Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief de Quincampoix aux Molières (1372-1577)

Chronique du Vieux Marcoussy —————————————————————-Décembre 2010

Extrait d'un plan terrier des Molières.

JP. Dagnot

Cette chronique est la réécriture d'un récit de 2008 faite en raison d'études sur Bévilliers à Choisel. En effet le fief de Quincampoix est associé à Bévilliers dès le début du XVIe siècle. Ce lieu est un écart de la commune des Molières en Essonne.

Préambule

Pour comprendre l'histoire de ce lieu, il est nécessaire de préciser les critères suivants: 1°) le fief des Molières s'est trouvé scindé en deux, à la fin du XIVe siècle, avec une anomalie hors du commun, la frontière passant au milieu de l'hostel seigneurial. Suite à un certain nombre de mésaventures, cette seigneurie relevant de la seigneurie de Gometz-le-Chastel, s'est retrouvée au XVIIe siècle, réunie au Comté de Limours. 2°) Le suzerain de Quincampoix fut le seigneur des Molières à la sortie de la guerre de Cent Ans, puis ce droit passa aux mains des possesseurs du fief de Bévilliers à Choisel. 3°) Le seigneur vassal de Quincampoix rend hommage à son suzerain le seigneur des Molières. Précisons qu'il n'a jamais résidé à Quincampoix, et que ce fief, jusqu'aux années 1570, consistait en ferme et terres. Le récit passera donc de l'histoire du suzerain à celui du vassal et enfin aux personnages à qui il loue ou constitue des rentes.

Quincampoix aux Claustre

Dès la fin de la guerre de Cent ans, Barthélémy Claustre conseiller du roy, mestre en sa cour de parlement, seigneur dudit Claustre (erreur de recopie), rend l'adveu d'un fief assis aux Molières, à une foy & hommage de noble homme Monseigneur Jehan de Graville de Marcoussis, et de Gometz le Chastel, chevalier et chambellan de Monseigneur le Dauphin à cause du chastel & chatellenie de Gommetz les choses qui ensuyvent, c'est à scavoir: - partie de la salle de mon hostel estant au lieu de Molières…suivent plusieurs descriptions du fief des “ Molières ”, que nous aborderons dans la chronique spécifique à cette seigneurie, …, - une pièce de terre sur quiquepoit, contenant 27 arpents, - item un fief appelé Quiquepoit auquel fief appartient lostel, si comme il se comporte avec le coulombier, les jardins de derrière contenant quatre arpents avec un arpent de pré.

Généalogie des Graville montrant Jehan V et Jehan VI.

Donc à cette époque le fief de Quincampoix relève directement des Molières. Notons la mention du colombier qui caractérise la prérogative des propriétaires de fief, ainsi que les quatre arpents qui correspondent toujours au lieu actuel. Cet aveu, en 1449, est rendu à Jehan V de Graville, époux de Jacqueline de Montagu. Ledit Graville possède Gometz-le-Chastel à cause de sa femme Jacqueline de Montagu dont le père Jehan a fait l'acquisition. Cet acte doit sa raison, soit à l'achat, soit à l'héritage du fief des Molières. En effet, côté du suzerain à cette date, il ne s'est rien passé.

Par contre sept ans après, le même Claustre réitère son aveu à Jehan VI de Graville, du même fief des Molières. Cette fois Jehan VI a succédé à son père, c'est la raison de l'aveu. Quincampoix n'est plus cité. Le seigneur des Molières a dû se rendre compte que ce fief relevait d'un autre suzerain. Une erreur analogue s'est passée pour le fief de Villejust relevant de Montfaucon. Nous restons ensuite sans information pendant une cinquantaine d'années.

Revenons en 1464, Jehan Langlois, sieur de Méridon, avoue des biens au seigneur de Chevreuse. Il est également cité dans un cahier touchant Sous-Forest. Ce Jehan Langlois épousa Jehanne de Chartres, veuve de Jacques de Harville, laquelle avait eu de son premier lit, une fille Antoinette de Harville. Celle-ci fut mariée à Hélie de la Cauchonnerie, par son beau-père, Jehan Langlois, qui lui donna en dot Méridon. Ce couple vit à Méridon jusqu'à la fin du siècle.

Quincampoix aux Langlois-Cauchon

Le nom du seigneur de Quincampoix n'est toujours pas cité, il faut attendre 1519, pour retrouver dans une transaction, Hélie Cauchon se présentant comme escuyer, sieur de Méridon et du fief de Quicampoix, et qui fait état d'un procès intenté pour raison du fief de Quincampoix avec Catherine Langloys veuve de feu Mathieu Bigot pour raison d'un titre nouvel. Cet acte n'a pas été retrouvé, néanmoins on peut penser qu'il s'agit d'une affaire de famille, que Catherine Langlois est détentrice de Quincampoix et n'a pas réalisé ses devoirs envers le suzerain du fief.

