Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les Dioudonnat. Fin de l'église du monastère. de 1751 à 1823

Il s'agit de narrer l'histoire de deux personnages: Jean Dioudonnat et son neveu Jean-Jacques. Le premier a marqué l'histoire de Marcoussis, le second a profité des connaissances du premier.

J.P Dagnot - juillet - 2007

tiré du plan terrier de la comtesse d'Esclignac .

Jean Dioudonnat

Revenons à Jean qui nait en 1751, dans une ferme à Fespècles paroisse de Vernassal ( Haute Loire).

Le premier document nous intéressant est un testament fait en 1793, au début de la terreur. Cet homme, agé de 42 ans, est entrepreneur de ponts et chaussées et habite à Lonjumeau. Il lègue à la citoyenne Françoise Coquet, 29 ans, “qui demeure chez lui” et au cas où elle s'y trouverait le jour de son décès, la somme de 10000 livres à prendre sur ses biens. Au cas où cette somme ne serait pas atteinte, elle deviendrait sa légataire universelle. “ Voulant rendre omage à la véritté, je déclare que ladite citoyenne Coquet en venant demeurer chez moi, ÿ a apporté outre ses habits tous les détails qui vont suivre, …” estimé 2000 livres. Cette histoire ressemble à celle de Pauquet de Villejust, l'époque est la même, les rôles des personnages croisés.

Apparamment, il jouit déjà d'un certain niveau de vie. Son instruction n'est pas très élevée. Les actes concernant cet homme, bien que recherchés systématiquement en région parisienne demeurent introuvables jusqu'en 1797.

Faisons le point du monastère à cette époque. Nous avons vu lors de la chronique sur l'étrange année 1792, que l'intérieur de l'église comportait avant le sacrilège de la municipalité de l'autonne, le mobilier et les tombes avec leurs monument. Au moment de la vente, pour valoriser le bien on cite tout ce qui a de la valeur et notamment le plomb. Pour l'église, seule une partie de la flèche est citée comme en contenant et confirme l'exaction de 1792.

Devant un notaire de Versailles, “une déclaration de command” est faite par un nommé Boutron audit Jean Dioudonnat elle concerne l'achat du monastère des Célestins, devenu bien national. Ce domaine leur est adjugé en 1798, pour 1.170.200 frs. Ils règlent 9300 frs en numéraire et une tierce personne, Leblond, également entrepreneur des ponts et chaussées, se porte garant pour eux en hypothéquant sa ferme à Senlis. L'administration, au vu de ces engagements, libère la propriété de Marcoussis.

Jacques Ménard, comme gardien de la maison des ci-devant Célestins, “posé” en cette qualité par le chef du dépôt des convois militaires (voir chronique à venir), réclame à l'administration, une année de gages. Cette dernière déclare qu'elle n'est pas concernée et fera suivre …

Dans la foulée, Jean Dieudonnat, dit Donnat, propriétaire des “maisons & clos des célestins”, demeurant ordinairement à Lonjumeau, baille à rente foncière et annuelle et perpétuelle: - à Jacques Lucas, garde bois, une maison composée par bas d'une chambre basse à feu, autre chambre à côté servant de grange, petit appenti à côté servant de cellier, au premier deux chambres avec grenier sur le tout; petite cour close à coté; petit appenti à coté servant de vacherie. Usage du puits commun dans la cour, refaire le mur avec Gabriel Leroy, moyennant 100 frs de rente annuelle. - à Gabriel Leroy, vigneron, une maison composée de deux chambres à feu, allée à côté, deux autres chambres, cave sous icelle ayant son entrée par l'allée, sur icelles quatre chambres, grenier sur le tout couvert en thuiles, place vague en face des bâtiments servant de cour. Les dits preneurs auront l'usage du puits qui existe près de la maison ainsi que le droit d'entrer et de sortir par la grande porte charretière. Le bail est fait moyennant cent francs de rente annuelle. - à Jean Baptiste Cheval, jardinier, deux corps de bâtiments, l'un appliqué en écurie propre à faire une maison, l'autre également. Ces bâtiments ont des greniers et sont couverts de thuiles; le bail est fait moyennant 80 frs de rente annuelle. -à Guillaume Sauvair, maçon, une maison appliquée en quatre espaces servant autrefois d'écuries, grenier sur icelles. Il est précisé que les preneurs devront faire le mur le long du chemin côté chateau, auront l'usage du puits et de la porte charretière donnant sur la rue. Les acquéreurs pourront clore la cour à leurs frais et pratiquer une porte charretière, sur le chemin que ledit Dieudonnat s'oblige de laisser le long d'icelle tendant à la porte charretière existante à côté de la maison de Gabriel Leroy. Droit de puiser l'eau au puit commun existant dans la cour près la porte charretière. - à Nicolas Tabu, maçon, un corps de bâtiment faisant partie de la maison des Célestins, appliqué en écurie, grenier sur icelle couvert en tuiles, avec droit de passage sur une cour face le surplus des bâtiments du bailleur, droit de puiser l'eau au puits existant dans la cour près la porte, jardin derrière tenant à celui du bailleur. Une condition est de construire un mur de neuf pieds le long du jardin des preneurs jusqu'au coude des bâtiments, le bailleur fournit les pierres!!! également à condition d'abattre une partie de bâtiments attenants, à l'est de ceux vendus et de construire un pignon donnant sur le jardin du bailleur. Le bail fait moyennant 110 frs de rente. - enfin, deux plus tard, à Pierre Cornu, demeurant à Marcoussis, cinq espaces de bâtiments appliqués en écurie faisant partie des Célestins, grenier dessus, cour devant de 24 pieds de large.La vente est également un bail à rente de 110 frs annuels.

