Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.dv.menager.1899

Désire-Victor Ménager

  • Transcription (qui reste encore à collationner sur l'original et à illustrer).

Commune de Mondeville

  • La première trace évidente de l'existence de Mondeville date du règne de Lothaire où l'on voit, en 980, Mondeville en Gâtinais de la châtellenie de Corbeil, obligé de bayer à l'église St Guénaud, de Corbeil, 12 septiers de blé, par ordonnance de Bouchard ou Burchard, comte de cette ville.
  • Mondeville a donc dû avoir pour premiers seigneurs les comtes de Corbeil. Sous le règne de Louis le Gros, le comté de Corbeil fut abandonné au roi avec compensation; alors les rois de France devinrent momentanément seigneurs de Mondeville. Dans un titre du 30 janvier 1406 on trouve, au Puits sauvage, un chemin appelé “Chemin du Roy” qui devint plus tard chemin de Melun et qui forme aujourd'hui une partie du chemin n°87. Ledit chemin doit en effet avoir une existence très ancienne car en le rétablissant, en 1857, on a retrouvé l'ancien blocage qui consistait en pierres placées à la main, le plus gros bout en haut.
  • Au commencement du XIVe siècle, Mondeville fut distrait du comté de Corbeil et donné à Bernard de Lévis, maréchal de Mirepoix qui l'aurait reçu comme dédommagement des pertes subies par sa famille lors de la guerre des Albigeois.
  • En 1385 la terre et seigneurie de Mondeville a été adjugée moyennant 504 livres tournois, et par décret du parlement, à l'hôtel Dieu de Paris, qui la conserve jusqu'en 1451, époque à laquelle les Dames de Port-Royal de l'ordre de Cîteaux en deviennent propriétaires.
  • Ce furent probablement les Dames de Port-Royal qui, pour indiquer les limites de leurs biens, firent planter les grosses bornes carrées que l'on voit encore aujourd'hui et portant les initiales: P.R.
  • Certaines parties du territoire ont conservé le nom desdites Dames auxquelles elles ont appartenu; c'est ainsi que l'on trouve actuellement, à l'Ouest, les Roches aux Dames et à l'Est, les Grouettes aux Dames.
  • Au XVe siècle, Mondeville se composait de six fermes:
  • Celle de Port-Royal qui a appartenu aux Dames jusqu'à la Révolution. Située sur la place communale, elle était flanquée de quatre tourelles qui en formaient les quatre angles, une galerie en forme de parapet se trouvait du côté du couchant sur toute la longueur, et un fossé s'étendait tout autour de la ferme pour en faire une sorte de place forte.
  • Il n'existe plus qu'une seule tourelle reproduite dans la photographie ci-dessous.
  • Les parapets ont complètement disparu mais il reste, au mur extérieur situé sur la rue de la Grande Roche des contreforts qui laissent supposer que les Dames de Port-Royal avaient une chapelle à l'intérieur de la ferme
  • La deuxième ferme était celle du Chalembier, située à l'est de l'église et qui a appartenu à la famille de Bizemont de 1450 à 1700 environ.
  • Elle s'étendait du Bout aux Noguets au chemin de la Croix rouge, en y comprenant la troisième ferme moins importante et qui s'appelait la Roche Corbeau.
  • Le Chalembier possédait une prison et une salle d'audience, des souterrains, percés dans le tuf, s'étendaient en diverses directions et pourraient bien avoir eu une issue dans l'une des tourelles de la première ferme.
  • Les Dames de Port-Royal ayant acheté les bâtiments du Chalembier les vendirent, au moment de la révolution, au sieur Yver, curé de Mondeville à cette époque, mais elles se réservèrent la prison et la salle d'audience.
  • Il faut dire en passant que ledit curé Yver était peu sympathique à la population. Le dimanche 11 avril 1790, il refuse de prêter serment à la constitution devant François Vidy, officier municipal, et en 1791 les habitants le destituent eux-mêmes, à cause de “son mauvais caractère de curé”.
  • En 1711, la ferme du Chalembier fut le théâtre d'un incendie des plus terribles. Par une imprudence de la fermière, le feu prit dans une grange pendant la nuit du 1er au 2 juillet. Le vent qui était du sud, jeta ce feu sur l'écurie et la bergerie avec une telle violence que les habitants assemblés n'osaient s'en approcher. Le fumier de la bergerie brûla jusqu'au 15 novembre suivant.
