com prend de vastes et magnifiques moulins élevés [ocr errors] sur la rivière de Juine, que fait mouvoir une puissante chute d'eau. Ces usines ont près de 9 mètres de fondations; elles sont renommées pour leur bel outillage et leur matériel parfaitement aménagé, et leurs importantes dépendances. On y compte vingt ou vingt-cinq paires de meules. Une belle maison de campagne, bien embellie et améliorée par son propriétaire, est à proximité de ces moulins; un ancien corps de ferme et le surplus de l'ancien parc de l'Épine ont été rachetés, il y a quelques années, par M. Rabourdin; enfin une autre maison de campagne, voisine de ce corps de ferme, fait également partie de la propriété de l'Épine. Le tout peut comprendre une surface de 250 à 300 arpents. Un beau parc, bien dessiné, embelli d'arbres exotiques, et traversé par la charmante rivière de la Juine, qui traverse, dans son cours, une riche et ombreuse vallée, offre un grand charme à ce beau domaine. La Brière. Le hameau de la Brière appartient, presque tout entier, au propriétaire de l'Épine; il n'a plus qu'une seule habitation particulière, le surplus est en ruines; mais un beau moulin, muni d'une belle chute d'eau qui donne la vie à quatre ou cinq paires de meules, anime cet endroit du cours de la Juine que de grands ombrages, et la proximité du parc du château de Saint-Vrain, appartenant à M. le comte de Mortemart, embellissent encore. Le Saussaye. La propriété du Saussaye, troisième dépendance de la commune, appartient à M. Jules Chéron, ancien notaire à Lardy. Elle se trouve séparée en deux parties par le cours de la rivière de Malesherbes qui, à 1 kilomètre plus loin, se réunit à la Juine et prend le nom d'Essonne jusqu'à Corbeil, où se trouve son embouchure dans la Seine. La moitié de cette propriété seule dépend de la commune d'Itteville, l'autre moitié se trouve comprise dans le terroir de la commune de Ballancourt. La première partie, dépendant d'Itteville, est un beau moulin de quatre paires de meules, qui n'a pas une grande importance, mais qui a, dernièrement, subi une réparation com plète. Le propriétaire a cherché à l'améliorer en faisant donner une meilleure direction à la faible chute d'eau qui dessert cette usine; plusieurs corps de bâtiments, des jardins font également partie de ce moulin. De ce côté du terroir de notre commune existent de grandes tourbières, établies et exploitées dans les anciens marais communaux et dans l'île formée par la rivière de Malesherbes. Cette industrie offre quelque intérêt au visiteur. Aubin. Le hameau d'Aubin offre, comme habitation principale, le petit château d'Aubin, qui appartient à M. Alexandre Sanson Dorival, fils d'un riche maître de forges de Charleville. A cette charmante maison bourgeoise se trouve jointe une ferme. Le reste des habitations de ce hameau appartient à des cultivateurs. Dans les prairies qui avoisinent ce hameau sont de grandes exploitations de tourbières dont lés étangs et pièces d'eau communiquent avec la rivière de Malesherbes.. Les Murs. Le hameau des Murs n'est qu'un amas de quelques granges et habitations occupées par deux ou trois familles. Les Moulins-du-Gué. Les Moulins-du-Gué sont ainsi nommés parce qu'ils ont été construits non loin d'un gué qui existait sur l'Essonne ou la rivière de Males [ocr errors] herbes, à 150 ou 200 mètres en aval de la petite ville de la Ferté-Alais. Les moulins et la filature de bourre de soie sont la propriété de la famille Thirouin de Gironville. La fabrique de bourre de soie était dirigée, jadis, par M. Langevin, fabricant célèbre, qui a obtenu de nombreuses médailles aux expositions diverses, et qui fut décoré, en 1867, de la croix de chevalier de la Légion d'hon neur. Cette usine est dirigée actuellement par M. Sylvestre. Quant aux moulins, ils dépendent de l'exploitation de ceux de l'Épine et de la Brière, et sont sous l'administration de MM. Lefebvre et || Vaury, successeurs de M. Rabourdin. La position de ces usines est fort belle, très-avantageuse, à proximité de plusieurs routes vicinales et départementales qui se rencontrent à la FertéAlais et de la gare du chemin de fer de Corbeil à Montargis. Leur outillage et leur matériel sont d'une grande importance. La filature occupe environ cent cinquante ouvriers et ouvrières. Quant aux moulins, ils font de blé-farine à l'aide de quatorze ou seize paires de meules. La chute d'eau est forte et belle, et le paysage qui encadre cette propriété est charmant. IV Excursions et promenades des environs d'Itteville. Les environs d'Itteville offrent aux visiteurs d'agréables excursions. Les bords ombrageux de la Juine, le joli vallon de Lavau, les beaux taillis qui s'étendent sur les coteaux boisés qui dominent le village, parsemés de rochers comme la forêt de Fontaine. bleau, offriront des promenades peu éloignées. Dans les bois du terroir de Cerny, commune limitrophe de la nôtre, on pourra visiter de curieuses carrières de grès; une excavation naturelle, sur un plateau rocheux, appelée le Troudu-Sarrasin, au fond de laquelle s'ouvre une grotte profonde, où jadis murmurait une source limpide et fraîche; non loin de là un cataclysme de roches de grès existant dans un vallon sauvage, et une autre belle roche, appelée la Rochequi-Pleure. On pourra, si on en obtient la permission, visiter un établissement magnifique aux confins de la commune, la poudrerie.du Bouchet, qui appartient à l'État, usine ou plu tôt réunion d'usines admirablement montées, séparées les unes des autres, et grandement améliorées depuis quelques années. Ajoutons, pour dernier mot, que, partout, Itteville est entouré de châteaux et de maisons de plaisance, au nombre desquels nous pourrons citer les châteaux de Frémigny, de Billy, de la Boissière, de Colbert à Ballancourt, et à la FertéAlais, de Presles, etc., etc. FIN. PARIS. -- IMPRIMERIE DE Mme ve BOUCHARD-HUZARD, rue de l'Éperon, 5.