Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La seigneurie de Saint-Jean de Montfaucon (2)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _———————————– Février 2009

Saint-Jean de Beauregard sur la carte de Cassini.

JP. Dagnot

C. Julien

Nous présentons la seconde partie de l'histoire de la seigneurie de Saint-Jean de Beauregard (Essonne, cant. Montlhéry) autrefois nommé Saint-Jean de Montfaucon. Le changement de nom n'ayant eu lieu qu'en 1609 seulement, nous continuerons donc jusqu'à ce moment d'utiliser le nom primitif que l'on écrivait d'ailleurs « Montfaulcon » en conservant la racine latine « falco ».

Dans la première chronique, nous avons vu que, dès 1237, le chevalier Odo de Monte Falconis avait une maison (nous n'osons dire un château) et avait été autorisé par l'évêque de Paris à construire une chapelle dans son voisinage. Au XVIe siècle, la famille de Tournebeuf s'était installée à Montfaucon, fief ne disposant que de la basse et moyenne justice relevant du fief du Petit-Palaiseau, appelé « la Grange de Palaiseau » situé à Saint-Clair, paroisse de Gometz-le-Châtel. Le fief du Petit-Palaiseau appartient aux seigneurs successifs de Palaiseau jusqu'à la Révolution.

Thomas de Balsac

Devant le tabellion de Saint-Clair, le 8 octobre 1574, Thomas de Balsac, seigneur de Gometz-le-Châtel rend l'aveu de ses terres au Roy à cause de la grosse tour du Louvre et aussi du chastel de Montlhéry, venant de l'héritage et partage avec Guillaume de Balsac son frère. Dans la description de son domaine, l'étendue est précisément délimitée, et l'on peut lire « de la ferme de Tuilière allant le long du ruisseau qui est au dessous de la Brosse par au dessous des boys de Montfaucon allant jusqu'à la fontaine de Montfaulcon et d'icelle fontaine montant droit à une borne qui est plantée entre lesdites terres de la Granche aux Moynes aultrement dit La Boissière et de là, allant le long dudit chemin tendant de ladite Granche à Montfaucon et dudit Montfaulcon à Villehiers ledit Montfaulcon et moitié dudit Villehiers estant des membres de ladite chatellenie de Gommetz et dedans l'enclave d'icelle chatellenie de Gommetz-le-Chastel et de là aux Uslis estant des appartenances d'icelle châtellenie de Gommetz compris Villehiers qui se monte par an à la somme de 120 livres tournoys 21 poulles et 9 chappons portant lods et ventes …, - item ung moulin à vant que tient à présent à ferme Jehan Suzanne à deulx muyds de bled mousture mesure de Gommetz ».

Puis au chapitre suivant, nous lisons : Le seigneur de Harville tient dudit Balsac, arrière-fief du Roy, ung fief appelé Montfaulcon assis audit lieu de Montfaulcon, chastellenie dudit Gommetz, qui se consiste en : - ung hostel et manoir, granches, estables avecq les jardins et coullombier tout comme se comporte, - item 44 sols de menus cens ou environ à prendre par partie sur plusieurs héritages, - item 20 arpens de boys tenant audit hostel et à la chapelle de Montfaulcon, - item toutes les terres et appartenances dudit hostel assis depuis icelluy hostel en allant dudit lieu de Montfaulcon, droit audit Gommetz…, excepté 14 arpens que tiennent Charles Tournebeuf et Gabriel de Montireau, escuier (1).

De ce texte, important pour la compréhension de la suite, nous venons de voir que la baronnie de Gometz appartenant à Thomas de Balsac lui venait, depuis 1540, de sa tante Jeanne de Graville, épouse de René d'Illiers, fille de l'amiral de Graville. En 1529, nous trouvons un aveu de Fiacre de Harville, « escuyer seigneur de Palloiseau confesse et advoue tenir en fief en une seulle foy et hommage, un fief et ses appartenances assis audit Gommetz appellé le Petit-Paloiseau » dont dépend Montfaucon. D'autre part, deux familles se partagent la terre de Montfaucon : les Tournebeuf et les Montireau.

