Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Théodule Pinard (1864)

Histoire du canton de Longjumeau

  • HISTOIRE, ARCHÉOLOGIE, BIOGRAPHIE DU CANTON E LONGJUMEAU (SEINE-ET-OISE) |II|
  • L'arrondissement de Corbeil renferme quatre-vingt-treize communes, divisées en quatre cantons: Arpajon, Boissy-Saint-Léger, Corbeil et Longjumeau. Nous commençons par l'histoire du dernier.
  • On n 'a pas oublié le prospectus qui a précédé la publication de cette monographie. On nous fit alors beaucoup d'objections; la plus spécieuse, à laquelle nous dûmes nous rendre, fut de ne pas astreindre nos lecteurs à l'acquisition de tout l'ouvrage. On a aussi donné la préférence au texte sur les gravures et blasons. Notre volume est donc entièrement en dehors du prospectus. Cela nous a conduit à adopter un nouveau titre. Le primitif est inscrit en tête du verso de chaque page.
  • Si l'accueil fait à notre travail répond à notre courage de Bénédictin , nous ferons tout pour nous perfectionner encore.
  • CORBEIL. — TYPOGRAPHIE DE CRÉTÉ. |III|

  • HISTOIRE, ARCHÉOLOGIE, BIOGRAPHIE DU CANTON DE LONGJUMEAU
  • PAR M. PINARD, DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES
  • Diversité, c'est ma devise. LA FONTAINE.
  • À PARIS
  • CHEZ AUGUSTE DURAND, LIBRAIRE, RUE DES GRÈS - SORBONNE
  • * 1864 |IV-V|

LONGJUMEAU

  • Cette petite ville est le chef- lieu de son canton. Elle est agréablement posée, dans la riche vallée où coule l' Yvette qui y reçoit les eaux de la Morteau. Deparcieux nous apprend que l'Yvette est, en ce point, à 15 mètres au-dessus des tours de la cathédrale de Paris. Longjumeau est aussi traversé par le grand chemin de Paris à Orléans. La création des deux lignes de fer entre lesquelles il se trouve, presque à égale distance, lui a enlevé le passage incessant des diligences et du roulage; ils y entretenaient l'activité. Des omnibus transportent, plusieurs fois le jour, les voyageurs à Épinay, à Palaiseau, et vice versa. On compte 22 kilomètres de Longjumeau à Corbeil, et 28 à Versailles. Le dernier recensement de la population a donné le chiffre de 2,300 habitants.
  • Le savant et judicieux abbé Lebeuf 1) dit le nom de cette cité formé des débris de la langue latine usitée autrefois dans les Gaules, et ajoute qu'elle est le principe de la dénomination française. Noniumeau , dit- il, est le |2| diminutif de Noium. Le fait est prouvé par le cartulaire du prieuré de Longpont, monastère voisin. Le même document contient des actes des onzième et douzième siècles dans lesquels ce nom est écrit Non Geméllum, Noge

mellum; mot formé de deux racines barbares, Noio ou Noveo, et de Mellum , qui vient du Maël des Germains ou des Saxons, et signifie: Congregatio, conventus. Il ajoute encore: On a beaucoup d'exemples du changement de la lettre i, voyelle , en celle j , consonne, et de celle-ci en g. M. l'abbé Barranger, curé de Villeneuve-le-Roi, qui s'est occupé de nos étymologies, partage l'opinion de ce savant. Je vois, dit- il, à l'aurore du christianisme en Gaule, une colonie de religieux, armés de la prière, puis de la hache et de la bêche, défricher le sol boisé des Gaules, le fécondant de leurs sueurs et fondant nos bourgades! Noumeau conserve dans son nom, actuellement métamorphosé , l'une des plus belles et des plus pures gloires du catholicisme. Nous ajouterons que si saint Yon , apôtre du pays, n'a pas été le fondateur de Longjumeau, il y a tout au moins annoncé la parole du Christ. L 'historien précité dit encore: Nos rois de la première race ontdû tenir quelquefois leurs plaids publics en cet endroit; et il n 'y a nul empêchement que Nožomaellum n 'ait été le nom donnéà un lieu de prairies où la con vocation des plaids publics fut parfois fixée. C 'est , sans doute en mémoire de cela que Longjumeau et Chilly sont restés, sous la troisième race , dans le rang des terres du domaine royal. Au dix- septième siècle , nos Tois entretenaient à Longjumeau un lieutenant des IV. LONGJUMEAU. 3 plaisirs de Longboyuu; c'est le nom de la plaine élevée dans la direction de l'est. Un sieur Bourlon en était ti tulaire en 1661; nous en avons la preuve. M. J. F. Daniélo avait promis l'histoire de la petite cité , autrefois fermée de murs défendus par l’Yvette. L'annonce de son travail se trouve dans la biographie de Seine-et-Oise , due à M. Daniel ( Versailles , 1837 , in-8). L'auteur n'a pas tenu parole. Son Histoire de toutes les villes de France s'est bornée à la publication de l'Ancienne province de Champagne ( Paris, 1837 , in - 8 ). Mouthard - Effendi, officier supérieur du vice roi d'Égypte, a levé le plan de Longjumeau en 1830. Nous ne connaissons que l'exemplaire lithographié alors, et déposé à la Topographie de la Bibliothèque impériale. L'église paroissiale est dédiée à l’illustre saint Martin de Tours. Elle est orientée. C'est un monument des treizième et quatorzièmesiècles; les suivants sont venus y ajouter une pierre, un ornement. Cet édifice se compose de trois nefs terminées carrément et divisées par des colonnes monocylindriques. La voûte est d'une date plus récente; elle a dû être reconstruite après les guerres causées par le voisinage du château de Montlhéry; l'édi fice dominant de la petite cité devait nécessairement avoir plus à souffrir. La sculpture des chapiteaux , celle de plusieurs niches distribuées çà et là , présentent de curieux détails , de riches dentelles. Il en est de même au frontispice extérieur. Sa construction accuse le com mencement du quinzième siècle. Là aussi la décoration a eu à souffrir dans les temps que nous venons d'indiquer. – CORBEIL ET SES CANTONS. L 'apôtre de la Touraine a disparu de la niche qu'il y occupait; des fleurs de lis ont perdu leurs crochets. On espère la restauration de ce que le temps et les révolu tions ont détruit. Le zèle du pasteur n 'y fera pas défaut. SaintMartin reprendrait sa place. Deux autres niches également vides, seraientoccupées, l'une par saint Eloi , anciennement patron d 'un prieuré dontnous parlerons bientôt; l'autre, par saint Laurent, dont une dent était conservée dans la chapelle de la Maladrerie. Jadis , le cimetière entourait l' église. Une chose à remarquerdans la façade de ce monument, c'est la présence d 'une lan terne des morts; elle est entée sur l'éperon au nord. C 'était l'usage, au moyen âge, d 'élever de semblables fanaux dans les cimetières; ils étaient de formes di verses; on les éclairait certains jours de l'année. C 'était une invitation faite aux vivants de prier pour les morts. Les plus célèbres sont encore debout; on les trouve dans le Poitou, le Maine, la Normandie et l'Auvergne. La nôtre est d 'autant plus précieuse qu'elle est seule dans nos cantons; nous n 'en connaissonsmême pas d 'autres aux environs de Paris. On remarque encore ici, à l'in térieur et à l'extérieur du monument, une de ces bandes noires appelées Littre; elle rappelle également un ancien usage. Sa forme représente un lé de velours; son nom vient de Lista ou Listra , employé pour signifier une bordure. Tout seigneur ou patron d 'une église avait le droit de faire exécuter cette peinture funèbre sur la quelle il faisait blasonner ses armes. Les églises de Bal lainvilliers, Chilly, Villeneuve- le - Roi, dans le canton , portent encore la trace d 'une pareille ceinture. Ici, le IV. LONGJUMEAU. 5 blason du dehors est celui de la maison d'Effiat; au dedans , il est de celle de Mazarin. Celui-ci avait été re couvert d'une épaisse couche de badigeon. Il dut à cette circonstance, sans doute, de n'être pas détruit durant nos troubles civils. Le restaurateur intelligent du mo nument, M. l'abbé Laurent, curé de la paroisse , l'a fait remettre au jour. La fenêtre de l'abside est décorée d'une belle verrière: le patron de la paroisse y est représenté. La menuiserie de la tribune de l'orgue vient de l'église priorale de Saint-Éloi. Ici , la sacristie est remarquablement vaste; elle a ses parois garnies de boiseries; les panneaux sont occupés par des peintures sur toile où quelques traits de la vie de Jésus -Christ sont représentés. On y voit aussi saint Martin. Ces embellissements datent de 1745; ils ont été exécutés aux frais de l'abbé Berthe , alors titulaire de la cure. Un tableau de sainte Geneviève, dans la chapelle des fonts, n'est pas non plus sans mérite. La tour des cloches est au midi. On se demande pourquoi elle a été surélevée. Son toit autrefois en bâtière, a été rétabli en forme de pavillon , à la suite d'un orage pendant lequel la foudre l'incendia. Dans le cheur, se lisait jadis cette épitaphe: Cy gist messire FLORENTIN Nau, prêtre , prieur de Mons, et curé de cette paroisse de Longjumeau, qui, après l'avoir gou vernée trente - deux ans , décéda le 20 septembre 1677. Priez Dieu pour le repos de son âme. » Ce nom de Mon ne peut s'appliquer à l'annexe d'Athis, où il n'y eu! jamais d'église , ni par conséquent de bénéfice. On conservait dans cette église plusieurs ossements CORBEIL ET SES CANTONS. provenant des catacombes de Rome. Ils lui avaient été donnés par un capucin. Le nom qu'on leur a imposé, dit M. l'abbé Lebeuf, et le jour choisi pour en célébrer la fête , se lisent dans une estampe gravée en 1667, aux dépensde la confrérie érigée à cette occasion. Cemémo rial ne se retrouve plus. Nous lisonsdans l'Histoire de l'Église de France pen dant la révolution (t. III, p.483), publiée par M. l'abbé Jager: « Deux frères , MM. NATIVELLE , l'un vicaire d 'Argenteuil, l'autre de Longjumeau (celui- ci portait le prénom de JEAN-BAPTISTE , registres de la paroisse , son frère celui de Réné), étaient sur le point d ' échapper au massacre de l'Abbaye ( 2 septembre 1792); ils étaient réclamés par des citoyens de la rue de Bussy, où ils s 'étaient retirés après leur refus de serment. Leurs pro tecteurs s'étaient adressés au commissaire , en rendant un bontémoignage des deux ecclésiastiques. Le com missaire se laissa fléchir et leur promit leur délivance. Les exécuteurs y consentirent; mais au moment où ils partaient, on les arrêta en leur disant: « Un instant, Messieurs! Il nous faut le serment de la liberté et de l'égalité. » Les deux frères avaient déjà discuté ce serment et s' étaient convaincus qu 'on ne pouvait pas le prêter, quoique d 'autres ecclésiastiques fussent d 'un avis contraire. Ils répondirent donc qu 'ils aimaient mieux mourir que de faire ce serment. Faites vos ré flexions, leur dit le commissaire en les abandonnant à leurs médiateurs. Ceux - ci firent tous leurs efforts pour les persuader , mais sans succès. Les deux frères mar chèrentau martyre en voyant couler les larmes des ci IV. – LONGJUMEAU. toyens honnêtes qui étaient accourus pour les délivrer. Tous deux étaient prêtres du diocèse de Paris. Le vicaire de Longjumeau avait édifié cette paroisse pendant les quinze années qu 'il y résida. ) L 'archevêque de Paris avait la nomination à cette cure. Après la conclusion du concordat, Longjumeau et son canton ont été annexés au diocèse de Versailles. Nous citerons parmiles titulaires depuis cette époque: M. l'abbé Moreau , mort vicaire général du diocèse en 1830. Il était frère du président du tribunal de la Seine, tous deux ont laissé une mémoire vénérée. M. JEAN -NICOLAS DUMESNIL , auparavant à Soisy-sous Étioles. Lors des événements de 1830 , il donna asile , dans son presbytère, au baron CAPELLE , ministre des finances du roi Charles X. Celui- ci y demeura caché plusieurs jours. M. l'abbé LAURENT, dont on conserve le meilleur souvenir à Houilles et à Orçay, occupe cette cure depuis quinze ans à la satisfaction de tous. Longjumeau a eu sa maladrerie. Les seigneursdu lieu , ses fondateurs au treizième siècle ,en restèrent constam ment les patrons. Cet hôpital était hors des murs du bourg , sur la rive gauche de l’ Yvette, au lieu dit le Champtier Saint-Laurent, nom sous lequelil fut connu. Une dent de cet apôtre était conservée dans la chapelle. Les biens et revenusde la maladrerie furentréunis à ceux du prieuré Saint- Éloi, en 1745. Il ne reste rien des bâti ments, remplacés aujourd'hui par la maison de plai sance de M. Drouet. La chronique de Saint-Denis nous apprend que c' est dans cet hôpital de lépreux que se tint, à la prière du dominicain SIMON DE LANGRES, une CORBEIL ET SES CANTONS. conférence entre Édouard II d 'Angleterre, le duc de Lancastre, le connétable de Fresnes, le maréchal de Boucicault et les envoyés du pape, le 13 avril 1359. Cette réunion avait pour but d ' arrêter les ravages causés aux environs par les troupesdumonarque anglais. Il n ' y fut rien conclu. Bientôt, on le sait , le malheureux roi Jean devint prisonnier de l'Angleterre. On dutpourvoir à sa rançon, et dans la liste de ceux qui y contribuèrent en la prévôté de Montlhéry, se trouve inscrit: SIMON ROUSSEL, qualifié seigneur de Longjumel, Chailly, et Champlant (1 ). Le prieuré Saint- Eloi est plus rapproché de l' Yvette , cette petite rivière borde son enclos. Le catalogue général des archives de la France nous apprend que celles dudé partement sont en possession des titres de cette ancienne communauté, pour l' époque comprise entre 1185 et 1788. Il y a erreurdans ce premier millésime; l'abbé Le beuf s'esttrompé. Il dit à l'article de Chennevières- sur Marne: Le prieur de Longjumeau eut en cette paroisse au douzième siècle , par la cession que lui en fit l'abbaye Saint-Maur des Fossés , Medietatem Piscopi gurgitis , moyennant une redevance de 12 écus. Peut-être faut-il lire treizième siècle , puisqu 'il ne fait remonter lui-même la fondation de ce prieuré qu 'à l'an 1234 , et le Gallia · christiana (t. VII, coll. 854) en 1214. Ce document le dit de la paroisse de Chilly. JEAN DE DREUX , seigneur de Braine, Chilly et Longjumeau, et Alix , sa femme, com tesse deMâcon , en ont été les fondateurs; leurs descen (1) Mélanges de littérature et d 'histoire, recueillis par la Société des bibliophiles français; Paris, 1850, in - 12. C 'est le premier volume. IV. – LONGJUMEAU. dants ont été les constants bienfaiteurs de cette maison. Saint- Éloi est nommé le premier dans la nomenclature des biens appartenantaux religieux du Val Sainte-Cathe rine des Écoliers de Paris; c 'est de là que furent tirés les chanoines réguliersà qui les fondateurs en firentdon. Les chanoines de la congrégation de France y avaient été introduits , en 1662. Ceux-ci rebâtirent les lieux claustraux. JEAN COIFFIER RUZÉ D 'EFFIAT, alors prieur commendataire, les y aida; il orna et embellit aussi l'église. Cet abbé augmenta le nombre des prébendés de six nouveaux membres. Le clergé de cette commu nauté se trouvait considérablement réduit en 1790; il ne restait que trois chanoines. La maison d 'Effiat en possession de la seigneurie du lieu avait la collation des titres bénéficiaires; elle passa ensuite à leurs successeurs à ce titre. L 'église , originairement vaste , avait été détruite en partie dès l'an 1606. La révolution fit le reste. Nous avons vu arracher les dernières pierres. Cette visite nous fournit l' occasion d 'une notice publiée alors dans la Re vue Archéologique (VIe an. , 1 re p., p. 385). Le principal autel était décoré, depuis 1690, d 'un Christen marbre, cuvre du sculpteur MAGNIER. L 'autel et son retable ont seuls été portés à Chilly. Ils font le principal ornement de cette église. Le saint-sacrement reposait à Saint-Éloi , dans une suspense , suivant l'ancien usage, avant la pensée des tabernacles, dont on ne connaîtpas d ' exemple avant le dix - septième siècle. Il y avait en outre un autel dit des Trois-Maries, fondéet doté parPIERRE DE MANTES vers 1599 , à la suite d 'une guérison presque miracu 10 CORBEIL ET SES CANTONS. leuse. Cette fondation donna lieu à l' érection d 'une confrérie en l'honneur de Notre-Dame de Lorette, en cette église. L 'orgue qui s'y faisait entendre, avait été destiné à la chapelle de Versailles. Plusieursmonuments funèbres étaient encadrés dans le pavé. Nous emprun tons au Gallia christiana (t. VII , coll. 865 ), cette cita tion touchant le premier prieur de cette maison: Gal terius, prior vallis sancti Eligiï à priore S. Catharina Parisiensis institutus 1235. Obiit 1287. Hoc in Ecclesice choro prius quam renovaretur, decoratus epitaphio: Qui videt hunc lapidem , Gualterum noscat eidem Subdi, qui pridem prior esse solebat ibidem: Hic expers fastus, prudens, discretus, honestus, Carne fuit castus, animo pius, ore modestus. Salvet eum dominus, qui tempore mille trecento Sex septemqueminus illatus in hoc monumento. Cette épitaphe , on le voit, vient corroborer l'asser tion relative à la fondation du prieuré. Le Gallia chris-. tiana donne la chronologie des prieurs de Longjumeau; nous ne nous arrêterons qu 'aux principaux. Comment oublier THÉODORE ET NICOLAS DE BÈZE? Le premier n ' y résida pas longtemps. Il en partit en 1548 , et alla abju rer sa religion et embrasser la réforme, sous le nom de THIBAUT DE Mai. Doué des agréments de la figure , commede ceux de l'esprit , poëte brillant, Théodore suc céda dansGenève à l' austère Calvin , après avoir chanté la volupté commeCatulle, et la licence commePétrone! Il prétendait que Caton seul avait été plus grand que lui. Théodore de Bèze , né à Vézelay, le 24 juin 1519 , est mort presque nonagénaire , en 1605. Ses partisans l'appelèrent le Phénix de son siècle , titre sans nuldoute nou rer IV. - LONGJUMEAU. exagéré, mais du genre de ceux que l'on donnait alors aux érudits et aux hommes de lettres. NICOLAS DE BÈZE , son oncle, l'avait précédé à Saint-Éloi, dont il fut le dix -neuvième titulaire. Il a été , depuis , archidiacre d 'Étampes en l'église de Sens et conseiller au parle ment. Vézelay fut aussi sa patrie: il y naquit le 17 no vembre 1543. Le Gallia christiana fait erreur en disant 1532, puisqu'ilnous apprend qu'en 1542, il résigna son titre de prieur de Saint- Éloi à Théodore. Il a été inhu médans l'église Saint-Côme à Paris. Le patriarche du calvinisme consacra à son oncle trois épitaphes. Les armes de sa famille étaient peintes sur le vitrail d 'une · fenêtre de cette église. Elles étaient de gueules, à la fasce d 'or, chargée de trois roses d 'azur, accompagnées d 'une clef d 'argent en pointe. On connaît la fin tragique du malheureux marquis de CINQ-Mars. Il figure le vingt-huitième sur la liste chrono logiquedes prieurs de Saint- Éloi, et le millésime 1630. Henricus postea notus marchionis de Cinq Marsnomine, major equitis Franciæ præfectus Lugduni capite trunca tus est 12 decembris (Gallia christiana , coll. 867). Le Dic tionnaire de Moréri ( t. III ) a écrit le 12 septembre. Ce jeunemarquiseutbeaucoupde part aux bonnesgrâces du roi Louis XIII. Il avait beaucoup d 'esprit; était bien fait de sa personne; mais sa jeunesse et sa faveur l'em portèrent trop loin. Henri d 'Effiat était dans la vingt deuxième année de son âge. Il y aurait bien des choses à dire , et toutes choses déplorables , touchantes, sur cette vie tranchée sitôt. La prose et les vers , le ro man et l'histoire ont consacré leurs moyens à sa mé 12 CORBEIL ET SES CANTONS. moire. C'est en 1635 que JEAN , son frère, fut substitué à son titre de prieur commendataire. Il refusa l'arche vêché de Toulouse. SAINT- SIMON (v. ses Mémoires, t. III , p. 86 , édition Sautelet) , dit qu'il fit bien de décliner cet honneur, et ajoute: Ses meurs n'étaient pas irrépro chables! On sait qu'il devint aveugle vingt ans avant sa mort , et ne voulut pas le paraitre. L'abbé d'Effiat avait de l'esprit; sa conversation agréable savait mille choses. Il est mort à Paris , dans la nuit du 18 au 19 octobre 1698 , et a été inhumé dans l'église du prieuré , le 25 du même mois. Decessit Parisiis in Armamentario 18 octobris 1698. Sepultus 25. ejusdem mensis in ecclesia prioratus S.Eligü infra sanctuarium cum epitaphio se quenti quod insigniora ipsius facta commemorat, à quibus ideo recensendis abstinuimus (Gallia christiana): Hic jacet Illustrissimus D. D. Joannes Ruzsé d'Effiat Abbas sancti Saturnini Tolosensis Triumque Fontium, et hujus ecclesia Prior commendatorius. Vir familiæ splendore, formæ elegantia, Maturitate judicii, morum suavitate Præclarus, at religione, fide, Effusa in pauperes charitate longe præstantior. Quam dilexit decorem Domus Dei , Hujus altaris exquisita constructio , Totius pene reparatio et ornatus templi , Sex canonicorum ad divina peragenda Super addita institutio, æternum prædicabunt Tot aliisque meritis insignis Obiit anno ætatis 77. 1698 , die 18 octobris. In perpetuam sancti viri memoriam Hoc grati animi monumentum Cum lacrymis posuere canonici regulares Hujus ecclesiæ. Requiescat in pace. IV. – LONGJUMEAU. 13 Son successeur immédiat a été JOSEPH DE BEAUFORT docteur en théologie , supérieur de plusieurs commu nautés religieuses. Il résigna en 1711, et mourut à l'archevêché de Paris le 26 octobre 1714 (Mercure de France). On a de lui le récit des vertus et de la mort de madame la duchesse douairière de Noailles ( V. Sainte Geneviève), Châlons, 1698, in - 12; et un extrait de Pla ton, Paris , 1688, in -12. Nommonsencoreà ce titre: OLI VIER-FRANÇOIS DE FOURCY * d 'une famille alliée à la mai son d 'Effiat. Il a été abbé de Saint - Ambroise de Bour ges, et non de Trois - Fontaines , ainsi que le dit l'abbé Lebeuf (t. X , p. 96). Ce savant le confond avec l'abbé d 'Effiat. L 'abbé de Fourcy était chanoine de la cathé drale de Paris , et conseiller au parlement. Il est mort subitement, au château de Chilly , le 24 février 1717. Il ne faut pas non plus le confondre avec HENRI-BAL THASAR DE FOURcy , de la même famille ,mort abbé de SaintWandrille , le 24 avril 1754. JACQUES LE FÈVRE DE CAUMARTIN , chanoine régulier de la congrégation de France , ancien sous-prieur de cette communauté, en devint alors prieur commendataire, il est mort au mois de septembre 1719. On remarquait dans l'église de Saint- Éloi, la pierre tombale sous laquelle reposaient les restes de RAOUL LE CHEVRY, archidiacre de Paris, puis évêque d 'Évreux; mort en ce prieuré, l'an 1269. Il avait été l'un des bien faiteurs de la communauté , à laquelle il légua quatre vingt-dix arpents de terre, avec d 'autres biens (Lebeuf, * Armes: D 'azur, à l'aigle d 'or, au vol abaissé; au chef d 'argent chargé de trois tourteaux de gueules. CORBEIL ET SES CANTONS. t. X , p. 109). Il est probable que ces terres étaient dans le voisinage du prieuré. Il y avait une vigne , au terroir de Chennevières -sur -Marne et des serfs en cette paroisse; leur affranchissement fut accordé en 1450. Un autre bienfaiteur de cette maison a été ADAM DU Emis , curó de Longjumeau. Il lui donna douze arpents de terre , quelques vignes et une maison à Saussiel ( 1 ) , écart de Saulx-les-Chartreux. La demeure conventuelle a été transformée en une habitation particulière. M. Gallien , propriétaire actuel, vient de la rebâtir , les jardins sont dessinés à l'an glaise. À l'époque de la Restauration le Val Saint- Éloi, car c'est ainsi qu'on appelle ce domaine , fut acheté par le BARON DE LALIVE D’ÉPINAY , introducteur des ambas sadeurs , mort à Paris le 2 mai 1842. Son grand-père avait été fermier général. Il eut pour oncle , LaLIVE DE JUILLY ,et pour tante madamed’HOUDETOT, née Élisabeth Françoise - Sophie de Lalive de Bellegarde. Cette dame craignait de passer pour femme auteur. Après la mort de M. de Lalive , sa veuve continua à jouir de Saint Éloi. Elle y reçut souvent sa nièce , madame la mar QUISE DE FEZENSAC. La baronne de Lalive, née AUGUS TINE - AGATHE -Marie MASSON ( M.Borel d'Hauterive ajoute à son nom, celui de SAINT- AMAND, Annuaire de 1851 , p. 316) , était fille de Claude-Louis Masson , écuyer, conseiller secrétaire du roi; et de Marie- Françoise Radix; elle est morte à Saint- Éloi le 2 avril 1850 , ( 1 ) Histoire manuscrite du prieuré Sainte - Catherine du Val des Éco liers, p. 65, par le P. Quesnel, conservée à la Bibliothèque Sainte Geneviève. IV. LONGJUMEAU. 15 dans sa quatre -vingt-treizième année. Si l'on en croit la chronique , la première jeunesse de cette dame s'écoula au théâtre. Elle épousa , d'abord en 1776 , Charles Claude - Alexandre Taillepied * , chevalier, seigneur de la Garenne, à qui le titre de vicomte fut accordé , et aussi la charge d'introducteur des ambassadeurs. De ce mariage est né un fils. Il a écrit , Domitor , le Dompteur de l'air; aérostat dirigeable , Paris, 1852 , br. in- 8° de 28 pages; M. le vicomte de la Garenne , a aliéné la plus grande portion de ce domaine. Il s'est créé une modeste villa, sur le surplus. La malignité lui donne le nom d'Oculi, fils du bon saint Éloi. Plusieurs communautés religieuses avaient des biens à Longjumeau: le prieuré de Longpont; le chapitre de la métropole de Paris; l'abbaye de Saint-Maur des Fos sés; la commanderie de Saint-Jean de Latran , et les Chartreux de Paris. Les seigneurs de Longjumeau ont constamment été ceux de Chilly. Ces terres unies relevaient de la prévôté de Montlhéry. C'est à Chilly qu'ils ont toujours résidé. La Chenaye des Bois ( édit. in- 89) et l'Histoire des grands officiers de la couronne donnent la généalogie d'une famille qui en porta le nom. Elle commence à MICHEL GAILLARD , originaire du Blaisois , sieur de * Armes: D'azur, à trois croissants d'or: au chef aussi d'or , chargé de trois molettes à l'éperon de gueules. Devise: Aspera non terrent. Armes: Écartelé au 1 d'Orléans- d'Angoulême, qui est d'azur à trois fleurs de lis d'or; au lambel d'argent, à la barre de même, périe en abîme. Au 2 , de vilages, qui est un quatre de chiffre de sable au champ d'argent, au milieu duquel est un cæur. Au 3 , de Jarente Senas, qui est d'or au sautoir de gueules. Au 4 , de Gantès, qui est d'azur, au chef emmanché de quatre pièces d'or. Et sur le tout, de Gaillard de Longjumeau, qui est d'argent semé de CORBEIL ET SES CANTONS. Longjumeau, et Chailly ou Chilly, favori du roi Louis XI. Ce seigneur épousa successivementMARGUE RITE BERTELOT , et MARGUERITE BOURDIN , veuve deMacé Picot, notaire et secrétaire du roi; morte en 1501, inhumée dans l' église des Blancs-Manteaux à Paris (1). ll eut de cette dernière un fils; il porta aussile prénom de Michel. On sait qu'il épousa , en 1512 au château d 'Amboise SOUVERAINE D 'ANGOULÈME , sæur naturelle du roi François ler (2 ). À la faveur de ce mariage. le roi lui fit don du surplus des terres de Longjumeau et Chilly , que luiavait laissé en 1499, Louis d 'Armagnac, comte de Guise. Michel Gaillard Il est mort au château de Chilly , on n 'est pas d 'accord sur la date , les uns disent le 4 juillet , les autres le 15. Il faut aussi lire 1535 , et non 1531, comme le marque l'abbé Le beuf. Il a été inhumé dans l'église de Chilly. Son épouse lui survécut jusqu 'au 23 février 1551. Elle mourut également à Chilly. Ils laissèrent deux fils et une fille. DENIS , le Pieux, a été seigneur de Longjumeau et de Puteaux. Il eut de LOUISE DE SAINS (Alias Ber narde) , MICHEL III. Ce dernier épousa CLAUDINE DE LA (1) Recueil manuscrit des épitaphes des églises de Paris, t. III (biblio thèque de la ville , 1722, in - folio ). (2 ) Charles d 'Orléans, comte d 'Angoulême, cut de son commerce illégitime, avec Louise , fille du duc de Savoie: Jeanne , mariée à Jean de Longwy, seigneur deGivry , issu des comtes de Châlons sur-Marne; Madeleine, abessc de Saint- Auzony et Souveraine (Art de vérifier les dates , t. II, p. 387). trèfles de sinople , à deux T degueules en chel, et de deux papegeais aussi de sinople , affrontés au -dessous. C 'est l'écu de la maison de Longjumeau qui se voit au titre. IV. LONGJUMEAU. 17 FAYETTE Saint-Roman , petite - fille du maréchal de ce nom. La maison de Gaillard vendit les terres de Long jumeau et Chilly , à MARTIN RUSÉ (V. Chilly) , en 1596. Il est beaucoup parlé du dernier seigneur de la mai son de Longjumeau du nom de Gaillard , dans l'histoire des guerres de religion. Il était huguenot, et avait une maison à Paris , attenant le Pré aux clercs , où se te naient des assemblées. À la fin du dix -septième siècle , le siége épiscopal d'Apt était occupé par un Gaillard de Longjumeau. Moréri, son aumônier, lui dédia son Dictionnaire , en reconnaissance des recherches et maté riaux immenses qu'il lui devait, PIERRE - JOSEPH -LAU RENT GAILLARD DE LONGJUMEAU , conseiller en la cham bre des comptes et aides de Provence, amateur éclairé des beaux -arts, était artiste. Il a gravé plusieurs petites eaux - fortes. On a son portrait ouvre du graveur Bale chou. CÉSAR DE GAILLARD, l'un des descendants de la famille de Longjumeau, épousa au milieu du dernier siècle , Madeleine de Jarente , fille du baron de Senas. C'est à Chilly que nous continuons la liste des sei gneurs du pays. En 1568 , les confédérés envoyèrent à Longjumeau des plénipotentiaires pour traiter de la paix. Le cardinal de Châtillon et son conseil y représentèrent le parti protestant. Charles IX délégua ses pouvoirs à Gontant de Biron , maréchal de camp , et à de Mesmes, seigneur de Malassise , maître des requêtes. L'Angleterre et la Toscane furent représentées à ce congrès à titre de mé diateurs. L'édit de pacification de l'an 1563 , qui don nait aux réformés de si grands avantages, y fut rappelé 2 18 - CORBEIL ET SES CANTONS . sans aucune restriction de celui de Roussillon. La paix conclue à Longjumeau dans cette assemblée , fut ap pelée la paix Boiteuse , par allusion au baron de Biron qui était boiteux et au seigneur de Malassise. Ceux qui ne s' y fièrentpas, dit Le Laboureur, furent les plus ha biles. Cette trêve ne dura en effet que six mois. La Fronde eut aussi son épisode à Longjumeau. Nous en trouvons la preuve dans le titre de deux bro chures: La défaite d 'une partie de la cavalerie du ré giment de Corinthe (titre in -partibus du cardinal de Retz , coadjuteur de Paris), et de celui d'infanterie du duc de Bouillon au pont Antoni, et sur le chemin de Pa ris à Longjumeau avec la prise d 'un convoi de soixante charrettes chargées de farine. (Imprimé à Saint-Ger main -en -Laye, le 30 janvier 1649, in -4.) Et la Rela tion véritable de ce qui s'est passé au combat quise rendit mardi au matin , seizième février , entre Longjumeau et Huit -Sous à l’escorte du convoi (Paris , C. Morlot, 1649, in -4 ). Baillainvilliers a été démembré de Longjumeau et érigé en paroisse en 1265. Perron , l'auteur de l'Anas tase de Marcoussis; l'abbé Lebeuf après lui (t. IX , p. 283), nous apprennent qu'autrefois le clos voisin de l' église de Longjumeau était le siége du fief de Belle jambe , dont le titre fut transféré en 1378, par Guil laume de Bellejambe dans la seigneurie de Chevau ville en la vallée de Marcoussis. CLAUDE LE MAISTRE , d 'une famille originaire de Montlhéry, acheta le lieu et ancien manoir de Bellejambe, enclos de fossés, sis à Longjumeau , l'abandon datait déjà , puisqu 'il est dit IV. – LONGJUMEAU. 19 no M être en ruine. Le Maistre éprouva quelques difficultés pour conserver son acquisition. Le roi lui en fit don , cela coupa court à l'incident. Le Maistre ajouta à son nom celui de BELLEJAME, qui fut donné à cet ancien fief sur sa supplique , parce qu'il était, dit la tradition , mal jambé. L 'aubaine royale procura la noblesse à ses descendants (V. Montlhéry). La veuve de Claude Le Maistre jouissait encore de ce domaine en 1574. Ses héritiers en étaient encore en possession dans le cours du dix - huitième siècle. Avant la révolution , le territoire de Longjumeau était fort circonscrit: Chilly, Champlant, l'enserraient. Il a maintenant pour écarts: 1° le hameau de Balizy; nos géographes le divisent en grand et petit. Une com manderie de Malte semble avoir été le principe du pre mier. Sauval, dans l'analyse qu 'il fait des biensde cet or dre, l'appelle la ferme de Balaisis. La chapelle avait saint Jean pour patron. C ' était un édifice du treizième siècle. On n ' y voyait aucune tombe, et il n 'y avait pas de cimetière. Le grand prieur de l'ordre de Malte était qualifié seigneur de Balizy. Le fiefde Mauregard, sur le Rouillon , dépendait de cette seigneurie. Le seigneur laïc était au Petit-Balizy qui confinait la terre d 'Épinay. 2° Le hameau de Gravigny, à la rive gauche de l’ Y vette. Il était connu dès le treizième siècle. 3° Et la maison moderne qui borde la route départementale , et est connue sous le nom d 'ENGETHAL. Elle a été cons truite en 1822, on y a employé des sculptures prove nant de la démolition de l' église Notre- Dame de Cor beil. US 20 CORBEIL ET SES CANTONS . Longjumeau a vu naître des célébrités bien diverses. Nous citerons d 'abord deux hommes qui en portèrent le nom: 1° ANDRÉ DE LONGJUMEAU , célèbre dominicain. Il était très - versé dans les langues orientales. Le pape l'envoya travailler à la conversion des Tartares. Depuis , ce moine suivit saint Louis en Afrique, C 'est lui qui rapporta de Constantinople à Venise , ensuite en France, la sainte Couronne d 'épines. C 'était en 1239. Le saint roi se rendit à Sens, au -devant de la précieuse relique. On en conserve une portion à la métropole de Paris, elle lui vient de la Sainte- Chapelle du Palais. Le frère André partit une seconde fois pour l'Orient, en 1245. Trois religieux de son ordre l'accompagnaient. On n ' entendit plus parler de lui après l'an 1253. Il nous a laissé la lettre qu 'il adressa à saint Louis , et que le roi transmit à Blanche de Castille, sa mère; M. Abel Rémusat a réuni toutes les particularités relatives à sa mission , dans un travail qui a pour titre: Mémoire sur les relations politiques des princes chrétiens, et parti culièrement des rois de France, avec les empereurs mogols. Quétif n 'a pas oublié le frère André dans ses Annales des Frères- Prêcheurs. 2° PHILIPPE DE LONGJU MEAU , peut- être de la même famille que le précédent. Il a été sous- prieur de l' abbaye royale de Saint- Victor de Paris et est compté parmises plus célèbres chanoi nes. Il estmort dans cette communauté , le 20 novem bre 1380. (Lebeuf, t. X , p. 122.) Un autre dignitaire ecclésiastique, leur concitoyen , doit venir immédiate ment après. C 'est JACQUES COSSARD , chanoine de Pa ris , de Chartres et de Tournay, présidentau parlement IV. LONGJUMEAU. 21 de Paris , mort le 21 janvier 1370. On lisait sur sa sé pulture dans la cathédrale de Paris: Hic jacet vir magnæ conceptionis et prudentiæ magister Jacobus Cossart, oriundus de Longojumello diæcesis Parisiensis. Dans nos temps modernes, sont nés à Longjumeau: 1 ° NICOLAS -CHARLES SERINGE ,né le 1er décembre 1776. Son père y était contrôleur dans les aides. Ce savant naturaliste est mort à Lyon le 29 septembre 1858. Il était directeur du Jardin des Plantes et professeur à la Faculté des sciences de cette ville. Quérard ( 1 ) et Bourquelot ( 2) donnent le catalogue des ouvrages lais sés par M. Seringe, qui tous traitent de l'histoire natu relle. Il avait fait un long séjour en Suisse; ce qui lui a fait donner la qualification de naturaliste suisse par M. Quérard. Il ignorait certainement le lieu de sa nais sance. 2° JACQUES-FRANÇOIS ROGER *, né le 26 janvier 1787 , mort à Paris le 20 mai 1849. Il se destinait au barreau , les événements en firent un diplomate. Napoléon créa son père baron , en 1809 , avec transmission de ce titre. Sous la Restauration, le baron Roger fut envoyé au Séné gal , avec le double titre de commandant et d'adminis trateur; il y résida de 1822 à 1827. À son retour , le département du Loiret , où il avait de grandes pro priétés , l'envoya à la Chambre des députés. Il fit partie ( 1 ) La France littéraire, IX, p. 75. (2) Supplément à la France littéraire. * Armes: D'or, à l'acacia de sinople, terrassé de sable; la cîme adextrée et sénestrée de deux étoiles de gueules. 22 CORBEIL ET SES CANTONS. de l'Assemblée constituante en 1848. Les diverses phases de sa vie politique ont été appréciées dans une Notice biographique publiée par M. Saint-Maurice Cabany ( 1 ). Le baron Roger , officier de la Légion d'honneur, était membre de plusieurs sociétés savantes. Il a laissé: 1 ° Notice sur la découverte d'un emplacement de forges, de bains et d'autres ruines d'établissements romains , dans le département du Loiret; dans la collection des Mé moires de la Société des Antiquaires de France ( 2° série , tome ſer , p. 252). 2° Kélédor, histoire africaine; avec des notes sur la Sénégambie. Paris , 1829 , 2 vol. in- 12. Il y a deux éditions. 3° Recherches philosophiques sur la langue Ouolofe , suivies d'un vocabulaire. Paris, 1829 , gr. in-8°. 4 ° Fables sénégalaises, recueillies de l'Ouolofe, et mises en vers français, avec des notes descriptives , Paris , Didot , 1828 , in - 8 “. Monsieur le baron Roger n'a pas oublié les pauvres de Longju meau dans son testament. On a son portrait litho graphié. 3° JEAN-BAPTISTE FOURNIER, ancien commissaire des guerres , condamné à mort par le Tribunal révolution naire de Paris , le 8 thermidor an II ( 26 juillet 1794 ), comme conspirateur; exécuté le même jour. C'est L. Prud'homme qui nous l'apprend ( 2 ). Il était âgé de ; 65 ans. 4° Et T.-F. COLARD, ingénieur- mécanicien , indus ( 1 ) Paris, 1850, br. in-8° de 24 pages. (2) Dictionnaire des individus envoyés à la mort, judiciairement, révolutionnairement et contre -révolutionnairement, sous le règne de la Convention nationale; Paris, an V ( 1797 ) , 2 vol. in-8 °. IV. – LONGJUMEAU. 23 triel à grandes vues, dont les ateliers sont à Paris , quar tier de l'Observatoire. A Longjumeau sontmorts: 1° ROBERT DE LA MARCHE ou plutôt DE LA MARCK * , troisièmeduc de Bouillon , au mois d ' août 1537. Il était seigneur de Sédan de Florenges et chevalier des ordres du roi. Le maréchal de la Marck avait reçu le bâton de sa dignité en 1525. Il tomba malade dans l'hôtellerie des Trois - Rois, au retour d ' un voyage à Fontainebleau où il était allé rendre compte d 'une nouvelle victoire à François Ier, et y succomba. Ses entrailles ont été inhu mées dans l' église paroissiale; son caur porté dans l' église de Saint - Yved de Braine, et son corps à Saint Laurent de Sedan (1). Robert de la Marck a laissé sous le pseudonyme du jeune aventureux: l'Histoire des choses mémorables arrivées en France, en Italie et en Allemagne, de l'an 1503 à 1521. 2° SAVINIEN LOURS, né à Grandgermont (Loiret) le 18 octobre 1772, mort le 27 janvier 1848. Il fit toutes les guerres de la République et de l'Empire , où il par vint au grade de lieutenant- colonel. Il était officier de la Légion d 'honneur et chevalier de Saint-Louis. 3° HENRI-ANNE GRONDARD, prêtre du diocèse, né à Morangis, mort le 11 janvier 1853, à l'âgede 65 ans. Il a été longtemps curé de Saulx - les- Chartreux. X (1) Le P. Anselme, Histoire des grands officiers de la couronne , t. VII, p. 164. * Armes: D'or, à la fasce échiquetée d'argent, et de gueules, de trois traits; au lion issant de gueules, en chef. CORBEIL ET SES CANTONS. 4° ATHANASE -DÉSIRÉ- JOSEPH VERJUS, néà Lille (Nord) , mort le 2 août 1855 , à l'âge de 74 ans. Ce vieux soldat de la République et de l'Empire était chevalier de la Légion d 'honneur. A ces noms honorables, nous ajouterons celui d 'une damequi fut longtemps la providence du pays: Dame ALEXANDRINE DE PIERREPONT, vicomtesse de Charnailles, morte en Suisse le 22 septembre 1841, inhumée au cimetière du Montparnasse. Elle était pa rente de M. le comte Persigny, ministre de l'Intérieur. M. BÉNARD , successivement juge de paix des cantons de Chevreuse , Longjumeau (du 11 décembre 1835 au 24 mai 1844) et Limours, a publié sous le pseudonyme d 'ALBERT: Les cent et une charades de M. de Lignolles , mêlées de rien. Ce sont des critiques littéraires et poli tiques, en vers. Deux livraisons ont paru , ensemble 48 pages. (Paris, Ledoyen , 1837, in - 8°.) La date prouve que c'est à Longjumeau que ce magistrat prit double ment la plumë. Il y eut jadis un commerce considérable à Longjumeau. L ' Yvette y a - facilité l' établissement de plusieurs mégisseries et tanneries. Ces dernières y sont toujours en voie de prospérité. Une manufacture d 'apprêts de laine-mérinos ne s'est pas soutenue. L ' établissement des foires de Longjumeau remonte au seizième siècle. Michel Gaillard , seigneur du lieu , obtint du roi çois ſer la permission de les établir. L ' édit les fixa aux 24 juin et 21 décembre de chaque année. La dernière durait huit jours. Elles ont été transférées au lundi avant la Saint- Jean , et au jour de Saint- André. Depuis , IV. LONGJUMEAU . 25 on en a établi deux autres; elles arrivent le mercredi de la semaine sainte et le 29 septembre, jour de Saint Michel. Il se tient un marché le mercredi de chaque semaine. Une sentence de M. d'Argenson du 14 sep tembre 1716 ( in- 4°) fixa les droits à percevoir. On a aussi des arrêts du Conseil d'État , y relatifs, des 19 juillet 1729 et 25 septembre 1744.

ABLON.

