Corpus Essonnien

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Gometz le Châtel (1069-1545)

Chronique du Vieux Marcoussy —————————————- _—————— ——- Octobre 2007

Extrait d'un plan terrier de 1774

J-P Dagnot

Préambule

Le but n'est pas de reproduire le travail des auteurs “D'hier à aujourdhui” (Mémoire Castel Gometzienne), mais d'y apporter des compléments. Ces documents ont été trouvés en raison de recherches sur la région de Marcoussis. Également dans cette chronique, le fief du petit Palaiseau est volontairement omis (chronique spécifique). Enfin, à signaler lors des prochaines journées du patrimoine, profitez des visites remarquables organisées par Albert Thiry.

Une précision concernant le plan ci-dessus: la maison du four banal a disparu pendant la période révolutionnaire (également chronique à venir qui expliquera le côté sans culotte avéré des habitants). Pour localiser la commune: **

Les patronymes

Revenons à l'histoire de Gometz et passons sur Hodierne. Notons simplement, tiré d'un document du 18ème: Le château existait comme il résulte d'un contrat passé au chateau de Gometz le 17 des kalendes de juin 1081, par lequel Guillaume de Montmorant, fait donation en faveur de l'abbé du monastère de St Florent, de l'église St Clair et de toutes les choses lui appartenant.

En 1118, Simon de Gometz donne la terre de Huanières pour contribuer à la construction d'une abbaye dédiée à la Vierge et à Saint Jean-Baptiste.

L'abbé Lebeuf résume la situation des premiers seigneurs de Gometz:

Les premiers seigneurs

En examinant la généalogie des Dreux, on apprend que: - Robert I de Dreux dit le grand (1137-1152), croisé (1147), a épousé en premières noces, Agnès de Garlande (1112/1143), dame de Rochefort Gometz et Gournay (93). - Yolande de Dreux (1243/1304), épouse en premières noces Amaury II de Craon (+1269). retenons ce patronyme.

Reprenons l'histoire des seigneurs du lieu, par la reprise de l'aveu du seigneur de Marcoussis Guillaume Despréaux de 1367 qui, déclarant deux parts du bois des Molières signale que la tierce partie appartient à Messire Pierre de Craon, chevalier, seigneur de Gomez le Chastel (décédé en 1376 et qui n'a rien à voir avec son homonyme qui a fait exécuter Olivier de Clisson en 1392!).

En 1389, le fief de Belleville (relevant de Gometz le Châtel), situé entre l'abbaye de Gif et le bourg de Gometz, va être l'objet d'un aveu par Pierre Farde. Le tabellion de Dourdan mentionne le suzerain, Jean de Craon, à cause de son chastel de Gometz.

Dix ans après, un autre Jean de Craon de Montbazon (décédé à Azincourt) se marie avec Jacqueline de Montagu, fille du célèbre seigneur de Marcoussis. On voit aisément par l'examen de la généalogie ci-dessus que: - les deux Jean sont cousins et viennent de branches voisines, - ils permettent de remonter jusqu'à Amaury 2 de Craon, époux de Yolande de Dreux. Cette dernière est issue en remontant la généalogie des Dreux sur quatre générations, à Robert I époux d'Agnès de Garlande dame de Gometz. On peut raisonnablement penser que Gometz, représentant un bien mineur dans ces familles, est resté à l'intérieur de ces lignées.

En 1407, une vente faite devant Loys Morel, tabellion juré en la chatelennie et prévosté de Gomez le chastel, Guillaume Michon, procureur de noble et puissant seigneur monseigneur Jehan sieur de Craon chevalier, seigneur de la Suze des Essarts le Roy et de Gomez le Chastel d'une part, et Jehan Lecomte de Bures, Jehan de Bourges, Gillet Dussoust demeurants à Gomez d'autre part, lesquelles parties confessent avoir acheté la tonture et dépouille pour une fois seulement des bois de la garenne de Gomez du costé de vers la justice appartenant audit seigneur. La vente faicte moiennant 29 livres parisis. Le seigneur fait couper les bois avant de vendre.