Un aveu donné en 1568 à Esprit de Harville par Charles de Tournebeuf, fils de défunt Benoît et de Barbe de Coquelet, précise que l'avouant est propriétaire de la moitié du manoir de Montfaucon et des dix seizièmes du domaine du fief (2).

Gabriel de Montireau

Lors de l'étude de la Grange-aux-Moines, nous avons appris que, profitant des troubles à la fin de la guerre de Cent ans, cette terre était « aux droicts des sieurs Cohaires et Montireau, qui dez l'an 1468, s'en estoient emparez au moyen d'un bail emphitéose ». Depuis, un des descendants Gabriel de Monthireau est nommé avec dame Françoise d'Augeul dans un acte du 30 septembre 1573.

En 1579, noble homme Gabriel de Montireau, seigneur de Frayse et de Montfaucon, demeurant audit Montfaucon, lequel confesse avoir transporté à honorable homme Claude de Lavoizier, procureur du roy et garde pour ledit seigneur du seal de la prévosté de Montlhéry, la somme de 67 escus sol, dues par Jehan Gauderon laboureur demeurant à la Grange-aux-Moines, par Pierre Bottier et Jehan Landry, laboureurs demeurant à Montfaucon. L'année suivante, des obligations sont adressées par Mathier Voysin, mandataire du seigneur pour les dettes de 40 escus par Robert Chasteau, boulanger de Montlhéry et 12 escus sol par Denis Tartalle, boucher de Montlhéry. Une nouvelle obligation datée du 10 mai 1580 nous apprend que le seigneur de Montfaucon est un homme très occupé et n'habite pas à Saint-Jean mais à Fraye. Il cède à Claude Lavoysier, procureur de Montlhéry, un muy de bled mestail bon grain loyal et marchand et 26 escus à prendre sur Jehan Landoyer, laboureur demeurant à la Boissière (3).

En 1581, notre noble homme Gabriel de Montireau vend la couppe de trente cinq arpents de bois situés à la Boissière, prez Montfaucon, le lieu est délimité par rapport à la fontaine, aux terres de Janvriis le tout moyennant cent écus d'or soleil; Jehan Landoyer, laboureur demeurant à la Granche-aux-Moynes est témoin à la rédaction de l'acte. Quelques mois après, notre châtelain nomme un procureur spécial pour le défendre, sur des litiges avec les religieux du prieuré Sainte-Catherine du Val-des-Escholiers qui ont des droits de rentes à prendre sur la ferme de la Granche-aux-Moynes, somme évaluée à 13 écus d'or par chaque an. Puis, le 19 novembre 1582, il constitue Jean Louvet son procureur en « comparution à l'assignation à luy donnée avec les religieux Chartreulx pour connaître quels deniers il devra aux religieux Sainte-Catherine du Val des Escolliers, pour la rente de treize escus ung tiers qu'ils ont droit de prendre par chacun an sur la terre et ferme de la Granche-aux-Moynes ».

Il nous semble que le seigneur de Montfaucon éprouve quelques difficultés pécuniaires. Après le contentieux avec le puissant prieuré parisien, les ennuis continuent ; nous trouvons un acte de vente rédigé le 28 novembre 1582. Demeurant à présent audit Montfaucon, Gabriel de Montireau vend 35 arpents de boys assis à la Boissière tenant au pré de la Fontaine, à raison de 10 écus d'or sol par arpent au sieur Michel, marchand de Montlhéry. Le lendemain, le fermier, Jehan Laudoyer, laboureur de la Granche-aux-Moynes (4) , renonce à son bail de ferme et moison fait par Gabriel Montireau et, pour sortir du bail, laisse fourages, grains, futures récoltes et ustancilles garnissant la ferme.

Le seigneur de Saint-Jean de Montfaucon décède au printemps 1586. Dans un acte du 25 août, nous trouvons noble dame Jacobie Destocart, veuve de Gabriel Montireau, seigneur de Frayse et Montfaucon. Cette dame règle quelques problèmes comme tutrice de ses enfants mineurs. Le 1er mars de l'année suivante « fut présente Damoiselle Jacobye Destocard, veuve de Gabriel de Montyreau, escuier, seigneur de Frayse et Montfaucon, demeurant audit Montfaucon, vend à Thomas Boutet marchand demeurant à Chastres, la couppe de quarante arpents de boys taillis assis en la vallée des Vaux… ».

