Le traitement de ces polypes consiste, comme celui des tumeurs du même genre, dans leur ablation. La première fois que j'eus occasion d'en rencontrer, n'ayant pas de précédents pour me guider, je crus devoir recourir à la ligature, dans la crainte d'une hémorrhagie plus ou moins abondante. Ainsi, après avoir fait coucher le petit malade sur le ventre, les fesses écartées par un aide, je saisis le polype avec une pince, puis je tirai dessus afin d'agir le plus haut possible sur le pédicule; l'enfant fit alors un mouvement, et celui-ci se rompit à quelques millimètres du corps de la tumeur. Un léger écoulement sanguin eut lieu; il s'arrêta spontanément. Curieux de savoir ce qu'était devenu ce pédicule, je portai le doigt dans l'intestin, et malgré mes recherches, je ne pus le retrouver. Depuis ce temps, l'enfant n'a rien éprouvé qui pût faire croire à l'existence d'aucune excroissance dans le rectum. Ce fait m'engagea à suivre, dans les autres cas, une règle de conduite que le hasard m'avait tracée. Ainsi je me contente depuis de faire l'extirpation de ces polypes à l'aide des doigts. Pour cela, l'enfant étant fléchi à angle droit, le devant du tronc appuyé sur les genoux d'un aide vigoureux qui lui écarte les fesses, je glisse l'indicateur droit, enduit d'un corps gras, entre l'excroissance et le pourtour de l'anus; puis je le recourbe en tirant sur le mal, que je saisis simultanément avec le pouce, et, par un seul effort de traction et de torsion, je romps le pédicule, qui se sépare à une distance plus ou moins considérable du corps charnu; un léger écoulement sanguin suit cette rupture, et tout revient bientôt dans l'état naturel. Tel est le mode opératoire qui me semble le plus convenable lorsque la tumeur est sortie, ce qui a lieu ordinairement après les évacuations alvines. Dans le cas où le polype ne se présenterait pas au dehors, on chercherait à déterminer sa sortie à l'aide de lavements simples, et même laxatifs au besoin. Si on n'y parvient pas par ce moyen, et qu'on ne puisse attendre, il faut aller à la recherche du mal, comme j'ai été obligé de le faire une fois, et tâcher de l'amener à l'extérieur, ou bien reporter un second doigt dans l'intestin, le saisir entre ces deux organes, et rompre le pédicule en tirant à soi. Je ne pense pas que l'hémorrhagie soit vraiment à craindre en pareil cas; si le sang coulait en certaine abondance, quelques lavements froids suffiraient pour s'en rendre maître. On conçoit du reste qu'il n'est besoin dans ce cas d'aucun régime diététique; le petit malade peut reprendre de suite ses habitudes.