Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le domaine de Saint-Jean de Beauregard (4)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _———————————– Février 2009

Extrait du plan napoléonien de Saint-Jean de Beauregard.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est le quatrième et dernier volet de l'histoire du domaine de Saint-Jean de Beauregard (Essonne, cant. Montlhéry). En octobre 1722, Pierre-Antoine de La Mouche, le second seigneur de Beauregard décède laissant le domaine à sa femme Françoise Pichon et à son fils aîné Antoine-Pierre, également conseiller au Parlement. Depuis un demi-siècle, la seigneurie de Beauregard était dans les mains de la famille de La Mouche dont les membres sont des gens de la noblesse de robe distingués par leur emploi et leurs alliances (1).

Antoine de La Mouche de Beauregard

En 1723, Françoise Marguerite Pichon renonce à la succession de son mari. La liquidation de cette succession a lieu deux ans après avec une convention signée par la veuve de La Mouche. En tant que nouveau propriétaire, Antoine de La Mouche s'attache à agrandir son domaine de Beauregard en faisant de nombreuses acquisitions dans les environs.

Le 15 septembre 1728, un aveu et dénombrement est donné au marquis de Pomponne par Antoine de La Mouche , seigneur de Beauregard, conseiller au Parlement. L'acte précise « Messire Pierre Antoine de la Mouche , chevalier, seigneur de Beauregard, Tuillières, demeurant à Paris rue des Blancs Manteaux, rend foy et hommage à Messire Nicolas Simon Arnaud de Pomponne, marquis de Palaiseau, époux de Constance de Harville, pour la terre et seigneurie de Saint-Jean consistant en hôtel ou manoir seigneurial, couvert d'ardoises, terrasse et parterre du costé de Marcoussis et deux corps de logis… ». Nous pouvons noter que cet aveu déclare 395 arpents de terre alors que celui donné en 1612 par François Du Poux n'en dénombrait que 215 arpents seulement et que Jean Garnier, en 1639, n'en avait avoué que 269. Les achats de la famille de La Mouche avaient été assez considérables !!

Marguerite Pichon décède le 7 novembre 1732. Un inventaire après décès est fait à Saint-Jean de Beauregard, ce qui nous donne l'occasion, une nouvelle fois, de connaître le château et ses dépendances « à la requeste de Pierre Antoine de La Mouche , demeurant à Paris rue des Blancs-Manteaux, et Jacques Denis son frère, auditeur en la Chambre des Comptes, demeurant en l'isle Notre-Dame quay d'Orléans, héritiers chacun par moitié de leur mère ». L'inventaire au château précise : - cuisine ayant vue sur la cour et le jardin, garde manger ayant vue sur jardin, office ayant vue sur jardin, - salle à manger, vue sur cour et jardin, grande salle ensuite vue sur cour et jardin, salle à costé, - chambre à costé vue sur parterre où couche seigneur, cabinet à costé - au bout du bâtiment cabinet vue sur parterre, petit cabinet à costé, - antichambre au premier, vue sur la cour, salle à costé occupée par la défunte, petit cabinet à costé vue sur le jardin, première chambre, garde robe à costé, seconde chambre, garde robe à costé, autre garde robe, - appartement à costé de la chapelle, cabinet à costé, chapelle, - antichambre au second étage vue sur cour, chambre du seigneur, cabinet à costé, chambre à costé vue sur le jardin, chambre de l'autre coté des greniers, vue sur le jardin, - antichambre attenant la chambre des filles, chambre des filles, chambre à costé, garde meuble, - chambre de domestique au troisième, autre chambre de domestique, - chambre au haut du grand escalier à main droite, petite chambre à costé, - chambre du cuisinier vue sur le jardin, chambre à costé, - fruitier, cuisine du fournil, chambre au dessus, - écurie, remise. Cet inventaire ressemble à la description de 1722 ; aucune modification n'a été apportée au château.

En 1733, Pierre-Antoine de La Mouche , …, ayant pris connaissance du testament de sa mère Marguerite Pichon, déclare qu'il s'abstient de la succession pour se tenir au legs universel par elle à luy fait. Trois jours après a lieu le partage de la succession Marguerite Pichon, veuve Pierre Antoine de La Mouche , seigneur de Beauregard « Pierre Antoine de la Mouche et Jacques Denis, son frère, conseiller du roy, auditeur ordinaire en sa Chambre des Comptes, demeurant à Paris, qüay d'Orléans isle Notre-Dame, paroisse Saint-Louis, ce dernier seul héritier de sa mère au moyen de la renonciation du 16 mai, procèdent au partage ». On peut noter que Thuillières est estimée à 34.000 livres , et qu'il y a une masse de 1.199.404 livres .