Jehan Desroziers

La veuve se remarie peu de temps après avec Jehan Desroziers, écuyer de son état et seigneur de Gironville en Beauce (5). Ce mariage comme on le verra par la suite est surtout réalisé pour lui assurer une aide vu l'âge du prétendant. Le 17 juin 1587, se présentant devant la principale porte de la seigneurie de Montfaucon, François de Damas, escuyer, seigneur du fief appelé vulgairement le fief de la Salle assis au village de Saulx, s'adresse à Jehan Desroziers, escuyer, seigneur de Montfaucon pour luy porter les foys et hommages et serments de fidélités qu'il est tenu de faire à cause du dit fief mouvant de Montfaucon et se mettre en devoir de vassal…

Le seigneur de Montfaucon reçoit ses vassaux, mais doit rendre foy et hommage pour sa seigneurie relevant du Petit-Palaiseau. Le 5 septembre 1579, un aveu donné à Claude de Harville par Jean des Rosiers, écuyer, seigneur de Gironville en Beauce et de Montfaucon. Le parchemin mentionne divers articles dont : - le moulin à vent duquel la place et aysance contiennent demy arpent, tenant d'une part au grand chemin qui va dudit Montfaucon à Marcoussis, à plusieurs, et à la terre du curé de Montfaucon, - le fief de Villejust, après l'amiral de Graville, a appartenu à la grande-maîtresse, sa fille, puis à Thomas de Balsac, son petit-fils ; il appartient à Nicolas de Thou, évêque de Chartres, seigneur de Villebon, qui possède aussi le fief de Villiers-sous-Saulx, - le fief de Saint-Aubin appartient à Monsieur du Buisson, avocat au Parlement, - le fief de Saulx qui fut aux Ferrant, puis à Denis Rousseau, appartient à noble homme François de Damars.

Le début du règne d'Henri IV fut éprouvé par la guerre entre Ligueurs et Huguenots. Le seigneur de Montfaucon est accusé de porter les armes des ennemis du royaume. Une enquête est menée et un document du 6 avril 1593 porte divers témoignages au profit du sieur Desroziers. D'abord, c'est messire Porteau, conseiller du roy, sous-bailly en la prévosté de Montlhéry et damoiselle Jacqueline de Louant, son espouze qui supplient pour l'innocence de Desroziers, escuyer, seigneur de Montfaucon, et donnent « justification de son innocence porter les armes par ennemis lors de son retour en la ville de Lagny ». Les témoins certifient « il n'a bougé de sa maison de Montfaucon [à cause de] son incommodité d'aage et malladie ». Le sieur de Montfaucon est inquiété pour sa religion est ses actions. Un fonctionnaire royal, siégeant au château de Marcoussis, mène une enquête de police et convoque de nombreux témoins : - Hiérosme Le Maistre, au lieu de Bellejambe, dit que Desroziers habitait bien dans sa maison de Montfaucon pendant les années de trouble, - Jehan de la Roche, seigneur d'Ollainville, gouverneur au chasteau de Marcoussis, - Nicollas Troncon, prestre religieux, prieur au monastaire des Célestins, témoigne sur la réligion de Desroziers, - un autre frère Jacques, âgé de vingt-cinq ans, déclare qu'il a vu Monsieur Desrozières à Montfaucon, au chasteau de Marcoussis où estant ledit Desrozières avec les religieux, - au chasteau de Marcoussis, Jacques de la Rochette, ecuier, seigneur de la Roche Dollainville, commandant au chasteau de Marcoussis pour Monseigneur d'Entragues, aagé de soixante ans ou environ, a dit que le sieur Desroziers demeure en sa maison de Montfaucon…, en ladite maison il a été retenu au lit malade, - Philibert Richer marchand, réfugié au chasteau de Marcoussis, certifie que Desroziers fut résidant au lieu seigneurial de Montfaucon, disant qu'il seroit retenu en sa maison dudit Montfaucon, - François Roussel, prêtre curé de Saint-Jehan de Montfaucon, fait également une autre déposition, - Un nommé Lemercier dit qu'il est resté en sa chambre en sa maison de Montfaucon, mention de Lagny, religion catholique et romaine ; le sieur Desroziers est malade, - Edmé Rousseau, marchand de Montlhéry, déclare qu'il est de religion romaine, … en sa maison de Montfaucon, sous assistance médicale, - Loys Gourby, marchand demeurant en cette ville de Montlhéry, âgé de 51 ans, a dit que la bonne connaissance du sieur Desrozières, sieur de Saint-Jean de Montfaucon, dit que le sieur Desrozières n'a pas été en la ville de Lagny qui fut…., il n'a bougé de sa maison de Montfaucon et est resté au chasteau de Marcoussis, - Pierre Bourdeau, demeurant à Lynois, aagé de trente ans déclare que le sieur Desroziers et la veuve du sieur de Frayse n'étaient pas à Lagny lors de la reddition de la ville ; Desroziers est resté malade en sa maison de Montfaucon, et resté au chasteau de Marcoussis et après que les gens de guerres qui courraient le pays…, après ladite reddition de Lagny, il était malade, - Pierre Bourgeron, demeurant à Linois aagé de trente six ans, a dit avoir bonne connaissance du sieur Desroziers, depuis le reddition de la ville de Lagny, que ledit sieur Desroziers est resté en sa maison de Montfaucon, malade. - Thomas Lamotte, aagé de 26 ans, a baillé sa maison, … - Anthoine Desfroy, soldat, a fait les vendanges à Saint-Clerc, prez la chapelle Saint-Jean de Montfaucon, il a vu le sieur Desroziers qui sortait de sa maison de Montfaucon.