Il y a en France deux communes dece nom. Celle - ci , la seconde dans le Calvados. Les plus anciens titres qui parlent d ’Ablon - sur- Seine, si joliment posé à la rive droite du fleuve, sont du treizième siècle. Il y est écrit en latin: Ablunum (écoulements d 'eau , localité arrosée par des sources abondantes); et en français: Ablun , dont on a fait par corruption Ablon. Si c'était Abluvium , dit M. l'abbé Lebeuf ( 1) , il serait incontestable que le nom de ce village vient de sa situation. Il est l'image d 'un indolent pêcheur; quelquesmaisonnettesdestinées à en abriter quelques- uns ont été ses commencements. Son territoire est un démembrement de celui d 'Athis. Ablon est un petit village tout propret, tout coquet. La voie ferrée d 'Orléans le traverse , la Seine le borde, cela ajoute au charme de ses habitations et le fait rechercher. Sa population s 'accroît chaque année. En 1726 , Doisy y marque 97 habitants; ce chiffre atteint aujourd'hui 344! Il dut son premier accroissementde population dans le dernier siècle , au dépôt des vins des tinés à la consommation de Paris , et au bureau fiscal dont cet établissement fut la conséquence. Un arrêt du (1) Histoire du diocèse de Paris, t. XII, p. 125. ABLON. 27 Conseil d 'État, du 27 mars 1731, permit aux fermiers des Aydes d ' établir dans les villes et paroisses d 'Arpa jon , Ablon , Villeneuve- Saint-Georges et Charenton , des bureaux où ceux qui conduisent vins , cidres et poirés, seront tenus de faire déclaration des boissons par eux voiturées, et prendre laissez -passer pour lescon duire à destination. Bercy , par sa proximité avec Paris, s'est emparé de cet entrepôt. Il n ' est resté à Ablon que ses caves… vides! Denos jours , M.Cholet y fit établir des Docks pour faire revivre cette industrie. Ses opéra tions n 'ontpas été constamment heureuses. L 'établisse ment n 'a pu se soutenir. Ablon est la seconde station du chemin de fer en quittant Paris, quatorze kilomètres sont parcourus à ce point. Elle avait originairement été établie à Villeneuve le - Roi, tout au moins sur son territoire, et à égale dis tance des deux Villeneuve. Cette voie devait occuper une tranchée dehuit mètres de profondeur, à son pas sage à Ablon. Les travaux en cours d 'exécution n 'avaient offert aucune difficulté sérieuse , lorsque le. coteau à la sortie du village se crevassa et vint combler les parties déblayées par des éboulements latéraux. Des bancs de terre glaise , dont la disposition toute particulière avait dù échapper aux investigations des ingénieurs, furent la cause de ce phénomènegéologique qui vint suspendre forcément les travaux et ajourner à quelquesmois l'ou verture de la voie. Ce tracé fut alors abandonné, et à l'aide d'une courbe plus forte , on put se dispenser de toute tranchée. Il y eut jadis à Ablon , un bac sur la Seine. Il facili 28 CORBEIL ET SES CANTONS. tait la communication des deux rives. La construction du pont suspendu de Villeneuve -Saint-Georges a amené sa suppression. Une rue du village en a retenu le nom; elle indique où il abordait. Il y a aussi le quai de la Baronie, le quai Magne et la rue Geuffron. Le premier indique un ancien fief dont l'emplacement est connu. Le second est le nom d'un ministre sans portefeuille, ancien ministre des finances. Le troisième, celui d'un avoué de Paris , ancien maire de la commune. Dès le treizième siècle , il y avait une chapelle à Ablon. L'éloignement de l'église d'Athis et la difficulté des chemins en nécessitèrent l'érection. Cet oratoire était sous le vocable de la Mère de Dieu , dans son Assomp tion. La présentation du chapelain appartenait au sei gneur du lieu. ANDRÉ , qualifié chapelain d'Ablon , est mentionné en 1238 , dans le cartulaire de l'abbaye de Notre- Dame des Champs, de Paris. Dans la suite , le prieur- cure d'Athis fut improprement appelé prieur ď Ablon. Cela ne dut arriver qu'après l'union de ce bénéfice au prieuré-curé d'Athis. L'acte est du 1er juillet 1683. Ce dignitaire officiait en personne, le jour de la fête patronale. Il y envoyait son vicaire le reste de l'an née. Ainsi se pratiquèrent les choses jusqu'en 1789. Cette chapelle était à l'angle du quai de la Baronie. Lors des crues de la Seine , elle était envahie par ses eaux. Elle était sans appendice et sans voûte; son plafond était en merrain. On l'a détruiteen 1841. L'église actuelle n'occupe pas le même emplacement. Ce n'est malheureusement pas un édifice , le plâtre en est le parement. En 1857 , on a ajouté le transsept. Elle ABLON a été bénite par l' évêque diocésain (Mgr Gros) le 13 octobre de la mêmeannée. Outre l'autel majeur dédié à la. sainte Vierge, il y en a deux autres; l'un sous le vcicable de saint Pierre, l'autre sous celui de sainte Ceatherine, patrons de monsieur et de madame Magne; ils en ont fait les frais. Par une coïncidence singulière , on les trouvait l'un et l'autre sous le même titre dans l'o ratoire primitif. Ils étaient dus à la piété de PIERRE MA IGRET et de CATHERINE LEBOIS , sa femme, bourgeois d 'A blon , qui firent aussi, en 1657, les fonds pour la célébration de quatorze saluts annuels en cette égli ise. Onrencontre , dans cette église , une pierre tombale éch appée à la destruction de l'ancienne chapelle. Ce moj aument funéraire du quinzième siècle est de petite dimension. On y a gravé au trait: un heaume, à tim bre conique, dont la visière est relevée et la crinière sur mor itée d 'une croix. Au-dessous du heaume, est l' écu pen(:hé du chevalier. Il est chargé d'un griffon. Quel était ce personnage? Le; chæur est décoré de quatre stalles , autrefois dans l'ancienne chapelle. C 'est unemenuiserie du dix huitième siècle. Le cimetière que nous avons vu rue Saint-Georges, a été transféré en 1841. Déjà il a fallu en doubler l'é tendu le. Les guerres de religion ont donné à Ablon une place dans l'histoire des pays qui environnent Paris. Là , fut établi en 1598 , l'un des trois temples accordés aux Calvin cistes de Paris , par l'édit de Nantes. Par lettres 30 CORBEIL ET SES CANTONS. patentes du 1er août 1606 , il fut transféré à Charenton. La tradition rapporte que celui- ci ne fut néanmoins d e truit que lors de la révocation de ce même édit. On le place dans les dépendances du château , dont la pla.ce au-devant de l'église , marque l'emplacement. Le bual letin de l'histoire du protestantisme français ( Paris, 1855 , in- 8° , 3me année, p. 435) renferme une carte partielle des environs de Paris où l'on donne la vue d'ensemble du pays entre Ablon , Charenton et Pari s. Pendant le court espace de temps que nous ven ons d'indiquer, un certain nombre de familles, des prêt res , des religieux de tous les ordres, vinrent abjurer la i “eli gion de leurs pères dans le temple d'Ablon. Le Jou rnal de l’Estoile , nous apprend que BERTRAND D'Avig: son , seigneur de Souvigné , pasteur de l'église réformét; de Rennes , après avoir été dix -sept ans cordelier, abju ra à Ablon. On a souvent entendu dans ce prêche la pe role du célèbre théologien PIERRE DUMOULIN. On sait que ce savant docteur revint au catholicisme. Il app arte nait à une famille noble de l'Isle de France. Elle a fourni à l'Église catholique plusieurs hauts dignita ires; et à celle protestante une suite d'écrivains émin ents. On rencontre parmi les Mazarinades , une bror hure contre Pierre Dumoulin; elle a pour titre: Torre nt de feu sortant de la face de Dieu , pour desseicher les ea xux de Matta, encloses dans la chaussée du moulin d'Abl on , où est amplementprouvé le purgatoire ( Paris , 1605 , i n- 8° ). L'auteur est J. SUARÉS. Le pasteur LEBRET était appelé l’Imprimeur d'Ablon. Le Journal de l'Estoile donne une suite de faits qui ont trait à l'histoire de cette ABLON. 31 VIL petite commune. On y lit sous la date du dimanche 24 août 1603: « FREGENVILLE (d ' autres écrivent FREGE VILLE, ministre calviniste , passa l’eau à Choisy, pour aller prêcher à Ablon; il fit une chute dans la Seine et se noya. Il le fallut porter à Ablon pour l'enterrer, parce que ceux de Choisy , à cause de la religion , lui refusèrent la terre pour sépulture. Il était hommede bien , fidèle et loyal, à toute épreuve, qui était cause que je l'aimais; il avait aussi beaucoup de bonnes lettres.) A cette époque, SULLY possédait le château d'Ablon, tout au moins, il y avait une maison de campagne. On prétend que la tourelle encore debout et le corps de bâtiment qui s 'y rattache, sont des restes du manoir de Sully. C 'est évidemment à cette circonstance qu 'Ablon dut la préférence pour l'érection du prêche. Le sage ministre de Henri IV y vintdès lors plus fréquemment, principalement le dimanche, pour assister au prêche. Par une inconcevable bizarrerie, ce grand homme ne rendait pas moins le pain bénit chez les catholiques, à Saint- Paul, sa paroisse. Il était alors grand maître de l'artillerie, et demeurait à l'Arsenal. Une rue ouverte dans les jardins de cet hôtel, sous le premier empire, a reçu le nom de Sully. Nous empruntons encore ces faits à l’ Estoile: « Au temple d 'Ablon , fut baptisé le 29 septembre 1602 , le fils de M. de Rosny. Il eut pour parrain M. de Saint Germain , et pour marraine la princesse d 'Orange. » Sous la date du 11 janvier 1604 , on lit dans le même journal: « La fille de madame de Rosny futmariée à Ablon , avec M.de La Boulaye , auquelle feu roy avoit CORBEIL ET SES CANTONS. donné en garde le feu cardinal de Bourbon , que la Ligue depuis appela Charles Xe du nom , roy de France. Le festin en fust magnifique, par M. de Rosny, à Paris , où LL. MM. se trouvèrent. » Et enfin , sous celle du di manche 13 février 1605: « M. de Rohan épousa à Ablon la fille de M. de Rosny. Le repas se fit au chas teau du lieu , où se trouvèrent bon nombre de seigneurs et gentilshommes. » On sait que le duc de Rohan fut aimé de Henri IV et craint de Louis XIII , contre lequel il commanda l'armée des Calvinistes. La Fronde a aussi eu son épisode à Ablon. SAMUEL DE LARRU nous a laissé la relation véritable du combat fait à la prise du pont d'Ablon -sur- Seine , par M. LE PRINCE (Paris, 1652 , br. in -4° de 7 pages). On y lit: «« Il alla (M. le Prince ) avec toutes ses forces se poster sur une éminence près Montgeron… et mit quelques soldats à la gardedu pontde bateaux qu'il avait fait faire à Ablon. On comptait sept princes dans son armée: M. Le Prince , le ducde Lorraine, le duc de Beaufort, le chevalier de Guise, le duc de Wurtemberg , le prince de Tarente et le prince de Marsillac. De plus, les ducs de la Rochefoucault et de Rohan; les marquis de la Boulaye et de Vezins; les comtes de Tavannes, de Fuensaldagnes, de Holac et de Ligneville; le baron de Clinchant et le sieur de Ravenet. — Le mardy 10 sep tembre, il fit battre le pont à coups de canon: l'attaque fut tellement opiniâtre durant l'espace de trois heures , où il y eust grand nombre de soldats et officiers tuéz de part et d 'autre; mais les ennemis voyant la géné reuse résolution de nos sodats et la ruine de leur pont, ABLON. 33 se retirèrent dans un petit chasteau qui est au village d'Ablon , et par cet exploit, le maréchal de Turenne ne peut plus faire passer ses gens de l'autre côté de la ri vière sur laquelle M. le Prince a deux ponts de bateaux. Depuis la rupture de ce pont , il a envoyé le prince de Tarente avec environ 1,000 hommes , tant cavalerie qu'infanterie, et quatre canons: lesquels se sont saisis de l'éminence de Saint- Spire, du côté d'Essonnes , qui commande sur la ville de Corbeil. » On ne connaît bien les seigneurs d'Ablon qu'à partir du quatorzième siècle. Dès 1258 , on trouve une dame du nom d'AGNÈS , qui se disait DAME D’ABLON. J. LE BOUCHER est inscrit sur la liste de ceux qui contribué rent à payer la rançon du malheureux roi Jean , dans la prévôté de Montlhéry , avec la qualité de seigneur d'Ablon , en partie ( 1 ). Le chapitre de la cathédrale de Paris possédait l'autre partie de cette seigneurie. Un factum imprimé pour la défense du chapitre , nous ap prend ( p. 27): « Qu'en 1369 , cette communauté avait un cens à Villeneuve-le-Roi , dit du fief du Breton. » C'était à l'époque de l'occupation anglaise. ” Au quin zième siècle , elle ajouta à ces possessions la terre de Mons. Delabarre , historien de Corbeil , nous apprend (p. 210) qu'AGNÈS SOREL, maitresse du roi Charles VII, a fait bâtir le joli chasteau d'Ablon , siz sur le bord de la rivière de Seine. Il y avait dans le voisinage, une motte de terre, signe caractéristique de féodalité. Cor ( 1 ) Mélanges de littérature et d'histoire, recueillis par la Société des Bibliophiles français; Paris , 1850, in- 12. 3 34 CORBEIL ET SES CANTONS. NEILLAN , dans son poëme anonyme, le Voiage de Viry sur la Seine ( Paris , 1637 , in- 12) , dit de ce manoir: HABLON se découvre Qui mire dans l'eau qui le bat Les quatre tours d'un petit Louvre Qui voit deux lieues de pays plat. Il dépendait de ce fief, une place à moulin en face de Courcelles , avec trois îles et javiaux; une ferme à Noisy , avec cent vingt-sept arpents de terre (au territoire de Vigneu) , et deux maisons à Courcelles. Le manoir d’Ablon appartenait en 1348 à JACQUES DE PACY; et en 1389 , à PIERRE DE Pacy , doyen de l'é glise cathédrale de Paris. DENIS DE Pacy vint après lui , vers 1403. Marie, fille de ce dernier , épousa JEAN DE Dicy , dit BUREAU, écuyer d'honneur du roi , capitaine de la ville de Corbeil. Bureau, d'origine roturière , avait pour armes: trois burettes ou fioles; mais le peuple tira Bureau de Bure, et en fit ce proverbe: Bureau vaut escarlatte. Il fut d'abord homme de robe , et par incli nation se fit homme de guerre; en laissant la plume, il prouva qu’un bon esprit peut s'appliquer à tout. Bu reau a été assassiné par Hélyon de Jacqueville. Jean , son fils ainé , a été après lui seigneur d'Ablon. Il le fut dans le même temps de Misery, hameau de nos can tons. Ce seigneur fut pourvu , le 23 juin 1413 , de l'office de grand-maitre de l'écurie du roi, devenue depuis celle de grand écuyer de France. Le chapitre de la ca thédrale de Paris , depuis longtemps déjà en possession d'une partie de la seigneurie d’Ablon , fit l'acquisition du surplus , le 13 septembre 1417 , pour réunir dans ABLON. 35 ses mains les droits et prérogatives qui y étaient atta chés , et depuis l'aliéna sous la réserve de ces mêmes droits. Duchesne , en sa généalogie des chanceliers de France (p. 222) , mentionne Simon ALGRAIN , l'un des descendants du chancelier de ce nom , parmi les sei gneurs d'Ablon-sur-Seine. Il eut pour successeur à ce titre , GUILLAUME, son fils aîné. C'est évidemment après la possession de cette terre par les Algrain , qu'AGNÈS LA SORELLE ou SURELLE doit prendre rang au même titre. On sait que la maîtresse du roi Charles VII est morte le 9 janvier 1449. L'abbé Lebeuf donne la qualification de seigneur d'Ablon à MATHURIN DE DOUZEVILLE , en 1446. Puis à Jean du même nom. Celui-ci fonda plusieurs chapelles dans l'église Saint-Gervais de Paris. MARC DE SENASME, élu de Paris, en fit l'acquisition de ses héritiers. De nombreuses faveurs attendaient ce seigneur. Ce qui le prouve , c'est la présence du roi Louis XI à sa terre d'A blon , en 1474 et en mars 1476. Cette seconde visite fut de deux jours. Ce favori de la fortune est mort le 28 mai 1508; il a été inhumé dans l'église de Luzarches , vil lage dont il était aussi seigneur. L'épitaphier de l'Ile de France ( t. IX , p. 275) , manuscrit conservé à la Biblio thèque impériale , rapporte l'inscription gravée sur sa tombe , et écrit son nom: CENESME. Sa veuve DAUPHINE DE COUDERT , morte le 16 mars 1636 , a aussi été inhu mée dans l'église de Luzarches. Nous y avons en vain cherché le monument qui recouvrait leur sépulture. Il a été détruit en 1791. Tous deux y étaient représentés de grandeur naturelle et agenouillés. À la base se voyait 36 CORBEIL ET SES CANTONS . RRE un tableau gravé au trait. Le Christ en croix occupait le centre. À sa droite, se voyait l'épouse avec six filles derrière elle; à gauche, l'époux, en compagnie de sept garçons. Marc deCenesme avait pour armes: D 'or, au lion de gueules. Et Dauphine de Coudert: D 'azur à la bande de Champagne; la bordure d 'or au lion de gueu les. JEAN et LOUIS DE CENESME possédèrent ensuite et successivement la terre d 'Ablon. En 1513 , JACQUES RAGUIÈRE, chanoine de Paris, depuis évêque de Troyes, jouissait de cette terre à titre viager. Nous trouvons en suite PIERRE GRASSIN , conseiller au Parlement de Paris, vers 1540 ou 1543. Il eut plusieurs enfants de MARIE COURtin. Sa descendance s'est perpétuée à Ablon près de deux siècles. Pierre Grassin légua par son testament, daté du 15 octobre 1569, 3 , 000 livres pour la fondation d'un collége à Paris, à la condition de lui donner son nom et d 'y admettre particulièrement les enfants pau vres de la ville de Sens, sa patrie , et ceux des environs de cette ville. Ce collége était rue des Amandiers- Saint Etienne. On prétend qu'il a porté quelque temps le nom d 'Ablon. Toutefois , une des rues de ce quartier a porté ce nom. Elle communiquede la rue Mouffetard à celle Gracieuse , et porte actuellement le nom de rue Neuve - Saint-Médard. Cette rue a été ouverte en 1540 , dans l'ancien enclos du Chardonnet, cédé alors par l' abbé et les religieux de Sainte- Geneviève aux sieurs d 'Albiac et RENÉ D ’ABLON. Nous supposons ce dernier l'un des fils de Pierre Grassin. L 'abbé Lebeuf nomme encore parmiles seigneurs d 'Ablon: THIERRY GRASSIN , LAURENT GRASSIN, puis FRANÇOIS DE LOBÉRAN , gendre ABLON 37 de ce dernier, en 1663; et MAURICE , fils de celui- ci. SUZANNE, sa fille , la porta en dot à FRANÇOIS DE MORO GUES. Ils vendirent cette seigneurie le 18 mai 1688, à Louis LE PELLETIER , seigneur de Villeneuve - le - Roi, et les héritiers de celui-ci à M. DE SÉGUR, président au Parlement de Bordeaux. M. DE VINFRAY a été le der nier seigneur d 'Ablon. Le manoir a été détruit par la Bande- Noire. La maison où Maximilien de Béthune, duc de Sully , prit ses ébats est-elle la même, ou bien cette habita tion encore flanquée d 'une tourelle , au sommet de laquelle se voyait , ces années dernières, une statue coulée en plomb, à laquelle les mariniers de la haute Seine avaient donné le nom de petit bonhommeďAblon? Les gens de cette profession étaient dans l'habitude, même en ces derniers temps, de jeter lancre à leur passage devant Ablon pour saluer le bonhomme. C 'était avec de grandes acclamations; et lorsqu'ils avaientdes novices à bord , ceux -ci étaient plongés dans l'onde pendant la durée de la station , ou baignés d 'une écopée d 'eau; on appelait cela leur faire gagner leurs grades. Ils continuaientensuite leur route vers Paris. M. Cons tantin Mazeret , témoin constant du baptême fluvial administré aux néophytes navigateurs, raconte le fait dans son curieux petit volume: le Panorama descriptif, historique, anecdotique des rives de la Seine de Paris à Montereau (Paris , 1836 , in - 12). Son livre a été écrit à Ablon , où il passait ordinairement la belle saison. Il s'y est arrêté avec une complaisance dont nous lui savons gré. Le bonhomme d ' Ablon a disparu , et avec lui 38 CORBEIL ET SES CANTONS. l'usage antique du salut païen dont nous venons de parler: Dans ce même Panorama des rives de la Seine , M. Mazeret, charmant conteur , nous fournit une anec dote à laquelle peut s'appliquer ce titre: ce qu'on trouve dans un vieux fauteuil. Il le suppose avoir appar tenu à Sully. Une dame , dit- il, propriétaire de ce grand - père, douée de cette imagination vive qui est toujours prête à accueillir tout ce qui tend au merveilleux, n'avait pu résister aux insinuations qu'on lui avait souvent faites, que sa maison ( celle de Sully ) recélait un trésor, et comme la plus intéressée à le croire, elle se le per suadait plus que personne. Mais où le trouver? À moins de raser sa propriété immobilière , d'en saper les fon dements , de tamiser les plâtras, c'était chose difficile. Cependant, par mesure de précaution , elle ne faisait pas la moindre réparation à sa petite maison Sully , comme elle se plaisait à l'appeler, sans qu'elle se trou vật présente et encore se faisait - elle accompagner de personnes de confiance. Un de ses amis , qui connaissait son faible, lui dit avec un sourire demi-crédule: Mais , madame, le fauteuil sur lequel je me trouve assis d'une manière aussi irrespectueuse, n'aurait-il pas quelque confidence à nous faire? Si nous ouvrions son sein pour connaitre le fond de son cæur, peut-être que l'or… Il avait dit , et la dame , armée de ciseaux , allait faire l'autopsie du ventre rembourré de crin; mais son ami indiscret , plus prudent qu'elle, empêcha cette profanation. Cependant , autant pour utiliser son pro ABLON. 39 pre avis , que pour faire une concession à la curiosité bien pardonnable de la dame, il se saisit d 'une pince et fait sauter assez adroitement les clous dorés qui bor dent la tapisserie et la retiennent captive. À peine a -t-il pratiqué une ouverture assez large pour y passer la main , que les dix doigts féminins attirent déjà les crins. Mais, ô surprise! avec la bourre arrachée par poignée tombent une croix de Saint- Louis et un cha pelet monté en argent, auquel pend un Agnus Dei du mêmemétal! Le couple ébahireste longtemps accroupi devant le fauteuil qui est devenu pour lui une idole. La dame cependant, dont les nerfs sont plus irritables que ceux de son compagnon , ne se possède plus, se met à courir par la chambre , pleure , rit en même · temps, et fait mille folies qui effrayent son ami. Cepen dant, ce dernier , plus de sang - froid , va fermer les portes, et commence un long cours de morale, mêlée d 'hygiène, pour prouver qu 'une grande joie est souvent plus dangereuse qu 'une peine soudaine. Après avoir parlé longtemps, tous deux, le cour battant et la bou che béante, s'approchent avec précaution de la mine pour en saisir quelques filons. O prodige! Un porte feuille! Bon , dit le monsieur, du papier , cela vautde l'or! le portefeuille est ouvert avec empressement et l'on compte cent mille écus… en assignats. » A Ablon a été reléguée une femme auteur et ga lante , Claudine- Alexandrine GUÉRIN DE TEUCIN , née à Grenoble en 1681, morte à Paris le 4 décembre 1749. Ce serait à ne pas croire à cette circonstance de la vie de madame de Tencin , si des lettres du ministre 40 CORBEIL ET SES CANTONS. Maurepas , d'elle -même, et de la comtesse de Pont-de Veyle, sa s@ur, ne la confirmait! Le ministre écrivait à M. Hérault, de Fontainebleau , le 1er juin 1730: « Le roi n'ayant pas lieu d'être content de quelques liaisons qu'entretient madame de l'encin (c'était avec la Fresnaye, mort de mort violente) , lui ordonne de lui écrire, de l'avertir qu'elle ferait sagement de se retirer d'elle -même et sans éclat de Paris, et de s'en éloigner incessamment au moins de quinze ou vingt lieues, et plus, si elle le juge à propos. » Ce n'étaient , certes, ni vingt ni même quinze lieues. Ce fut Ablon qui eut le choix de cette retraite forcée. Elle y écrivit à ce même M. Hérault , lieutenant de police et conseiller d'État , le 12 octo bre 1736 , pour le prier de parler à M. le cardinal (de Fleury), pour qu'il lui permette de retourner chez elle. « Depuis qu'elle est à Ablon , elle est presque tou jours mourante… » Elle ajoute plus loin: « J'ai besoin des secours spirituels dont je suis absolument privée ici. » Sa seur écrivit de son côté à ce même M. Hérault, de Paris , le 21 octobre 1730, pour lui exprimer le désir d'obtenir l'autorisation de tirer madame de Tencin de cette retraite ( 1 ). Enfin , le ministre Maurepas manda de Versailles le 22 octobre 1730 , à M. Hérault, de la part du roi , qu'il peut écrire à madame de Tencin que Sa Majesté trouve bon qu'elle revienne à Paris , où elle sera plus à portée d'avoir tous les secours que sa santé exige ( 2). M. l'archevêque de Lyon , son frère , dut ( 1 ) Catalogue de lettres autographes d'Auguste Lwerdet , n° 1 de la deuxième série; Paris, 1861 , in-8 °. (2) Même collection , nº 2 de la deuxième série, sous le n° 5836. ABLON. 41 7 avoir beaucoup à souffrir de cette existence scanda leuse. On doit à M. l'abbé Barthélemy la publication des Mémoires secrets de madame de Tencin, ou l'heu reuse découverte, relativement à d'Alembert (Greno ble, 1790 , 2 parties in- 8°). De nos jours , l'habitation dont la toiture est à l'ita lienne a successivement été la propriété des généraux Blin et de CHAMBARLHAC, et de M. GEUFFRON. Là sont morts: le 1er mai 1818 , FRANCINE DE CHAMBARLHAC , à 18 ans! et JEAN- JACQUES VITAL DE CHAMBARLHAC son père , baron de l'Aubépin, le 3 février 1826. Il était né aux Étables , dans le Forez, le 2 août 1754 , d'une famille noble qui a donné plusieurs officiers distingués et un comte au chapitre noble de Brioude , en 1582. Il était lieutenant général , commandeur de la Légion d'honneur , chevalier de Saint-Louis , et maire de la commune d'Ablon. Le général de Chambarlhac a laissé un fils qui soutient glorieusement son nom dans l'armée. La principale habitation d'Ablon est celle de S. E. M. MAGNE. Elle est posée à mi- côte. On y jouit d'une vue variée et très- étendue sur le cours de la Seine. L'enclos , assez vaste , renferme des bouquets de bois et des pelouses. Il est dessiné à l'anglaise. La mai son appelée , nous ne savons pourquoi , la Baronie, titre que n'eut jamais la terre d'Ablon , a été re * Armes: écartelé au 1 et 4 d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois colombes d'argent, becquées et membrées de gueules; au 2 et 3 d'or, l'aubépin terrassé de sinople à un camp de trois tentes d'argent, celle du milieu supérieure, qui sonte des armes de récompense militaire. 42 CORBEIL ET SES CANTONS . bâtie en 1856. Ses jardins ne sont pas très- étendus. Nous avons cité M.MAZERET et son cuvre; M. MONIN a été son collaborateur. Cet homme de lettres habita longtemps Ablon.On a encore de lui: Dénorama, ou Spicilége historique et anecdotique sur chaque partie du corps humain (Paris, 1825 , in - 18 ); les Deux Vi sionnaires, comédie en un acte et en vers , qui n 'a pas été représentée (Paris, 1818 , in -89); le Livre unique, ou Nouveau Choix d ' anecdotes tirées de l'histoire sainte et profane, ancienne et moderne (Paris, 1824 , 2 vo lumes in -12); et le Miroir des grâces , dédié aux femmes, ou Dictionnaire de parure et de toilette , etc. (Paris , 1821 , in - 18 , avec quinze planches colo riées). Son collaborateur pour cette publication a été M. A. M. PERROT.Un autre hommede lettres , M. ÉMILE LAURENT, attaché à la bibliothèque du Corps législatif, a transporté ses pénates tout récemment , de Ville neuve- le -Roi, à Ablon , où se trouve la station de la voie ferrée. Les productions de M. LAURENT sont connues, sous le pseudonyme de Colomby. C 'est le nom du village où il est né , dans l'ancienne Lor raine. Parmi les personnes honorables venues se poser à Ablon , nous ne pouvons oublier: MM. DE GRÉZIS , chevalier de Saint-Louis; John Callon, d'origine an glaise ,mort à Ablon le 28 juillet 1856. Philippe- Joseph DESMOULIN , inventeur et fondateur d 'une fabrique de vermillon; né à Paris , mort à Ablon , le 4 décem bre 1827 à l'âge de 46 ans. Son établissement ne lui a pas survécu. Henri LABERGÈRE , capitaine de cavalerie ABLON. en retraite , chevalier de la Légion d 'honneur; né à Lyon le 3 février 1775; mort à Ablon le 14 fé vrier 1856. Le comte FREZALS DE BOURFAUD * (Antoine Jean ), ancien officier supérieur, chevalier de la Légion d 'honneur, né à Chauny (Aube), mort à Ablon , le 23 août 1856 , à l'âge de 72 ans. Il a laissé une fille ma riée au comte de FAILLY, général de division. Gustave, comte de FERSEN, membre de la Société d'horticulture de Paris, né à Saint-Pétersbourg, le 12 juin 1842 , mort à Ablon le 16 juin 1859. Le nom de son père a pris place dans notre histoire nationale (V. ce nom dans la Biographie universelle) , et F. B. POCHARD , chevalier de la Légion d 'honneur, maire d ’Ablon , où il est décédé , le 10 septembre 1826 , à l'âge de 56 ans. Ablon a vu naître le 27 septembre 1767, JACQUES MICHEL COFFIN , soldat de la République et de l'Em pire. Il parvint au grade de lieutenant le 19 décem bre 1806 , et fut admis à la retraite le 2 janvier 1809. Le premier consul par arrêté du 10 prairial an XI, lui accorda un sabre d 'honneur, et il fut compris dans la première promotion de la Légion d 'honneur (1). On établit en face d ’Ablon , un barrage sur la Seine, pour faciliter la navigation. Le draguage nécessité par les travaux a produit des épaves de bien des natures; elles ont été en partie recueillies, et déposées tardive ment à la mairie. L ' époque gallo - romaine; celle des (1) Les Fastes de la légion d 'honneur, t. ler , p. 506. * Armes: D 'azur, à trois pommes de pin de sinople, posées 2 et 1. 44 CORBEIL ET SES CANTONS. Mérovingiens et la Fronde , ont fourni des armures et des armes, qui témoignent des actions sanglantes et meurtrières dont le pays a été témoin durant ces diver ses périodes de notre histoire!

ATHIS. MONS.