Le 6 novembre 1735, un acte fait mention de Messire Pierre Anthoine de la Mouche , chevalier, seigneur de Beauregard, conseiller du roy en sa cour de Parlement à Paris, demeurant rue des Blancs-Manteaux, paroisse Saint-Jean-en-Grève, de présent en son château de Beauregard, qui baille une maison à Villeziers à titre de rente annuelle au sieur Guillaume Mesnil.

En 1743, l'inventaire de Pierre de La Mouche a lieu « à la requeste de dame Françoise Marguerite Petit, veuve de Pierre Antoine de la Mouche , chevalier, seigneur de Beauregard, conseiller du roy en sa Cour de Parlement, demeurant à Paris rue des Blancs-Manteaux, paroisse Saint-Jean en Grève, commune en biens avec le deffunt ». Également par Antoine-Pierre, chevalier et Françoise Marguerite de la Mouche de Beauregard, mineurs émancipés, demeurant chez leur mère, héritiers pour moitié sauf le droit d'aînesse. L'inventaire commence rue des Blancs-Manteaux et huit jours plus tard au château de Beauregard, paroisse Saint-Jean, en présence du curé et du maître d'école : - première cave, sept pièces de cidre du cru (!!!), autre cave au-dessous, - étable dépendant de la basse cour, écurie du château, remises, écurie, laiterie, - cuisine au rez-de-chaussée de la cour, office ensuite, - salle à manger, salle du billard, chambre ensuite, cabinet de toilette à costé, garde robe à costé, cabinet du deffunt vue sur la cour, chambre à costé vue sur le parterre, cabinet à costé, autre chambre ensuite, - chambre en garde-meubles, deux chambres ensuite, - chapelle, 32 livres en valeur, - chambre au dessus de salle à manger, vue sur le jardin, autre chambre ensuite, deux garde robes, - chambre de domestique, de garde chasse, du cuisinier, - chambre au second étage vue sur le jardin, garde robe, 3 chambres ensuite, - deux chambres de domestique au troisième étage, sept couchettes suivent les récoltes, la vaisselle d'argent, - chambre du jardinier. De nombreux papiers dont les baux de Grivery, de Saint-Jean, et six sacs d'actes anciens sont laissés à la veuve Charon qui achètera la seigneurie. Antoine-Pierre, chevalier et Françoise-Marguerite resteront longtemps dans l'indivision. Antoine-Pierre devenu capitaine au régiment de Limousin resta célibataire et Françoise-Marguerite qui épousa Jérôme Nicolas Le Féron, seigneur de Louvres-en-Parisis, n'eut pas d'enfants.

La veuve Charon

L'acquisition de la terre et seigneurie est faite en 1760 par Madame Françoise Matagnon, veuve Laurent Charon, des héritiers bénéficiaires de Messire Pierre Antoine de Lamouche, par sentence de licitation rendue au Châtelet, au profit de Messire Cattet, procureur au Châtelet pour la veuve Mortier sur la veuve Charon. La vente est faite moyennant 201.000 livres .

Un document d'archive, nous apprend que le procureur de Françoise Marguerite de La Mouche , héritière pour moitié de son père, demeurant rue du Pont aux Choux, poursuit la vente et adjudication de la terre et seigneurie de Beauregard, ordonnée par sentence rendue au Châtelet le 13 février 1759, avec l'affiche : - le fief de Beauregard consistant en un grand et beau château bâti en grais et brique couvert d'ardoise composé d'un grand corps de logis et de quatre pavillons le tout formant 14 croisées de face, - ledit château est précédé d'une grande et belle avant-cour et d'une basse-cour où il y a toutes sortes de commodités écuries pour vingt chevaux, remises pour cinq voitures, et tout les logements nécessaires pour les domestiques avec une chapelle dans le château et dans la basse-cour un grand et magnifique colombier, jardin derrière en terrasse sur la croupe d'une montagne d'où l'on a une vue très étendue et très diversifiée; une terrasse très longue règne le long du château et d'une aisle de basse-cour qui joint ledit château parterre au-dessous d'une assez grande étendue, une belle allée de tilleuls au bout de la terrasse et un bel espalier bien planté, - plus le droit de moyenne et basse justice, de perçage et forage…

Puis, le 16 mai suivant, une adjudication venant de Pierre de la Mouche , héritier d'Antoine de la Mouche , concerne les fermes de la seigneurie. L'acquisition est faite par Cattel au profit de Françoise Matagon, veuve du sieur Laurent Charon, père (2).