Il ne faisait pas bon être huguenot à cette époque et on voit également l'utilisation du château de Marcoussis comme lieu de refuge.

En juin 1599, la terre et seigneurie de Montfaucon est vendue par Jean Desrosiers et Jacobée d'Estocart, sa femme à Charles Pascal , conseiller du Roi en son Conseil d'Etat, et Marguerite Manessier. Un acte précise que, la terre était grevée d'une rente envers les héritiers de Charles de Tournebeuf et du sieur de Chézy, son gendre. Anthoine Le Roux avait vendu des droits au sieur Desroziers et à sa femme, mais la rente constituée pour payer leur acquisition n'avait pas été payée. Le cessionnaire de la créance d'Antoine Le Roux fit saisir la seigneurie de Montfaucon le 29 novembre 1603. C'est alors que s'engage une longue procédure comme la justice d'Ancien régime avait l'habitude de produire. La procédure connut de multiples rebondissements pour s'éteindre trois ans plus tard lors de la vente du domaine.

Revenons à la vente et à la description de l'habitat: - un corps d'hostel où il y a une salle basse et une chambre à costé, deulx chambres haultes et grenier au dessus, - item ung aultre corps d'hostel où il y a 4 chambres à feu, - entre les deux corps d'hostel y a cour pavée, à chaque coing y a un fort qui rend forte ladite maison & deffensive, - en sortant duquel corps d'hostel y a ung fossé plain d'eaue joignant lequel fossé y a une eaue partout, - item la bassecour ou y a colombier à pied, - plus y a 3 chambres à feu pour loger le fermier, … , suit la liste classique des bâtiments de la ferme, - en sortant par la grande porte de la basse court, il y a 3 arpents de pasture, au bout desquelles pastures y a ung moulin a vent, …, 120 arpents de terre, 120 de bois, …, plus 2 estangs au bas desdits bois,

Nous sommes loin du château actuel, mais plutôt en présence d'un petit domaine clos à fossés remplis d'eau.

Une quittance de profit de fief est donnée le 24 octobre 1602, par le seigneur de Montfaucon à Jacques Auguste de Thou pour le fief de Villejust, mais il y a erreur de seigneur.

