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Les erreurs historiques sur Marcoussis
Chronique du Vieux Marcoussy —————————– —- _————————— Novembre 2009
Le château féodal de Marcoussis (Coll. École d'horticulture d'Auteuil).
JP. Dagnot
C. Julien
Cette chronique a pour but de relever quelques erreurs que l'on rencontre dans les ouvrages relatant l'Histoire de Marcoussis et notamment celles commises par Malte-Brun et les auteurs qui l'ont plagié ultérieurement (1).
Lors de la publication du livre Histoire de Marcoussis de Malte-Brun, en 1867, plusieurs critiques littéraires donnèrent des avis élogieux. Dans un article publié dans le Bulletin du Bouquiniste C. Hippeau vantait les mérites du géographe en ces termes « voici sans contredit une de plus complètes et des plus intéressantes monographies qu'ait inspirées cette généreuse passion qui tire chaque jour de l'oubli les monuments épars de notre histoire nationale » (2). Le critique littéraire Charles Defrémery félicite également Malte-Brun tout en disant que l'auteur a profité du travail de Perron de Langres et celui de Lucien Merlet (3). Toutefois, le critique signale la belle exécution typographique de l'histoire de Marcoussis, « qui en fait un ouvrage digne des bibliothèques les plus élégantes ».
L'erreur historique
Il convient de débusquer l'erreur historique qui apparaît en de nombreux endroits. Citons un exemple parmi des milliers. Dans le catalogue des grands maîtres, publié par Jean Le Féron, en 1564, nous pouvons lire « Messire Jean de Montaigu, du temps du roy Charles sixiesme, mil quatre cens et cinq, et Charles septiesme, mil quatre cens neuf. Les Chroniques de Bretagne et Cousinot tiennent que le roy de Navarre feit alliance avec le duc de Bourgogne, et qu'ils feirent ès halles de Paris coupper le teste audit Jean de Montaigu ». Le lecteur notera l'erreur flagrante puisque Charles VII ne régna qu'en 1422, treize ans après l'exécution du Grand-maître. Il est triste de voir de telles erreurs reproduites d'auteurs en auteurs sans aucun esprit critique.
Charles Defrémery n'hésite pas à dire que, dans la première partie de son ouvrage, Malte-Brun a profité du travail spécial de Lucien Merlet, publié en 1852 dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes . « Il aurait pu trouver des renseignements curieux sur la mort de Jean de Montagu dans une notice d'Ameilhon sur un ancien manuscrit de la bibliothèque de la ville de Paris, actuellement conservé dans la bibliothèque de l'Institut (Notices et extraits des Mss., t. V, p. 617-619) », précise le critique littéraire.
Plusieurs erreurs typographiques sont faites par Malte-Brun comme la date de janvier-février 1850 au lieu de 1852 pour la biographie de Merlet (p. 401). « C'est sans doute par un lapsus calami qu'à l'avant-dernière ligne de la page 340 et à la ligne 12 de la page suivante, on lit le nom de la belle Arcita, au lieu de celui d'Emilia », nous dit Defrémery qui conclut son article par « On peut seulement regretter que ce volume présente quelques erreurs, la plupart faciles à corriger, ou qui ne sont, à vrai dire, que des fautes d'impression ». Mais, bien que l'édition comportât une douzaine d'errata, il y a plus… C'est ce que nous voulons présenter maintenant.
Le bourdon de Notre-Dame
Nous savons qu'en 1400 Jean de Montagu et son épouse firent un legs à l'église cathédrale de Paris pour acquérir un bourdon qui fut placé dans la tour sud nommée Jacqueline, du nom de la donatrice (4). Malte-Brun a reproduit textuellement (p. 39) une assez singulière erreur de Merlet relativement à la principale cloche de l'église métropolitaine de Paris en écrivant « cette grosse cloche fut refondue aux dépens d'un chapelain de l'église métropolitaine nommé Emmanuel ».
