Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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dagnot:chronique01.04

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Histoire d'une plaque de pierre

Chronique du Vieux Marcoussy —————————————- _—————— ———– Août 2006

Plaque se trouvant en la chapelle de Guillerville en 1626.

JP. Dagnot

Octobre 1626. Le seigneur Hiérosme Lemaistre se meurt. Agonisant il fait venir un notaire pour faire enregistrer ses dernières volontés, parmi lesquelles son désir d'être enterré dans la chapelle Sainte Catherine de Guillerville.

Son testament est rédigé au lieu seigneurial de Beljambe : “ledit Hiérosme cloué estant dans son lit mallade, touteffois saing d'esprit, mémoire & entendement, devant le notaire et les témoings sous signés dicte ordonne son testament en la forme et manière qui suit… recommande mon âme à Dieu, etc - désire estre inhumé en la chapelle ste Catherine de Guillerville. - item s'en remet au soing de demoiselle Renée Lefèvre son espouze et à son fils aisné ne voulant de grandes funérailles… - item donne à la chapelle Sainte Catherine dudit Guillerville cent livres de rentes pour estre employez à l'entretien d'un chapelain affin de prier dieu pour luy (Le Charron, archidiacre de Josas)….”

Hiérosme Lemaistre met aussi la touche finale au réglement de sa succession. Il baille à son fils Louis, sa part avec le droit d'ainesse, et répartit ensuite de fàçon égale les parts entre ses enfants Louis, Séraphin, Anthoine. A ses enfants entrés en religion, il lègue des rentes: Jean le diacre (une rente de 1000 livres à prendre sur la seigneurie de Bellejambe), Renée religieuse à St -Eutrope les Chantelou [St-Germain-lès-Arpajon], et Marie Lemaistre religieuse à Varin.

Suivent les legs pieux: - item 25 livres de rente à la fabrique de Marcoussis pour deux services annuels, - item soixantes sols de rente aux fabriques de Montlhéry, Linoys[Linas] et la Ville du Bois, - item 60 livres tournois, aux religieux Célestins de Marcoussis en une foy, pour prier dieu pour luy, - item 20 livres à sa servante Gabrielle à Bellejambe, …

Il nomme son épouse exécutrice testamentaire de ses dernières volontés.

Deux jours plus tard, un acte de déclaration pour le moins inhabituel nous permet de retracer l'histoire d'une plaque…..

Un soir de ce mois d'octobre, sur les six heures, “le curé et un chanoyne de l'église Saint Médéric de Linoys se rendent muni de leur surpli et une estolle noire pendant au col, faisant porter la croix de la chapelle Sainte Catherine . Ils ont vu dans la chapelle le corps mort gisant à nu de deffunt Noble homme Maistre Hiérosme Lemaistre, vivant conseiller du roy nostre sire en sa cour du parlement de Paris, seigneur de Bellejambe, dudit Guillerville & aultres lieux, duquel corps Nicolas Canet , maitre barbier chirurgien, a retiré les entrailles en la présence de Charles Roger maistre appoticaire et de ses assistans et auroit fait prévoir proche ledit corps mort en la présence dudit notaire et tesmoings ung troup, avoit ledit curé demandé à vénérable & discrette personne Messire Pierre Lyoust prestre aulmosnier de Paris dudit deffunt, pourquoi ledit corps auroit esté ainsy apporté en ladite chapelle Ste Catherine et en faire ladite ouverture sans avoir esté adverty comme curé, comme aussy auroit ledit curé demandé à Pierre Leroy vigneron demeurant audit Guillerville lequel estoit en ladite chapelle en ung lieu proche l'autel d'icelle, près d'ung trou ou fosse carrée qu'on lui a demandé de faire et à l' instant auroit placé un petit baril fabriqué par Guillaume Marette, tonnelier dans ledit troup, ledit baril contenant les entrailles et le coeur dudit deffunt” ….

Le trou fut recouvert par une plaque.

Cette fameuse plaque est restée deux siècles dans une cheminée de Marcoussis, inscription cachée, le dos au foyer. Elle fut certainement retirée de la chapelle pendant la période révolutionnaire, suite aux nombreux saccages et sacrilèges qui furent alors commis dans les édifices religieux. Il y a une dizaine d'année, un marcoussissien faisant des travaux dans un maison ancienne, fut fort étonné en retournant cette fameuse plaque, préservée pendant si longtemps de la vue des hommes. Considérant qu'elle faisait partie du patrimoine de la commune, il la confia pour être conservée avec les autres morceaux de statues, et autres vestiges des temps passés qui se trouvent à l'école d'horticulture d'Auteuil.

Cette plaque, qui sans nul doute recouvrait la fosse carrée citée dans la déclaration du curé de Linas, comporte le texte suivant : CY GIST LE COEVR DE M.RE HIEROSME LEMAISTRE SEIGNR. DE BELIABE ET DE GVIL- LERVILLE CON.ER DV ROY EN SA COVR DE PARLE- MENT DE PARIS, QVI DECEDA EN SA MAISON DE BELJAMBE LE XXVIII.E JOVR D'OCTOBRE MIL VI.C XXVI. Priez pour fon Ame

La vie de ce personnage est décrite dans une chronique spécifique .

dagnot/chronique01.04.txt · Dernière modification: 2020/11/10 23:53 de bg