Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Clémence des Grez (?-1332)

Notule

  • Clémence des Grez, religieuse de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres, en fut la quinzième abbesse, de 1318 à 1332.

Notice de l'abbé Alliot

  • Chapitre X. Clémence des Grez (1318-1332) (…)
    • Origine de Clémence des Grez. — Le nom d'Yerres donné à plusieurs familles. — Obsèques de Jeanne de Courpalay. — Le recrutement. — Suppression de la viande dans l'ordinaire des moniales. — Les procès. — Les des Grez. — Baux à longs termes. (…).
  • Dès le mois d'avril 1318, Clémence des Grez avait pris la place d'Agnès de Brie au siège abbatial. C'était une femme de grande naissance que cette nouvelle titulaire. Elle était fille de Jean de Corbeil, seigneur des Grez en Brie; sœur de Jean des Grez, maréchal de France, de Pierre des Grez, évêque d'Auxerre, et la propre tante de la défunte abbesse, Marguerite de Courtenay, car la mère de celle-ci, Isabelle de Corbeil, était la sœur de Clémence. En prenant la crosse d'Yerres, cette petite fille des Corbeil devait la porter aisément, car depuis deux cents ans, l'abbaye n'avait pas cessé un seul instant de vivre des bienfaits et de l'appui de sa famille; pas un seul jour non plus, depuis sa fondation, le cloître n'avait cessé d'abriter un ou plusieurs membres de cette grande lignée, sous des noms divers: Corbeil, du Donjon, Noémi ou Noyen, Courtenay, des Grez, Yerres. C'est même ce dernier nom que l'abbesse portait parmi ses religieuses, |110 car celles-ci l'appelaient: Clémence d'Yerres. D'après les titres officiels, Guillaume de Courtenay était bien devenu, au milieu du XIIIe siècle, seul possesseur de la seigneurie, après la mort de ses cousins, les du Donjon; mais cela n'empêchait pas qu'il existât d'autres fiefs indépendants dans la paroisse, et leurs possesseurs prenaient aussi dans les actes le titre de seigneurs d'Yerres, c'est-à-dire à Yerres: tel était le cas de Jean des Grez, père de Clémence, et de quelques autres.
  • Tout au début de sa prélature, Clémence recueillit la succession de Guillemete de Omabus, qui portait aussi le nom de Guillemette d'Yerres, parce que Jean de Omabus, son père, greffier à Sens, était possesseur d'un fief, dans le voisinage du monastère et sur la paroisse d'Yerres. La défunte léguait au couvent 45 sols de rente pour la pitance, et une petite somme pour son anniversaire.
  • L'année suivante, Clémence reçut, en grande pompe, à l'abbaye, la dépouille mortelle de la véritable dame d'Yerres, Jeanne de Courpalay, femme de Pierre de Courtenay, dont la sépulture eut lieu dans l'église abbatiale, en présence de toute la communauté, le 28 août 1319.
  • Clémence s'occupa activement du recrutement de sa maison; elle eut la consolation d'y voir entrer beaucoup de jeunes moniales, dont la présence, la jeunesse et l'entrain réjouirent le cloître, dépeuplé par les maladies et rendu trop solitaire par les infirmités et la vieillesse de la plupart des religieuses recrutées au siècle précédent. Elle essaya de remonter le courant et bannit, pour un temps, l'usage des viandes blanches ou de la volaille, dans la nourriture de ses sœurs. A cette occasion, elle fit creuser la fosse à poisson ou l'étang, établi depuis un certain nombre d'années dans l'enclos de la communauté. En dépit de cette mesure, la pièce d'eau et la rivière voisine ne suffisaient pas à fournir aux besoins de la maison, et l'économe devait chaque année faire des achats assez considérables; aussi les donations de cette époque font-elles presque toutes mention d'une certaine quantité de deniers, consacrés à l'achat du poisson pour la nourriture des religieuses. |111
