Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les seigneurs de Villiers-sur-Orge

Avril 2008

J.P. Dagnot

C. Julien

Chronique du vieux Marcoussy

Cette chronique développe un nouvel aspect de la terre de Villiers-sur-Orge (cant. Longjumeau, arr. Palaiseau, Essonne) dont le territoire, sous l'Ancien Régime, était partagé par deux paroisses, Longpont et Épinay et par plusieurs seigneuries.

Les anciens documents

Les plus anciennes mentions de Villiers sous inscrites dans le cartulaire du prieuré de Longpont. Le toponyme Vilers , Villers , qui vient du lat. “ villa ”, est une propriété particulière composée de bâtiments et d'exploitations agricoles avec la variante « villare » en vieux français, qui peut être un groupement de masures . Le village de Villiers-sur-Orge apparaît donc dans les textes dès le début du XIIe siècle, au moment où les nombreuses donations enrichissent le temporel du couvent (1).

Vers 1100, accompagné des chevaliers Joscelin du Perray, Nantier d'Orsay et Bernard de Leuville, Arrald de Villiers assiste Hugues Harpini quand celui-ci rend une vigne à Leuville réclamée par les moines de Longpont (charte LVIII). À la même époque un certain Robert de Villiers est témoin de la donation de Pierre de Leuville qui cède un arpent de terre à Villa Romenor comme obit pour sa mère Rancia, surnommée la Comtesse (charte CXVIII). Puis, Duran de Villiers « Durannus de Vilers » est témoin de Giraud Gastinel et son fils Anseau qui donnent le serf Herbert au couvent de Longpont par (charte CXXII).

En 1105, Ilbert de Villiers est présent dans l'église de Longpont quand Emeline de Ver et ses fils Eudes et Albert offrent les quatre arpents de terre qu'ils possèdent à Vert-le-Grand « Ver Magnum » ainsi que les corvées qu'ils disent avoir à Vert-le-Petit « Ver Parvum » (charte CCIII). Vers 1110, faisant son testament Evrard Choisis s'adresse aux moines de Longpont pour leur donner la tierce partie de l'église de Champlan avec le cimetière et la dîme. Accompagné par sa femme Odeline et son frère Simon, il ajoute une hostise qui rapporte deux sols de cens à Villiers « apud Villers unum hospitem reddentem duos solidos de censu ». Le jour de son enterrement, Odeline et sa sœur Eremburge posèrent l'acte de donation sur l'autel de la Vierge à Longpont « ex hoc donum super altare posuerunt » (charte CCXXIV) . Quelque temps plus tard, c'est Hunger de Villiers qui accompagne Renaud de Villemoisson quand son fils Pierre prend le froc de moine à Longpont (charte CXXXIX).

Vers 1150, devant le prieur Thibaut, tout le couvent de Longpont réuni et devant une assistance nombreuse, Lucienne, fille d'Ogrin Le Riche donne une vigne d'une contenance de deux arpents situés à Villiers à coté du clos du sacristain Testelin. Le sacristain reçoit une aumône de 12 deniers en témoignage de sympathie. Puis Jean Ruffus d'Athis, le frère de Lucienne dont la vigne était dans sa mouvance approuve le legs et donne deux sols au sacristain.

Faisant ses affaires avant de mourir, Ranulf du Perray donne aux moines de Longpont, deux sols de cens de sa terre située à Villiers avec l'assentiment de sa femme Alburge que le sacristain reçoit pour acheter des cierges mis devant le crucifix. Ses fils Hugues et Robert, stimulés par l'avarice, font une tentative d'opposition à la donation, mais effrayés par l'anathème de l'église ils approuvent le don et offrant 7 sols au sacristain pour éteindre la chicane (charte CCCXLII).

En 1216, accompagné par Guy de Balisy et le chevalier Buchard Cocherel, Pierre de Villiers se porte garant pour la vente d'une dîme au chapitre de Notre-Dame de Paris par Nicolas Cocherel. La dîme est située sur le fief de Simon de Villemoisson qui approuve cette transaction. En 1251, Hugues de Villiers « Hugo de Villaribus » assiste le chevalier Pierre de Bruyères et la dame Margaret, sa femme, qui lèguent au couvent de Longpont un aleu de cinq arpents ou environ de terre arable en une pièce située à Hayas de Tirelou.

