Table des matières

Raymond Mulard (1899)

Monographie d'Angerville

Par instruction ministérielle du 29 décembre 1898, toutes les écoles primaires françaises ont été sollicitées pour participer à la préparation de l'exposition du Ministère de l'Instruction publique consacrée à l'enseignement primaire dans le cadre de l'exposition universelle de 1900 et notamment de rédiger des monographies communales.
Chaque monographie devait respecter un plan commun. D'abord, une partie géographique et historique (situation géographique, climat, histoire locale, biographies de personnages remarquables, liste des personnalités locales, économie…) puis une partie consacrée à l'instruction publique, dans laquelle l'instituteur faisait l'historique des bâtiments ayant abrité les écoles et parlait de son métier et de son programme scolaire.

Ville d'Angerville


I. Plan cadastral de la commune d'Angerville


II. Partie géographique

§ 1.

Il n’est pays que la Beauce,
Car il ne baisse ni ne hausse,
Et de six choses d’un grand prix,
Collines, fontaines, ombrages,
Vendanges, bois et pâturages,
En Beauce il n’en manque que six.

§ 2.

§ 3.

Billets simples Aller et retour
1re classe 2e 3e 1re 2e 3e
d'Angerville à Paris
8 f 40 5 f 70 3 f 70 12 f 60 9 f 05 5 f 90
d'Angerville à Orléans
5 f 25 3 f 55 3 f 30 7 f 90 5 f 70 3 f 70

§4. — Administration

1° — Avant 1789

2° — Depuis 1789

III. – Esquisse historique

Étymologie.

Origine.

Sous les Valois : guerre civile et guerre de Cent ans

ce qui lui est demeuré, espérant que ce sera pour vivre le reste de l’année et pour ensemencer sa terre, vient une noble de gens d’armes qui menacent et gâtent ce peu de bien que le pauvre homme aurait réservé pour vivre.

Mais tout cela ne suffisait pas ; il contraient le paysan à grands coups de bâton à aller chercher en ville du pain blanc, du poisson, des épiceries et toutes choses exquises ; et à la vérité, s’il ne était Dieu qui consolât les pauvres et leur donnât patience et cherchéors en disertion, etc…

*Charles VIII, par amour pour son peuple, dans le but de réprimer ces abus, publia des ordonnances que sa faiblesse l’empêchait d’exécuter.* Mais du moins il rendit à Angerville un vieil service en lui accordant, *par lettres patentes, deux foires par an et un marché, le jeudi de chaque semaine*, octobre 1482.

Signalons aussi, comme un événement historique, le *passage à Angerville d’Anne de Bretagne*. Cette gracieuse princesse à peine âgée de vingt-et-un ans, déjà veuve d’un roi de France, allait rencontrer Louis XII qu’elle épousa en seconde noce et se rendait à Étampes.

Quelques années plus tard, Angerville et Étampes revirent passer *Anne de Bretagne*. Combien, cette fois, le cortège différait du premier. Elle revenait de mourir à Blois (9 janvier 1514) et l’on transportait son corps à Saint-Denis pour l’inhumer au milieu des rois.

Le jeudi qui fut le lendemain de son passage à Janville, fut conduite la noble royne à Angerville, et à la porte de l’église y avait en escript ce qui ensuyt :

*Passe avec nous, village d’Angerville,*
*Le royal corps que les gens reçoivent.*
*En le voyant, prions Dieu qu’en paix soit*
*Et que l’âme en soit pour danger oïlle.*

_(Récit du funéraille d’Anne de Bretagne par Meaulx et Gendrot)_

Le Protestantisme.

*Les habitants d’Angerville croyurent pouvoir jouir désormais en paix de leurs travaux, eurent arrivèrent tant redoutés. Charles VIII, sous l’espoir de plaintes, leur avait donné un marché, Louis XII, père du peuple, avait épousé dans ses murs, non commerce prenait*

de l’entretien.

En effet, la route de Paris à Orléans, depuis *l’établissement des postes*, s’était plus fréquentée, et, comme Angerville non seulement était un relais de poste, mais aussi un gîte pour bien des voyageurs venant d’Orléans, ainsi que pour beaucoup de marchands, le nombre de ses auberges aug- mentait, la consommation était plus rapide, une plus grande somme de mouvement lui donnait une plus grande quantité d’existence, et, quoique son premier marché eût pas réussi, grâce sans doute à la jalouse concur- rence de Méréville, le jour viendra où elle vaincra cet obstacle, et son marché sera plus important que celui de sa rivale.

