Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La seigneurie de la Roue 1208-1540

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis—- _———————-___—_–Avril 2008 Juillet 2012

tiré de l'atlas Trudaine.

JP. Dagnot

Situons cet ancien quartier pour les lecteurs ne connaissant pas Linas. En venant de Paris par la RN20, il se trouve au niveau de Linas, un carrefour (utilisé pour les contôles radar automobiles) avec feux tricolores conduisant au centre ville, en tournant à gauche. Continuer sur cette nationale pendant 300 mètres et en bifurquant à droite dans une allée qui était celle qui conduisait au chateau (indiqué en vert sur le plan ci-dessus), nous arrivons à la Roue.

L'histoire de Linas depuis l'origine, mis à part la citation de l'abbé Lebeuf sur de la charte de Louis d'Outremer souvent évoquée, peut être divisée en plusieurs périodes: - de 1060 à 1280 environ, les lieux de vie de ce côté de Montlhéry, sont associés aux noms des seigneurs les possédant: Linois, Leuville, la Roue, Guillerville, Chevanville. Leur histoire fera l'objet d'une chronique spécifique; - A partir de 1208, et curieusement pas avant, apparaissent les seigneurs de la Roue “de rota”, alors que les autres seigneurs voisins qui portent comme patronyme celui de leur terre ou village sont cités un siècle plus tôt; - Egalement à la même époque, se situe la fondation du chapitre Saint-Merry (collégiale des chanoines de Linas), et son histoire sera séparée de ce sujet; - Vers 1150, Guillerville est considéré comme un fief et sera également traité; - En 1303, les frères de l'ordre Saint-Jean de Jérusalem, qui auront des biens communs avec ceux de la Roue, feront également l'objet d'un récit.

La période des “patronymes de la Roé”

En mars 1208, avant Pâques (1209), une lettre de Guillaume, archidiacre de Paris, notifie une cession faite au chapitre de Linas, par Nicolas de la Roue (Nichola de rota), d'une vigne sise “apud rotam ” avec l'approbation de Lucienne, sa mère, et de Geoffroy et Guillaume ses frères .

Quinze ans après, l'official de Paris notifie, avec l'approbation de Ferri Pasté, chevalier, une vente faite par Robert de Plesseio, chevalier, au chapitre de Linas, d'un demi-muid de blé qu'il percevait annuellement sur le moulin de Nicolas de la Roue, chevalier. Ledit Ferri et ses frères se déclarent comme arrières seigneurs. Précisons que les moulins de la Roue et des Suzeaux (la roue d'embas) seront traités dans des rubriques séparées.

D'autres actes suivent pendant cette première moitié du 13ème siècle:

- Vente de vigne en censive de Nicolas de la Roue, chevalier, et d'Héloise cités comme seigneurs censiers;

- Egalement cité dans une vente par Philippe de Chouanville, l'approbation de Bertaud de la Roue. Bertaud, ou plutôt Barthélémy, est mentionné comme écuyer, dans une autre vente;

- Mathilde de la Roue apparait en 1254, dans un amortissement accordé au chapitre Saint Merry;

- Le baron de Guilhermy mentionne dans ses recueils d'inscriptions de la France: “à l'entrée du choeur est la tombe du chantre Geoffroy dit de la Rouë, représenté en habit long et capuchon avec inscription en lettres gothiques capitales dont les vers indiquent 1280 pour celui de son décès”.

- 1294, mention de Hugues de la Roue;

- 1303, approbation de l'évêque Simon, approuvant le partage des biens de la communauté du chapitre de Linas, avec mention “ que ceux qui n'ont pas voix au chapitre approuvent l'acte”; parmi ceux-ci “Jean Simon de la Roue”.

Notons également que les frères de l'hôpital achetant leurs biens à Linas déclarent qu'ils ont quatre droitures prises en communauté davecqs monseigneur Henry de la Roue.

Bien que les actes ne manquent pas, la généalogie de cette famille n'a pu être reconstituée de manière probante.