Une vente de bois par le sieur de la Boissière a lieu le 1er mars 1605. Il s'agit d'Abel Bézée, sieur de la Boissière , valet de chambre ordinaire du roy demeurant audit lieu de la Boissière paroisse Saint-Jehan de Montfaucon, lequel avec honorable homme Jacques Bézée, son père, marchand et bourgeois de Paris, cèdent à Jehan Bourdon, marchand de Montlhéry, la couppe de 25 arpens de boys en une fois moyennant 320 livres. La semaine suivante « Jacques Bezée, honorable homme, bourgeois de Paris, demeurant rue de la Pierre au Poisson, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, ayant acquis par adjudication à titre de loyer la terre et seigneurie de Montfaucon , confesse avoir vendu à Jehan Bourdon, marchand de Montlhéry, la couppe de 25 arpents de boys taillis tenant à la muraille de la closture du jardin du lieu seigneurial qui va du jardin à l'église, cette vente moyennant la somme de troys cents livres tournois ».

Nicolas Le Lièvre

La terre et le fief de Saint-Jean de Montfaucon furent adjugés en 1606 à Messire Nicolas Le Lièvre, maître en la chambre des comptes à Paris pour 14.000 livres tournois. Le 15 mai 1609, un aveu fut rendu par Messire Nicolas Le Lièpvre, conseiller du roy et maistre ordinaire en sa chambre des Comptes « qui a acquis la terre et seigneurie de Saint-Jean de Montfaucon par sentence portant adjudication par décret des Requêtes du Palais ». Les devoirs féodaux de fidélité sont présentés à Claude de Harville. Ainsi les arrière-fiefs de Montfaucon comportent le fief de Villejust appartenant au président de Thou, seigneur de Villebon, ainsi que le fief de Villiers-sous-Saulx, celui de Saint-Aubin à Michel Dethellis, procureur en Parlement, seigneur de Saint-Aubin et celui de Saulx, à la veuve de François de Damars.

Dans un acte daté du 7 décembre 1610, le seigneur de Montfaucon précise « et depuis la délivrance du présent aveu je recognois avoir obtenu lettre du roy portant commutation du nom de Saint-Jehan de Montfaucon à celuy de Saint-Jehan de Beauregard conformément aux nouvelles lettres de sa dite Majesté ». La raison du changement de nom est simple : le nom de Montfaucon était tristement célèbre puisqu'il était associé au sinistre gibet de Paris. Le nouveau seigneur de Saint-Jean ne voulait pas être confondu avec ce lieu d'exécution.

François Dupoux et Claude Berthe

Malgré tout, le sieur Lelièvre ne fut pas un propriétaire paisible. Il lui fallut plaider le 27 août 1611 pour obtenir la confirmation de l'adjudication de 1606 devant le Parlement de Paris dont il obtint gain de cause. Il semble qu'étant fatigué de toutes ces actions de justice et n'ayant pas de postérité, il se dessaisit de sa terre et seigneurie de Saint-Jean de Beauregard. La vente fut réalisée le 20 février 1612 pour 1.000 livres de mauvaises rentes au principal de 20.000 livres au profit de François du Poux, avocat au Conseil privé du Roi, et à sa femme Claude Berthe. Un aveu est donné le 25 février à Claude de Harville par François Dupoux, avocat au Conseil du Roi, pour la terre et seigneurie de Saint-Jean de Beauregard.

Le 1er août 1619, le procureur de dame Jehanne Piedefer, veuve de feu Jacques de Damans, vivant escuyer sieur des Tournelles, et comme tutrice de Jacques Claude et Charlotte de Damas « se transporte devant le lieu seigneurial de Beauregard antiennement appelé la chapelle Saint-Jean de Montfaucon , en devoir de vassal pour le fief des Ferrau, assis audit Saulx près Longjumeau ».

En juin 1620, noble demoiselle Claude Berthe, espouze de Messire François Dupoux, conseiller du roy et advocat en son conseil, seigneur de Beauregard, fait un marché avec François Janot, masson en terre de Verville en Poitou, pour faire bastir en pierres sèches croisées le canal estant en le jardin dudit lieu de l'épaisseur de 14 pieds , revenant par bas en talus, par haut à deux pieds et demy, faire des esperons derrière lesdites murailles (dommage pas de dimensions hors tout).