Notre dynamique personnage conteste l'impôt “portes et fenêtres”, déclarant que les bâtiments sont inoccupés et qu'il en a fait démolir la majeure partie, il demande donc à être dégrevé entièrement de cette contribution. Ainsi, en considérant les plan ci-dessus, chacun est à même de constater les différences entre les vues avant et après révolution. Bien entendu l'église profanée, sans sa croix (chronique à venir) a disparu.

On peut également remarquer que les bâtiments (repère 79), contigus aux terrains 77 & 78, n'existent pas avant la révolution. Notons qu'entre la mi 1799 et la fin 1801, cette maison a dû être bâtie dès son achat du domaine, et constituer la demeure dudit Dioudonnat. Cette hypothèse se confirmant dans les actes mentionnant son domicile et également par la vente de ce logis après son départ de Marcoussis.

Une étape dans son activité de “démolisseur de bâtiments”, il rencontre Antoine Hyacinthe Chastenet de Puységur , un des trois héritiers émigrés de la succession de la comtesse d'Esclignac (Dame de Marcoussis). Rentré en France, il a obtenu la levée du séquestre de son héritage, le lot n°3. Parmi ses biens, 13 hectares de bois, dits les bois de Monsieur, qu'il vend à Dioudonnat moyennant 5000 francs. C'est la période bois, notre personnange se rend également adjudicataire de 25 hectares de bois en vertu de la loi du 5 brumaire an cinq. Il doit penser à la poursuite de son activité concernant la pierre, ces lieux deviendront des carrières (chronique à venir).

Fin 1803, demoiselle Françoise Coquet demeurant toujours avec Jean Dioudonnat, et voyant le patrimoine devenir très important, demande à son concubin, toujours entrepreneur des ponts & chaussées, demeurant à Marcoussis, de modifier son premier testament: - “reconnaissant des soins que ladite a pris de l'administration de ma maison, je lui lègue la jouissance pendant sa vie de tous les biens qui m'appartiennent à Marcoussis, ou la somme de 1200 livres de rente à son choix, - mes héritiers ne pourront demander mes biens qu'après son décès; si ces derniers contestent je donne tous mes biens à ladite demoiselle”.

Cet homme appartient à une famille croyante, on le retrouve comme un des administrateurs de la fabrique de l'église de Marcoussis. Une prochaine chronique spécifique à la fin du chateau de Marcoussis, permettra d'insérer un chapitre à ce récit. Et en 1806, devant un notaire d' Arpajon, Jean Charles Guénard vend au sieur Jean Dieudonnat , entrepreneur de ponts & chaussées demeurant à Marcoussis: - le terrain sur lequel sont assis les bâtiments composant la ferme du Ménil Forget ( à Nozay) - l'emplacement de la mare située près lesdits bâtiments, ensemble les peuples & ormes plantés autour d'icelle, - deux pieds de terrain tout du pourtour dudit bâtiment et de la mare, - achat également de 8541 m2 de terrain en voie verte, faisant partie de ladite ferme prenant du chemin de Montlhéry, régnant le long des terres & du bois des célestins, fossé entre deux, sur une longueur de 1224 m avec trois mares, la première proche Mocquesouris. La présente vente faite moyennant 700 frs. La récupérations des pierres de vieux bâtiments doit être très lucrative!

Une année passe, Jean Dioudonnat, ainsi que Pierre Jean Tourniant, curé du canton de Limours, sont présents comme témoins lors du testament de demoiselle Charlotte Chevalier, dame de Bellebat. Une semaine plus tard, Françoise Coquet, agée de 43 ans, obtient ce qu'elle souhaitait depuis longtemps, son union officielle avec Jean Dioudonnat qui est alors agé de 56 ans et qualifié maintenant de propriétaire. Présent le curé Pierre Jean Tournyant, 56 ans, demeurant à Marcoussis, son ami. A l'occasion de cette union on apprend que le marié est propriétaire d'une ferme à Brouy.