Période des Vienne (Vianna)

Vers 1270, Martin de Viane sires de la Roé, et Damoiselle Jeanne, sa femme (celle mentionnée ci-dessous en 1292), font des arrangements avec le chapitre concernant l'exclusion de sa femme de l'église… Le chapitre a exclu plusieurs fois, Jeanne femme de Martin de Viane, réputée excommuniée, ce qui lui a occasionné beaucoup d'ennuis & de dépenses, forçant le mari à se rendre à Rome où il est demeuré un an et plus. Cette étrange affaire se termine par une transaction où le chapitre déclare qu'il recevra ladite dame à la première réquisition, un dimanche ou jour de fête & lui fera amende honorable, et qu'enfin “pour dédommager Martin à raison d'un muid de blé amorti sur le moulin de la roé”, le chapitre contribuera pour 20 livres parisis ( avec la clause que le seigneur pourra l'acheter). Ce fut fait et constaté quatre ans plus tard.

Ce couple vit encore en 1276, et en 1292, Johannes de Leuvilla, chantre, fait une donation au chapitre de revenus à lui dus par les “héritiers de Jehanne en son vivant Dame de la rota”.

Au milieu du 18ème siècle, visitant la chapelle de la Roue, l'abbé Lebeuf releva deux tombes de cette famille: - celle “d'Asceline de Tourtebraie fondatresse de la chapelle de la Roue” décédée en 1323. - également “Henry de Vienne sire”… qui trépassa en l'an 1324. Il s'agit probablement là d'un couple. Henry pouvant être le fils de Martin.

Période des Trie

On est conduit à penser, d'après l'abbé Lebeuf, toujours en raison de tombes qu'il décrit dans la chapelle de la Roue, que “Renaud de Trie et Marguerite fille des fondeurs (Vienne dite de la roue)” sont les gendre et fille d'Henri, et les nouveaux seigneur et dame de la Roue.

Notons que ladite Marguerite serait la première femme de Guillaume de Marcilly.

A partir de 1326, selon le père Anselme de Saint-Marie, trois hypothèses s'ouvrent à nous avec trois Renaud de Trie et trois seigneuries différentes: - un Renaud de Trie de la branche des Sérifontaine plaidant en 1326 pour le douaire de sa femme Marguerite de la Roue; - le Renaud de Trie de la branche des Fontenay, considéré en 1355 comme seigneur de Roé, servant le roi en l'ost de Breteuil; - enfin un Renaud de Trie “dit Patrouillard” de la branche du Plessis se mariant en 1371

En 1352, par une sentence du prévôt de Montlhéry, concernant la confiscation de prise de pain en la ville de Linas (Linoys), nous trouvons cité le procureur du roi en la châtellenie de Montlhéry, d'une part, le chapitre de Saint-Merry, le grand prieur de France (Déluge), et “Monseigneur Regnaud de Trie, chevalier, seigneur de la Roe et seigneur en ceste partie”, d'autre part. L'affaire concerne la taille et le poids du pain… Douze ans plus tard, une visite du pain est ordonnée par justice, avec sentence du garde de la prévôté. Renaud de Trie est toujours seigneur.

Au début du 15ème siècle, Renaud de Trie, dit patrouillard, présente ses foi & hommage pour la terre de la Roue. Il part en expédition l'année suivante en Angleterre, et est tué lors de l'attaque du chateau d'Hartfort, au grand regret de toute l'armée.

On peut estimer que le premier Renaud a simplement épousé une femme de la famille de la Roue, le second parait être celui enterré dans la chapelle, de la branche des Fontenay, et le troisième en raison du surnom Patrouillard, le militaire tué en Angleterre, de la branche du Plessis et de Moucy.

Poursuivons la chronologie des Trie. En 1408, Regnault de Trye, chevalier et chambellan, étant décédé, sa femme Marie de Neelle, “dame de Moucy le Chastel et de la Roé, comme ayant la garde et gouvernement de leur fils Pierre de Trie”, présente ses hommages pour la terre de la Roue.