Édifices épars aux rives de la Seine, Ornements de Bercy, d'Athis ou de Suréne, Que j'aime à découvrir le long de ces coteaux Vos faîtes dominants sur ces humbles hameaux. Je me dis: L'indigent n'est pas sans assistance, Puisqu'il est si voisin de l'heureuse opulence. Pourrait - elle souffrir que de tristes échos Vinssent des malheureux lui porter les sanglots? LEMİERRE. Qui le croirait? Le château d'Athis, célébré par le poëte, est le seul que la bande noire a respecté! Il y a dans le Mercure d'août 1730 (p. 1783) , une lettre où l'on fait la peinture magique du tableau , offert par la position qu'il occupe. M. V. Cousin , de l'Académie française , en a tracé celui-ci dans son ouvrage: La Société française au dix -septième siècle ( Paris, 1858 , 2 vol. in- 8): « Athis ou Athis-Mons , est , comme son nom l'indique , un petit village sur le plateau d'une montagne où l'air est d'une pureté admirable, et d'où l'on a la plus belle vue. En face de soi, au bas de la colline légèrement ondulée , coule la petite rivière de l’Orge, qui serpente à travers la prairie, parait et disparaît tour à tour , et anime le paysage; au-dessous , des champs qui ressemblent à un verger; dans le fond du vallon , la Seine , large et limpide, et en même temps sinueuse et formant un croissant 46 CORBEIL ET SES CANTONS. plein de grâce; au delà , de vastes prairies, la belle forêt de Sénart à quelques pas de Villeneuve -Saint-Georges, et dans le lointain des collines aux contours harmonieux. Sur le plateau d 'Athis est le petit village , avec quelques belles maisons d'apparence diverse; au milieu , l'an cienne résidence du seigneurdu village , au temps de Conrart, le conseiller d 'État, Pierre Viole, le père, le frère ou l'un des parents du fameux président Viole qui joua un si grand rôle au parlementde Paris pendant la Fronde: noblemaison encore debout et bien conservée, avec une grille seigneuriale et un très -beau parc; pres que au bout du village , un petit château appartenant alors à M. de Roquelaure, qui, depuis , a passé au ma réchal de Villars (c'est à sa veuve), dont on y voit la chambre; ensuite à M. d'Oysonville (ce nom est celui de ce domaine) , aujourd 'hui encore à peu près intact et qui demain ne sera plus, le nouvel acquéreur se propo sant de diviser ce domaine en petits morceaux (t. II , p. 235). » Il n 'en a heureusement rien été. L 'heureuse position d 'Athis en a fait de tout temps un point occupé. Cherchez sur son territoire , dit M.l'ab bé Barranger; vous trouverez encore la contrée des vingt fosses: sans doute, le lit de repos d'un grand nombre de guerriers , après une sanglante bataille! Peut- être est- ce le tombeau de Kamulogène et de ses Parisiï; et de l'indépendance des tribus lutétiennes? Est- ce d 'Athis , ajoute -t-il , que Juvénal disait: Dirue mororum Attegias, castella brigantum? M. J. Quicherat regarde ce point comme un de ceux qui répond le mieux aux conditions dans lesquelles les ATHIS. – MONS. 47 Celtes avaient coutume d 'établir leurs villes (Mémoires de la Société des antiquaires, 3e série, t. Ier, p. 384). Il y a , dit-il, au - dessousde Mons, la fosse de la Mardelle. Cette dénomination , dans tous les lieux où elle se trouve, décèle l'existence actuelle ou passée de certaines exca vations qui sont les vestiges les plus authentiques qui nous restent des anciens établissements des Gaulois. Nous lisonsce fait constaté par des témoins oculaires, dans les Fastes de la Légion d 'honneur (t. III , p. 358 ): « Le général Lucotte à la tête de sa brigade pénétra dans Athis , y culbuta deux bataillons russes, et s'em para de l'une des fermes de ce bourg. » Ceci se passait à la fin du mois de mars 1814. On songea à occuper ce point important, à toutes les époques , lorsque le pays a été le théâtre de la guerre. Le sol en offre parfois la preuve. On a trouvé dans la plaine, derrière le village , un petit groupe en bronze que nous avons tenu. Il est assez grossier au point de vue de l'art, et se compose d 'un homme et une femme qui se montrent dans une attitude peu décente. Celle -cis'appuie sur un satyre ac croupi. Son chignon est un anneau destiné à suspendre ce monument de polythéisme des anciens Gaulois. On a aussi trouvé des monnaies de la période romaine: un Aurélien et des types postérieurs à sa domination. Ce sont des indices certains de tout ce que nous avons dit. Athis est d 'une haute antiquité. L 'historien du diocèse de Paris, l'abbé Lebeuf(t. XII , p. 109), dit: Son nom dérive de Attegia ( Casa Attegia Capone; noms restés à des villages entiers), mot qui sert à désigner des cabanes, des huttes, des chaumières. CORBEIL ET SES CANTONS. Cinq communes portent ce nom dansl'Empire, elles sont toutes situées le long de quelque rivière ou ruisseau. is Au neuvième siècle, l'abbaye Sainte -Geneviève de Paris possédait la seigneurie d 'Athis. Les religieux de cette communauté y transférèrent, l'an 845, les reliques: de la patronne de Paris, pour les soustraire à la dévasta tion des hommes du Nord. D ’Athis, le précieux dépôt fut porté à Draveil, à l'opposite du fleuve, pour plus de sû reté , et il y demeura plus longtemps. Cette terre appar tenait également à ces moines. Nous sommes tenté de croire que ce fut à Vigneu? Ce village est plus rappro ché, et son église , style roman, s'élevait sur une crypte. Draveil, quoique très- ancien , nous semble un démem brement de la paroisse de Vigneu , quoiqu'on n 'en dise rien. À la même époque, les reliques de saint Martin de Tours ont été transférées à Chablis, dans la Bourgogne , puis à l'abbaye Saint-Germain d 'Auxerre. Celles de l'apôtre des Gaules, saint Denis, d 'abord à Nogent-sur Seine , puis à Consevreux, monastère du diocèse de Laon , Celles de saint Spire ou Exupère et de saint Leu ,ou Loup , de Bayeux à Palluau , hameau du diocèse de Sens; et de là , à Corbeil, dont ces pontifes sont de meurés les patrons. C 'est dans le cours de ce neuvième siècle qu'on ajouta aux prières publiques l' invocation: A furore Normannorum libera nos, Domine.Nile traité de Saint-Clair - sur - Epte, par lequel le pusillanimeCharles le Simple abandonna la Neustrie à Rollon , chef de ces brigands; ni l'adhésion de ceux -ci à la foi catholique n 'amenèrent la suppression du verset. Il a fallu bien du temps et les plus grands exploits de la part des per ATHIS. - MONS. 49 sonnages illustres produits par cette grande province , pour arriver à le faire supprimer denos litanies. Saint Denis, premier évêque de Paris , est le patron de l'église d 'Athis. On célébrait jadis la mémoire de la dédicace de ce monument. Le millésime en est oublié. La tour des cloches est au chevet, contrairement à ce qui se pratique. La flèche qui la termine, s'aperçoit de fort loin. Elle est en pierre et a la même forme que celles renouvelées de Maisons et de Vitry -sur-Seine. L ' escalier est pratiqué à l'intérieur. La base de cette tour sert de vestiaire. Son architecture accuse le dou zièmesiècle; le sanctuaire et le portail sont de la même date. La nef a certainement été réédifiée vers la fin du dix -septième siècle. Il nous parait difficile d 'admettre que l'habile Philibert Delormeen ait été l'architecte. Elle a pour appendices quatre chapelles, toutes au nord. En tête est celle autrefois seigneuriale. La menuiserie de la tribune est un ouvrage du quinzième siècle; celle desmiséricordes du cheur, du dix -septième. Il y a quel ques bons tableaux dans la nef. Cette église possédait jadis une grande quantité de re liques. Elles occasionnèrent l'établissement d 'une fête: elle se célébrait annuellement le dimanche après l'octave de Saint-Denis. Quarante jours d'indulgences étaient octroyés à ceux qui venaient en dévotion à la solennité. L 'abbé Lebeuf nous apprend la date de ce pardon: 31 août 1489. Les personnes inhumées en cette église , dont le nom nous a été conservé, sont: 1° JEAN D 'Athis , bénéficier dans le diocèse de Laon , mort dans le cours du treizième 50 CORBEIL ET SES CANTONS. siècle. Il était gravé au trait sur sa pierre tombale; on lisait autour: Hic jacet magister Johés de Athæiïsma gister en artibus quondam ecclesia de Vaups eis Laud… qui obiit anno… Thomee martyris. Il était fils d 'Édeline, dite la Pasquière d 'Athis , veuve de Nicole, dit Pas quier. Nous l'apprenons par le confesseur de la reine Marguerite de Provence, en son livre des miracles, écrit à la suite de la vie de saint Louis. Il y cite ce fait touchant ce personnage: « Il revenoit de voir ses laboureurs; à la suite, il lui survint un mal au genou dont il fut guériau tombeau de saintLouis , l' an 1294. )) 20 THÉOBALD DE LA BROUSSE. Voici son épitaphe gravée en lettres d 'or sur un marbre noir: Hic in choro propè aram jacent reliquiæ inclyti ac potentis Domini Theobaldi de la Brousse equitis, pagi de Athis castellani, centum Helvetiorum qui custodiæ regiæ incumbunt propræfecti qui prosapia illustri clarus, humilitate christiana cla rior , dignitatibus pollens, opes pariter et honores con tempsit, regem fidelitate, aulam modestia , suos necessi tudine, omnes morum suavitate sibi devinxit , vitam tandem virtutibus ornatam pietate sincera , oratione fre quenti , eximioque Dei cultu communivit. Sic plenus dierum obiit anno ætatis LXXVIII, XVII cal. octob. Et reparatæ salutis 1703. – Hoc amoris et doloris monumentum posuit Catharina Tuffet, dulcissima et amantissima conjux. Ce monument funèbre à changé de place. Il est timbré des armes du défunt. M. de la Brousse légua en mourant deux mille livres aux pauvres de la paroisse. 3° EUSTACHE DE FAVEROLLES, conseiller du roi,mort en 1714. 4° HENRI-GUILLAUME ATHIS. — MONS. 51 MAZADE, marquis de Saint-Brisson* , né le 10 septem bre 1717, mortdans son château d 'Athis, le 6 avril 1782. Il était seigneur d 'Athis-sur-Orge, Piédefer , Brétigny sur-Mons et autres lieux; secrétaire du roi, et ancien trésorier des États de la province de Languedoc. Le marquis de Saint - Brisson épousa dame Marie -Antoi nette de la Roche, dont il était veuf. 5° Dame Antoi NETTE - MARGUERITE - HENRIETTE MAZADE DE SAINT BRISSON , leur fille , née le 26 février 1756 , morte à Paris en 1822. 6° FRANÇOIS- JOSEPH-ALEXIS MARQUIS DE GOURGUES* *, d 'une maison des plus anciennes de la province de Guienne , né en 1748 , mort à Paris le 31 janvier 1818 , maître des requêtes au conseil d 'État, et gentilhommede la chambre du roi. Le mar quis de Gourgues était l'époux de mademoiselle de Saint-Brisson. Ils n 'ont pas laissé de postérité. 7° Et madame Blandin , aïeule de M. de Courcel, morte dans le milieu du dernier siècle , à Villemoisson. Étienne de Senlis , évêque de Paris , donna la cure d 'Athis à l'abbaye royale de Saint- Victor , récemment fondée par la piété du roi Louis le Gros (du Breuil, Antiquités de Paris, livre IV , p. 1001). Innocent II approuva ce quiavait été fait à cette occasion , en 1159. Cette congrégation établit certainement une colonie de ses membres en ce lieu. On en trouve la preuve dans un acte de l'an 1273, où il est dit qu 'Étienne Tempier, * Armes: D 'azur, à mi-chevron d 'or, accompagné en pointe d 'un lion de même, langué et onglé de gueules, chargé d 'un croissant d 'argent, accosté de deux étoiles d 'or. ** Armes: D 'azur , au lion d 'or , armé et lampassé de gueules. 52 CORBEIL ET SES CANTONS . évêque de Paris, reçut l'hommage de la veuve de GUILLAUME DE BALIzy, in prioratu de Atis in claustro monachorum. Dans un autre acte de 1280 , il est dit que THOMAS DES VAUX -DE - CERNAY, passa reconnais sance du grain qu 'il devait annuellement à la commu nauté: Priori de Athiis et sociis ejus (Lebeuf, suprà, p. 113). Les membres dont elle se composait se reti rèrent sans doute à la maison -mère durant les troubles religieux du seizième siècle. Depuis , un seul d ’entre eux y sera demeuré pour continuer l' administration spirituelle et temporelle du prieuré. Les choses demeu rèrent en cet état jusqu 'en 1790.. GUILLAUME D 'AUXERRE, l'un des plus recommanda bles prieurs- curés d 'Athis, ne paraît pas y avoir fait une longue résidence. Il a été appelé à la dignité d 'abbé de Sainte-Geneviève lès Paris , par le pape Martin IV , en 1281. JEAN BORDIER, titulaire longtemps après lui, a été élu abbé de sa congrégation en 1514. Nous citerons aussi MATHIAS TOUZET , prêtre d ' une science profonde; né à Pontoise , mort en 1601. Son nom a été oublié dans l'histoire de cette ville , qu' il donnée M. l'abbé Trou. JEAN DE THOULOUZE , pourvu de ce même bénéfice en 1669, est auteur des Annales de l'abbaye Saint - Victor. Nous devons trois autres noms à l'abbé de Marolles de Villeloin , qui a mis en vers en 1670 , les noms et caractères des prieurs-curés de Saint-Guenault, à Corbeil, de la même congréga tion. Son manuscrit est conservé à la bibliothèque publique de Rouen. On y lit: Rochester, Darondel (et Bouvot entre deux) ATHIS. MONS. 53 Noms anglais et connus dans la docte Sorbonne, Honorèrent le rang qu'à Corbeil, Victor donne: Dans Athys, l'un et l'autre avaient fait des heureux. Et plus loin: Bollard deux mois après ( Bouvot II ) est au même tombeau. Hotman, pour éviter pareilles destinées, Sur le coteau d'Athys passe quelques années, Se retire à Paris, et meurt à son berceau. FRANÇOIS HUET, prêtre éminemment distingué , a été prieur d'Athis. Il a souvent fait entendre la parole de Dieu dans les églises de Corbeil. On se rappelle aussi le discours qu'il y prononça à la fête de la translation des reliques des patrons de cette ville en 1776. Le dernier titulaire a été JEAN-BAPTISTE- ROBERT QUILLET, né à Paris en 1734 , mort en la même ville en 1802. A trente ans, il était bibliothécaire de sa communauté; son érudition se révèle par la correspondance qu'il entretint avec l'abbé Mercier-Saint-Léger, bibliothé caire des Génovéfains. Nous en avons fourni un exemple dans les Archives du Bibliophile ( 1859 , 2e année , p. 57). La lettre reproduite est relative au Santoliana. Entraîné par le tourbillon révolutionnaire , l'abbé Quillet se vit réduit à la vie privée dans laquelle il acheva sa car rière non loin des ruines de la communauté qui l'avait compté parmi ses élèves et ses supérieurs. Ses titres à la considération publique ont été un jugement sain , un commerce sûr, un zèle éclairé , une charité bien en tendue, un empressement rare à obliger, un amour constant de l'ordre jusque dans les moindres détails. Ce témoignage lui est rendu par M. l'abbé Guiot , son CORBEIL ET SES CANTONS. élève et son ami (1). Il lui a consacré ce monument de sa reconnaissance: D. 0. M. Sapientium emendatorem Deum Æternitatis hac in domo præstolatur Augustini sub Hypponensis stola , Massiliensis ut palma Victoris Canonicos inter regulares et priores- vicarios Annumeratus, Sorbonicis cooptatus magistris, Studiosis librorum custos non otiosus Gregibus Christianis, Sancti-Nicolai et Medardi Parisiensium sacerdos, Villaris-Belli prius et Athegiarum pastor, Tum et urbiter Sancto -Exuperio Corboliensi Notus et acceptissimus, Annos prope 50 Gilduina in familia Conversatus Joannes-Robertus Quillet Hausta Parisiis luce 1734, ibi, exhausta 1802. L 'abbé Quillet a procuré à l'église paroissiale de Saint-Nicolas du Chardonnet, le plus beau monument de son culte! Le pied de Saint- Victor , martyr de Mar seille. Relique précieuse échappée au bouleversement universel , et autrefois vénérée dans l'église abbatiale de la congrégation qui porta le nom du saint martyr; et s'élevait non loin , sur le territoire de cette paroisse. Le prieur- curé d 'Athis était à la nomination de l'abbé de Saint- Victor, sans la participation de l'évê que de Paris. Il jouissait d ' une prébende dans l'église castrale de Saint -Pierre à Montlhéry. . Plusieurs communautés religieuses ont eu des biens à Athis; l'abbaye de Saint-Maur des Fossés et celles (1) Adieux d 'un curé à ses paroissiens. Corbeil, 1802, br. in -8 , p. 16. ATHIS. MONS. 55 des Vaux-de-Cernay et d'Hierre. Cette dernière les céda: à MM. de Saint-Victor dès l'an 1166. Nommons encore: le prieuré de Longpont- sous-Montlhéry et la comman derie de Saint-Jean de Latran. M. l'abbé BEAUNÉE , du diocèse du Mans , est , depuis plus de trente ans , titulaire de la cure d'Athis. Le cimetière régnait autrefois autour de l'église. Le président Viole , seigneur du lieu , en obtint la ces sion par acte du 28 mai 1597 , et depuis en fit enfermer le terrain dans les murs de son parc. Il donna alors le terrain de celui de nos jours , se chargea, lui et les siens ou leurs successeurs à la seigneurie , de l'entretien de sa clôture à perpétuité et y fit transférer les corps inhumés dans l'ancien ( Lebeuf, suprà, p. 111 ). Malgré l'abolition des priviléges, la famille de Gourgues est encore chargée de l'entretien des murs du cimetière actuel. Un arrêt du parlement de Paris , du 23 août 1614 , décida que le seigneur d'Athis a droit de littre et cein ture autour de l'église, sise en sa justice , dedans et dehors; et le patron ou collateur , droit de littre au tour, en dedans seulement. C'était une bande de pein ture noire appliquée sur la muraille , ayant la largeur d'un lé de l'étoffe connue sous le nom de raz , el sur laquelle on peignait les armoiries du défunt de dis tance à autre. Les guerres des neuvième , dixième et onzième siècles obligèrent les moines à aliéner tout ou partie des biens qu'ils avaient à Athis. Ils passèrent en des mains laïques. Ces nouveaux seigneurs prirent le nom 56 CORBEIL ET SES CANTONS . LIPPE de la terre. L 'abbé Lebeuf nous l'apprend; ce fu rent successivement, LANDRY, REGNAULT ET PHILIPPE d'Athis. Le dernier était tenu de la garde du château de Montlhéry, dont relevait la justice seigneuriale de sa terre, durant deux mois chaque année. PHILIPPE D 'AThis vivait au douzième siècle. Il donna à l'abbaye d 'Hierre, où sa sæur fut reçue religieuse, une terre d 'un revenu de vingt sols. ÉTIENNE D 'Athis et sa femme donnèrent à cette même communauté tout ce qu 'ils possédaient à Ablon. HUGUES D ’Athis , grand pannetier de France sous saint Louis, est qualifié sei gneur d 'Athis , dans des titres de 1226 et 1231 Louis IX était à Athis en 1230 , il y vint bien certai nement pour honorer son serviteur. Le nécrologe de Sainte -Geneviève marque l'emploi que fit cette abbaye des legs de Hugues d 'Athis. Une partie fut employée aux frais de la chasse de la sainte; une autre à la con fection des stalles du cheur de l'église où elle était honorée. MARGUERITE , veuve de Hugues, a été la bien faitrice de l'abbaye de Livry; elle fit divers dons à son prieuré de Clichy en l'Aunois; entre autres, d 'un fief au territoire de Macy. Regnault d'Athis susmentionné, fit dans le même temps plusieurs dons à la commu nauté de Saint-Victor. Duchêne, en son Histoire des chanceliers et gardes des sceaux de France (p. 206 ) , cite Guy D ’ATIES qu 'il dit issu d 'une ancienne et noble maison de Picardie. Il le pense frère de Hugues d'Athis et oncle de Jean de ce nom , chevalier, seigneur de Capy-sur- Somme et bailli d 'Amiens. Nous ne sommes pas de cet avis. Plusieurs personnages du nom d'Athis, ATHIS. – MONS. reçureut la sépulture dans l'église de Vigneu , à l'opposite du fleuve. Nous ignorons à quel titre? L 'abbé Lebeuf indique la présence du roi Philippe le Bel à Athis , le 12 juin 1305. Ce savant aurait dû rappeler que le fait lui fut communiqué par M. MAIL LART , ancien bâtonnier de l' ordre des avocats (V. le Mercure , novembre 1741, p. 2384), dont le récit est plus complet. Il dit: « Un des articles du traité de Lille , du 14 septembre 1304 , portait que les Flamands payeraient au roi Philippe IV , une amende. Pour l' exécution de ce traité, quatre arbitres furent nommés par le roi et quatre par les Flamands. Ils s'assemblèrent à Athis- sur-Oringe, en juin 1305. Le traité qui en fut la conséquence est conservé au trésor des Chartes du roi. Il fut ratifié par ROBERT, JEAN et PHILIPPE , fils du comte de Flandres. » Ce fut apparemment pour suivre la discussion de ce traité que le roi séjourna à Athis. M. Maillart indique la date au 17 juin. La réunion a duré plusieurs jours , on le voit. Le savant historien du diocèse de Paris fait erreur lorsqu ' il écrit: Philippe le Bel adressa un mandement au prévôt de Paris touchant le cours des gros tournois. Nous devons à M. le comte Beugnot (V. les Olim , t. II , p. 477 , note 93), de le pouvoir rectifier. La Charte du roi Philippe IV est datée: Actum apud Athyas super Or giam , mense junio anno Domini millesimo trecentesimo quinto ( 1305). Il est facile de reconnaître, dit M. Beu gnot, que cet acte daté d 'un lieu où jamais la cour ne fut réunie, n 'est ni un arrêt, ni une ordonnance, mais bien un de ces actes de justice directe que le roi 53 CORBEIL ET SES CANTONS. accomplissait souvent, et dont le parlement ne tenait pas toujours compte. Les tisserands et les foulons de Provins étaient en désaccord sur plusieurs usages com muns de leurs métiers: la cour s'efforça à deux repri ses de rétablir entre eux la bonne harmonie; et le roi, afin de leur ôter toute idée d 'un nouveau recours, de clare qu'il entend que ce qui a été décidé sur ce point reçoive son plein et entier effet. Il n ' était pas aisé de retirer de l'esprit du peuple la pensée qu'il pouvait toujours en appeler au roi. » Le quatorzième siècle nous montre en possession de la terre d 'Athis: HERVÉ DE Milly. L ' abbé Lebeuf l'ap pelle GUILLAUME DE MARSILLY. Philippe le Bel accorda à ce seigneur la haute justice du lieu , par lettres don nées à Amiens, le 9 octobre 1306. Dans la liste des chevaliers de la prévôté de Montlhéry, qui contribuè rent à payer la rançon du roi Jean vers 1360, on trouve inscrits pour Athis, GUILLAUME CHEVALIER ( 1). Sur la fin du règne de Charles VI, un chevalier surnommé DE MONTENAY possédait une seigneurie à Athis. Son atta chement au roi Charles VII, l'ayant fait absenter vers 1423, les Anglais disposèrentde ses biens en faveur deGUILLAUME DE FOLLETEMPS, l'un de ceux quiavaient fait entrer dans Paris les gens du duc de Bourgogne. Il en futdemême pour ce que JEAN DU Pue possédait en fief à Athis; on en mit en possession JACQUES PESNEL , attaché au parti des Anglais. Ce fief relevait de Piedefer , assis à Viry. (1) Mélanges d 'histoire et de littérature recueillis par la Société des bibliophiles francais. (Paris, 1810 , in -12.) ATHIS. – MONS. Nous trouvons ensuite la terre principale d 'Athis en la possession de la famille POIGNANT. PIERRE de ce nom , conseiller au parlement, est qualifié sieur d 'Athis. Il épousa en premières noces: RADEGONDE DE HACQUEVILLE dont la mère futMARIE VIOLE. En 1474 , NICOLAS VIOLE , correcteur des comptes, épousait CATHERINE POIGNANT, fille de Pierre de ce nom et de sa seconde femme: JEANNE D 'HÉMERY. C 'est à la faveur de ce mariage que la terre d 'Athis entra dans la famille VIOLE, en 1496. En 1518, elle fut partagée par leurs enfants: AGNAN , JEAN,NICOLAS et PIERRE VIOLE, c 'est à ce dernier qu'é chut la châtellenie et seigneurie d'Athis. Il épousa ANNE DE CHAMBON, et en eut deux fils et trois filles. L 'aîné des fils porta aussi le prénom de PIERRE; il a été sieur d 'Athis à la mort de son père. C 'est ce personnage qui joua un grand rôle au parlement de Paris pendant · la Fronde. Il a laissé une Réponse sur la harangue du car dinal du Perron (1615 , in - 4 ). On trouve la généalogie de la famille Viole dans l' Histoire du Gâtinais (p. 460). GUILLAUME MORIN , son auteur, appelle simplement ce magistrat, le président d'Athis. On a une seconde généa logie des Viole , dans l' Épitaphier manuscrit de l'Isle de France (t. ſer, p. 89), de la Bibliothèque impériale. Nous la croyons rédigée par GEORGES VIOLE, vers 1 660. Il était de cette famille de robe. TALLEMANT DES RÉAUX signale MADAME LA PRÉSIDENTE D 'Athis à cause de sa galanterie. Elle était née MARIE BREBAN. Quatre fils sont nés de cette union. L 'un d 'eux eut la fureur de se faire ermite. Il vécut longtemps à Athis sous le nom de Père de la mort. Son costume consistait en la longue 60 CORBEIL ET SES CANTONS . robenoire de minime; il portait la représentation d 'une tête de mort sur la coule de ce vêtement. Ce solitaire faisait beaucoup de bonnes æuvres autour de lui. Un endroit écarté dans le voisinage de Mons, encore appelé l'Ermitage, semble être le lieu où il avait fixé sa retraite. PIERRE VIOLE , troisième du nom , l'aîné des quatre enfants mentionnés , a été seigneur d 'Athis après son père. Il épousa JEANNE BERNARD DE REZAY et en eut plusieurs enfants. Un recueil de titres relatifs à la mou vance de cette terre, de 1568 à 1677, nous a fourni quelques renseignements. On trouve le prénom de PIERRE donné à tous les aînés de la famille. Celui qui nous occupe est morten 1643, son fils aîné reçut de la générosité du roi de Portugal, des témoignages de l' es time que ce monarque faisait de la personne de son père; et de l'obligation dont il fut redevable à ses ser vices. Il l'honora du collier de son ordre du Christ. C 'est,ajoute le manuscrit de la Bibliothèque impériale , un jeune gentilhommedont le nom et la bonne éduca tion qu' il a reçue de sa mère promettent beaucoup à sa patrie et à l'honneur de sa maison. La seigneurie d 'Athis fut longtemps le patrimoine de cette famille , on le voit. Elle posséda dans le même temps dans nos cantons, la terre de Noiseau -sur-Amboile. Les Viole ont eu des alliances avec les du Tillet et les Montmo RENCY LAVAL. Cette famille éteinte avait sa sépulture à Paris, à Saint-Médéric, à Saint-André des Arts, à Saint Côme; et dans l'église de Luzarches où aucun monu ment ne le rappelle. Au dix -septième siècle la seigneurie d 'Athis fut ac ATHIS. - MONS. 61 quise par FRANÇOIS LE RAY, conseiller au parlement, mort en 1675 , sa veuve ÉLÉONORE LEMAITRE , fille du seigneur de BELLEJAMME, terre voisine de Montlhéry, se remaria le 15 février 1676 , à ANNE LEFÈBVRE D 'OR MESSON. Elle est morte en 1681. M. de la Brousse , dont nous avons rapporté l' épitaphe, l'acheta de ses héritiers. Il obtint la permission de faire célébrer dans l'oratoire du château , en 1699. THIBAULT- ÉTIENNE DE LA BROUSSE , son fils , prit le titre de MARQUIS D 'ATHIS. Il était premier cornette des chevau-légers Dauphin et mestre de campde cavalerie , lorsque arriva son décès , à Cambray, le 26 juin 1731, dans la trente - septième année de son âge (Mercure). CATHERINE TUFFET, leur épouse et mère, vendit, vers ce temps, la terre d 'Athis à la princesse LOUISE - ANNE DE BOURBON -CONDÉ. La trop célèbre MADEMOISELLE DE CHAROLAIS était belle , avait de l'esprit et un caur aimant! Elle était fille de Louis, prince de Condé, troisième du nom; née en 1695 , elle est morte le 8 avril 1758. LeMercure du mois de no vembre 1734 nous apprend que le roi lui accorda le titre de MADEMOISELLE , et déclara qu 'à l'avenir la pre mière princesse du sang, non mariée , le porterait. Le portrait de la princesse peint par Carle Vanloo, long temps au château d 'Athis, a été emporté à Paris par M. SERRES DE PRAT, dernier seigneur du lieu; nous l'avons admiré chez son fils, possesseur actuel de cette belle peinture. À la mort de mademoiselle de Charolais , M. le MARQUIS DE SAINT- BRISSON * acquit la terre COSO * Armes: D 'azur au chevron d 'or, accompagné en pointe d 'un lionceau 62 CORBEIL ET SES CANTONS. d 'Athis. Il est mort dans ce château en 1782, nous l'a vons dit en parlant des personnes inhumées dans l'é glise. M. le MARQUIS DE GOURGUES, son gendre , en jouit après lui. Un de ses neveux, qu' on prétend être né au château , a été connu sous le nom de M. d 'Athis. Il est mort dans les environs de Nantes le 10 août 1842. M. de Gourgues vendit la terre d 'Athis à M. SERRES DE PRAT, le 30 décembre 1790, à la veille on le voit de la destruction des priviléges. Ce dernier était originaire de Montauban et l'un desdescendants du fameux Olivier de Serres, auteur de l'immortel ouvrage: Monumentum æra perennis. Gédéon , l'un de ses frères, fonda la branche parisienne des SERRES DE PRADEL, de quidescendait le seigneur d 'Athis. Il fut en partie ruiné par la révolution tout en traversant à Athis les mauvais jours de nos troubles civils; ajoutons qu 'il fut détenu quelque temps à la Force. Depuis il a été président du district de Corbeil. Au château d 'Athis sont nés ses deux fils: JEAN - PIERRE -MARIE OLIVIER , le 22 floréal an IV (11 mai 1796 ) et HIPPOLYTE -MICHEL OLIVIER , le 3 ven démiaire an VIII (24 septembre 1799). Tous deux ont suivila carrière militaire et tous deux ont reçu la croix de la Légion d 'honneur. L 'aîné est mort en 1855, dans les environs d 'Orléans, chez madame la baronne de Pibrac , sa fille , également née au château d 'Athis. Le second est resté célibataire, avec lui finira cette branche. Lors de la capitulation de Paris, en 1814 , M. Serres de Prat logea le roi de Wurtemberg dans son château. demême; au chef cousu de gueules, chargé d'un croissant d'argent, accosté de deux étoiles du second émail. ATHIS. – MONS. Le prince y séjourna plusieurs jours. Lemaître avait alors pour commensale une amie: madame la BARONNE DE VIOMESNIL. Il paraît que le séjour de cette dame à Athis tenait à la politique. Fouché lui avait interdit Paris. Elle est morte dans ce château , au moment de rentrer dans ses foyers, le 14 avril 1816. Dame ANNE MARGUERITE OLIVIER DE VAUGIER était née à Paris le 4 août 1752, suivant l'acte de son décès; l'inscription écrite sur sa tombe au cimetière du Mont-Valérien , dit en 1753. Là encore se rencontre une seconde erreur; on y dit cette dame morte le 15 avril 1815. Cela tient sans doute à ce que les restes de la baronne de Vio mesnil restèrent plusieurs années dans le cimetière d 'Athis. Elle avait épousé CHARLES- JOSEPH -HYACINTHE DU Houx , baron , puis marquis de Viomesnil, maré chal de France , sous la Restauration , mort à Paris le 5 mars 1827. Madame la MARQUISE DE LA TOUR - DU Pin -MONTAUBAN , leur fille unique , est souvent venue au château d 'Athis pendant le séjour qu ' y fit sa mère. Elle était née en 1805; elle mourut à Nice le 13mars 1829. Ses restes ont été réunis à ceux de son père et de sa mère. On vit encore chez Serres de Prat, à la même époque, ALPHONSE - CONSTANCE DE PONTÈVES, dernier rejeton d 'une des plus anciennes familles de Provence. Il entra dans les ordres, et fut successivement vicaire généralde Blois, abbé de Bonport et aumônier des rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Il est mort à Paris le 4 mai 1841 , à l'âgede quatre-vingt- onze ans. M. l'abbé de Pontèves était parent de M. Serres de Prat. Le châtelain vendit la terre d 'Athis en 1818. Il se 64 CORBEIL ET SES CANTONS. retira alors à Paris , où il est mort en 1845 , à l'âge de quatre- vingt-treize ans. M. Roussel, son acquéreur, a été l'un des fondateurs du journal le Constitutionnel. La veuve de celui- ci l'a vendue en 1852 , à M. le BARON DE COMMAILLES, mort à Paris le 13 janvier 1857 , à l'âge de soixante-quinze ans. Elle est habitée par sa veuve. L'architecture du château est de la plus noble sim plicité. Le corps de logis principal est flanqué de deux ailes. Du côté de la cour , le rez-de-chaussée est au ni veau du sol. Une belle pelouse a remplacé les anciens parterres du temps de Serres de Prat. Deux charmants couverts de tilleuls s'alignent avec le château. Cette rare position offre des points de vue presque incompa rables. Le domaine d'Oysonville, plus anciennement connu sous le nom de fief des Carneaux, vient immédiatement après le château. Il a été parfois réuni à la seigneurie d'Athis. PIERRE D'ALLONVILLE , seigneur des Carneaux et de Louville ( terre au territoire de Champcueil) au milieu du quinzième siècle , épousa JEANNE DE LANGUEDOUE , d'une famille noble au pays Chartrain , dont la descen dance habite encore nos cantons. Les comtes d'Allon ville étaient barons d'Oysonville; c'est certainement Pierre de ce nom, qui aura donné à ce fief le nom d'Oysonville. Un des membres de cette famille a été gouverneur d'Étampes; un autre de Montlhéry. On a une lettre du 25 janvier 1513 , par laquelle MASSA WUF BERAULT, qualifié boursier de Mons et Athis-sur-Orge, fait la remise de la place des Carneaux. Cet ancien nom ; ATHIS. — MONS. était encore préféré à cette époque. Le 15 septem bre 1535 , ANTOINE DE LOYNES, procureur au parle ment et GABRIEL MARÉCHAL, avocat, copropriétaires de ce fief, en portèrent foi et hommage à la terre princi pale. Le 14 juillet 1553, ANNE DE COYMA , aussi avocat au parlement, fit pareil acte. Dix ans plus tard , le 23 juillet, aveu en fut fait par Antoine de Loynes déjà nommé et CATHERINE CHAZELAIS , sa femme. Le 1er octo bre 1594, cet acte fut renouvelé par HÉLYE LOYNES, sans doute à titre d 'héritier; et en 1617 par ses enfants. La mêmefamille était en possession de la seigneurie de Grigny. Le 23 mai 1628, GEORGES BEAUDOUIN , fit l'ac quisition de l'ancien fief des Carneaux. ÉTIENNE, son fils, en jouit après lui. Il en rendit foi et hommage à sa mort, le 24 avril 1643. Par provision du 12 septem bre 1667, l'archevêque de Paris , de Gondy, lui donna permission de faire célébrer dans l'oratoire de sa maison. Étienne Beaudouin , écuyer, bachelier en théologie et Conseiller du roi, est mort dans sa maison des Carneaux , le 5 décembre 1717, à l'âge de quatre-vingt- trois ans. Il vendit partie de ce fief de son vivant à FRANÇOIS MARIE -JOSEPH GUILLEMEAU DE FREVAL, écuyer; il est qualifié dans l' acte de son mariage , célébré en 1704 , avec dame MARGUERITE-ÉLISABETH DE BRAGELOGNE; Seigneur du fief des Carneaux , et Conseiller au châtelet de Paris. Ils laissèrent quatre enfants: CLAUDE HYA CINTHE , l'une des filles, épousa , en 1748 , ANNE-MARIE PETIT DE LEUDEVILLE, d 'une famille de robe fort hono rablement connue dans nos cantons, qui n 'est pas éteinte. 06 CORBEIL ET SES CANTONS. Le fief des Carneaux devint, en 1718 , la propriété d 'ANTOINE-GASTON - JEAN -BAPTISTE DUC DE ROQUELAURE , marquis de Biran; et de MARIE -LOUISE DE LAVAL, sa femme, morte en 1735. Lorsqu 'il fut atteint de cécité, le maréchal se retira dans sa maison d 'Athis, avec l'in tention d'y finir ses jours. Il en futautrement. Le Mer cure (mai 1738, p. 1028) le fait mourir à Paris; d 'au tres documents dans son gouvernement de Languedoc, à Lectoure , le 6 mai 1738 , dans sa quatre- vingt deuxième année. Il était doyen des maréchaux de France. C ' était un plaisant bel esprit, mais par trop cynique. On a de lui deux portraits: ce sont de véri tables caricatures. Le duc de Roquelaure eut deux filles: les princesses de Léon et de Pons. On a la généa logie de cette famille éteinte (Paris, Thiboust , 1762. in - 12 de 61 pages). M. de Roquelaure ne faisait rien comme personne, exceptéla guerre! Quand la Fable etl'antiquité fournis saient des sujets pour décorer Versailles ,Marly, Tria non , il faisait élever un monument à sa chienne favorite , dans ses bosquets d 'Athis. On lit dans le cartouche , à la base: Ci-git la célèbre Badine Qui n 'eut ni beauté ni bonté, Mais dont l'esprit a démontré Le système de la machine. Ces vers ontété mal à propos attribués àmademoiselle Scudéry. Le duc de Roquelaure vinthabiter Athis en 1718; notre moderne Sapho était morte dès 1701. Le duc de Roquelaure trouva des imitateurs: Françoise Marguerite deGondy , veuve d 'Emmanuel duc de Créquy ATHIS. - MONS. IOU O a Lesdiguières, fit élever un semblablemonumentdans les jardins de son hôtel, à Paris , non loin del'Arsenal, à sa chatte chérie. On lisait sur le piédestal: Cy- gist une chatte jolie. Sa maîtresse qui n 'aima rien , L 'aima jusqu 'à la folie. Pourquoi le dire? On le voit bien. L 'abbé Delille , dans son Poëme des jardins, a juste ment blâmé l'usage qui prostitue à des animaux un honneur que méritent seuls les hommes. Scarron a dédié ses @ uvres burlesques à sa chienne (Rouen , 1653, 2 vol. petit in -8°). Le propriétaire actuel du domaine d 'Oysonville a eu la faiblesse (1860) de laisser passer cemonument étrange de ses jardins dans ceux de son voisin! Il a heureusement été photographié dans le bosquet où on le trouvait, en 1857, par un artiste graveur, M. E. VARIN. Le duc de Roquelaure a laissé à Athis un fils naturel, ANTOINE MOZARD dit Roquelaure, né à Athis le 15 mars 1725 , où il est mort le 22 août 1812. FRANÇOISE DE ROQUELAURE , duchesse de Rohan , prin cesse de Léon (1), seule héritière du duc, vendit la terre d 'Oysonville à dame JEANNE -ANGÉLIQUE -ROQUE DE VARANGEVILLE, veuve du maréchal, DUC DE VILLARS. La duchesse était déjà avancée en âge. Elle écrivait d 'Athis , le 24 février 1757, à l'homme d 'affaires du seigneur: « Je n 'ay point oublié , monsieur, la façon honeste (1) Elle épousa , en 1708, Louis de Bretagne de Rohan- Chabot, né le 26 septembre 1679, mort à Paris, le 15 août 1738; elle en euttrois fils et trois filles. La duchesse est morte à Toulouse, le 5 mai 1741, à l'âge de 58 ans. CORBEIL ET SES CANTONS. et obligeante avec laquelle vous avez reçu les vives représentations que j'ay eu l'honneur de vous faire sur l'estat déplorable de la petite avenue d'Hatis: je viens vous en faire souvenir et vous supplier d 'y faire tra vailler. Vous êtes trop bon ,monsieur, et vous connoissez trop le plaisir de la campagne, pour priver une pauvre infirme de la satisfaction qu'elle trouve à la sienne. C 'est avec beaucoup de confiance que je prends la liberté de m 'adresser à vous, monsieur, et avec grand plaisir que je vous renouvelle les assurances de la vérité avec laquelle , « J'ai l'honneur d 'estre , monsieur, votre très-humble et très - obéissante servante, la maréchale duchesse de Villars. » Laduchesse est morte à Paris , au mois demars 1763. Les créanciers de son fils, HONORÉ- ARMAND, son unique héritier , apprirent l'événement avec joie. Ce seigneur, livré aux goûts les plus dispendieux, était toujours aux expédients. Le duc de Villars était de l'Académie fran çaise , il est mort en 1770. Oysonville devint bientôt la propriété du DUC DE ROHAN -CHABOT, l'un des petits- fils du duc de Roquelaure, marié à EMILIE DE CRUSSOL d ' Uzès. Dans une lettre datée d 'Athis, le 25 août 1775 , la duchesse dit à M. de Malesherbes à qui elle est adres sée: Mon attachement vous est connu , il est bien vray , il est plusancien que vos dignités et il est tout à vostre personne. J'ai l'honneur, etc., etc. Le ministre avait averti la duchesse de certains propos compromettants que lui prêtait M. de la Chalotais: Je ne puis trop vous remercier ,monsieur, ďavoir bien voulu m 'avertir. DUX ATHIS. – MONS 69 ANNN En 1781, Oysonville changea de maitre. ADRIENNE EMILIE DE LA BAUME LEBLANC (1 ), veuve du duc de Châ tillon , en fit l'acquisition. Elle le conserva neufans. L 'orage grondait déjà sourdement, lorsque M. LE MAR QUIS DE GOURGUES, seigneur d 'Athis , le lui acheta. Le mariage du MARQUIS DE ROUVRES avec mademoiselle de Senneville , sa nièce, a été célébré dans la chapelle d 'Oysonville , le 29 janvier 1791 , par l' évêque de Mon tauban: Anne- Francois - Victor Le Tonnellier de Bre teuil. Nous voici au dix - neuvième siècle , M. Corbrun est propriétaire d 'Oysonville. Et en 1813, M. LE BARON DE CRUSSOL D 'Uzès * , sans doute en souvenir de sa famille! EMMANUEL-HENRI-CHARLES DE CRUSSOL, néle 11 octobre 1741, émigra. Il fut créé chevalier de Saint-Louis et lieutenant-général sous les drapeaux des princes. Au dé clin de sa vie , il cultiva la littérature et particulièrement la science agricole. Il est mort à Athis , le 17 juillet 1818. L 'Annuaire historique de Lesur marque son décès le 6 juillet; c'est une erreur. Sa veuve lui survécut: dame BONNE-MARIE - JOSÉPHINE-GABRIELLE - FÉLICITÉ BERNARD DE BOULAINVILLIERS, née le 7 novembre 1752, estmorte à Paris le 7 avril 1829. Tous deux ont été inhumés dans (1 ) Fille unique du duc de la Vallière et de dame Anne- Julie Françoise de Crussol d ' Uzès. Elle épousa, en 1756 , Louis Gaucher de Châtillon , né le 27 juillet 1737, mort à Paris , le 15 novembre 1762. * Armes: Écartelé au 1 et 4 ,parti de Crussol et de Lévis. Au 2 et 3 contre écartelé au 1 et 4 , d 'azur à trois étoiles d 'or en pal. Au 2 et 3, d 'or à trois bandes de gueules, qui est de Genouillac, et sur le tout de gueules à trois bandes d 'or, qui est d 'Uzès. 70 CORBEIL ET SES CANTONS. le cimetière d 'Athis. M. LE COMTE DE VILLENEUVE, héri tier de madamela baronne de Crussol, loua Oysonville à M. LE MARQUIS D 'AUTICHAMP. Il y reçut souventMGR BOR DERIES , évêque diocésain , et y donna asile lors des événements de juillet 1830, au PRINCE DE POLIGNAC, principalministre du roi Charles X; il y passa plusieurs jours. En 1834 , M. le comte de Villeneuve vendit Oyson ville à M. LAFOSSE; celui-ci, en 1839, à M. LAILLET; il vendit en 1850 à M. VALLERAN; M. DAUTIER l'acheta en 1857. Ilavait eu l'intention de morceler ce domaine. Ses espérances n 'ayantpu se réaliser , il démeubla le château et vendit Oysonville intact à M. Cottini, propriétaire actuel. Douze arpents de l' enclos de ce beau domaine ont jadis été la propriété de CONRART, le père de l'Académie française qu'on sait avoir été créée en 1635 , et dont il fut le premier secrétaire perpétuel. Il se plaisait à rece voir dans son petit domaine d 'Athis tout ce qu'il y avait de mieux dans les lettres et dans le monde. Valentin Conrart était lui-même d 'une famille très -honorable, originaire de Valenciennes. Paris le vit naître en 1603. Il y est mort en 1675. La plus grande beauté de son habitation consistait dans une terrasse formant un parterre, d 'où l'on avait une vue admirable! À côté de cette terrasse régnait une allée plantée sur un talus, composée de très- beaux arbres; puis un verger; puis un bois avec huit allées , et les perspectives les plus variées. MADEMOISELLE DE SCUDÉRY, l'hôte le plus habituel de Conrart, donne la description desmagnificences de ce petit domaine dans ATHIS. — MONS. sa Clélie (2e partie , liv. II, p. 796); et l'abbé Lebeufen marque la position, lorsqu'il dit de l'habitation: « C 'est celle qui a le plus d 'apparence, à ceux qui viennent de Corbeil.» Il ajoute: « On conserve dans le jardin , par respect pour la mémoire de Madeleine Scudéry, un arbre sous lequel elle étudiait, quoiqu 'il nuise à la vue. Conrart acheta la maison d 'Athis de CHARLES CLÉ MENT, écuyer; héritier de Guillaume Clément, son père, greffier et concierge de l'Hôtel de ville de Paris , et de Catherine Tamponnet, sa mère. Ceux- ci en avaient fait l'acquisition en 1616 , de François HAMELIN , conseiller du roi, procureur général en la Cour des Monnaies. Le seigneur d 'Athis permit à Charles Clément d 'enfermer dans les murs de son domaine, le chemin dit la Croix d 'Athis, allant à Juvisy, depuis son logis jusqu'à la ruelle du moulin , et de transporter le nouveau chemin au delà de cette clôture. Cela se passait en 1646. On trouve en de vieux titres de ce domaine la permission suivante donnée à Guillaume Clément le 23 août 1618: Pierre Viole , seigneur d 'Athis, conseiller du roi, donne permission à Guillaume Clément, greffier, etc. , de mettre dans sa maison , sise au bourg d'Athis, douze douzaines de pigeons de volière, et quatre douzaines de paniers pour les y faire nicher… Conrart a joui constamment de cette faveur; elle fut renouvelée le 3 mai 1678 , à l'acquéreur de ses héritiers, GASTON - JEAN -BAPTISTE BERNARD , che valier , seigneur de Forax. Madeleine Scudéry écrivit d 'Athis au ministre Col bert, pour lui demander la permission d ' aller visiter 72 CORBEIL ET SES CANTONS. Pellisson, prisonnier d'État. Une conformité de génie , de goûts et de sentiments , les avait faits l'un pour l'autre , où ils se virent, où ils s'écrivirent tous les jours , pendant près d'un demi-siècle. Ce modèle d'infortune et de reconnaissance avait été secrétaire de Fouquet; cela suffit pour qu'il fût enveloppé dans sa disgrace! L'aisance dont jouissait Conrart lui permit de consa crer sa vie presque entière à l'étude et à l'amitié , au milieu des incommodités toujours croissantes de la goutte qui le tourmenta cruellement jusqu'à sa mort. Quoiqu'il ne sût ni le grec, ni le latin , mais seulement l'italien et l'espagnol, Conrart possédait parfaitement la langue française. Il a beaucoup laissé , mais peu fait imprimer; et ce qui l'a été est disséminé dans différents recueils. Ce que Pellisson appelle sa modestie, Boileau le qualifie de silence prudent. Son séjour de plusieurs années à Athis nous a fait recourir à la collection ma nuscrite , connue sous son nom, conservée à la biblio thèque de l'Arsenal. C'est parmi ces miscellanées que M. de Montmerqué a trouvé les Mémoires dont il a donné une édition en 1825. Ils ont été réédités dans la collection Michaud -Poujoulat. On connaît encore de Conrart une préface en tête des traités et lettres de Gombault , touchant la religion (Amsterdam , 1669 , in- 12); une imitation en vers , du psaume 92; les psaumes retouchés sur l'ancienne version de Clément Marot; des lettres familières à M. Félibien; une épitre en vers , imprimée parmi celles de Bois - Robert; et une ballade en réponse à celle du Goutteux sans pareil, im primée dans les æuvres de Sarrasin. M. Paul Lacroix a ATHIS. MONS. 73 fourni au Cabinet historique ( 1859 , 5e année, p. 84) le catalogue des vingt-deux volumes petit in-8°; dix-huit volumes in - fº et trois volumes in-4° qui composent la collection de l'Arsenal! Conrart , comme c'était assez le goût de son époque , rassemblait avec une persistance d'amateur, les lettres, pamphlets , factums, billets , chansons et vers dont s'occupaient les petits et les grands cercles qu'il dirigeait et auxquels il était associé. Dans ces recueils , il parle assez souvent de sa maison d'Athis; des visites qu'il y recevait. On sait la haute considération dont jouissait dans le monde ce Caton littéraire , autour duquel se groupaient tant d'obsequieux admirateurs! Linière a lâché cette épigramme contre le pauvre goutteux , dont Lossin a gravé le portrait d'après Lefèvre: Conrart, comment as-tu pu faire Pour acquérir tant de renom? Car tu n'as, pauvre secrétaire, Mis en lumière que ton nom! Voici le fragment d'une pièce inédite de Conrart , tiré de la collection précitée (in-4° , t. XIII , p. 191 ); elle a pour titre: Les fauvettes du bois de Carisatis à leur reyne la Fauvelte du bois de Sapho. Nous avons en ce voisinage Un délicieux hermitage, Qui seul possède l'avantage Qu'il n'y vient en pèlerinage Que gens d'honneur, et gens de bien, Galants et de bon entretien. Dans cet hermitage, l'hermite Sait attirer par son mérite, Dames, docteurs et courtisans; 74 CORBEIL ET SES CANTONS. La reyne Sapho, tous les ans, Durant les beaux jours de l'automne, Sans train , sans sceptre et sans couronne Et sans nul embarras de cour, Vient habiter ce beau séjour. L'ermite, évidemment Conrart, écrivait d'Athis, le 3 novembre 1667 , à mademoiselle GODEFROY, depuis marquise D'ANDEVILLE ( 1 ): « Je ne savais pourquoy les cloches , qui ont sonné vingt-quatre heures durant , m'ont donné autant de plaisir cette année qu'elles m'avaient importuné les années passées (il était protestant). Mais je ne m'en étonne plus depuis que j'ai su qu'elles son naient pour annoncer votre venue à toute une contrée. Vous voyez comme toutes choses s'en réjouissent. Le soleil qui ne s'était pas montré depuis votre départ a paru ces deux derniers jours , le plus beau et le plus gay du monde. » ( Même collection et volume, p. 295. ) L'année suivante , à la même date , Conrart adressait ces vers , également inédits , à la même dame: Nos jardins étoient embellis D'oeillets, de roses et de lys, Qui sèchent à vostre venue; Iris, de votre teint les immortelles fleurs, Font perdre aux autres leurs couleurs, . Rien ne paroisi beau dès que l'on vous a vue. Et le 4 novembre 1668 , ceux - ci: ( 1 ) La Chenaye des Bois ne nous fournit rien sur le nom d’Ande ville. Peut-être faut- il lire Danneville? Il y a eu un marquisat de ce nom ( Ve édition in-8° , t. IV, p. 541 ). À la même époque, vécut une actrice appelée Dangeville. Elle joua le principal rôle dans la petite comédie du Procès de Sens, avec tant de finesse, qu'elle s'attira des éloges en vers ( Mercure, juillet 1732 , p. 1614). ATHIS. — MONS. 75 J'avois assez senty les tourmens de l'absence Sans apprendre aujourd'huy Que mesme la présence Peut causer de l'ennuy. Quoi! paroistre un moment, et soudain disparoistre! Quoi! paroistre un moment, pour convaincremes yeux, Que de tous vos appasmon rival est le maistre Etme rendre témoin de son sort glorieux! C 'est pour moy, belle Iris, une triste aventure, Et je dois désormais , Ne vous voir qu 'en peinture. Ou ne vous voir jamais. De l'autre côté du chemin d 'Athis à Juvisy, à la sortie du village , est l'habitation heureusement posée de madame Lafosse. Cette propriété a jadis été à M. DU TILLET, conseiller au Parlementde Paris , dont la famille eut des alliances avec celle de Viole, alors seigneur d 'Athis. M. DE FOUCAULT, intendant de Caen , en a été depuis propriétaire. Saint-Simon nous apprend qu'il obtint la rare permission du roi, de quitter son inten dance à son fils en 1706. Il ajoute, Foucault, grand médailliste , était fort protégé du P. de La Chaise , qui l' étaitaussi! ll embellit ses jardins d 'Athis de précieuses antiquités découvertes dans son intendance, à Vieux , canton d 'Évrecy. À sa mort, en 1721 , ces débris d 'un autre âge furent portés à Paris et dispersés en différents cabinets. Il en est resté quelques fragments à Athis , où leur présence pourra faire imaginer un jour que son territoire les a fournis? Les Mémoires de l'Académie des Inscriptions (Édition in - 12 , t. Jer , p. 290) renfer ment le rapport de M. de Foucault sur les antiqui tés recueillies à Vieux. La famille d 'AVAUGOUR a en suite possédé ce domaine. M. Lafosse, mort en 1860 , CORBEIL ET SES CANTONS. a rebâti l'habitation et changé la disposition des jar dins. Là , est passé lemonument de la chienne du duc de Roquelaure. M. V. Cousin , de l'Académie fran çaise, a souvent été le commensal de M. Lafosse. Nous sommes tenté de croire que cette propriété est l'ancien fief de PIÉDEFER , appelé plutôt JEAN DU PUY , du nom de son premier possesseur, à titre de fief. Une famille Piédefer, honorablement connue à Viry , a légué son nom à un fief de ce village et à un second à Mons. Il est évident que c'est elle qui a occasionné la substi tution du troisième. Cette famille eut aussi des alliances avec les Viole. Plusieurs personnages de ce nom ont été inhumés dans l'église des Saints-Innocents de Paris. Le fief d 'Athis appartintensuite à la famille du chance lier Boucherat. GUILLAUME de ce nom fit hommage de son fief à Pierre Viole, le 2 septembre 1571, et le renouvela avec JACQUELINE DU MOULIN , sa femme, le 7 décembre 1573. JEAN , du mêmenom , conseiller du roi, sans doute leur fils, fit pareil hommage le 14 fé vrier 1648. On lit dans la taxe faite desmaisons, sises aux environs de Paris et ailleurs, en exécution de l'arrêt du Conseil du 11 février 1649 ( 1): « Une maison sise dans le village d 'Aty , appartenant au sieur Boucherat, mestre des requêtes, quatre mil livres. » PIERRE , chef de la troisièmebranche, qualifié seigneurd'Athis , épousa JEANNE GODET. Elle lui porta le fief de Piédefer en dot. CLAUDE , né de cette union , ne posséda qu ’une portion de ce fief. Il fut marié à JACQUELINE FORÊT. JACQUES, (1) C. Moreau , Choix de mazarinades, t. Jer, p. 207. ATHIS. – MONS. 77 frère puiné de Claude, eut l'autre partie de Piudefer. Il laissa un fils, qui porta le prénom de PIERRE, et hérita d 'une portion de la part échue à son père. Il a été tué à la bataille d ' Ivry. JACQUES, fils de ce dernier, réunit de nouveau le fief par héritage. Il le laissa à CHRISTOPHE , son fils. Celui-ci vivait encore à Athis au milieu du dix septième siècle. FRANÇOIS PARIS , secrétaire du roi , en fit alors l'acquisition. Opposition fut formée à cette vente le 11 août 1677. Ainsi, les BOUCHERAT possédèrent ce fief , tantôt sanspartage, tantôt divisé; puisque à la gé néalogie régulière qui précède, il faut ajouter un autre BOUCHERAT qui portait le prénom de GUILLAUME; sui vant les titres, il rendit foi et hommage à Pierre Viole , du fief de Piédefer, le 16 juillet 1609. Ce dernier épousa MARIE -MARGUERITE PERROT, fille de Jacques de ce nom , en 1576. Ils laissèrent trois enfants qui se partagèrent leur succession le 20 février 1611. JEAN , l'aîné, a été qualifié seigneur de Piédefer et d 'Athis, suivant La Chenaye des Bois. (Addition au t. IV , p. 667.) Il est mort doyen de la Cour des Comptes de Paris, le 24 février 1671, et a été inhumé à Saint - Landry ( 1). Il avait épousé CATHERINE DE MACHAULT, dont il eut, entre autres enfants, Louis, qui a été chancelier de France; AYMON -JEAN -BAPTISTE BOUCHERAT, puiné de ce dernier, a été seigneur de Piédefer. Il est mort le 28 août 1699. C 'est alors que ce fief fut incorporé mo mentanément à la terre principale. La fermedite du château, propriété de M.de Courcel, (1) Le P. Anselme, Histoire des Grands Officiers, t. VI. 78 CORBEIL ET SES CANTONS. a appartenu au célèbre médecin CORVISART. Il eut la bizarrerie de se faire inhumer dans le jardin! JEAN Nicolas CORVISART-DESMARETS * , baron de l'Empire , né à Dricourt, près Vouziers ( Ardennes) , le 15 février 1755 , est mort à Paris, le 18 septembre 1821. Il était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre de la Réunion et membre de l'Institut. Corvisart avait l'esprit cultivé , et malgré sa tristesse habituelle, il faisait ses délices de Virgile, de Voltaire et de Molière. Son neveu et héritier , en vendant la ferme d'Athis , n'ayant fait aucune réserve pour sa sépulture , ses restes ont été exhumés et transférés dans le cimetière de la commune, en 1824. Près de lui repose: SCIPION-CHARLES-LOUIS CORVISART, son neveu et légataire , ancien officier supé rieur de cavalerie, mort à Paris en 1852. Une modeste maison du village d'Athis a longtemps appartenu à MICHEL FILLETTE , dit LORAUX , homme de lettres, né à Paris le 10 août 1779 , mort en la même ville , le 28 décembre 1849. Il y recevait quelques amis et y faisait de la chimie plutôt que des vers et de la prose. Dans ce voisinage, on rencontre deux autres ha bitations également modestes. L'une est habitée par le vice- amiral JURIEN DE LA GRAVIÈRE; l'autre parM.Mon NOT-LEROY , notaire honoraire à Paris , chevalier de la Légion d'honneur. Il nous reste à parler de Chaige; cet ancien fief rele * Armes: Écartelé au 1 d'or, au cæur de gueules, en abime; au 2 de ba ron tiré des corps savants; qui est de gueules à la plume d'argent; au 3, de gueules , au lion rampant d'argent; au 4, d'or, à la verge de sable, tortillée d'un serpent de sinople. ATHIS. – MONS. vait du roi, à cause de son comté de Montlhéry. L 'his torien de Corbeil (p. 17) écrit son nom Chages et le qualifie simplement de maison champestre. Il est posé dans la vallée de la Seine , presque à la jonction de la rivière d 'Orge et entre les deux. D 'anciens titres donnent à ce domaine le nom de Frumental et d 'Orainville. Le nom qu'il porte est connu à Meaux et à Soissons, où les titres latins le rendent par Cavea. Y aurait - il eu des arènes en ce lieu? Au seizième siècle , noustrouvons Chaige possédé par une dame Des Ecaux. Immédiatement, vers 1550 , par PIERRE GRASSIN , conseiller au Parlement de Paris. Nous avons longuement parlé de ce personnage en traitant l'histoire d 'Ablon.Le 19mai 1600 ,GUILLAUME TAMPON NET est qualifié sieur du fief Chaige, dans l'acte de foi et hommage qu'il en renditau seigneur de Piédefer. En 1675 , MICHEL de ce nom , fils ou petit- fils du précédent, fit aveu et dénombrementde ce fief à GuilLAUME Bou CHERAT, lors seigneur de Piédefer. Dom JEAN DE WAT TEVILLE posséda ensuite ce fief. Ce personnage se dis tingua d 'abord commemilitaire, puis il se fit chartreux. Cette vie indolente ne pouvait certainement convenir à son caractère. Il s'évada du couvent et prit du service dans les États du Grand - Seigneur et devint pacha; fut nommé gouverneur de plusieurs places en Morée où il négocia secrètement avec les Vénitiens. Cela lui valut l'absolution pour son changement de religion. Watte ville revint alors en Franche-Comté , où il était né. Il y rendit de grands services à Louis XIV qui en convoitait la conquête, et en fut récompensé par le don de plu 80 CORBEIL ET SES CANTONS. sieurs abbayes. Il est mort à peu de temps de là , fort agé, malgré sa vie tout agitée! Les descendants du chancelier Boucherat possédèrent ensuite Chaige. C'est d'eux que Nicolas HAMELIN, écuyer , fermier-général, en fit l'acquisition. Ce dernier est mort le 4 février 1702. CHARLOTTE-MADELEINE PASQUIER DE FRANCLIEU, sa veuve , épousa en 1705 Charles-François de Crussol , comte d'Usez , marquis de Montausier (d'Hozier , Armo rial général de France, t. IV). Les héritiers de M. Ha melin vendirent à madame Belot, veuve d'un secré taire du roi; celle-ci à madame MARANDON DE LA MAISON - FORT , qui conserva ce fief fort longtemps , même après la suppression de la féodalité. De nos jours , ce domaine a appartenu à M. DUCHÊNE , notaire à Paris; à M. le comte DE MONTESSUY , et en 1860 à M. GARNIER , ancien négociant de Paris. Il a fait ôter au petit manoir une partie du curieux cachet féodal qu'il avait conservé , et a fait dessiner les jardins à l'anglaise. Chaige , depuis son acquisition , est appelé Orainville, nom qu'il porta quelquefois. Mons, dont le nom indique l'étymologie, était encore une commune il y a quelques années, et unie avant la révolution , pour le spirituel , à Ablon. On l'a annexée à Athis administrativement en 1818 , déjà le spirituel lui était acquis depuis le Concordat. Ce hameau s'étale à la cime du coteau , en regard de l'est. La vigne y est cul tivée , et les vins qu'on y récolte passent pour être des meilleurs des environs de Paris. Nous lisons dans l'abbé Lebeuf: In comitatu Parisiensi, in villa que dicitur Mon tium , mansus unus arabilis terræ cum vinearum ubertate. ATHIS. - MONS. 11 Mons est mentionné dans une charte du roi Ro bert, en faveur de l' abbaye Saint- Magloire de Paris. Louis VI et Louis VII ont depuis confirmé les dona tions faites à cemonastère par leur prédécesseur. L ' ab baye Sainte -Geneviève de Paris avait des serfs à Mons, au douzième siècle , et une dime qu'elle partageait avec l'abbaye Saint- Victor. MARGUERITE , dame de Mons, légua à l'abbaye des Vaux de Cernay, un arpent de vigne. Mons a eu aussi des seigneurs particuliers dès le douzième siècle. L ' abbé Lebeuf mentionne PIERRE DE MONTIBUS, qualifié damoiseau. Il en fut de même de THOMAS DE VIGNOLIO , dans un acte de l'an 1230 , par lequel ce chevalier donna un arpent de vigne à l' abbaye d 'Hierre: In censura domicelli de Montibus. Ce personnage ne doit être autre que Philippe, Domi nusdeMontibus. Il donna , la même année , à ce monas tère: unum modium bladi in molendino apud Atyas. Le moulin sur lequel cette redevance était due, est sur le cours de l'Orge; il a été connu sous le nom de Mou lin - du -Roi. La terre de Mons elle -même a fait partie du domaine royal, et relevait, à cause de cette circon stance, de la Tour du Louvre. C 'est certainement de là que vient la grande lacune qui existe dans la liste des seigneurs. Il faut ajouter que cette terre a pu suivre le sort de celle d 'Athis à différentes époques. En 1348, Alix , veuve d 'ENGUERRAND DE MARIGNY, et Raoul, son fils , en étaient en possession. JEAN , chantre de la ca thédrale de Paris , est qualifié au nécrologe de cette époque: Dominus de Montibus. Il vivait au quatorzième 82 CORBEIL ET SES CANTONS. siècle. Vers le même temps, le 22 septembre 1370, Robert Canolle et les Anglais, au retour d 'une course en Bourgogne, logèrent à Mons et à Ablon. Le chapitre de Notre- Dame de Paris fit l'acquisition de la sei gneurie de Mons de GUILLAUME D ’ESTOUTEVILLE et de JEANNE DONDAUVILLE, femme d 'un autre Guillaume de ce nom , en 1417. Il la conserva jusqu 'à l'abolition des privileges , ainsi que les prérogatives de la seigneurie d 'Ablon. Une tour carrée constituait ce fief. Celui de Bretigny , au mêmelieu , relevait de la prin cipale terre d 'Athis. Il avait son oratoire domestique. Nicolas LEJAY, baron de Tilly,de la Maison-Rouge et de Saint-Fargeau, seigneur de Villiers-les-Salles; Saint-Y , Bretigny -sur-Mons, Malabry, Paray , Conflans et les Carrières; premier président au Parlement de Paris , garde des sceaux et surintendant des deniers des ordres, en était propriétaire au moment de son décès , arrivé à Paris, le 30 décembre 1640 , à l'âge de soixante - six ans, sans laisser de postérité (La Chesnaye des Bois le dit morten 1649). Il a été inhumédans l'église desMinimes de la place Royale (1).Guy Patin assure dans ses lettres que ce grave magistrat aimait les petites joies. Le fief de Bretigny passa à son neveu HENRI- FRANÇOIS LEJAY. FRANÇOISE, fille unique de celui-ci, épousa BENOIST PERROT, chef d ' échansonnerie de la maison du roi. Ils ontété aussi propriétaires de Bretigny. La famille Perrot était déjà ancienne à Mons. ESPÉRANCE PERROT épousa , en 1582, ROBERT HURAULT DE L 'HOPITAL, seigneur de BER RAULT I (1) Le P. Anselme, t. IX , p. 304. ATHIS. MONS. 83 Juvisy (La Chesnaye des Bois , édit. in-8° , V. Hurault). ÉLOI PERROT, père de Benoît , a été le créateur d'un clos qui porte encore son nom. Voici la description que nous en donne le sieur de Corneilan , son contemporain, dans son voyage en vers de Paris à Corbeil, manuscrit.con servé au Britisch Museum: Puis touchant sur la grosse corde, Je chanterai d'un ton plus haut Les beautés que le ciel accorde Au logis de Mons Perrot; Sa grotte , son bois et sa vue Et son vivier qui diminue Sans qu'on puisse arrêter son eau. Là, j'arrêterai mon ouvrage, Ne pouvant finir mon voyage Dedans un lieu qui soit plus beau. Il parait qu'il avait là son habitation , dont on ne trouve plus trace. Nommons encore , parmi les posses seurs de Bretigny, PIERRE - PAUL PERROT, leur fils et petit -fils, encore possesseur de ce fief vers 1750 ( 1 ). Le château de Bretigny a été détruit vers 1818. Il reste le colombier à pied , dernier vestige de féodalité, et l'ancienne grille qui ferme l'enclos. En 1806 , il était devenu la propriété de madame la DUCHESSE DE Riche LIEU , née MARIE - ANTOINETTE DE GALIFFET , en 1757 , belle -mère du dernier duc de ce nom. Cette dame l'habita plusieurs années , puis elle lui préféra une terre voisine de Fontainebleau , où elle mourut en 1816. Lorsqu'elle quitta le château de Bretigny, il fut habité, à ( 1 ) Manuscrit généalogique de cette famille, conservé à la biblio thèque Sainte- Geneviève. 84 CORBEIL ET SES CANTONS. titre de location , par madame LA COMTESSE MARIE LAC ZINSKA , veuve du comte ANASTASE -COLONNA WALEWSKI, dont elle eut Son Excellence M. le Ministre d ' État. Cette dame se remaria , en 1816 , à M. le comte d 'Ornano; elle est morte à Paris le 11 décembre 1817. Il faut encore citer à Mons l' agréable habitation de M. CHODRON DE COURCEL. Il l'a rebâtie de fond en comble. Dans le salon de l'ancien logis , on trouvait deux tableaux d 'une allégorie fort curieuse; le pro priétaire les a placés dans sa maison de Paris. L 'ancien fief de Bretigny, le clos Perrot, sont réunis à ce domaine. On connait les propriétaires à partir de 1626. JEAN LECLERC, avocat au parlement de Paris, se présente le premier. En 1628, l'abbé MALLET, docteur en Sor bonne. En 1731, mademoiselle DES ESSARTS DE LI GNIÈRES. En 1737, DOUIN DE COURCELLES, contrôleur des finances. En 1750 , l'abbé NOLLET. M. de Courcel a eu le bon goût de placer le buste et un médaillon de ce savantdans ses appartements. On a le portrait de l'abbé Nollet, d 'après La Tour. Néà Pimpré, dans le Noyon nais , vers 1700 , il est mort au Louvre le 24 avril 1770. L 'Académie des sciences lui ouvrit ses portes en 1739. Ce savant a été maître de physique des enfants de France et professeur de physique expérimentale au Collége- Royal. Sa maison de Mons a été témoin de ses expériences et de ses succès. Il y a souvent reçu RÉAU MUR, son parent. Les ouvrages de l'abbé Nollet ont vieilli, comme tout ce qui est science. Il eut pour héri tière mademoiselle D 'HECKBOURG; elle vendit le do maine de Mons à LARGET -BARDELEU , avocat au parle ATHIS. MONS. 85 lement pour le clergé, bailli de la duché -pairie de Saint-Cloud. Il est mort en 1810. GAGNANT, son léga taire , vendit à MM. SORBET et CHEVRIER; ces proprié taires indivis , en 1829 , à madame LA BARONNE DE SLANE. Le colonel ETCHEGOYEN , directeur d'artillerie, l'acheta en 1830 , et la revendit , en 1840 , à M. LOUIS - JULES CHODRON DE COURCEL , ancien secrétaire de légation. On a de lui: Considérations sur le tracé entre Paris et Melun , du chemin de fer de la Mediterranée ( Paris , 1845 , in - 4 °); Note pour M. Jules Chodron , intimé, contre M. Baudry , appelant (Paris , 1847 , in-4°). On trouve dans ce factum quelques renseignements tou chant l'histoire du village. Et Lettre de M. Jules Cho dron , concernant le service des voitures - omnibus depuis le passage d'eau d'Athis jusqu'à Brunoy, par Montgeron ( Paris , 1842 , in-4°). L'honorable famille de Courcel allie la modestie au savoir. L'aîné des fils, M. ALPHONSE, né à Paris le 30 juillet 1.835 , est docteur en droit de l'université de Bonn. Sa thèse: De mutatione libertatis Germanicae quoad fundandamprincipum superioritatem in territoriis regni Teutonici dissertatio (Bonnæ, 1858 , gr. in-8° de 75 p. ) , lui fait le plus grand honneur. Après avoir été attaché à l'ambassade de Bruxelles, puis à celle de Saint Pétersbourg; il l'est au cabinet du ministre des affaires étrangères. M. VALENTIN , son puiné et son émule , a fait imprimer: sur l'érable à sucre ( 1 ). Il a été membre du jury de l'exposition française à Londres, en 1862. ( 1 ) Extrait du Bulletin de la Société impériale d'acclimatation ( in-8 , 7 pages ). 86 CORBEIL ET SES CANTONS. M. GEORGES, le troisième, est officier de marine. La famille a été cruellement frappée par la perte du plus jeune des frères, M. ROBERT, né à Athis le 6 février 1844 , mort au même lieu le 21 octobre 1859. Les jardins de ce domaine sont bien dessinés; ils offrent des ombrages qui ontabrité le savant abbé Nol let. La culture des arbres fruitiers y est portée à un haut degré de perfectibilité , sous la direction du jardi njer en chef JUPINET, membre de la Société d'horticul ture de Paris. On gagne le clos Perrot par un souter rain. Un bois , un verger, une vigne, d 'abondantes eaux s ' y rencontrent. L ' ingénieur LAURENT avait construit un mécanismepouropérer l'ascension de ces eaux; il n 'existe píus. C 'est maintenant au moyen d 'un bélier d 'invention anglaise que leur jeu s'opère. Cet appareil est renfermé dans une petite construction. Au -dessus de la porte , on lit ce quatrain , gravé sur une planche de cuivre: RE Nisu non cessans tenui grave pondus aquarum Ipse meis adtollo toti utilis horto. O vos qui cæco consumitis impete vires, Discite meduce quid solers constantia possit. Il est de M. ALPHONSE DE COURCEL. Il a trouvé plus d 'un traducteur; il n 'en pouvait être autrement. M. FRION , auteur d 'une traduction en prose des oeuvres d 'Horace (2 vol. in - 8) , qui a habité Mons pendant plu sieurs années, l'a ainsi rendu: Faible , mais tout-puissant dansmalente constance, Je verse autour de moimes eaux en abondance; Toi, dont le fol élan dure si peu de jours , Pas à pas, commemoi, marche, marche toujours. ATHIS. — MONS. ' 87 Mentionnons encore, à Mons, l' Ermitage, appelé aussi le pavillon de l'Aurore. C 'est encore un démem brement de l'ancienne seigneurie. Les propriétaires, en ce siècle , ont été , M. THOMÉ DE GAMOND, alors direc teur de la verrerie de la Gare, depuis ingénieur civil. Il a publié un projet de tunnel de Calais à Douvres. Et M. FILHON , né à Barbézieux le 9 mars 1790 , mort à Mons le 14 juin 1857. Il sortit de l'École Polytech nique pour passer au corps des ingénieurs -géographes, et fut admis à l' état-major en 1831. M. Filhon , officier de la Légion d 'honneur et chevalier de Saint-Louis, a laissé plusieurs brochures scientifiques. Son épouse , seur de l'ancien préfet de Seine-et-Oise , AUBERNON, habite toujours la maison de Mons. M. SAINT-OLON FILHON, né de cette union , est sous-préfet de Pontoise depuis 1857. Il est chevalier de la Légion d 'honneur. On trouve , dans le boudoir du pavillon de l'Aurore , plusieurs portraits en pied , d 'une belle exécution. Ces personnages, tous revêtus de l'habit de saint François, appartiennent à la famille de mademoiselle de Cha rolais, qui posséda la terre d 'Athis. On ne se rend pas trop compte du choix de cette robe. Deux de ces por traits érotiques ont été distraits de la collection par l'avant-dernièr propriétaire du domaine. Ils n ' ont plus la même signification. Ces peintures , exécutées par des artistes, sont dignes de fixer l'attention des amateurs de l'art et des érudits qui sauraient en deviner l'esprit. Outre le Moulin -du -Roi, dont nousavons dit un mot, il y en a un autre appelé Orgeval. Feu JOHN BUNN DE 88 CORBEIL ET SES CANTONS. CROCKFORT a créé, de nos jours , sur l'emplacement du premier, un établissement métallurgique dont M. Bau dry , maire d'Athis , est propriétaire. Cette usine est renommée pour la supériorité de ses fers et l'excel lence de son acier. Le petit Mons se compose d'une ancienne auberge qui borde la Seine à l'endroit où l'Orge s'y perd. Là est la station du chemin de fer d'Orléans. Elle est la troi sième depuis Paris, dix - sept kilomètres sont parcourus. Le pont établi au confluent de l'Orge pour le halage de la Seine a été construit en pierre , par édit du 29 dé cembre 1668. Un péage de neufannées , de dix sols par courbe de chevaux, tirant coches et bateaux, fut établi au profit de l'entrepreneur. Athis a vu naître: JEAN - ÉTIENNE DANCE, docteur médecin à Longjumeau, mort à Antony le 23 janvier 1857 , à l'âge de 73 ans, et FRANÇOIS- BASILE POCHARD, soldat de la République et de l'Empire. Ses services militaires furent récompensés par la croix de la Légion d'honneur. Il était maire de la commune d'Ablon , où il est mort le 18 septembre 1826 , à l'âge de 59 ans.

BALLAINVILLIERS.

Ce village est posé à trois kilomètres de Longjumeau , dans une plaine élevée et découverte. Il est traversé par le Rouillon ou Réveillon , torrent à sec durant la belle saison. C 'est un affluent de l'Yvette. Le grand chemin de Paris à Orléans d 'un côté , de l'autre la voie ferrée qui relie les deux cités , ne sont pas très- éloi gnés. Corbeil est à deuxmyriamètres. Ballainvilliers et ses écarts comptent ensemble 504 habitants. Le nom de ce village s'est écrit de bien des manières, dit M. l'abbé Lebeuf ( 1). Pourtant, les deux dernières syllabes dont il est formé rendent son étymologie facile. BELENUS avait des possessions en ce canton , son do maine, unemaison de campagne. Villare et villa étaient synonymes. C 'est ce qui a naturellement forméle villier de Bellen , l'usage de la construction latine renversant l' ordre des mots. Avec le temps, de Ballenvillier on a fait Ballenvilliers, que, depuis, l'usage fait écrire Bal lainvilliers. C ' est , comme le remarque M. l'abbé Bar ranger , une étymologie prise dans la nature. Au douzième siècle, ce n 'était qu'un simple hameau , annexe de Longjumeau. Il n 'est mentionné dans aucun (1) Histoire du diocèse de Paris, t. X, p. 123. 90 CORBEIL ET SES CANTONS. • titre avant cette époque. Le sol qui constitue son ter ritoire était alors partagé entre l'abbaye Saint-Germain des Prés de Paris , le prieuré de Longpont -sousMontlhéry, le chapitre de l'église cathédrale de Paris et les seigneurs laïques du voisinage. Toutes choses étaient en cet état , quand la cure fut érigée en 1265. Regnault de Corbeil, évêque de Paris, consentit cette érection à la prière de PIERRE et ANCEL DE BALLEN VILLERS, chevaliers. La circonscription de la nouvelle paroisse comprit partie du hameau de Villebouzin , appelé en ces temps Ville - Boissin; là était le siége de la seigneurie laïque. Le Plessis - Saint- Père, depuis communément appelé la Croix -Saint- Jacques, à cause d'une croix érigée en ce lieu en l'honneur du patron de la paroisse , et la Grange-aur- Cercles. L'église est sous le double vocable des apôtres samt Philippe et saint Jacques le Mineur, dont la fête arrive le 1er mai. Ces patrons ont été substitués , au dix -sep tième siècle , à saint Jacques le Majeur et à saint Christophe, son compagnon. Un registre de la fabrique nous a fourni cette indication. Les travaux des champs, très-sérieux au 25 juillet , ont été cause de cette substi tution. L'abbé Lebeuf n'en dit rien. L'édifice consiste en une grande chapelle , avec un bas-côté au midi; là se trouve également le clocher. La fenêtre ouverte dans le pignon du frontispice accuse la date de la fondation. La dédicace de cette église a seulement été faite le 12 mai 1539. L'évêque d’Ébron in partibus en présida la cérémonie. La nef est entièrement boisée. Le re table , l'autel , le confessionnal, la chaire sont aussi du BALLAINVILLIERS. 91 même lemps. Nicolas Lepagnol, seigneur du lieu , en fit les frais en 1683. Il employa à la confection de cette menuiserie ÉTIENNE-JOSEPH PINEL , de Morangis. Les panneaux de la chaire offrent en relief les saints patrons et saint Nicolas , évêque de Myre. La présence de ce saint s'explique par le prénom que portait le donateur. Ce seigneur a aussi ajouté le bas-côté méridional à l'édifice. La tour des cloches a subi tant de restaura tions , qu'elle n'a plus de caractère. La cloche sus pendue au beffroi a été bénite le 6 octobre 1699. Il y en avait une seconde plus forte et de la même date , qui a été détruite à la Révolution. Lors de la restauration du monument, en 1856 , l'autel a été porté à l'extrémité opposée à celle qu'il occupait. Il n'est plus liturgique ment orienté. Malgré cet inconvénient , le changement est heureux. On a construit un porche grec en avant de l'entrée principale; ceci l'est moins. Le pavé de l'église montrait jadis plusieurs pierres tombales; la plus an cienne et la plus curieuse , puisqu'elle remonte au temps de la fondation , a été sciée et employée à la porte mineure. On y voit la gravure au trait d'une dame de qualité , vêtue d'une robe fourrée. Nous regrettons ce vandalisme , qui ne peut être attribué qu'à l'ouvrier. Deux autres tombes ont été enfouies sur les sépultures qu'elles recouvraient , pour la régularité du pavé. La première est celle de NICOLAS LEPAGNOL, premier baron de Ballainvilliers, conseiller du roi , maitre ordinaire en sa chambre des comptes , seigneur de Fontenay, mort dans sa terre de Ballainvilliers entre les années 1683 et 1699 , année où son épouse fut marraine de la CORBEIL ET SES CANTONS. cloche supprimée, alors veuve , ainsi que le constate le registre de fabrique dont nous avons parlé. La seconde pierre porte cette inscription: Cy gist dame Marie Madeleine Labbé, dame de ce lieu , des terres , fiefs et seigneuries de Villebouzin , du Mesnil, des Fontenelles, du Boulay , du Mornet, des cens communs de Montlhéry; épouse de messire Charles Bernard, escuyer, seigneur de Cléry -sur-Somme, Hame-le-Cart, Omiécourt-les- Cléry , Rougemont, Maurepas-la - Forest, et de cette paroisse etbaronie de Ballainvilliers, décédée à Paris le 27mars 1758, dans la cinquante - septièmeannée de son âge (elle était née le 2 décembre 1701), d 'où elle a été transportée en cette église. Priez Dieu pour le repos de son âme. Le Calendrier des Princes et de la Noblesse , pour l'année 1765 , ajoute aux prénomsde cette dame celui de ANNE, qui n 'est pas écrit dans l'épitaphe, et à son mari celui de Simon. Le même ouvrage marque l'inhumation de madame de Ballainvilliers le 30 mars. C 'est à l'occasion des obsèques de cette dame qu'a été peint le littre blasonné qui se voit encore au dehors de l'église, et au -dedans les mêmes armes peintes sur des carreaux noirs. Elles sont (Ballainvilliers): d 'azur, à la gerbe d 'or, soutenue d 'un croissant d'argent; au chef de gueules chargé de trois étoiles d 'argent. Et (LABBÉ): d 'argent, à un chevron d ' azur, accompagné de deux molettes d 'éperon de sable , et en pointe d 'une rose de gueules. Une autre pierre tombale, en marbre noir , se rencontre au centre de la nef. On y lit cette inscrip tion: Icy repose dame Marie - Hélène Renard , veuve de messire Philippe Lambert, conseiller du Roy, président BALLAINVILLIERS. 93 trésorier de France , en la généralité de Paris, et inten dant des maison et finances de la Reyne, décédée le 20 novembre 1753, en son château de Plessis - Saint Père, dit la Croix - Saint- Jacques de cette paroisse (1). M. l'abbé Huet, curé de cette paroisse depuis une douzaine d 'années, nous a gracieusement communi qué les registres et papiers de la fabrique auxquels nous avons empruntés des dates et des faits. L 'abbé A. COUSIN , son prédécesseur, a donné dans le Magasin pittoresque, une notice sur la fameuse tour de Mont Ihéry. On a vu qu 'à Ballain villiers il y eut primitivement et simultanément des seigneurs ecclésiastiques et laïcs. Les premiers, dans des temps difficiles , aliénèrent leurs biens aux derniers. C ' est alors que les seigneurs de Villebouzin , hauts justiciers du lieu , inféodèrent cette terre , à la condition de foi et hommage. Elle a été érigée en baronie , le 21 février 1661, en faveur de NICOLAS LEPAGNOL, marié à MARIE DE BOURLON, quilui survécut. Il en eutCLAUDE LEPAGNOL, écuyer , seigneur de Bombart et autres lieux, après lui baron de Ballain villiers; par décret du 6 mars 1736 , cette terre entra dans la famille BERNARD, quidès lors prit le titre qui y était attaché. Charles Bernard , seigneur d 'Hombleuse, bailli géné ral d 'Harbonnière et de Caix , aïeul du premier baronon (i) Il ne faut pas confondre cette dame avec la marquise, son homonyme, née Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles, femme auteur de beaucoup d'esprit, morte à Paris le 12 juillet 1733, à l'âge de quatre-vingt- six ans. 94 CORBEIL ET SES CANTONS . de Ballainvilliers de ce nom , était représenté avec Anne Levasseur, sa femme, et leurs enfants , sur une ver rière de l'église d 'Harbonnière, dont ils avaient été les constants bienfaiteurs, et où ils avaient fait de nom breuses fondations. SIMON -CHARLES BERNARD, écuyer, baron de Ballainvilliers , né le 30 mars 1688, épousa en 1717 , ANNE-MARIE - MADELEINE LABBÉ, dont nous ve nons de rapporter l'épitaphe; elle était fille de Jean Labbé, écuyer, ancien contrôleur général des finances , secrétaire du roi à la chancellerie du département de Grenoble; seigneur de Villebouzin et du Mesnil; et de Marie -Anne Fleuriau d 'Armenonville. Quoique ori ginaire de Picardie , Simon -Charles Bernard n ' était point étranger à notre pays: il eut pour mère MARIE DE BOURLON , de la même famille que la veuve de Nico las Lepagnol; fille d 'un lieutenantdes plaisirs de Long boyau (V. Longjumeau), et il épousa la fille du seigneur de Villebouzin longtemps avant de porter le titre de baron de Ballainvilliers. Il est mort le 3 mars 1767, laissant quatre enfants: SIMON - CHARLES - SÉBASTIEN , qui suit; JEAN -CHARLES-SÉBASTIEN , diacre du diocèse de Paris, mort chanoine de Nevers, le 2 septem bre 1768; MARIE -CHARLOTTE, épouse de Marie-Louis Quentin , baron de Champlost ( V. Villiers - sur-Orge), et MARIE -ANNE- JEANNE, comtesse de Thianges, marquise de Lussac.Simon -Charles-Sébastien Bernard , baron de Ballainvilliers, aux termes du testament de sa mère, devait , s'il aliénait cette terre , y fonder un hôpital pour perpétuer le souvenir et les bienfaits de sa famille. Il épousa , en 1755 , dame LOUISE -ANNE DE BERNAGE DE RLE BALLAINVILLIERS. 98 CHAUMONT, d'une famille originaire de Bourgogne ( 1 ) , et en eut un fils unique: CHARLES BERNARD, né à Paris le 14 avril 1757 , et non en 1760 , comme l'a écrit l'au teur de la notice qui précède ses œuvres posthumes. M. de Ballainvilliers, intendant d'Auvergne et prévôt maitre des cérémonies de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis , est mort à Riom, le 19 octobre 1767 , la même année que son père. Il a été inhumé dans l'église Saint-Genès , à Clermont-Ferrant. Charles Bernard , dernier baron de Ballainvilliers , était intendant du Languedoc au moment de la révolu tion. Il fut marié deux fois: 1 ° à MARIE-LOUISE Jous SINEAU DE TOURDONNET , morte à Paris au mois de fé vrier 1785 , dont il n'eut pas d'enfants; 2° le 1et mai 1786 , à dame MARIE -HENRIETTE - ARMANDE BLONDEL D'AUBERS , nièce de M. de Calonne; il en eut une fille unique. En 1791 , il émigra suivi de son épouse; ils laissèrent leur fille aux mains de leur intendant , dans l'espoir de sauver leurs biens du séquestre. Il n'en fut rien. M. de Ballainvilliers prit rang dans l'armée des princes; et après le licenciement vint à Londres , où sa femme fit de la broderie , et où il donna des leçons d'anglais. Sa constance lui rendit quelque bien être. Il fut rayé de la liste des émigrés en 1801 , mais il revit la France beaucoup plus tard. On se demande s'il ne de vait pas désirer voir et embrasser sa fille? Disons- le , l'intendant avait marié mademoiselle de Ballainvilliers à son propre fils sans le consentement des auteurs de ( 1 ) Les familles de Paris, tome I, p. 87. Manuscrit in - fo conservé à la bibliothèque de l'Arsenal. 96 CORBEIL ET SES CANTONS. ses jours! Rentré dans leur patrie , ce mariage, qu 'ils considéraient comme une flétrissure à leur rang , ils voulurent le faire rompre. Une lettre en avertit le gen dre: il résolut de poignarder sa femme et de tourner ensuite le mêmefer contre lui, et accomplit son projet! Les restes de l'infortunée jeune dame ont été apportés de Paris et inhumés dans le cimetière de Ballainvilliers. On lit sur la simple pierre qui les recouvrent: Ci git E. - C. - A. Bernard de Ballainvilliers. Le baron obtint plus tard du roi Louis XVIII, de donner son nom à ses petites - filles. Mesdemoiselles CLARA - LOUISE - AMABLE et ANNE-MARIE -LOUISE - ARSÈNE. La première, mariée à M. O… de B., est morte à Paris , le 24 mai 1837 , à 32 ans. La seconde, madame la comtesse de B. P.; habite les environs de Nantes. En rentrantde l'émigration, le dernier baron de Bal lainvilliers se fixa à Antony. Après la seconde restaura tion , il eut part à l' indemnité et reçut du roi la charge d ' introducteur des ambassadeurs. C 'est alors qu' il fit l'acquisition du château de Bezons; il y perdit sa femme en 1821 , et fit construire une chapelle funé raire dans le cimetière de cette commune, où il fit dé poser ses restes et prépara le tombeau qu'il est venu occuper. Une flèche domine cette chapelle , elle est fai tée d'une couronne de baron. Il y a au centre dumonu ment un autel, où il faisait souvent offrir le sacrifice; lui-même servait la messe. M. de Ballainvilliers est mort à Paris , le 24 septembre 1835. Il avait marqué son entrée dans le monde par des succès littéraires. On a de lui une traduction de l'Art poétique d ' Horace, en BALLAINVILLIERS. 97. vers français , Paris, Migneret, 1812 , in -12; Montai gne aux Champs-Élysées , dialogue en vers; Les soirées de campagne , contes aussi en vers (Paris , Delaunay, 1822, in -8°). Discours sur Jacques de Thou, conseiller d 'État (Paris, sans date , mais 1824, br. in - 8° de 36 p.). Ses Euvres diverses ont été publiées après sa mort (Paris , 1837 , in - 89). Ce volume est précédé d 'une no tice sur la vie de l'auteur. · Il ne reste de l'ancien château de Ballainvilliers, que * l'aile gauche et la chapelle qui en est isolée. Celle - ci est certainement l'æuvre de cette famille si chrétienne. Il y a une Assomption à l'autel restauré. Le plafond est peint, un nuage le couvre. Lors de la vente de cette terre comme propriété nationale , mademoiselle de Bal lainvilliers et un de ses parents rachetèrent une par tie des terres par des prête -noms. Ses héritiers en pos sèdent encore une partie. Le château quelque temps abandonné fut acheté par M. d 'ESPAGNAT qui le fit en grande partie démolir. Il a été maire de la commune. Depuis il passa aux mainsde M. DUQUESNEL , négociant de Paris , dont la fortune fut l'æuvre de M. Paturle ( V. Longpont). Il était né à Méru (Oise), le 15 janvier 1787; il est mort à Ballainvilliers, le 13 août 1848 , et a été inhuméà Paris. Madame DESPRÉAUX SAINT -SAU VEUR en fit alors l'acquisition. Cette dame est morte en 1860;& depuis, M. BERTIER , ancien avoué de pre mière instance, à Paris, son gendre, en est en posses sion. Il est maire de Ballainvilliers. L ' enclos de l'an cienne terre seigneuriale renferme vingt arpents bien plantés. Autrefois , le château était prévenu par une 98 CORBEIL ET SES CANTONS. allée plantée de quatre rangées d'ormes , par laquelle on arrivait à la grande route. Une autre habitation bourgeoise du village est appelée la baronie. C'est peut- être là que s'accomplissait l'hom mage des suzerains et se rendait la justice au nom du seigneur. Elle a été , de nos jours , la propriété du doc teur BAUDENS, chirurgien en chef de l'hôpital du Val de-Grâce, à Paris , grand officier de la Légion d'hon neur. Né à Aire (Pas-de-Calais) , en 1804 , cet habile praticien est mort à Paris , en 1857. Il a laissé des tra vaux sur son art. C'est à Ballainvilliers qu'il a écrit la relation des campagnes de Constantine et de Radempt auxquelles il assista. M. Baudois est propriétaire de ce petit domaine. Le château de Plessis - Saint- Père n'existe plus; et ce qui constituait ses dépendances a été réuni à la com mune de la Ville - du - Bois. Là, mourut, en 1818 , ma dame DE MONTESSUY, née DE MAILLÉ. Son inhumation donna lieu à un conflit entre les curés de Ballainvil liers et de la Ville-du-Bois. Le dernier l'emporta. M. Chagot, légataire de cette dame, vendit cette terre à M. DELORME; c'est lui qui a fait détruire le château , en 1827. Il avait été bâti dans le cours du dix - septième siècle, au milieu d'un vaste périmètre, ceint de fossés remplis d'eau, ainsi que c'était assez généralement l'u sage. La pierre et la brique avaient été employées à sa construction. L'architecte Liégeois, chargé de le restau rer , donna le plan de la salle de bain. Bertin peignit alors le plafond de la chapelle; et Valenciennes décora les appartements. Les communs encore debout , ont été BALLAINVILLIERS. 99 appropriés à l'usage d 'une exploitation rurale. Le parc devait ses agréments à des plantations agrestes et à un bois d'une vaste étendue qui couvrait la colline voi sine. La cloche de Ballainvilliers nous fournit le nom d 'un des anciens possesseurs de cette terre: FRANÇOIS -PI NAULT DE BONNEFOND, écuyer, lieutenant de la capitai nerie des chasses de Montlhéry; et le millésime 1699. Les écarts de la commune sont, la partie à gauche de la route de Paris à Orléans, bordée par le hameau de la Grange-aux- Cercles; partie du hameau de Villebou zin , le petit Balizy et une maison isolée , appelée le Cho léra. Voici ce qui se raconte dans le pays à l' occasion de ce nom bizarre. M. Dance, médecin, lui donna ce nom , parce qu 'il la fit construire avec le gain que lui procura cette épidémie. Il la vendit à un sourd -muet, BADOL , ne veu de l'abbé BOURGAREL ( V. Wissous). Il l'a longtemps habitée , puis il se retira à Longjumeau où il est mort. Le presbytère de Ballainvilliers a une certaine impor tance; un vaste jardin l'accompagne. Derrière est le nouveau cimetière, dont la bénédiction a été faite par l'évêque diocésain , le 22 octobre 1860.

