Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les fiefs de l'abbaye des Vaux de Cernay à Montlhéry Extrait de la carte des Environs de Paris divisés par pays par R. de Vaugondy (1761).

Mars 2008

C. Julien

J.P. Dagnot

Chronique du vieux Marcoussy

Dans son Histoire du Diocèse de Paris (1757), donnant la liste des seigneurs censiers à Montlhéry, l'abbé Jean Lebeuf renseigne que « le seigneur de Villebouzin est cessionnaire de l'abbaye des Vaux de Cernay » (1). Dans cette chronique, nous établissons les possessions de cette abbaye à Montlhéry qui furent transportées à partir du XVIe siècle dans la seigneurie de Villebouzin.

Les anciens documents

Pour connaître l'état des fiefs possédés à Montlhéry, portons notre attention au cartulaire de l'abbaye Notre-Dame des Vaux de Cernay « ecclesie sancte Marie de Vallibus de Sarnaio » (2). Les premières chartes vers 1160 concernent les droits acquis sur le moulin à farine de Biron « molendini de Buison » ou « Bizon » (3).

Vers 1160, fondant un obit en faveur de son oncle paternel Milon de Linas, Pierre d'Aulnay donne à l'abbaye des Vaux de Cernay un muid d'annone sur le moulin de Buisson avec le consentement de son frère Milon d'Aulnay (charte XIX). En mars 1268, le chevalier Pierre de Brétigny renonce définitivement à ses droits sur le moulin de Buisson et accepte les clauses du testament de Philippe de Bussiaco « ob remedium anime sue, in puram et perpetuam elemosinam, eisdem religiosis dimidium modium bladi, percipiendum annuatim ab eisdem in molendino ipsius defuncti quod habebat apud Buisson » (charte DCXC). Plus tard (vers 1170) partant à la croisade en Palestine « quando peregrinationem agressus est Jherosolimitanam », le même Pierre d'Aulnay fait plusieurs libéralités en présence de l'évêque Maurice de Sully. Ce sont 12 deniers de cens de sa terre de Buison, puis 11 sols que rend Gautier de la Marche et 20 deniers de Ascio, le fils de celui-ci (charte XXXV). Retenons ces informations concernant Buisson, dont nous reparlerons au sujet de ce moulin et de la Sallemouille.

Le roi Louis VII se montra très généreux avec les moines de l'abbaye des Vaux de Cernay dont l'abbé Thomas 1er était un ami intime. La charte de 1162 confirme les nombreuses libéralités faites au monastère. L'année suivante, le diplôme du pape Alexandre III mentionne la donation faite par Nanter d'Orsay d'une terre située entre la vigne des moines et la route qui conduit à Montlhéry « et viam quae ducit ad Montem Lethericum » avec, toutefois, l'usufruit du champart retenu par le donateur (4).

Ce fut Simon de Poissy qui donna, en 1175, une vigne en un lieu nommé Peletart (5). Quelques années plus tard, cette vigne fut disputée entre les moines des Vaux de Cernay, ceux de Longpont et ceux du prieuré de Montlhéry. Un concordat fut passé entre ces monastères pour partager les deux sols de cens, les moines de Montlhéry reçurent 12 deniers de cens et les moines de Longpont gardèrent la dîme de vin (charte XLV).

Dans un vidimus signé par l'évêque de Paris, Guillaume III d'Auvergne, il est noté que, du temps de l'évêque Eudes de Sully, l'abbaye des Vaux de Cernay avait reçu de nombreuses libéralités de Johannes de Briis dont un muid de blé dans la grange de Courtabeuf [ Cortebue ], deux hôtes à Montlhéry « qui dederat eis in elemosinam duos hospites apud Montem Lethericum » et deux arpents de pré au terroir des environs appelé Lachaite (charte CXXXIII). Dans le même temps, le chevalier Stéphane de La Brosse donne une part de dîme de sa terre appelée Demenchuel à Janvry.