Le biographe de Jean de Montagu dit que cette cloche, originairement donnée à Notre-Dame de Paris par le fondateur du château de Marcoussis, fut refondue en 1681, comme le témoigne cette inscription : « Vocor a capitule Parisiensi Xua, prius Jacquelina Joannis de Monte-Acuto comitis donum… nunc Emmanuele duplo aucta ». Le mot Xua, dépourvu de toute signification, m'avait d'abord paru pouvoir être lu X na pour Christina ; mais après avoir vu la même inscription rapportée plus exactement dans divers autres ouvrages, notamment dans le Menagiana (édit. de 1715, t. III, p. 138). Il faut se convaincre que le mot en question n'est qu'une mauvaise leçon pour Quœ. Quant au mot Emmanuele, il ne vient qu'après nunc duplo aucta, et sous la forme Emmanuel, comme le premier des noms donnés à la cloche lors de son second baptême. Lucien Merlet n'ayant pas cité son autorité, n'ignore où il a pris la leçon qu'il donne et ce qu'il dit du chanoine Emmanuel, qui n'a peut-être dû l'existence qu'à une inscription mal transcrite comme celle, en 1765, de Gueffier dans la Description historique des curiosités de l'église de Paris .
Le mariage du fils de Montagu
Citons tout d'abord Malte-Brun à propos des noces du fils Montagu « Quelques temps après [1409], Marcoussis fut encore le théâtre de grandes fêtes, à propos de Charles de Montagu, fils du grand maître, avec Catherine, seconde fille du connétable Charles d'Albret », et de préciser dans une note en bas de page que « le mariage fut célébré en grande pompe à Paris le 4 septembre 1409. Charles d'Albret, comte de Dreux, descendait par sa mère Marguerite de Bourbon, du roi Saint-Louis ».
Cette assertion est complètement contradictoire avec ce qu'a écrit Enguerran de Monstrelet (vol. 2, p. 33) : « Item. Le pénultiesme jour dudit mois de juillet, furent faictes à Lmemeun, très solemnellement, les nopces de la fille du seigneur de Labreth, connestable de France, et de l'aisné fils Montagu grand-maistre d'ostel du Roy. Auxquelles nopces furent présens la royne de France et plusieurs grans seigneurs, et furent les despens, là, soustenuz et paiez de par le Roy, dont, en continuant, ledit Montagu encouru en grande indignacion et envie de plusieurs princes du sang royal ».
De nouveau, page 78, Malte-Brun nous parle du mariage de Charles de Montagu, prétendant que le Grand maître avait donné ses biens « en apanage, le 17 janvier 1404, lors de son mariage avec la fille du connétable d'Albret ». Cette assertion est incompréhensible.
La fin de Jean de Montagu
Parmi les épisodes les plus attachants du livre de Malte-Brun, on remarque surtout le récit de la fin tragique de Jean de Montagu. Malheureusement l'auteur a manqué de rigueur. C'est ainsi que dans le court dialogue du prévôt de Paris, Pierre des Essarts, avec Jean de Montagu, on a imprimé vous comparerez (vous paierez, vous serez puni). La leçon exacte, telle qu'elle est donnée par Monstrelet, est « mais durement comparrez les très grans maulx que vous avez commis et prepétrez »
Il est surprenant de lire les quelques lignes narratives de la mort de Jean de Montagu (p. 62) pour laquelle Malte-Brun n'a pas corrigé la coquille pour le jour de l'exécution « le jeudi 18 octobre, il alla signifier au grand maître sa sentence… ». Le religieux de Saint-Denis est précis sur les évènements d'octobre 1409 : « Die igitur decima septima hujus mensis, ad forum rerum venalium … ». Ce qui se traduit par : le 17 de ce mois, il fut conduit aux halles à son de trompe… Pour sa part, l'anonyme bourgeois de Paris écrivit « Et le XVIIe jour dudit moys d'octobre, jeudy, fut le dessusdit grant maistre d'ostel mis en une charrette… ». Enguerran de Monstrelet donne la même date pour la dé