Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

Outils pour utilisateurs

Outils du site


dagnot:chronique01.03

Page en chantier


Jean Alexandre Pauquet de Villejust

Chronique du Vieux Marcoussy ———————– ———– _——————————– Janvier 2010

Extrait du plan napoléonien de Villejust

JP. Dagnot

Cette chronique se propose de relater la vie d'un personnage qui marquera l'histoire de Villejust durant un demi-siècle. La commune se situe dans l'Essonne et la demeure dudit Pauquet aujourd'hui disparue était proche de l'église. Cette version est une refonte de la chronique initiale comportant de nouveaux éléments trouvés après de subséquentes recherches.

La famille Pauquet au XVIIIe siècle

Jean Alexandre Pauquet est né à Paris en 1749. Il est le fils de Jean-François, “ marchand de soye, négociant à Paris ”. On lui connaît deux soeurs: Marie Anne Pélagie mariée à Jacques Joseph Mulotin, horloger à Dieppe, et Marie Geneviève mariée à Jean Louis Bouchet, horloger parisien.

Son frère aîné Jean Pierre est né en 1735. On le retrouve à Moscou en 1763 parmi la communauté française. Trois ans plus tard, à Saint-Pétersbourg, il est témoin lors de l'inventaire après décès de Benoît Gravereaux. En 1776, comme son père, il exerce la fonction de négociant et également, il est le “facteur du grand-duc”. On le retrouve témoin d'un mariage Doraison-Deudon à Moscou en 1778. Durant cette période, il s'unit avec Madeleine Desnoyers, fille d'un marchand de Saint-Pétersboug et ce couple aura trois enfants, mineurs en 1787. Il décèdera avant cette année. Notons également que Marie-Geneviève Dunouy, mère des enfants Pauquet, perçoit les rentes sur l'Hôtel de Ville que possède son fils Jean-Pierre.

En 1787, l'épouse de Jean-François décède à Paris, rue Saint Denis, où elle habite dans une maison en location. Un mois avant le décès de sa mère, notre personnage, avocat en parlement, récupère devant notaire une somme de 1.100 livres venant de cette dernière pour des dettes, et le jour de l'inventaire après décès devant un autre notaire, en présence de ses soeurs, et du représentant de la bru franco-russe, déclare qu'il a payé des dettes, vendu les meubles et qu'il ne reste rien, qu'il “renonce purement et simplement à la succession” !!!! Jeanne Trou, une domestique au service de la défunte, est également présente lors de l'inventaire…

Denise Elisabeth Ponson

L'histoire de la compagne de Jean Alexandre est intéressante à plus d'un titre. Elle est née en 1725 et par conséquent plus âgée de 24 ans de plus que lui. Cette “dame” se mariera trois fois, en premières noces avec Adam Lusseux pour lequel nous n'avons pas d'informations, mais lui laissant des revenus, en secondes noces en 1760 avec un notaire parisien nommé Claude Pie Horque de Cerville, originaire de Beauvais. L'union durera une vingtaine d'années, le couple demeure en l'étude du notaire rue du Colombier et n'a pas d'enfant. L'époux décède en 1779, laissant sa veuve vivre aisément pendant quinze ans.

Durant cette période elle fait la connaissance de son futur compagnon Jean Alexandre et on notera qu'ils habitent le même lieu, rue du Colombier à Saint-Germain-des-prés. En 1780, un certificat de notoriété, où le nom de Pauquet est rayé, stipule que la veuve du notaire n'a pas eu d'enfant du notaire et qu'à ce titre, elle peut jouir de la donation universelle que lui a fait son mari!

Pour terminer ce préambule, citons Benoist Marie de Montessuy qui en 1781, devient “seigneur de Villejust”, en achetant cette terre et seigneurie. La même année ce noble acquiert également la seigneurie du Plessis-Saint-Père (actuellement sur ces lieux: le magasin Carrefour Ville-du-Bois et la ferme appartenant à la commune, ancien château d'été dudit Montessuy) . Il demeure place Vendôme, paroisse Saint-Roch.