La famille Le Riche de Villiers

Avec les précautions d'usage, on pourrait relier certains chevaliers à la famille Le Riche par l'onomastique et les indices d'occupation des sols du Hurepoix. En 1050, le moulin du Breuil situé sur l'Orge en amont de Villiers est dans la mouvance de Guérin ou Garin de Guillerville.

Au XIIe siècle, Thomas de Châtres cède le village de Villiers-sur-Orge à Ansold. Passé dans les mains de son fils Pierre, ce dernier vend en 1211 les droits sur le moulin du Breuil à l'abbaye de Saint-Germain des Prés. Il s'agit de la cinquième partie de la moitié du moulin du Breuil et de la vente du reste de cette moitié, au prix de 160 livres parisis. La vente comprend la moitié du moulin, le bief de l'Orge et ses vannages . Guillaume de Guillerville consent, en qualité de seigneur dominant, à la donation faite en aumône à l'église de Saint-Germain par Pierre de Villiers. Le seul droit que se réserve le donateur, pour lui, sa famille et ses vassaux de Villiers, est un tour privilégié, quand ils viendront pour moudre leurs grains (2).

D'autre part, nous venons de voir qu'au début du XIIe siècle la famille Le Riche possédait Villiers en partie quand Lucienne, fille d'Ogrin Le Riche donna de deux arpents dans le vignoble de Villiers.

L'abbé Jean Lebeuf nous dit que Villiers-sur-Orge était pour moitié un hameau de la paroisse de Longpont, l'autre étant d'Épinay, terre tenue, depuis l'époque carolingienne, en grande partie par l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cette terre, avec d'autres nombreuses à Épinay-sur-Orge, avait été retirée des mains de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés ; ceci se passait au Xe siècle à l'époque des troubles provoqués par les invasions normandes.

Les possessions monastiques à Villiers

Nous venons de voir que, comme seigneur ecclésiastique de Longpont, le prieuré Notre-Dame possédait aussi des terres à Villiers, et prélevait donc les redevances féodales. Les religieux de Longpont firent un échange avec le couvent de Saint-Eloy de quelques droitures pour un pré dit Josselin et Jouez. Du grand domaine de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, restaient des près dans la vallée de l'Orge et quelques terres à Villiers “ un champtier sur le territoire de Villiers nommé Les Bas Graviers, comme étant chargé envers la seigneurie du Breuil d'une rente de 14 sols 2 deniers ” (3).

Par lettres patentes du 1er mars 1382, le roi Charles VI maintenait l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés dans ses droits de haute justice sur le village du Breuil, contrairement aux prétentions du prévôt de Montlhéry. Il y eut également un procès soutenu devant les tribunaux royaux par les moines bénédictins de Saint-Germain contre ceux du prieuré de Longpont, au sujet des « eaux de la rivière d'Orges », et le jugement qui vint délimiter les droits de chacun et fut confirmé par lettres patentes de Philippe VI le 14 mai 1340.

Villiers-sur-Orge au XIVe siècle

« L hôtel de Villiers » tenu par les derniers seigneurs de Liers se trouve tenue par la famille de Brétigny dans la mouvance de l'Hôtel-Dieu de Paris depuis son acquisition de Anseaulx d'Aubeville en 1313 (4). Le 8 juillet 1398, Jehan Labbé de Villiers, chevalier, déclare à l'Hôtel-Dieu, tenir en fief un héritage de sa femme, fille de Jean de Brétigny, à savoir avec la « congnoissance de mes hostes en la ville de Lyers es tout mon fief & ma censive & congnoissances de meubles & de chastieux et justice à LX solz ». Le 19 mai 1406, l'Hôtel-Dieu renouvelle son bail confirmant la réunion du fief de Villiers-sous-Longpont ayant appartenu à famille de Liers à celle de Brétigny.

