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L'église Saint-Jean-Baptiste de Leuville (2)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————_- —- Juin 2009

Atlas de Trudaine (1745).

C. Julien

JP. Dagnot

Cette chronique donne à la seconde partie de l'histoire de l'église Saint-Jean-Baptiste de Leuville-sur-Orge (cant. Arpajon, Essonne).

Les droits honorifiques dans l'église de Leuville

Deux illustres familles ont fortement marqué, de leur passage, l'église de Leuville : • La famille Olivier de Leuville a détenu cette terre pendant 300 ans depuis la donation de Jean Alart de Court-Alary, écuyer, à Jacques Olivier, procureur en Parlement, jusqu'au mariage de l'héritière Antoinette Madeleine Olivier de Leuville avec le marquis de Poyanne. En tant que parlementaires, les seigneurs de Leuville appartenaient à la noblesse de robe. Les plus illustres membres de cette famille sont : le chancelier François Olivier qui servit sous les Valois-Angoulême et mourut en 1560 exilé dans son château de Leuville par une intrigue avec la duchesse de Valentinois (Diane de Poitiers) et le marquis Louis Olivier de Leuville qui en 1650 avait obtenu de Louis XIV que sa terre soit érigée en marquisat. • Le passage de Philippe de Noailles, maréchal de France, duc de Mouchy, marquis d'Arpajon et du Bouchet fut également remarqué à Leuville, terre qu'il acheta en 1751. Il était l'époux de Anne Louise d'Arpajon, dame d'honneur de la reine Marie-Antoinette.

Rappelons que les droits honorifiques dans l'église sont de deux sortes, les droits majeurs (droit de présentation à la cure, les prières nominales, droit d'être nourri des biens de l'église, droit de litre « listræ » ou de ceinture funèbre, le pas à la procession, l'encens « thus », droit de sépulture et de banc dans le chœur «sepultura et sedes in choro» ) et les droits mineurs (pain bénit « panis benedictus », offrande, baiser de Paix « osculum Pacis », eau bénite « aqua benedicta », banc et sépulture dans la nef « sedes in honoratione loco navis ecclesia ») (1).

Quels étaient les droits honorifiques du seigneur de Leuville dans l'église Saint-Jean ?

La réponse à cette question mérite un développement. Il est vrai que Leuville était un fief mouvant du roi à cause de la châtellenie de Montlhéry. C'est bien cette dépendance féodale qui apparaît le 19 juillet 1367 lorsque « Jehan de Brétigny, écuyer, donne aveu au Roy pour sa terre et seigneurie de Leuville mouvante de Montlhéry ». Le seigneur de Leuville est moyen-justicier , la haute justice étant dans les mains du prévôt royal de Montlhéry avec les appels ressortissant aux conseillers du Châtelet de Paris.

Les manuels de droit d'Ancien régime sont volumineux à ce sujet (2). Voilà ce que nous dit Loyseau : « le Patron ou Fondateur et le Haut-Justicier de la paroisse ont seuls droit aux honneurs de l'église, et les autres qui en jouissent, ne les ont que par pure tolérance et possession ». Maréchal prétend que « les droits honorifiques appartiennent au Patron, privativement à tous autres ». Guyot ajoute « celui qui a aumôné le patronage à l'église, même sans réserve, a néanmoins tous les droits honorifiques, ce qu'on appelle Patronage honoraire, à l'exception de la collation de la cure ». Il semble que dans un premier temps, le statut de Leuville correspondait à cette description.

Bien que n'ayant que la moyenne et basse justice, le seigneur de Leuville possédait les honneurs dans l'église de la paroisse où était bâti son manoir, c'étaient les « honneurs du seul vrai seigneur du lieu quand la seigneurie était un arrière-fief du domaine royal ». En absence de patron (l'évêque de Paris) et de haut-justicier (le roi), le seigneur de Leuville s'arrogeait « les grands et les moindres honneurs » bien que ses armes n'étaient ni à la clef de voûte, ni à la maîtresse vitre, ni sur les cloches.