  • La quatrième ferme était celle de la Rapillotte, située dans la partie de Mondeville dite le Bout d'en Haut.
  • La cinquième, sise au Bout d'en Bas, était celle des Trois Pignons qui a eu pour principal seigneur Gaspard Pilliard.
  • La sixième était celle de la Garde, également au Bout d'en Bas. Il n'est resté aucun souvenir intéressant sur ces trois dernières fermes qui ont disparu avec les autres pour faire place à de modestes maisons d'habitation.
  • Au XVIe siècle, Mondeville avait un notaire et un juge qui rendait la justice au nom des Dames de Port-Royal. À 500 mètres environ du village, vers le sud-ouest, on remarque une éminence portant le nom de “Justice”. Peut-être y exécutait-on les arrêts des juges.
  • Enfin, à un kilomètre en se dirigeant vers le sud, se trouvait un château portant le titre de château de Mézières qui dépendait du bailliage de La Ferté-Aleps. En 1425 il était habité par François Antoine Ducarou, noble homme et page du Roi.
  • Une avenue partant du chemin du Grand Orme allait rejoindre le château; un parc de 8 hectares, attenant au dit château, a été arraché et 2 grilles, dont une donnant sur Mondeville et l'autre sur la route d'Étampes, ont été remplacées par des murs.
  • Il existait aussi un pressoir et un colombier qui ont été détruits.
  • En 1581 un de Bizemont, seigneur du Chalembier, avait épousé Anne Bâtard de Neufville de Villeroy et se trouva allié à la famille Ducarou qui s'éteignit avec Louise Charlotte Ducarou, dame de Mézières et veuve de Mr de Valcourt. Mézières fut alors donné à l'abbé Geouffre Pierre Joseph qui mourut en 1813. Depuis cette époque, la ferma a appartenu à différents particuliers, et les terres qui en dépendaient ont été morcelées.
  • À deux kilomètres de Mondeville se trouve le hameau de La Padôle qui ne compte plus que sept ménages mais qui a eu une plus grande importance, ainsi qu'en témoignent des ruines assez nombreuses. Il faisait autrefois partie des domaines du marquis de Villeroy dont les limites étaient indiquées, comme celles de Port-Royal, par de grosses bornes carrées. Quelques unes existent encore et portent les initiales D.V.
  • Au nord de Mondeville, au lieu dit “Les Mazures”, des traces d'habitation se faisaient aussi remarquer il y a quelques années. On a découvert les restes d'une cave, un pan de muraille de 2 mètres de long sur 0,40 m d'épaisseur. Il pourrait y avoir eu un monastère en cet endroit car la tradition nous parle du moine des Mazures.
  • À l'intérieur du village, sur un carrefour situé au “Bout d'en Haut” se trouve une croix en forme d'obélisque et portant, sur l'un des côtés, l'inscription suivante:
  • LD-PN — LOVYS D'IF ET — PERRINE NOGUET — SA FEMME ONT — DONNEE CESTE — CROIX EN L'AN — MVI.CXIIII. — PRIEZ DIEU — POUR EUX.
  • Ladite croix ayant eu besoin d'être réparée, des fouilles furent pratiquées dans l'espoir de découvrir les restes des donateurs, mais les recherches demeurèrent sans résultat, et c'est à tort que des ossements trouvés un peu plus loin furent apportés sous cette croix.
  • Mondeville a dû beaucoup souffrir pendant les guerres d'autrefois, car on a aussi découvert, dans les murs des vieilles habitations et dans les rues, des corps inhumés à fleur de terre. En 1881, un ouvrier carrier a trouvé des urnes funéraires qu'il a brisées par ignorance. Ces urnes renfermaient les restes de jeunes enfants.
  • L'église, située près de la place communale, a dû être bâtie en plusieurs fois. Le chœur et le clocher paraissent dater du XIIIe siècle, ainsi que la chapelle de la vierge qui forme bas-côté; quant à la nef, elle semble être du XVe siècle.
  • On prétend qu'il a dû exister, avant l'église et au même lieu, une chapelle et l'on a vu, jusqu'en 1861, époque à laquelle il est tombé, un pan de muraille formant l'un des côtés d'une grange et qui aurait fait partie de cette antique chapelle.