Il existe un mémoire des cens dus par la seigneurie de Liers, payés à Jehan l'abbé de Villiers, chevalier, par lui reçus en 1404, auquel appartenait la seigneurie. Le 9 mars 1415, une « transaction entre l'Hôtel-Dieu, d'une part, et Guillemette la Morlière, veuve de Jean des Prez, écuyer, seigneur de Villiers-sous-Longpont et de Boissy, et Simon la Morlière, chevalier, son frère, de la châtellenie de Nogent-le-Roy, d'autre part ». Au terme de cette transaction, La famille la Morlière doit s'acquitter d'un bail à vie établit en 1412 sur un hôtel à Liers, des arrérages dus par Jean des Prés à l'Hôtel-Dieu. Il est précisé, en dehors de la rente de 10 livres parisis, la charge de réparer et mettre en suffisant « estat l'hostel du fief de Lyers ».

La mouvante de Guillerville

Pendant tout l'Ancien régime, la seigneurie de Villiers a été un plein fief mouvant de la seigneurie dominante de Guillerville, donc un arrière-fief de la châtellenie de Montlhéry. Garin de Guillerville, que nous venons de voir, était vraisemblablement l'ancêtre de Guillelmus de Guillervilla nommé comme chevalier assurant la garde du château de Montlhéry sous Philippe Auguste « Isti sunt de Castellania Montis Letherici tenentes de Rege ». Garin de Guillerville qui possédait le moulin du Breuil en plein fief était devenu également seigneur du Perray et n'était tenu à rendre aux moines de Saint-Germain des Prés qu'un simple hommage. Thomas de Châtres possédait le village de Villiers dans les mêmes conditions.

Un mémoire du XVIIIe siècle est explicite sur le statut juridique de Villiers « La terre et seigneurie de Villiers sur Orge et sous Longpont appartenant à Messire Jean Philibert Quantin est mouvante et relevante an plein fief foy et hommage de Mr le Marquis du Bullion à cause de sa seigneurie de Guillerville cela est prouvé par les titres qui suivent : - Premièrement, sur un arrest de la Chambre de la reyne au Pallais de Paris endatte du 23 septembre 1574 dans lequel arret ont voit en 1er lieu que Dame Marie de Mautauban femme et procuratrice de Messire Jean seigneur de Graville et de Guillerville a reçu a foy et hommage Jean Havin acause de ladite seigneurie de Villiers mouvante de ladite seigneurie de Guillerville par acte du 3 octobre 1477. - En second lieu que ladite dame de Montauban a aussy reçu à foy et hommage Messire Guillaume de Vic pour raison du fief qui fut à Charles Postet, écuyer assis à Villiers sur Orge tenu et mouvant de ladite seigneurie de Guillerville par acte du 19 octobre 1457. - En 3ème lieu une réception d'aveu et dénombrement rendu sur ledit Guillaume de Vic de ladite seigneurie de Villiers au fondé de la procuration de Messire Jean de Graville à cause de sadite seigneurie de Guillerville par acte du 5 aoust 1454. - En 4ème lieu que par une sentence donnée au trésor le cinq juillet 1499, main levée a été donnée à Demoiselle Guillemette de Vic veuve de Jean Havin et consorte de ladite terre de Villiers sur Orge comme tenu en plein fief de la seigneurie de Guillerville. - En 5ème lieu que Louis de Graville a reçu a foy et hommage Messire Jacques de Pied de Fer pour raison de la moitié indivise de la seigneurie de Villiers sur Orge, l'autre moitié appartenante à Demoiselle Marguerite Havin par acte du 6 septembre 1510. - En 6ème lieu que ledit Louis de Graville a reçu a foy et hommage Messire Jean Hennequin pour et au nom de Marguerite Havin sa mère pour raison de ladite seigneurie de Villiers sur Orge comme tenue de lui a cause de ladite seigneurie de Guillerville par acte du 27 juillet 1511 ».

Les seigneurs de Villiers depuis le XVe siècle

Dans l'aveu de 1389, rendu au seigneur de Chastres par Machelin Deschanvilliers, chevalier, « pour raison de ce qui est tenu en fief dudit seigneur de Chastres », parmi de nombreux articles, on trouve : - des menus cens au Coudray, Villiers, …, - ung quartier de pré tenant au ru de Buyson, - un arrière fief tenu par Jehan Labbé, - fief de Villiers, grand hostel. - etc…