Les libéralités du XIIIe siècle

Au XIIIe siècle, les cisterciens, les bénédictins blancs, se distinguent par la simplicité et la sobriété qui attirent les donateurs à l'exemple du roi Louis VIII et son fils Louis IX. Ce dernier fut le protecteur d'abbayes cisterciennes en fondant l'abbaye de Royaumont « Mons Regalis » en 1228.

Dans son diplôme de 1142, Louis VII le Jeune confirma les biens de l'abbaye des Vaux de Cernay (charte III) « in nomine sancte et individue Trinitatis, Ego Lugdovicus, Dei Gratia, Francorum rex et dux Aquitanorum ». En ce qui concerne les fiefs à Montlhéry, on lit que Nanter d'Orsay donna 9 arpents de terre sur la route « que ducit ad Montem Lethericum » avec la dîme et le champart ; Symon de Monjay céda 2 arpents de terre ; Guido de Lucentibus donna la terre de Molleypam et la terre près du bois de Latenchon avec l'accord de sa femme Helena et ses filles Regeia et Odelina «… Guido Lucentibus dedit in elemosinam collem supra terram de Molleipen, concedente uxore sua Helena et filiabus suiis, Regeia et Hodelina ». Petrus, soldat qui sert la baliste de Montlhéry donna sa terre de Molleypam avec la dîme dont Symon de Spinci, ses frères Bovo et Hugo et son neveu Gui avaient le droit féodal « de quorum pheodo terra consistit » . Rainald Cornet céda 2 arpents de pré jouxta la terre de Molleypam avec l'accord de sa femme Odeline, la fille d'Ansold de Chailli ; Ours le curé de Marcoussis donna un arpent de vigne au Luisant de Montlhéry.

Dans son vidimus de 1156, Théobald, évêque de Paris « In nomine sancte et individue Trinitatis, Ego Theobaldus, divina permissione, Parisensis episcopus, in perpetuum confirmo atque sigillo ,ostro corroboro dona que facta sunt ecclesie de Sarnayo » confirme une nouvelle fois les biens de l'abbaye (charte XIII).

Une transaction entre les moines des Vaux de Cernay et le prieuré de Longpont concerna un échange de la terre de la Bussière avec celle de Viviers que Rancia de Palaiseau avait donnée au prieuré d'Orsay, succursale de Longpont (charte CLX). L'acte fut passé en 1208 par le prieur Bertrand, le sous-prieur Pierre et Bartholomé de Chevreuse, du côté des Vaux de Cernay, et par le sous-prieur Anchier, le prieur d'Orsay Mathei et Gui de Massy, du côté de Longpont.

Sous les auspices de Barthélemy, évêque de Paris, le chevalier André de Chevanville concéda la vigne de Lucenciaco [Luisant] sur le territoire de Montlhéry avec l'accord du chevalier Baudouin de Vaugrigneuse qui détenait les droits féodaux (charte CCLIV). Dix ans plus tard, André de Chevanville vend pour 4 livres parisis tous les droits féodaux sur les vignes du terroir de Luisant « totam censum, totam gardam, totam decimam, totum pressoragium, et quicquid juris habebat », c'est-à-dire le cens, le droit de guerre, la dîme et le droit de pressoir. La vente est faite avec le consentement d'Aalipdis, la femme d'André, et leur fille Johanna qui délaissent 5 sols de revenu. Baudouin de Vaugrigneuse, en tant que suzerain, et le chevalier Philippe, frère d'André ne s'opposent pas à la vente (charte CCCLVII).

En cette fin de XIIIe siècle, le diplôme du pape Martin IV (7) met sous la protection pontificale tous les biens du monastère des Vaux de Cernay « specialiter autem terras, domos, ortos, redditus, vineas, grangias, prata, silvas, molendina, pascua, piscarias, & …per vos monasterio vestro auctoritate apostolica confirmamus et presntis scripti patrocinio communimus …» (charte DCCCLXIV).