À peine devenue propriétaire, les ennuis commencent pour la veuve Charron. Le 26 août 1761, une saisie réelle est faite à la requête de la veuve Mortier, pour défaut de paiement de dame Françoise Matagon, veuve Laurent Charon, des terres seigneurie de Saint-Jean de Beauregard , ferme de Saint-Jean, Villeziers, Grivery, Thuillières, Déchanterie. Le 24 mars 1764, un compte de liquidation du prix de terre et seigneurie est établi entre la dame Charron et le sieur de Beauregard avec retenue pour produire 150 livres de rente au curé de Beauregard.

Le fils Charron, prénommé Laurent comme son père à qui il avait succédé dans le charge très lucrative de Receveur des domaines de la Généralité de Paris, était devenu l'un des Fermiers Généraux de Louis XV. Le sieur Laurent II Charon engagea des embellissements et transformations notables au château de Saint-Jean de Beauregard. Il décède au château le 17 août 1769 et fut inhumé le lendemain dans le chœur de l'église, en présence de ses gendres, petits-fils ainsi que les curés et notables des environs. À cette époque le village dénombre 14 feux.

Un énorme dossier constitué le 16 octobre 1769 concerne l'inventaire après décès à la requête de dame Catherine Mortier veuve de Laurent Charon, écuyer, fermier général. Parmi les pièces, nous trouvons la description du colombier contenant 500 couples de pigeons et une orangerie comprenant douze orangers. À la fin du dossier, un mémoire des ouvrages de maçonnerie concerne les travaux faits au château par Lafond entrepreneur de bâtiments ensuite duquel est un écrit signé Delafond en date du 13 septembre 1766 par lequel le sieur donne quittance du règlement de ses ouvrages par Debeaumont, architecte. D'innombrables mémoires concernent les travaux de maçonnerie se montent à 164.459 livres 2 sols 6 deniers. Il est également fait mention d'une contestation au sujet de la construction. Un mémoire des ouvrages de charpenterie du château par Farge, maître Charpentier, pour 30.022 livres . Les mémoires de serrurerie, de menuiserie et de peinture s élèvent à 224.745 livres 5 sols 11 deniers sans compter le prix de la vitrerie et de la miroiterie. Les sommes dépensées sont nettement supérieures au prix d'acquisition du domaine avec ses 400 arpents de terre.

Le partage de la succession du sieur Charron est réglé en 1770 par maître Sibire, notaire. Le seigneur de Beauregard laissait une veuve, Catherine Marguerite Mortier et trois filles : Catherine Marguerite, mariée en 1756 à Claude Gilbert Geoffroy qui avait repris l'office de Receveur des domaines et des bois, Catherine Charlotte mariée en 1768 à François de Montholon, procureur général de la Chambre des Comptes, et Françoise Mélanie encore mineure. Pour parvenir à la liquidation de la succession, une expertise fut conduite par l'architecte Taboureur qui évalua le château et de la terre de Beauregard à 235.700 livres . La dame Charron reste patronne de Saint-Jean de Beauregard tandis que ses filles se partagent près d'un million et demi de livres en valeurs mobilières.

Le 14 février 1780, devant maître Brichard, notaire, a lieu une transaction entre le sieur Brionne et les héritiers Charon pour 110 arpents de terre.

Un aveu et dénombrement est donné le 25 août 1781 au prince de Condé, seigneur de Palaiseau, par Catherine-Marguerite Mortier, dame patronne de Saint-Jean de Beauregard, veuve de Laurent Charron, ancien receveur général des domaines et bois de la Généralité de Paris et fermier général, demeurant à Paris en son hôtel rue Saint-Avoise, s'est portée au palais Bourbon. Le fief lui appartient « au moyen de l'abandonnement qui lui en a été fait par l'acte de liquidation et partage des biens de la succession dudit feu sieur Charon, son mari, et de la communauté de biens qui avoit été entre eux, passé entre elle et ses enfants… ». Le fief avait été donné à Charron par sa mère, Françoise Matagon, veuve de Laurent Charron, ancien receveur général, sous le nom de laquelle il avait acquis le fief par sentence de licitation du Châtelet de Paris, rendue entre Jérôme-Nicolas Le Péron à cause de Françoise-Marguerite de La Mouche de Beauregard, sa femme, et Pierre-Antoine de La Mouche de Beauregard, capitaine au régiment de Limousin, seuls héritiers par bénéfice d'inventaire de Pierre-Antoine de La Mouche de Beauregard, conseiller au Parlement, leur père. Un plan du fief est annexé à l'acte « ainsy qu'il a été limité entre Madame la comtesse de Brionne et Madame Charon ». L'acte est signé : « Mortier et Charron ».