En 1406, Pierre et Adam, les fils de Macherin Dechanvilliers « et de feue madame Lerisse Daunoy jadis sa femme » demeurant de présent à Cheptainville rèlevent leur héritage. Adam Dechanvilliers est dit « escuier », frère dudit Pierre et fils desdits chevalier et dame « lesquelles parties connaissent et confessent en notre présence de leur bon gré ». Adam délaisse et transporte « le quart de tous les cens rentes aulnois, terre, vignes et tous les revenus et appartences de lostel de Guillerville assis soubz Montlhéry », à l'encontre icelluy Pierre transporte et baille semblablement quitte et délaisse pour toujours sans rappel audit Adam pour lui ses hoirs, toute la terre de Villiers sur Orge, tous les revenus appartenances de ladite terre qui audit Pierre appartenaient par partage faits entre eulx ».

En novembre 1453, c'est « l'adveu par Charles de Garenne à Jehan de Graville, à cause de sa seigneurie de Guillerville de lhostel neuf de Villiers, d'ung manoir au carrefour ».

Puis, on retrouve les actes décrits dans le mémoire du XVIIIe siècle. L'aveu de Guillaume de Vic à Jehan de Graville pour « l'hostel neuf de Villiers » est présenté à Philippe de Liancourt fondé de pouvoir de Jean, seigneur de Graville. Puis, le même Guillaume présente foi et hommage à Marie de Mautauban, la femme de Jean VI Malet de Graville. Le même Jehan VI Malet de Graville signe une « procuration faite pour faire foy & hommage du seigneur de Villiers ». A cause de sa seigneurie de Guillerville, messire de Graville reçoit « l'adveu de honorable home maistre Jehan Avin, conseiller du roi, de lostel neuf de Villiers sur Orge assis sur la rue Resine (?) une espace dudit hostel ». Jean Havin avait épousé la fille de Guillaume, Guillemette de Vic à qui revient la terre de Villiers (5). Manquant son devoir de foi et hommage, la sentence de 1499 porte « main levée d'une saisie féodale faite par le procureur du Roy du trésor du fief de Villiers qui est dit relevé en plein fief de Guillerville ».

Nous avons vu que Louis Malet de Graville, dit l'amiral, était le seigneur dominant de Villiers devant lequel Jacques de Pied de Fer et Marguerite Havin, puis son fils Jean Hennequin, viennent présenter leur devoirs.

La minute du 5 janvier 1575 mentionne « honorable homme Jehan Lehoux, greffier en chef de la châtellenie de Montlhéry, seigneur de Guillerville avec Louis de Mornay à cause du fief de Villiers ». En 1586, Louis de Mornay présente foy et hommage pour son fief de Villiers à Loys Leroyer. Le 3 décembre 1588, on trouve Loys de Mornay, chevallier de l'ordre du Roy, seigneur de Villiers-sur-Orge & Villarceaux (il s'agit du domaine de Villarceaux situé dans le Vexin français).

Arrêtons-nous un moment sur ce Louis de Mornay. Vers 1590, il était seigneur de Villarceaux (Val-d'Oise) et marié à Marguerite de Grouches ; « capitaine de la Meute Royale pour le lièvre et le renard ». Un de ses petits-fils issu de Pierre de Mornay et d'Anne Olivier de Leuville, est le personnage le plus célèbre de la famille en raison de ses amours avec Ninon de Lenclos. Le 31 août 1595, un jugement déclare que la terre et seigneurie de Villiers-sur-Orge est mouvante de la terre de Guillerville (signé Leroyer). On peut y voir une tentative d'usurpation de « Messire Loys de Mornay, chevalier, seigneur de Villarceau et dame Marguerite de Grouches, seigneur & dame de Villiers opposés au seigneur de Guillerville ».

Depuis fin 1604, le vassal occupant le fief de Villiers est Noel Compans, il a fait échange de la seigneurie de Villiers avec Louis de Mornay. Cet homme noble est trésorier général de France en Picardie. De son premier mariage avec Loyse Dreulx, il a deux enfants Fleury et Loyse. Il se remarie avec Catherine Gueffier et c'est Noel un autre filsLe 19 octobre 1604, le sieur Noël de Compans, trésorier général de Picardie, vient présenter ses foys & hommages pour la seigneurie de Villiers, devant dame Jubin, femme de Henry Lesné, musnier demeurant audit lieu seigneurial (moulin). La dame lui répond qu'il n'y a personne pour les recevoir, ledit Compans signifie qu'il se propose de payer les 600 livres correspondant aux droits de relief.