La Révolution arrive, on retrouve la veuve de Cerville achetant pendant la terreur, en juin 1793, une ferme appelée de Sevran avec 130 arpents, moyennant 100.000 livres payées en assignats, 30.000 comptant et les deux tiers à crédit au taux de 20%. La veuve réside toujours rue du Colombier, mais “section de l'unité au 1335 de ladite rue”.

A Villejust, le curé, malgré l'insistance de la municipalité, démissionne en remettant ses lettres de prêtrise . La terreur règne et la religion cesse à cette date (ce sujet sera développé dans une prochaine chronique).

Notre personnage devenu “homme de loi”, va représenter la veuve en l'an deux (1794) et agir “ en command ” pour enchérir lors de l'adjudication du domaine de Villejust, faite en l'audience des criées du tribunal de la Seine, sur publication de Benoist Marie Montessuy (la particule a disparu) et acquérir: - un corps de ferme sis à Villejust, jardin séparé de la ferme (ancienne ferme seigneuriale), - trois “pavillons” nouvellement construits (propriété à l'extrémité du village, côté Nozay), - 260 arpents de terres prés bois. Ces biens amplement détaillés par la dite adjudication (malheureusement il faut reconstituer ces actes, les archives du tribunal de la Seine ayant été brûlées par les “Communards”). La période est dangereuse, notre homme s'empresse de faire rédiger devant notaire “n'avoir rien à prétendre en l'adjudication, qui a été faite au profit de Denise Ponson, à laquelle il n'a fait que prêter son nom”. La veuve s'engage de son côté à payer 239.900 livres, montant de l'adjudication, et protège son “gigolo” en déclarant que le citoyen Pauquet ne doit être ni inquiété ni recherché.

L'union officielle Pauquet-Ponson

Six mois plus tard, dans le souci d'asseoir son ascension, Jean Alexandre Pauquet, âgé de 45 ans, s'unit avec la veuve Ponson qui fête ses 69 ans. Le futur déclare sa filiation de ses deffunts parents, donc il est célibataire, la future déclare ses deux précédentes unions sans enfant. Les époux sont communs en biens. Le futur comme chef naturel de la communauté a le droit exclusif de gérer les biens et affaires de la communauté …Le futur doue son épouse d'une rente de 6.000 livres, sans détail. Elle apporte la ferme de Sevran et le domaine de Villejust soit 350.000 livres. Les futurs époux voulant se donner des preuves de leur attachement, se font donation mutuelle de leurs biens… On a quelques difficultés à imaginer que ce couple ait eu des descendants qui porteraient actuellement le patronyme Pauquet de Villejust.

A partir de cette époque, le nouveau maître de Villejust va commencer ses opérations d'annexion, tout d'abord avec la cure devenue bien national, comprenant notamment le presbytère, un jardin, l'église et le cimetière. Ces biens s'acquièrent par soumission: - Bénard citoyen parisien demeurant rue Monsieur le Prince, ne sait pas s'il peut inclure l'église dans sa demande, soumet une offre de 6.000 livres, - le citoyen Soucy propose pour l'ensemble, - le citoyen Pauquet opte pour l'ensemble, et soumet 3.000 livres pourt le quart (consignation prévue). Pour appuyer son dossier, parlant à la troisième personne, il déclare trois mois plus tard que dans sa soumission, l'église & le cimetière ne sont plus à sa convenance, et que la somme qu'il a consigné sera pour les trois quarts de la valeur présumée; également il contre le nommé Soucy en faisant remarquer qu'il n'a pas fait les versements en temps utile. Durant cette période, selon les lois du moment, l'ancienne municipalité a loué le presbytère à trois habitants, Monceau, Boudinet & Chartier. Relevons que ces bâtiments sont situés entre l'église et le corps de ferme actuel et qu'ils n'existent plus aujourd'hui. Nous sommes en l'an cinq, la municipalité depuis un an ne s'exerce plus à Villejust, car la constitution de l'an III avait établi des municipalités cantonales. Celle de Palaiseau était dirigée par Macé de Baigneux de la Ville-du-Bois qui s'était trouvé des talents de révolutionnaire . La commune est représentée dans cette municipalité par un agent et un adjoint qui déclarent à l'administration centrale de Versailles “qu'il n'existe dans la commune qu'une église ci-devant paroisse et qu'un cimetière attenant à cette église, que ces deux biens ne peuvent être aliénés sans préjudice pour la commune, vu que l'église sert à l'exercice du culte et le cimetière à la sépulture des habitants”. Comme c'est l'usage, dans l'adjudication des biens nationaux, l'administration nomme, un expert, Pauquet un autre, et accompagnés par un commissaire du canton, ils se déplacent pour faire l'estimation des bâtiments et du terrain; la superficie est de 472 thoises, 87 pour le bâtiment, 60 pour la cour, et 325 pour le jardin : - le principal bâtiment en mauvais état, est composé de trois chambres dont deux à feu, un premier étage avec la même distribution, - en aile à droite corps de bâtiment couvert de chaume servant d'étable, poulailler, toit à porcs, et petite salle avec cheminée et porte donnant sur la place, - en aile à gauche, bâtiment avec chambre et fournil avec cheminée, grange également, - jardin avec puits au milieu. Le tout en mauvais état, l'acquéreur ne pourra boucher ni obstruer les jours de l'église, et sera tenu de recevoir les eaux du comble du toit. Le revenu du presbytère est estimé à une somme 150 frs et un capital de 2.700 frs. L'adjudication a lieu dans la quinzaine suivante selon cette expertise. Notons que c'est à partir des ces bâtiments que Pauquet fera sa maison de maître.