CHAMPLANT.

Il n 'est pas incroyable , écrit M. l'abbé Lebeuf(1), qu'il y ait eu autrefois une plantation de platanes en cet endroit, traversé par l'Yvette. Le platane est un arbre qui aime l'humidité, et comme on n 'y en trouve plus , on l'aura détruit parce qu'il n 'est bon à autre chose qu'à fournir de l'ombrage. Le nom du village vint très probablement de cette source: Campus pladani ou pla tani. Les premiers écrivains qui osèrent le latiniser , au treizième siècle , crurent devoir écrire Campus planus; d 'autres en firent ce seul mot: Campiplantum. Nous trouvons plus conforme à cette origine étymologique, de terminer le nom du village par la lettre t , quoique l'usage soit d 'écrire Champlan. Il est seul de son nom en France. C ' est un village très-ancien. Lors de la fondation d 'un monastère de filles à Bruyères-le -Châtel par la riche et pieuse dame Chrotilde, au septième siècle , la communauté tut dotée entre autres biens: Medietatem de loco nuncupante Planado. Lę savant abbé pense que ce texte peut s'appliquer à Champlant. Il n 'en est plus question ensuite jusqu'au onzième siècle , époque de la (1) Histoire du diocèse de Paris , t. IX , p. 322. CHAMPLANT. 101 fondation du prieuré de Longpont- sous-Montlhéry. Cette maison religieuse eut dès lors la nomination à la cure et des biens à Champlant. Champlant est posé sur la pente d 'un coteau , à la rive gauche de l’ Yvette; il est traversé par un grand chemin de communication dont on change la direction pour le rendre plus viable , et a derrière lui une butte appelée Chaumont (Calvus Mons). Cette étymologie ne lui est plus applicable , partout on la voit couverte de végétation. Un homme qui a longtemps figuré dans nos assemblées législatives commehomme de coeur et d ' es prit , FÉLIX FAULCON , commensal de madameCottin , à Champlant, a fait une aimable peinture de la vallée de l' Yvette. Elle est précédée de ce préambule: « Que j'aime à respirer l'air de la campagne, au lieu de cet air empestiféré que je respire tous les jours à Paris! Com bien la douce haleine du zephir du matin me réjouit les sens, fatigués de troubles, de folies et de crimes! » Il écrivait ces lignes le 8 thermidor an VIII (26 juillet 1799). Le livre où nous les trouvons, a eu deux édi tions. La première a pour titre: Mélanges législatifs, historiques, politiques, pendant la durée de la Constitu tion de l'an III. La seconde , celui de Voyages et opus cules (Paris, 1805 , in - 89). Ces détails , nous les don - nons parce que nous croyons le livre écrit à Cham plant. Il poursuit (p. 332): « Hier , après m 'être prononcé avec quelque énergie à la tribune contre le renouvelle ment projeté du régime de la terreur, je vais cher cher mes courtes vacances de cette année, et goûter 102 CORBEIL ET SES CANTONS. quelques instants de repos dans cette retraite champê tre, où j'ai retrouvé à la fois les beautés de la nature, les charmes de la plus intéressante société , et le modèle de l'amitié parfaite. « Rien de plus joli que les approches de Champlant: c'est un mélange varié et infiniment pittoresque de petits morceaux de terre, entremêlés de vignes , de champs labourés, de prairies et de potagers. Le tout est agréablement parsemé d'une multitude d'arbres fruitiers qui devraient enchanter au printemps par l'agrément et les parfums des fleurs , et qui, aujour d 'hui offrent ou promettent une abondante récolte de toutes les espèces de fruits. « C ' est une invention heureuse que de fournir ainsi sur le lieu des rafraichissements à ceux qui se livrent aux divers travaux de la campagne; on y reconnaît la prévoyance de la propriété; aussi, chaque villageois a son petit patrimoine, ce qui fait qu'il règne partout un air satisfaisant d 'aisance dans les environs, où ne se rencontre jamais cette sorte de pauvreté quiconduit à mendier. « Que je me plais à promener mes regards sur ce charmant pays! La maison que j'habite est située sur une élévation; de la croisée même de ma chambre , je découvre la vue la plus pittoresque, des prés qu'on finit de faucher , un bétail nombreux, qui se repaît dans ceux qui sont coupés , un ruisseau qui les baigne dans ses sinueux détours, un moulin qu'on voit et qu'on entend dans le lointain , des champs que dépouille la main active des moissonneurs,des maisons éparses çà CHAMPLANT. 103 et là, des clochers antiques quime rappellent ceux de Vouneuil etde Briard (1). « Le coteau opposé que j'aperçois à une distance éloignée est garnide bois, et c'est le coup d’æil quime flatte davantage. Oh! combien les bois contribuent à embellir les scènes gracieuses de la campagne! Tous les genres de sentiments y sont liés; ils rappellent à l'étude, aux souvenirs d 'amitié, et même du cæur. » On compte à Champlant 578 habitants. Il est posé à deux kilomètres N.- O. de Longjumeau , et à vingt-deux de Corbeil. Ce village est traversé par la route départe mentale n° 22. La voie dite de Montanas y aboutit; plusieurs fois par jour l' omnibus qui transporte les voyageurs de la station de Palaiseau au chef- lieu de canton traverse Champlant, et vice versa. L ' église est dédiée à saintGermain , évêque d 'Auxerre. C 'est un monument du treizième siècle. Il y a un bas côté à gauche; la tour le précède; elle est élevée et bâtie tout en grès. Son toit est en batière. La cloche suspendue au beffroi porte le millésime 1842. L 'abside de l'édifice se termine carrément et est fort éclairé; la rosace et les deux fenêtres qui lui procurent le jour sont garnies de grisailles modernes. La voûte de l' édifice , en anse de panier , accuse une restauration insolite. On trouve , non plus dans la nef, où elles se trou vaient autrefois, mais dans le bas - côté , d 'anciennes pierres tombales. L 'une d 'elles est celle de RÉNÉ -MICHEL DE LA ROCHE -MAILLET, mort curé de Champlant. Une POS (1) Félix Faulcon , né à Poitiers, en 1754, est mort en la même ville, le 31 janvier 1843. Il était chevalier de la Légion d'honneur. 104 CORBEIL ET SES CANTONS. autre a marqué la sépulture de la sæur de ce pasteur. Il y en a deux autres beaucoup plus anciennes. Indé pendamment, plusieurs inscriptions sont attachées à la paroi du chœur. Elles sont relatives à diverses fonda tions faites en cette église par la famille Michel et par DENIS FOUCQUÉS, curé de Champlant en 1624. Il y a aussi un mémorial en l'honneur de JACQUES -MICHEL DE LA ROCHE-MAILLET, frère du curé de Champlant, con seiller de la Monnaie de Paris, où il est mort en 1645. Ce mémento est imprimé dans les æuvres du dernier (p. 131); il y est précédé de ces quelques lignes: Visum est huc pium ac verè Christianum amantissimi fratris epi taphium inserere, ex monumento quod ipsius verbis tu mulo inscripsimus, in cede divi Germani apud (vulgo Champlant), Campiplanctum , qui pagus est agri Pari siensis, vic Aureliance adjacens, ad quartum ab urbe lapidem. « Hic situs Jacobus Michaël de la Roche -Maillet , peccator heu! quondam maximus , a ' te , bone Jesu Christe , salus, requies et resurrectio omnium in te spe rantium:ate, inquam , piissime Deus, quipro peccatoribus homo nasci de Virgine, et tam grande moriendo crucis voluisti subire tormentum , tremens ego delictorum metu , spe tamen sola magnee misericordiæ et passionis tuce maxime securus, resurrectionem vitae peto et expecto. Suscipe me igitur, Domine, secundum eloquium tuum , ad vitam , et non confundasmeab expectatione mea. Eia dulcissime Jesu (loquar enim ad Deum meum , quia se mel cæpi cùm sim pulvis et cinis ). Eia , clementissime Ser vator mundi, multum misericors et miserator Domine, CHAMPLANT. 105 non intres in judicium cum servo tuo, neque vindictam sumasdepeccatis meis, sed secundum multitudinem mise rationum tuarum dele iniquitates meas, et esto mihi Jesus. Amen. « In pace in idipsum dormiam hic et requiescam , quo niam tu, Domine, singulariter in spe constituisti me. Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto in æternum et ultrà. « Obit anno Rep. sal, M. VC.XLV ( 1645 ) , Idib. octobris, ætatis vero suæ XLV, cum totos et supremi illius tremendig. Judicü cogitatione, hoc sibi ante no vem annos præparasset epitaphium , quod fratri chariss. in Curia monetarum Franciæ regis christianiss. consiliario integerrimo, Ren. Michaël de la Roche -Maillet, hujus ecclesiæ rector , frater natu major superstes mærens posuit. » Ce monument portait les armes de la famille: d'azur , à trois molettes d'or. Elles ont été mutilées en 1792. Le curé de Cham planta encore écrit , vers 1632 , une pièce de vers intitulée: Massiacum (v. ce nom). Cette poésie roule sur les productions et les agréments du village de ce nom. Elle a été insérée dans le recueil de ses poésies ( Paris , 1658 , in-8°). Toutes sont remplies de piété , et quoique l'auteur fût fort valétudinaire, on y trouve assez de feu. Toutes n'ont pas été composées à Champlant , une partie l'a été au château de Palai seau , où il se retira souvent à cause des guerres civiles , en 1652. Il est mort en 1657 ou 1658. Sa soeur et lui firent les fonds nécessaires pour établir un vicaire dans 106 CORBEIL ET SES CANTONS. la paroisse. Il fonda seul une confrérie en l'honneur de saint Lubin , évêque de Chartres , dans l'église de Cham plant. Il est qualifié dans son épitaphe prieur de Saint Lubin de la Haye. Après la mort du curé de Champlant, plusieurs poëtes s'empressèrent de composer son éloge. On a réuni ces pièces à la fin de ses œuvres. La Biographie universelle a négligé notre poëte , à qui pourtant Mo RÉRI a donné une petite place , et où GABRIEL, son homonyme, son parent, peut- êlre, a un article. La Biographie Didot a trouvé place pour l'un et pour l'autre. Notre curé et son frère revendiquaientla parenté de JEAN -MICHEL , mort évêque d 'Angers. Tous vécurent dans le même temps. Le père de JACQUES, RENÉ et MARIE , MICHEL DE LA ROCHE-MAILLET, avait aussi pour prénom GABRIEL. Ils eurent pour mère DENISE DE RI VIÈRE. Le cimetière, jadis contigu à l'église , a été porté au dehors du village en 1852. Nous y avons vu le monu ment élevé à M. ALEXANDRE - TOUSSAINT DELACOUR , notaire honoraire à Paris; né à Mory (Seine- et -Marne), mort à Champlant le 1er septembre 1830 , à l'âge de soixante ans. Au quatorzième siècle, la seigneurie de Champlant était unie à celle de Longjumeau et de Chailly ou Chilly. Dans la suite , les droits honorifiques de la paroisse furent le partage du prieuré de Longpont et du seigneur de Palaiseau , M. D 'HARVILLE DES URSINS DE TRAISNEL. Sa fille unique épousa le comte de Rocham beau , fils du maréchal de ce nom. Cette dame est morte CHAMPLANT. 107 sous la Restauration , le dernier rejeton de son illustre famille. Avantlui, NICOLAS- SIMON ARNAUD,marquis de Pomponne, fut seigneur de Palaiseau et deChamplant. Il estmort à Paris, le 9 juin 1737, à l'âge de soixante quinze ans. Son ceur a été apporté dans l'église de Palaiseau , et son corps inhumé dans celle collégiale de Saint-Merry, à Paris. Au moment de la Révolution , la seigneurie de Champlant appartenait au prince de Condé, possesseur de la terre de Villegenis. La maison d 'école de Champlant porte cette inscrip tion: Pic juventutis edocendæ gratia Posita est domus ista Dno. Ad. Baillé de Bosch rectore J. B. Ovile, L. Lecompte et d. Muniez ædituis An. Dni. 1818. F. Legrand construxit. TAU Champlant a été habité par une femmeaussi recom mandable par les qualités du ceur que par les agré ments de son esprit. MADAME Cortin , née SOPHIE Ris TAUD (1773- 1807). Son mari, riche banquier de Paris , l'épousa en 1790. On marchait vers de graves événe ments. En 1792, les deux époux gagnèrent les Pyré nées, puis l'Angleterre. Obligés de rentrer ou de voir leurs biens confisqués, ils revinrent à Paris. M. Cottin venait de mourir lorsqu 'on se présenta à son domicile pour le conduire au tribunal révolutionnaire. Ce dernier coup , tout à fait imprévu, et les scènes sanglantes dont madame Cottin fut le témoin obligé, augmentèrent sa mélancolie et lui suggérèrent la pensée d 'aller habiter la campagne. Elle fit choix de Champlant, et mena dans 108 CORBEIL ET SES CANTONS. ce village une vie obscure et paisible , tout en y donnant asile à des proscrits. Elle concentra toutes ses affections dans un cercle intime, et consacra ses loisirs à la cul ture des arts. Là, une bonne action lui révéla son talent pour le roman. Madame Cottin eut ainsi une destinée contraire à ses goûts, on peut mêmedire à ses principes. Elle était convaincue que les femmes ne doivent pas livrer leur nom au public. Lamaison dontmadame Cottin fut propriétaire jus qu 'à sa mort est posée à mi- côte , à l' entrée du village , du côté de Longjumeau. On sait que, obsédée par un parent qui lui demandait de l' épouser, elle résista , et que le malheureux se brûla la cervelle dans l'orangerie de sa maison. M. Auguis a consacré une notice à cette aimable dame. Le recueil de M. Jolimont sur le cime tière du Père-Lachaise donne le dessin du tombeau élevé sur la sépultura demadame Cottin. cription qu'il en donne: « C 'est une simple pierre, sans pompe et sans ornements. Un épais buisson de rosiers, de jasmins , de liladiers , de chèvrefeuilles , amou reusement entrelacés , ombrage cette tombe et semble vouloir la dérober aux regards, emblème de l'estimable modestie qui caractérisa toujours cette femme in téressante au milieu des succès les plus flatteurs. Il faitmourir madameCottin le 25 août 1815, et n 'est pas d 'accord avec la Biographie universelle; elle marque avec raison son décès en 1807. Antoine Caillot, qui écrivait son voyage aux quatre cimetières de Paris en 1809, corrobore positivement l'ouvrage précité. N 'ou blions pas de dire que MICHAUD jeune, l'amide cette CHAMPLANT. 109 dame, fut l'un des proscrits qu'elle reçut dans sa mai son de Champlant. Nous avons nommé M. FÉLIX FAULCON. On sait aussi le sincère attachement de ma dame Cottin pour le ministre MESTREZAT. Il avait été inhumé dans le cimetière Montmartre. L'emplacement que le hasard lui avait donné pour dernière demeure ne fut pas trouvé convenable par son amie. Elle fit trans férer ses restes, à ses frais, au Père- Lachaise, et est venue depuis reposer non loin , dans un terrain qu'elle avait acheté avec madame GARNIER, une autre amie dé vouée. Madame JAUGE, nièce de madame Cottin , et son héri tière, conserva assez longtemps la maison de Cham plant; en la vendant, elle continua à habiter cette commune, où vit encore l'une de ses filles, madame VERDIER. L'acquéreur du domaine est M. BARADÈRE, ancien conseiller d'État , ancien secrétaire du ministre de la guerre , Soult , aujourd'hui fort âgé. L'un de ses gendres est M. le vicomTE DE PERTHuis , sous -directeur des caisses centrales du Trésor, officier de la Légion d'honneur. Il habite Champlant avec son beau - père. On y voit aussi chaque année, M. l'abbé BARADÈRE , chanoine de Tarbes , et son frère, ancien consul , neveux du maître. Une autre maison de campagne est la propriété de M. Thierrée , architecte à Paris , maire de la commune. Il y en a quelques autres , parmi lesquelles celle de M. Du BOIS est à citer. Elle est en pierres du pays, apparentes, et produit beaucoup d'effet par l'originalité de son plan. Champlant a vu naître CHARLES - Louis LAURENT, an 110 CORBEIL ET SES CANTONS. cien officier des armées de l'Empire, chevalier de la Légion d 'honneur, mort à Tigery, non loin de Corbeil, le 23 novembre 1856 , à l'âge de 73 ans. Le seul écart de la commune de Champlant est le moulin de la Bretèche, sur l' Yvette , où l'on a établi une papeterie , propriété de M. Dubois.

plus que des débris mutilés. Martin Ruzé y est encore représenté agenouillé. Plusieurs pierres tombales en marbre servent de pavé dans le chour. Les armoiries qui y avaient été gravées et les épitaphes qui s'y lisaient ont été burinées durant les mauvais jours! On a aussi employé à la restauration du dallage de l'église des pierres tombales apportées du prieuré de Saint-Éloi de Longjumeau; nous le rappelons pour prémunir ceux qui pourraient croire que les personnages dont les noms s'y lisent ont été inhumés dans l'église de Chilly. Nous avons dit (V. Longjumeau) que les entrailles de M. l'abbé de Fourcy avaient été ensevelies dans le cheur de cette église. On voit encore la pierre qui les CHILLY. 113 recouvre ainsi que la tombe de Jérôme Vérité, curé de Chilly , mort le 1er novembre 1634. Pierre Legendre, qui lui succéda , est mort à Chilly le 7 mai 1650. Nous citerons encore parmi les personnes inhumées dans cette église: dame Catherine- Henriette Feydeau , morte à quarante-quatre ans, le 1er septembre 1750 , épouse d'Arnauld - Paul de Fieubet , seigneur de Sivry. Au pourtour extérieur du monument, on voit les restes du Littre peint pour les obsèques de M. d'Effiat. Il est reconnaissable au blason qui y figure. Cette peinture disparaîtra bientôt entièrement. Le mobilier de l'église se ressent de la richesse des anciens seigneurs du lieu. Le maitre-autel a été tiré de l'église priorale de Saint-Éloi, ainsi que les boise ries, les stalles du chæur et la cuve des fonts baptis maux. Le tableau du retable: l'Ensevelissement du Christ , est dû au pinceau du célèbre Vouet. Il porte la date de 1626. Les anciennes Agapes de Pâques ont subsisté long temps dans cette église ( 1 ). Ces repas de charité que les chrétiens faisaient entre eux dans la primitive Église en mémoire de la dernière Cène que le Sauveur célébra avec ses apôtres , se terminaient par ce que l'on appelait le baiser de paix. À l'époque où écrivait l'his torien du diocèse de Paris , cette distribution consistait en une pinte de vin donnée précédemment à chaque habitant. Dans les derniers temps , elle était le profit du maître d'école , à titre de salaire. Dès l'origine de l'érec : Lebeuf, 1. X, p. 94. 114 CORBEIL ET SES CANTONS. tion de la paroisse , l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris posséda des biens à Chilly; ce monastère était tenu à fournir ce vin. Il ne devait être ni du meilleur, ni du moins bon , mais tenir le milieu ( 1 ). Cela nous rappelle la réputation du pain de Chilly, au quatorzième siècle. Elle tenait sans doute à la manipulation. Les boulan gers de Paris finirent par imiter ceux- ci; comme depuis ils l'ont fait pour le pain de Gonesse. Une ordonnance royale , de l'an 1350 , mentionne trois sortes de pain dont le débit avait lieu à Paris: pain de Chailly, pain coquillé et painbis. L'archevêque de Paris nommait à la cure. On a le portrait de l'abbé Guillaume de Boisgontier, titulaire depuis 1737 , mort à Chilly le 25 décembre 1784 , et ce lui de Simon - Jean de Laulne, bachelier de Sorbonne , né à Paris le 17 juin 1694 , mort à Chilly le 19 mai 1775. Il n'était que prêtre auxiliaire. Tous deux ont été inhumés dans l'église du lieu. Leur vie a été imprimée séparé ment. Ces deux brochures sont fort rares. Il en est de même de celle de M. Vaury, instituteur à Chilly trente cinq ans; né à Guerche , près Nemours, le 19 avril 1720; son père avait l'administration de la comman derie de Beauvais. Son éducation fut soignée; il était professeur au collége des Grassins et préféra venir à Chilly , où il est mort le 9 décembre 1788. Depuis le concordat, Chilly a eu pour curé M. l'abbé Jacques Louis Porquet, né à Orléans le 6 septembre 1802 , mort titulaire le 25 mars 1841. Il a été l'un des bien ( 1 ) Suprà , p. 104. CHILLY. faiteurs de l'église , où il exerçait le saint ministère depuis quinze ans. Il a légué 6 ,000 francs à la fabrique. Son cœur est resté au milieu de ses paroissiens; il repose dans une urne en la chapelle méridionale. Le cimetière est dans l'intérieur du village. Il a été béni le 15 octobre 1628. Nous y avons remarqué la sépulture de M. l'abbé Porquet, et celles de madame Le Bugle Delorme du Châtelet, née PARIS DE BOLLAR DIÈRE, née à Paris, morte à Chilly le 20 septembre 1845 , à l'âge de 73 ans. FRANÇOIS -MARIE LACROIX , mort à Paris en 1850, inhuméprès de son épouse. On lit sur sa tombe: Hicrequiescit D. FRANCISCUS MARIA Lacroix , quem publicce administrationi rei nauticæ , quondam præ positum , nec non Legionis Honoris dictæ equitem , mors abstulit Lutetice 4 maii A. D. 1850; DENIS-MARIE -CHARLES LECLERC, COMTE DE LESSEVILLE, né à Tancrainville (Eure et-Loir) , le 4 novembre 1781, mort à Chilly, le 14 sep tembre 1855: il était d 'une ancienne famille de robe, originaire de Bourgogne; elle a fourni un chancelier de France sous Charles VII. Cette famille avait jadis sa sépulture chez les jésuites de la rue Saint- Antoine, à Paris. (D ' azur, chargé de trois croissants d 'or, 2 et 1 , tournés vers le chef; surmontés d 'un lambel de même à trois pendants.) Le comte deLesseville était receveur général des finances sous la Restauration. CHARLOTTE HENRIETTE -LÉOPOLDINE AUBOURG DE BOURY, sa veuve; née au château de Boury (Oise ); morte à Chilly, le 6 décembre 1857, à l'âge de 76 ans, repose près de lui, ainsi que demoiselle LOUISE - THÉRÈSE AUBOURG DE BOURY, seur de cette dame, comme elle fille du marquis 116 CORBEIL ET SES CANTONS. RT de Boury; née au château de ce nom , le 23 décembre 1777;morte à Chilly , le 9 février 1858. ( D ' azur, au lion d 'or, accompagné en chef, à dextre d 'une étoile de même et à senestre d 'une lame d ' argent.) Cette famille a été la Providence du pays. Nous ne connaissons les seigneurs de Chilly qu'à partir du douzième siècle; il se rencontre quelques la cunes dans cette chronologie. ROBERT DE FRANCE, comte de Dreux, cinquième fils du roi Louis le Gros, frère de Louis VII , est le premier connu. Il fit construire une chapelle dans son château , en 1185. Ce seigneur est mort dans cette terre, le 11 octobre 1188, il était fort avancé en âge. Ses restes ont été inhumés dans l'église de l'abbaye Saint- Yved de Braine, fondée par Agnès de Baudement, sa troisième femme ( il en eut dix enfants: PhiliPPE , l'un d'eux, est mort évêque de Beauvais). Robert fit le voyage de Jérusalem; au retour, il fonda l'église de Saint- Thomas du Louvre, à Paris. L 'un de ses fils , appelé aussi ROBERT, a été seigneur de Chilly. Il y faisait sa résidence la plus habituelle. On a de lui trois actes expédiés à Chailly. Dans l'un , il donna avec Yolande de Coucy, son épouse , à l'abbaye Sainte Geneviève , tout ce qu'il possédait à Conteyn. En échange , cette communauté lui céda ses biens situés à Chailly. Le deuxième acte est une modification à l' éta blissement des chanoines de Saint-Thomas du Louvre, attachés à la chapelle du château. Le troisième, la rati fication d 'une vente faite au chapitre de Paris , de cer tains droits, à Vitry - sur-Seine. Il est mort à Chilly , le 28 décembre 1218, et a été inhumé à Saint- Yved de CHILLY. 117 Braine; aux pieds de sa mère. Sa figure était gravée sur une planche de cuivre; il tenait une fleur de lys à la main droite (1). (Échiqueté d 'or et d 'azur, à la bordure degueules.) Il faut croire que cette famille ne possédait la terre de Chilly qu'à titre de don , puisque nous voyons saint Louis la donner, en 1234 ,ainsi que celle de Longjumeau , à PIERRE DE DREUX , duc de Bretagne, second fils de Robert II, en échange du château de Beuvron, et d 'autres terres situées dans le Maine et l'Anjou , dont il l'avait précédemmentgratifié. En 1238 , Yolande, fille de ce dernier, porta ces terres en dot à Hugues Lebrun , sire de Lusignan , comte de la Marche et d 'Angoulême. Elles demeurèrent dans sa maison jusqu'en 1293. Un projet de retour de ces domaines à celui de la couronne fut stipulé durant cette possession; il ne reçut pas d 'exécution. Charles le Bel en fit l'acquisition à cette date; il assigna immé diatement sept cents livres de rente au connétable de Champagne, à prendre sur ces mêmes terres. Le roi et la reine étaient à Chilly les 13 juillet et 5 décembre 1301 (2). Il fit la cession des terres de Chilly et Long jumeau à ENGUERRAND DE MARIGNY en 1305. BÉRAUD DE MERCEUR est aussi qualifié seigneur de Chilly, vers ce temps, dans la donation , faite au prieuré Saint- Éloi, de la chapelle du château. Ces aliénations de la couronne étaient certainement viagères, puisque, en 1317 , le roi Philippe le Long donna une partie de cette seigneurie (1) Le P. Anselme, Histoire des grands officiers de la couronne, t. Jer, chap. xv. (2) Itinéraire des rois de France. 118 CORBEIL ET SES CANTONS. et toute sa juridiction à PIERRE DE VIC ( Lebeuf dit de LN VOIE) , chevalier , neveu du pape Jean XXII. On con serve aux archives de l'Empire, un acte ayant pour titre: Eschange du chasteau et chastellenye de Chilly et ville de Longjumeau avec la baronnie de Villemur, senes chaussée de Toulouse, entre PIERRE DE Vic et PHILIPPE LE Long, roy de France et de Navarre. À Avignon , le dernier may 1320. ( Trésor des Chartes. ) JEANNE DE BOURGOGNE reçut ces mêmes terres à titre viager, en 1328 , de la libéralité de Philippe de Valois , son époux. La mort de cette princesse survint l'année suivante. Le roi en gratifia, en 1331 , JEAN III , duc de Bretagne , en échange du château de Saint-James de Beuvron. À sa mort, JEANNE DE SAVOIE , sa veuve, les eut en douaire par contrat du mois de mai 1334. En 1360 , Charles de Blois et Jeanne , duchesse de Bretagne, marièrent leur fille , Marie , à Louis Jer , duc d'Anjou et roi de Sicile. Les deux époux reçurent en dot , entre autres terres , Chilly et Longjumeau; par un traité subséquent, du 12 avril 1364 , Jeanne , alors veuve de Jean, comte de Montfort, lui céda ses droits sur cette châtellenie; en sorte que le duc d'Anjou en devint seul possesseur. Un carme, continuateur de la chronique de Nangis , sous le roi Jean , nousapprend que, en 1357 , PIERRE DE NANTES , évêque de Saint- Pol de Léon , tomba malade à Chilly, où il demeura assez longtemps ( 1 ). Il logeait certainement au château. Ce que nous ne nous expliquons pas , c'est que dans la liste des seigneurs qui contribuèrent à payer ( 1 ) Lebeuf, t. X, p. 105. CHILLY 119 ; la rançon du roi Jean, dans la prévôté de Montlhéry , se trouve inscrit Simon Roussel; il est qualifié seigneur de Longjumel, Chailly et Champlant. On sait que c'était vers 1360. RÉNÉ , roi de Sicile , arrière -petit - fils de Louis , possédait ces terres à l'époque de sa mort ( 10 juillet 1480). C'est l'abbé Lebeuf qui l'écrit. Il eut pour héri tier , son cousin , Charles d'Anjou , comte du Maine. Louis XI , à qui René donna cette châtellenie, par son testament , en gratifia, au mois de février 1482 , GUIL LAUME LE PICART D'ESTELLAN , bailli de Rouen, pour le récompenser des services qu'il en avait reçus. Alors, grand bruit , véhémentes réclamations, disent les chro niques du temps , pour la dérogation de ce fief. Qu'est ce que cela faisait à Louis XI? ÉTIENNE DE VILLIERS est qualifié seigneur de Chailly vers 1485. Peut-être l'eut il dans les mêmes conditions que le précédent. Toute fois, d'après le P. Anselme ( 1 ) , CLAUDE, son fils, panne tier du roi et maitre forestier de la forêt de Bièvre , l’était en 1546; puis , ' son petit- fils, FRANÇOIS , marié à MARGUERITE PIÉDEFER, nom bien connu dans nos can tons. A la mort de Louis XI , Charles VIII restitua ces terres à Jean et Louis D'ARMAGNAC , enfants du mal heureux Jacques de ce nom , en leur qualité d'héritiers de Charles d'Anjou, leur oncle maternel. C'était en mars 1483. Le duc de Lorraine leur disputa ces do maines , s'en empara même, et les vendit, en 1486 , à MICHEL GAILLARD, grand pannetier de France , marié à ( 1 ) Histoire des grands officiers de la couronne, t. VII. 120 CORBEIL ET SES CANTONS. Souveraine d'Angoulême, sæur naturelle du roi Fran cois Jer. A la faveur de ce mariage, le roi, nous l'avons dit ( V. Longjumeau ), fit don à Gaillard de ce qu'il possédait de la terre de Chilly et de celles voisines. On trouve Fran çois Jer au château le 6 juillet 1537. C'est en 1596 que les descendants de Gaillard aliénèrent cette terre et ses dépendances à Martin RUZE , général des finances, puis secrétaire d'État. Il naquit à Tours vers 1524 , et mou rut à Chilly , le 16 novembre 1613. Ses restes ont été inhumés dans l'église du lieu. Geneviève Arabi , sa femme, que d'autres appellent Geneviève Escoubleau , ne lui donna pas de postérité. GUILLAUME, son frère, évêque d'Angers, confesseur des rois Charles IX et Henri III , mourut, dit - on , aussi à Chilly , le 28 sep tembre 1587. Une chose à remarquer , c'est qu'à cette date cette terre n'était pas encore la propriété de Martin Ruzé. Ce dernier institua ANTOINE COEFFIER , seigneur d'Effiat, son petit- neveu , son légataire, à la condition de prendre son nom et ses armes. ( De gueules , au che vron ondé d'argent , et d'azur de six pièces , accompagné de trois lionceaux d'or. ) Il réunit depuis à ces terres la baronnie de Massy, par acquisition, et rebâtit magnifi quement son château de Chilly en 1627. JACQUES LE MERCIER en avait été l'architecte. RUZÉ D'EFFIAT , car c'est ainsi qu'on le qualifia, obtint l'érection de Chilly en marquisat, le 27 juillet 1626. Il a été surintendant des finances, chevalier du Saint- Esprit et maréchal de France. Le marquis de Chilly est mort le 27 juillet 1632 , à Lusteinstein , où il commandait. Ses restes ont été 1 CHILLY. 121 iphumés dans l'église d'Effiat, où se voit encore son tombeau. Ce seigneur dut sa fortune à Richelieu. Venu à la cour de Louis XIII dans un âge où il ne pouvait être que le compagnon des plaisirs du roi, sa pénétra tion le fit remarquer du cardinal -ministre. Le succès de son ambassade en Angleterre l’en fit aimer, et bientôt attacher à sa famille par un mariage fort avantageux pour lui. Le maréchal d'Effiat laissa trois fils; le plus jeune, connu sous le nom de Cinq-Mars , né en 1620 , fut décapité à Lyon , avec l'historien de Thou , le 12 sep tembre 1642. Antoine , le second , héritier de ses grands biens , ne laissa pas d'héritiers mâles. Il eut pour femme MARIE-ANNE OLIVIER DE LEUVILLE, dame d'une très grande vertu , morte en 1684. Le troisième fut l'abbé d'Effiat, si connu dans la chronique amoureuse du dix-septième siècle. Antoine Ruzé-d'Effiat, MARQUIS DE Chilly , premier écuyer de Gaston d'Orléans , conseiller d'État , est mort au château de Chilly, le 3 juin 1719 , à l'âge de 81 ans. Le duc de Saint-Simon lui fait une triste biographie. Il laissa , par son testament , 30,000 livres pour la fondation d'un hôpital à Chilly. MARIE , sa fille, porta cette terre en dot à Charles de la Porte , DUC DE LA MEILLERAYE , qui prit le titre de MARQUIS DE Chilly. Il eut l'insigne hooneur de recevoir Louis XIII dans son château , les 17 mai 1636 , 19 octobre 1638 , 9 décembre 1639 et 27 janvier 1642. L'Itinéraire des rois de France y marque aussi le séjour de Louis XIV, les 26 avril 1652 , 16 avril 1659 , 14 mai 1664 , 19 avril 1674 et 13 novembre 1685. On voit combien la faveur dont jouit ce seigneur fut longue et grande. Elle con 122 CORBEIL ET SES CANTONS. tinua pour son fils, l'un des hommes les plus ridicules de son siècle. Charles de la Porte fut honoré du bâton de maréchal de France en 1639. Il est mort en 1664. Armand -CHARLES, son fils, MARQUIS DE CHILLY, après lui , était né en 1632 , il épousa, en 1661 , HORTENSE MANCINI , nièce du cardinal Mazarin. La dot fut de vingt millions, et la succession de l’Eminence lui échut à la faveur de ce mariage;à la charge de prendre , à sa mort , le titre de DUC DE MAZARIN , et de porter les armes pleines de sa maison. Le cardinal mourut à quelques jours de là ( 9 mars 1661 ). L'Éminence dut venir à Chilly durant la minorité du roi. On trouve parmi les Mazarinades: la mort du cardinal de Mazarin prédite par les troupes dui DUC DE LORRAINE; avec la retraite de la reine, au bourg de Chilly; ensemble la lettre du Duc DE LORRAINE écrite au COMTE DE TAVANNES sur les approches D'ESTAMPES. Sans lieu (1652), in-4º. Hortense Mancini , née à Rome, le 6 juin 1646 , est morte à Chessey , en Angleterre , le 16 juillet 1699. Ses restes, rapportés à Paris , furent inhumés dans la cha pelle du Collége Mazarin , sépulture de la famille. Le duc vécut jusqu'en 1713. Il est mort au château de la Meilleraye , le 9 novembre. Hortense joignait aux avan tages de la fortune, ceux de la beauté. Le caractère caus tique du duc de Mazarin et son esprit bizarre n'étaient pas propres à fixer cette femme aimable; aussi jamais union ne fut plus mal assortie. Hortense, jeune, vive et légère, aimait le monde où elle se voyait sans cesse entourée d'une foule d'adorateurs; le duc, au contraire , avare et jaloux , fuyait la société. Charles II , roi d'An CHILLY. 123 gleterre, et le duc de Savoie, l'avaient successivement demandée en mariage; le cardinal son oncle, ne crut pouvoir accepter l'honneur que lui faisaient deux sou verains de rechercher son alliance. La duchesse fit tous ses efforts pour obtenir sa séparation; elle n'y parvint pas , et prit le parti de passer en Angleterre , en 1667. Hortense Mancini a laissé des Mémoires, sous les ini tiales D. M. L. D. M. ( Cologne , P. Marteau , 1675 , in- 12). Le dernier mâle de cette maison , Guy-Paul-Jules de la Porte , DUC DE MAZARIN , MARQUIS DE CHILLY et LONGJUMEAU , etc., né le 12 septembre 1701 , est mort à Paris, le 30 janvier 1738. Il avait épousé LOUISE FRANÇOISE DE ROHAN-SOUBISE , morte en 1755. De ce mariage, naquit CHARLOTTE- ANTOINETTE DE LA PORTE MAZARIN , le 24 mars 1718. Elle épousa, en 1733 , EM MANUEL-FÉLICITÉ DE DURFORT , DUC DE DURAS. Cette dame est morte le 6 octobre 1735 à la suite d'une couche qui donna naissance , le 2 septembre précédent , à LOUISE JEANNE DE DURFORT-DURAS , DUCHESSE DE MAZARIN. Le duc de Duras est mort à Versailles, le 6 septembre 1789. La duchesse de Mazarin épousa, le 2 décembre 1747 , Louis- MARIE GUY-D'AUMONT , né le 5 août 1732 , connu alors sous le nom de Marquis de Villequier. Il prit , à la faveur de ce mariage, le titre de duc de Mazarin et la qualité de pair de France. À la mort de son père, le 15 avril 1782 , il dut prendre celui de Duc D'AUMONT MAZARIN. Il est mort en 1799. Une fille est née de ce mariage: LOUISE-FÉLICITÉ-Victoire , dernière DU CHESSE DE MAZARIN. Elle épousa, en 1777 , le prince de 124 CORBEIL ET SES CANTONS. Monaco , duc de Valentinois. Cette union n 'a pas donné de postérité. Les nombreux actes de bienfaisance de la princesse, les malheurs de la Révolution et les gens d 'affaires, amenèrent sa ruine. Elle abandonna Chilly en 1805 et se retira à Paris, où elle acheva sa carrière sous la Restauration. Sa sépulture est l'une des plus remarquables du Père - Lachaise. La dernière duchesse de Mazarin reçut, à Chilly, mesdames de France, filles de Louis XV, en 1768. Elle y donna aussi une brillante fête dont on trouve les dé tails dans le Mercure de France du mois de novem bre 1770 (p. 156 ), à M. le Dauphin et à madame la Dau phine , depuis Louis XVI et Marie - Antoinette , à l'occasion de leur mariage. Ce fut FAVART qui fut l' or donnateur de cette fête. La première pierre du château de Chilly avait été posée le 30 mars 1627. Elle est restée sur ses ruines. A cette pierre du témoignage, ajoutons qu'il reste la gravure des deux façades du monumentet un plan gé néral du domaine. Claude Châtillon , Zeiller nous l'ont aussi conservée dans leurs topographies de la France. Vouet, peintre estimé, et le sculpteur Sarrazin avaient décoré les appartements. La galerie des fêtes était rem plie de bustes en marbre de nos célébrités. L 'un d 'eux celui de JEAN - JACQUES TRIVULCE , maréchal de France sous Louis XIII, est conservé au musée historique de Versailles. Le boudoir était entièrementgarni de glaces , même son plafond. Une modeste habitation a succédé à ce palais. L ' enclos est demeuré intact; la cognée a renversé les futaies séculaires du parc; la culture a rem CHILLY. 125 a placé leurs ombrages. Les eaux de Rungis, amenées à grands frais , faisaient l'ornement des parterres. Chilly est depuis longtemps la propriété de la famille NOUGARÈDE DE FAYET. Elle n 'a pas aidé à sa transfor mation. M. LAIR , ancien sous-intendant militaire , acheta du démolisseurLecocq. Il mit le parc en culture. M. le BARON DE FAYET, mort en 1845, appartenait à une ancienne famille de magistrature; lui-même était membre de la Cour royale de Paris; il a été député de l'Hérault. Montpellier l'avait vu naître en 1765. Ma dame la baronne, née Bigot DE PRÉAMENEU , habite toujours Chilly. L 'un des fils de la maison , né en 1811, avocat et élève de l'École polytechnique, a survécu à son père jusqu' en 1853. Il a laissé plusieurs ouvrages, parmi lesquels, une notice sur son grand- père maternel, M. BIGOT DE PRÉAMENEU. On estimeaussi la Vie du duc d ' Enghien (2 vol. in - 8°, Paris, 1844). Madame de Nou garède a pour gendre M. le baron , aujourd 'hui comte Boulay de la Meurthe, sénateur. Une fille d 'un premier mariage a épousé M. LE COMTE DE GOUVION , général de l'empire, mort en 1823. Vigneul-Marville parle dans ses Mémoires des mai sons de plaisance qui se bâtissaient à Chilly. Le poëte CHAPELLE (né en 1626 , mort en 1686), fut de ceux qui en augmentèrent le nombre. Aimé et recherché des grands seigneurs, ce bel esprit ne put jamais se résoudre à leur sacrifier un jour de sa liberté, ni même une heure de plaisir qu'il trouvait avec des égaux ou des inférieurs. En répondant aux obsessions du marquis d 'Effiat, notre poëte trouva plus simple et plus à son 126 CORBEIL ET SES CANTONS. 02 goût de se bâtir un logis modeste non loin du manoir du grand seigneur , qui l'eutmêmerarement à sa table. Un homme de cette humeur ne pouvait faire de la poésie une occupation sérieuse. Néanmoins, ses vers ont du naturel, de la facilité , de l'enjouement et de l'esprit. On a fait mourir Chapelle à Chilly; c 'est une erreur. Racine, Molière, Despréaux , La Fontaine, venaient souvent s'entretenir avec l'élève de la nature et de Gas sendi, dans son logis des champs… Chilly, si célèbre d 'ailleurs, dit M. l'abbé Lebeuf, n 'a point fourni d 'hommes dans l' antiquité qui aient fait gloire d ' en porter le nom. Il ajoute immédiatement: GUILLAUME DE CHAILLY, sergent du roi saint Louis , vivait en 1258; PIERRE DE CHAILLY , qu'on appelait aussi ARCHAMBAULT, sous- chantre de l'église de Paris, fonda , dans le même siècle , à Notre-Dame, un obit pour le repos de son âme, et celle d ' Éremburge, dont il était veuf. ADAM DE CHAILLY donna à ce même chapitre , à cette époque, la dîme d 'un lieu appelé Büsscium. Il est pourtant encore vrai de dire que le chevalier Millin (1) indique parmiles personnages inhumés dans l' église des Chartreuxde Paris, JEAN DE CHILLY, évêquede Grenoble , mort le 17 août 1350. Le savant antiquaire emprunte ce fait à l'épitaphe du prélat. Il n 'est pas d 'accord avec l'épitaphier des églises de Paris (tome ler, page 237) ,ma nuscrit conservé à la bibliothèque de l'Hôtel-de- Ville , qui place la sépulture de Jean de Chilly dans l'église des Mathurins de la rue Saint- Jacques. ” (1) Antiquités nationales, t. V, art. 52. CHILLY. 127 L'abbaye d'Hière avait des biens à Chilly, en un lieu appelé Pratellum - Hilduini. Cette communauté en fit cession au roi Louis le Gros; il en fit don à l'abbaye de Montmartre , et donna , en échange , à celle d'Hière, une rente annuelle de dix-huit septiers de grains à prendre sur son moulin de Chailly (de Calliaco), sans doute établi sur l’Yvette , à Gravigny. Dans la suite , les dames d'Hière transportèrent leur droit à cette redevance , aux religieuses de Gif, dont le monastère fut fondé par une colonie venue d'Hière. Le prieuré de Longpont avait des vignes à Chilly. Il les tenait des libéralités du roi Louis VII , bienfaiteur de cette communauté. Elle cé lébrait chaque année un obit pour le repos de l'âme de ce monarque. L'hôpital Saint- Gervais de Paris, avait aussi des rentes sur Chilly , l'amortissement en fut con senti par Robert de Dreux , seigneur du lieu. Chilly a été , ces dernières années , la retraite d'une femme de lettres fort excentrique, HORTENSE MARY-GAY, femme ALLARD DE MARITENS , née à Lyon , d'une famille anglaise, vers 1790; morte , à Paris, le 8 janvier 1851. Ses romans sont écrits avec une élégance que négligent souvent les personnes qui font un métier de ce genre de travail; aussi cette dame n'en a produit qu'un petit nombre. Son Histoire de la République de Florence ( 2 vol. in-8° , 1837-1843), a été en partie écrite à Chilly. Ses Lettres sur madame de Staël contiennent des aper çus ingénieux. Le village de Chilly.compte parmi ses habitants , M. FRÈRE , si connu par la pâte Regnauld tant recom mandée..

ÉPINAY -SUR -ORGE.