Le trésorier décède en 1610 et le procureur de la seconde épouse et un curateur pour les deux premiers enfants viendront présenter des lettres de souffrance au seigneur de Guillerville. l'âge des enfants va de 18 mois à 6 ans. . Henry Lesné, meusnier du moullin de Guillerville est le représentant de Loys Leroyer seigneur dudit lieu.

Le 29 février 1616, les terre, fief et seigneurie de Guillerville changent de mains par un échange passé entre Louis Leroyer et Hiérosme Lemaistre devant des notaires parisiens. « Loys Leroyer, licencié en droit canon, curé & doyen de Montlhéry, en son nom & procureur de Loys Leroyer, cy devant greffier de la prévosté de Montlhéry, et d'Elisabeth Lemasson sa femme, ses père & mère, délaisse définitivement à toujours, à noble homme Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe, demeurant rue Pierre Sarrazin, paroisse St Benoit ». Il s'agit de la terre et seigneurie de Guillerville consistant en plusieurs fiefs dont « le fief de Villiers relevant de ladite seigneurie, …, à l'exception d'une petite maison couverte de thuilles & chaulme court jardin, cour & jardin derrière et 20 perches de clos, acquise de Jacques Lehoux; le tout mouvant de la seigneurie de Villebouzain ». En contre-eschange le seigneur de Beljambe accorde au sieur Loys Leroyer 687 livres tournois de rente, une partie venant de Pierre Lemaistre & Anne Lesueur.

Un mois plus tard, Loys Leroyer, curé et doyen de Montlhéry, fils aisné de Loys, greffier de la prévosté, et Elisabeth Lemasson sa femme, comme procureur de ses parents se rend à Paris pour échanger le fief de Villebouzin contre celui de Guillerville avec Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe. L'acte est d'importance, quinze jours plus tard, les parents ratifient l'échange à Montlhéry. Les fief, terre et seigneurie de Guillerville consistent en moulin, maison, granche, estables, cour, jardin, amortissements et autres dépendances, terre, etc.

Il faut attendre 1622, pour que François de Rousselet, épouse Loyse de Compans, fille du trésorier de PicardieEn 1610, le représentant du seigneur de Villiers-sur-Orge qui est mineur, vient présenter une souffrance remplaçant les foy & hommage au seigneur dominant tant que le seigneur sera mineur

En 1656, Louis Lemaistre, maistre des requestes honoraire de sa Majesté, seigneur de Bellejame et Guillerville, en ladite qualité le seigneur est propriétaire de la terre et seigneurie dudit Guillerville comme héritier de feu Hiérosme Lemaistre, présente ses foy et hommages du Roy à cause de son comté de Montlhéry. Parmi les biens dépendants de ladite seigneurie de Bellejame et Guillerville, on trouve la terre et seigneurie de Villiers-sous-Longpont, le moulin du Breuil, la seigneurie du Plessis-Saint-Père, etc.

. En 1634, la dame de Villiers vend son fief à Antoine Dreux d'Aubray, comte d'Offémont, conseiller d'Etat et lieutenant civil au Châtelet de Paris. Cette famille deviendra tristement célèbre par Marie-Madeleine, la fille d'Antoine, connue sous le titre de marquise de Brinvilliers (6). En 1687, Claude-Antoine Gobelin qui avait hérité de sa tante Thérèse d'Aubray en 1671, vend la seigneurie de Villiers à Jean Quentin. Son fils Jean II, puis son petit-fils Louis Quentin occupèrent Villiers. Enfin, Louis-Philibert, le frère de ce dernier, épousa Anne-Marie de Gueudreville qui lui donna un fils unique, Marie-Louis.

Par son aveu fait en 1727, Henri-Louis Lemaistre, légataire universel de Louis Lemaistre son ayeul, selon son testament de 1666, « advoue tenir la seigneurie de Guillerville dont la teneur suit ». En mouvance de plein fief de la seigneurie de Guillerville: - item, la terre et seigneurie de Villiers-sous-Longpont, - item, le moulin du Breuil, appartenant à Jean Devin Dagout de Montauban, - item, la terre et seigneurie de Plessis-Saint-Père possédée par Pinault, huissier du cabinet du Roy, - item, ….. - item, le fief des Fourneaux à Longpont.