Le 29 mars 1593, gisant au lit malade, Suzanne de Cabannes, dame de Leuville, Ballainvilliers, etc… femme de Jean Olivier, gentilhomme de la Chambre du roi, dicte son testament. Elle désire este inhumée à Saint-Germain l'Auxerrois en l'église cathédrale, donne 50 livres à une douzaine de pauvres de Paris, fonde un obit de dix escus au couvent de Saint-Eutrope pour faire dire et chanter des messes et veut qu'il soit déploier au pourtour du dedans de ladite église de Leuville une ceinture de deuil où il sera par intervalle mis et apposé ses armoiries ou armes . Le 6 décembre suivant, Anthoine Héruy, commissaire et examinateur pour le roy est nommé par noble homme Jehan de Neufville et Hiérosme Lemaistre, exécuteurs du testament de Suzanne de Chabannes, pour veiller aux dispositions de la défunte.

Voici l'armorial de la litre de Leuville « au 1 et 4 d'azur, à six besans d'or , posés 3 , 2 & 1, au chef d'argent , charge d'un lion naissant de sable qui est Olivier ; et au 2 & 3 d'or , à trois bandes de gueules , celle du milieu chargée de trois étoiles d'argent , qui est Noviant » .

La situation de Leuville évolua au tournant du XVIIe siècle, les fils aînés de la famille Olivier sont des officiers proche du Roi. Jean Ier Olivier puis son fils Jean Olivier IIe du nom est qualifié de « gentilhomme ordinaire de la chambre du roi » (3).

Le statut de Leuville changea radicalement en juin 1650. Le seigneur Louis Olivier de Leuville fit ériger cette terre en marquisat. Il obtint des lettres du duc Gaston d'Orléans, seigneur apanagiste de Montlhéry, qui lui permettaient de faire dresser en cette même terre de Leuville et Valorge qui relèvent du comté de Montlhéry. Une haute justice pour la joindre à la moyenne et basse avec ressort des appellations pour le Civil au Châtelet de Paris, et pour le Criminel au Parlement, et autre permission de tenir à Leuville un marché toutes les semaines. Ces lettres furent enregistrées en Parlement le 9 juillet suivant.

Cette promotion donne la qualité de haut justicier au seigneur de Leuville . Désormais, cette famille possédait tous les droits honorifiques dans l'église Saint-Jean « la Haute Justice emporte supériorité, commandement et puissance publique ; qu'ainsi elle est entièrement, et par excellence, domination et seigneurie ». Immédiatement, le marquis de Leuville fait valoir ses droits et commence dès 1655, la construction du caveau des Olivier de Leuville avec la chapelle Saint-Vincent qui devient la chapelle seigneuriale. Le marquis meurt le 5 août 1663 ; une litre ou ceinture funèbre peinte, sur le pourtour intérieur de l'édifice « aux armoiries du marquis Louis Olivier de Leuville, seigneur haut justicier du lieu ». En plusieurs endroits ces armoiries sont très bien conservées et visibles de nos jours.

Mesdames de Leuville

Nous parlerons succinctement des deux bienfaitrices de l'église Saint-Jean connues dans l'Histoire sous le nom de Madame de Leuville . L'une épouse du marquis Louis de Leuville joua un rôle primordial auprès de la reine Anne d'Autriche, l'autre sa bru, veuve du marquis Charles de Leuville vécut à la cour de Versailles.

Madame de Leuville, est Anne Morant qui était, depuis le 23 octobre 1636, l'épouse de Louis Olivier, chevalier, marquis de Leuville, baron de Vair, lieutenant général des armées du roi. Née en 1621, morte le 9 septembre 1698, à l'âge de 79 ans, elle était la fille de Thomas Morant, IIe du nom, chevalier, seigneur et baron du Mesnil Garnier, d'Esterville et de Soulles, conseiller au Grand Conseil, puis trésorier de l'Epargne du Roi et de Jeanne Cauchon de Treslon. Madame de Leuville était la mère de la m