Le 27 juillet 1631, François Dupoux, escuier, sieur de Saint-Jean de Beauregard vend à Arnoul Bourdon, marchand de Montlhéry, la couppe d'une pièce de hault bois au dessoubz du parterre canal et clos de ladite maison, … à la chaussée de l'etant, la vente faite moyennant 2.500 livres. Il est fait mention de l'allée allant de la maison dudit sieur à l'église.

En 1633, Claude Royer, jardinier demeurant à Janvris fait marché avec damoyselle Claude Berthe, espouse de Françoys Dupoux, escuier, sieur de Saint-Jean de Beauregard, estant de présent en son lieu seigneurial dudit Beauregard pour aménager le parc du château . Sont évoqués : « les prés, la chaussée de l'étang qui est vers La Brosse, la Fontaine de Saint-Jean, la chaussée de létant danbas qui est vers la Fontene Saint-Jehan ».

En 1635, François Dupoux, escuier, …, baille à titre de ferme, loyer et prix d'argent pour six ans, à Michel Jubin, marchant et laboureur demeurant audit Saint-Jehan de Beauregard, c'est à savoir « la terre et seigneurie de son lieu seigneurial dudit Beauregard, les droits seigneuriaux, censives autre terre labourable avec les logis, coulombier, prés, pastures, bois et taillis, clos, arbres fruitiers et jardin et tout se qu'il dépend de la seigneurie à la réservation faicte par ledit sieur de son grand corps de logis de ses grands bois, de son canal, moyennant 886 livres comprenant pour moitié la couppe des bois ».

Que se passe-t-il ? Il semble que les époux Dupoux se soient terriblement endettés par la reconstruction du château de Beauregard, par les travaux d'embellissement du parc et par les dépenses considérables dues à leur train de vie. Il restait également redevable d'une partie des rentes données à Nicolas Le Lièvre dont les héritiers avaient engagés des poursuites et faits de nouveau saisir le fief. Les historiens ont dit que François Du Poux avait été un familier de Concini, maréchal d'Ancre et favori de la régente Marie de Médicis. Du Poux était devenu lieutenant général de la prévôté de l'Hôtel et grand prévôt de France. Ainsi, un procès-verbal de saisie rédigé le 11 mars 1636, précise la constitution du domaine de Beauregard « constitué alors en une grande maison où il y a plusieurs bastiments et édifices couverts de thuiles ardoise et plomb, coulombier à pied dans la basse-court, pressoir, jardin, canal, vivier ou estang, réservoir, moulin, prés, pâturages, terres, cens, rentes… ».

À sa mort, François Du Poux laissa quatre héritières qui durent faire face aux nombreux créanciers de leur père. En 1637, les quatre sœurs Du Poux, dont une seule était mariée, cédèrent leurs droits à Jean Garnier pour 28.000 livres.

Jehan Garnier

Jehan Garnier exerçait les fonctions de maître de la garde robe de la reine d'Angleterre, Henriette-Marie de France, fille d'Henri IV, femme du roi Charles 1er. Ainsi, Garnier habitait Londres. Il devait cette charge à cause de sa femme Françoise de Montbodiat, nourrice puis première femme de chambre de la « petite Madame, sœur de Louis XIII ».

À peine propriétaire de Beauregard, Garnier termine la construction du château. Le 11 octobre 1637, un marché est passé avec Anthoine Le Clercq, maître couvreur à Paris, « pour la couverture de deux grands pavillons et du grand corps de logis du chasteau de Saint-Jean de Beauregard de la meilleure ardoise qui se trouvera et de la plus fine ».

L'aveu et dénombrement de la terre de Beauregard est présenté le 21 septembre 1637 à Elisabeth de Favier, veuve d'Antoine de Harville, tutrice de ses enfants mineurs, héritiers de leur grand-père Claude, par Jean Garnier, gentilhomme ordinaire de la reine d'Angleterre, « à qui la terre de Saint-Jean de Beauregard, ayant appartenu aux demoiselles Dupoux, a été adjugée par décret au Châtelet de Paris le 21 novembre 1637 et 8 avril 1639 par expédition sur parchemin délivrée par Gabriel Le Pescheur, tabellion juré au bourg de Saint-Clair ».