En 1537, trouvé dans un registre de la prévôté de Châteaufort, citons Guillaume Boucher, écuyer, seigneur de Limours, Jehan Boucher, chantre et chanoine de Notre-Dame de Chartres, seigneur des Mollières et de la Baste, et surtout pour ce qui nous concerne, Catherine Langloys, veufve de Mathieu Bigot, après serment par elle faict… déclaire qu'elle est propriétairesse des biens cy après … 22 arpents assis au terroir des Mollières chargés de 60 sols parisis de payement … tenant (il ne s'agit pas de Quincampoix) … chargés envers mondit seigneur des Mollières de la somme de 11 sols parisis qui est de 6 denirs par chacun arpent…

En 1547, l'aveu de Bévilliers s'adresse au seigneur de Chevreuse . Cet intitulé ne mentionne pas Quincampoix qui relève logiquement de Gometz.

Le premier acte concret date de 1549, Mathieu Penthecoste, laboureur demeurant à Quincampoix paroisse des Mollières, confesse avoir renoncé par ces présentes, au tout, à toujours du reste du temps du bail à ferme qu'il a encore d'une maison & terre appelée “ la ferme de Quincampoix” à luy ci devant faict par deffunte Katherine Langlois pour le temps de neuf ans pour le prix et aux charges déclarés dans ledit bail, au prouffit de honorable homme Mr Nicolle Day, procureur en la court de parlement héritier de ladite deffunte, à cause de Claude Cahuet sa femme et au prouffit de Guillaume Dupont et Robert Feucher, laboureurs demeurant aux Mollières qui ont eu repris le droit par transport dudit Day et sa femme, en la propriété de ladite ferme et terres de Quincampoix. A laquelle renonciation lesdits Day, Dupont et Feucher ont reçu dudit Penthecoste. Cette renonciation faicte moyennant la somme de 100 sols tournois et neuf septiers de blé mestail que ledit Penthecoste confesse avoir reçu dont il se tient pour content et quitte lesdits envers et contre tout , que la somme de 40 lt dans laquelle somme, ledit Day lui a remis et quite la somme de 54 lt et ung pourceau du prix de 50 sols tournois pour demeurer quitte par ledit Penthecoste envers ledit Day, du reste des moisons que ledit Penthecoste pourrait devoir audit Day, que autres menues parcelles de tout le temps passé, jusqu'au jour de St Martin diver depuis passé à cause de ladite ferme. A la charge que tous les grains qui sont de présent ensemencés demeureront au prouffit desdits Dupont et Feucher … Ces derniers s'engagent l'un pour l'autre envers ledit Day sur leurs biens meubles et immeubles notamment sur d'autres obligations qu'ils doivent …

Cet acte permet donc de confirmer le nom de Catherine Langlois détentrice de la ferme en 1519. Les recherches de la succession de la veuve Cahouet et du bail fait par Nicolas Day aux deux laboureurs Dupont et Feucher, sont restées infructueuses.

Signalons en 1550, Robert Feucher, laboureur demeurant à Quincampoix paroisse des Molières, et Marie Auger sa femme, lesquels font donation à Guillaume Guérinot, escholier estudiant en l'université de Paris, leur beau-frère et frère, du droit de douaire de Marie Auger sur les biens de son premier mari. Feucher a pris la place de Mathieu Pentecoste.

On retrouve les deux laboureurs deux ans après: “Guillaume Dupont et Robert Feucher, laboureurs demeurant en la paroisse des Molières prez Saint Clerc de Gometz, confessent avoir vendu à honorable homme Nicolas Day, procureur en la cour et Claude Cahouet sa femme, 10 lt de rente annuelle et perpétuelle, sur la moitié indivis de la maison, granches, estables, bergeries, pressoir, terre, prez de ladite ferme de Quiquepoy, appartenances et deppendances, les lieux comme ils se comportent, aux dits vendeurs appartenant au moyen de l'acquisition par eulx cy devant faite desdits Day et sa femme… lesdits vendeurs sont redevables envers ledit Day et sa femme de la somme de 2.000 lt que lesdits vendeurs doivent sur la moitié par indivis de ladite maison granches estables bergerye pressoir terre pré dudit lieu et ferme de Quincampoix par lettres faites et passées par deux protaires du chatelet de Paris le samedi 22 septembre 1546. A la fin de l'acte est mentionné: la vérité est que ladite somme de 120 livres tournois est la somme qu'ils doivent audit Day.