Comme la coutume l'exige, le vassal doit faire foi et hommage à la mort de son suzerain et Jean II Quentin, baron de Champost, exécute son devoir féodal en tant que seigneur de Villiers en se présentant devant Henri-Louis Lemaistre.

À la date de 1774, dans les registres du duc de Noailles, seigneur engagiste de Montlhéry, le sieur Jean-Philibert Quentin, fils de Marie-Louis, propriétaire du fief de Villiers-sous-Longpont, déclare être en mouvance du fief de Guillerville tenu par le marquis de Bullion.

C'est le registre des « saisies réelles & féodalles » du 16 avril 1783 qui nous renseigne sur la suite des évènements. Pour servir, Jacques Blin supplie humblement Charles Thomas, seigneur de Guillerville, ancien colonel d'infanterie, demeurant en son hôtel, rue des Vieilles Tuilleries, faubourg Saint-Germain, paroisse saint Eustache, disant que de sa seigneurie de Guillerville, relève en plein fief, foy & hommage, la seigneurie de Villiers-sur-Orge en la paroisse de Longpont, …. que n'étant pas servy dudit fief ny payé des droits à luy dus, il est obligé de se pourvoir par voye de saisie féodale et main mise dudit fief, faute d'homme droits et devoirs non faits. Suivent un exploit et une assignation à comparaître devant l'auditoire de Montlhéry. Le 28 mai 1783, Charles Thomas, seigneur de Guillerville, fait et donne main levée pure et simple de la saisie féodale, faite en vertu d'ordonnance de la prévôté de Montlhéry, du fief terre et seigneurie de Villiers-sur-Orge appartenant à la dame Quentin, relevant en plein fief foy & hommage à cause de sa terre & seigneurie de Guillerville, pour faute d'homme droits et devoirs non faits & non payés.

Depuis 1786, la seigneurie de Villiers appartient à Charles Bernard, baron de Ballainvilliers qu'il venait d'acheter à Jean-Philibert Quentin. Puis la Révolution arrivant, la féodalité est abolie et tous les droits féodaux anéantis (7). En 1792, Pierrette Petitjean, demeurant encore au château de Bellejame, tutrice de Claude, Guy et Jacques, ses enfants, déclarés mineurs héritiers de leur père Charles Thomas par sentence du juge de paix de Palaiseau le 23 octobre 1791, désire racheter les droits féodaux des fiefs de Guillerville pour la somme de 9.749 livres . Bien évidemment, la somme est en assignats .

Notes

(1) J. Marion, Cartulaire du prieuré N.-D. de Longpont de l'Ordre de Cluny (Impr. Perrin & Marinet, Lyon 1879).

(2) D. Anger, Les dépendances de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés (Libr. Possielgue, Paris, 1906) t. II.

(3) Cette charte est munie du scel et du contrescel du sire de Guillerville.

(4) C. Audigié, Sainte-Geneviève-des-Bois des origines à 1789 (Lorisse, 2006).

(5) Les chevaliers Vic étaient une famille en vue au XVIe siècle qui a donné des fonctionnaires provinciaux, des conseillers du roi et un garde de sceaux de Louis XIII.

(6) « Empoisonnante marquise ». C'est de son domicile, au n° 12 de la rue Charles-V à Paris, que la marquise de Brinvilliers échappe, une journée de 1672, au lieutenant de police La Reynie. Cette demeure, un hôtel qui porte aujourd'hui son nom, est aussi le lieu où le « joli petit monstre » , comme l'appelle alors Mme de Sévigné, manigance les nombreux assassinats qui la rendront célèbre dans l'affaire des Poisons (A. Bernard, l'Express du 30 août 2004).

(7) C'est dans la nuit du 4 août 1789 que l'Assemblée Constituante (pas encore Nationale) décide, sur proposition du duc d'Aiguillon, l'abolition du régime féodal et des privilèges afin de « ramener le calme dans les provinces ». Le duc d'Aiguillon propose l'égalité de tous devant l'impôt et le rachat des droits féodaux.

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