La période des seigneurs de Marcoussis

En effet l'année suivante, le seigneur est maintenant noble homme et sage Jean de Montagu… , à cause de son chastel et seigneurie de Gomez qui reçoit l'aveu de Yon de Maintenon (le traditionnel borgne de la queue), seigneur du Marais, pour son hostel avec les jardins, fosse à poissons, assis au plus près de la paroisse de Janvris avec 100 arpents de terre. Le changement de seigneur à Gometz n'a pas été trouvé, mais le fait est sans ambiguité.

La même année, également devant Loys Morel, Marguerite de Cochet, rend l'aveu de la Folie Rigault (relevant de la chatellenie de Gometz) au même Jean de Montagu.

Aveu de la Folie Rigault à Jehan de Montagu

Deux ans passent, Montagu est exécuté. Je, Jehan de la Doube, escuier, maistre dostel de Monseigneur le duc de Berry, advoue tenir en fief à cause de Jehanne sa feme, auparavant feme de Jehan Lemareschal, a une foy et homage de noble et puissant seigneur Monseigneur Loys, conte palatin du Rin (comte Palatin du Rhin) , duc en Bavière, seigneur de Marcoussis & de Gomez le Chastel, à cause dudit lieu de Gomez: - 75 arpens de boys en bruyères, assis sur la ville de Bures, appelés les boys de madame la comtesse, - item en arrière fief à cause desdits boys, le fief que tient de moy Jacques de Puiseux escuier, contenant son hostel de Bures que l'on dit la court, avec le pourpris et la granche, devant les jardins, lisle, la rivière divette … du boutz des prés de maistre Raymond Raguier, - item un fief tenu dudit escuier qui fut à Guillaume de Chartres, hostel & hébergement assis à Bures que l'on dit Vaularon ,(il y a deux Vaularon: un à Marcoussis, l'autre à Bures) - item un fief que tient Raymond Raguier qui fut à Audeline la Flamande, - item un autre fief que tient Guillaume de Harville, -item ung autre fief que tient la femme de Arnoud Boucher, dit la maison de Launay, court jardin,… - suivent plusieurs autres fiefs … dont le fief de la leu,

Ce texte montre une autre partie de l'étendue de la chatellenie, et la confiscation des biens des Montagu au profit du roy puis du duc de Bavières (chroniques à venir sur Marcoussis).

La guerre de Cent Ans se termine. Les actes de nouveau réapparaissent. En 1461, les religieuses, abesse et couvent de Saincte Clerc de Saint Marcel les Paris, sont en procès avec Jehan, seigneur de Graville, escuyer. Il s'agit d'une sentence pour 25 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle, qu'icelles dames ont droit de prendre sur la terre & seigneurie de Gomez et deppendances d'icelle. La même année les visites archidiaconales de Josas, confirment les dégats à Gometz, la cure du prieuré est vacante et inhabitable.

Les seigneurs sont revenus et les aveux reprennent à nouveau. Guillaume de Villetain, seigneur de Gif, avoue en 1469 à Jean de Graville, chevalier, conseiller et chambellan du roy, seigneur de Gometz le Châtel, deux fiefs en la chatellenie de Gometz: - ung fief appelé la Folie Rigault contenant une masure ou soulloit avoir maison, cour, granche, jardin, - item 50 arpents en une pièce avec 11 arpents de boys, séant à la Hacquinière; - l'autre fief appelé la Folie Ardouyn où jadis eut maison, cour, granche, deux arpents de jardinage. On constate une fois de plus les ravages de la guerre de Cent Ans. L'année suivante il refait de même, cette fois, pour un fief appelé Frileuse contenant 90 arpents tenant audit Frileuse et à l'abesse de Gif, avec 20 arpents de boys.

On apprend également, sept ans après, que par faute de devoirs non faits (foi et hommage), Thomas de Bouteville, procureur de Guillaume de Bergerac, se voit saisir le fief de Ragonnant à lui eschu par le trépas de Nicolas de Bergerac, escuier de Monseigneur de Gometz. Egalement la haute justice, moyenne, et basse, qui avoit esté mis en les mains du seigneur de Gometz.

En 1482, l'amiral de Graville, présente le bien connu aveu de Gometz, Marcoussis, … Vaularon… On le retrouve cinq années après recevant l'aveu des fiefs de la Folie Rigault, Jodouin et Frileuse, par Guillaume de Villetain.