Les libéralités des chevaliers de Brétigny

Nous voyons en mars 1248, Philippe et Jean de Brétigny confirmer la vente faite par leur frère Pierre à l'abbaye des Vaux de Cernay de divers héritages près de Montlhéry (charte CCCCLX). D'après un accord de 1268 (charte DCXC), le moulin de Buisson appartenait alors aux enfants de Philippe d'Aurenville, dont Pierre de Brétigny était le curateur. Les deux familles de Brétigny et d'Aurenville devaient être alliées, et c'est par la mort des enfants mineurs de Philippe d'Aurenville que Philippe de Brétigny sera devenu possesseur du moulin. En la même période Philippe de Brétigny renonce au moulin de Biron « diffinitiva renunciatio de molendino de Buisom ». Les chartes XIX et DCXC sont les actes de donations des droits de mouture « duos modios bladi et dimidium » faites à l'abbaye sur le moulin de Biron (6).

En 1285, Philippe de Brétigny, chanoine de l'église de Paris, et son frère le curé Jean de Brétigny se souviennent que leur frère Philippe possédait 10 arpents dans le bois d'Aulnay situé entre Gaseram et Ourfin et que ledit Philippe avait passé une convention avec les moines ayant pour objet la redevance annuelle de huit setiers de blé. Les deux religieux acceptent les clauses du testament de leur frère Philippe.

Les donations de Guillaume de Trappes

Au mois de juillet 1250, Guillaume de Trappes et sa femme Odeline fondent un obit en cédant 6 arpents de prairie sur les bords de l'Orge entre le moulin de Grotteau et le moulin de Basset. « sitam in ripparia de Ourge, inter molendinum de Basset et molendinum de Grootel, contiguam pratis militum de Sancto Michaelo » (charte DI). Ce pré rendant 20 deniers de cens est situé dans la censive du chevalier Philippe de Linas. Afin de faire ses dévotions le seigneur Philippe et sa femme Petronille acceptent le transport des droits féodaux.

Il semble que les mêmes donateurs répétèrent leurs libéralités aux moines des Vaux de Cernay en décembre de la même année (charte DX). Il s'agit une fois encore de 6 arpents de pré en une seule pièce « in riparia de Ourge, subtus villam que dicitur Vadum Petrosum, propre molendinum quod dicitur Basset », c'est-à-dire au hameau de Guiperreux.

Ce Guillaume de Trappes est nommé comme bourgeois de Montlhéry, un juriste sans doute puisqu'on le trouve, en mars 1239, servir d'arbitre entre le seigneur de Molignon et l'abbaye des Vaux de Cernay. En tenant compte que ce même Guillelmus de Trapis est cité comme étant chevalier du guet à Montlhéry sous Philippe Auguste, on peut penser qu'il dictait son testament en juillet 1250.

En mars 1252, le chevalier Gilo Griodovarz et dame Haouysis son épouse, viennent aux Vaux de Cernay pour concéder leur droiture féodale de la prairie des bords de l'Orge à Guiperreux. Ce Gilles est l'oncle de Philippe de Linas qui possédait avec ses neveux, Philippe et Robert, la censive de laquelle dépendaient les prés donnés à l'abbaye par Guillaume de Trappes. En mai de la même année, c'est l'écuyer Robert de Linas qui se présente devant Nicolas, le doyen du Gâtinais pour les mêmes raisons.
En juin 1263 le doyen Jean de l'église Saint-Merry de Linas donne 20 deniers de cens sur un arpent de pré en deux pièces à Buison comprend la pièce que tenait autrefois Guillaume de Trappes et le pré d'un demi-arpent détenu par Radulf Metart.

L'hostel de la place du marché à Montlhéry

En février 1251, Roger Mercerius et sa femme Petronille reconnaissent que Simon surnommé Haoys et à sa femme Aceline vendent leur droiture féodale à l'abbaye des Vaux de Cernay sur une maison devant la place du marché à Montlhéry moyennant 18 livres parisis (charte DXIII). Cette maison est contiguë de celle de feu Herbert Magistri et celle de Simon, dans la censive royale, chargée de 3 deniers de cens le jour de la saint Jean-Baptiste. Emeline, la mère de Roger et son frère Pierre, prêtre de Pantin, se portent garants de la vente. Cette maison ne resta pas dans les mains de Simon qui la céda aux moines des Vaux de Cernay le 5 janvier 1267.