  • Les difficultés se multipliaient autour de la supérieure; elle en eut pour faire rentrer certaines rentes qui arrivaient trop lentement ou n'arrivaient plus du tout à sa maison. Le prévôt de Paris dut notamment contraindre certains débiteurs, de Mitry à payer 15 sols de rente à l'abbaye, donnés plus d'un siècle auparavant, par Amicie d'Yerres, femme de Jean Briard. — De son côté, le chapitre de Notre-Dame de Paris suscita plusieurs obstacles à l'exercice des droits du couvent. A la suite du décès d'Hugues de Besançon, évêque de Paris (1326-1332), les droits de chevecerie furent de nouveau contestés, mais les chanoines, en ayant appelé aux juges, furent impitoyablement condamnés. Quelques années auparavant, ils avaient déjà molesté nos Bénédictines en les empêchant de toucher des rentes dues à l'abbaye du côté de Bagneux; toutefois, après réflexion, ces bons chanoines avaient, de leur plein gré, fait droit aux justes réclamations de l'abbesse. L'acte qui consacre cet arrangement est le dernier du Cartulaire, il porte la date de 1326, le vendredi avant les Rameaux. — Philippe d'Évreux, roi de Navarre, fit un procès à l'abbaye, au sujet du péage de Brunoy. Le désaccord fut porté devant le bailli d'Étampes, en 1330, et le Navarrais fut condamné.
  • En 1325, l'abbesse Clémence eut la douleur de voir mourir n frère, l'évêque d'Auxerre. Ce prélat avait été une providence pour elle et sa maison; il lui avait fait cadeau d'une crosse d'argent massif avec le bâton de même métal. — Par suite d'intempéries, le clocher du monastère étant venu à péricliter et à menacer ruine, Pierre des Grez avait prêté 450 livres à l'abbesse, sa sœur, et comme celle-ci lui en avait fait une reconnaissance, ce billet faillit attirer un procès à nos moniales de la part de Pierre de la Motte, trésorier d'Auxerre et exécuteur testamentaire du prélat décédé. Heureusement Clémence avait eu la précaution de prendre un reçu de son frère avant sa mort, soit qu'elle lui eut rendu la somme, soit que celui-ci lui en ait fait la remise.
  • On trouve à l'actif de cette abbesse un certain nombre de baux, passés par ses soins, avec les tenanciers de l'abbaye; on y remarque la tendance de les faire à longs termes, afin d'avoir |112 à les renouveler moins souvent. Cette pratique qui se généralisera bientôt, au grand détriment des vrais intérêts du monastère, n'avait pas encore produit ses déplorables effets, elle fut employée de très bonne foi par Clémence des Grez.
  • Celle-ci, après avoir gouverné la communauté pendant quatorze ans, s'éteignit au mois de juin 1332, laissant à ses religieuses le souvenir d'une bonne et sainte mémoire (bonæ et sanctæ recordationis mater nostra). Nos moniales n'avaient point encore repris l'habitude d'écrire dans l'Obituaire, mais elles consacrèrent à leur abbesse, un peu plus tard, un article nécrologique, dont la lecture prouve que le souvenir de Clémence n'avait point péri dans leur mémoire. Il débute par la formule traditionnelle: Peracto cursu hujus vitæ, migravit Clemencia de Edera, quondam abbatissa nostra. Les sœurs mirent à la suite de cet article le nom de Pierre des Grez, réunissant, dans leur livre, le frère et la sœur, comme ils étaient réunis par la mort dans le sein de Dieu 1).
  • (…).

Documents

Sources

Bibliographie

Notes

1)
Note d'Alliot. — Plusieurs autres membres de la même famille avaient déjà trouvé place dans le Nécrologe, notamment Guillaume des Grez, mort évêque de Beauvais en 1267, et Michel des Grez, l'un des bienfaiteurs de l'abbaye, inscrit au 28 mai; il donna 40 sols pour la pitance des religieuses.
clemence.desgrez.txt · Dernière modification: 2022/07/21 05:27 de bg