Un registre comptable des années 1500 concernant Gometz est intéressant par ce qu'il nous fait connaître les différentes institutions existant dans le bourg à cette époque: - une prévosté qui est allouée moyennant 23 livres parisis à Richard Basin puis à Hugues Chrestien pour 17. - une recette des deniers muables et non muables pour 82 livres, 31 poules et 9 chappons, - une geolle constituée par une maison qui ne servant pas est louée à rente pour 32 sols parisis, au tabellion. Notons que le droit de geollage a été attaché au bail à rente de la maison. - le clergé baillé à ferme aux enchères pour 18 livres, - le tabellionnage affermé de la même manière pour 18 livres, puis 14 à Noel Bellot, - la ferme du péage pour deux ans allouée à Huguet Chrestien moyennant 16 livres par chacun an, puis pour 14 à Jehan Tenin, - la coustume et la vuidangerie loué 13 sols, - les voieries baillées 26 sols, - le mesurage et le minage: 24 sols puis 9, - le forage et le rouage pour 40 sols, - les recettes sur ventes et héritages, Dans cette rubrique, on apprend que monseigneur d'Espinay évêque de Nantes a acquis une maison avec jardin qui fut à Guérin Cothereau.

Les aveux se suivent, en 1511 c'est Gillet de Presles qui présente le fief de Belleville. Les hommages vont jusqu'en 1516, où le chapitre de Cléry déclare la terre de Dimancheville qui relève de Gometz, à Louis de Graville.

L'amiral décède la même année et ses héritiers, avant partage, chacun seigneur de Gometz en partie, s'adressent à Jacques Gourby de Ragonnant pour nettoyer les taillis et bois, vulgairement appelés les planches de Gommetz, autrement dit les cinq chênes; ledit Gourby devant régler six escus d'or soleil. Au cours de ce partage laborieux et complexe, le fief, terre & chatellenie de Gometz, est estimé en revenus à 639 livres correspondant à un principal de 16150 livres.

En 1520, Jeanne de Graville a succèdé à son père, comme il résulte d'un acte capitulaire du chapitre de Saint Cléry, à l'effet de présenter à la dame un homme vivant et mourant ( méthode utilisée par les ordres religieux pour les hommages) pour la terre de Dimancheville, relevant en plein fief de la seigneurie de Gometz le châtel.

Neuf années après, René d'Illiers, chevallier, seigneur de Maroussis et de Gommezt le Chastel, à cause de Jehanne de Graville sa femme, et Fiacre de Harville, escuyer, seigneur de Palaiseau, Fresnay.., d'autre part, lequel confesse & advoue tenir de vous en fief à une seulle foy et hommage à cause de votre terre et seigneurie de Gommetz le chastel, un fief et ses appartenances et deppendances assis audit Gommetz appelé le petit Palaiseau contenant ce qui ensuit, c'est à savoir une maison, masure grange court jardin et appartenances pourpris, tenant aux fossés dudit Gommetz à Tuilières, et … chemin de Gommetz à Janvry, Gommetz à Chevreuse, grand chemin de Chartres, chemin de Gommetz à Montfaucon, la tierce partie du four bannal ….

René d'Illiers, chevalier, seigneur baron de Gometz, reçoit les hommages de Louis de Viletain, pour trois fiefs de la folie Rigaut, la folie Jaudoin & Frileuse, mouvant de Gometz le chastel, l'an 1531.

La confirmation en 1536, de Jehanne de Graville, dame de Marcoussis, au sujet d'une saisie féodale de la terre et seigneurie de saint Clerc de Gometz.

Terminons toujours par un aveu de Belleville passé en 1541, devant Jean Richardière, tabellion de Chateaufort, par Gillet de Presles à Messieurs de Marcoussis (les Balsac avant le partage). En effet la dame de Marcoussis a trépassé et va commencer un autre partage difficile entre les neveux de la dame. Le seul enfant de Jeanne de Graville, Georges, issu du premier lit, mort à Pavie en 1525, le jour ou François Premier fut fait prisonnier lors de cette bataille.

Quatre ans après, Thomas de Balsac obtient les terres & seigneuries de Saint Clerc & Gometz, …

à suivre …