Nous trouvons, le 11 avril 1782, la comtesse de Brionne dans un procès concernant le four du Petit-Palaiseau, lui appartenant…, avec un droit sur l'église de Saint-Jean. Une lettre de Ladey, bailli de Marcoussis, datée du 1er févier 1787, demande l'office de greffier de Saint-Jean. Quelques jours plus tard, Jacques Susane, bailli de Saint-Jean, fait une information de moralité sur Nicolas Guézard, fermier de Saint-Jean, concernant l'office de procureur fiscal dudit Saint-Jean de Beauregard. Enfin, à la date du 7 février 1787, le registre d'audience du baillage de Saint-Jean mentionne qu'à la requête de la dame Charron, le sieur Susane fils remplace son père comme bailly, le sieur Ladey est greffier.

Peu de temps avant la Révolution française, la valeur moyenne de la taille levée à Saint-Jean-de-Beauregard était de 35 livres . Expliquons ce chiffre. Saint-Jean-de-Beauregard, paroisse de grosse culture de 42 feux, est composée à 75% de journaliers, de trois familles de couvreurs de chaume, du personnel du château et des laboureurs et domestiques des trois fermes. 87 % du territoire est propriété directe d'un seigneur laïc et de religieux cisterciens. La dame Catherine-Marguerite Mortier, veuve Laurent Charron, seigneur du lieu est propriétaire de deux fermes : Villeziers et Saint-Jean. L'abbaye des Vaux-de-Cernay est propriétaire de la ferme de la Grange-aux-Moines. Celles-ci sont baillées respectivement à Claude Paupe, à Nicolas Guézard, et à Jean-Claude Machelard. Le premier paie 192 livres de taille, le second 442 livres 14 sols, et le dernier 559 livres 10 sols. C'est-à-dire qu'à eux trois ils payent 83 % du montant total de la taille imposée à Saint-Jean-de-Beauregard. Les 3 fermiers soustraits, la moyenne par feu fiscal s'établit à 3 livres 11 sols. Nous sommes loin des 35 livres de moyenne par feu fiscal.

Madame Charron mourut le 25 avril 1790 en son hôtel parisien de la rue Saint-Avoie. L'actif que devait se partager les héritiers s'élevait à 1.237.536 livres 16 sols 2 deniers. Le château de Beauregard, avec ses meubles, avait été évalué par le sieur Petit, architecte juré, pour 504.000 livres .

Le comte de Murinais

L'inventaire après décès de Catherine Mortier , veuve Charron, fut dressé devant maître Fourchy qui effectua le partage des biens de la succession. Le château et les terres de Saint-Jean de Beauregard fut attribué à la fille cadette Françoise-Mélanie Charron qui avait épousé Antoine-Victor Augustin d'Auberjon, dit le comte de Murinais. Ce gentilhomme , issu d'une ancienne famille du Dauphiné, était né le 27 août 1731 à Murinais au pays du Grésivaudan (3).

Le comte de Murinais n'émigra pas. Il fut élu député suppléant de la noblesse aux Etats Généraux. Il devint rapidement titulaire en se plaçant dans le parti royaliste et votant alors contre toutes les innovations révolutionnaires, n'hésitant pas à attaquer Mirabeau, Philippe-Égalité et Robespierre. En mars 1797, il fut nommé député de la Seine au Conseil des Anciens et fut membre du « club de Clichy ». Il fut arrêté suite au coup d'Etat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) dirigé contre les royalistes et fut déporté immédiatement, sans autre forme de procès, en Guyane où il mourut le 3 décembre suivant.

Le comte de Murinais ne laissait qu'un héritier, son fils Pierre-Victor d'Auberjon, né le 1er mai 1773, qui recueillit de sa mère le château de Beauregard. Un acte de notoriété dressé par maître Glatigny et son confère, notaires à Paris le 14 juin 1813, après le décès Madame Françoise-Mélanie Charron, épouse d'Auberjon, établit que Pierre-Victor d'Auberjon, comte de Murinais est seul et unique héritier de sa mère. Le cadastre de 1826 mentionne une mutation, Daubergeon-Murinais, la veuve passe le domaine au sieur Pierre-Victor Daubergeon. Le comte de Murinais était officier supérieur des gardes du corps de Louis XVIII puis de Charles X.