Cette veuve se remarie deux ans plus tard avec Jehan de Montravel. Ce dernier, pour administrer la Roue, accepte un bail de la terre de la Roue fait par son beau fils et présente l'hommage correspondant à la chambre des comptes.

1416, c'est de nouveau Marie de Neelle qui présente l'hommage de la terre. Peut être un effet d'Azincourt?

Les Trie disparaissent de la Roue. En 1443, c'est Robert des Roches, maître des comptes, qui rend foi & hommage au roi du tiers de la terre & seigneurie de la Roue.

Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes alors dans une période des plus troublées, notamment en région parisienne, avec la présence de l'occupant anglais…

Période Allonville

Charles d'Alonville, écuyer, sieur d'Oisonville (Oysonville (eure-et-loire)), présente l'hommage de la Roue en 1466 et paie le droit de relief pour sa mouvance de la châtellenie de Montlhéry. Sept ans après, un cueilloir du Déluge mentionne des terres tenant au seigneur de la Roé, “Charlot Dallonville”.

D'après un document du cabinet d'Hozier, utilisé par Guy de Rambaud pour son étude de “la maison d'Allonville”, on apprend le cheminement des biens de la roue via la famille de Crosnes (Escrosnes). C'est ainsi que Charles d'Allonville et Bertranne de Richebourg, sa femme, reçoivent “l'hôtel et les appartenances de la Roé et Chenanville près Montlhéry” provenant de la succession de la mère de Bertranne, Marguerite d'Escrosnes. Elle même étant cousine d'une Marguerite de Trie…

Période Garlande

1478, Charles d'Allonville et Bertranne de Richebourg, sa femme, vendent la roue à Amanyon de Garlande et avec le droit de nomination à l'une des chapelles de la seigneurie. Comme c'est la coutume, Amanyon présente ses foi et hommage au roi, pour les fiefs de la Roue et Chenanville.

On le retrouve 12 ans plus tard, comme, seigneur de la Roe, baillant à Yvonnet Hubert, “lostel de Chenanville appelé lhostel du coulombier à titre de ferme de grain contenant 40 arpens de pré”… Cet acte rédigé par un tabellion juré en la prévôté de Montlhéry, sera repris dans une chronique concernant ce lieu.

Nous arrivons au 16ème siècle. En 1507, Jean de Saint-Benoist, écuyer seigneur de Rouillon en Brie, “serviteur de noble & puissant seigneur monseigneur Loys de Graville” fait au nom de son maître, l'acquisition des fiefs & terres & seigneuries de la Roue et Chenanville et dudit lieu de la Flotte, moyennant une rente de deux muids en bled rachetable (et évaluée à la somme de 55 livres tournois). Les vendeurs sont alors: nobles personnes Pierre et Louis (du) Monceau, seigneurs du Boys Herpin (Bois-Herpin (Essonne)), tant en leur nom qu'en celui de leurs femmes Jeanne et Anne de Garlande. Cette vente est ratifiée par l'amiral le 11 juillet..

Entrée dans la seigneurie de Marcoussis

L'amiral ne profitera pas longtemps de ces biens, car il décède 9 ans plus tard. Le partage de la succession de Louis de Graville, vu l'importance des biens, est réalisé par des commissaires et nous retiendrons pour le sujet qui nous intéresse, que le fief terre & seigneurie de la Roue donne un revenu de 181 livres tournois et représente un principal de 5213 livres. Ces biens font partie du lot de Marcoussis échu à Jeanne de Graville.

Mariée à René d'Illiers, ce dernier (comme seigneur), rend foi et hommage pour Marcoussis, Nozay, la Ville-du-Bois, La Roue, Villejust et Guillerville.

Pour terminer cette première partie, nous pouvons citer le testament de Jeanne de Graville en 1540. Elle s'y nomme dame des mêmes lieux.

À suivre …

dagnot/chronique05.05.txt · Dernière modification: 2020/11/11 01:37 de bg