En thermidor an cinq (1797), Denise Ponson, citoyenne Pauquet, malade, rédige son testament rue du Colombier: - … désire ajouter aux avantages faits à mon mari par le contrat de mariage, j'entends “que toutes les dettes & charges personnelles que j'avais en me mariant (Sevran & Villejust) soient payées en totalité”…, - … que “les sommes que mon mari pouvait me devoir” ne puissent être attribuées à mes héritiers… Trois jours plus tard, elle décède et Jean Alexandre Pauquet entre en jouissance de tous les biens. Une déclaration de notoriété précise que l'épouse n'a laissé aucun ascendant ni descendant auquel une quotité de biens soit reservée.

Pauquet maître à Villejust

A partir de cette époque, le nouveau propriétaire procède à des échanges pour harmoniser son domaine. Il “baille à loyer” comme ses prédécesseurs la ferme composée des bâtiments classiques, avec 82 hectares de terre, un colombier peuplé de 300 pigeons. Retenons également qu'il y a 417 arbres fruitiers, que la chasse est réservée au bailleur, et qu'il demande en sus du loyer de 3.900 frs en monnaie d'or ou d'argent, un agneau gras à Pâques.

En 1808, la municipalité de canton a disparu et notre personnage devient maire de Villejust (1). Afin d'asseoir, sa notoriété, cinq ans après, il fait une donation à la fabrique (église) de Villejust, de 50 frs de rente annuelle moyennant une messe solennelle et un Te Deum en action de grâce du retour de sa majesté Louis XVIII. Suit une ordonnance royale comme c'est la règle qui autorise la fabrique à accepter la donation. Deux mois passent, “Pauquet de Villejust” est nommé chevalier de l'ordre royal de la Légion d'Honneur.

Notre personnage déménage, il demeure rue des Saints-Pères, et troque ses fonctions de maire à Villejust pour celles d'ajoint au maire du dixième arrondissement.

La fin de ce récit mérite une pause nécessaire à la recherche et au tri des biens de ce personnage de manière détaillée et sans son inventaire après décès . Il sera question: - sur Paris de maisons, et à Passy, Neuilly, Chaillot, de terrains, - à Saulx-les-Chartreux, de terre et ancien bâtiment seigneurial des Chartreux, - à Villejust, de terres et plusieurs maisons, - à Orsay, de maisons et surtout de bois s'étendant de Bures à Villejust provenant des Grimod d'Orsay, émigrés autrichiens!! Egalement la donation du terrain du cimetière actuel et le partage de sa succession avec des collatéraux.

à suivre …….

Note

(1) Sous le Premier Empire, les conseillers municipaux étaient élus au suffrage censitaire. Les maires étaient nommés par le préfet.

dagnot/chronique01.03.txt · Dernière modification: 2020/11/10 23:53 de bg