En 1830, Pierre-Victor d'Auberjon, comte de Murinais, demeurant à Paris rue Neuve de la Ferme , mandate Jean-Baptiste Brigandet, son concierge demeurant au château de Beauregard pour régir et administrer la terre de Beauregard, grosse délégation !!

Sentant sa fin venir, le comte de Murinais rédige son testament quatre ans plus tard en instituant sa femme usufruitière comme légataire de son mari et la nue propriété par acquisition d'Antoine François d'Auberjon, marquis de Murinais qui lui était échu par legs. Le comte de Murinais décède le 28 août 1834 à Saint-Jean Jean de Beauregard. Il n'a pas d'héritier, seule sa femme, la demoiselle Marie-Aglaé de Beaufort, possède les biens en communauté.

Le domaine de Beauregard revient alors à son plus proche parent, son neveu à la mode de Bretagne, Antoine-Charles François d'Auberjon, petit-fils d'un de ses oncles, François Louis de Murinais. Le 7 avril 1835, la vente par Antoine d'Auberjon est faite à la veuve du comte de Murinais .

En 1867, la comtesse de Murinais dépose son testament qui comporte divers legs mais pas la terre de Saint-Jean de Beauregard. « J'institue pour mon légataire universel, Monsieur Augustin Paulin Quatre-Sols de Marolles, juge de paix du quinzième arrondissement auquel je donne et lègue tous mes biens fonciers et immobiliers au moment de mon décès. Désirant que le château de Beauregard et ses dépendances, le parc compris, reste dans la famille de mon légataire universel, j'exige qu'il ne vende cet immeuble que dans le cas où une circonstance impérieuse pourrait l'y forcer ». Suivent des legs ne concernant pas Saint-Jean excepté 1.000 francs pour le portier de Beauregard et 2.000 francs pour le régisseur, 1.000 francs pour le jardinier, 3.000 francs aux plus nécessiteux de Saint-Jean « uniquement en bled ou farine, vêtements, loyers ». Madame la comtesse ajoute : « Je désire être enterrée à Beauregard à la place que je me suis réservée dans le cimetière, près de celle de mon cher mari. Fait le 21 octobre 1866. Marie-Aglaé de Beaufort comtesse de Murinais ».

Le 6 février 1867, un banquier et le baron de Morand déclarent que Marie-Aglaé de Beaufort comtesse de Murinais, veuve de Pierre-Victor d'Auberjon, comte de Murinais, n'a laissé aucun ascendant ni descendant ayant droit à une réserve et que rien ne s'oppose à l'exécution du legs universel à Augustin Paulin Quatresols…

La comtesse Caraman

Le château de Beauregard resta inoccupé pendant de longues années, subissant les outrages des ans. C'est un bâtiment délabré qui s'offre à la vue en 1878. Finalement, Augustin Paulin Quatre-Sols de Marolles, décide de se séparer du domaine. La vente est réalisée le 11 mars 1878 au profit de la comtesse de Casanova-Caraman (4). Les intervenants sont « Augustin Paulin Quatre-Solz de Marolles, propriétaire ancien magistrat et Caroline Adélaïde Louise Angenoust de Romaine, demeurants à Paris rue du Cherche-Midi, numéro 44, lesquels ont vendu à Marie-Adéle Henriette Arrighi de Casanova de Padoue, comtesse de Caraman, épouse de Georges Ernest Maurice de Riquet, comte de Caraman, propriétaire, demeurant avenue Montaigne ». Cet acte nous donne une description très détaillée du domaine « pour servir de remploi, la terre de Beauregard sur Saint-Jean, Gometz-le-Châtel, Gometz-la-Ville, Janvry et Marcoussis, composé de: 1°) château et dépendances , consiste en: - un principal corps de bâtiments, rez-de-chaussée et deux étages mansardés avec combles, - deux pavillons de chaque côté dito central, deux autres rez-de-chaussée et premier étage avec combles, le tout couvert en ardoises, distribué en salon, salle à manger, offices au rez-de-chaussée, chambres de maître au premier étage, chambres de domestiques au second,. - devant le château vers l'ouest cour d'honneur, vers l'est perron dominant la vallée de Marcoussis, - deux bâtiments parallèles forment les communs avec colombier au bout des bâtiments, - deux jardins potagers clos de murs et saut de loups, - au midi orangerie, glacière, pavillon à l'italienne, formant le logement du garde, - également grand verger, ancienne ferme du presbytère avec maison sur cave, grange, - l'église ou chapelle de Saint-Jean avec le cimetière, dont la commune a la jouissance à perpétuité. Le tout cadastré C15 à 46 d'une contenance de 20 hectares , 2°) maisons à Saint-Jean : la maison bourgeoise des sœurs composée de six pièces, cadastrée C51-52-53-54 pour 3 hectares , 3°) la ferme de la Grange-aux -Moines , cadastrée B1 à 15-18-27-33 à 41, A 241 à 243 pour 117 hectares , 4°) la ferme de Grivery, située à Gometz-le-Châtel, pour 174 hectares , 5°) la ferme de Villeziers d'une contenance de 181 hectares et des bois.