Le roi Louis IX fut également généreux avec l'abbaye. On se souvient son attachement à Montlhéry où il était venu se réfugier en 1227 pendant la conspiration des grands barons contre la régence de sa mère Blanche de Castille. On attribua à saint Louis la construction d'un des bâtiments de l'enceinte du château. En effet, à son retour de la croisade, vers 1254, il fit élever à gauche de l'entrée de cette esplanade, la chapelle qui portera son nom. C'est au cours de ce séjour qu'il céda les droits féodaux sur “l'hostel des moines” et la cour « curiam ipsius domus » qui étaient chargées d'un cens annuel de 2 sols 2 deniers, et une place publique « de quadam platea juxta donum nostram de Monte Leterici ». Ce terrain contigu de la maison est chargé de 6 deniers de cens.

Les vignes de Montlhéry

Pendant le Moyen Âge, le vignoble de la région parisienne était assez considérable, d'autant qu'il était tenu en grande partie par les monastères bénédictins, grands propriétaires terriens. Les moines des Vaux-de-Cernay reçurent de nombreuses vignes dans les environs de Montlhéry.

En 1245, l'écuyer Guillaume de Ballainvilliers concède aux moines des Vaux de Cernay des vignes à Brurias [Bruyères-le-Châtel] avec des parts de dîme. Deux ans après, c'est Arnulf, le bourreau de Montlhéry, qui fait une aumône en donnant deux arpents et demi de vigne à Montlhéry sur le chantier de Foux [canton de vignes à Longpont] dans la censive des chevaliers Pierre et Bouchard de Brétigny (6). Tous les droits féodaux à la donation sont concédés par Pierre de La Grange et sa femme Aalipdis qui sont les seigneurs éminents. Finalement, Pierre de Brétigny et son frère reçoivent 20 livres parisis pour acquit.

L'année suivante le même Pierre de Brétigny vend une autre vigne, d'une contenance d'un arpent et demi, avec le droit de pressurage et 60 sols de cens, et la dîme de vin et le droit de pressoir sur 28 arpents au terroir de « quod vocatur Foes juxta Montem Lethericum ». Cette vente est également accordée par sa femme Isabelle moyennant 120 livres parisis (charte CCCCLIX). Le jour de cette vente, une convention est signée devant l'official de l'évêché de Paris, par les frères de Pierre de Brétigny ; ce sont Bouchard, le commandant Philippe, Ferry, le curé Johannes et Thomas. L'accord des suzerains est aussi obtenu ; ce sont le chevalier Pierre de Linas et sa femme Aalipdis d'une part, et Gui de Lers d'autre part.

En 1257, le chevalier Pierre de Brétigny intervient comme arbitre du contentieux entre les moines des Vaux de Cernay, le curé de Saint-Philibert-de-Brétigny et le recteur de Saint-Pierre-de-Montlhéry pour la possession du droit de pressoir de deux muids de vin sur le terroir de Fous « duos modios vini pressoragii, de quibus habendis et percipiendis in pressorio seu torculari dictorum religiosorum de Fous ». Le différend porte notamment sur le montant de la redevance en temps de mauvaise récolte.

En 1260, le prêtre Gui, fils du bourreau Arnulf reconnaît et recommande la donation « in puram et perpetuam elemosinam » que firent ses parents Arnulf et Floria, des deux arpents et demi de vigne à Fous. La même année, Béatrice de Montlhéry veuve de Jeubert dit Monachi-Albi, et sa fille Odeline lèguent « in puram et perpetuam elemosinam, religiosis viris abbati et conventui Vallium Sarnay » six arpents de vigne dont trois arpent au lieu-dit la Flote et les trois autres au terroir de Luisant . L'usufruit retenu par Jeubert est éteint moyennant 20 livres parisis.