. La position de ce village est des plus heureuses. C'est sur son territoire que l'Orge et l’Yvette mêlent leurs eaux. Comme le Nil , tout cours d'eau porte la fertilité aux terres qu'il arrose! Épinay n'est pas ce que son nom annonce: Spinoilum , Spinetum; la culture y est en honneur , et ce mot latin ne peut s'appliquer qu'aux cantons couverts d'épines ou de broussailles. Comme le nom d'Épinay n'est pas rare en France , il a fallu distinguer par un surnom les villages qui le portent. De là , Épinay -sur - Orge. Ce village est traversé par une grande route de communication. Le chemin de fer de Paris à Orléans y a une station. Le parcours est de 24 ki lomètres. On en compte 4 pour se rendre à Longjumeau, et 1 myriamètre 8 kilomètres pour gagner Corbeil. La population de ce village est de 553 habitants , y compris ceux des annexes. Le livre censier de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés de Paris , qu'on croit avoir été rédigé sous l'abbé Irminon , au hụitième siècle , donne la description de cette terre , et prouve l'antiquité de son vignoble. La communauté , outre le manoir seigneurial, possédait cent arpents de vigne, trente arpents de pré, un bois ÉPINAY - SUR -ORGE. 129 d'une lieue et demie de circuit , un moulin et soixante muids de blé ( 1 ). L'abbaye avait aussi la haute, moyenne et basse justice du lieu. On désigne au canton de Petit Vaux le cimetière des Moines. C'était évidemment le lieu consacré à la sépulture des membres de la colonie détachée de l'abbaye -mère. SIMON DE MENÈNĖ, professeur en l'Université de Paris, s'était retiré dans ce lieu de prières. Il y fut assas siné en 1298. Philippe le Bel , sur les plaintes de sa compagnie, condamna les meurtriers à une amende con sidérable. Ce corps employa cet argent à l'acquisition d'un moulin , terres et autres revenus , situés à Vaux, en la censive du roi , à cause de Montlhéry. Le tout ap partenait à Guillaume Delorme, écuyer. Le revenu de ces immeubles fut affecté à la nourriture et à l'entre tien de quatre chapelains, chargés d'offrir chaque jour la messe à l'intention du défunt. En 1301 , l'Université céda ces biens au roi qui se chargea de pourvoir aux besoins des bénéficiers , et en réduisit le nombre à trois. Le document du huitième siècle dont nous venons de parler, nous apprend qu'un laïque, appelé RICQUEBERT , possédait l'église d'Épinay par forme de bénéfice. Le monument a été renouvelé. Il est sous le vocable de SAINT -LEU ou Loup, évêque de Sens, et de SAINT GILLES, abbé, dont la fête arrive le 1er septembre. On y con servait jadis des reliques du premier. Voici ce que dit l'historien du diocèse de Paris , de l'édifice actuel: « Le ( 1 ) Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, t. X. 9 130 CORBEIL ET SES CANTONS. cheur et l'aile qui l' accompagne du côté du septentrion , sont d 'une bâtisse du treizième siècle , et d ' égale éléva tion. La tour est du même côté. L 'aile méridionale qui accompagne la nef est plus basse , et cependant est du même temps, ou approchant. » Les choses sont encore à peu près ce qu' elles étaient lorsque ce savant lés: vit. ' Il a négligé de parler de la belle verrière de la fin du quatorzième siècle , qui garnit la fenêtre de la chapelle septentrionale. Quelque seigneur du lieu en aura fait les frais. Il est mêmeà supposer que ce sont les moines de Saint-Germain des Prés. Le sujet est l'Arbre de Jesse , sisouvent reproduit. La sainte Vierge le couronne; elle offre son divin Fils à l'adoration du monde. Les rois de Juda dontMarie est descendue, sont échelonnés sur les branches de l'arbre. Jessé est au pied, étendu et plongé dans un profond sommeil. On remarque aussi dans cette église , un saint Jean -Baptiste , attribué par les uns au pinceau du GUIDE , par les autres, à celuide MURILLO. L 'abbé Lebeuf a remarqué dans le pavé de cette église , la sépulture d 'un prêtre, curé du lieu; il put encore lire ces mots sur la pierre qui recou vrait ses restes: Oriundus de monte acuto Laudunensis diocesis. Le maître- autel est en marbre. Il vient de l' église de Paray détruite l'unedes premières années du siècle. Le cimetière est attenant et derrière l'église. La cure d 'Épinay a été remplie dans le cours du der nier siècle par M. D 'ANDRÉ. Ce docte et laborieux écri vain nous a laissé une Concordance de l'Ancien et du Nouveau Testament , en latin (1 vol. in - fº ). ÉPINAY- SUR -ORGE. 131 LEPITRE , né à Arpajon, a gouverné cette paroisse l'es pace de quarante ans. Il est mort titulaire, le 17 juin 1820 , à l'âge de quatre -vingts ans. La liste des seigneurs qui contribuèrent à payer la rançon du roi Jean ,dansla prévôté deMontlhéry,rédigée vers 1360, a été publiée par la société des bibliophiles français (1). On y lit cette mention: PERRIN YVETE, à Épineuil-sur- Ourge. Peut-être à cause des malheurs des temps, l'abbaye de Saint- Germain des Prés aliéna t -elle une partie du temporel de cette seigneurie. BAR NABÉ BRISSON , àvocat général au parlement de Paris , sous Henri III, est qualifié seigneur de ce lieu dans le procès- verbal de la coutume de Paris , de l'an 1480. La même qualification lui fut donnée dans son épi taphe , à Sainte -Croix de la Bretonnerie, où il reçut la sépulture. Brisson était président à. mortier au parlement, lors de son arrestation inopinée par une bande de la faction des Seize. Il fut pendu à une poutre d 'une des salles du Châtelet, avec Claude Larcher et Jean Tardif, aussi magistrats de cette cour, sans autre forme de procès, le 15 novembre 1591. Suivant les chroniques du temps, tous trois furent arrêtés à neuf heures du matin , confessés à dix , pendus à onze. Une gravure allemande, contemporaine, représente ce triste épisode de notre histoire. Brisson a été le meilleur in terprète du droit romain jusqu'à lui. Il était de Parthe nay. C 'est lui qui jeta les fondements de toute la gran (1) Mélanges de littérature et d 'histoire, 1850, in - 12. 132 CORBEIL ET SES CANTONS. deur de la maison de Richelieu , par son crédit auprès de Henri III. Son manoir du Breuil était encore ha bité par DENISE DE VIGNY, sa veuve , en 1605. Cette dame est morte le 3 juin 1625. Au dix-septième siècle , MM. LE PICART, fort con nus dans la robe , ont été seigneurs d'Épinay; puis une famille de Beaumont alliée à celle de Ballainvilliers. Les droits honorifiques de cette terre ont été depuis at tachés à celle de Savigny par acquisition de M. le mar quis du Luc. Ce seigneur revendit le domaine, le 19 mars 1768 , à M. Cochin. Il y est mort le 30 avril 1784. Ses héritiers l'aliénèrent au fermier général GEORGES DE MONTCLOUX. Il a été l'une des victimes de la Révo lution. L'un de ses fils, officier de cavalerie , a publié en 1814 , sous le nom de MONTCLOUX D'ÉPINAY: Angéla ou l’Atelier de Jean Cousin, opéra -comique en un acte et en prose. Il est mort à Paris en 1837 , à l'âge de soixante - sept ans. La famille DE WINDT , alliée à celle ci , a possédé l'ancienne terre d'Épinay au commence ment du siècle; depuis M. CHAPT DE RASTIGNAC, maré chal de camp;puis à titre de locataire pendant l'été 1857 , le marquis AGUADO , fils aîné du fameux banquier de la cour espagnole. Le possesseur actuel est M. LEJEUNE, légataire des frères Michel , dont le nom a eu trop de retentissement. Le château d'Épinay n'est pas vaste; il est bien et solidement bâti. On y jouit d'une vue variée et fort étendue. Le Nôtre a, dit-on , planté le parc. Les écarts d'Épinay sont: le hameau de Breuil, le château de VAUCLUSE, PETIT-Vaux , CHARAINTRU et le : : . ÉPINAY -SUR -ORGE. 133 château de SILLERY. Donnet n'a pas marqué ce domaine sur sa carte de l'arrondissement de Corbeil, qui pour tant a eu deux tirages. Oudiette l'a mentionné dans son Dictionnaire des environs de Paris. Breuil vient de petit bois. Il se reliait à la forêt de Séquigny, et cet ensemble formait nécessairement le bois d'une lieue et demie de circuit possédé à Épinay au huitième siècle , par les moines de Saint-Germain-des Prés de Paris. CHRÉTIEN DE LAMOIGNON , chevalier, était qualifié seigneur de BAVILLE et de BREUIL , dans son épitaphe aux Cordeliers de Paris. Il est mort le 18 jan vier 1636 à soixante - neuf ans. C'était l'ancien manoir du conseiller BRISSON. LA GILQUENIÈRE, actuellement VAUCLUSE, est une dépendance de ce hameau. L'ancien terrier seigneurial d'Épinay nous a montré l'emplace ment de ce fief. Il relevait de Villebouzin (V. Longpont). Une des routes de la forêt de Séquigny en a retenu le nom. ISAAC DE MARTINE, mort le 16 septembre 1624 , à l'âge de soixante-trois ans , suivant son épitaphe , dans cette même église des Cordeliers de Paris , fut conseiller du roi en sa cour de parlement de Bretagne et seigneur de la GILQUENIÈRE , Moret , La Neuville , etc. Les registres de l'archevêché de Paris nous apprennent que RÉNÉ Davy, sieur de la Faustière , et RÉNÉE Davy, femme de Jean Lemaître, conseiller au parlement de Paris me naient à la Gilquenière , la vie commune, en 1653. C'étaient certainement le frère et la sour. On lit dans le Mercure de 1742 , que , le 27 août , mourutdameMarie -Anne Chevalier, veuve , depuis 1731 , de GUILLAUME DAVY DE LA FAUTRIÈRE , seigneur de la 134 CORBEIL ET SES CANTONS. GILQUENIÈRE et de Blaine , maître ordinaire en la cham bre des comptes. Elle eut de ce mariage, Louis Davy DE LA FAUTRIÈRE, conseiller au parlement de Paris. Ce fief appartint ensuite à GUILLAUME VIOLE, fils de Pierre, seigneur d'Athis. Dans la généalogie manuscrite de cette famille, qui se rencontre dans l'Épitaphier de l'Isle de France, à la bibliothèque impériale , on lui donne la qualification d'écuyer; il y est dit aussi sieur Du BREUIL et gendarme de la compagnie de M. Paloiseau. FERDI NAND DE LA BAUME , comte de Montrevel , seigneur de Savigny au dix-septième siècle , est également qualifié seigneur de Breuil et Epinay. Il aliéna ces terres à JEAN Rieux , banquier à Paris , le 17 juillet 1719. M. DROUILLET acquit Breuil de ses héritiers en 1743; et M. MARCHANT , aussi banquier, de la veuve de celui-ci , le 9 jannier 1758. La Grange de Breuil confine le territoire de Ballainvilliers. On y trouve une source qui est l'alimentation principale du ruisseau appelé le Rouillon. VAUCLUSE est limité par la rivière d'Orge. Le nom de l'ancien fief de la Gilquenière déplaisait fort au bailli de CRUSSOL D'Uzès qui le possédait au moment de la Révolution. Monsieur, comte de Provence , depuis Louis XVIII , dont il y recevait quelquefois la visite, a été son parrain. Est-ce en souvenir de la fontaine de Vaucluse? Quoique plein d'attraits , le nôtre n'a pas la magie du premier. ALEXANDRE - CHARLÈS - EMMANUEL, bailly de CrussoL D'Uzès , né le 5 juillet 1745 , émigra; il est mort à Paris le 17 décembre 1815 , chevalier des ordres du roi , duc et pair, maréchal de camp; la mar 9 ÉPINAY - SUR-ORGE. 135 quise de Grollier , sa parente et son héritière , lui a fait ériger un somptueux monument au cimetière du Père Lachaise. En 1806 , Vaucluse est devenu la propriété du général baron Delaître , frère du préfet de Seine-et Oise , mort à Paris le 2 juillet 1838 , à l'âge de soixante deux ans. Son acquéreur a été le général de division Lepaige, comte DORSENNE , mort quelques mois plus tard , à Paris, le 24 juillet 1812. Il était né à Ardres ( Pas-de-Calais) , le 30 avril 1776. M. DABRIN , entre preneur de bâtiments à Paris , l'acquit de ses héri tiers. Il est mort en 1833. Son fils aîné l'eut ensuite en partage. Il a été agent de change et successive ment maire des 2e et ge arrondissements de Paris ( an cien 2e) et est officier de la Légion d'honneur; mem bre du conseil général de Seine-et-Oise. Il a vendu le 26 juillet 1860 à Sir Patrick, Irlandais , possesseur actuel. Petit-Vaux est un hameau posé en regard de Grand Vaux; il en est séparé par l’Yvette , dont il occupe la rive droite. Il y a plusieurs maisons de campagne. On y connaissait le fief de Vaudoise possédé par les char treux de Paris, au dix-septième siècle; de là sans doute la préférence accordée à ces moines par les personnes considérables de la localité pour obtenir l'inhumation dans leur église. M. LEMONYER, notaire à Paris , a une maison de plaisance à Petit -Vaux. Elle appartint plutôt à M. Denayer , chez lequel venait fréquemment son neveu , le poëte ALPHONSE EŞQUIROS. Il a écrit des stro phes charmantes sur les agréments de cette villa. Il dit en parlant du hameau: 136 CORBEIL ET SES CANTONS. Le soleil en naissant le regarde d'abord, Et le mont le défend des outrages du nord; L'Yvette en serpentant borde ses métairies, Et l'Orge en l'y joignant arrose ses prairies. Dans une autre poésie il fait cette peinture du logis de famille: Dans le département baigné de Seine- et-Oise; Sous les lilas, la vigne et les noisetiers verts, J'aime votre maison avec son toit d'ardoise Et ses volets ouverts. Son air hospitalier et son clos sur la rive, Son verger du printemps qui s'est ressouvenu, Son seuil au voyageur qui dit, lorsqu'il arrive: Soyez le bien -venu. Nid de petits oiseaux, vive ruche d'abeilles Qui vont courant les prés et butinant les fleurs, Joyeux essaim d'enfants qui gâtent les corbeilles Sous la rosée en pleurs. Secouant de Paris le bruit et la poussière, Je me plais dans ces lieux , à ces profondes voix, Que la nature et Dieu , dans notre âme grossière, Élèvent quelquefois. Vous avez pour cela ce qui vaut tout le reste, Les champs verts, le ciel bleu , les arbres, les ruisseaux, Et les petits enfants dans le manoir agreste, Et les petits oiseaux. Notre poëte avait vingt ans , en 1824 , lorsqu'il publia son volume de poésies sous ce titre: les Hirondelles, M. Arsène Houssaye a donné la biographie d'Esquiros dans le journal l’Artiste, en 1846. Son portrait l'accom ÉPINAY-SUR -ORGE. 137 pagne. Il entra dans la vie politique en 1848, trois ans plus tard elle le conduisait en exil! A Petit-Vaux est mort Duffy, en 1860. Les phases de sa vie furent très-diverses. Boucher d 'abord , il se fit commis en librairie ensuite et devint l'associé de Lavo cat. Il a depuis rempli un emploi supérieur dans l'ad ministration du chemin de fer d'Orléans, à laquelle il rendit d ' éminents services en 1848. C 'était un homme probe et intelligent. Son fils habite sa maison de Petit Vaux. CHARAINTRU est au -dessusde Petit-Vaux, à la rive op posée de l' Yvette. Ce bameau disparait et s'absorbe dans le domaine de SILLERY, ancien fief qui s'étend en lon gueur, borné qu 'il est par l'Yvette et le chemindeGra vigny. On suit la chronologie de ses possesseurs depuis la fin du dix - septième siècle. Le 4 juin 1699, FRANÇOIS DU JARDIN , valet de chambre du roi, l'acquit des héri tiers de Philippe Loussard. L ' enclos, quijusque- là n 'a vait renfermé que quatre arpents, fut porté à quatre vingts, plantésde grands bois avec fontaines jaillissantes. De son second mariage Du Jardin eut un fils appelé comme lui FRANÇOIS; il a été héritier de ce fief , à sa mort, survenue en 1615. Nous lisons dans le Mercure galant du mois de mai 1681 (p. 246 ): « M. Du Jardin est le doyen des secrétaires du roi. C 'estun parfaitement honneste homme, généreux amy, et qui fait les choses de la manière la plus obligeante et la plus honneste. M. DU JARDIN , son père, aussi bien que son ayeul, a esté vétéran dans cette charge, qu'ils possèdent de père en fils depuis plus de six - vingts ans, » François du Jar 138 CORBEIL ET SES CANTONS. din , deuxième du nom, est mort célibataire au mois d'octobre 1683 , à l'âge de quatre-vingt-neufans ( suprà , p. 285). ELISABETH , sa soeur et sa légataire, lui survé cut jusqu'au 21 mai 1691. Tous deux ont été inhumés dans l'église Saint- Germain l'Auxerrois de Paris , où leur famille avait établi sa sépulture. Cette demoiselle par son testament, en date du 22 janvier 1685 , fonda un oratoire en sa terre de Sillery, ou plutôt de Cha raintru , nom qu'elle portait alors , avec l'obligation pour ses héritiers de constituer un fonds de 250 li vres de rente pour entretenir le chapelain chargé de sa desserte et aussi de l'éducation des enfants de la pa roisse d'Épinay. La messe devait y être célébrée les dimanches et fêtes, celles annuelles exceptées. Cette fondation subsiste encore en partie. La chapelle est un modeste édifice isolé. Il paraît qu’originairement les malades de Charaintru avaient seuls l'accès de ce lieu de prière , les jours de célébration; puis cette tolérance finit par devenir publique. NICOLAS BARTHÉLEMY, con seiller au parlement de Normandie, et MADELEINE , sa seur, veuve de Henri d'Argouges, marquis de Rannes , cédèrent leurs droits , dans la succession d'Elisabeth Du Jardin , à leur cohéritier, JEAN -JOSEPH Nau , écuyer , sieur de Maison - Rouge. Ce dernier conserva cette terre jusqu'en 1702. Son acquéreur fut DENIS-MICHEL THI ROUDE , ancien trésorier de France , au bureau des finan ces de la généralité de Poitiers , conseiller au parle ment. Il obtint , le 18 janvier 1724 , permission de faire célébrer dans le nouvel oratoire. La bénédiction en fut faite par l'abbé de Longueil, prieur-curé d'Athis , à ce ÉPINAY - SUR - ORGE. 139 délégué, le 4 octobre suivant. À la mort de M. Thi roude; en 1748, cette terre passa à sa fille, épouse de JEAN -JACQUES DE SAULMEUR DE VILLERONDE, maréchal des logis du roi , chevalier de Saint-Louis. Ils l'alié nèrent en 1773 , à ANTOINE-TOUSSAINT NOBLET, ancien greffier en chef de la Cour des comptes , conseiller au parlement. Ce dernier ajouta des constructions au corps de logis et fit enclore quatre- vingt-dix arpents à la suite. C'est le 29 septembre 1780 que le seigneur de Savigny consentit l'inféodation de cette terre en fief ous le nom de SilLERY; et Noblet l'ajouta au' sien. En 1783 , le chapitre de la métropole de Paris , en partie seigneur du lieu , consentit pareille inféodation pour son fief de SAINT - JAMES, enclavé dans le parc. Un troi sième fief en faisait partie , le moulin de QUINCAMPOIX, placé à l'extrémité, et mû par l'Yvette. La communauté de Saint-Cyr, près Versailles, comme représentant les religieuses de la Saussaye de Villejuif, et les religieux du prieuré de Saint -Eloi, à Longjumeau, avaient droit de censives sur les terres. Noblet , premier et dernier seigneur de Sillery, le conserva jusqu'en 1804. Il ven dit à M. VEYRET; celui-ci , en 1810, à l'intendant mili taire LE BÈGUE; neuf ans plus tard , Sillery devint la pro priété de M. BANCELIN - DUTERTRE DE MAISON-NEUVE. Il vendit , en 1824 , à une société qui devait y établir une blanchisserie modèle; le projet échoua ,'et le lieutenant général comte MERLIN , fils de Merlin de Douai, en devint acquéreur. Il ne le conserva pas jusqu'à sa mort , arrivée en 1854. Sa vieillesse fut affligée par la perte de la vue. Il avait épousé MADEMOISELLE GOHIER, fille 140 CORBEIL ET SES CANTONS. unique du membre du Directoire, et n 'en eut pas d 'en fants. Cette dame descendait par sa mère du ministre protestant P. Dumoulin ( V. Ablon).Madame la comtesse Merlin a fait ses preuves en littérature. On a d 'elle des Mémoires. C 'était aussi une grandemusicienne. Les pai sibles ombrages de Sillery ont connu ses douces rêve ries. Un volume ayantpour titre: les Belles Femmes de Paris (1839, in - 89), parle ainsi de cette dame (p. 174 ): « Beauté, musique, esprit , madame la comtesse Merlin porte sur son front trois couronnes dont une seule suf firait à consacrer pour toujours une tête de femme. » Elle est morte à Paris le 15 février 1853, à l'âge de soixante -cinq ans et a été inhumée à Eaubonne (Seine et-Oise) près de son mari. Ils avaient vendu Sillery , le 20 juillet 1838 , au vicomte DE SÉGUR, dont le nom a été donné à une des rues du village d' Épinay. De son ma riage avec mademoiselle MARTIN DE MAUVIÈRES est née une fille , aujourd'hui duchesse de GRAMONT-LESPARE. M. de Ségur conserva Sillery jusqu 'en 1857. Son ac quéreur fut madame ADRIEN CHEVALIER , nièce et héri tière du général Valazé; cette dame revendit, le 5 mai 1860 , à M. RIANT, ancien notaire à Paris, et ancien membre du conseil général de la Seine et du conseil municipal de Paris. Il a fait rebâtir le château sur un vaste plan et dans un autre axe. Le parc, jadis dessiné par Damesme, vient aussi d 'être transformé; ses eaux mieux distribuées sont ombragées par une futaie sécu laire. Nous devons, en terminant l'article Sillery, exprimer toute notre reconnaissance à M. PAUL RIANT, l'un des ÉPINAY-SUR-ORGE. 141 fils de la maison; il a favorisé nos recherches par la communication toute gracieuse de l'ancien terrier d 'Epi nay , et des titres de propriété du domaine. La secte des Théophilanthropes, née des événements de la fin du dix -huitième siècle , se répandit dans nos campagnes. Épinay et Athis sont particulièrement si gnalés parmicelles où elle se fit le plus de prosélytes, après Corbeil (manuscrit du temps). On sait que le culte dont La Réveillère Lépeaux fut le grand prêtre eut à peine un lustre d ' existence. Nous lisons dans les Souvenirs de la marquise de Créquy (t. IV , p. 44): Commentse fait- il que je ne vous aie encore rien dit demadameGEOFFRIN (Marie - Thérèse Rodet, 1699 - 1777), ni surtout de M. Geoffrin dont on ne parlait pas assez hors de sa fabrique. Je vous assure que c' était un objet bien autrement à considérer que madame sa femme, et je ne crains pas de vous dire que, parmi toutes les choses à remarquer dans leur manu facture de glaces , il n ' était pas demachines ou d 'usten siles aussi curieux que M. Geoffrin. Son père était un tisserand d' Épinay- sur -Orge, et quand on se demandait à quoi pouvait tenir la suffisance et l' étrange roideur de sa femme: C 'est qu' elle a avalé la quenouille de sa. belle -mère, répondait la maréchale de Luxembourg. » On a prétendu que c' était M. Geoffrin qui, lisant tou jours le même volume, s'apercevait seulement, de temps à autre, que l'auteur se répétait un peu. La nullité de ce riche bourgeois fut mise en évidence par le contraste de la sagacité de sa femme; elle donna lieu à beaucoup de plaisanteries, Les mercredis de madame Geoffrin 142 CORBEIL ET SES CANTONS. dans son grand appartement de la rue Saint-Honoré, étaient quelque chose de sage, de réfléchi, d’aimable et de frivole en mêmetemps, le charme de l'entrain avec beaucoup demesure et de tact. C 'est ce qu'expriment lesmémoires du temps et les biographes de cette aima ble femme.

FLEURY-MÉROGIS.

er Le nom de ce village est celui d'un grand nombre de communes de France: il a fallu leur donner un sur nom , pour les distinguer les unes des autres. Oléw , abonder , être riche; et pów , défense , fortification: 0lé-pu serait une ancienne forteresse , ajoute M. l'abbé Bar ranger, à qui nous devons cette étymologie. Le monti cule en face du château , espèce de motte, a pu en être le piédestal. MÉROGIS, c'est Mexon , partage de terres incultes entre les habitants. C 'est de la féodalité. C ' est à partir du treizième siècle qu 'on trouve FLORY OU FLURY, ou bien FLEURY tout simplement , appelé FLEURY-MÉRAUGIS, que l'usage fait écrire sans diphthon gue: MÉROGIS. Il est écrit Fluriacum dans les titres du onzième siècle. M. de Valois (Notitiæ Galliarum ), dont nous ne partageons pas l'opinión , croit que ce nom vint du possesseur primitif du sol, ou du fondateur du lieu , qui aurait porté le nom romain de FLORUS. Le pays est plat et presque entièrement en labourage; la terre n 'y est pas de première qualité. On compte à Fleury deux cent cinquante habitants, y compris ceux de l'ancienne paroisse du Plessis -le -Comte , son annexe. 144 CORBEIL ET SES CANTONS . La primitive église du lieu a été la chapelle castrale , elle était dédiéeà la mère de Dieu. On y voyaitune tombe lon gue de près de sept pieds et large de deux pieds quatre pouces, sur laquelle était représenté un homme revêtu d 'une espèce de tunicelle sans bras, ornée de quatre rangs de fleurs de lys, mises les unes sur les autres. Il tenait un bouclier orné aussi de six fleurs de lys dans la main gauche, et une arme qui ne ressemblait ni à une épée, ni à un glaive , dans la droite. Il avait la tête nue: les cheveux très- courts. Sespieds reposaient sur une le vretle. Deux anges encensaient sa tête. Cette pierre était également ornée de fleurs de lys dans les parties libres, ainsi que cela se pratiquait assez généralement au trei zième siècle. On lisait autour, cette inscription , gravée en lettres gothiques capitales:« Ici gît monseignor Guill: Meraugis: le seignor: de Flory; prier por lame: que Deix en: net peitei. » L 'abbé Lebeuf, à qui nous de vons cette épitaphe (1), ajoute: J'en parle d 'après le dessin qui en est conservé pour le souvenir du fait. Cet oratoire était dansl' avant- cour du château. Il menaçait ruine, lorsqu 'il fut détruit en 1726 , ainsi que le chå teau fort. Madame de Fleury, née Louise BÉRAULT, veuve de l'avocat général Joseph -Omer Joly, fit bâtir l' église actuelle pour la remplacer. La forme du monu ment est celle d 'une croix latine; il est orienté. Les fe nêtres de l'abside ont été récemment garnies de gri sailles bien exécutées. Cette église n 'en est pasmoins par trop éclairée. La tour des cloches estau nord. (1) Histoire du diocèse de Paris , t. XII, p. 19. FLEURY-MÉROGIS. 145 On ne sait pas précisément l'époque de l'érection de cette paroisse; Fleury était encore annexe de Bondoufle en 1093. Le prieur de Longpont avait la nomination à l'une et à l'autre cure. Il est certain qu'elle l'était au treizième siècle , dit M. l'abbé Lebeuf , nous en trouvons la preuve dans l'inscription de la tombe du seigneur du lieu. Nous ne sommes pas personnellement convaincu. Ce personnage a pu exprimer le désir d'être inhumé dans l'oratoire de son manoir. Il en permettait l'usage à ses vassaux, sans doute pour leur éviter la course à l'Église matrice, fort pénible dans la mauvaise saison. Toutefois, pendant les guerres si désastreuses du seizième siècle , ce titre fut oublié , et Bondoufle eut de nou veau le spirituelde Fleury. Plusieurs membres de la famille Joly de Fleury ont reçu la sépulture dans le caveau qui existe sous le choeur de la nouvelle église. Cette église est placée sous le vocable du Sauveur au 6 août. Le cimetière est derrière et attenant au mo nument. Nous y avons rencontré la sépulture de mes sire PIERRE JEHAN , curé du lieu , né à Saint-Lô (Man che) , mort à Fleury , le 16 juin 1833 , à l'âge de soixante et onze ans. Et celle dans un enclos adjacent, mais par ticulier , de la famille JOLY DE FLEURY. Nous les men tionnerons successivement en suivant la nomenclature des possesseurs de cette seigneurie. La terre de Fleury relevait du château d'Hière. Le plus ancien seigneur connu vécut dans le cours du douzième siècle. ROBERTUS DE FLURIACO ou FLORIACO est mentionné dans des actes concernant le prieuré de Longpont, rédigés à cette époque. Puis sur la fin 10 1 16 CORBEIL ET SES CANTONS. du treizième siècle , on trouve GUILLAUME MÉRAUGIS dont nous avons rapporté l' épitaphe. Les archives départementales renferment des aveux et dénombre ments et des actes de foi et hommage des seigueurs de Fleury à ceux d 'Hière dont ils étaient les feuda taires. Le premier fut fait par Honoré Cubert, valet de chambre du roi, et renouvelé à son décès par sa veuve. Leurs descendants ont été longtemps en pos session de cette terre , et en ont porté le nom. L 'aveu qui en fut fait , en 1399, nous a appris les noms des différents champtiers du territoire. C ' étaient: le Pré au Maître; la Haye au Prestre; les Murgiers; la terre de Grès; Poillebrebis; les Haies d 'Illiers ou de Liers, qui faisaient la séparation des châtellenies de Corbeil et de Montlhéry; Lannoi; la Viczville; Longuion ou No guion, au-dessous du tertre; le Buisson Chevrier; les Vieils Vignes sous le tertre; la Haye Charlo; Boyvin , et la Garenne au -dessus de Fleury. Uu fief à Savigny; un autre à Évry en Brie. Le 10 juin 1454 , François de Fleury, écuyer, fit foi et hommage à Dreux - Budé, seigneur d ’Hière. PIERRE DE FLEURY est mentionné au même titre. Puis son fils aîné; ce dernier fit aussi foi et hommage de cette terre à Dreux -Budé, en fé vrier 1512. Dans le dénombrement qu'il donne , se trouve un canton appelé le Chêne de l'assemblée. Ce nom , comme celui du Chêne des partisans en Lor raine , doit venir d 'un conciliabule de gens de guerre durant la ligue, même plus tôt , lors de l'occupation anglaise. La terre passa ensuite à JACQUES DE FLEURY; puis à sa fille , ANNE , qui épousa FIACREE DE SAINT FLEURY-MÉROGIS. 147 BERTHEVIN , seigneur de Pontas ou Pontus: le premier en rendit foi et hommage le 24 mars 1557, à Jacque line de Bailly , veuve de Jean Budé, seigneur d 'Hière; des difficultés survenues alors suspendirent cet acte jusqu'en 1561. Ce fut ce seigneur de Fleury qui attira ses vassaux à l'Église de Bondoufle où il fonda une fête annuelle en l'honneur du solitaire de la Brie , dont il portait le nom. Une chapelle de cette Église est sous le vocable de ce saint, particulièrement honoré par les jardiniers. Saint- Berthevin , mourut avant 1571. Il a été père ou frère d 'une dame de ce nom , morte en odeur de sainteté (V. Bretigny). Devenue veuve , Anne de Fleury épousa en deuxièmes noces GEORGES DE VIL LECARDEL , chevalier , seigneur de Sandreville , maitre d 'hôtel du roi, avec lequel elle rendit foi et hommage de la terre de Fleury à Dreux - Budé, seigneur d 'Hière, el 19 juin 1571. Elle épousa en troisièmes noces FRAN ÇOIS DE RIVIÈRE, écuyer, sieur de Mongrenon , gentil homme servant de la maison du roi, et renouvela son hommage à cette occasion le 1er mars 1584. La terre de Fleury fut acquise le 25 août 1602, par FRANÇOIS JOLY, maître des requêtes de Navarre, d 'une famille originaire de Bourgogne, qui tire sa noblesse des offices de judicature; elle a pour armes depuis 1648, concession d 'un quartier d'azur au léopard d 'or, armé de gueules. Elle porte à présent au 1 et 4 d ' azur au lis au naturel d 'argent au chef d ' or, chargé d 'une croix pattée de sable; au 2 et 3 d'azur au léopard d'or , arméde gueules. François Joly mourut à Paris le 22 oc tobre 1635. Le roi Louis XIII l'honora d 'une visite , 148 CORBEIL ET SES CANTONS. dans son château de Fleury, le 9 mai 1634. JEAN JOLY, son fils ainé, conseiller au grand conseil, jouit de cette terre après lui. Il eut de CHARLOTTE BOURLON, seur d 'un évêque de Soissons, morte dans sa quarantième année en 1684 , une fille qui épousa Denis Bouthillier; elle a donné le jour au célèbre réformateur de la Trappe. JEAN - FRANÇOIS JOLY, né aussi de cette union , épousa MADELEINE TALON. (Armes: d 'azur au chevron d 'or, accompagnéde trois croissants chargés d ' épis de même; deux en chef et l'autre en pointe.) Ils laissèrent Jo seph -Omer Joly , seigneur de Fleury, avocat général, mort le 5 décembre 1704, qui eut de Louise BERAULT, morte le 31 décembre 1738 , Jean -Omer Joly , chanoine de Paris , et Jeanne Louise, première femme du maré chal d 'Asfeld , morte sans enfants, et GUILLAUME-FRAN çois Joly , puiné de Joseph -Omer, quidevint seigneur deFleury. Il a été procureur général au parlement de Paris , et est mort en cette ville suivant l' Epitaphier de l'Isle-de-France (1), le 17 mars 1756 (2), à l'âge de quatre - vingts ans. Le seigneur deFleury et de Grigny (dont il avait fait l'acquisition ), fut inhumé dans l' é glise Saint-André des Arcs. Sa vie fut un travail con tinuel consacré au bien et à l'utilité publics. Il a laissé en manuscrit desmémoires sur des questions de droit. Il eut de son mariage avec Marie - FRANÇOISE LE MAITRE (morte à quatre - vingt- trois ans, le 1er décembre 1759), plusieurs enfants. GUILLAUME- FRANÇOIS- LOUIS JOLY, (1) Manuscrit conservé à la Bibliothèque impériale. (2 ) La Chesnaye Desbois, édit. in -8 , dit le 25; la biographie Didot, le 22. FLEURY-MÉROGIS. 149 l'ainé, devint seigneur de Fleury. Il épousa Marie Rénée Lelièvre de la Grange. (Armes: d'azur au che vron d ' argent accompagné en chef de deux quinte feuilles et en pointe d 'uneaigle éployée , aussi d 'argent). Il prit dans son contrat de mariage , le 16 janvier 1747, les qualifications de chevalier , seigneur de la baronnie de Fleury, deGrigny, du Plessis-le- Comte et autres lieux. Il n 'eut qu' une fille , la marquise de Montmort. La terre de Fleury passa à son décès à OMER - Louis - FRANÇOIS JOLY, son neveu , né le 26 octobre 1715. C 'est pour lui qu'elle fut érigée en comté. Il a été président du par lement de Paris. Lors de la dispersion de sa compagnie en 1771, M. de Fleury a été envoyé en exil dans cette terre. Il est mort à Paris, le 29 janvier 1810, dans sa quatre - vingt - quinzième année , laissant, dit son bio graphe, des exemples et des larmes à quarante enfants et petits- enfants. Ses réquisitoires ont été vivement at taqués par Voltaire. M. le comte de Fleury , dernier seigneur de ce lieu , a été inhumé dans le cimetière de Fleury. On a de lui un mémoire sur le mariage des pro testants (1). Là repose encore JEAN - FRANÇOIS JOLY, son frère, né à Paris le 8 juin 1718 ,mort en la même ville le 12 décembre 1802 (21 frimaire an xi). Il avait été in tendantde Bourgogne, conseiller d 'État, etministre des finances de 1781 à 1783. Pendant son passage au mi nistère, M. de Fleury établit denouveaux droits sur les charges de judicature; ils excitèrent des murmures et donnèrent lieu à des chansons.Le refrain de l'une d 'elles (1) Paris (s. d.), mai 1785 , in -8. 150 CORBEIL ET SES CANTONS. était: Si c'est du Fleury, ce n 'estpas du Joly! Cemagis trat passa obscurémenttout le tempsde la révolution , en touré de sa famille et heureux d 'être oublié. Il eut pour fille, FRANÇOISE- BONNE -GENEVIÈVE , deuxième femme de Louis d 'Estampes, baron de Mauny, née le 5 jan vier 1742, à Paris ,morte en la même ville le 17 avril 1817 , inhumée au Père-Lachaise. Nommons encore: 1° AR MAND -GUILLAUME -MARIE JOLY, comte de Fleury, pelit fils du précédent, né à Paris le 15 mars 1746 , mort en la même ville le 14 décembre 1823. Il a été le troisième et dernier procureur général de son nom. Il reçut la croix de la Légion d'honneur presque au moment de son institution; il fut nommé député par le collége électoral de Seine- et - Oise en 1810 , et, à la Restau ration , reçut le titre de conseiller d' État honoraire. 2° Dame ANGÉLIQUE-CLAUDINE -GABRIELLE-DOUET DE LA BOULLAYE, sa veuve, fille d 'un fermier général, morte au château de Fleury, le 12 juillet 1846. 3° Louis FRANÇOIS DÉBONNAIRE, baron Forges, né à Paris , le 30 septembre 1778 , mortau château de Fleury, le 13 août 1836 , ancien maître des requêtes au conseil d 'État, commandeur de la Légion d 'honneur. 4° Dame ANGE LIQUE -MARIE - CÉLESTINE JOLY DE FLEURY, sa veuve. 5° BON- JEAN -GABRIEL-GUILLAUMEJOLY, comte de Fleury , dernier du nom , mort à Versailles, à soixante-douze ans, en 1856. Il a rempli diverses fonctions administra tives. M. de Fleury aliéna la terre dont il portait le nom , en 1854, à M. Grandidier, ancien notaire à Paris, qui depuis lors en jouit. Il y a dans les portefeuilles de M. le baron J. Pichon , FLEURY-MÉROGIS. 151 : une vue générale du château de Fleury , prise au der nier siècle , sans doute au moment de sa destruction , en 1726. Cette vue à vol d'oiseau montre ce manoir du moyen âge dans son ensemble. Il était enclos de murs garnis de chaînes en briques. Deux cours précédaient le château: dans la première était la chapelle. Il a été rebâti alors sur un autre emplacement , et consiste en un corps de logis flanqué de deux ailes. Le parc est immense; il est divisé en terrasses; la vue dont on y jouit est des plus étendues. La seigneurie de Fleury avait droit de haute justice , de rouage , de forage, de colombier à pied , de four banal , de champarts , de fourches patibulaires à trois piliers , de garenne à connils et chasse en icelle , de patronage dans l'église , etc. Les écarts de Fleury sont: la Greffière Baudoin , an cienne ferme, et l'ancienne paroisse, dite le Plessis - le Comte , démembrement de celle de Viry. M. de Valois , dans sa Notice des Gaules, prétend qu'elle a tiré son nom d'un comte de Corbeil. L'historien du diocèse de Paris ( 1 ) n'est pas de cet avis: Sous Philippe- Auguste, ajoute-t-il, on l'appelait Plesseium comitis Radulphi; et il n'y a jamais eu de comte de ce nom à Corbeil. A l'article du devoir des feudataires, JEAN DE CORBEIL est nommé le premier , et déclaré tenu de garder durant deux mois le château de Montlhéry à raison des terres du Plessis- le - comte- Radulphe ou Raoul, et de Grigny. Ce Raoul dut être un comte de Vermandois , alors sénéchal ( 1 ) Lebeuf , t. XII, p. 27. 152 CORBEIL ET SES CANTONS. de France (en latin Dapifer ); il résidait à la cour. Louis VII l'établit régent du royaume avec l'abbé Su ger, en 1147 , lorsqu'il partit pour la terre sainte. On ne connait les seigneurs du Plessis qu'à partir du milieu du seizième siècle; depuis , cette terre a été unie à celle de Grigny, et , à ce titre , possédée par GENEVIÈVE Bou LANGER DE L’Estoc , qui la porta en dot à François de Loynes , président au parlement de Paris; de ce mariage naquit Antoinette de Loynes , épouse de LUBIN DALLIER. Ces derniers eurent une fille mariée à Jean Lemercier, de qui est issu Josias LEMERCIER , dont parle Dela barre ( 1 ). À la fin du dix-septième siècle, le Plessis appartint à M. Hatte de Chevilly , seigneur de Grigny. M. Joly de Fleury lui acheta ces deux terres en 1720. Les seigneuries de Grigny et de Plessis-Baudoin avaient droit d'assises au Plessis , le jour de Saint-Barthélemy , patron de l'Église du lieu. Les religieuses de Saint- Eutrope de Chanteloup-lez Arpajon avaient droit de censive au Plessis-le- Comte. La famille Pons de Rennepont acquit ces mêmes terres de MM. Joly de Fleury sous la Restauration. Elle les a aliénées en 1854. Fleury se trouvait sur la ligne télégraphique de Bayonne et Lyon; elle y avait un poste. ( 1 ) Histoire de Corbeil, p. 286.

GRIGNY.

On compte en France cinq communes qui portent ce nom. Le premier monument où on le trouve écrit Grigniacum est du treizième siècle. On le rencontre dans le cartulaire du roi Philippe -Auguste. M. de Valois a négligé l'étymologie de Grigny dans sa notice des Gaules. M. l'abbé Barranger pense qu'elle peut se tirer du grec Ipu - yvou, localité rénommé pour l'élève des porcs. Le voisinage des bois autorise à le croire. C'est mainte nant un pays de labour; on cultive la vigne sur le co teau. On compte à Grigny près de cinq cents habitants. Il n'est pas éloigné de la Seine , et l'est moins en core du grand chemin qui mène à Fontainebleau. Les voies ferrées de Corbeil et d'Orléans sont aussi assez rapprochées. Grigny est un démembrement de la paroisse de Viry. Il a été érigé en cure dans le cours du quinzième siècle. On remarque dans la construction de l'église des traces du treizième. Il y avait donc un oratoire dans cette annexe, longtemps avant qu'on songeât à l'ériger en cure. L'édifice est sous le double vocable de Saint-An toine et de Saint-Sulpice; ces deux fêtes arrivent en janvier; l'une le 17; l'autre le 19. Elles se célèbrent le 154 CORBEIL ET SES CANTONS. même jour; la coïncidence le veut. Le monument est assez exigu; il a un seul bas-côté au midi. La tour des cloches est de ce côté. Les seigneurs du lieu y avaient fondé deux chapel lenies. JEAN D'ARSIS , chevalier , sire d’Orengy , fonda celle Notre - Dame, l'an 1311 , à la charge de cinq mes ses annuelles. L'autre fut fondée en 1698 par dame CHARLOTTE -MARTHE HATTE , veuve de Réné Guillemin , sieur de la Mourlière. Cette dame eut sans doute pour héritier CLAUDE HATTE DE CHEVILLY, lieutenant géné ral des armées du roi, que nous trouvons ensuite qua lifié seigneur de Grigny et du Plessis-le-Comte, mort dans son château de Grigny , le 25 septembre 1722 , à l'âge de soixante - dix- neuf ans. Il en avait passé soixante - deux au service de Sa Majesté. (Armes: d'azur , au lion d'argent coiffé de gueules; et une fasce d'argent surmontée de trois croix ancrées. ) M. Hatte a été in humé dans l'Église du lieu , on voit encore la pierre qui recouvre ses restes. Il fonda aussi en cette Église, par actes des 29 janvier 1717 et 17 mars 1721 , un service annuel pour le repos de son âme. Nous avons en vain cherché l'endroit où dut être inhumé messire FRANÇOIS DELALANDE, curé du lieu , mort en odeur de sainteté , le 25 janvier 1772. Peut être aura-t-il voulu reposer au milieu de ses paroissiens dans le cimetière commun, encore attenant à l'église. Il était né à Belval , diocèse deCoutances , le 4 mars 1736. Il fut appelé à Grigny , par M. PÉRIER , son oncle , curé de la paroisse, auquel il succéda en 1766. M. l'abbé AMELINE , archidiacre de l'Église de Paris , a donné la vie GRIGNY. 155 de ce saint prêtre ( Paris et Caen , 1773 , in- 12). Elle est précédée d'une préface et terminée par des Instructions sur la grandeur de Dieu. Elles sont dues à l'abbé Dela lande. Nous lisons , p. 62 de ce petit volume ( note a): « Étant en 1769 , à Grigny , je demandai à un de ses paroissiens quel était le succès des travaux de son curé. Il a réduit notre paroisse à rien , me répondit- il, ce n'estplusqu'un monastère. » M. BRUNET DE TRESSEMANES , évêque de Glandèves , mort en 1772 , qui venait fréquemment à Viry, honora plusieurs fois ce saint prêtre de sa visite. La mort de l'abbé Delalande répandit un deuil universel, non- seulement dans sa paroisse , mais encore dans toutes celles voisines. Le jour de ses funérailles, on ne pou vait distinguer ses paroissiens d'avec les étrangers. Tous pleuraient; tous s'affligeaient , comme si chacun eût perdu ce qu'il avait de plus cher au monde, et son tombeau parut être dépositaire de la piété et des vaux de tous les assistants , dit l'auteur de sa vie (p. 81 , 82). On conserve le souvenir de la bénédiction du cime tière, faite par l'évêque de Sébaste (in partibus), le 15 juillet 1539. Là repose M. l'abbé BERTHAULT , curé de la paroisse , mort en 1835. Son titre nous rappelle le nom de M. l'abbé HUBERT -MARIE -SYLVESTRE MAILHAT, ancien curé de Grigny , né à Versailles , le 31 décem bre 1763 , mort à Linas où il s'était retiré, le 16 dé cembre 1841. Dans ce cimetière reposentencore: Marc Antoine Mignot , COMTE DE LA MARTIZIÈRE, colonel en retraite, décoré de plusieurs ordres, honoré du titre de 156 CORBEIL ET SES CANTONS. chambellan de Sa Majesté l'Empereur d 'Autriche, né à Belleville (Saône- et-Loire), mort à Grigny le 13 août 1833, à l'âge de soixante -neuf ans. Madame de Fou gères, née MARIE SAULCOY DE LA BOULAYE , décédée le 5 août 1861, à l'âge de quarante - quatre ans. Dans ce village est morte en bas âge, LOUISE-MARIE -ÉLISA DE CHÉNIER , le 3 juillet 1841. Elle a été inhumée dans le tombeau de la famille , au cimetière du P. Lachaise. Si nous rappelons ce fait, c'est qu 'elle était petite- fille de MARIE - JOSEPH DE CHÉNIER, connu par ses travaux littéraires et ses erreurs politiques! Les terres de Grigny et du Plessis -le- Comte, long temps unies, formaient néanmoinsdeux paroisses dis tinctes. Elles furent originairement comprises dans le ressort de la châtellenie deMontlhéry. JEAN DE CORBEIL , l'un des surgeons de nos anciens comtes, en fut sei gneur; il était en même temps prévôt de la châtellenie de Corbeil; c'était sous le règne de Philippe-Auguste. Ce magistrat profita de sa position pour attribuer ces seigneuries à sa juridiction. Il est vrai de dire que c 'est sur celle de Corbeil que le seigneur prenait tout le droit dans les mutations. FRÉDÉRIC DE GRIGNY est mentionné au cartulaire de Longpont, dans un acte du douzième siècle , ainsi que JEAN DE CORBEIL , maréchal de France; il n 'est pas le même que celui ci- dessus nommé; c'était apparem ment son petit -fils. La qualification que nous venons de lui donner lui fut accordée en 1318 , par le roi Phi lippe le Bel. Dans la liste des seigneurs qui contribue rent à payer la rançon du malheureux roi Jean , on GRIGNY. 157 trouve inscrit pour Grigny: J. DE MONTLEHÉRY (1). Ne serait-ce pas le même personnage? Sous Charles VII, ces seigneuries étaient possédées par ETIENNE CHEVALIER, d 'unemaison noble etancienne de Lorraine , originaire de Champagne. Il les tenait du chef de CATHERINE BUDÉ , sa femme, dame d 'Eprune , de Vigneaux , de Grigny et du Plessis- le - Comte, qu'il épousa en 1449. M. E. GRÉSY a donné une curieuse et savante notice ayant pour titre: Recherches sur les sé pultures récemment découvertes en l'église Notre- Dame de Melun , touchant Etienne Chevalier, seigneur de Gri gny, Plessis- le- Comte , etc. (Melun , 1845 , br. in -8°, fig.) Melun était sa patrie. Chevalier est mort le 3 sep tembre 1474. Catherine Budé, son épouse , est décédée avant lui, le 24 août 1452. Comme ils avaient été les bienfaiteurs de la collégiale de Melun , il n 'est pas éton nant que leurs restes y aient été inhumés en une place d 'honneur. L ' abbé Lebeuf qualifie Chevalier , secré taire du roi et son ambassadeur en Angleterre et à Rome. Il a aussi été grand trésorier de France. Sauval assure qu'il était fort galant homme, et qu 'Agnès Sorel l'honora d 'une amitié toute particulière. Il a été l'un de ses exécuteurs testamentaires. M. Grésy ne croit pas aux prétendues amours de la maîtresse de Charles VII avec Chevalier. Le roi, à la mort d ’Agnès, le chargea ' d 'accompagner ses restes jusques à Loches, où ils ont été inhumés dans la collégiale Saint- Ours. Étienne Chevalier et Catherine Budé laissèrent plu (1) Mélanges de littérature et d'histoire, etc., déjà cités. 158 CORBEIL ET SES CANTONS. 9 sieurs enfants; MADELEINE , l'une des filles, épousa GUY L'ARBALESTE, vicomte de Melun , seigneur engagiste du comté de Corbeil. Bientôt après cette union , Grigny eut un fief du nom de ce seigneur , el sa descendance en a été longtemps en possession. Il est encore connu, et est désigné sur les cartes. Au décès de Chevalier , les seigneuries de Grigny et du Plessis-le- Comte, devinrent la propriété de Raoul DU REFUGE , maître des comptes , des mains duquel elles passèrent bientôt dans celles de PHILIPPE BRUNEL, écuyer.Aucommencementdu seizième siècle, on les trouve possédées par LE BOULANGER DE L'Estoc , chevalier, seigneur de Hacqueville , à la faveur de son mariage avec MariE ARBALESTE , dame de Grigny et de Saint-Mary. Il est certain que le vicomte de Me lun ne possédait que partie de ces seigneuries. Ce nou veau seigneur , alors conseiller du roi , depuis président au parlement de Paris , est mort en cette ville le 25 sep tembre 1521 , et a été inhumé dans l'église de Saint André des.Arcs. GENEVIÈVE , née de cette union , a aussi été dame de Grigny et du Plessis -le- Comte; elle épousa FRANÇOIS DE LOYNES, aussi président au parlement de Paris. ( Il ne faut pas confondre cette famille avec celle de Luynes qui subsiste encore. ) Ce magistrat est mort peu d'années après son mariage, le 30 juin 1524; il a été inhumé, ainsi que son épouse, qui lui a longtemps survécu , dans le cimelière des Saints-Innocents , à Paris. ANTOINETTE, leur fille unique , aussi qualifiée dame de Grigny et du Plessis-le- Comte, fut mariée deux fois: d'abord avec LUBIN DALLIER, savant docteur en droit canon et civil , avocat en parlement et bailli de Saint GRIGNY. 159 Germain des Prés; elle en eut une fille. JEAN MOREL a été le second. Il a été aimé de tous les hommes doctes de son temps. Trois filles ont élé le fruit de ce second mariage. MARIE DALLIER, née du premier, épousa JEAN MER CIER OU LE MERCIER, cadet de Languedoc , très-versé dans les langues orientales. À la mort de VATABLE , il fut choisi pour professer la langue hébraïque à Paris. Ce savant embrassa le parti de la réforme; il dut se re tirer à Venise. Il rentra plus tard dans sa patrie et mourut à Uzès , sa ville natale , en 1570. Plusieurs en fants sont nés de cette union. Au témoignage de l'his torien de Corbeil, il ne restait en 1647 , que Josias. Delabarre le qualifie sieur des BORDES (à Ris) et de Gri gny. Il le mentionne deux fois (p. 123 et 239). C'est de lui qu'on a Nonnius Marcellus corrigé , des notes sur Aristénète , sur Tacite , etc.; l'Éloge de Pierre Pitou et des lettres insérées dans le kecueil de Goldast, dont quelques-unes sont datées de Grigny: E Griniaco nos tro. Il est mort le 5 décembre 1626. CLAUDE SAUMAISE, son gendre , eût publié sa vie si une mort prématurée ne l'eût enlevé trop tôt. Un arrêt du 26 juillet 1612 , où on lui donne le titre d'écuyer, seigneur des BORDES et de GRIGNY , atteste qu'il ne l'était qu'en partie; peut être en fut- il de même lors de l'aliénation de ces terres; ce qui le prouve, c'est que l'abbé Lebeuf désigne deux seigneurs, qui , on le voit , n'ont pas rompu les anneaux de la chaîne de cette famille à Grigny. GUILLEMETTE LE MERCIER , sa sæur sans doute , fonda en l'église de Saint Antoine de Grigny , le 5 janvier 1586 , une messe haute 160 CORBEIL ET SES CANTONS. avec vigile pour le repos de son âme; elle se célébrait annuellement le jour de Sainte - Barbe. Camille MOREL, née de la seconde union , fit paraître la gentillesse de son esprit dès l'âge de douze ans , écrit l'historien de Corbeil (p. 238) , par les vers grecs et latins qu'elle composa à la mort de Henri II. Nous con naissons de cette célèbre muse une touchanțe Élégie, adressée à Scévole Sainte-Marthe, le constant ami de sa famille et le sien et qu'on sait être souvent venu à Gri gny. Cette épitre, restée inédite jusqu'à nous , a été pu bliée dans les Archives du Bibliophile (2e année , 1859 , in- 8° , p. 213) avec une traduction. Elle a pour titre: Ad Scavolam Sammartanum , poëtam egregium , Cam. Morella. On trouve dans les auvres de Sainte -Marthe ( Poitiers , 1606 , p. 227) , un éloge funèbre de Jean Mo REL à sa fille Camille: Joannis Morelli Epicedium. Ad Camillam , ejus filiam. Il se termine par ces trois vers: Te quoque, sed fato meliore, Camilla, benigni, Pro pietate tuâ, superi super ardua tollent Sidera, et humanâ majorem sorte beabunt. ANNE DE LA VIGNE , émule et amie de CAMILLE MOREL, morte en 1684, est aussi venue la visiter à Grigny , où elle vécut constamment et où elle mourut célibataire, dans un âge très-avancé. La seigneurie de ce village cessa d'appartenir à cette famille en 1698. Elle fut alors acquise par M. NICOLAS HATTE DE CHEVILLY, receveur général des finances, père de CLAUDE, dont nous avons rapporté l'épitaphe. Les héritiers de ce dernier vendirent au procureur GRIGNY. 161 général JOLY DE FLEURY, mort en 1756 , seigneur de la terre de Fleury, à laquelle il joignit les hautes , moyennes et basses justices de Grigny et Plessis -le - Comte. Il ven dit le château de Grigny à cette même époque , en via ger, à madame la marquise de NONNANT, de la famille de FRADET , une des plus riches et des premières de Bourges: ce château a été détruit à l'époque de la Ré volution. On connaissait à Grigny le fief JEAN VIEL , appelé en suite LA MOTTE; un autre portait le nom de la Portejaune; il a appartenu à CLAUDE LE Camus , écuyer. Dans un acte du 22 août 1597 , JACQUES DE BRUNSAY, sieur de la COURROUGE , en est dit propriétaire. Nous nommerons en core: Brothier, la Clochette, Marchaumont, les Porche rons, beau domaine posé sur la colline; les Blancs-Man teaux , l'Orme debout , l'Autruche , la Ferme meuve et l'Arbaleste déjà mentionné. HENRI CLAUSSE a été propriétaire du fief de Marchaumont. Il épousa DENISE NEUFVILLE DE VILLEROY et en eut un fils, mort évêque de Châlons-sur-Marne, et une fille , MARIE -MADELEINE, mariée à JACQUES D'ARGOUGES , seigneur de Fleury , près Fontainebleau. Nous avons dit l'origine du fief appelé l'Arbaleste. Il est à l'extrémité du village , vers Ris. On y trouve une fontaine, dite de Henri IV. Ce grand roi serait - il venu rendre visite aux descendants du vi comte de Melun? La famille Arbaleste était originaire de Beaune, elle y avait établi sa sépulture. Elle se fixa à Melun par l'acquisition de la terre de la Borde-le Vicomte , nom qu'elle transporta également au fief de la Borde , à Ris , ' établi presque en même temps. L'hôtel ce 162 CORBEIL ET SES CANTONS. des Arbaleste , à Paris, était rue des Bourdonnais. C 'est par son mariage avec MADELEINE CHEVALIER , que Guy Arbaleste , deuxième du nom , vint dans nos cantons. Ils eurent plusieurs enfants; l' un d 'eux embrassa la réforme et eut un prêche dans son fief de Grigny ,avant qu 'on songeât à en avoir un officiel à Ablon. Le sei gneur de Grigny, pour en avoir toléré l'ouverture , expia sa faiblesse en fondant un oratoire dans son propre château. CHARLOTTE , l'une des filles deGuy Arbaleste , épousa DU PLESSIS MORNAY, à Sédan , le 3 janvier 1576. Devenue veuve, elle se remaria avec JEAN DU PAS, sei gneur de FECQUIÈRES, maréchal de camp dans l'armée protestante. C 'est sous ce dernier nom qu 'elle a publié des Mémoires. Elle nous apprend que lors de la Saint Barthélemy, elle se sauva de Paris , monta dans un ba teau dirigé vers Sens, et faillit périr dans le trajet qu'elle y effectua sur la Seine jusqu'à Juvisy, sur le soupçon qu' elle était huguenote. Là, elle mit pied à terre et évita Grigny, où elle se serait trouvée dans sa famille déjà opposée à ses sentiments, et se dirigea à cinq lieues de là , vers la terre du Bouchet qui apparte nait au chancelier DE L ' HOPITAL , également son pa rent. Il voulut bien la recevoir , mais à la condition que, comme lui, elle assisterait à la messe. Sur son refus, elle dut se résigner à vivre quinze jours chez un cultivateur de la paroisse de Vert- le -Grand. De là , elle gagna à âne la terre d 'Eprunes, à madame CHEVALIER , sa grand mère. Celle - ci fut plus cou lante que le chancelier, les liens du sang le vou laient! GRIGNY. 163 Les noms des différents fiefs que nous venons de rap peler , indiquent à Grigny plusieurs maisons de cam pagne. L'une d'elles a appartenu au marquis d'ARMAILLÉ (Pierre - Ambroise de la Forest) , d'une famille origi naire de Picardie , né à Paris le 4 avril 1734 , mort à Grigny le 1er mars 1806 ( Armes: d'argent à trois ar bres de sinople; au chef d'azur , chargé de trois étoiles d'argent). Il suivit la carrière militaire , émigra, fit les campagnes de l'armée de Condé , et revint en France en 1797 , époque où il se fixa à Grigny. Il épousa Mar GUERITE-MARIE DE MONCRIF, de la famille du membre de l'Académie française. Cette dame conserva ce do maine plusieurs années après la perte de son mari. On lit ces vers dans le cartouche du plan manuscrit qui en a été dressé: Séjour de l'hospitalité Par un couple heureux habité D'un tendre souvenir nous t'envoyons le gage: Près de toi l'amitié faisait notre bonheur; Mais qu'avons-nous besoin d'en conserver l'image, Puisqu'elle est à jamais gravée en notre cæur! Il y en a une autre dans le bas et à la sortie du vil lage. Elle a été plus d'un demi-siècle la propriété de madame la comtesse DE BULLION, née de GOURGUES, qui la tenait de ses auteurs et l'a transmise à des héritiers de son nom, n'ayant point eu d'enfants. Elle était petite fille de Jean-François-Joseph de Gourgues, marquis D'AULNAY, maître des requêtes , et de Catherine-Fran çoise LE MARCHANT DE BARDON VILLE, veuve le 27 juil let 1734 , et fille de Armand-Pierre-Marc- Antoine DE 164 CORBEIL ET SES CANTONS. GOURGUES, mortà Paris le 17 juin 1755 , et de Louise Claire DE LAMOIGNON DE COURSON. Cette dame est morte à Paris le 1er juillet 1862 , à l'âge de 88 ans , et a été inhumée au château d'Aulnay , dans une sépulture de famille.