Mais bientôt, sous *François Ier*, on vit s’ajouter, aux misères de la famine, de la poste et de la gabelle, celles causées par de nouvelles levées de *tailles achées*. Ceux-ci, paysans de la veille, devenaient des *bandits dignes des Vandales*. On ne pouvait dire leurs atrocités.

*Ils égorgeaient un tonneau pour boire une gorge*, et si quelque paysan hasardait l’humble observation sur ces impôts épouvantables, ils le forçaient à faire chauffer lui-même son vin dans une chaudière et venir leur laver les pieds avec cette précieuse boisson.* (Bourdaloue)*

*Les guerres d’Italie* s’ajoutèrent à ces calamités et furent la cause d’impôts nouveaux que François Ier levait selon *son bon plaisir*.

Cette tendance de la royauté vers *l’absolutisme*, à relation- ner les mœurs ecclésiastiques, particulièrement à Rome, amè- nèrent fatalement une vive réaction : les idées de liberté et de réforme religieuse formulées d’abord en Allemagne par *Luther*, *Melanchthon*, *Zwingli*, puis en France par *Calvin*, trouvèrent écho dans une nouvelle religion, *le Protestantisme*, qui se répandit rapidement dans le nord de la France surtout.

C’est en 1545, le prieur de *Mondonville* nous rapporte que l’église de Saint-Pierre et l’église d’Angerville-la-Gâte, ayant été profanée par la malice des démons fut réconciliée en même temps que son cimetière — que s’était donc passé ?

Il s’agissait simplement d’une contestation entre Jean de Villiers, curé d’An- gerville, et René de Gerville, seigneur d’Outreville, laquelle avait amené une scène scandaleuse dans l’église.

Après les cérémonies de la réconciliation de l’église profanée, René de Gerville fut cité à comparaître devant l’archidiacre

de Charles, pour répondre aux griefs élevés contre sa personne fut exilé hors de foi, dans la cause de la foi.

Ce petit seigneur d’Outreville, qui s’étendamment parlait dans l’origine du territoire d’Angerville, avait l’enthousiasme ardent de la nouvelle doctrine, et il est bien probable que les habitants d’Outreville embrassèrent la religion réformée. Il existe encore aujourd’hui un chemin dit *des Huguenots*. Ce chemin, selon la tradition, était celui que prenaient les protestants d’Outreville pour se rendre au prêche à Pithiviers. En effet, ce chemin qui part d’Outreville, passe derrière le château de Bonneville et se dirige vers le lieu désigné.

Ainsi le territoire d’Angerville a compté des seigneurs et des gens du peuple proclamant la foi protestante dès l’introduction du calvinisme en France.

Angerville à la coutume d’Étampes.

En sa qualité de ville neuve, de village royal, Angerville avait obtenu une charte de franchise royale qui lui servait tout d’abord de coutume, mais on reconnaît que s’accrut la puissance royale, le droit écrit et le droit coutumier tendirent à se confondre.

*La coutume rédigée à l’écrit* sous Philippe le Valois devait concerner *la plupart des villages de la Beauce*. Puis, ayant été modifiée à Orléans et à Montargis, les habitants d’Angerville se soumirent à la juridiction de l’écriture orléanaise.

Toutefois, lors de la rédaction des coutumiers d’Étampes ou Beauneville, une importante difficulté se produisit et préoccupait le roi considérant ce juste titre. Angerville comme dépendant du Duché d’Étampes (donné en dot par François Ier) voulait res- ter libre habitante à toute autre juridiction, en particulier à celle des religieux de Saint-Denis.

Ce furent des tiraillements dont ses habitants eurent à souffrir.

Fortifications.

Angerville avait obtenu de Henri II des lettres patentes par lesquelles elle était autorisée à *s’entourer de murailles*. Suivant certains renseignements, s’élevait autour du mur de quatre mètres de hauteur, un quatre-vingt-cinq centimètres d’épaisseur, flanqué de vingt tourelles avec créneaux et meurtrières, ayant en avant de larges fossés, pour en défense lance.

Il faut dire, à la vérité, que cette enceinte ne pouvait pas tenir la force et soutenir un siège, mais la ville a tourné, du moins,

Références

– Archives nationales, série P, H et K – Monographie manuscrite de M. Ernest Moneault – Registres paroissiaux et d’état civil – Cartulaire de Saint-Denis – Itinéraires royaux du domaine de France

Esquisse historique (suite)

En l’année 1117, Louis VI réunit le château de Pussot, dont le seigneur, véritable bandit, ravageait toutes les terres de la Beauce.