Un bail de chasse est passé en 1878 par le comte de Caraman au duc de Padoue. « Georges Ernest Maurice de Riquet, comte de Caraman, propriétaire, demeurant rue Montaigne, résidant au château de Beauregard afferme pour 3, 6, 9 ans à Ernest-Louis Henri Hyacinthe Arrighi de Casanova, duc de Padoue, propriétaire demeurant rue de Courcelles en ce moment en son château de Courson, le droit de chasse sur 160 hectares de bois appartenant à la comtesse de Caraman sur Bruyères et Ollainville, tenant au nord au baron de Bully, au midi à la route d'Arpajon à Limours, à l'ouest au domaine de la Forêt suivant le plan dressé le 17 juillet ». Le loyer annuel se monte à 1.200 frs (chronique à venir sur le château de Bruyères).

En 1879, le cadastre mentionne une mutation faite à Georges Ernest Maurice Riquet, comte de Caraman. Le 10 avril 1895, le régisseur mandataire de Georges-Ernest de Riquet, comte de Caraman, conseiller général du canton de Limours et son épouse, demeurant au château de Beauregard, vend à Martial Grandchamps, entrepreneur de travaux publics, demeurant à Châtillon, un terrain de 4.300 m2 à la Grange-aux -Moines tenant au ruisseau des Vaux, cadastré B3.

En 1897, des cessions de droits sont faites entre Henriette Arrighi de Casanova, comtesse de Caraman et Alice de la Baume , propriétaire au château de Marcoussis. Le plan annexé présente l'intérêt de montrer la Sallemouille et un ruisseau y aboutissant (Vaularon).

Notes

(1) En 1686 la famille de La Mouche avait un hôtel à Paris, rue Bertin Poirée dans la quartier Saint-Germain l'Auxerrois. Puis vers 1717, la famille habite l'île Saint-Louis, autrefois appelée « Isle Notre-Dame ». D'abord, rue Poultière (de nos jours rue Poulletier), près de l'église Saint-Louis, puis sur le quai Bourbon. L'un des frères habitait rue des Blancs-Manteaux derrière l'hôtel de Soubise, l'autre résidait quai d'Orléans en l'Isle Notre-Dame.

(2) Les Charron étaient originaires de l'Orléanais où leurs ancêtres avaient exercé diverses fonctions, telles celles de concierge de l'hôtel de ville d'Orléans ou de greffier civil de la prévôté. Laurent 1er Charron (1676-1751) avait épousé Françoise Matagnon le 23 novembre 1705, puis ayant acquis l'office de Receveur des domaines et bois de la Généralité de Paris, s'installa à Paris rue Sainte-Avoie. Les époux Charron n'eurent qu'un fils unique, nommé également Laurent.

(3) La famille de Murinais, distinguée par ses alliances et ses services, remontait à Humbert Auberjon (fin du XIIIe siècle). Guillaume Auberjon, damoiseau, rendit hommage en 1350 au comte de Valentinois pour tout ce qu'il possédait. Ennemond Bernard Auberjon, vivant en 1685, justifie sa noblesse depuis noble homme Pierre Auberjon, échanson du roi Charles VI en 1388 . Les armes : « d'or, à une bande d'azur, chargée de trois hauberts en cottes-d'arme de mailles d'argent, posés deux et un ».

(4) Il a été écrit que cette acquisition avait été faite par la comtesse Maurice de Caraman parce que son père, le second duc de Padoue, possédait le domaine voisin de Courson. Ce dernier laissa, en 1880, le siège de conseiller général du canton de Limours à son gendre.

dagnot/chronique27.02.txt · Dernière modification: 2020/11/12 03:00 de bg