JUVISY

Ce village est posé au pied d 'un coteau assez roide, dans la vallée où coulent la Seine et l'Orge, dont la jonc tion s'opère sur le territoire d'Athis. Son aspect a quel que ressemblance avec les villages des Pyrénées; la fon taine jaillissante élevée au carrefour complète ce tableau. Il y a un peu plus d 'un siècle , le chemin qui traverse Juvisy était encore pratiqué par les coches trans portant les voyageurs, et par les charrettes chargées du transport des denrées nécessaires à la consommation de Paris. Les inconvénients de viabilité qu'il présentait l'ont fait détourner au détriment des habitants du vil lage. Ils doivent s'en consoler, puisque le grand chemin de Lyon a été déshérité par la création des chemins de fer. La ligne d 'Orléans et de Corbeil se bifurque non loin de Juvisy. Cette station est à 19 kilomètres de Paris. D 'autres travaux s'exécutent pour faire passer la Seine à la ligne de Corbeil, dont la Compagnie de Lyon est concessionnaire. Dans le mouvementdes terres opéré à l' occasion de ce travail, on a découvert uneamphore gallo -romaine, dont la hauteur était de 1 “ , 15 , nous a affirmé M. RANJOU , jeune élève de l'école des Chartes. Dans un savant Mémoire , inséré dans la collection 166 CORBEIL ET SES CANTONS. BEUF de la Société des antiquaires de France (3° série, t. Jer, p. 384), ayant pour titre: Du lieu de la bataille entre Labiénus et les Parisiens; l'auteur, M. J. QUICHERAT, croit trouverl' obstacledevantlequel l'armée de Labienus rebroussa chemin sur le territoire de cette commune. Les terres arrosées par l'Orge sont effectivement ce qu'il y a de plus foncièrementmarécageux dans les environs de Paris. La trace de plusieurs filets d 'eau marqués sur les cartes comme des échappées naturellesde cette petite rivière; tout cela , dit-il, témoigne d 'un pays ancienne mentnoyé; et Labiénus ne dut point outre- passer les abords de Juvisy dans sa première marche…. Qu'est -ce que Metiosedum? L 'abbé LEBEUF suppose son identité avec un endroit de l'ancien pays de Josas, appelé Gese dis ou Jesedis, qu'il place sur la rivière d'Orge, auprès de Juvisy. Plus tard , en écrivant son Histoire du dio cèse de Paris, il le transporte de la vallée de l'Orge à Villejuif. Il est bien singulier , ajoute M. Quicherat, que le voisinage deJuvisy convienne à ma propre doctrine au pointde se déduire rigoureusement des autres posi tions… Metiosedum devait être l'un des points entre Choisy et Athis! » Des travaux souterrains découverts en 1860, à Villeneuve-le -Roi, point intermédiaire entre ces localités , ont été examinés avec soin par le docte abbé BARRANGER , curé de Villeneuve; il croit ces sub structions de nature à fortifier l'opinion de M. QUICHE RAT, et pense qu'une opinion qui se trouvait avoir force d 'axiome historique pourra être enfin résolue affirmati vement. M. DE SAULCY ne partage malheureusement pas l'avis de ces savants. La Revue contemporaine, la JUVISY. 167 Revue archéologique contiennent sa dissertation; nous l'aimerions concluante. GRÉGOIRE DE Tours parle d'un pont jeté sur l'Orge , de manière à faire croire que cette petite rivière faisait, en l'an 582, la séparation du royaume de Chilperic , dans lequel Paris était compris , d 'avec celui de Gon tran. C 'est là que les gardes, posés par les ordres de Chilperic , furent tués par Asclepius et ses soldats! En représailles, tout le pays fut ravagé. Juvisy faisait autrefois partie du petit pays appelé le Hurepoix , compris dans la province de l'Ile-de-France. Sa justice seigneuriale relevait du château de Montlhéry. Au spirituel, il était du diocèse de Paris. On y compte 442 habitants. Son nom ne paraît dans les titres qu 'à partir du treizième siècle. Il y est orthographié , tantôt Gevisi, Givisi et Gevesi; s'il arrivait alors qu'on le lati nisât, on l'écrivait Gevisiacum; ce qui ne rend pas plus savant sur son étymologie. M. l'abbé BARRANGER pense que Gesedis vient du mot grec Inois, temple d 'argile; et ajoute: Est- ce une critique qui a encore sa valeur actuelle? Ou bien , cabane en terre gâchée , mardelles. Ce sontles huttes celtiques, seurs et voisines de celles d'Athis et de Villeneuve-le-Roi.On trouvait à Juvisy, au treizième siècle , une communauté de religieux venus de Marmoutiers- lez - Tours; leur église était sous le ti tre de Saint-Nicolas. Ils avaient des hôtes et des serfs dans le village. Cette communauté était chargée de des servir la Léproserie. Dans un Itinéraire en vers hexamètres, imprimé à la suite d 'une édition (1661, in - 12 ) des Colloques 168 CORBEIL ET SES CANTONS. d'Érasme, PIERRE LEVENIER , chanoine pénitencier d'Auxerre, invite NICOLAS LE MERCIER , son ami , à venir passer ses vacances auprès de lui; il ne lui indique pas d'autre route que le cours de la Seine; Juvisy n'y est pas oublié. Nous croyons faire plaisir aux lettrés en transcrivant ce passage: Disce viam; magnè digressum mænibus altis Sequana le recto deducet tramite, donec Veneris ad Portum ciesiscui nomen ab Anglis. , Mox ubi quingentos sinuoso in littore passus Feceris, emergent Sancti delubra Georgi; Dein procul ad dexteram viridenti in colle cacumen Ostendet sublimis Athis, qua nota Givisi Tecta latent colle opposito; tum littore trito Regia mirantem partitis tecta trichoris, Antiquam te Corbolii via ducet ad arcem , Purus ubi Stampis lapsus decurrit Junna Atque Exuperii servat præsentia cives. L'église paroissiale , anciennement prieuré-cure , est un édifice de la fin du treizième siècle. Elle est sous le vocable de saint Nicolas , évêque de Myre, apôtre de la Lycie. Il paraît qu'on a tenu à l'orienter. Différem ment , on aurait évité les treize marches qu'il faut des cendre pour arriver à son pavé. Sa dédicace a été faite ou renouvelée , le 29 juin 1624 , par messire FRANÇOIS DE SACCARDY , protonotaire du Saint-Siége, prieur- com mendataire de Notre- Dame des Champs- lez -Paris (une rue , une paroisse récemment érigée nous en con servent le souvenir) , membre de l'abbaye de Mar moutiers- lez-Tours; à ce titre , seigneur de Juvisy. Il fut assisté dans cette cérémonie par messire HENRI CLAUSSE, évêque-comte de Châlons-sur -Marne, et pair JUVISY. 169 de France, dont la présence s'explique par le voisinage de Grigny où le prélat venait dans sa famille (V. ce nom ). Le consécrateur bénit aussi le cimetière. Une inscription rappelait autrefois cette double cérémonie , elle a dis paru durant les mauvais jours. Elle rappelait que qua rante jours d 'indulgences étaient accordés à tous ceux qui visiteraientl'église le jour solennel de sa dédicace. On reconnaît des traces du treizième siècle dans la construction du chœur de ce curieux monument. Il se termine carrément, et était jadis éclairé par une vaste fenêtre qui a été murée, et dont la division n 'a été en rien altérée. Il n 'est pas douteux qu 'elle n 'ait été garnie d 'une verrière historiée. La voûte du chœur est moins élevée que celle de la nef. Deux chapelles latérales don nentau monument la forme crucifère. Le portail est sans décoration. Il accuse le seizième siècle. La tour des cloches s'élève à droite; son toit est en bâtière, c 'est-à dire à deux égouts. C ' est à notre sollicitation que M. l'abbé LACOMBE , curé de cette paroisse, fit les frais du maître -autel; les beaux fragments de sculpture du treizième siècle qui le composent étaient enfermés dans la menuiserie sur la quelle s'offrait le sacrifice. La cuve des fonts baptis maux, égalementremarquable, est de la mêmedate. L 'abbaye de Marmoutiers , en aliénantle temporel de la seigneurie de Juvisy à des laïques, à l'époque de l'oc cupation anglaise , sous le règne du malheureux roi Charles VI, ou toutau moins à peu de temps de là , se réserva la présentation à la cure et la justice du lieu. Cet état de choses subsista jusqu 'en 1790 pour le spiri 170 CORBEIL ET SES CANTONS. tuel. La justice avait été aliénée beaucoup plus tôt au roi. Louis XIV en disposa dans le cours du dix - septième siècle , en faveur d'Antoine Rossignol , alors seigneur du lieu. Le cimetière est en face de l'église. Nous y avons re marqué la sépulture de la famille COURPON: FRANÇOIS COURPON, né à Blaye (Gironde) , mort à Plombières ( Vosges) , le 29 juin 1847 , à l'âge de soixante-deux ans; a été , sous la Restauration , sous - préfet dans le Tarn , et préfet de la Vendée. En quittant la carrière administra tive , il entra dans la compagnie des agents de change, et en était devenu syndic. Il était officier de la Légion d'honneur; SOPHIE-ROSALIE-MADELEINE GAMBA, son épouse, née à Dunkerque, le 17 septembre 1789 , morte à Paris , le 2 novembre 1835 , a été inhumée auprès de lui. Ils voulurent être inhumés où reposait leur fille unique , VICTOIRE - AMÉLIE COURPON, née à Paris, le 13 juillet 1813 , morte au château de Juvisy , le 28 juin 1830. La Maladrerie ou Léproserie de Juvisy fut visitée en 1351, par PIERRE DE LA FOREST , évêque de Paris. Le prélat reconnut que cette maison était l'une des plus riches du royaume. On y recevait les lépreux de Viry , Grigny , Sainte-Geneviève , Morsang -sur -Orge, Ville moisson , Savigny , Orly, Plessis-le- Comte , Orangy et Epinay-sur - Orge, villages tous assez rapprochés. Cet hôpital avait des biens: apud Loserram propè Polatiom. Un canton de Juvisy porte le nom de Cimetière Saint Martin. C'était évidemment le lieu de sépulture des moines. On sait que l'illustre Saint Martin a été l'apôtre JUVISY. 171 de la Touraine; son nom ne pouvait être oublié de ses disciples. La Léproserie devait certainement en être voisine. DONNEt indique la position de ce champ de sé pulture sur sa carte de l'arrondissement de Corbeil. Les prieurs de Notre -Dame des Champs ont été long temps les seigneurs temporels de Juvisy. Nous avons dit l'époque présumée où ils aliénèrent cette terre. L'ab baye de Longpont- sous -Montlhéry y eut aussi quelques droits dès le douzième siècle. PERRIN DU CHEMIN nous paraît en avoir été le premier seigneur laïque. Il est mentionné , à ce titre , dans la liste de ceux qui contri buèrent à payer la rançon du roi JEAN , dans la prévôté de Montlhéry ( 1 ). Ensuite se présente le nom de JEAN DU Pur, écuyer, seigneur en partie, vers 1430. Il a donné son nom à un fief de la commune d'Athis. Il est parlé de Juvisy dans les cahiers de la Prévôté de Paris de l'an 1423 , à l'occasion du vicomte du TREMBLAY, que son attachement au roi CHARLES VII fit absenter; ses biens situés dans ce village furent confisqués par les Anglais , et donnés à JACQUES PESNEL. Ceux de JEAN DE LA Clo-. che , également à Juvisy , absent pour la même cause , furent aussi confisqués; on les donna à mademoi selle DE GAILLON (Millin , Antiquités nationales, article Juvisy , t. II , chap. xvi. ) Ce n'est qu'à partir du seizième siècle qu'on peut suivre la chaîne non interrompue des seigneurs de Ju visy. On trouve , en 1544 , ROBERT HURAULT, conseiller au grand conseil. M. DE Thou fait une mention très ( 1 ) Mélanges de littérature et d'histoire recueillis par la Société des bibliophiles français. Paris, 1850, in - 12 , t. I. 172 CORBEIL ET SES ' CANTONS. honorable de cette famille aux quatrième et cinquième livres de son Histoire. Ce seigneur épousa: 1º , en 1582 , ESPÉRANCE PERROT (V. Athis); 2° MADELEINE DE L'HÔ PITAL , scur du chancelier de ce nom , dont il ajouta le nom au sien. Ce grand homme parle de Juvisy dans une de ses lettres; il l'écrit Gevisum. Nous voyons à Cor beil , en 1619 , Paul HURAULT DE L'HOSPITAL DE BELES BAT (ce dernier nom est celui d'une terre voisine d'Étam pes) , archevêque d'Aix, présider à la cérémonie de la translation des reliques des patrons de la ville. C'est cer tainement à la circonstance de la présence de ce prélat au milieu des siens, à Juvisy , que nous devons de le rencontrer dans les murs de la cité voisine. En sortant des mains de cette honorable famille, cette seigneurie fut acquise , vers 1630 , par ANTOINE Ros SIGNOL, maître des Comptes et conseiller d'État. On sait que c'est à RICHELIEU qu'il dut sa fortune. PERRAULT l'a mis au nombre des illustres. Louis XIII affection nait ROSSIGNOL; il lui en donna la preuve en plus d'une occasion.L'Itinéraire des rois de France marque la pré sence de ce roi à Juvisy , les 12 août 1632 , 19 juin 1634 , 19 juin 1635 et 12 juillet 1636. Louis XIV, qui lui conserva l'affection que lui avait vouée son père , lui accorda la haute, moyenne et basse justice du lieu par lettres patentes du 4 juillet 1674. Dès l'année pré cédente , ROSSIGNOL soutint un long procès contre les moines de Notre- Dame des Champs, touchant ce droit. Rossignol , né à Albi , le 1er janvier 1600 , mourut à Paris , au mois de décembre 1682. Il laissa deux en fants: CHARLES-BONAVENTURE , qui devint seigneur de ; JUVISY. 173 Juvisy après lui , et une fille, MARIE - CATHERINE qui épousa Louis-ALEXANDRE Croizet , président au Par lement de Paris. Cette dame est morte le 7 mai 1728 , à l'âge de soixante - dix -sept ans. Charles épousa Mi CHELLE DE POMMEREU, dame de Balagni , morte à Paris, le 11 novembre 1727 , à l'âge de soixante -deux ans. Deux fils naquirent de cette union: BONAVENTURE et CHARLES - Louis, Nous lisons dans le Mercure galant du mois d'avril 1684: Madame Royale, épouse du duc de Savoie, fut accompagnée par MonsiEUR jusqu'à Juvisy , d'où ce prince revint le lendemain au matin. La prin cesse y coucha le 10 , et alla le lendemain , 11 , à Me lun ( p. 343). Ce futcertainement chez ce seigneur. Le numéro du même ouvrage, du inois d'octobre 1705 , contient cette note: « M. CHARLES - BONAVENTURE Ros SIGNOL , chevalier, seigneur haut- justicier de Juvisy , conseiller du roi en ses conseils , et honoraire au Parle ment , président en la chambre des comptes , est mort le 2 septembre, âgé de cinquante-six ans. Cette terre fut acquise alors par ANTOINE PORTAIL, premier président du Parlement de Paris , membre de l'Académie française, marié, en 1609 , à Rose -MADE LEINE ROSE , dont l'aïeul paternel fut membre de l'Aca démie française. Ce magistrat est mort le 3 mai 1736. Lesregrets de la Cour et du Parlement firent son éloge. Les titres du domaine mentionnent, après lui , à titre de propriétaire, un sieur D’HIÉVERARD; puis, M. ARNOUL DE SILHOUETTE, et Louis DE BRANCAS, comte de FOR CALQUIER , marquis de Céreste, dit le marquis de BRAN CAS, premier chrétien par la grâce de Dieu et de saint 174 CORBEIL ET SES CANTONS. NC. Pierre (1). Il reçut le bâton de maréchal de France, le 11 février 1741. Ce seigneur, né le 19 janvier 1672, estmort à Paris, le 9 août 1750; il a été inhumé à Saint-Sulpice. M. DE BRANCAS épousa , en 1696 , ELI SABETH - CHARLOTTE - CANDIDE DE BRANCAS - VILLARS, morte en 1746. Ils laissèrent un fils, Louis -Paul, né le 25 mai 1718 , lieutenant-général, mort en émigration. Lemaréchal DE BRANCAS eut aussi un procès à soute nir , touchant la justice du lieu , contre les moines de Marmoutiers. M. POUPART DE LA BLOTTERIE , devenu possesseur de. la terre de Juvisy après la mort de M. DE BRANCAS, la vendit le 25 octobre 1757, à CHARLES-FRANÇOIS PAJOT, receveur général des finances d 'Alençon , puis lieute nant de roi du Toulois. Sa famille , originaire de l' Ile de- France, a possédé plusieurs terres dans nos can tons; nous la trouvons à Lormoy-sous-Montlhéry, et au Bouchet proche Vert-le-Petit. La seconde épouse de M. Pajot, dame EDMÉE -LOUISE PORTAIL , était fille d 'un maître des comptes, et nièce du premier président du Parlementde Paris; cette dame avait dû fréquenter Ju visy dans son enfance. Nous ne pouvons attribuer l'ac quisition de cette terre qu'à cette circonstance. De ce mariage est né CHARLES-FRANÇOIS PAJOT, marié à ma demoiselle DE CHAUMONT, dont la descendance est fixée à Versailles; elle ajoute encore à son nom celui de Juvisy. Du premier lit est née ADÉLAÏDE-MARGUERITE , mariée , en 1775 , à M. DE LA TOUR DU Pin , vicomte de la Charce. (1) Waroquier de Combles, Tableau généalogique de la Noblesse ( Paris, 1789, 9 vol. in -12 ). JUVISY. 175 La liste des seigneurs de Juvisy se clôt par M. Bro CHANT DE VILLIERS, membre du Parlementde Paris. Il y fut exilé en 1771. Son petit-fils représente le départe Seine-et-Oise au Corps législatif. En ce siècle , ce beau domaine a été la propriété du banquier SEVENNES. M. RIANT, son parent, a passé sa première jeunesse à Juvisy. M.le comle DE MONTESSUY, ancien secrétaire du roi, en fit l'acquisition en 1807. Il reçutà Juvisy nombreuse société. Son frère , M. LOUIS DE MONTESSUY DE LA MULATIÈRE , animait cette belle ré sidence par son esprit et sa gaieté. ISABEY père, pein tre du cabinet de Napoléon , puis du cabinet du roi Louis XVIII , l'ami constant du maître et son commen sal le plus habituel, était aussi un des ornements du salon. À cette brillante époque, l'Orangerie fut souvent disposée en théâtre: on y jouait la comédie. M. de Montessuy, munitionnaire général de l'armée impériale , a laissé unemémoire honorée. Il est mortà Paris , au mois d ' avril 1840. Le château de Juvisy est depuis la propriété de M. le comte GUSTAVE DE MON TESSUY, son fils, marié à madame la comtesse PAULINE DE HELPHENSTEIN , dont il a un fils unique. M. deMon tessuy, envoyé extraordinaire et ministre plénipoten tiaire de France à Hanovre , Florence , Francfort et Bruxelles, en disponibilité, est grand officier de la Lé gion d 'honneur et décoré de plusieurs ordres. Il a parfois. pour commensaux les abbés COQUEREAU et LAINÉ, qu 'il a connus dans ses ambassades. Le château a été rebati de 1857à 1859. Il a pour ap pendice un pavillon construit par Rossignol pour rece 176 CORBEIL ET SES CANTONS. : voir Louis XIV. Il renferme un vaste et beau salon où l'on prétend que le roi coucha une seule nuit; mais il y assista à plusieurs fêtes. Son extérieur est construit en pierres de roche apparentes; il a sa façade décorée de bustes antiques. On y arrive par un escalier à double révolution copié certainement sur celui de Fontaine bleau. Sa rampe en fer est du temps. Le vaste salon où il donne accès montre à son plafond une fresque exé cutée par des artistes italiens: ils y ont représenté les noces de l'Amour et de Psyché. On prétend qu'un des plafonds de l'hôtel Barberini , à Rome, représenteexac tement le même sujet. Un ordre corinthien en pilastres décore le surplus du salon. Les appartements renfer ment plusieurs toiles estimées; quelques-unes sont dues au pinceau de Coypel. L'une d'elles montre la divine madame Rossignol au milieu de sa cour. La malignité raconte que cette dame, née Quentin de Richebourg, était dans les bonnes grâces du grand roi. Honni soit quimaly pense! Toutefois , nous lisons dans le Mercure galant, à la suite de l'annonce de son décès , en janvier 1708: Madame de Rossignol avait beaucoup de vertu , et elle a soutenu jusqu'au dernier moment de sa vie la réputation de piété qu'elle avait ac quise (p. 54 ). Cette dame mourut à quatre- vingt-six ans. L'avant - cour du château est décorée d'un Mercure en bronze, copié de l'oeuvre de JEAN DE BOLOGNE. L'Orge dessine de gracieux méandres non loin , et laisse supposer au parc une plus vaste étendue. On a ouvert sur la rive gauche de cette rivière deux miroirs , l'un en face du château , l'autre au- dessous d'un vaste JUVISY. 177 et magique amphithéâtre. L 'enclos contient environ 50 hectares. Il joint à l'avantage d 'une heureuse situa tion celui d 'avoir été dessiné par le célèbre Lenôtre. Il est décoré de statues gigantesques en pierre; on y en a ajouté quelques -unes en marbre apportées d'Italie ces années dernières. On a construit à mi- côte , dans de grandes proportions, un rocher factice. Il laisse échap per à sa base d 'abondantes eaux de sources, reçues dans un canal de 253 mètres de longueur sur 23 de largeur, soutenu par un grand fer à cheval dont la rampe est dessinée par une balustrade à jour. Ces ondes captives entretiennent partout la fraicheur. Au haut du rocher on a élevé un pavillon d 'où la vue est des plus étendues et des plus variées. M. Misback a peint quatre toiles qui faisaient l'ornement de ce salon aérien. On ne les y trouve plus. Il a paru, sous la Restauration , un roman dont nous devons la connaissance à M. Barbier, bibliothécaire du Louvre. Il compte trois volumes in - 12 , et porte ce titre: Le château de Juvisy. C 'est une suite de Nouvelles ra contées au foyer de madameSarkosky. L ' auteur, ma-. dame DE FLAMANVILLE , dont nous croyons le nom un pseudonyme, a dédié cet ouvrage d 'éducation à son élève. Nous lisons dans l'épitre dédicatoire: « D 'heu reux souvenirs sur un séjour enchanteurque j' habitaiquel que temps avec une de vos compatriotes, me donnèrent l'idée du petit ouvrage que je prends la liberté de vous of frir….. » Madamede Flamanville était alors institutrice de la princesse Gagarin , née princesse Menschikoff. Juvisy est connu dans l'histoire de nos troubles civils! 178 CORBEIL ET SES CANTONS. C'est là qu'en 1405 Jean - sans- Peur, duc de Bourgogne , rejoignit le Dauphin , il obligea ce prince et son escorte à rentrer dans Paris. Tanneguy du Châtel le conduisit auprès d'Isabeau de Bavière retirée au château de Cor beil. Les autres personnes de la suite du prince étaient Louis de Bavière , Jean de Montaigu, fils du chambellan et frère du surintendant de ce nom, et le comte de Dammartin. La Fronde a laissé aussi des traces de son passage à Juvisy; il eut sa JOURNÉE. Les Mazarinades en font foi ( 1 ). Juvisy, malheureux village , Où manqua si peu de courage Qu'ils en avoient apporté tous , Sans toi, Corbeil estoit à nous. Le troisième Courrier Français, traduit fidèlement en vers burlesques (Paris, Cl. Boudeville , 1649 , in-4°) , nous fournit cet autre passage (V. T. I , p. 348): Le dimanche ou le vingt-quatre (janvier) Sortirent tout prêts à se battre , Sans manteaux , en mignards souliers, Le bas de soye et les jartiers (cartiers) , (Car ceux qui craignaient plus les crottes N'avaient que de petites bottes) , Gage, lecteur, que tu m'attends A nommer nos fiers habitants, (1 ) C. Moreau , Choix des Mazarinades, Paris, Renouard, 1852-54 , 2 vol. in- 8 ° , t. II , p. 68. On lui doit aussi la bibliographie des Maza rinades. 1850-51 , 3 vol. in-8°. (Collection de la Société de l'histoire de France.) JUVISY. 179 Qui contre la pluye et l'orage N 'avaient porté que leur courage, Et qui la plus part les piedsnuds De Juvisy sont revenus. Ouy, je veux chanter LA JOURNÉE Depuis dite de Juvisy , Alors que le bourgeois choisy, Portant la plume sur l'oreille , A teste frisée , à poil ras, Bastons ferrats et non ferrats, Quoy qu 'à my-jambe dans la boue Sur ses terres faisoit la roüe; Etportant la fierté dans l'oeil , Marchoit pour assiéger Corbeil. On a encore: Lettre joviale à M. le marquis de la Boulaye, aussi en vers burlesques; allusion à ceux du Courrier, qui précèdent; et le Courrier burlesque de la guerre de Paris, envoyé à Monseigneur le prince de Condé pour divertir Son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusqu'au retourde Leurs Majestés. (L 'auteur est SAINT-JULIEN. V. t. II, p. 68, Choix des Mazarinades.) Juvisy était un gros village au seizième siècle; aussi Charles IX y établit -il deux foires en 1563, à la de mande des seigneurs ecclésiastiques du lieu. Elles se tenaient aux deux fêtes de saintNicolas, en mai et en décembre. Il s'y tint aussi jadis un marché le vendredi de chaque semaine. C 'est le seulmémorial qui en reste. Ce village a surtout été fort diminué, nous l'avons déjà dit , par les travaux que l' on a faits sur le grand chemin de Paris à Fontainebleau , pour l'en détourner, afin d ' é viter la descente rapide et difficile qui subsiste encore. Les hôteliers vinrent grossir le hameau de Fromenteau ned 180 CORBEIL ET SES CANTONS. lez posé au haut de la côte , où les appelait le roulage. Il a pris le nom de la Cour- de- France, lorsqu 'on y établit le relais royal pour les voyages de la Cour à Fontai nebleau. La puissance de l'hommen 'est jamais plus admirable que dans ses luttes avec la nature. Les Romains n'ont pas eu seuls cette patience qui triomphe des obstacles. C 'est dans les routes pratiquées à travers les montagnes et sur les bords des précipices que l'art emprunte la ba guette des fées; c'est à l'aspect de ces impossibilités vaincues que l'on comprend le mot d 'Archimède: Donnez -moi un point d 'appui, je soulèverai le monde avec un levier. Les travaux furent commencés en 1728; ils ne du rèrent pasmoins de vingt années! La rivière d 'Orge tra verse cette pente , et un double pont est jeté dessus; le pont inférieur sert à contre- bander les terres; il est à jour et divisé en sept cintres; le supérieur, sur le quel passe la route, est construit d 'une seule arcade plein cintre de 13 mètres d 'ouverture; il se trouve à 19 mètres au -dessus de l'eau. L 'inscription suivante donnera une idée des difficultés et des peines sans nom bre qu'il a fallu surmonter pour arriver à créer ce che min: Ludovicus XV , Rex Christianissimus, viam hanc, anteà difficilem , arduam ,ac penè inviam , scissis disjectis que rupibus, explanato colle,ponte et aggeribus construc tis, planam , rotabilem et amænam fieri curavit , 1728. Deux groupes surmontent les fontaines établies au milieu du pont; quoique sculptés par CousTOU LE JEUNE, ils n 'offrent rien de remarquable dans leur com JUVISY. 181 position. L'un est un trophée; l'autre représente le Temps soutenant le buste de Louis XV, en médaillon , et terrassant l'Envie. Ces fontaines ont manqué pen dant plus de quarante ans à leur destination , en ne fournissant pas d'eau. Napoléon les a vivifiées en 1813; l'inscription qui rappelait les travaux exécutés pour y arriver a été mutilée sous la Restauration. Ce qui donna lieu d'édifier ces deux fontaines, fut la découverte de sources assez abondantes , lorsqu'on tra vaillait au chemin , et qui incommodaient beaucoup. On résolut d'en tirer parti pour l'embellissement du pont. Ceci prêta à la fausse opinion que l'eau de l’Orge y était élevée par une pompe; l'eau claire et limpide qu'elles fournissent a reçu de plaisants le nom d'Orgeat deJuvisy. La vue dont on jouit en descendant cette côte sur le cours de la Seine est des plus magnifiques. Une lettre écrite d'Athis à M. B…. , en fait la peinture. Elle a été insérée dans le Mercure du mois d'août 1730. Nous en extrairons ce passage: Olim nympha levis durâ sub rupe latebat; Nunc super hos pontes ambitiosa fluit. Talia quis fecit? Potuit quis? Disce , viator; Hæc fecit Lodoix; solus enim potuit! C'est au hameau de la Cour - de- France qu'on vint annoncer à Henri IV la trahison du maréchal de Biron. C'est là , qu'en 1814 , Napoléon apprit la capitulation de Paris. Il était accompagné du prince de Wagram et du duc de Vicence. L'Empereur se retira immédiate ment à Fontainebleau , où se compléta si noblement l'épopée homérique de l'Empire. 182 CORBEIL ET SES CANTONS. L'ingénieur DONNET , à qui est due la belle carte de l'arrondissement de Corbeil , et une description des en virons de Paris , a longtemps habité ce hameau. Il est mort à Paris , le 23 juillet 1856 , à l'âge de soixante quinze ans. On y a connu aussi le chanteur LAVIGNE. Au-dessus de ce hameau , à l'angle du parc de Juvisy , s'élève une pyramide destinée , comme celle qui se voit à Villejuif, à marquer la méridienne. Dans le cartouche à sa base , on a inscrit cette devise: Dieu , le Roi, les Dames. La Fontaine dit dans une de ses fables: On ne peut trop louer trois sortes de personnes: Les dieux, sa maîtresse et son roi. Esope le disait; j'y souscris, quant à moi: Ce sont maximes toujours bonnes. M. Delort, dans ses Voyages aux environs de Paris, dit ( T. I , p. 145) à propos de cette inscription: Ici, je ne connais personne; Mais, d'après ces trois mots, aisément je soupçonne Que du hameau les habitants Sont amis de leur prince, et pieux, et galants. Il y a à Juvisy quelques maisons de plaisance. La plus considérable après le château a été la propriété de Mi CHEL LEMASLE , célèbre chantre de l'église de Paris; prieur commendataire de l'abbaye de Longpont-sous Montlhéry; à ce titre , il jouissait de certains droits en la seigneurie de Juvisy , où sa communauté avait des biens. Il vivait en 1643. On a un beau portrait de ce di gnitaire ecclésiastique. Cette habitation a depuis appar tenu à HANET-CLÉRY , le fidèle valet de chambre du JUVISY. 183 malheureux roi Louis XVI! Un ordre du comité de sû reté générale et de surveillance de la Convention natio nale, du 25 septembre 1793 , ordonna sa mise en état d'arrestation en sa maison de Juvisy. Le même mandat s'applique aux nommés Pougeot et Vulette de la même commune; et MICHEL SERRES DE PRAT , ancien seigneur d'Athis. Le lendemain Cléry était écroué à la prison de la Force. On lit dans son Journal du Temple ( in-8° , édi tion de 1861 ): Je venais de vendre ma petite maison de campagne qui était ma dernière ressource , pour la somme de cinquante -ciny mille livres en assignats, dont la moitié me produisit cinquante louis en or, et l'autre moitié , je la laissai à ma famille… Et ailleurs: Ma dame Elisabeth me fit demander si je possédais quel ques effets qui eussent appartenu au roi; je lui en fis tenir la note; elle me fit dire de les faire sortir du Tem ple et de les mettre en lieu sûrpour les conserver. Ce fut ce même municipal ( Toulan) qui se chargea de les porter chez moi, à la campagne, à quatre lieues de Paris (à Ju visy). Ces précieuses reliques sont aujourd'hui en la possession des petites - filles du modeste et fidèle valet de chambre du malheureux roi. L'auteur de l'Histoirephilosophique du commerce dans les Indes , l'abbé RAYNAL, dont la réputation a jeté le plus d'éclat , ne se trouvant pas en sûreté dans sa maison de Saint- Germain -lez - Arpajon , fit choix de Juvisy, quoique plus rapproché de Paris. Il parvint à s'y faire oublier. L'abbé Raynal est mort à Paris, à 85 ans , le 6 mai 1796. L'infortunéGouvion ,retiré aussi à Juvisy , dans le même temps et dans le même but , fut moins heu 184 CORBEIL ET SES CANTONS. reux. Il a péri sur l'échafaud révolutionnaire. Nommons encore, en terminant, un autre habitantde Juvisy, à la même époque. Louis FRANÇOIS DE BEAUFLEURY, avocat en Parlement. Il fut alors, élu membre du tribunal du district de Corbeil. On a son discours d'installation commepremier juge , le 20 décembre1790 (broch. in - 89). Il a aussi été nommé député suppléant à l'assemblée nationale législative. Ce magistrat a laissé quelques opuscules. Il estmort à Paris, à la fin de l'année 1798.

LONGPONT

Ce nom tout moyen âge est certainement venu à ce village d'une longue chaussée jetée dans la vallée ja dis marécageuse. Elle devait être élevée sur des ar cades qui permettaient aux eaux leur libre cours , et conduisait à un pont construit sur la rivière d'Orge, à la gauche de laquelle Longpont est assis. Il est peu distant du grand chemin de Paris et de la voie ferrée d'Orléans, entre lesquels il est posé presque à égale distance. On compte 7 kilomètres jusqu'à Longju meau , et sa distance de Corbeil est de 18 kilomètres. La population présente un chiffre de sept cents habi tants, y compris ceux des annexes. L'histoire de ce village nous serait inconnue sans les archives du prieuré auquel il dut ses commencements. Elles sont conservées à Versailles et remontent à l'an 1251. Le cartulaire du même monastère , autre cu rieux monument de son histoire, appartient à la bi bliothèque impériale. Tout ce qui regarde l'origine de cette maison de prière est écrit dans une charte de Geoffroy, évêque de Paris, contenue au cartulaire écrit dans le cours des douzième et treizième siècles. GUY TROUSSEL OU TROUSSEAU , seigneur de Montlhéry , l'un 186 CORBEIL ET SES CANTONS. des chevaliers de ce prélat , lui demanda, en 1061 , la concession de l'église paroissiale du lieu , simple cha pelle placée sous l'invocation de la Mère de Dieu. Cette concession lui fut accordée sous la réserve des droits épiscopaux. Guy et HODIERNE, son épouse , y appelè rent des religieux de Cluny , soumis à l'ordre de Saint Benoit. La pieuse dame se rendit auprès de saint Hugues pour obtenir cette colonie de Bénédictins; elle leur fit de grandes libéralités , entre autres le don d'un calice en or, du poids de trente onces et celui d'une riche chasuble. L'humble chapelle se transforma bientôt en un vaste monument dont chaque pierre , en quelque sorte , est un témoignage vivant de la foi à la puissance de Marie. Le roi Robert vint poser la première pierre de l'édi fice, et , tant que dura sa construction , les ouvriers y furentaidés par les mains mêmes de la pieuse Hodierne. Bien des orages ont grondé sur la tour écrasée et mous sue de ce temple; les champs qui l'avoisinenl ont été le théâtre de nombreux et sanglants combats; des ennemis acharnés , renouvelant les sacriléges des Van dales et des peuples du Nord, n'épargnant, comme eux, ni les hommes, ni les choses , ont vainement employé contre ce monument le fer et le feu: il est sorti pres que intact de tant d'assauts; il a vu crouler la redou table forteresse de Montlhéry , et debout encore, il at teste que les auvres de la foi sont immortelles comme elle! Nous allons essayer de compléter la monographie que nous avons donnée de cette église dans la Revue LONGPONT. 187 archéologique ( 1 ). Elle reflète merveilleusement la pen sée qui a présidé à son érection. Arrêtons- nous d'abord au frontispice. Le tympan de la porte principale offre un ex - voto à Marie. Les trois grandes époques de sa vie y sont racontées. Dans le premier tableau , la Reine des anges tient l'enfant Jésus qu'elle présente aux apôtres saint Pierre et saint Barthélemy, chargés au trefois, l'un de détruire l'hérésie , l'autre d'évangéliser les nalions. Dans le second , le sculpteur a déroulé le trépas de la Mère de Dieu. Proficiscere, anima chris tiana! Jésus-Christ lui-même semble faire entendre à sa divine Mère ces paroles du suprême rappel. Il descend du ciel et vient l'assister dans ce moment so lennel. Dans le troisième et dernier tableau , est repré sentée la glorification de Marie, par allusion à ces pa roles: Astitit Regma à dextris. On remarque dans les contours de la voussure la double et ingénieuse para bole du bon et du mauvais arbre, des vierges sages et des vierges folles , racontée par un magnifique pa rallélisme de pierres dont le ciseau de l'artiste a fait autant de sacrés hiéroglyphes. La statuaire n'avait point encore revêtu alors son vrai caractère chrétien , aussi la draperie dont ces divers personnages sont re vêtus , est sèche et plastique. Des guirlandes de ceps de vigne, chargés de leurs fruits, forment le second cor don. Cinq statues colossales se tiennent debout au centre de la porte et dans l’ébrasement , sombres et mutilées; un vandalisme barbare les a décapitées! Les ( 1 ) 8e année, 1re part., p. 261. 188 CORBEIL ET SES CANTONS. uns le font remonter au seizième siècle; les autres , à la fin du dix - huitième, ce qui n'excuse pas cette litho clasie criminelle. La statue de la Vierge adossée au pilier central, a seule été restaurée. Quoique l'ensem ble de ce frontispice soit l'æuvre du douzième siècle , çà et là s'épanouissent des rinceaux et des fleurs de lys , ajoutés au quinzième, lors de la restauration opé rée par la libéralité du roi Charles VIII et d'Anne de Bretagne. Le temps les a noircis; les hommes les ont déshonorés! La tour, posée au nord , s'aligne avec la façade du monument; elle manque d'élévation. Il y avait jadis une flèche sur l'intersection des nefs, nous en trouvons la preuve dans un dessin conservé à la Bibliothèque impériale dans les cartons de la topogra phie de la France. Millin a donné la vue du monastère et de ses monuments dans ses Antiquités nationales ( 1 ). On descend onze marches pour arriver au sol de l'église. Dans les différentes visites que nous y avons faites, nous avons été frappé de l'analogie qui existe entre son architecture et celle des nefs de Corbeil et de Saint- Germain des Prés de Paris. Comme cette der nière , l'église de Longpont avait son déambulatoire. L'abside croulait; au lieu de le réparer, on le fit dis paraître. C'était en 1820. Ce qui reste du monument est beau, régulier , uniforme; c'est du roman secon daire. On a eu le tort de remplacer l'ancien pavé par du bitume. Ce travail a fait disparaître beaucoup de tombes usées par le frottement de la chaussure , il est ( 1 ) T. IV, art. xliii. LONGPONT. 189 vrai; celles qui restent n'occupent plus, pour la plu part , la même place; nous le regrettons vivement. Guy Troussel et Hodierne, sa femme, sont au nombre des personnes dont les restes reposent dans cette église. L'indomptable adversaire du roi Philippe ler , après avoir vécu longtemps de brigandage, se fit moine à Longpont et y mourut enveloppé dans un cilice. Sa tombe est dans la chapelle terminale du collatéral mé ridional. Au milieu du cheur, une inscription latine nous apprend que le 31 août 1640, a été déposé en ce lieu , par les soins de Michel LEMASLE DES ROCHERS, prieur du lieu ( ses armes sont sculptées sur la menui serie de la porte inférieure de l'église) , le corps de l'illustre dame Hodierne, comtesse de Montlhéry, qui jusque- là avait reposé dans le cimetière commun. On marque son décès le 7 avril de l'an 1000. Le peuple a encore une grande dévotion pour la pieuse comtesse. Une fontaine du village aux eaux de laquelle on attri bue des vertus miraculeuses, porte son nom. Lorsque M. l'abbé Chastelain visita le monastère, vers 1694 , on lui assura qu'il y avait eu proche de cette fontaine une maison religieuse de filles dont l'existence remontait au règne de Charlemagne, et qu'il en existait encore des substructions. L'abbé Lebeuf n'y croit pas. Dans un petit volume sur le pèlerinage de M. D. de Longpont , dù à M. ARTAUD, curé de la paroisse , on trouve les noms des personnages inhumés dans l'église de cette communauté ( p. 48 et suivantes). Nous citerons: GUI DE CHARLIEU , diacre , mort en 1271; madame DE BRETIGNY, (nom d'une Seigneurie du voisinage); JACQUES 190 CORBEIL ET SES CANTONS. DU Puy, prieur claustral, mort dans le cours du qua torzième siècle. Sa famille a donné son nom à un fief d 'Athis. JEAN LAUMOSNIER, docteur en décret, curé du lieu. On aimait à s'arrêter rêveur et pensif devant ces figures de prêtres, d 'abbés ou d'évêques , gravées sur le marbre ou la pierre. Le sommeil et l'attitude du prêtre ont d 'ailleurs quelque chose demystérieux. Ci tons encore un tombeau dont l' écriture était en partie effacée; on lisait: FRATER ODO DE BRECIS… MONAC… CLUNIA (1210). D 'autres pierres recouvraient les restes de BURCHARD DE SAVIGNY; de Milon II, troisième fils de Simon de Montlhéry: Strenuissimus in armis juven cus. Le roi Louis VII honora ses obsèques de sa pré sence. LOUIS DE FRANCE, fils puîné de Philippe le Hardi, comte d 'Évreux , de Gien , etc. , etc. , mort dans le prieuré le 19 mai 1318. AGNÈS , abbesse d 'Yerres en Brie , morte en 1300. Louis ler, mort en 1540; et sa sour Alix D 'ESMEMOND. ROBERT GRISSON, conseiller notaire, secrétaire du roi, lieutenant en la prévôté de son hôtel et de France , seigneur de Villebouzin et du Mesnil, mort en son château de Villebouzin , le 27 septembre 1590. JEAN LABBÉ, d 'une famille originaire de Normandie , mort en ce même château le 23 avril 1747. (Armes: d 'argent, à un chevron d 'azur, accom pagné en chef de deux molettes d' éperon de sable, et en pointe d 'une rose de gueules.) Enfin , là reposait aussi PIERRE -JOSEPH DOMINGE DE LA MIRANDOLE. Cette inscription était gravée sur sa sépulture: Hic jacere voluit, (sed Deus aliter disposuit) Petrus Josephus Do minge de la Mirandole; sanguine vice nobilis, religione LONGPONT. 191 catholico - romanus, dignitate archidiaconus et virginis Deiparæ à Longo -ponte prior commendatorius, nec non longos annos universitatis Burdigalensis cancellarius , qui dùm vixit, multum legit, multum oravit, multos docuit, multos graduavit, longè plura toleravit: et hæc omnia utinam benè! Lector dic ei requiescat in pace. Obit 19 septembris 1763 , ætatis suæ 60. » Son nom est célèbre dans notre histoire. Beaucoup d'autres seigneurs du voisinage ont été inhumés dans le cloitre , même dans l'église, quand leurs bienfaits ou des dons testamentaires leur en ont acquis le droit. On a placé ces années dernières, en différents endroits du monument, des Mémoriaux des principaux événements qui s'y sont accomplis. Il eût été mieux , à notre avis , de graver ce résumé de son his toire sur une seule table de marbre. Cette chronologie eût été plus saisissable. On peut dire sans exagération que grandes ont été les largesses des grands de la terre envers la communauté, en échange sans doute des grå ces obtenues de la Reine du ciel! Depuis la destruction du transept et de l'abside , les collatéraux sont terminés par une chapelle. Celle à droite a pour patron saint Benoit, illustre chef de l'or dre des Bénédictins, en souvenir de ses enfants appelés dans cette vallée, qu'ils fécondèrent spirituellement et moralement pendant sept siècles! Celle à gauche est dédiée à Notre- Dame de Bonne- Garde. Dans ce sanc tuaire privilégié , on trouve une image de la sainte Vierge vénérée de temps immémorial, qui a échappé aux fureurs des vandales et des iconoclastes! 192 CORBEIL ET SES CANTONS. La Chronique de Montlhéry, ou plutôt la notice ré digée sur de vieux monuments, dit M. l'abbé AR THAUD ( 1 ) , nous assure que du temps des druides, des bûcherons trouvèrent dans le creux d'un chêne de la forêt de Longpont, l'image d'une femme tenant un enfant dans ses bras , avec l'inscription fameuse: Vir gini pariture , à la Vierge qui doit enfanter. Une autre version porte que ce fut Priscus , roi ou prince des Car nutes , qui la fit faire dans nos bois. On ajoute que plus tard Godfrid , prince de Montlhéry , ayant voué à cette Vierge inconnue son fils, brisé d'une chute dans le puits de la forteresse; il eut le bonheur de le retirer sain et sauf, par un miracle dont fait foi la grande vitre de l'église de Chartres. Telle est racontée la légende de l'image vénérée. Ce sanctuaire a été érigé en archicon frérie par Sa Sainteté Pie IX , le 12 mars 1860. Le 6 mai suivant s'est faite l'installation solennelle de cette agrégation. Ce n'était , paraît-il , qu’une restauration. Son existence est antérieure à la fondation du monu ment actuel; et en 1665 , le pape Alexandre VII n'en a déjà été que le restaurateur. On voit quel soin les pontifes de Rome ont mis à le favoriser! Le culte de la sainte Vierge amène à Longpont un grand concours , le 8 septembre et le mardi de la Pentecôte , fête des reli ques conservées dans cette église. On sait que la coïn cidence de l'Ascension a fait établir une fête en l'hon neur des saints dont on conserve des restes , dans beaucoup de localités. Corbeil , Étampes , Mantes , dans ( 1 ) Pèlerinage à Notre-Dame de Bonne-Garde, p. 15 (Paris, 1852 , br. in- 12 de 108 pages). o LONGPONT. 193 ATX AINT ER NI OUS le diocèse, ont la leur. Plus loin , c 'est Chalons-sur Marne, où, commeà Longpont, elle se célèbre lemardi de la Pentecôte. L 'église de Longpontconserve dans des reliquaires de formes diverses: 1° des restes du corps, de SAINT MARCEL, évêque de Paris, donnés au prieuré par Michel Lemasle; 2° de SAINTE GENEVIÈVE , pa tronne de Paris; 3° de Saint BLAISE et SAINTE JU LIENNE; de sainT MAURICE et SAINT ACACIUS; de SAINT EUSÈBE et sainT THÉODOSE; de saint VINCENT, SAINT CÔME et SAINT DAMIEN; de SAINT MAMERT et SAINT DENIS , premier évêque de Paris; enfin , et nous aurions dû commencer par là , un fragment du voile et des vêtements de la SAINTE VIERGE. Ils proviennent d ' an ciens phylactères , petits reliquaires portés autrefois aux processions. On les a réunis dans une seule châsse, la plus riche parmi celles qui se voient à Longpont. On conservait avant 1790 , dans le trésor du prieuré, une coupe ou tasse , dite de saint Marcoul, rapportée de la Palestine. Trois fois, dans le cours du douzième siècle , elle servit à l' investiture des biens donnés à la com munauté. Le zèle du pasteur s'efforce , en ces jours de fêtes, de déployer toute la splendeur des villes. Il faut ajouter à la richesse des ornements des autels, les ban nières des paroisses affiliées, suspendues aux voûtes du temple , comme cela se pratique à Paris, durant la neuvaine de sainte Geneviève, dans les deux églises où s'exerce le culte de la bergère de Nanterre. ' Louis VI, Philippe le Bel, honorèrent le prieuré de Longpontde leur visite. On indique le séjour du der nier , en décembre 1304 et le 24 septembre 1308. 13 194 CORBEIL ET SES CANTONS. Saint Louis encore mineur, préludant à sa vie de sain teté , y vint plusieurs fois pendant son séjour au don jon de Montlhéry. Nous y trouvons Philippe de Valois le 4 décembre 1337 et François Jer le 4 mai 1534. On assure que saint Bernard , se rendant au concile d ' É tampes, vint puiser dans ce sanctuaire les paroles inspirées et pleines de force qui devaient confondre Abailard! Il y eut quelquefois en ce prieuré jusqu 'à trente re ligieux. Le chapitre fondé dans le château fort de Montlhéry, sous le titre de Saint- Pierre, y fut réuni avec ses revenus, dès le milieu du douzième siècle. La communauté de Longpont était dans l'usage de rece voir dans son église les membres de ce chapitre aux offices de l'Assomption. Cette coutume, probablement imposée par quelques -uns des rois que nous avons nommés, avait souvent été un sujet de discorde et de procès, la réunion y mit fin. Durantles guerres de religion , en 1562, les religieux de Longpont obtinrent un arrêt du parlement par le quel il leur fut permis de se retirer à Paris dans leur prieuré Saint- Julien le Pauvre pendant la durée des troubles. Ils y firent quelque temps l'office. Ces reli gieux cédèrent cette maison, en 1665, à l'Hôtel-Dieu de Paris; leur église , fort remarquable , est encore la cha pelle de cet établissement. Nous en avons donné la monographie dans la Revue archéologique (6e année , 1 re partie , p. 169). On prétend qu 'ils eurent eux -mêmes un hospice à Paris; on le place rue de Longpont, pa roisse Saint-Gervais. Nous ne le supposons pas. Mais LONGPONT. 195 il ne serait pas étonnant qu'ils y aient eu des censives. Le prieuré de Longpont posséda de grands biens dès l' époque de sa fondation. M. l'abbé Arthaud en em prunte l'énumération à l'historien du diocèse de Paris. C'était, dans le village, la dîme et l'atrium. À Paris, le prieuré Saint- Julien par donation remontant au on zième siècle. Les églises, de Forges près Limours; d 'Orsay, de Pecqueuse, de Champlant, de Bondoufle (avec la dime et l'atrium ), d'Orangy et de Nosay. La dîme de Montlhéry; la moitié de celles des paroisses de Viry, Jouy, Mont-Clin , Savigny; le quart de celles de Linas, Plessis- Paté et Villabé. La seigneurie des pa roisses de Savigny, Vert et Marolles; la moitié de celle de Champlant. La seigneurie du village de Longpont, sans la justice particulière réservée au roi, à cause de la tour de Montlhéry; mais le droit de pressoir ba nal. En 1142 Louis VII établit en faveur du prieuré une foire dont la durée fut fixée à celle de l' octave de la nativité de Marie, au 8 septembre, fête patronale de l'Eglise. La mêmeordonnance prescrivit que le mar-: ché de Montlhéry y serait tenu le même temps, pour augmenter l'affluence. Nous nommerons parmi les prieurs réguliers de cette communauté , qui ont le plus marqué: GUILLAUME DE CHANAC, abbé de Vézelay, et successivement évê que de Chartres et deMendes; et FOULQUES DE CHANAC , son frère, élu évêque d 'Orléans, vers 1383. On sait que d 'autres membres de cette noble famille ont gouverné l'Église de Paris, dans le siècle suivant. À ces dignitaires succédèrent les prieurs commendataires. GUILLAUME 196 CORBEIL ET SES CANTONS. RAGUYER a été le premier en 1550. Puis sont venus: CLAUDE DE SAINT -BONNET DE THOIRAS, évêque de Nîmes ( 1632). PIERRE DU CAMBOUT DE Coislin , cardinal- évê que d'Orléans ( 1661 ). Le prince FRÉDÉRIC CONSTANTIN DE LA TOUR D'AUVERGNE, neveu du cardinal de Bouil lon. Il y introduisit la réforme en 1700. L'abbé BIGNON , conseiller d'État; M. BRUNET D'Ivry, son neveu , en 1735, et M. l'abbé POMMELET , ancien bibliothécaire de Saint-Martin des Champs, à Paris, homme très-érudit. L'autel curial érigé dans le transept méridional , était placé sous le titre de l'apôtre saint Barthélemy. Il a disparu avec la portion du monument fâcheusement dé truite en 1820. Le dernier curé titulaire avant l'extinc tion du prieuré a été PIERRE ROLAND, frère du minis tre de Louis XVI , époux de MANON-JEANNE PHILIPPON. Né à Villefranche (Rhône); bachelier en théologie de la faculté de Paris et prieur d'Ozay; mort à Longpont le 23 novembre 1789 , à l'âge d'environ 57 ans. M. l'abbé Arthaud , dont nous ne saurions trop louer la piété et le zèle pour le culte de la sainte Vierge, particulier au sanctuaire de Longpont, a réparé les ruines du temple et donné une existence réelle au pè lerinage qu'il a rétabli sous le titre de Notre- Dame de Bonne - Garde. Il a, à cette occasion , obtenu diverses fa veurs du Saint-Siége pour ceux qui visiteront son église en état de grâce; et a publié , dans cette circonstance, une intéressante notice remplie de faits édifiants. Les évê ques diocésains NN. SS. Gros et Mabile, l'évêque de la Martinique; monseigneur VÉROLLES, prélat mis sionnaire; sont successivement venus l'encourager et LONGPONT. 197 prêter leur concours à l'éclat des cérémonies qui s'ac complissent dans cette église. ' Lors de la suppression des établissements religieux , M. D 'HOGGUER acquit nationalement la maison con ventuelle; il la démolit en partie. Elle passa de ses mains dans celles de M. Hulot, dont la fille a depuis épousé le général MOREAU. La maréchale vendit au décès de sa mère, à M. BOUGLÉ. Ce domaine a été in corporé à celui de Lormoy dont nous parlerons bien tôt; il a été disposé en corps de ferme. Le territoire de Longpont, des plus étendus, compte par cela de nombreux écarts: C ' est 1° GUÉPERREUX OU GUIPERREUX, donné l'an 997 par le roi Robert , alors fort jeune, à l'abbaye Saint-Barthélemy de Paris et à celle plus célèbre de Saint- Magloire. Il était d 'usage assez général qu'une communauté en prenant posses sion d 'une terre, y érigeât une chapelle sous le titre patronal du monastère. Il est vraisemblable que celle dédiée à cet apôtre, en ce hameau, fut la paroisse des premiers habitants de la rive gauche de l'Orge, et que son titre passa ensuite dans l'église du prieuré de Long-. pont où cet apôtre est encore honoré. Telle est l'ori gine de la paroisse de Longpont. Sous Philippe- Au guste , les moines échangèrentà ce prince le hameau de Guiperreux; il en disposa en faveur d 'un chevalier de la châtellenie de Montlhéry, en récompense des ser vices qu'il en avait reçus. Le registre des vassaux de cette époque nomme THOMAS BIBENS, en qualité d 'homme-lige du roi, pour Guéperreux et Boişluisant, appelé aussi Lysin , situé entre Longpont et Montlhéry. SO 198 CORBEIL ET SES CANTONS. Il relevait du fief Baudoin de Clacy. Hugues de Cham pigny prit, à peu de temps de là , l'habit religieux dans la communauté de Longpont et il lui donna les biens qu 'il possédait à Boisluisant; 2° LORMOY ou LORMOŘE. Vers 1140, GEOFFROY DE CHEVRANVILLE donna à ce mêmemonastère quelques arpents de terre situés juxtà petram Ormesiam. ROBERT DE VARENNES fut à la même époque déclaré être homme- lige du roi pour ce qu 'il possédail apud Grotel et apud petram Ormesiam. Nous reviendrons sur ce domaine. 3° GROTTEAU , moulin à blé sur l'Orge, à l'orient de Longpont. Cette usine fut donnée au prieuré par Guy, seigneur de Montlhéry, lorsqu'il prit l'habit religieux dans la communauté. Milon de Montlhéry confirma cette donation avant son départ pour la terre sainte. Il existait un hameau proche de ce moulin , au treizième siècle. Hugues Basset dont le nom est resté à un autre moulin du voisinage, y avait deux hôtes: il les céda au monastère en mêmetemps que sa terre du Mesnil en la paroisse Saint- Philibert de Bretigny. GROETELLUM est désigné dans les titres du moyen âge. On le trouve toujours écrit GROTEL en français. 4° Le Moulin BASSET dont le nom est celui de ses anciens possesseurs. Au treizième siècle vivait Milo BASSETUS. De ce fief relevaientplusieurs parties de la paroisse. THOMAS DE BRETIGNY, chevalier , était pos sesseur de ce moulin , vers 1430. 5° Le MESNIL; il ne faut pas confondre ce hameau avec celui de Bretigny. Le prieuré en eut la possession par suite d ' échange , et abandonna à l'échangiste ce qu'il possédait à Vert le -Grand , dans le cours du douzième siècle. ROBERT LONGPONT. 199 GEBOUZIN. GRISSON est qualifié en 1593, seigneur du Mesnil et de Villcbouzin. Il céda ces seigneuries, avec celles de Bou lay et de Fontenelles, aux communautés du collége des Bons- Enfants et de Saint-Nicolas du Louvre, à Paris , aussi en échange d 'autres héritages. À la fin du dernier siècle , le Mesnil a été habité par M. GUILBERT, médecin des facultés de Paris et de Montpellier. 6° Le château seigneurial de VILLEBOUZIN. On le suppose avoir été bâti originairement par Simon ROUSSEL, qua lifié seigneur de Longpont et des hameaux , dans la liste de ceux qui contribuèrent vers 1360 , à payer la rançon du malheureux roi Jean. Puis vint ROBERT GRIS Son , inhumédans l' église du lieu. Il y a ensuite une lacune; puis on trouve en 1625 , JEAN GRIFFON, maitre d 'hôtel du roi. CHARLES DE BALZAC, mort évêque de Noyon , le nomma l'un de ses exécuteurs testamen taires. À la fin du dix -septième siècle, ce château ap partint au COMTE DE MONTGOMMERY; puis à JEAN DE SAINT- ANDRÉ, fermier général. Marie , née de son se cond mariage, avec MARIE COURTIN , épousa successi vement les marquis d 'Arson et de Joyeuse. Elle est morte âgée de 97 ans, en mars 1736. L 'abbé D 'APRE MONT possédait cette terre en 1713. Ensuite vint JEAN LABBÉ, écuyer , contrôieur général des monnaies , con seiller secrétaire du roi, intéressé dans les fermes; il y estmort, et a été inhumé dans l' église du prieuré. Sa femme, née MARIE -ANNE FLEURIEAU D 'ARMENON VILLE est morte à Paris , paroisse Saint-Eustache, le 15 novembre 1745. Ils laissèrent quatre- vingts livres de rente à l' église du prieuré pour l'acquit de prières pour • 200 CORBEIL ET SES CANTONS. le repos de leurs ames. De cette union sont nées deux filles: MARIE - MADELEINE , BARONNE DE BALLAINVIL LIERS, qui eut en partage le château de Villebouzin; et MARIE - ANNE- JEANNE , épouse de GRIMOD DE LA REYNIÈRE , seigneur de Clichy-la -Garenne. La terre de Villebouzin fut louée à FRANÇOIS DE BÉTHUNE, DUC DE CHAROST ,marié à Julie-Christine- Régine Georges d’En traigues. Puis longtemps après , elle fut aliénée à M. Chagot, riche industriel, propriétaire des forges du Creuzot et président du tribunal de commerce de la Seine, mort à Paris, le 8 octobre 1824, à 74 ans. Le château , d ' une ordonnance régulière, est entouré de fossés remplis d ' eaux vives. Deux pavillons, ses appen dices non adhérents, renferment l'un la chapelle , l'au tre le théâtre. Le parc est bien distribué et arrosé dans toutes ses parties. Cet ancien fief est actuellement la propriété de M. BAUDOIN , ancien entrepreneur des pompes funèbres de Paris. M. AVIAT, son gendre, s'est construit une habitation et a forméun domaine aux dé pens de celui- ci. Un hameau dépend de Villebouzin. La contrée est en partie plantée en vigne. HOLDEARDE , femme de BURCHARD COCHEREL, donna dans le dou zième siècle, au sacristain de l'église du prieuré, un muid de vin à prendre tous les ans, in clauso suo apud Villebosein. 7° Le moulin BIRON. 8° Partie du hameau de la grange aux cercles traversé par le grand chemin allant à Étampes. 9° Et l'ancien fief de LAUNAY ou plutôt L’AULNOYE , à la rive droite de l'Orge; dont une partie du territoire dépend actuellement de la commune de Saint-Michel; l'autre, du parc de Sainte -Geneviève. LONGPONT. 201 Le château de Lormoy relevait de celui de Ville bouzin; il avait été édifié avec les matériaux de celui de Claire détruit alors, el dont on connait encore l'emplacement. M. Paturle l'a fait rebâtir. Une vaste pelouse se développe au -devant, elle descend jusqu'à la rivière d 'Orge. De belles futaies distribuées avec art procurentun bienfaisant ombrage. C 'était la maison de plaisance des abbés commendataires de Longpont; ils y vinrent fort rarement et finirent par l'aliéner, sans doute pour n 'avoir pas à en entretenir les bâtiments. Le CARDINAL DE Coislin en fit la vente à ce titre , au COMTE DE FLAMARENS, dont la fortune fut entièrement l'œuvre du hasard. Après lui vint la famille LEGENDRE. JACQUES de ce nom , qualifié seigneur de Lormoy, est mort le 21 novembre 1655. Il eut de MARGUERITE ARDIER son épouse , Paul né en 1621, après lui sei gneur de Lormoy. Il fut conseiller du roien ses conseils, maitre des requêtes ordinaires de son hôtel, conseiller d 'Etat et procureur général au parlement de Metz. Il épousa FRANÇOISE DE CHAULNES. La Chesnaye des Bois le faitmourir le 3 octobre 1713; Waroquier de Combles, le 20; il a été inhumé à Saint-Paul, ainsi que sa veuve, morte le 1er mars 1716. Plusieurs enfants naquirent de cette union; la seigneurie deLormoy échut à Gas PARD FRANÇOIS , conseiller au parlement de Paris, in tendant de Tours, puis de Montauban , marié 1° à MARIE -ANNE Pajot, morte le 17 septembre 1709; 2° à LOUISE DE LA VIEILLE - VIGNE, morte en 1740. Il eut du premier lit PAUL-GASPARD -FRANÇOIS , né le 31 janvier 1696 ,mort le 31 août 1746, après avoir été conseiller 202: CORBEIL ET SES CANTONS. au parlement de Paris et président en la chambre des comptes. Il fut aussi seigneur de Lormoy. Son épouse, MARIE -ÉLISABETH ROSLIN , comtesse de Levignen , est morte à Paris le 24 décembre 1778 , ils aliénèrent la seigneurie de Lormoy, à l'abbé JEAN - BAPTISTE PAJOT DE DAMPIERRE. Elle ne sortait pas pour cela de la fa mille , les alliances le prouvent. L 'abbé était alors sei gneur de Saint-Michel dont le territoire est séparé par l'Orge. Sesdignités étaientle titre d 'abbéde Saint-Loup , au diocèse de Troyes; de chanoine honoraire de l'église de Paris, et de conseiller au Parlement. Il obtint en 1706 , de la gruerie deMontlhéry, en sa qualité de sei gneur de Saint-Michel, la permission de faire cons truire un pont en pierre sur le cours de l'Orge pour faciliter les communications. M. l'abbé Pajot est mort à Paris le 11 mai 1757, à l'âge de soixante - neufans. On a de lui un factum relatif à la pêche de la rivière d 'Orge, Paris , Latour, 1730, in - 4°; ses biens passèrent à ses ne veux, fils de LOUIS- LÉON PAJOT D 'ONS EN BRAY, écuyer, conseiller du roi et contrôleur général des postes du royaume, mort en 1754; et à ceux de MARIE - ANNE Pajot, sa seur, épouse d ’ANTOINE LEGENDRE. Lormoy échut aux fils de cette dernière: Louis-François Legen dre, COMTE D 'ONS EN BRAY par substitution; et LÉON FRANÇOIS. Ils l'aliénèrent, le 12 août 1767, à madame la MARQUISE DE BRÉHANT, née JEANNE - FRANÇOISE TAS CHERÉAU DE BAUDRY, dont le père était intendant des finances. Le marquis appartenait à une maison recon nue pour une des plus anciennes et des mieuxalliées de la Bretagne, où elle tenait rang parmi les anciens LONGPONT. 203 barons du pays dès les onzième et douzième siècles. (Armes: de gueules à sept macles d 'or , posées 3 , 3 et 1). Madame de Bréhant possédait encore Lormoy au moment de la révolution. Elle était veuve depuis 1764 (1 ). Sa fille unique: MADELEINE- ANGÉLIQUE CHARLOTTE , épousa en 1767 CHARLES RENÉ DUC DE MAILLÉ DE LA TOUR-LANDRY, mort à Paris le 16 janvier 1791. Cette famille remonte au onzième siècle , elle était déjà très - florissante au douzième, dans la pro vince de Bretagne, où elle a pris naissance. Madame la duchesse de Maillé , damedu palais de la reine Marie Antoinette , lorsqu'elle apprit le péril auquel l'attaque du château des Tuileries exposait cette princesse (10 août 1792), essaya de pénétrer jusqu 'auprès d 'elle; mais elle ne put y arriver. Incarcérée peu de temps après dans la maison desOiseaux , ruede Sèvres, elle fut appelée le 26 juillet 1794 , pour comparaître devant le tribunal révolutionnaire. Une erreur qu 'elle fit remar quer dans les noms qu 'on lui avait donnés en l'acte d 'accusation , suspendit la sentence de mort, et le sur lendemain la chute de Robespierre lui rendit la vie! Peu de temps après, elle futmise en liberté. Cette dame est morte à Paris le 25 juillet 1819, ses restes repo sent dans l'église de Longpont. Trois tables de marbre couvertes d 'inscriptions, nous apprennent que le même caveau contient les restes de: 1° CHARLES - FRANÇOIS I ' (1) Jacques-Marie ,marquisdeBrehant, épousa d 'abord Marie- Jeanne Angélique Delpech , morte à Paris le 19 avril 1750, à 26 ans. M. Du Perron a consacré une pièce de vers à sa mémoire. (Voy. Mercure de France, mai 1750, nº 213. ) 204 CORBEIL ET SES CANTONS. ARMAND, MARQUIS, puis DUC DE MAILLÉ, son fils, né à Paris le 10 janvier 1770. Il émigra , et fut, au retour des Bourbons, un des principaux auteurs, du mouvement royaliste qui se manifesta à Paris le 31 mars 1814. Louis XVIII le nommaMaréchalde camp, et le créa pair de France à titre héréditaire. M. deMaillé était comman deur du Saint-Esprit, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d 'honneur et gentilhomme de la chambre de Monsieur. Il est mort à Paris le 3 janvier 1837: (Armes: d' or , à trois fasces nébulées de gueules (1). 2° BLANCHE - JOSÉPHINE LE BASCLE D'ARGENTEUIL , d'une famille originaire de la Touraine. Duchesse de Maillé , épouse du précédent, morte au château de la Roche Guyon, le 10 septembre 1851, dans sa soixante-qua trièmeannée. Cette damefinit bien malheureusement; elle était assise au foyer de sa chambre, le feu prit à ses vêtements; et lorsqu 'on arriva pour lui porter secours , il n 'était plus temps! (Armes: Ecartelé au 1 de gueules à trois fasces antées et ondées d'argent, qui est de Ro chechouart; aux 2 et 3 d'azur, semé de fleurs de lys d 'or, qui est d'Anjou Méziers. Au 4 de gueules à neuf macles d'or , accostée en fasces 3, 3 et 3 , qui est de Rohan; et sur le tout de gueules à trois macles d 'ar gent posées 2 et 1 qui est de Bâcle). 3° ARMAND - ROGER HUBERT DE MAILLÉ, leur fils , né le 30 décembre 1789; mort à Paris le 2 mars 1822; 4° le cæur de ARMAND (1) Il épousa d'abord Henriette-Victoire de Fitzjames, dont il eut: Armand- Roger - Claude et madame la marquise de Castries; Claire Clémence-Henriette-Claudine, morte à Paris le 7 juillet 1861, agée de 65 ans. LONGPONT… ) 205 CHARLES- PAUL-CLAUDE DE MAILLÉ , né également de cette union , mort à Paris le 18 mai 1807, à douze ans trois mois et vingt- quatre jours. 5° CHARLOTTE-EUSTA CHINE -JEANNE DE TILLIÈRES D 'OSMOND, épouse de M. JACQUELIN -ARMAND-CHARLES DUC DE MAILLÉ, chef actuel de sa maison. Cette dame estmorte au château de la Roche-Guyon , le 10 septembre 1851. Ce sont les événements de 1830 qui déterminèrent le duc de Maillé à vendre sa terre de Lormoy, si fré quentée et si animée pendant la durée de la Restaura tion. À cette époque, le duc et la duchesse ont joué sur le théâtre improvisé du château , le Misanthrope, de con cert avec l'acteurLAFON des Français; ils le traitaienten ami. M. PATURLE , le riche et bienfaisant industriel de Lyon , député, depuis pair de France , officier de la Lé gion d 'honneur, acheta Lormoy en 1837; il en rebâtit le château où il forma une riche galerie de tableaux. M. Paturle , né à Lyon le 24 mai 1779, est mort dans ce château le 23 juin 1858. Il a été inhumé au Père -La chaise. Il a fondé dans la commune de Longpont une école pourles fillesdontla direction est confiée aux dames de la communauté de Saint-Maur. M. Paturle reçut sou vent à Lormoy M. MICHEL CHEVALIER, aujourd'huiséna teur, et M. MARTIN (DU NORD), son allié. C'est là qu'est mort le ministre de la justice du roi Louis- Philippe, le 12mars 1847. Il était né à Douai le 30 juillet 1790. La terre de Lormoy a été acquise, en 1862, par M. BÉ, également riche industriel. Le chef actuel de la maison deMaillé avait espéré alors rentrer en possession de l'an cien domaine de ses pères. Le prix a été le seulobstacle! 206 CORBEIL ET SES CANTONS. Dans le cimetière de Longpont a été inhuméGRIMOD DE LA REYNIÈRE,mort dans son château de Villiers -sur Orge, le 25 décembre 1837. Nous traiterons la biogra phie de cet excentrique personnage en traçant l'histoire de cette commune. Là reposent aussi M. et Mme du WICQUET DE RODELINGHEM , famille noble de la Picar die; et HECTOR- FÉLICITÉ DUBOS, ancien principal du collége d 'Étampes; né à Sailly (Somme) le 23 janvier 1770 , mort auMesnil, écart de Longpont, le 23 décem bre 1851. Les orages révolutionnaires ont produit à Longpont une adresse à l'Assemblée nationale , sous la date du 27 août 1792. Elle a été imprimée et distribuée, par ordre de cette assemblée, dans les quatre -vingt-trois départements.