  • Les familles de Bizemont et Ducarou ont été enterrées dans la chapelle formant bas-côté de l'église actuelle. D'après une inscription dont quelques mots étaient encore lisibles en 1850, les restes de seigneurs de Mézières reposaient sous une pierre tombale portant gravés un guerrier, le casque et le haubert à ses pieds, l'épée au côté et sa dame près de lui.
  • Aujourd'hui, il ne reste plus trace de cette pierre qui a disparu dans les réparations faites à l'église.
  • Mondeville en Gâtinais était, en 1647, ainsi que nous le rapportent les Antiquités de Corbeil, “gros village et paroisse remplie de petite noblesse”. En 1710, il avait 71 feux; en 1855, 166 feux, soit 560 habitants et actuellement il ne compte plus que 430 habitants.
  • Cette diminution rapide de la population est motivée par la désertion des travaux agricoles, et il ne faut pas compter sur l'élément étranger pour repeupler Mondeville qui est dépourvu de toute industrie et trop éloigné des communications. Toutefois, il y a lieu d'espérer que, grâce à l'amélioration des procédés de culture, les habitants voyant augmenter leur bien-être, se trouveront encouragés à travailler ce sol si fertile que la routine leur faisait abandonner.
  • En ce qui concerne l'histoire de l'instruction dans la commune de Mondeville, nous ne pourrons guère remonter au-delà de la révolution, n'ayant pu trouver de documents qui puissent nous renseigner à ce sujet.
  • Cependant, les personnes âgées que nous avons consultées nous ont donné l'assurance qu'une école existait dans la commune au XVIIe et au XVIIIe siècle, elles nous ont même cité les noms de deux “maîtres d'école” de la seconde moitié de ce dernier siècle, un nommé Clopet (?), puis un sieur Delafosse. Nous avons en effet remarqué ces noms sur les registres des naissances, mariages, décès où ces maîtres sont souvent pris comme témoins et même nous avons constaté que, vers la fin du 17è siècle, les signatures deviennent plus nombreuses.
  • C'est ainsi que, sur un acte de mariage daté du 25 janvier 1688, nous en avons compté douze.
  • Ceci nous porte donc à croire qu'une école existait alors, mais il nous est impossible de donner aucune indication précise à cet égard.
  • La première délibération où il soit question d'école date du 29 avril 1702. Dans cette délibération, un sieur Étienne Lasnier est choisi pour maître d'école, et il y est dit : “Le maître sera tenu de commencer les écoles à huit heures et de sortir à 11 heures; puis de 1 heure jusqu'à 4 heures; de sonner l'entrée de l'école et la sortie.”
  • Étienne Lasnier donna l'instruction chez lui où il tenait en même temps un petit commerce d'épicerie.
  • À la date du 30 septembre 1792, nous trouvons une seconde délibération dans laquelle l'assemblée municipale demande à ériger “une école pour l'instruction des enfants dans une grange en mauvais état où le curé mettait ci-devant ses dîmes et actuellement ne servant à rien”; mais il ne fut pas donné suite au projet.
  • Notons en passant que peu après l'admission de Lasnier par la municipalité, un nommé Noguet ouvrit, par concurrence, dans un local lui appartenant, une autre école où il eut jusqu'à vingt élèves. Il mourut en 1811 et ne fut pas remplacé. Lasnier continua ses fonctions jusqu'en 1814 et eut pour successeur un sieur Colette qui n'exerça pas longtemps.
  • Vint ensuite Étienne Trouvé qui reçut les enfants, non pas chez lui, mais dans une grange dont il dut payer le loyer.
  • Peu après, il acheta une maison et s'y installa; mais comme l'espace était insuffisant et que la salle de classe était mal éclairée, il vendit cette maison et en acquit une plus spacieuse et exempte de communauté.
  • Étienne Trouvé passait pour un “bon maître d'école”, selon l'expression des gens du pays. Il eut jusqu'à soixante élèves en hiver. Les enfants de Boigny (hameau de Baulne), des Roches et d'Artolut (hameaux de Videlles) fréquentèrent pendant longtemps son école. Il n'était pas greffier de la municipalité et ne tenait pas les registres de l'état civil. Il cessa ses fonctions en 1841 et fut remplacé par Louis Peschard, pourvu du brevet de capacité du 3è degré et qui resta à Mondeville jusqu'en 1847. À cette date, nouvelle délibération de la municipalité par laquelle Georges Auguste Michaut, muni du brevet de capacité et précédemment instituteur à Brières-Les-Scellés, est admis comme “maître d'école” de la commune. Il démissionna en 1860.
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