En l'an 1265, à Montlhéry, les moines du « couvent de Vaulx-Cernay » vendaient le vin de leur récolte dans leur taverne. Thésauraria, dame du lieu, envoya ses sergents saisir les mesures et arrêter la vente. Les moines réclamèrent devant le Parlement ; mais Thésauraria prouva que quiconque vendait du blé ou vin à Montlhéry avait l'habitude, de temps immémorial, de venir prendre la mesure au château, et la cour approuva ce qu'elle avait fait. Il faut dire que le droit de mesurage, privilège de la châtellenie de Montlhéry était affermé. La dame Thésauraria tenait cette ferme à Montlhéry en 1265 (Olim, 206, III).

L'état du temporel du couvent au XIIIe siècle fait mention des revenus du cellier de Montlhéry et notamment des deux arpents et demi de vignes du bourreau Arnulf rendant un cens de 17 deniers et obole. La censive de Fous rapporte un revenu de 17 sols et 7 deniers et obole « hec omnia predicta pertinent ad cellarium de Monte-Leherico » (charte DCCCCLVIII).

Le temporel de l'abbaye au XIVe siècle

Les lettres royales de Philippe le Bel d'août 1293 confirment les biens de l'abbaye dans les domaines royaux ; en ce qui concerne Montlhéry, on peut lire « item de Roberto de Dieppa, quandam plateam, sitam apud Montem-Lethericum, in censiva capituli de Linays, titulo donationis » (charte DCCCCXXVI).

Pour résoudre le différend entre le prieur de Longpont et l'abbé des Vaux de Cernay au sujet du pressoir de Fos, l'arbitrage du prieur de Sainte-Catherine du Val des Ecoliers est sollicité le 11 octobre 1321. La sentence rendue par Gilles Haquins, garde de la prévôté de Paris est la suivante : « adjugons audit prieur et couvent de Nostre Dame de Loncpont, que il aura et prendra, em pes, franchement, sanz contredit, desores en avant, chascun an perpétuelement, un mui de vin ou dit pressouer de Fos, tel comme il li vendra, et se il avenoit que audit pressoer de Fos il ne veinst point de vin, riens ne peut ne ne pourra demander ledit prieur et couvent de Loncpont ausdiz religieux de Sarnay » (charte MXLIV).

La diplôme de 1324 renseigne sur les acquisitions depuis 1260 « Item de [Roberto] de Dyepa, quamdam plateam, sitam apud Montem-Lethericum, in censiva capituli de Ly [ nais ], titulo donationis ».

Dans les environs de Montlhéry, les moines des Vaux-de-Cernay avaient aussi des bois « nemus de Latenchon » et la terre de Molleipen. Dans la charte MXLVIII, dont le titre est “De acquisitionibus abbatiae Vallium Sarnati”, on peut lire : « Item de [Roberto] de Dyepa, quandam plateam, sitam apud Montem-Lethericum, in censiva capitulmi de Ly[nais], titulo donationis ». C'est une place publique dans la censive d'un chevalier de Linas qui est reçue par l'abbaye en 1324.

Le 18 novembre 1354, le chevalier Jehan de Helleviller et sa femme Prenelle de Bouterviller délaissent le moulin de Biron aux moines des Vaux-de-Cernay «comme les religieux soient en saisine de prendre diz huict sextiers de bled chascun an en et sus nostre moulin de Bison assis jouste Montleheri ». En fait le moulin est en ruine et Jean de Hellevilliers réclame l'assistance des moines pour le remettre en état « pour ce que le moulin est décheu et devenu à non valour : nous voulons que les diz religieux facent réparer ledit moulin et mettre en estat que il puisse moudre, et vandront lesdiz religieux ledit moulin, et feront moudre en leur main jusques à tent que eulz soient soluz et paiez desdiz diz huit sextiers de blé, qui deubz leur sont du temps passé, et des années qui charront le temps durant ; et aussy se pairont les diz religieux des réparacions que eulz mettront oudit moulin, avent ce que nous devant diz y puissons rien prendre ne lever des revenues dudit moulin ». Finalement, le tabellion écrit : « eulz pourront prendre la clef dudit moulin ». En 1365, Guillaume le Baveux, écuyer, seigneur de Garancières, était devenu propriétaire de ce moulin, car le 5 octobre de cette année, il le vend à Jean du Brueillac, écuyer, moyennant dix francs d'or et à la charge de payer les arrérages dus à l'abbaye de Cernay.