Par une charte datée de 1119, une de ces terres du domaine royal ravagée, abandonnée, fut cédée à Huger, abbé de Saint-Denis, en récompense des services qu’il avait rendus dans cette lutte contre le seigneur du Pussot.

Cette charte fut confirmée en 1391 par Charles VI. Il dit que cette terre, appelée *Angere regis*, est située près d’une petite rivière qui se jette aux dessus d’Étampes dans la Juine.

Cette petite rivière est nommée le Ruet (aujourd’hui le Ruisselet).

Aucune ville n’existait encore à cette époque, car les religieux de Saint-Denis n’en font nullement mention dans leurs livres si parfaitement tenus. Comment les chroniqueurs de cet âge où les luttes de Louis le Gros contre les seigneurs de son domaine tinrent une si grande place, ne diraient-ils pas un mot d’*Angerville*, ou par quel miracle *Angerville* eût-il échappé seul aux ravages des seigneurs du Pussot ou d’Offemont, ou seigneurs de Méréville ?

Enfin, dans les guerres du Pussot, on dut choisir sur la route un lieu de refuge pour dîner. Ce voisin renommé pouvait fixer l’auberge après le déboisement de l’endroit dont Angerville occupa une partie fort choisie pour devenir ce relais ; et il a eu la même destination jusqu’à notre époque.

Ce territoire, le texte de la charte citée le représente comme vacant, et fruit appelé à ceux qui voudront le peupler, le cultiver, l’habiter. Il ne l’est plus loin : il montre et décrit comme un désert, et le souvenir de ce désert se retrouve dans l’épithète qu’ajoute au nom d’*Angerville* : *la Gaste (la Gâté)*. Ce qu’on tenait de friche, inculte, désert.

Cette partie de la Beauce était comprise dans le territoire des Carnutes, lors de la conquête des Gaules par César, et dans la XIIIe Lyonnaise après les divisions établies par les Romains dans ce pays. On a trouvé à *Angerville*, dans les fouilles, quelques pièces romaines, entre autres une de César. Mais rien n’indique le séjour fixe du peuple romain, et quant à plus qu’il n’a existé pas d’habitations sur notre sol, les moines en décidèrent à Paris.

Dans les récits *Angere regis venit* — *Angere villa*, cette terminaison villa (ferme) était commune à beaucoup de lieux en Beauce, comme en Normandie, en Picardie, etc.

Donc *Angerville*, par sa destination comme relais, par sa situation près d’une fontaine, par sa proximité de la Chaloette, représente parfaitement *l’Angere* de la charte de Louis VI, lequel *Angere* était une terre déserte que non seulement les hommes, mais que la végétation semblaient avoir aussi abandonnée, et *Angerville persephée*, florissante, s’appelait encore *Angerville-la-Gaste*.

À l’époque de Philippe le Bel, *Angerville* était un simple hameau constitué par quelques chaumières groupées autour d’une modeste chapelle et qui ne recevait aucun rôle politique, qui ne fournissait point de député lors de la convocation des États généraux.

Sous les Valois : guerre civile et guerre de Cent Ans

Charles VI, en 1391, confirma, sur la demande de l’abbé de Saint-Denis, les lettres de Louis le Gros. Ce qui n’empêcha pas la Beauce, les terres d’*Angerville* en particulier, d’être ravagées tour à tour par les Bourguignons et par les Armagnacs, même qu’ils étaient maîtres du roi ou de la ville de Paris.

*En 1419*, *Angerville* dut ouvrir ses portes et remettre un lieu de refuge pour dîner. Ce voisin renommé pouvait fixer l’auberge après le déboisement de l’endroit dont Angerville occupa une partie fort choisie pour devenir ce relais ; et il a eu la même destination jusqu’à notre époque.

Angerville, village royal, suscitait donc beaucoup de revendications. Ainsi, nul ne pouvait y exercer la justice qui appartenait au roi ; nul n’avait de droits féodataires ; les habitants de la vieille Beauce étaient des colons qui furent le fléau du monopole. Ces propriétaires, les maires, ne pouvaient exiger d’eux ni impôt, ni taille, ni tort, ni redevance ; plusieurs seulement payaient un cens annuel, huit ou dix deniers par arpent de terre qu’ils voulaient cultiver.