MASSY

Trois villages en France portent ce nom. L 'abbé Le beuf (1) pense que le nôtre le tient de ses anciens seigneurs; etajoute. On l' écrivait autrefois Macy, d ' où , selon la coutume des bas siècles , on a fabriqué le latin , MACIACUM , usité dès le onzième. Le propriétaire de cette terre s 'appelait sans doute MATHÆUS; on a altéré son nom et on en a faitMacé, puisMace qu 'on est depuis longtemps dansl'usage d 'écrire Massy. Il est posé dans une vaste plaine découverte sur une pente assez mar quée; son aspect est au midi. Les productions du sol, les agréments du lieu ont inspiré un poëte latin: RÉNÉ MICHEL DE LA ROCHE -MAILLET ( 2 ). L 'auteur a ajouté d 'autres détails à sa description. Elle fera plaisir à nos lecteurs. La rareté de son livre nous a engagé à repro duire cette pièce: MASSIACUM Est pagusnon vite magis quàm divite gleba Fertilis; hinc silvarum umbrâ, hinc variatur aperta Massiacum , indomito gens vitam assueta labori, (1 ) Histoire du diocèse de Paris , t. IX , p. 329. (2) V. ses cuvres dédiées à Urbain VIII. Paris, 1658 , 1 vol. petit in -8 , p. 78. 208 CORBEIL ET SES CANTONS. Hic fontes vivique lacus , hic tramite serpit Per prata inflexo rivus viridantia, qualem Vel Tyrus et Sidon tingendis murice lanis Optarent, adeò radiis hunc fulgurat ostrum. Pallent hìc lentæ salices; expandere ramos Ingentes alibi quercus et robora cernas, Tectum avibus; densis hinc surgere frondibus ulmos: Est ubi temporibus non denegat utilis arbor Poma suis, totaque rubent cerasa insita silvâ. His agris tenui contentus sorte, juventæ Partem florentis meliorem inglorius annos Bissenos elegi. Sed nec tamen otia segnem Intereà solvêre à curâ et rebus agendis. Præcipuus labor imprimis servire Tonanti, (Si tamen hoc labor, est quidquid servitur amore) , Stant juxtà, Templumque vetus præcelsaque turris Antiqua, ingens, et populis ad sacra ciendis Vocalis: mox ergò ubi convenêre, sacerdos Multum orans, einctusque albam sub pectora vestem , Stantem undâ lustro turbam , dein agmine facto Itur circum ædem psallendo, præitque salutis Signum militiæ in morem sua castra tuentis , Regressis templum è suggestu concio habenda, Quæ certaturis animos ac tela ministret; Et doceat quo quisque loco, quo tempore pugnam Incipiat, quo ictus umbone retundat in hostem Incolumis, quæ declinet; quæ deinde sequatur. Ventum ad sacrosancta necis movimenta cruentæ, Et pretium noxæ super hostia ponitur aris Patris amor Christus, nostri quoque muneris hoc est Poscere opem populo superos, veniamque precari. Ad valvas templi obstetrix onerata puello Adsidet interdum expectans; properamus anheli Infantem de fonte salubri migere lympha. Pulsatis foribus mediâ vel nocte, refertur Ægrotare aliquem , atque sacerdos poscitur; imus. Ac siculis velut in campis, ubi sedula quondam Cura gregis surgit pastori, sive capellas, Sive regnas ducat, si forte erraverit una Dilapsa incauto, montes silvasque peragrat Percitus, et circùm latè loca questibus implet; Tum si qua errantis cernat vestigia terra, MASSY. 209 Dirigit huc gressum impatiens, atque avia lustrat , Nec requies, donec sublatam in tecta reportet. MO Cette poésie porte la date 1632. Réné-Michel de la Roche-Maillet,on le voit, y montre sa prédilection pour Massy, où il passa douze ans de sa jeunesse. Peut-être alors , ne pensait-il pas mourir curé de Champlant, village contigu (V. ce nom ). Ce qu'il dit du sermon du curé de Massy pour exhorter ses paroissiens à bien com battre, semble indiquer qu'il y aurait eu dans ce lemps à Massy, un exercice de la lutte , ou autre semblable , qui se faisait après les prières de l'Église. Massy compte près douze cents habitants. Il est tra versé par le grand chemin de Chartres , par Palaiseau; et son territoire par le chemin de fer de Paris à Orçay, qui y a une station. On compte 5 kilomètres N. N. 0. de Longjumeau et 25 de Corbeil. L 'Église est dédiée à SAINTE MADELEINE. Le frontis pice et la tour des cloches accusent une construction de la fin du treizième siècle. Le corps de l'Édifice a été rebâti dans le cours du dix - septième siècle. Il con siste en une nef assez vaste , voûtée sous le comble; dont les entraits sont apparents. Les fenêtres sont toutes au midi. Au nord il y a trois étroites chapelles. Le pavé de l'Église montre encore quelques fragments de tombes. L 'ÉPITAPHIER DE L 'ISLE DE FRANCE (1) nous a conservé les noms de ceux dont ils recouvrent les restes. C 'étaient les seigneurs du lieu. La tour est solidement bâtie; des contre -forts à ressauts ornent ses INT ELEI (1) T. IX , folio 407. Manuscrit conservé à la Bibliothèque impériale. 14 210 CORBEIL ET SES CANTONS. angles. Elle porte une charpente en pavillon de forme octogone. Le beffroi garni autrefois de quatre cloches en contient une seule. Elle porte une inscription com posée de vers latins et le millésime 1677. On y voit aussi le blason de M. de Coislin évêque d 'Orléans, et prieur commendataire de Longpont, à ce titre patron de la paroisse. M. de Valois s' étend fort sur ce lieu dans sa Notice des Gaules. Il remarque queMassy est réputé le premier d 'entre les fiefs de l'Eglise de Paris , et que son nom était au treizièmesiècle celui d 'un doyenné rural. Il au rait dû ajouter que si Massy a été regardé comine le chef d 'un certain canton du diocèse de Paris , c 'est seule ment dans l’énumération faite alors des prieurés selon laquelle les doyennés ont d 'autres noms, et non dans l'énumération des cures. Ce titre est passé depuis à Châteaufort. Massy a été membre du diocèse de Paris jusqu 'à la conclusion du concordat. L 'Archevêque nommait à la cure. Le cimetière est en face de l'Église; un chemin les sépare. Nous y avons remarqué la sépulture de M. JEAN - BAPTISTE - Louis LIEUTAUD DE TROIS - VILLES , ancien lieutenant général de l'Amirauté de Nantes où il naquit le 15 septembre 1745. Il mourut à Massy le 8 février 1831. On a de lui: MÉMOIRE POUR SERVIR A COMMENCER L’ HISTOIRE DES ARAIGNÉES AQUATIQUES. Paris, 1799 , in -12. Ses armes étaient: D 'or, à un anneau d ' argent, accroché en croix de quatre cram pons croisés et recroisés de même. Une couronne de comte surmonte l' écusson. MASSY. 211 Si l'on s'en rapporte à M. l'abbé Lebeuf, il y a eu à Massy une maladrerie. Ces sortes d'hospices étaient mul tipliés dans nos cantons; Juvisy, Longjumeau, parois ses voisines , avaient chacune le leur. Lorsque celui de Massy ne reçut plus de lépreux, on y établit une école pour les jeunes filles, et son revenu fut affecté au sou lagement des pauvres de la paroisse. Les abbayes Saint Victor et Saint-Magloire de Paris ont eu des droits à Massy; ainsi que celle de TANSEMENT, appelée en latin TENSAMENTUM ou TAXAMENTUM. Ajoutons que Mar guerite , ven ve de Hugues d'Athis, donna un fief de cette paroisse au prieuré de Clichy en l’Aunois , membre de l'abbaye de Livry. Le cartulaire de l'abbaye de Longpont fournit le nom des anciens seigneurs. Les premiers en portèrent le nom ou le lui donnèrent. On voit les restes du château dans la vallée; ce n'est plus qu'un corps de ferme. Il avait une chapelle sous le titre de saint Germain , évêque de Paris. Haymon ou AYMOND DE Macy est le premier sei gneur cité. Marie, sa femme, fut mise au rang des bien faitrices de cette communauté; elle lui donna partie de la dime de Villebon. En 1152 , ÉTIENNE DE Macy, che valier , eut des différends avec l'abbé de Saint -Germain des Prés , seigneur d'Antony, pour des intérêts tempo rels. Il s'agissait de limites de territoire et de quelques hôtes. On nomma de part et d'autre un champion. Celui de l'abbaye creva un vil à son adversaire durant la lutte. Depuis cette époque, les Laïques en possession de fiefs à Antony ne firent aucune difficulté de relever de l'ab baye. Étienne était surnommé PALMARIUS. Il a aussi y 212 CORBEIL ET SES CANTONS. été mis au nombre des bienfaiteurs du prieuré de Longpont. GEOFFROY , son fils, est appelé SULTANUS OU SOLTANUS, dans des actes inscrits au même cartulaire. Vers 1170 , vivait à Massy, un chevalier nommé Guil LAUME. JEAN DE Macy, autre chevalier , est inscrit sur le cartulaire du roi Philippe-Auguste et dans un catalo gue des chevaliers de la châtellenie de Paris comme tenant des fiefs du roi. En 1217 , FERRIC, aussi cheva lier , y possédait un bien dont il gratifia l'abbaye Saint Victor. C'est ce qu'on appelle la Petite Ferme. En 1259 , GUILLAUME DE Macy prêta foi et hommage au prieur de Saint-Martin des Champs, pour une maison. Dix jours après JEAN DE Macy fit hommage pour la dime du lieu. PHILIPPE DE Macy rendit pareil hommage, huit jours après; et SIMON DE Macy en mai 1275. Ce seigneur s'engagea à payer au roi Philippe le Hardi une rente annuelle de vingt livres parisis , dont fut grevée sa terre et d'autres héritages. Il est mort en 1281 , et a été inhumé dans l'église du lieu , ainsi que Agnès , sa fille ou sa femme, morte en 1277. (Armes: six pièces en chef avec un Lion léopardé au droit canton). On trouve ensuite , JEAN DE Macy, chevalier , en 1321; et ÉLISA BETH DE BELLEMONTE , sa femme , morte dès 1315. PIERRE DE VILLIERS l'était vers 1350. SIMON DE MAIN TENON , dit DE LA QUEUE , était SIRE DE Macy dans le même temps. Il épousa Marie de Montmorency. Le P. Quesnel , dans son histoire manuscrite du prieuré Sainte - Catherine du Val - des - Écoliers ( 1 ) , mentionne ; ( 1 ) Conservé à la bibliothèque Sainte -Geneviève, p. 106. MASSY. 213 GUILLAUME DE Macy et l'enregistre le douzièmesur la liste des prieurs de sa communauté. Il le dit magnifi que et libéral. Après avoir gouverné cette maison sept années, il y est mort au mois de mai 1370. C 'est lui qui fonda la confrérie des Sergents d 'armes. L 'abbé Lebeuf(t. IX , p. 339), luidonne le prénom de PHILIPPE; et dit qu'en 1363 (c'est 1364), il conduisit à Saint- De nis, avec ses religieux, le corps du roi Jean. HAYMON, écuyer, sieur de Massy avait cinquante-six ans, lorsqu'il déposa dans le procès de Jeanne d 'Arc. Il passait pour le plus cruel tyran de la contrée; ce seigneur arma centde ses vassaux, se mit à leur tête, et se joignit aux Anglais qui ravageaient la France. MONIQUET, l'un de ses par tisans , se vanta d 'avoir, en un seul jour, jeté dans un puits du château de Maurepas sept hommes vivants et de les y avoir écrasés à coups de pierre. ( Journal de Charles VI, p. 152.) La liste des seigneurs qui contri buèrent à payer la rançon du malheureux roi Jean , dans le comté de Montlhéry, enregistre pour Massy le nom de Perrin Baudin , personnage dont ne parle pas l'abbé Lebeuf. JEAN DE GARANCIÈRES porta ensuite la qualification de SIRE DE MACY, par alliance. Il est mort en 1461: Marie sa fille , DAME DE Massy, Croissy et du Puiset , était, par sa mère, de l'illustre famille Villiers de l' Isle Adăm. Elle épousa TUDEVAL DE CARVOISIN , dit le BOUR GEOIS; 'il a été tué au siége de Cherbourg , en 1450. Cette dame est morte à Massy le 14 avril 1467. Elle a été inhumée dans l' Eglise du lieu , ainsi que MONSEI GNEU GNEUR DE GARÁNCIÈRES, son oncle,chapelain de l'évêque 214 CORBEIL ET SES CANTONS. d 'Angers. Tudeval de Carvoisin laissa une fille , elle fut mariée à JEAN DE GAILLON, devenu sire de Massy par cette alliance. Il est mort en 1477; GUILLAUME DE GAIL LON , né de cette union , vient après au même titre. Il épousa ANNE PRUNELAY. Ce seigneur est mort en 1507, laissant une fille mariée à FRANÇOIS D 'HARCOURT. Le parlement de Paris nomma des commissaires à sa mort pour régir cette terre , à cause du procès criminel commencé contre lui. François d 'Harcourt est mort en 1524. Louis , son fils , épousa MARIE DE MONCHENU , dame de Guercheville et comtesse de Marans. Il est mort en 1554. HENRI DE LÉVIS, duc de Ventadour, possédait la terre de Massy en 1627. C 'est pour lui qu 'elle fut érigée en BARONNIE. Il la céda à MARTIN - RUZÉ D 'EFFIAT en 1635. Ce dernier l' unit à son MARQUISAT de Chilly Longjumeau auquel elle est demeurée incorporée jus qu 'en 1789. Il y avait dans le hautdu village, une autre seigneurie d 'une importance réelle. Quel était son nom? Le ma réchal de Vaux,mort en 1788, la possédée; elle était certainement unie à son fief de Paray. Depuis elle a appartenu à la comtesse de MORÉ PONTGIBAUD, l'une de ses filles , morte à Paris en 1836. Cette propriété a été divisée. Il reste sur unedes cheminées, un tableau sculpté dans la pierre. Au centre est un trépied qui supporte une corbeille remplie de fleurs; à la droite et à la gauche sont deux femmes, Cérès et Flore, sans doute parées des dons de la nature. Avant de parler des écarts de Massy , mentionnons sur son territoire , vers Wissous, un canton appelé MASSY. 215 ORIGNIACUM , et en français LE BOUT D 'ORIGNY. Ne serait-ce pas par tradition d 'un hameau détruit du rant les guerres du quatorzième siècle? Villene ou Villehême qu ’on écrit Villaines, est cer tainement la Villa Haymonis , la campagne d 'Haymon le Cruel dont nous avons raconté l'un des nombreux méfaits. Ce hameau est mentionné dans la charte d 'af franchissement des habitants du bourg d 'Antony, ac cordée en 1248 , par l'abbé de Saint-Germain des Prés , seigneur du lieu: PIERRE PASQUIER, écuyer, archer et homme d'armes dans la compagnie de MM. de Mont morency, est dit sieur de Villaine et de Franclieu (V. Athis, Vigneu , Hières). Il épousa à Paris, en 1561, Madeleine Bouvot. Dans la suite , il a rempli l'office de gentilhomme ordinaire du duc d 'Alençon , frère de Henri III. Le 20 février 1596 , sa veuve fut inquiétée par les habitants de Massy pour raison de son fief; ils voulaient l'imposer à la Taille. Un arrêt de la cour des Aides déclara cette dame exempte d 'impositions, et condamna ses adversaires aux frais et dépens, même en une amende. De cette union naquit un fils; il porta , comme son père, le prénom de PIERRE , on le trouve aussi qualifié sieur de Villaines et de Franclieu. Il servit dansles ordonnances du roi , puis devint l'un des cent gentilshommes de sa maison. Charlotte -Catherine de la Trémoille , princesse douairière de Condé, le pourvut d 'une place de gentilhomme servant dans la maison de Henri de Bourbon , son fils, le 28 avril 1597. Il épousa en 1585, MADELEINE CHAUVEAU , fille du lieutenant général de Melun , dont il eut quatre en 216 CORBEIL ET SES CANTONS. fants (1). Armes: d 'azur, à un chevron d 'or, accom pagné en chef de deux têtes de Maures de sable , posées de profil , ayant chacune une bande d 'argent; et en pointe , de trois fleurs appelées pâquerettes , d 'or, tigées demême, posées 1 et 2 , et mouvantes d 'une terrasse aussi d 'or. De nos jours, le docteur JACQUES TENON, chirurgien principal de la Salpêtrière , membre de l'Institut, a possédé ce domaine converti en corps de ferme. Il y passait la belle saison. Ce savant est mort à Paris , le 15 janvier 1816 , à l'âge de 92 ans. Il ne se borna pas à la possession de titres académiques et d 'un fauteuil; il voulut être réellement utile à la race présente, par ses guérisons et l'amélioration des hôpitaux; aux races futures, par ses découvertes précieuses en anatomie. Lors de la Révolution , le docteur Tenon fit partie de la première Assemblée législative. Amides champs, il se retirait de temps en temps à sa ferme de Massy pour y goûter les douceurs du repos et y méditer en silence sur les vérités dont il se proposait d ' enrichir son art. Ce repos et ce silence , que la Révolution de 1789 avaient déjà tant de fois troublés, il a eu , dans les derniers temps de sa vie , la douleur de les voir s'anéantir à ja mais pour lui. Sa paisible retraite fut envahie par les troupes coalisées. Une bibliothèque qui faisait son bon heur fut entièrement bouleversée; et durant cette époque de ruine et de désolation , ceux qui auraient dû le protéger ne firent qu 'ajouter à ses malheurs. Ce fut (1) D’Hozier , Armorial général de France , t. IV , art. Pasquier de Franclieu. MASSY. 217 alors que tantôt abattu par le chagrin et tantôt égaré par le désespoir , il souhaita voir arriver sa fin , il l'eût peut être hâtée , si l'amitié et la religion ne fussent venues à son secours. Il aimait à raconter , et racontait parfai tement: c'était un répertoire vivant de tous les événe ments remarquables qui s'étaient succédé pendant sa longue carrière. Le Magasin Encyclopédique de Millin auquel nous empruntons ce qui précède , fournit la longue liste des travaux laissés par le docteur Tenon (21° année ( 1816 ], t. I, page 182). Villegenis n 'est guère moins ancien que Villaines; son nom dérive de Villa Joannis. Un des seigneurs de Massy, appelé JEAN , en aura été le créateur. En 1481 Christophe FOURCAULT, seigneur de Villemoisson, en était propriétaire. FRANÇOIS DE VIGNY, seigneur d' É tampes, le posséda longtemps, immédiatement. En 1618 , il appartenait à CHARLES LEVOYER OU LEVAYER , correcteur des comptes, le château à cette époque avait son oratoire. Au dix -huitième siècle , M. Glu augmenta l' enclos,dans lequel fut enfermée la fontaine Saint-Mi chel et quelques maisons de paysans. M. LEROY, con seiller au Parlement de Metz , le vendit à MADEMOISELLE DE SENS; cette princesse chargea d 'Ullin de rebâtir le château , en 1755. Il était entouré de fossés remplis d 'eaux vives. L 'incomparable peintre DESPORTES avait décoré le vestibule , la salle à manger et l' escalier de ses chasses, et de gibier à la plume et au poil. Lorsque le PRINCE DE CONDÉ devint propriétaire de Ville genis, il en fit un rendez -vous de chasse. Le parc ren ferme deux belles pièces d'eau. On y rencontrait jadis 218 CORBEIL ET SES CANTONS. ORN 1 une Diane sortie du ciseau de Coustou le jeune. Ville genis eut beaucoup à souffrir lors de la Révolution. M. DELORME, qui a donné son nom à l'un des passages de Paris , en fit l'acquisition , et consomma sa ruine. Il trouva ce château trop vaste pour lui, le fit raser, et re bâtir tel qu'on le voit. C 'est à Rome, dans un âge très avancé, que ce millionnaire alla mourir en 1835. Ilavait tant à expier!… Le marquis Tamizier , l'un de ses héri tiers , est souvent venu à Villegenis. Dès 1852, Delorme vendit Villegenis au PRINCE JÉROME NAPOLÉON, dernier frère de l'empereur. Le prince dépensa beaucoup à sa terre de Villeyenis. Il doubla l' étendue du parc.par la suppression d 'un chemin communal; c'est ainsi que la Bièvre en est devenue l'extrême limite. Le bâtiment a treize croisées de façade; il ne compte qu'un étage Le prince n 'avait pas fini les embellissements qu'il avait projetés , lorsque la mort le surprit dans ce château , le 24 juin 1860. Il y était entouré des siens; etl'on sait que LL. MM. rendirent plusieurs visites à leur oncle, au moment suprême. Il était né à Ajaccio le 15 dé cembre 1784. Une médaille commémorative a été frap pée. Nous ne raconterons ni la vie , ni les obsèques du prince; des plumes plus exercées s'en sont chargées. Ce château est aujourd 'hui la propriété d 'un artiste peintre fort connu , M. ALPHONSE GIROUX. Massy a vu naître, le 25 juillet 1771, PIERRE ALEXANDRE CHEVALIER. Il entra au service en 1792 , avec le grade de sous- lieutenant, et se distingua dans les guerres de la République et de l' Empire. Il était chef de bataillon dans le 108€ régiment de ligne et MASSY. 219 membre de la Légion d'honneur, lorsqu'il est mort à Naumbourg , le 21 octobre 1806 , des suites de blessures reçues à la bataille d 'Iéna (1). Ce village a été habité par M. CONSTANTIN DUBOS, ancien professeur de rhétorique au collége Louis-le Grand. L 'abbé Dubos nous a laissé: Les Fleurs, idylles; suivies de poésies diverses. Paris, 1808, in - 8°, et 1817 , in - 18. Nos biographes l'ont oublié. C 'est à M. Quérard (V. la France littéraire) que nous devons l'indication de ses travaux. Il était certainement parent de Hector Félicité, son homonyme (V. Longpont). Nous ignorons le motif qui a porté le grammairien NAPOLÉON LANDAIS à publier son Roman: La fille d ' un ouvrier (1836 , 3 vol. in -8°), sous le pseudonyme: EUGÈNE DE Massy. En terminant n 'oublions pas de nommer M. AR RAGON qui, en 1846 , a donné à la commune la place publique établie derrière l'église. L 'abbé Lebeuf croit qu'il y a eu à Massy un prêche, où les Calvinistes s 'assemblèrent quelque temps. (1) Les Fastes de la Légion d 'honneur, t. V , p. 85.

MORANGIS

3 Le nom primitif de ce village a été Louans. Aurait il eu pour fondateur quelque seigneur appelé LUPUS OU LUPENTIUS? L'abbé Lebeuf ( 1 ) s'adresse cette ques tion , et ajoute: Le Pouillé du diocèse de Paris , rédigé dans le cours du treizième siècle , l'écrit Loand. Cette manière de désigner une paroisse en français, pendant que presque toutes les autres le sont en latin, fait voir qu’on ignorait comment il aurait fallu l'écrire dans cette langue; c'est une preuve qu'il y avait fort long temps que ce nom, formé peut-être de quelque ancien terme latin de plusieurs syllabes , était réduit presque à une seule. Il indique un territoire autrefois couvert de landes. On peut encore supposer , ajoute ce savant , que ce nom a pu être celui du torrent qui traverse le village. On doit , suivant l'abbé Chastelain , le rendre par Loci-Aquarum ( 2). Effectivement, la plaine élevée et découverte où se trouve le village est constamment humide , et lorsqu'on la fouille à plus d'un mètre , l'eau se montre. Il est évident qu'une épaisse couche d'ar gile empêche l'absorption des eaux pluviales. ( 1 ) Histoire du diocèse de Paris, t. IX , p. 88. ( 2) Martyrologe universel, dans la table des lieux qui y sont indiqués. MORANGIS. 221 Dans les archives de l'abbaye Sainte -Geneviève de Paris, se trouvait un titre de l'an 1230, le plus ancien connų où Louans fût mentionné. C 'est en 1693 que lui fut substitué le nom de Morangis; à la prière de JEAN JACQUES DE BARILLON, seigneur d'un autre Morangis , pour qui celui-ci fut alors érigé en comté , quoique le nombre des terres fixé par les règlements n 'y fût pas. Sa justice seigneuriale , exercée par un seul juge, rele vait de la prévôté deMontlhéry. On trouve aux archives du département les titres relatifs à cette érection. Morangis, où l'on compte deux cent cinquante habi tants , est un pays de culture. Ce qui nuit à l'accroisse ment de sa population est son éloignement des grands chemins et des voies ferrées. L 'église est sous le vocable de l'archange saintMichel. Elle est orientée symboliquement. Le vestibule est un appendice moderne. On a sculpté dans le fronton un glaive et une balance! Voilà bien le dix -huitième siècle. Le monument est divisé en trois nefs, le seizième siècle s'y montre particulièrement; mais quelques par ties accusent le treizième. C 'est donc une large restau ration quidomine dans sa construction. La tour est au midi; elle a eu davantage à en souffrir. Son toit est à deux égouts. Une seule cloche est suspendue au beffroi. On trouve encore dans cette église les trois autels que bénit, en 1551, l'évêque in partibus de Mégare, après la restauration. La chapelle où sont renfermés les fonts baptismaux a été construite en 1736 aux frais de M. Angouillant, curé de Paray. Vers 1805 , le mobilier de cette église , détruite quelques années plus tard , 222 CORBEIL ET SES CANTONS. Р passa en partie dans celle de Morangis, où l'on trouve la cuve des fonts baptismaux en marbre rouge; la grille du cheur et le lutrin en fer forgé. Le cheur est garni de stalles dont on ignore l'origine. Tout le pourtour de de l'édifice, même les piliers, sont garnis d 'une me nuiserie en chêne. Au milieu du chœur, on lit sur une pierre longue et étroite: Odo de Buciaco suessionnensis curatus de Louantio mcccxxii. L 'abbé Lebeuf donne cette inscrip tion plus complète, avec la date 1341. Aurait -elle été renouvelée et mal copiée? Nous ne le pensons pas. Là encore, avant le renouvellement du pavé, se trouvait une pierre tombale sur laquelle on lisait: « Cy gissent Guillaume de Baillon , écuyer, seigneur et chastelain de Louans, y demeurant, qui décéda le 1er janvier 1591; et damoiselle Charlotte Briçonnet, sa femme, qui décéda le 9 mars 1610. » À droite, en entrant dans l'église , est attaché à la paroi un marbre sur lequel est gravé ce qui suit: « Cy gist haute et puissante dame Marie Catherine Boucherat, veuve de haut et puissant seigneur messire Antoine de Barillon , chevalier , seigneur de Mo rangis , Montigny, etc., etc. , conseiller du roi en ses con seils, maître des requêtes ordinaires de son hôtel , décédée au château de Morangis le 15 mars 1733. » Cette dame était âgée de soixante -neuf ans. Elle eut pour premier mari HENRI DE NESMOND, intendantde la généralité de Limoges; et pour père le CHANCELIER BOUCHERAT,mort en 1699 , à quatre- vingt-trois ans. Ce monument est timbré des armes de Barillon: de gueules, à trois ba rillets d 'or, couchés; cerclés de sable , 2 et 1. Et de MORANGIS. 223 Boucherat: un coq sur champ d'azur. Un second marbre placé parallèlement, à la gauche de la porte d 'entrée , porte aussi une inscription; elle nous apprend que messire JEAN -MASSON DE GAUDEDRY, seigneur, COMTE DE MORANGIS , est mort dans le château de cette sei gneurie le 26 octobre 1767 dans sa soixante - dix -neu vième année; et sa fille , MARIE -ESPÉRANCE MASSON DE GAUDEDRY , le 2 septembre 1761 dans sa vingt-deuxième année. M. de Gaudedry aida et favorisa les écoles et fonda un bureau de charité dont il fit les fonds. Cet autre monument est également timbré des armes du défunt. Dès l'an 1346, deux chapellenies furent fondées dans le château des fossés de Louans; l'abbé Lebeuf, à qui nous empruntons le fait, ne s'explique pas davantage. Il nous apprend seulement que Yvon, seigneur de Ga rancières (nom bien connu à Massy) et de Maule , en a été le fondateur. L 'une était sous le vocable de la sainte Vierge; l'autre, sous celui de saint Eutrope, évêque de Saintes. Il ajoute: Ce seigneur les dota si richement que les titulaires étaient tenus de rendre chaque année une certaine quantité de blé à l' évêque de Paris. Ce prélat avait la nomination à la cure. L 'un de ces bénéfices était desservi par un des religieux de l'Hôtel -Dieu de Paris. Louanseut des seigneurs dès le treizième siècle; ils en portèrent le nom. GAUTHIER DE LOUANS, chevalier, vivait en 1230. PIERRE DE MEUDON , chevalier, y eut des mouvances vers le même temps. En 1270 , on trouve AVELINE DE LOUANS, prieure de la Saussaye, commu 224 CORBEIL ET SES CANTONS. nauté de filles , voisine de Villejuif. RENAUD ou RE GNAULT DE LOUANS, dominicain , s'est distingué dans la culture de la poésie. Il a traduit l'ouvrage de Boëce: De la consolation de la philosophie , vers 1390. MARGUE RITE DE LOUANS épousa , sur la fin du quatorzième siècle , PIERRE DE DORMANS, d 'une famille illustre. YVON DE GARANCIÈRES, que nous avonsmentionné, doit peut- être aussi prendre rang dans cette liste. Au quin zième siècle , la famille POIGNANT, fixée à Athis , posséda celte terre par alliance. MARIE POIGNANT, fille d 'un conseiller au Parlement, la porta en dot, en 1460, à ADAM BOUCHER , secrétaire du roi. RAYMOND, leur fils aîné, en jouit après eux. Il est mort au château de Louans le 3 décembre 1537 et a été inhumé dans l'é glise du couvent des Célestins de Paris. Philippe Bou CHER, son frère et légataire , lui succéda. JEAN, de ce nom , vendit cette terre en 1566 à JEAN LE CHARRON, ancien prévôt des marchands et conseiller à la cour des aides. Il obtint son érection en châtellenie au mois de novembre 1574; elle fut alors déclarée n 'être su jette en rien à celle deMontlhéry. GUILLAUME BARILLON l'acquit des héritiersde ce der nier. Il était d'une famille originaire d'Auvergne, con sidérable dès le temps de Louis XI. Le CHANCELIER DU PRAT, né dans la même province, ne dédaigna pas son alliance. On vient de lire son épitaphe et celle de sa femme, qui lui survécut jusqu 'en 1610. ANTOINE, leur fils , jouit ensuite de cette châtellenie. Le recueil des épitaphes des églises de Paris, le dit mort en cette ville le 4 avril 1672, et inhumé à Sainte- Croix de la I. MORANGIS. 225 Bretonnerie. Le Mercure galant en parle à cette date , et le dit homme d'esprit et de bien. Il laissa un fils , appelé aussi ANTOINE. Il a été conseiller d'Etat, direc teur des finances et successivement intendant à Metz , Alençon , Caen et Orléans. Il est mort à Pignerol le 18 mai 1686 , après y avoir subi un long emprisonnement pour la cause de la reine Anne d'Autriche, et s'être mêlé aux parlementaires dont la résistance fut la cause ou le prétexte de la Fronde. Il y a succombé au cha grin d'un traitement si dur et si inattendu, surtout de la part de la reine qu'il avait servie et de Mazarin qui , continuant le despotisme de Richelieu, n'en avait pas la cruauté. Antoine de Barillon ne laissa pas de posté rité de son mariage avec PHILIBERTE D'AMONCOURT, fille du seigneur de Morsang -sur -Orge. Il donna ses biens à JEAN -JACQUES DE BARILLON , son petit- neveu , seigneur de Montigny-sur-Aube, à la charge de prendre le nom et les armes d’AMONCOURT: Écartelé aux 1 et 4 d'azur , au chevron d'or , accompagné de deux coquilles en chef et d'une rose en pointe de même; aux 2 et 3 de gueules , au sautoir d'or. Le président de Barillon épousa JEANNE Fayet , fille d'un magistrat non moins recommandable. Elle lui donna HENRI DE BARILLON , né le 4 mars 1639 , qui embrassa l’état ecclésiastique et devint évêque de Luçon; il est mort à Paris le 7 mai 1699. Il eut deux seurs , dont nous parlerons bientôt. C'est en faveur de Jean -Jacques de Barillon que la terre de Louans fut érigée en comté sous le nom de Morangis. Ce magistrat avait un zèle particulier pour les missions chez les infi dèles; il envoyait tous les ans une somme considérable 15 226 CORBEIL ET SES CANTONS. à la Propagande, et laissa même un fonds pour per pétuer son offrande. Il avait une belle et nombreuse bibliothèque dont la plupart des livres avaient été re liés par le Gascon , fort en réputation. Il en passe de temps à autre dans les ventes; ils sont toujours recon naissables aux armes de cette maison appliquées sur les plats. Ce magistrat est mort le 29 mai 1741. ANNE- FRANÇOISE DE BARILLON , veuve de Cléradius de Choiseul, MARQUIS DE BEAUPRÉ (1) , et LOUISE - MARIE GABRIELLE DE GOURGUE, épouse de Louis- FRANÇOIS DE SAINT-SIMON , MARQUIS DE SANDRICOURT, comme repré sentant GABRIELLE - ÉLISABETH DE BARILLON, sa mère , première femme de JEAN -FRANÇOIS DE GOURGUE (2 ), héritières de Jean -Jacques de Barillon , leur père et aïeul, vendirent le comté de Morangis à JEAN -MASSON DE GRANDEDRY, qui en prit le titre. Il y est mort en 1767. M. FOULON D 'ÉCOTAIS , l'une des premières vic times de nos troubles civils, en fit l'acquisition et en rebâtit le château; il fit ouvrir dans l'axe une avenue d 'une lieue de longueur, qui finit au grand chemin de Paris à Fontainebleau. L 'architecture du château est simple et de bon goût. Une grille à grandes proportions ferme la cour spacieuse qui le précède. Voici comment M. Poujoulat rend compte de la fin P (1) Deux fils sont nés de cette union: tous deux ont été d'Église. Ils sontmorts: l'un, archevêque de Besançon; l'autre , évêque de Chalons- sur-Marne. (2 ) Cette dame est morte en couches , à vingt- un ans, le 15 avril 1700. La seconde épouse du comte de Gourgue a été N. Lemarchant de Bardonville , mère de madame la comtesse de Bullion , dernière ment décédée (Voy. Grigny). MORANGIS. 227 tragique de M. Foulon dans son Histoire de la révolu tion française (t. ler, chap. II , p. 123 ): « Ceux qui, le 14 juillet 1789, au mépris d 'une capitulation , ensan glantèrent lâchement le berceau de la révolution fran çaise , se trouvèrent tout prêts à frapper un vieillard de soixante-quatorze ans (il était né à Saumur en 1715). Foulon ne se fit point passer pour mort, commeon l'a tant de fois répété; la mort de son valet de chambre donna lieu à cette fable. Le 16 juillet, il prit un passe port à sa section , d 'après les instances de sa belle -fille , dont le mari était intendant du Bourbonnais. Le 17 au matin , elle le suppliait de fuir , et voulait l'emmener à Moulins. « Ma fille , lui dit - il, vous savez toutes les in famies répandues sur mon compte; si je pars, je sem blerai passer condamnation. Ma vie est pure, je veux qu 'elle soit examinée , je veux laisser à mes enfants un nom sans tache. » Foulon alla paisiblement à Versailles, d 'où il revint le 18 au soir. Le 19 au matin , il se rendit dans sa voiture à son château de Morangis, à quatre lieues de Paris. Le 22 au matin , revêtu de tous ses in signes, il se mit en route , à pied, pour aller joindre son ami, M. de Sartines, à Viry. M. de Sartines n ' y était pas; en attendant le retourde son ami, Foulon se promenait dans le jardin , lorsque des bandits , conduits par Rappe , syndic du village, vinrent le saisir. Foulon , qui ne cherchait pas à se cacher , avait laissé à Morangis l'ordre qu 'on lui envoyât ses lettres à Viry. Ces lettres , remises traitreusement à Rappe par un valet de M. de Sartines, avertirent de la présence de Foulon. « On avait prêté à Foulon ces mots odieux au sujet

Morangis. Il y a à Morangis une autre propriété d 'une certaine importance. M. CAILLOT, procureur au parlement de Paris , la possédait avant la révolution. Madamela MAR QUISE D 'HÉROUVILLE , morte récemment à Paris , l'a longtemps possédée; elle est à vendre. Une autre a été longtemps au MARQUIS DE SENEVOY, qui y est mort le 10 novembre 1819. Il était né à Dijon , le 17 août 1737. M. FRANÇOIS -MARIE MARQUIS DE SENEVOY était lieute nant général en retraite et grand cordon de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. (Armes: de gueules ,. à la bande d 'or, au chef cousu d 'azur.) Sa veuve en jouit jusqu'à son décès. Madame ADÉLAÏDE - THÈCLE JULIE MESNARD DU CHouzy est morte à Paris le 28 mars 1848 , à l'âge de quatre -vingt-trois ans. Elle a été in humée à Morangis. La marquise avait épousé en pre mières noces M. DE CHARNAILLES. Leur habitation de Morangis a élé acquise en 1850 , par les dames de la Congrégation de Sainte-Marie de Lorette , qui y ont établi une succursale; elles y ont un oratoire. La maison mère est à Paris; elle a été fondée par HENRI JOSEPH COMTE DE MALET, maréchal de camp, mort le 6 mai 1824. Son fils est mort dans les ordres en 1843. Rappelons, en terminant, que plusieurs communautés religieuses ont eu autrefois des biens à Morangis. C 'é MORANGIS. 231 tait l'Hôtel -Dieu de Paris, le prieuré de Longjumeau , l'abbaye de Sainte -Geneviève de Paris et le chapitre de Saint- Étienne. Les dames de Saint-Cyr y avaient aussi des droits. Dans l'ancien cimetière a été inhuméAUGUSTE -JULIEN POSTEL, ancien curé de Morangis, né au Petit-Hamel, le 26 janvier 1755, mort à Paris le 16 août 1833.

MORSANG-SUR-ORGE

On devrait écrire le nom de ce village Morcent, parce qu'il est l'abrégé de murocinctum , lieu fermé de murs. Chatillon a donné, dans le cours du dix - septième siècle , une vue de Morcent , il le représente encore fortifié. Nous ne savons d'où est venu l'usage qui a prévalu de l'écrire Morsang, commun à un autre village dans le canton de Corbeil; il s'éloigne pour l'un comme pour l'autre de la véritable étymologie. Il a fallu, pour les distinguer , ajouter à ce nom celui de la Seine qui baigne l'un et celui de l'Orge qui décrit ses méandres sur le territoire de l'autre, dans une vallée qui abonde en prairies. Les labours sont dans la plaine haute der rière le village. On compte à Morsang -sur -Orge 450 ha bitants. Il est posé sur le penchant d'un coteau à 7 ki lomètres sud-est de Longjumeau et à 12 de Corbeil , et n'est pas éloigné de la station de Savigny , la cinquième depuis Paris sur la ligne d'Orléans. Ce village n'était encore qu’un menil ou hameau , lorsque , vers l'an 980 , le roi Hugues -Capet en fit don à l'abbaye Saint-Magloire -lez - Paris , en même temps que du village de Sainte-Geneviève des Bois , dont le territoire confine celui-ci. L'ancien manoir de ces MORSANG - SUR -ORGE. 233 moines est encore en partie debout , mais l'enceinte fortifiée du village n'existe plus. Ce sont évidemment ces religieux qui , pour se mettre à l'abri des exactions des hommes de guerre et des seigneurs guerroyants, l'a vaient fait élever. Dans la même vallée , Savigny, Fleury, Sainte -Geneviève, avaient leurs châteaux féodaux for tifiés. C'étaient autant d'avant-postes de la forteresse de Montlhéry. L'abbé Lebeuf ( 1 ) semble insinuer qu’on a bien pu'au neuvième siècle apporter dans les murs de Morsang les restes de la patronne de Paris, pour donner le change aux pirates normands. De là peut-être aussi serait venue l'adoption du nom de la sainte pour le vil lage voisin. Dès le commencement du treizième siècle , on trouve une chapelle à Morsang. Elle était sous le patronage de Saint- Jean; l'historien précité ne dit pas si c'est l'apôtre ou le précurseur. Elle a été longtemps l'annexe de la paroisse Sainte-Geneviève'; Morsang avait néan moins son cimetière particulier. On érigea cet oratoire en cure en 1405. Il devint deux siècles plus tard trop exigu , on én doubla la construction en 1630. L'autel , élevé dans cette seconde partie, fut placé sous l’invo cation de Saint- Charles. Cet ensemble constitue l'église actuel. Il y a au maître-autel un tableau d'E. AMFRAY; c'est une copie de celui de MURILLO: la sainte Vierge tenant le divin enfant. Cette belle toile a été donnée par le gouvernement à la demande du docteur CHOMEL. Le tabernacle et le chandelier destiné à recevoir le in't ( 1 ) Histoire du diocèse de Paris, t. XII , p. 49. 234 CORBEIL ET SES CANTONS. cierge pascal, exécutés en bois , sont de belles sculp tures du dernier siècle quiméritent l'attention. Dans cette église reposent: JACQUES DE VASAN , d 'une ancienne maison originaire du Berri; il était conseiller au parlementde Paris et seigneur du lieu. Et CATHERINE LANGAULT, sa femme, fille d 'un gouverneur de Wassy en Champagne. Cette dame établit un chapelain dans la paroisse, il devait quotidiennement célébrer pour le repos de son âme et celle de son mari, et devait instruire les enfants du village. La rente affectée à cette fondation est encore reçue, mais on a changé sa desti nation. Nommons encore messire ANTOINE GANDILLON , curé de la paroisse, né dans le diocèse de Saint- Flour, mort à soixante- dix - neuf ans, le 30 avril 1790. Après la conclusion du concordat, M. PAUL CHAU CHET, récemment revenu de l'émigration, fut appelé à desservir cette paroisse. Il passa en 1816 à celle de Corbeil, et en était titulaire lors de son décès. Il est mort à Bricquenay (Ardennes), lieu de sa naissance , le 4 juin 1832 , dans sa soixante- quatrième année. Il eut pour successeur à Morsang M. l'abbé LEBORGNE , à qui la paroisse doit le don de la maison presbytérale. Il y est mort le 30 avril 1838. Nous avons vu l'abbaye Saint-Magloire de Paris en possession de la seigneurie du lieu. Elle l'aliéna durant l'occupation anglaise dans le cours du quatorzième siècle. Colin BRUNEAU se trouve inscrit en qualité de seigneur de Morsang sur la liste des seigneurs de la châtellenie de Montlhéry, qui contribuèrent à payer la rançon du roi Jean. Puis, après une lacune marquée, MORSANG -SUR-ORGE. 235 vient JACQUES DE VAšan , maitre d 'hôtel ordinaire du roi, aïeul de celui dont nous venons d 'indiquer la sé pulture. Il fut marié deux fois , MADELEINE BAILLY , sa première femme, lui donna CHARLES DE VASAN , mort président en la chambre des comptes; et MAGDELEINE , qui épousa HENRI DE BULLION , chevalier , marquis de Courcy, comte de Fontenay, conseiller en la grande chambre. Cette dame est morte en 1709. Sa seconde épouse , GENEVIÈVE-CÉLINE MARSOLLIER, lui survécut. Elle est morte à Paris le 19 mai 1752, à l'âge de quatre vingt- dix -sept ans, et a été inhumée à Saint-Paul. Charles de Vasan , seigneur de Morsang, à la mort de son père, eut huit enfants de son mariage avec MARIE MONET DE LA SALLE. JACQUES, l'un d 'eux, eut en par tage la seigneurie deMorsang, où il est mort vers la fin du dix- septième siècle. Elle fut alors acquise par PIERRE DUREY D 'AMONCOURT,marié avec FRANÇOISE DE LA MARC QUE , dont il eut JOSEPH -MARIE - ANNE le 13 août 1717. Ce dernier porta le nom de MORSANG. Il eut pour épouse ANNE -FRANÇOISE -GENEVIÈVE D 'ALBIGNAC DE CASTELNAU. Sa seur, LOUISE -BERNARDE , née en 1720 , épousa en 1736 LOUIS -JEAN BERTIER , fils d'un président au parle ment de Paris, à qui elle porta la terre de Morsang en dot. De leurmariage est né, en 1738 , le malheureux in tendantde Paris, Louis -BÉNIGNE -FRANÇOIS BERTIER ,ma rié en 1764 à Marie Foulon. Lorsque leurs enfants pu rent rentrer dans unepartie des biens de leur père, cette terre échut à ANNE-FERDINAND -LOUIS DE BERTIER , son fils puiné. Il s'y fixa au retour de l'émigration. Le comte de Bertier reçut à la Restauration les croix de Saint 236 CORBEIL ET SES CANTONS: Louis et de la Légion d'honneur, et pendant cette pé riode, fut préfet, député , directeur général des eaux et forêts, etministre d 'État. Les événements de 1830 le confinèrent dans sa terre de Morsang, où il vécut jus qu'en 1847. (Armes: d 'or, à un taureau cabré , de gueules, chargé de cinq étoiles d'argent rangées en bande, au chef). M. le comte Bertier s'est marié trois fois: 1° avec dameMARIE -LOUISE- FRANÇOISE DE PAULE AGLAÉ- THAIS LEFÈVRE D 'ORMESSON , née à Paris le 19 août 1789, morte au château de Morsang le 19 octobre 1805; 2° dame AMÉLIE -ANGÉLIQUE -MARIE -ANNE DE BASCHI; 3° et dame MARIE -LOUISE -PAULINE DE RIÊN COURT. Du second lit sont nés madame REVIERS DE MAUNY et deux fils, MARIE - JOSEPH -ALPHONSE et VICTOR , le 27 mai 1821. Ce dernier est né à Morsang. Du troi sième lit est aussi né au château deMorsang, le 16 août 1841, MARIE - DIEUDONNÉ - PAUL - EMMANUEL - BÉNIGNE Louis. Il est mort à Auteuil , où il étudiait, le 27 no vembre 1857, et a été inhuméà Morsang. M. le comte de Bertier, atteint de cécité , vit retiré à Versailles. M. le docteur CHOMEL, né en quelque sorte parmi nous (V. Savigny) , acheta le château de Morsang en 1847. Il y est mort le 9 avril 1858 , et a été inhumé au Père-Lachaise. AUGUSTE -FRANÇOIS CHOMEL était né à Paris le 13 avril 1788. La science médicale a perdu en lui un de ses praticiens les plus distingués. Ses leçons ont été publiées en 1836 (3 volumes in -89). Il eut trois filles, deux moururent avant lui; la troisième le suivit de près dans la tombe. Elle était mariée avec le fils du général Paixhåns, inventeur du' canon auquel il a . MORSANG -SUR -ORGE. 237 légué son nom. Le château de Morsang est maintenant la propriété du docteur RICORD, ancien chirurgien en chef de l'hôpital du Midi. Il a décoré les allées du parc des bustes de toutes les célébrités de l'art médical. Né à Baltimore , de parents français , le 10 décembre 1800 , il est venu en France à vingt ans, et six ans après, il prenait le grade de docteur. Il est officier de la Légion d 'honneur, grade qu 'avait aussi dans cet ordre le doc teur Chomel. Le clos de la Guérinière, indiqué sur la carte de l'ar rondissementde Corbeil, dressée par Donnet, fait partie du territoire de cette commune. Il a appartenu, à la fin du dernier siècle , au baron DE SURBECK. On le morcelle et on y bâtit des maisons de campagne , qui formeront un hameau auquel le nom de la Guérinière restera. Saint- Germain est indiqué sur la même carte. Peut être la célèbre abbaye de Paris de ce nom le lui a -t- elle légué. Elle eut jadis tant de possessions dans nos can tons! La famille DE BERTIER et celle DE BASSOMPIERRE ( V. Villemoisson ) ont plusieurs de leurs membres in humés dans le cimetière de Morsang, où nous avons aussi remarqué la sépulture de M. FÉRY, né à Arcy le -Bas (Moselle), le 28 octobre 1778, mort à Morsang le 7 juillet 1844. Il a été successivement chef de division à la préfecture de Luxembourg , puis les événements de 1814 l'ayant ramené à Paris, secrétaire général de l'administration des cultes, chef de bureau de la grande aumônerie , et eut enfin un emploi supérieur au minis tère des cultes de 1824 à 1830. M. Féry sut se concilier 238 CORBEIL ET SES CANTONS. partout l'estime et l'affection de ceux qui eurent des rapports avec lui. Ces sentiments le suivirent dans sa retraite , où il demeura en correspondance d'amitié avec plusieurs prélats. Sa femme, son fils , reposent près de lui. À Morsang est mort, le 18 septembre 1858 , M. FRANÇOIS-JULIEN POIRIER DE SAINT-BRICE , né à Ver sailles , le 2 juillet 1787 , membre de l'Académie des sciences de Valenciennes, ingénieur en chef des mines , en retraite , chevalier de la Légion d'honneur. Il a été inhumé au cimetière du Père -Lachaise.