Extrait de la carte Galliae Christianae Diocecesis Parisiensis dressée par J.B Nolin (1700).

Le temporel au XVIe siècle

Les titres de l'abbaye des Vaux de Cernay ont été dressés une nouvelle fois en 1511 sous l'abbatiat de Pierre III Tessé. Terres, prez, vignes, cens et rentes à Montlehéry et és environs en 1511.

Les religieux des Vaux de Cernay possèdent un arpent et demy de terre labourable au champtier dit Bison ; Item huict arpens de prez, assis au dessus du moulin de Basset ; Item huict quartiers de prez, à la Chaussée d'Aulnoy ; Item trois arpens de prez, assis à Bizon ; Item un grand hostel et manoir, chappelle, estables, caves, court et jardin, le tout clos à murs, assis au-dedans de la ville dudit Montlehéry.

Le dictionnaire topographique mentionne «… Un grand hostel et manoir … qui de tout temps et ancienneté estoient le domaine de ladite abbaye ». Ce domaine avait été baillé moyennant 4 sols parisis de cens annuel et perpétuel. « Les religieux avec ce, ont retenu une chambre dudit hostel pour y recevoir leurs rentes et pour leurs autres affaires ».

Le 25 février 1587 furent aussi adjugés, sous prétexte de subvention du clergé imposée à l'abbaye, 50 deniers parisis que l'abbaye avoit à Montlhéry et lieux circonvoisins, à Aubert de Grislon, lieutenant de la prévôté de Villebouyn, pour la somme de 38 écus.

Le 10 avril 1587, Mathurin Vincent, abbé des Vaux, sous prétexte de subvention du clergé imposée à l'abbaye, vendit 11 arpents de prez pastis que l'abbaye avoit à Montlhéry, à Estionne Rochon, conseiller du roy, pour la somme de 60 écus sol pour chacun arpent: item, fut adjugé audit Rochon 68 sols et une livre de cire de cens et rente pour 30 écus sol et 57 écus 5 deniers pour les frais desdites adjudications, ce qui faisoit somme de 764 écus sol ; à la charge que lesdits prez, cens et rentes demeureroient en fief, mouvant à une seule foy et hommage de l'abbaye des Vaux, suivant les us et coutumes de la prévôté et vicomté de Paris.

Le 10 avril 1587 furent adjugés, sous le même prétexte « cinq quartiers de terre situez à Montlhéry, pour la somme de 30 écus et demi sol, et 2 écus 17 sols 3 deniers pour les frais ; à la charge qu'ils demeureroient à une seule foy et hommage de l'abbaye des Vaux ».

Documents épars relatifs à Montlhéry

Sous le haut patronage de la reine Adèle, Robert de Saint-Fargeau vend un bois situé à Bollonel (Bouligneau, comm. de Saint-Fargeau) que lui avait donné son père. La vente est faite aux moines des Vaux de Cernay avec la garantie fiduciaire de Philippe de Ver et Hugues de Maroles, les gardes de la prison de Montlhéry (9).

Dans la liste des feudataires de la châtellenie de Montlhéry, sous Philippe-Auguste, on trouve Robertus Sine Mappis . Johannes de Monte-Letherico est notaire royal lors de la charte du 23 novembre 1258.

Deux chartes du mois de juin 1286 relatives à un accord fait entre le prieur de Longpont et Richard, dit d'Yvetôt, écuyer, seigneur d'Auffargis, concernant la haute justice de ce fief, nous apprennent qu'à cette époque Guillaume Tibert était prévôt de Montlhéry. En juin 1296, Renaut d'Anvers, prévôt de Montlhéry rédige un acte de vente de quatre arpents au Vau de Verrilles près de Limours.

