Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn.l.gelier.1926a

Léonce Célier (1926)

Anomalie dans la date d'un acte du XIVe siècle

  • Un acte émané de l'abbé et du couvent de Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne, canton de Tournan) et contenant la déclaration des biens de cette abbaye, situés dans la châtellenie de Corbeil, est daté: “Lan mil CCC III.XX et trois, le venredi cinq jours en mars » (Arch. nat., P 50.1, n°XI.C.XXXIV). Tout à côté (n°XI.C.XXXV), l'aveu d'un petit fief tenu par le collège des Bons-Enfants au Mesnil (Seine-et-Oise, commune de Longpont, canton de Longjumeau) porte pour date: “Donné lan de grace mil CCC IIII.XX et trois, le dimenche VIe jour de mars.”
  • Les éléments chronologiques de ces deux pièces sont en désaccord. Ceux de la seconde sont conformes à notre comput: le 6 mars étant avant Pâques, l'acte a été rédigé en 1384 (nouveau style); le mois de décembre 1383 s'était terminé un jeudi; janvier 1384 a commencé un vendredi et février un lundi; mais, comme 1384 était bissextile, le dernier jour (29) de février s'est trouvé aussi un lundi, le 1er mars un mardi et donc le 6 mars un dimanche.
  • Comment alors expliquer la date de l'autre pièce? Le rédacteur a probablement oublié qu'il écrivait au cours d'une année bissextile: il a pris le 29 février pour un 1er mars et, par conséquent, le vendredi 4 pour un vendredi 5 mars.
  • On pourrait être tenté de voir là, au lieu d'une simple erreur, le résultat d'une méthode de comput: l'auteur de l'acte aurait regardé comme bissextile l'année 1384, telle qu'il la comptait, et, par conséquent, donné 29 jours au mois de février 1385 (n. st.). Cette hypothèse est peu vraisemblable, car le système qu'elle suppose aurait eu pour résultat de faire attribuer pendant onze mois, à tous les jours, y compris le jour de Pâques, un quantième variable avec le point de départ de l'année. Ainsi, pour ne pas sortir du moment où nos actes furent faits, les gens qui usaient du style de Noël auraient fêté la résurrection le 10 avril 1384, pendant que cette fête aurait porté la date du 11 avril pour ceux qui suivaient le style de Pâques; avec certaines rencontres des mois solaires et des lunaisons, le désaccord aurait pu porter non seulement sur le quantième, mais sur le jour même de la célébration, chose inadmissible. — Au reste, la seconde pièce citée plus haut témoigne éloquemment contre l'existence d'un pareil usage.
  • Tirons de ce petit fait la conclusion qu'il est toujours prudent de |238| vérifier avec soin tous les éléments chronologiques des actes, même s'ils ne présentent, à première vue, aucune difficulté d'interprétation.
  • L. Célier.

Archives

  • AN P/50.1/n°XI.C.XXXIV — Déclaration par l'abbé et le couvent de Chaumes-en-Brie (canton de Tournan, Seine-et-Marne) des biens de leur abbaye situés dans la châtellenie de Corbeil (vers le 4 mars 1384).
  • AN P/50.1/n°XI.C.XXXV — Aveu d'un petit fief tenu par le collège des Bons-Enfants au Mesnil (commune de Longpont, canton de Longjumeau) (6 mars 1384).

Bibliographie

hn.l.gelier.1926a.txt · Dernière modification: 2023/11/01 05:09 de bg