Pendant les trois ans qui suivent, le couple achète quelques biens mineurs. En 1809, le château de Crosnes (appelé le domaine de Crosne) qui appartient à l'ordre de la Légion d'Honneur est mis en adjudication. Ce bien correspondant aux vues de notre démolisseur , il fait partie des acheteurs et l'obtient pour 150000frs. Dans un courrier au commandeur de la Légion d'Honneur, comme créancier de ce dernier, il estime que “le bâtiment principal, abandonné depuis longtemps est dans un état de dégradation qui ne permet pas de pouvoir le réparer, je demande de pouvoir construire une habitation moins étendue et plus convenable à mes facultés dans les autres dépendances, et ne peux le faire qu'en me servant des matériaux du bâtiment principal!”

Il se rend adjudicataire également d'une maison avec terrain au “petit Montlhéry” ( face à la quincaillerie Monnier).

Il faut régler ces achats et liquider les biens non essentiels, Jean Dieudonnat vend à un cultivateur de la Ville du Bois, le terrain sur lequel étaient les bâtiments composant “cy-devant la ferme du Mesnil Fruger”, et les terres alentour, le tout pour 5100 m2. La vente est faite moyennant sept cents francs. Il est clair que Dieudonnat a récupéré et revendu les pierres de la ferme entre 1806 & 1809.

La liste des transactions serait fastidieuse à énumérer. Il habite dorénavant à Crosnes et revend le bâtiment des Célestins construit dès son arrivée (repère 79). Les achats reprennent, ignorons les terres adjointes aux fermes, et retenons une auberge à Arpajon en centre ville .

Nous sommes en 1820, son frère Pierre habitant le village natal, décède. Un conseil de famille nomme un tuteur sur place pour les enfants mineurs. Jean-Jacques, dont nous allons parler, fait partie du lot. Il a déjà rejoint son oncle à Marcoussis. Ce dernier est maintenant qualifié de bourgeois, il continue ses transactions jusqu'en septembre 1823 et rien ne laisse à penser que deux mois plus tard, il rendra l'âme.

La succession se passe avec des héritiers cultivateurs en Haute Loire: petits cousins, cousins,oncles, et deux religieuses de la famille. Elle durera plusieurs années avec décès d'héritiers pendant cette période!

On relèvera les biens du couple en ne notant que les plus importants: - ferme à Brouy, acquise en 1801, - ferme à Vert le petit, acquisition en 1806, - ferme d'Avrainville,adjudication en/1807, - propriété à Crosnes, adjudication en 1809 (château), - auberge au soleil d'or à Arpajon, L'inventaire comprend plus de 50 postes … La valorisation de la masse active représente 846.000frs

Fin 1824, un jugement en l'audience du tribunal de première instance de la Seine est rendu pour vendre les biens de la succession: - Macé de Bagneux s'est rendu adjudicataire des bois qui feront les futures carrières de Marcoussis, - La veuve rachète la ferme de Brouy,

En août suivant un autre jugement du tribunal adjuge à la veuve les biens de Jean Dioudonnat parmi lesquels la propriété de Marcoussis. Nous ne parlons pas de la fin de la veuve Coquet. Elle fait l'objet d'un autre chronique.

Jean-Jacques Dioudonnat

Il nait comme son oncle à Vernassal en 1788.

Le premier acte trouvé le concernant date de 1808, Jean Victor Dioudonnat, receveur des contributions à Marcoussis, y demeurant, règle 615 frs, montant d'une adjudication de terres à Fretay.

Neuf années passent, Jean-Jacques a suivi son oncle à Crosnes. Il se marie avec Louise Victoire Sophie Blot, dont la mère décédée est une Coquet. A cette occasion, Jean Dioudonnat devenu maire de Crosnes, fait une donation à chacun des époux, d'une rente de 2400 frs représentant un capital de 48000 francs. Le mariage est fait en la maison de campagne du notaire à Chalo st Mars.

Le neveu formé aux méthodes de son oncle, devenu propriétaire, achète une maison à Marcoussis, appelée la ferme des prés, consistant en un principal corps de logis distribué au rdc en deux corridors deux cuisines un petit office et deux chambres à cheminée; au premier quatre pièces dont deux à feu grenier au dessus. Il en revend aussitôt une partie moyennant une rente, une autre partie est baillé à ferme, le reste sans certitude lui servira de logis.

Nous arrivons à la période de la succession, un état des comptes fait entre les héritiers et la veuve Dioudonnat, mentionne le neveu Jean-Jacques redevable pour le domaine de Marcoussis d'un fermage de 360 frs. En effet, les héritiers font bail à loyer pour onze mois seulement, à Jean-Jacques Dioudonnat, entrepreneur des ponts et chaussées, comme son oncle, demeurant à Marcoussis, 4 hectares 25 centiares ou 12 arpents appelés le clos de Marcoussis, entouré de murs et planté d'arbres à fruits, sans exception ni réserve. Il n'est pas fait mention d'habitation.

La suite de la présence de Jean Jacques à Marcoussis présente peu d'intérêt hormi la ferme des prés qu'il conserve jusqu'en 1841. Il réside à Versailles en 1842 et se débarasse du surplus des meubles qu'il détenait à Marcoussis.

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