La donation de Jehan de Bourguignecte d'un quartier de pré à Limours « tenent aus prez desdiz religieux, d'une part, et aus prez de saint Ladre de Linais d'autre » est établie par Guillaume des Messiz, prévôt de Montleheri en juillet 1304. L'année suivante c'est Guillaume Malenfant qui est garde « de la prévosté de Montleheri quand Jehan de Bruières le Chastel et Ysabel sa feme affermèrent en droyt » alors que Guillaume de la Chapelle est garde « du seel de ladict prévosté ».

En 1307, le dimanche après la saint Barthélemy, par devant Jehan Soycha, prévôt de Montlhéry, Guillaume, sire de Guillerville et Jeanne, sa femme, confirmèrent les clauses d'un accord sur les vignes « inter-duas-aquas » fait avec l'abbaye des Vaux de Cernay. En septembre de cette année, c'est Thomas Borchepois qui possède la charge de prévôt de Montlhéry quand Richart de Samouri et Agnés, sa femme, demeurant à Montlhéry lèguent leur vigne située entre Chastres (Arpajon) et Dolainville (Ollainville).

Notes

(1) Dans leur dictionnaire topographique (1858), les érudits Merlet & Moutié donnent : Mons Lethericus, Montlhéry, autrefois Mont-le-Héry, petite ville du canton d'Arpajon, arr. de Corbeil, Seine-et-Oise, ancien diocèse de Paris. Il y avait autrefois dans cette ville l'abbaye [prieuré] Saint-Pierre, fondée en 1125.

(2) Fondée au début en 1118 par Simon de Neaulphe, l'abbaye des Vaux de Cernay connut rapidement une grande prospérité et fut à l'origine d'autres abbayes, dont celle de Port Royal à quelques kilomètres. Elle fut dirigée par des abbés de grande influence, amis et conseillers des Rois de France. Thibault de Marly, ami de Saint Louis, fût canonisé en Saint Thibault. Au XVe siècle, l'abbaye subit des pillages de bandes armées et perd peu à peu de son lustre jusqu'à un abandon complet à la Révolution Française. En 1792, elle est vendue à un général qui fait sauter les bâtiments à la mine. Elle restera en ruines jusqu'à son rachat à la fin du XIXe siècle par la baronne de Rothschild qui sauva ce qui reste de l'église et restaura une partie des constructions. Aujourd'hui le domaine abrite un hôtel et un restaurant de prestige dans le cadre d'un parc magnifique propice à de calmes promenades autour de l'étang. On peut encore y admirer la rosace de l'église et une partie de la nef ainsi que la salle des Moines du XIIIe siècle et sa voûte en ogive.

(3) Le moulin de Biron (com. de Linas) était situé sur la Salemouille et apparaît dans la seigneurie de Villebouzin sur le plan terrier de 1733.

(4) Il s'agit vraisemblablement du terroir de Luisant qui était le vignoir de Montlhéry.

(5) Le dictionnaire topographique situe la vigne de Peletart à Ablon (Val-de-Marne).

(6) On retrouve Bouchard de Brétigny assistant, en août 1250, Guillaume de Gaseran exécuteur testamentaire de son frère Symon qui donnait « unum modium bladi annui » aux moines (charte DII).

(7) Le dictionnaire topographique de Merlet donne Fous , Foe , Folls , un canton de la commune de Longpont-sur-Orge.

(8) C'est Simon de Brie, élu pape sous de nom de Martin IV le 22 févier 1281 et mort le 28 mars 1285.

(9) C'est la reine Adèle de Champagne, troisième épouse de Louis VII, mère de Philippe Auguste. L'acte de vente fut signé à Corbeil en 1194 en présence de tous les parents de Robert qui donnèrent leur accord : Haicia son épouse, Simon son père, Pierre son frère, Heremburge sa belle-sœur, Elisabeth et Juliana ses sœurs et Marie sa cousine qui possédait les droits féodaux. Le même jour, Simon de Saint-Fargeau vendit une terre située à Lavarvillam (Verville, comm. de Mennecy).

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