Les fiefs de Villejust et de Villiers-sous-Saulx sont détenus par le président de Novion, celui de Saint-Aubin par le sieur de Saint-Germain, procureur fiscal de Saint-Germain-des-Prés, celui de Saulx par les enfants du feu sieur Damars.

Deux ans plus tard, l'aveu du fief au seigneur de Palaiseau est renouvelé le 28 avril. Jehan Garnier, escuier, sieur de Saint-Jean de Beauregard, gentilhomme ordinaire de la reine d'Angleterre, demeurant à Paris rue Saint-Honoré, estant de présent audit Saint-Jean, advoue tenir, …, de haute et puissante dame Elizabeth de Favier, veuve de Anthoyne de Harville, marquis de Palaiseau, la terre et seigneurie de Saint-Jehan de Beauregard, autrement dit Montfaulcon, se consistant: - deux corps d'hostel bastis et édiffiés lesdits l'un devant et l'autre derrière avec ung corps de logis estant en la basse-court et entrée d'icelluy lieu seigneurial, - court haulte et basse, - colombier à pied au dedans de la principalle cour, - granges escurie estables et bergerye, le tout couvert d'ardoises et thuille, - pressoir, jardin planté en arbres fruitiers attenant de toute part audit lieu seigneurial, sur le chemin du lieu seigneurial à l'église, - droit de prison pour vingt-quatre heures, puis conduite à celle de Gommetz-le-Chastel, dit Saint-Clair - le droit de réédifier le moulin.

Le 5 octobre 1643, le sieur Divry, procureur de Jehan Garnier, escuier, seigneur de la terre de Saint-Jean de Beauregard « de en recognoissance de promesse allencontre de Messire Jacques Roulland, prestre de l'église dudit Saint-Jean deffendeur et défaillant pour une somme de 180 livres ».

Un autre acte de gestion est dressé le 4 octobre 1648 par Jehan Garnier, escuyer, sieur de la Chapelle Saint-Jean de Beauregard, gentilhomme ordinaire de la chambre de la Reyne d'Angleterre « estant de présent en ladite maison seigneuriale de la Chapelle , lequel a volontairement recongnu avoir vendu à Gilles Cordeau, marchand demeurant à Lynois, la couppe en une fois seulement de cents arpents de bois taillis situés aux environs de la maison seigneuriale… ».

Notes

(1) Gabriel de Montireau était marié à Jacobie Destocart dont il eut une fille prénommée Isabelle. Cette demoiselle avait été mariée à Abel Bézée, sieur de la Boissière, valet de chambre ordinaire du roi dont elle eut trois enfants : François, Jean et Geneviève. Devenue veuve, Isabelle de Montireau épousa Hiérome Ruelle, écuyer, sieur de la Boissière. Dans un acte de vente du XIXe siècle le notaire écrit « Gabriel de Montireau , seigneur de Friches ».

(2) En appliquant les règles de succession féodale de la coutume de Paris, cela signifie qu'il y avait sept héritiers.

(3) L'écu d'or soleil, autrefois dénommé « écu sol » était une monnaie qui avait été créée par Louis XI et valait 28 sols 4 deniers en 1461. Puis, la valeur de l'écu passa à 60 sols=3 livres (3,2 gr d'or fin) en 1577.

(4) Nous trouvons plusieurs orthographes pour ce fermier : Laudry, Laudoyer ou Laudre.

(5) Ce personnage porte parfois le nom de Jean Dives Bezard Desroziers.

6) Henriette-Marie de France (1609-1669) épousa le 13 juin 1625 Charles 1er Stuart, roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande. Ils eurent neuf enfants dont les rois Charles II et Jacques II. Lors de la guerre civile, en 1644, la reine d'Angleterre dut se réfugier à Paris où elle fut accueillie par sa belle-sœur la reine Anne d'Autriche.

à suivre …

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