On en déduit qu'en 1549, la transaction était le rachat d'un bail à ferme et de rente fait à un laboureur et qu'elle portait sur une partie de la ferme de Quincampoix. L'héritier de Catherine Langlois récupère également les droits attachées au lieu de Quicampoix, notamment ceux des deux laboureurs . Nicolas Day, homme de loi et habitué aux procédures agit de même avec un couple habitant Craches (lieu voisin des Molières): Jehan Maulduit, laboureur demeurant à Craches, paroisse de Lymours, en son nom à cause de Robine Laurent sa femme, par avant femme de feu Jehan de la Voye, confesse debvoir à honorable homme , maistre Nicole Day,… la somme de 12 lt pour le rachat que ledit Maulduit a fait de 20 sols tournois de rente que ledit Day a droit de prendre et percepvoir par chacun an et qui ont été constitués auxdits Delavoye et Laurent par feu Katherine Langlois vefve de feu maistre Mathieu Bigot, de laquelle ledit Day est héritier sur: - un quartier et demy de terre assis au terroir des Molières au chantier nommé le poirier rond, - item sur demy arpent de pré , - et sur une maison court jardin au terroir de la Voye (proche Armenon) et moyennant ceste présente obligation, ledit Day cedde audit Maulduit les 20 st de rente moyennant un principal de 12 lt.

En 1552, Loys Chedon, marchand de layne, demeurant aux Mollières et Catherine Leger sa femme, font eschange et permutations avec Martin Joigny… les terres proches de la ferme de Quiquenpoix sont en censive de la damoiselle des Mollières. Les bâtiments de Quincampoix doivent permettre à plusieurs familles d'y habiter.

Quincampoix à Guillemette Hotman

Apparemment les héritiers normands de la branche “Cauchon” ne se sont pas souciés ni de leurs droits ni de leurs devoirs et pour éviter les problèmes ils décident en 1560, d'envoyer Nicolas Lebouracher, gendre de la veuve Jehanne de la Cochonnerye, à Paris pour réaliser la vente de la terre et seigneurie de Beufvilliers , les fiefs Aubouq, Quincampoix et de la Grange, leurs appartenances et deppendances, le tout assis en les paroisses de Saint-Jehan de Choisel et des Mollières. Il ne s'agit pas dans l'acte d'une vente mais d'un échange. L'autre partie, damoiselle Guillemette Hotman, veufve de feu noble homme Messire Jehan Letellier, en son vivant conseiller du roy en son Grand Conseil, grand rapporteur et correcteur en chancellerie de France et maistre des requestes de la Reyne, seigneur des Obrieulx, apporte 701 livres de rente rachetable.

En 1561 , Jehan Chantelou le jeune, marchand demeurant à Notre Dame des Champs les Paris, transporte à Guillaume Dupont, aussi marchand & laboureur demeurant aux Molières près Chevreuse, la ferme du vin vendu en gros, venant du village de Saint Rémy, appartenant au cédant pour ladite année par messire les esleuz de Paris, ce transport fait moyennant 10 lt. Nous retrouvons le marchand de Quincampoix.

Deux mois après son échange, la nouvelle dame de Bévilliers, très organisée, remplit ses devoirs pour le fief de Quicampoix qu'elle vient d'acquérir. Elle se rend à Paris, se transporte en la maison de Marguerite Leboucher rue de la Verrerie, à laquelle elle est venue pour porter les foy hommages et serment de fidélité qu'elle estoit tenue en partie en raison du fief de Quincampoix à ladite appartenant au moyen de l'acquisition par eschange qu'elle a fait le 31 may de Nicolas Lebouracher et sa femme, se portant fort de Jehanne de la Coschonnerye … tenu en foy et hommage de ladite Boucher à cause de sa seigneurie des Molières et outre icelle Hotman a offer de payer la somme de 100 sols tournois.

Seigneurs des Molières Claustre, Boucher, Fontaines

La vie continue, les seigneurs passent… En 1564, la seigneurie des Molières est partagée entre six héritiers. Nous n'avons pas retrouvé la succession de Marguerite Boucher, mais il est évident qu'un changement est intervenu aux Molières. En effet durant l'année 1564, Guillemette Hotman va trouver les nouveaux seigneurs des Molières: - Pierre de Fontaines, chanoine à qui elle présente foy et hommage pour un sixième de la seigneurie des Molières, - Jacques de Fontaines, pour raison du fief de Quincampoix, également pour un sixième, - enfin Nicolas de Fontaines, sieur des Mollières, pour un sixième de ladite terre et seigneurie. Ces informations sont sommaires et proviennent d'intitulés.

En 1570, une autre information du même type signale une sentence du Châtelet de Paris… Des recherches complémentaires nous apporterons peut-être le détail, le changement provient cette fois de la seigneurie des Molières qui a quitté la famille Claustre. Le nouvel arrivant n'est autre que l'ancien seigneur d'Ollainville, Jehan de la Rochette. Un intitulé nous apprend que Guillemette Hotman présente en 1571 ses hommages au nouveau seigneur des Molières.

En 1572, un aveu rendu par Jean de la Rochette, écuier, seigneur des Molières à Thomas de Balsac, seigneur baron châtelain de Gometz-le-Chastel, pour raison du fief des Molières, de Grignon, de Gizy, du Fay, de Quincampoix, Mallassis, Villetain, et Soligny, confirme l'arrivée des “de la Rochette”.

En cette année, toujours avec des informations indirectes, Martin Regnoust, un parisien, concierge des prisons de la Conciergerie à Paris a acquit une partie de la ferme de Quincampoix et a prêté des liquidités à Jacques Dupont fils de Guillaume Dupont (celui de 1549), qui possède l'autre partie. Evidemment ces sommes hypothèquent la ferme de Quincampoix. Plusieurs actes non retrouvés mentionnent ces obligations envers le concierge. Malheureusement, pour nous, ce qui arrive souvent pour des documents datant de cette période, la liasse est trop abîmée pour être examinée. Ne respectant pas ses engagements, Martin Renoust le fait saisir l'année suivante. Cette famille continue de s'endetter, deux ans après par une autre obligation. Enfin une troisième l'année suivante, et une quatrième six mois après. On arrive à ce que devait chercher le prêteur Regnoust, il fait saisir les portions d'héritages, meubles et grains trouvés tant dans les greniers de la ferme, que des fruits pendant par les racines, dudit Dupont. Pour régler le problème financier, Jacques Dupont, laboureur demeurant en la ferme de Quincampoix, paroisse des Molières prez Chevreuse, et Marie Gouyn sa femme, confessent avoir vendu à honorable homme Martin Renoust, concierge & garde des prisons de la conciergerie du Palais: - la moitié par indivis à Loys Gouyn appartenant de son propre, d'une espace d'une grande maison couverte de thuille en laquelle espace y a deux cheminées tant haut que bas avec la moitié de sept perches de jardin derrière ledit grand logis, venant de ses parents , assis dedans l'enclos de la ferme dudit Quincampoix tenant ladite maison d'un costé audit Renoust, d'autre costé au clos d'icelluy Renoust du costé des fossez d'un bout au chemin de la croix blanche à Cernay; - item la quarte partie d'une grange couverte de chaulme, assise en l'enclos dudit Quincampoix … le tout en la censive de la dame de Bevilliers . - deux vaches sous poil brun, - quatre grands cochons la vente faite pour 298 lt rabattus à 230 par l'obligation passée en 1572. L'acheteur a fait saisir les portions d'héritage, plusieurs meubles et grains trouvés dans les greniers de ladite ferme que fruits pendant par les racines, par Marin Massot, commissaire, laboureur demeurant en ladite ferme. Finalement ledit Regnoust devient propriétaire de l'ensemble de Quincampoix.

Entre temps en 1574, la suzeraine des lieux a retrouvé un quatrième seigneur des Molières en l'occurrence, Jehan le Thirad, ancien seigneur pour la sixième partie de la terre et seigneurie des Mollières et obtient de lui une quittance confirmant qu'elle a présenté ses devoirs.

Toujours la même année, Jehan de la Rochette, escuyer, seigneur des Molières, demeurant audit lieu des Molières prez Chevreuse, gentilhomme ordinaire de la maison du roy, tant en son nom que comme se faisiant fort de damoiselle Jehanne Prevost sa femme par laquelle il sera tenu de faire ratifier, transporte à honorable homme Martin Regnou, garde des prisons de la conciergerie du Palais, six arpens de terre assis au dit lieu des Molières au lieudit le grand champ tenant au seigneur des Molières d'autre part au chemin par lequel on va de saint Clerc de Gometz aux Molières, aboutissant d'un bout au chemin de Briis à Chevreuse, en la censive du seigneur des Molières, moyennant treize vingt dix livres .

Guillemette Hotman, dame de Bévilliers et de Quincampoix décède en 1577 laissant ses biens à ses enfants.

À suivre…

dagnot/chronique19.04.txt · Dernière modification: 2020/11/12 00:32 de bg