PARAY

Ce village , dont on soupçonne à peine l'existence , a encore son noyau dans la vaste plaine de Longboyau. Il est encore plus difficile de trouver d'où son nom a été tiré. Suivant le savant abbé Lebeuf ( 1 ) , on trouve dans la langue des Lombards, peuples voisins des Gaules , les mots Paradum et Paradegium. Ils signi fiaient Feudum nobile. Or, cette terre fut très - ancien nement donnée à l'abbaye Saint-Germain des Prés de Paris , sans doute avec l'intention marquée qu'elle fournirait le pain nécessaire à la nourriture de la com munauté. Ces religieux durent y envoyer, dans le but de la cultiver , une colonie de Serfs , appelée commu nément alors gens de parée. Il faut certainement s'ar rêter à cette étymologie (2 ). THOMAS DE MAULÉON, 57e abbé de Saint-Germain des Prés , assigna la fondation de son obit sur cette terre en 1255. Dès l'an 1248 , le Gallia Christiana dit 1250 , cet abbé avait affranchi Paray du servage (ceux ( 1 ) Histoire du diocèse de Paris, t. X, p. 85. (2) Une carte agricole , géologique , parcellaire , statistique des communes de Wissous et Paray, a été dressée en 1850, par les ingé nieurs du cadastre, J. B. Richard et L. Richard de Jouvance. 240 CORBEIL ET SES CANTONS. de Choisy et de Grignon le furent par le même acte ), sous la condition du tribut exigé des habitants. C'est un sublime effort de raison et de philosophie pour le temps où il vivait. Au nom de Paray , on trouve parfois ajouté celui de Donaville. Il a sans doute été celui d'un seigneur laïque de la terre , après l'aliénation qu'en fit la célèbre ab baye. Ce village est à 6 kilomètres nord-est de Long jumeau et 20 de Corbeil. Il est le moins populeux de l'arrondissement et ne se compose plus que d'écarts. Là posait le village, existent deux maisons , l'une et l'autre habitées par des équarrisseurs. L'église a été détruite en 1815. Elle était dédiée à saint Vincent , martyr d'Espagne. Le choix du patron ne peut paraître extraordinaire à qui sait que le culte de ce saint était particulier au monastère de Paris. C'était un édifice du treizième siècle , bâti peut-être par l'abbé de Mauléon qui fit tant pour Paray? La cérémonie de sa dédicace avait seulement été accomplie le 13 août 1541 , par l'évêque de Sébastianople in partibus. L'autel majeur, en marbre, est celui actuel de l'église d'Épinay-sur Orge; nous ne savons à quel titre. La grille du chour, la garniture de l'autel , la lampe , le pupitre et une cloche sont devenus le partage de l'église de Morangis. Nous devons dire que les initiales de saint Benoit et de saint Vincent ornent la serrurerie du pupitre. Ces bienheureux ne sont pas encore oubliés dans l'église aujourd'hui paroissiale de Saint- Germain des Prés. La nef de l'église de Paray était ornée d'un bas- relief en marbre blanc, représentant la naissance du Sauveur. . L'ARAY. 201 On ignore ce qu'il est devenu. L'abbaye Saint-Germain nommait à la cure; lors du rétablissement du culte , Paray, alors annexé à la paroisse de Morangis, y est de puis demeuré. Le comte de Dreux , seigneur de Chilly , céda en l'an 1200 la voirie de Paray à l'abbaye Saint-Germain des Prés. Jean , comte de Mâcon , et Alix , sa femme, cédèrent à cette communauté , aussi en leur qualité de seigneurs de Chilly, les droits qu'ils conservaient sur cette terre. Ils reçurent en échange une maison située à Paris, rue Saint-André des Arcs. C'est apparemment de l'hôtel que ce seigneur eut depuis en ce quartier que fut formé le nom de la rue Mâcon. Dans la liste qui fut dressée des seigneurs de la Châtellenie de Montlhéry, devant contribuer à la rançon du roi Jean , on trouve P. Bernant pour Paray. Il ne devait y pos séder qu'un fief relevant de l'abbaye. Il est certain que cette communauté aliéna tout ou partie du temporel de cette terre en différents temps. À la fin du dix -hui tième siècle , elle appartenait au maréchal de Vaux. NOEL JOURDA , comte de Vaux, né au château de Vaux en 1705 , était baron de Roche et des États du Velay , seigneur d'Astias , d’Yrouen et Saintes - Vertus, au duché de Bourgogne, etc. ( Armes: d'azur, à la bande d'or , chargée de deux étoiles du champ. L'un timbré d'une couronne de vicomte ( 1 ). On dul au maréchal la conquête de la Corse , en 1769. Les preuves de talent et de courage qu'il avait données pendant plus de ( 1 ) Saint -Allais, Nobilinire universel, t. IV, p. 63. 16 242 CORBEIL ET SES CANTONS. soixante années lui méritèrent cette dignité le 14 juin 1783. Il était commandeur de l'ordre du Saint-Esprit depuis 1764. Il est mort à Grenoble , où il avait été en voyé pour étouffer les premières étincelles de la Révo lution , le 14 septembre 1788. Le maréchal laissa deux filles: la MARQUISE DE VAUXBOREL et la MARQUISE DE MORÉ PONT-GIBAUD. La première a laissé de tristes souvenirs. Une de ses belles actions a été de rapporter à Paray le cæur de son père et de le déposer sous un cippe au milieu de la plaine, non loin du grand chemin de Fontaine bleau. C'est une imitation des usages des anciens , qui plaçaient ainsi leurs tombeaux près des grands che mins. Le maréchal de Vaux donna pendant le cours de sa vie l'exemple de toutes les vertus militaires et so ciales , parmi lesquelles il portait au plus haut degré la probité et le désintéressement. Madame de Vauxborel eut en partage la terre de Paray; elle la conserva jusqu'à sa mort , arrivée à Paris en 1832. Elle institua son lé gataire universel l'abbé Decory et demanda d’être in humée là où reposait le cœur de son père. Son légataire et héritier exécuta cette condition et fit préparer sa sé pulture au même endroit. L'ancien curé d'Iroy (Côte d'Or ) , né en Corse , est mort à quarante-quatre ans à Paris , en 1837; ses restes ont été apportés dans le lieu préparé. Deux neveux , ses héritiers , ont disputé au curé de Morangis la rente affectée à l'obligation an nuelle de messes et à l'entretien du monument. Les tribunaux ont décidé en sa faveur. À la suite de ce procès, dont la durée fut de plusieurs années , le petit cimetière a été clos de murs. * PARAY. 243 Les terres du domaine principal ont été aliénées. La destruction de l'église est venue avant celle de l'ancienne ferme seigneuriale. En 1789 , les rôles de taille , outre le seigneur, nous font connaitre parmi les principaux habitants du lieu: M. LE BOURLIER , secrétaire du roi; les communautés religieuses de Sainte-Geneviève et de Saint- Germain des Prés, et le collége de Montaigu. Les écarts de cette commune sans noyau sont la Vieille - Poste, hameau bordé par le grand chemin de Fontainebleau, dont il occupe le côté droit , et la ferme de Contain ou Contin , anciennement annexe de Mo rangis. Dès l'an 1230 , on trouve cette métairie la pro priété de l'abbaye Sainte - Geneviève- lez - Paris. Cette communauté en resta en possession jusqu'à la fin du dix -huitième siècle. Elle a été bâtie sur le fief d'un che. valier, appelé Pierre de Meudon. Dans ce même trei zième siècle , en 1250 , cette abbaye passait une rede vance pour sa terre de Marlerüs, voisine de Contin , à Philippe de Chailly (c'est Chilly). Le 11 avril 1697 , le cardinal de Noailles , archevêque de Paris , permit de construire une chapelle domestique à Contin. De nos jours, cette ferme a été possédée par M. BÉRARD , député de l'arrondissement de Corbeil , de 1827 à 1833 , direc teur général des ponts et chaussées après 1830 , grand officier de la Légion d'honneur, né à Paris , le 3 juin 1783 , mort à la Membrolle , près Tours , le 27 janvier 1859. Quelques travaux bibliographiques et littéraires ont oc cupé ses loisirs. Il a écrit: Souvenirs historiques sur la Révolution de 1830 , Paris , 1834 , un vol. in-8°. 7

PLESSIS - PATÉ ( LE)

Le nom de ce village est commun à beaucoup de lo calités. Il vient du latin Plectere, et signifie ployer , enlacer. On en a formé, en terme de basse latinité , le mot Plesseium , qu'on traduit en vieux français par Plessis. Ce fut originairement, ajoute M. l'abbé Le beuf ( 1 ) , un de ces clos cultivés qu'on fermait de bran chages d'arbres pliés en forme de claies , pour empê cher les bêtes fauves d'y causer du dégât. Dans la suite , on y a construit quelques maisons; la première a pris le nom du possesseur du sol , d'où le Plessis- Pâté. Cette famille est fort ancienne dans le pays , son nom figure sur la liste des chevaliers de la Châtellenie de Corbeil dès le treizième siècle. Il y a apparence que le fondateur de ce village a été Jean Pasté , fils d'un mare chal de France; célèbre lui-mêmedans les fastes ecclé siastiques. Il a été archidiacre de Thiérarche au diocèse de Laon , et doyen à Chartres, ville où il avait été élevé. L'historien de cette cité nous apprend ( 2) qu'il fut élu à l'évêché d'Arras , puis au siége de Chartres en 1328; il en prit possession l'année suivante. Doyen márque le 2 ( 1 ) Histoire du diocèse de Paris, t. XII , p. 3. (2) Doyen, t. II , p. 341. . LE PLESSIS -PATÉ. 245 décès de ce prélat au mois de mars 1332, le P. ANSEL ME , en 1331 (1). Il a été inhumédans l'église de Saint Jean en Vallée: ce qui fortifie l'opinion que nous venons d 'émettre, c'est qu ' il obtint du roi Philippe le Long, au mois d 'octobre 1317, la concession de la haute justice du lieu et des hameaux de Liers, Charcoix et Bressonvilliers qui avoisinent le Plessis; en consi dération de l'attachement et de la fidélité que sa famille avait eus envers Louis X et Philippe V , son frère. Les fiefs de la motte de Montlhéry, de la motte de Mon ju meau , attenant le parc de Sainte -Geneviève; de Char mes, enclavé dansle parc deBretigny; des Fontaines, etc., y étaient compris. Le Plessis est posé dans une plaine découverte. Il n'est pas fort éloigné de la stạtion de Bretigny, village traversé par la voie de fer d 'Orléans. Le recensementde la population opéré en 1861 donne au Plessis 234 ha bitants y compris ceux des hameaux ses annexes. Il n 'y a pas progression. La distance de Longjumeau est de 12 kilomètres sud - sud - est; on en compte 15 pour gagner Corbeil. Le Plessis est un démembrement de la paroisse de Bretigny. Il a été érigé en paroisse le 26 juillet 1657. Les seigneurs du lieu prétendaient aux mêmes droits sur l'un et l'autre village, et en cette qua lité jouissaient de tous les droits honorifiques dans l'é glise Saint-Pierre de Bretigny; entre autres ceux de banc et de sépulture dans la première place du chwur du côté de l'Évangile. Un procès les débouta de cette pré (1) Histoire des grands officiers dela couronne , 1. VI, p. 623. 216 CORBEIL ET SES CANTONS. tention; c'est ce qui détermina l'érection d'une cure au Plessis. L'arrêt rapporté par MARÉCHAL, en son Traité des Droits honorifiques, est du 18 janvier 1603. L'Église est sous le vocable de la Sainte- Vierge. C'est un monument de forme crucifère, sans bas-côté. La tour des cloches est au nord. On y lit le millésime 1661. Le cimetière est au midi. Cette cure était à la présenta tion du seigneur du lieu. Ce n'est plus qu'une annexe dont la desserte est confiée au curé de Bretigny. Les plus anciens seigneurs du Plessis qui nous soient connus remontent au xi1e siècle. Ils s'appelaient PASTÉ ou PATÉ. Cette terre relevait du roi , à cause de la tour de Montlhéry. Le Plessie appartenait, sous le règne de Philippe-Auguste , à GUILLAUME PATÉ. Il donna à l'ab baye d'Hièrre une dime: apud Meugniacum , dans le fief de GUILLAUME PANIER d’ORMOYE (de Ormeio), en 1218. THOMAS PASTÉ , qui vécut à la même époque, et paraît avoir possédé partie de la terre , ne relevait pas du roi. Quarante ans plus tard , on trouve GILLES PASTÉ à qui la justice du lieu fut adjugée. Il ne faut pas confondre ce personnage avec JEAN , mort évêque de Chartres à qui fut donnée la justice du lieu en propre. Comme lui , il entra dans les ordres. Il fut élu évêque d'Orléans en 1280; on marque son décès en 1288. L'abbé Lebeuf (t. X, p. 189) rapporte l'épitaphe d'un membre de cette même famille qui se lisait dans l'église de Saint-Médé ric de Linas dont il avait été dignitaire. Elle était ainsi conçue: Hic jacet Philippus Paté canonicus istius eccle siæ , quidecessit anno DominiM.CCC.LV. Le nom n'est pas orthographié de même. LE PLESSIS -PATÉ. 247 Rien, dit le savant précité ,ne justifiejusque-là la pos session de la terre du Plessis par cette famille. C 'est seulement à partir du xive siècle , que le doute n 'est plus possible en présence de l' acte du mois d 'Octobre 1317. Une dame, JEANNE PASTÉ, est qualifiée DAME DU PLESSIS. MARIE LA PATÉE , nièce de l'évêque de Char tres, prit aussi cette qualification dans les actes de 1399 et 1405. Puis bientôt cette seigneurie passa à la famille BLOSSET par acquisition. Cette famille occupa diverses charges à la cour. (Armes: écartelé 1 et 4 , paillé d ' or et d 'azur, de six pièces; au chef de gueules, chargé d 'une vivre ou fasce vivrée d 'argent; au 2 et 3 d'Estouteville.) JEAN de ce nom a été seigneur du Plessis sous le règne de Louis XI. Il futmarié deux fois , sa première femme mourut au Plessis , en odeur de sainteté , l'an 1587. On l'inhumadans le cheurde l'église Saint-Pierre de Bre tigny. Cent vingt- trois ans après son décès, une nou velle inhumation en cette église donna lieu à la décou verte du cercueil contenant les restes de cette dame. On en fit curieusement l'ouverture; son corps fut trou vé sans corruption. Les populations crièrent au miracle , et invoquèrent depuis celle qu 'elles appelaient bienheu reuse! Quinze jours durant, la foule assiégea le temple et vint prier près du cercueil resté ouvert. Le cardinal de Noailles, archevêque de Paris , informé de ce qui se passait, ordonna que le cercueil fût scellé de nouveau et déposé à la place qu'il occupait. On grava cette inscrip tion sur la pierre qui en marquait la place: Cy gist Anne de Berthevin , dame vertueuse de ce lieu , décédée l'an 1587, et trouvée entière et sans corruption le 30 avril 243 CORBEIL ET SES CANTONS. 1706. L'archevêque de Vintimille , son successeur, lors de sa première visite pastorale , se fit rendre compte des faits et ordonna la suppression de cette inscription. On vient encore aujourd'hui visiter ce tombeau marqué par un simple carreau. Là sont amenés les enfants dé licats que la tendresse des mères désire voir se fortifier. Leur piété ajoute à la prière un Évangile récité par le curé du lieu , dont l'étole reste alors étendue sur la tête des petits enfants. JEAN BLOSSET, mort aussi au Plessis Paté , le 26 novembre 1592 , a été également inhumé dans cette église. Son cœur a été porté chez les Corde Jiers de Paris. Ce seigneur a , dit-on , été l'un des plus af fidés et rudes exécuteurs des mesures politiques du roi Louis XI. Il laissa MARIE DE'RIANTS , ' sa seconde femme, et n'eut d'enfants ni de l’un ni de l'autre mariage. Il ne faut pas confondre ce personnage avec son homonyme de nom et de prénom , créé chevalier de l'ordre du Saint- Esprit le 31 décembre 1578 , et qui le prédécéda. Ils devaient être de la même famille. Nous en trouvons la preuve par ce qui advint à la mort du seigneur du Plessis - Paté. Ses héritiers ont été CLAUDE BLOSSET dame de Thorcy, et FRANÇOISE BLOSSét , épouse de Jean de Bricqueville, seigneur de Colombières ( 1 ). Ils cédè rent leurs droits à la première. Ces dames étaient filles du grand officier de la couronne. Claude épousa Louis DE MONTBRON, seigneur de Fontaine-Chalendray. En 1619 , cette terre fut vendue par leur petit- fils, du mê me nom, à M. GEOFFROY DE LAIGUE , conseiller d'État; ! ( 1 ) Cette dame a été mère de François d'Orléans, bâtard de Lon gueville , qui a été marquis de Rothelin. LE PLESSIS -PATÉ. 249 c'est pour lui qu 'elle fut érigée en Baronnie par décret du 26 juillet 1657. Ilyfut dit que cette terre relevait de celle de Sucy en Brie; ce décret obligeait les habitants de la paroisse , séparés de l'église mère de Bretigny, à y venir chaque année processionnellementen signe de re connaissance, le jour de Sainl- Pierre, pour assister à la messe du patron, et y acquitter aussi certains droits au profit du curé de la paroisse et de l'æuvre et fabri que. Les archives départementales sont en possession des titres qui se rattachent à cette érection. Le baron du Plessis -Paté fit rebâtir le château et dessiner le parc. Le célèbre Lenôtre fournit le dessin d'un labyrinthe qui en était le principal ornement. Après M.deLaigue, vinrent Jean LE PICART, qui était de robe; et FRANÇOIS D 'ARGOUGES, conseiller d ' État, chan celier de la reine Marie- Thérèse; puis premier prési dent du Parlement de Bretagne. Le Mercure, où nous trouvons l'annonce de son décès, le qualifie Baron des baronnies du Plessis -Paté , Montpipault, Fontaine et Bondouſle. Il est mort le 16 août 1695. ANNE DE HODIC , sa veuve, lui survécut jusqu' au 29 novembre 1705. La maison d 'Argouges tirait son nom d 'une terre voisine de Bayeux. Elle était connue dès le temps de Guillaume le Conquérant. Ses armesavaient pour cimier la Foi, re présentée sous la figure:l'une femme.nue, avec la devise ou cri de guerre: à la fé! « à la Foi! » Le peuple pro nonçait à la fée! ce qui a donné lieu à une de ces an ciennes histoires dont le moyen âge fut prodigue (1). (1) Pluquet, Contes populaires, traditions, usages de l'arrondissement de Buyeur. 250 CORBEIL ET SES CANTONS. NNE On mneze SUZANNE D 'ARGOUGES , marquise de Bournezeau , pe tite- fille de Jérôme d 'Argouges de Ranes, vendit la baronnie du Plessis -Paté , le 24 mai 1709, à CHARLES Louis KADOT, comte, puis marquis de Sebbeville. Il substitua son nom à celui des Paté; on ne dit plus par sa volonté, que le Plessis - Sebbeville. Cela n 'a pas duré au delà de sa mort, survenue dans le château du Ples sis , le 23 août 1728. Il a été inhumé dans l' église du lieu (Armes: de gueules, à trois roses d 'or, 2 et 1. Et en cæur, une hure de sanglier allumée, défendue d 'argent et couronnée d 'or). Sa famille était origi naire de Normandie, et alliée aux Gigault de Belle fonds et aux Davy. On sait qu'il était lieutenant général. L'abbé Lebeuf fournit deux dates en contradiction , celle de 1709, année de l'acquisition par ce seigneur; et celle de 1706 qu'il dit être l'année du décès de son épouse, arrivé au château du Plessis dans le courant de septembre. C 'est évidemment une erreur du prote. BENOITE BOURDIS lui survécut jusqu 'en 1736; elle a été inhumée près de lui; CHARLES-LOUIS -FRÉDÉRIC KA DOT, baron du Plessis-Sebbeville , leur fils, enseigne de la seconde compagnie des mousquetaires , brigadier des armées du roi, est mort à Paris le quatorze octobre 1734. Il avait épousé ÉLIZABETH - THÉRÈSE -MARGUERITE CHEVALIER, qui lui survécut. Le frère de cette dame, LOUIS -ANDRÉ CHEVALIER , a été prieur- commendataire de Longjumeau. Ils descendaient certainement des Chevalier dont nous avons parlé en traitant l' histoire du village de Grigny. Les deux sậurs de Charles-Louis LE PLESSIS-PATE. 251 Frédéric ont été la marquise de Mailly (1) et la com tesse de Gouffier. Il a laissé MARIE -BERNARDINE ,mariée à TIMOLÉON - ANTOINE - JOSEPH -LOUIS - ALEXANDRE , comte D 'ESPINAY- SAINT- Luc, morte le 21 juillet 1763, à l'âge de 30 ans, en donnant le jour à la dernière duchesse de Béthune- Sully (V. Draveil). La famille de Sebbeville est restée en possession de la terre du Plessis jusqu 'à la révolution. Elle y était représentée à cette époque par madame la COMTESSE D 'ESCLIGNAC. Le château a été détruit. Il reste l'enclos. Les écarts de cette commune sont Charcoix ou Char cois, hameau connu dès le douzième siècle. Et les Bor des - Hachets appelé aussi Piédefer. Cedernier nom est commun à plusieurs fiefs du voisinage. Celui- ci parait avoir été érigé pour ROBERT PIÉDEFER. C 'est peut- être pour éviter la confusion qu'on aura changé son nom. Il a été démembré de Bretigny en mêmetemps que le Plessis. Il y avait jadis un oratoire. Cette maison de plaisance appartenait en 1790 à M. DIGEON , ancien échevin de la ville de Paris. Elle est depuis longues années la propriété de la famille TREILHARD. Là est mort à 69 ans, le 3 août 1855 (et non à Paris , comme le dit M. Borel d 'Hauterive quimarque son décès le 20), M. le comte ACHILLE-LIBÉRAL TREILHARD , fils du fa meux jurisconsulte. Ses restes ont été inhumés dans le cimetière du Plessis. Dans ce même château est mort le 24 juillet 1858, à l'âge de 74 ans, Louis -CASIMIR ROUXEL DE LA ROUXILLIÈRE , chirurgien -major, en re (1) Françoise -Antoinette Kadot, épouse de Louis, marquis de Mailly, est morte à Chaillot, à l'âge de vingt-six ans, le 28 mai 1752. 252 CORBEIL ET SES CANTONS. traite, chevalier de la Légion d 'honneur. Il était né à Valognes. M. le comte ACHILLE TREILHARD , propriétaire actuel, a épousé en 1846 , demoiselle ESTELLE NITot ( V. Écharcon ).: Il nous reste à parler de la ferme des Capettes, lé guée en 1549 par CLAUDE LEFÈVRE, avocat au parle ment; au collège de Montaigu de Paris, à la charge d 'élever et instruire perpétuellement deux enfants du bourg d 'Aulnoy (Aunay -sous-Auñeau, près Chartres), où le testateur était né. Les moines de Longpont- sous Montlhéry jouissaient de dîmes au Plessis au lieu dit Cultura. Le prieuré de Sainte - Catherine de la Coul ture à Paris avait le droit de prendre annuellement sur la terre du Plessis un muid de blé. (Le P. Quesnel, histoire manuscrite de cette communauté , conservée à la bibliothèque Sainte -Geneviève.)

SAINTE-GENEVIÈVE DES BOIS

Dès le dixième siècle il y avait un hameau à l'endroit occupé par ce village; il était appelé d'un nom celtique et corrompu; Sicniä villare, pour Sequigni villare em prunté à la petite forêt qui l'enveloppe et l'abrite , par ticulièrement vers le nord. Les bois des Roches et de Longpont la joignent et en augmentent l'étendue. On croit qu 'ils ont pu influer à faire mettre le nom actuel au pluriel. Ceménil, ce territoire furent donnés par Hugues- Capet à l'abbaye Saint-Magloire- lez - Paris , en même temps que celui de Morcent ou Morsang. Une chapelle y existait dès lors; elle parait avoir été placée sous l'invocation de la patronne de Paris. Il n 'a fallu pour cela , dit l'abbé Lebeuf (1) , que la donation d 'une relique de SAINTE-GENEVIÈVE pendant le temps que les restes de la bienheureuse furent déposés à Athis , à Draveil, peut-être aussi dans la forteresse du voisinage qu'un titre du dixième siècle appelle MURCINCTUS, afin d 'ôter aux Normands la connaissance du lieu où ils étaient cachés. Dans la suite , le nom de la Sainte fut étendu au village , et le primitif futmis en oubli. Les (1) Histoire du diocèse de Paris , t. XII, p. 49. 254 CORBEIL ET SES CANTONS. malheurs des tempsobligèrentles moines de Saint-Ma gloire à aliéner le temporel de leur seigneurie à des laï ques, c'est ce que nous dirons. Plus tôt, c'est-à - dire dans le cours du douzième siècle, le territoire de Sainte-Ge neviève futdémembré de celui deMorcent, ou plutôt de celuide Villemoison dont l'église fut et était encorela pa roisse du canton; et on en forma une nouvelle paroisse. Ce village,où l'on compte 296 habitants, est posé à 10 kilomètres sud - sud -est de Longjumeau et à 15 de Corbeil. La route départementale de Versailles à Cor beil le traverse; sa distance de la voie ferrée de Paris à Orléans est de deux kilomètres. La station est à Saint Michel, 29 kilomètres séparent ce village de Paris. L ' église accuse le commencement du treizième siècle dans les deux travées du cheur, la tour est de la même date. Il y a un bas-côté au nord; au midi est l'ancienne chapelle seigneuriale; de ce même côté est la tour des cloches. Elle est solidement édifiée et se termine par une aiguille en pierre, genre de construction qu'on re trouve avec quelques variantes à Athis-Mons, Maisons Alfort, Sartrouville , Vitry-sur -Seine, etc. La nef est beaucoup plusmoderne. Les fenêtres de ce petit monu ment ont jadis été garnies de verrières de couleurs où étaient représentés les principaux traits de la vie de saint Vincent martyr d 'Espagne; nous ne nous expli quons pas le motif de cette préférence. La dédicace de cette église a été faite par M. DE NOAILLES, évêque de Cahors, le 30 juillet 1679. C 'est la seule année que le prélat occupa ce siége. Sa pré sence à Sainte -Geneviève s'explique: son père était ILLI SAINTE -GENEVIÈVE DES BOIS. 255 seigneur du lieu. L 'année suivante, il fut transféré à Châlons- sur-Marne, et depuis à l'archevêché de Paris. On sait qu 'il est parvenu à la pourpre:née le 27 mai 1651 au château de Tessières près d 'Aurillac, l'Émi nence est morte à Paris , le 4 mai 1729. Tant qu 'il vécut, le souvenir de sainte Geneviève lui fut cher. Tant de souvenirs s'y pressaient pour lui! Cette église , comme celle de Nanterre, est encore le but d 'un pèlerinage en l'honneur de la patronne de Paris. On y vient dans les calamités publiques, et pour obtenir des guérisons. Une confrérie a été autorisée en 1671; GUILLAUME DE HARLAY, alors archevêque de Paris , présida à son installation. Il y a dans le village une fontaine dont les eaux sont réputées miraculeuses avec l'invocation de la sainte bergère. Les offrandes re çues à l' église étaient plus particulièrement de grosses souches de cire qui brûlaient le jour et la nuit. C 'est un reste de l'ancienne piété des fidèles. Lorsque les moines aliénèrent le temporel du vil lage, ils se réservèrent la présentation à la cure. Lors de la réunion de la manse abbatiale de saint Magloire à l'archevêché de Paris, ce droit fut dévolu au métropo litain; il avait celuide confirmation. Sur la fin 'du dernier siècle , l'architecte CELLERIER fut chargé de jeter les fondements d 'une nouvelle église , non loin de celle -ci, en regard avec la route qui conduit à Saint-Michel. Il adopta les plans dressés par SOUFFLOT pour celle de Paris, sur une échelle réduite. Déjà les fondations, même plusieurs assises dessinaient le plan du monument quand les événements de 1789 vinrent 256 CORBEIL ET SES CANTONS. en suspendre les travaux. Ils furent seulement repris en 1812 , les calamités de l'invasion vinrent de nouveau les interrompre. Ils ne devaient plus être repris! À quel ques années de là , l'ouvre ébauchée fut entièrement détruite et ses matériaux employés à la construction des moulins de Savigny. Le Mercure de France de 1737 renferme un Mé moire anonyme sur la seigneurie de Sainte- Geneviève des Bois. Il est de M. Boucher d'Argis père, célèbre avocat au parlement. Ce précieux document contient une description de l'ancien château, Quvre toute féo dale. C'est cette grosse tour cylindrique encore debout , entourée des communs. Au pied s'ouvre une douve , qui reçoit les eaux pluviales. Ce donjon est couronné par un toit conique plus moderne, terminé par un lanternon d'où la vue est des plus étendues sur Paris et ses envi rons. Ces additions donnent au monument la forme d'un colombier. Il sert à cet usage. Les étages étaient desservis par deux escaliers renfermés dans des tourel les qui sont adhérentes à la tour principale. Le rez -de chaussée était occupé par la prison; l'étage immédiat, par l'oratoire. Ce sont les seules parties qui soient en core voûtées. Au centre de cet étrange manoir s'élevait un vaste corps de cheminée disposé pour chauffer à la fois les quatre chambres établies à chaque étage. Il a été détruit et remplacé par une colonne qui prend de fond, et porte la charpente des planchers. L'aspect exté rieur de ce donjon porte le cachet du XIVe siècle. On n'a pas employé la sculpture à sa décoration. Un mur de circonvallation s'élevait au delà de la douve. Il était 1 SAINTE-GENEVIÈVE DES BOIS. 257 fort épais et terrassé. Il avait les angles garnis d'échau guettes destinées à loger le guetteur dans les temps de troubles, et durant les escarmouches de seigneurs à seigneurs alors si guerroyants. Des lettres du roi Philippe le Bel du mois d'avril 1304, sur le fait de la guerre, qualifient JEAN DE BEL MONT seigneur de Sainte -Geneviève. Il pourrait bien avoir bâti ce manoir. Toutefois il était en possession de la haute, moyenne et basse justice du lieu. Il y a en suite une grande lacune dans la connaissance des pos sesseurs de cette terre. Il faut arriver jusqu'au com mencement du dix -septième siècle , pour en suivre la chronologie non interrompue. Alors , elle était unie à la seigneurie de Villemoisson possédée par FRANÇOIS JÉROME TAMBONNEAU , reçu, en 1636 , conseiller-clerc au parlement de Paris , mort étant de la grande chambre en décembre 1673. Il avait épousé Marie BOUHYER, fille d 'ANTOINE BOUHYER , sieur de Sainte -Geneviève et de Villemoisson , et de CATHERINE DU PRÉ-Costigny dont il a laissé deux fils (MercureGalant, juin 1683, p. 66 ). Le président Tambonneau fut l'un des amis de mada me DE MOTTEVILLE. Tallemant des Réaux parle beau coup des époux Tambonneau dans ses Historiettes, où il leur consacre son cccxxiechapitre (V. tome IX ). JEAN DE LA Fosse, trésorier de France, posséda ensuite ces deux seigneuries. Il a été inhumé, ainsi que LOUISE Rochon , sa femme, dans l' église des Minimes de la place Royale, à Paris (1 ). (1) Recueilmanuscrit des épitaphes des églises de Paris, conservé à la bibliothèque de la ville; 1722 , 3 vol. in -folio. 17 258 CORBEIL ET SES CANTONS. ANTOINE BOYER , conseiller au parlement de Paris , aussi seigneur des deux terres , vint immédiatement. Il jeta les fondements d'un nouveau château et put l'ha biter. Son buste décorait le dessus de la porte du vesti bule. On peut se faire une idée de l'importance de ce manoir par l'examen du périmètre qu'il occupait. C 'é tait une œuvre de pierres et de briques, suivant la mode du temps. La chapelle occupait un appendice; sa construction était antérieure à celle du château. Disons tout de suite que 150 livres de rente étaient affectées à la nourriture et à l'entretien du chapelain. L 'avant cour, le parterre , le château étaient enfermés dans des fossés secs revêtus d 'une maçonnerie couronnée par une balustrade à jour. Par delà le château s'éle vait un portique dont les pilastres étaient décorés de naïades penchées sur des urnes dont ellesversaientl'eau. On attribuait ces sculptures au ciseau du célèbre JEAN Goujon, mort depuis longtemps déjà! On sait qu'il fut tué d 'un coup d 'arquebuse à la Saint- Barthélemy. Antoine Boyer épousa FRANÇOISE DE VIGNACOURT, nièce et petite -nièce de deux fameux grandsmaîtres de l'ordre de Malte. Il en eut une fille unique, LOUISE , qui épousa en 1645 , Anne alors MARQUIS , depuis DUC DE NOAILLES, seigneur de Sainte -Geneviève à la faveur de ce mariage. Il eut l'honneur de recevoir le roi Louis XIII dans son château en 1627. Le prince y ressentit les premières atteintes de la fièvre qui le retintimmédiate ment deux mois au château de Villeroy (V. Mennecy), chez un autre favori. Le monarque revint depuis à Sainte - Geneviève; l' Itinéraire des rois de France y SAINTE-GENEVIEVE DES BOIS. 259 marque son séjour les 5 octobre 1634 , 19 octobre 1636; et celui de Louis XIV, lors des voyages annuels de la Cour, à Fontainebleau. Ce prince parait aussi y avoir couché. On raconte qu'à une partie de chasse dans la forêt de Séquigny, où le roi vit pour la première fois MARIE DE FONTANGES, l'une des filles de Madame, celle ci parut en amazone avec un habit en broderie dont l'élégance était assortie à celle de sa taille. Sa coiffure de caprice se composait de quelques plumes relevant l'éclat de son teint et la délicatesse de ses traits; le vent s'étant élevé vers le soir emporta cetie coiffure; made moiselle de Fontanges se la fit attacher avec un ruban dont les nouds retombaient sur le front. Cet ajuste ment, dans lequel le ha sard avait eu autant et plus de part que la coquetterie, plut extrêmement au roi; il pria mademoiselle de Fontanges de ne pas se coiffer autrement de tout le reste de la soirée. Toutes les da mes parurent le lendemain , ajoute le chroniqueur, avec une pareille coiffure, et ce goût de hasard devint le goût dominant; de la cour , il passa à la ville , se ré pandit dans les provinces et pénétra bientôt partout sous le nom de Fontantes. L'héroïne mourut à vingt ans! Elle fut moins heureuse , on le voit , que sa coiffure, elle perpétua son nom près d'un siècle. Com bien de choses pourraient nous apprendre les échos de la petite forêt de Séquigny! Le duc de Noailles préféra dans la suite le séjour de Maintenon à celui de Sainte -Geneviève. Cela se peut comprendre pour qui connaît l'un et l'autre lieu. Il céda , à titre viager, son château de Sainte -Geneviève à 260 CORBEIL ET SES CANTONS. M. MONNEROT, trésorier des parties casuelles, qui fit ajouter au parc, la GARENNE FORCÉE; une portion du fief de l’AULNOYE SAINT-Michel fit partie de cette addition; elle lui fut cédée par M. BARDON DE MORANGES, à des conditions quiméritent d 'être rapportées. M. Monnerot s'engagea à faire offrir annuellementen l'église de Saint Michel- sur-Orge, au seigneur de l'Aulnoye (qu 'on écrit Launay), un cierge de cire blanche et un lapin blanc, et aussi à faire célébrer à perpétuité dans ladite église , le lendemain de la Saint-Michel, autrement le 30 sep tembre, une grand'messe des morts pour le repos de l'âmedu roi HUGUES-CAPET! C ' était sans doute, en sou venir de la donation de la terre de Sainte -Geneviève aux moines de Saint-Magloire. C 'est tout au moins bizarre. Le BIBLIOPHILE JACOB a donné dans la Revuede Paris en 1838 , sous formede nouvelle , un article ayant pour titre: Le curé de Sainte -Geneviève des Bois. C 'est le récit de ce singulier épisode, emprunté au mémoire de M. Boucher d 'Argis quoiqu 'on n 'en dise rien. M. PAUL LACROIX a écrit BARBOT DE MORANGES. Il faut lire Bar don. BARTHET DE BONNEVAL , caissier de la caisse des emprunts , jouit de la terre de Sainte -Geneviève après M. Monnerot, et au même titre. M. de Noailles est mort à Paris le 5 février 1678. Il a été inhumédans l' église Saint-Paul. La duchesse était dame d 'atours de la reine Anne d 'Autriche; lorsqu'elle put rentrer en possession de la terre de Sainte -Geneviève où s'étaient écoulées ses jeunes années, elle s'y confina. Elle est morte dans ce château le 22 mai 1697, à l'âge de 65 ans (Armes des Boyer: de gueules, à la colonne SAINTE-GENEVIÈVE DES BOIS. 261 d 'argent, chapitrée et basée d ' azur; au chef d 'or, char gé d 'une aigle éployée de sable ) , très- saintement comme elle avait vécu , dit Saint-Simon. Mais cet annaliste se trompe en faisantmourir madamede Noailles à l'arche vêché de Paris. Son fils n 'avait point encore été appelé à occuper le siége de cette métropole. L 'Épitaphier des églises de Paris nous apprend que les restes de cette dame furent inhumés à Saint-Paul, dans le tombeau de son mari. M. Boucher d 'Argis , dont nous avons dévoilé le nom , dit dans son Mémoire anonyme, qu 'on voit dans l'église du village, l'épitapheen marbre de Dame LOUISE BOYER. L 'abbé Lebeuf le répète après lui. Ce n ' était certainement qu 'un mémorial. L 'abbé de Beaufort a écrit la vie de la duchesse de Noailles. Nous avons rap porté le titre de cet ouvrage (V. Longjumeau). Le mémoire précité compte parmi les seigneurs de Sainte-Geneviève: JEAN EMMANUEL MARQUIS DE NOAIL LES. Ne serait- ce pas le même que JEAN FRANçois de ce nom , né en 1658 , mort en 1696? ANNE- JULES, son frè re , Duc De Noailles, maréchal de France , né à Paris le 5 février 1650 , mort à Versailles le 2 octobre 1708 , était à l'époque de son décès seigneur de Sainte-Gene viève. FRANÇOISE DE BOURNONVILLE, son épouse, lui donna 21enfants! On comprend qu'on dut aliéner cette terre; cependant elle ne le fut qu' en 1737. Madame la MARQUISE DE GOURNAY en fit alors l'acquisition. Mar GUERITE PÉLAGIE DANYCAN DE L 'ESPINE était veuve de puis 1730, de MICHEL-CHARLES AMELOT, président à mortier au parlement de Paris. La marquise est morte dans son château de Sainte -Geneviève le 12 août 1742, 262 CORBEIL ET SES CANTONS. à l'âge de 48 ans. Et non à Paris , comme la Gazette de France et d'autres documents le disent; elle a été in humée dans l'église du lieu. Ses héritiers vendirent cette terre au fermier-général DUREY D’AMONCOURT OU D’ARNONCOURT qui était en possession de la seigneurie de Morcent-sur -Orge. Il la donna en dot à sa fille: Louise BERNARDE , lors de son mariage avec Louis JEAN BERTIER DE SAUVIGNY , successivement intendant des généralités de Moulins , Grenoble et Paris , puis premier président du parlement de Paris , établi en 1771 , lors de l'exil de l'ancienne magistrature. Dans la suite , la terre de Sainte- Geneviève échut à son fils, le malheureux Louis-BÉNIGNE-FRANÇOIS , après lui intendant de Paris , l'une des premières victimes de fa révolution , massacré le 22 juillet 1789. Il avait épousé en 1763 , MARIE JOSÉ PHINE FOULLON d'ESCOTIERS dont il eut huit enfants. On regardait M. Bertier comme un homme intègre et un habile administrateur; mais il passait pour un homme dur, et il ne jouissait d'aucune popularité. Cette cause fit son malheur! M. Bertier fit détruire le château pour le reconstruire sur un plan plus vaste. On était à l'æuvre quand sur vinrent les événements de 1789. Les travaux furent alors interrompus; ils n'ont jamais été repris; les maté riaux employés , et ceux qui devaient l'être ont depuis longtemps été enlevés et dispersés. Le parc a perdu sa belle futaie; des taillis , des labours sont ce que renferme l'enclos dont le sol est peu accidenté et en partie défendu par des sauts de loups. De la splendeur passée , il reste une grotte , un souterrain , des ponts , quelques statues SAINTE -GENEVIÈVE DES BOIS. 263 ser 0 mutilées! L 'ainé des fils de l' intendantde Paris , PIERRE ANNE, VICOMTE DE BERTIER, ancien général de brigade, a pu conserver le domaine de ses pères. Il est mort dans son château de la Grange, près de Thionville , le 13 sep tembre 1848. Il eut plusieurs enfants de son mariage avec Mademoiselle FOUCQUET, fille du MARQUIS D 'AU VILLARD. Il ne reste que M. le vicoMTE LOUIS -RÉNÉ DE BERTIER , propriétaire actuel de Sainte - Geneviève, marié à mademoiselle ELÉONORE DE KLINGLIN , d 'une famille de l'ancien parlement de Metz, dont il a un fils. Les écarts de Sainte-Geneviève sont: 1° le hameau de Liers ou Lierres, connu par ses anciens seigneurs dès le XII° siècle. Le collège de Montaigu de Paris , y avait une ferme. Ce hameau est traversé par la route dépar tementale; là était jadis une caserne pour la maré chaussée. 2° Le Perray, appelé autrefois Pereil ou Pe réel. Et en latin dans des titres du XIIIe siècle , Perreo rum. Il borde la rive droite de l'Orge; outre des prairies , le sol fournit abondamment la pierre meulière. Dans le procès -verbal de la coutume de Paris de l'an 1580, LOUIS DE MARTINES, écuyer , est dit seigneur de Perry sur-Orge (V. Epinay). NICOLAS HENNEQUIN , chevalier d 'une famille de robe illustre et qui a donné des évê ques à l'église de France; premier président au grand conseil, mort le 21 octobre 1634, était qualifié sei gneur de Perray et Savigny , dans son épitaphe à Saint Méry de Paris, où il reçut la sépulture. 3° Les maisons neuves; c' est un hameau formé d 'habitations bour geoises. 4° Le Parc-pierre. Ce hameau est habité par 264 CORBEIL ET SES CANTONS. ema M. COCHERIS (1) , ancien élève de l'École des chartes l'un des bibliothécaires de la bibliothèque Mazarine, membre de la Société des antiquaires de France. C 'est là qu 'il prépare une nouvelle édition de l'histoire du dio cèse de Paris du savantabbé Lebeuf. Le premier volume a paru dernièrement, il est précédé d 'une excellente notice sur l' érudit et laborieux auteur; on le taxe à no tre avis un peu trop de janseniste. Il était trop sérieu sement occupé pour se mêler à ces querelles si passion nées. Commenous avonsbeaucoup emprunté au savant abbé, et que nous connaissons et apprécions son ou vrage , nous eussions préféré à toute la bibliographie que fournit M. Cocheris, de l'archéologie , des remar ques, et les corrections qu'exige le livre de Lebeuf. Don ner les épitaphes des églises de Paris a été une bonne pensée ,mais en prenant le parti de ne donner que les noms et les dates, il fallait au moins les disposer par colonnes et adopter l'ordre alphabétique; ils eussent été plus faciles à saisir. 5° La Cossonnerie, hameau longtemps habité par le BARON FAIN (1) ancien secré taire intime du cabinet de Napoléon Ier. Il se retira dans sa maison de Sainte-Geneviève après les Cent-jours. C ' est là qu 'il commença la rédaction de son intéres sant ouvrage: LE MANUSCRIT DE 1814. M. le baron Fain a laissé plusieurs ouvrages militaires justement esti més. Après les événements de 1830 , le roi Louis-Phi lippe le nomma intendant de sa liste civile. L 'arrondis sement de Montargis le choisit pour le représenter à la (1) Hippolyte- François-Jules Marie,néà Paris, le fer décembre 1829. - (2) Agathon -Jean -François. SAINTE -GENEVIÈVE DES BOIS. 265 Chambre des députés. Né à Paris le 11 janvier 1778 , il estmort en cette ville le 14 septembre 1836. (Armes: d 'azur, à la fasce vairée de sable et d 'or; à la plume barbée d 'argenten barre , le bec à dextre brochant sur le tout; franc- quartier de gueules , au portique ouvert à deux colonnes surmontées d 'un frontón d 'argent, ac compagné des lettres initiales D. A. demême.) Il laissa un fils, de son mariage avec dame ADÉLAÏVE - LOUISE SOPHIE LEBORGNE, morte à Paris le 4 septembre 1826. Il est marié à la fille unique de son frère; huit enfants sont nés de cette union. ARMAND- LOUIS - JEAN Fain , frère du baron , né comme lui à Paris, est mort à Sainte - Ge neviève le 30 août 1838 , à l'âge de 58 ans. Il a été im primeur de l'Université et conseiller de préfecture du département de la Seine. Il étail chevalier de la Légion d 'honneur. Son épouse , née AIMÉE -ADÉLAÏDE LESIEURE DESBRIÈRES, est également morte à Sainte -Geneviève, le 21 mai 1837, à l'âge de 57 ans. Elle était née à Paris. Tous deux ont été inhumés dans un enclos particulier derrière le parc de l'ancienne seigneurie. Ce village a compté parmi ses habitants M. le COMTE DE BALZAC, d 'une ancienne famille , que nous ne sa chions pas descendre de l'académicien , ni appartenir à celle d 'HONORÉ, son homonyme. Il a été préfet et membre de l'assemblée législative, il y représentait le département de l'Aveyron. Le nécrologe de la commune nous a fourni quelques noms. Là estmorte: 1° le 9 septembre 1807,à l'âge de64 ans, DameJEANNE-SUZANNE -ARMANDE DE COETNEMPREN , d'une ancienne famille de Bretagne, où elle était née 266 CORBEIL ET SES CANTONS. (Armes: d 'argent à trois tours crénelées,de gueules, ou vertes du champ, ajourées et maçonnées de sable.) Elle était veuve de M. de LA LANDELLE. 2° Le 3 septembre 1828 , à l'âge de 25 ans, dame ANNE DE MORNAY, VICOM TESSE DE BARJAC , née à Nancy. 3° Et PHILIPPE PANON DES BASSYNS, fils du vicomte de Richemont et petit neveu du comte de Villèle. Cet enfantmort chez sa nour rice , a été inhuméau cimetière du Père Lachaise , où est la sépulture de la famille. Un pâtre de ce village, appelé PIERRE ROGER , prédi sait l'avenir! Il vint déclarer à la reine Anne d 'Autri che, en 1637, qu'il avait eu révélation de la partde Dieu qu 'elle était enceinte; et assura à cette princesse qu' elle accoucherait d 'un fils; et qu'il naitrait le 4 septembre, bien que cette date se rencontrât dans le dixièmemois de sa grossesse. Les Mémoires du temps confirment l'accomplissement de la prédiction de Pierre Roger. On ne dit pas quelles faveurs lui furent accordées; ni s'il mourut dans sa condition.Louis XIV, on le voit, comme les héros et les demi-dieux de l'antiquité , demeura plus longtemps que les autres dans le sein de sa mère.

SAULX -LÈS-CHARTREUX

La situation de ce village est des plus heureuses. Il est posé dans la vallée de l’Yvette qui l'arrose; à deux kilomètres ouest de Longjumeau, avec lequel il com munique par une chaussée pavée. Son territoire très productif est en même temps un vaste verger. Là, commeà Champlant, les arbres fruitiers abondent, et nenuisent pas aux autres productionsdu sol.Le nom de ce village vient du Saule planté autrefois en abondance sur les rives de l' Yvette , aux points les plus maréca geux. On l'écrivit Saux originairement; d'anciens titres le prouvent. Un usage plus conformeà son étymologie , dit M. l'abbé Lebeuf (1), a fait adopter l'emploi de la lettre L dans la construction de ce mot. C ' est seulement au treizième siècle , lors de la possession de cette terre par l'ordre des Chartreux , que ce nom y fut ajouté. On compte à Saulx , 1 ,015 habitants. Il était déjà ha bité lorsque Dagobert (er en fit don à l'abbaye de Saint Denis, au commencement du septième siècle. Dans le cours du neuvième les continuelles irruptions des Nor mands obligèrent ces moines à l'aliéner. Il passa dans 1) Histoire du diocèse de Paris, t. IX , p. 309. 268 CORBEIL ET SES CANTONS. des mains laïques; les noms de ses possesseurs sont totalement oubliés. L 'un d 'eux, pieux et riche, y fonda une communauté religieuse dans le cours du onzième siècle, époque de grande ferveur où l'on était dominé par l' attente de la fin du monde. Son nom ne nous a pasnon plus été conservé. Il était, selon toute apparence, l'allié de la puissante maison de Montmorency. Elle protégeait et favorisait les moines de Saint-Florent de Saumur, et leur procura plusieurs établissements dans les environs de Paris. La terre de Saulx fut au nombre de celles qui leur furent alors données. On lit dans la bulle confirmative de leurs possessions, donnée en 1122 , par le pape Calixte II: Ecclesiam Sanctæ Mariæ de Sa zio. Lemot Sazium est visiblement fabriqué, dit l'his torien du diocèse de Paris, sur le français alors écrit Saux. Celle d 'Urbain VIII exprimeaussi: Notre - Dame de Saux , mais on y emploie le nom latin de Psallis. Ces religieux convertirent dans la suite cet établisse ment en un prieuré où demeurèrent quelques-uns des leurs pour l'acquitdes fondations et l'administration du temporel. C 'est en 1498 qu 'ils déposèrent en cette église , à titre d 'un don , un os de l'épaule de Saint- Florent. Un siècle plus tard , ce bénéfice était donné en com mende et administré parun suppléant chargé des fonc tions curiales. Dèsle treizième siècle, les Chartreux de Paris étaient en possession d 'une partie de la seigneurie de ce vil lage. Ils firent l'acquisition du surplus le 22 novembre 1675 de GUILLAUME -BERNARD DE REZAY, alors prieur commendataire, du consentementdu cardinalGrimaldi, SAULX-LES-CHARTREUX. 269 abbé de Saint- Florent, moyennant une rente annuelle de cent livres tournois. L 'abbé de Rezay était, indépen damment, doyen de la cathédrale de Tours , et conseil ler au parlement de Paris. Depuis cette époque, ces re ligieux demeurèrent en possession du spirituel et du temporel de Saulx. Les archives départementales pos sèdent un magnifique atlas de cette seigneurie , chef d 'æuvre de calligraphie exécuté en 1730, par DESQUI NEMARE le jeune, aux frais de l'ordre. L ' église est sous le vocable de la sainte Vierge dans son Assomption. Le monument est régulier et a deux collatéraux; le tout se termine carrément. La nef seule a la charpente apparente, la tour des cloches est au midi. Le style dominant de l'édifice est la fin du douzième siècle. Il est à regretter que la façadede ce monument soit obstruée par des constructions insolites ,qu'il serait facile et nécessaire de faire disparaître. On rencontre dans le bas-côté méridional, l'épitaphe de NOEL DE FRANCATEL, mort le 4 février 1623, après avoir été trente-six ans sous-prieur de cette église. Et dans le sanctuaire , celle de Louis Du Tillet, dernier prieur inhumédans cette église. Il est décédé le 7 avril 1687 , à l'âge de 67 ans. Cette pierre tombale a certainement été déplacée. La cure longtemps à la présentation de l'abbé de Saint-Florent, est marqué au dix -septième siècle , à la nomination du prieur commendataire de Saulx. De puis le concordat l' évêque de Versailles y nomme. Les seigneurs connus avant les ordres réguliers qui viennent d 'être mentionnés ont été: GERARDUS DE 270 CORBEIL ET SES CANTONS . Saux , nomméavec Milon de Chastres (Arpajon) , dans des actes de la fin du onzième siècle. Il est appelé ail leurs GIROLDUS DE SALICIBUS. PIERRE DE SAUx, né dans cette paroisse le 28 mars 1318 , passa la plus grande partie de sa vie dans l'abbaye Saint- Victor de Paris. Il a été successivement prieur et abbé de cette communauté où il est mort le 7 octobre 1383; on l'a inhumé dans le cloître. Peut-être était- il l'un des des cendants des seigneurs du lieu. Sous Philippe -Auguste , cette terre devint le partage de plusieurs seigneurs. Dans le cours de ce même treizième siècle , l'ordre des Chartreux qui venait de s'établir à Paris , reçut en don (1264) partie du fief et de la dîme du blé de cette pa roisse. André Tarente lui légua à cette même époque, une somme considérable , dont cent dix livres furent employées à l'achat de la dîme du vin ( 1265). Ce fut Guillaume de Vaugrineuse , qui lui fit cette cession. Saint Louis leur en accorda l' amortissement. La com munauté acquit bientôt le four banal, appelé le fief des Tournelles. Philippe le Bel le reconnut être mouvant de son fief dans des lettres de l'an 1289. Jean Boileau , vicaire à Paris, leur donna, à peu de temps de là , un arpent de terre au même territoire. En 1336 , Jean de Montsablon , clerc de MeGerard de Montaigu et son exécuteur testamentaire ajouta à ces dons et acquisitions des prés en la vallée de l’ Yvette. En 1337, André de Florence , clerc de Charles le Bel, élu depuis évêque d 'Arras, puis de Tournay, leur fit don de quinze livres pour la fondation d 'une chapelle, à Saux, sous le titre de saint André, son patron. Jean de Vernon , secrétaire SAULX-LÈS-CHARTREUX. 271 du roi, mort en 1376, leur légua vingt-quatre sols de rente qu'il avait dans cette paroisse; et Jean de Bois château mort vers 1515 , aussi vingt-quatre livres de rente au même lieu. Depuis, vers 1560, nous trouvons au nombre de leurs bienfaiteurs , ADAM DE VIVIERS, curé de Longjumeau. Il leur donna douze arpents de terre au territoire de Saulx. Enfin , Pierre Loisel, cor donnier de Paris, quimourut sans laisser de postérité , leur légua tous les biens qu 'il possédait en cette pa roisse. Le revenu fut employé à la construction de la maison chapitrale de Paris. Loisel et sa femmereçurent la sépulture dans le cloître de ces religieux. Les dons en plus grande partie rendirent les Char treux seigneurs de Saulx; cette curieuse énumération le prouve. Il y eut aussi à côté d 'eux un seigneur laïque. On trouve son nom inscrit sur la liste de ceux qui con tribuèrent à payer la rançon du roi Jean , dans la prévôté de Montlhéry: il se nommait THEVENIN LE MAISTRE , et est dit en possession de Saux et Saussier (1) L 'abbaye Sainte -Geneviève de Paris et le prieuré du Val de Sainte-Catherine des Écoliers, ont eu des biens sur le territoire de Saulx. Ces possessions leur donnaient certains droits seigneuriaux dans la paroisse.LesGéno véfains payaient annuellement deux deniers de rede vance au prieur- curé du lieu. Les écarts de Saulx - lès-Chartreux sont les hameaux de la Ville- Dieu , plus anciennement la Ville -gueux. Et Saussiel, dont le nom dénote clairement le Petit (1) Mélanges de littérature et d'histoire, plusieurs fois cités. 272 CORBEIL ET SES CANTONS . Saulx. On l'a écrit diversement: Sauriers, Saussières et Sauciel. GUILLAUME DE SAINTE-MAURE, chanoine de Saint-Martin de Tours, depuis chancelier de France, dit dans son testament rédigé au mois de janvier 1334 , que pour les vingt boursiers dont il projetait l' établisse ment dans son hôtel de Paris , il lègue sa maison nom mée le sauciel, dont il a fait l'acquisition de l'évêque de Lisieux. Ce dignitaire ecclésiastique vivait encore en 1336 , année où il traita avec JEANNE DE BRETAGNE des biens possédés à Sauciel par cette princesse. THIBAULT DE BOURMONT donna, en 1379, sa terre seigneuriale de Saussiel au prieuré du Val des Écoliers de Paris, pour la fondation d 'une chapelle du titre de Saint- Fiacre, dans l'église deleur communauté (1). ADAM DE Emis , curé de Longjumeau , fit don à ce même prieuré d 'unemaison et de quelques pièces de vigne qu'il possédait à Saussiel (2 ). Ce hameau a été habité de longues années par M. HENRI Didot, fils de Didot le jeune, né à Paris en 1765. Il s'y est éteint le 8 juillet 1852, et a été inhu méà Paris. ll suivit la carrière de son père avec non moins d 'éclat. Henri Didot a été l'inventeur de la fon derie polyamatype,aumoyen de laquelle on peut promp tement exécuter des fontes complètes et assorties. Son premier essai en 1783 , futune Imitation in -8°. Elle lui valut une médaille d 'or à l'exposition de 1819, et de puis la croix de la Légion d 'honneur. C ' est à ce typo graphe ingénieux qu 'est dû , de concert avec son cousin , (1) Le P. Quesnel, Histoire manuscrite du prieuré, conservée à la bibliothèque Sainte-Geneviève. ( 2) Mêmeouvrage, p. 65. SAULX-LÈS-CHARTREUX. 273 Firmin Didot, le dessin etla gravure des assignats de la Constituante, de la Législative et de la Convention. Nous ne pouvons oublierdementionner le bel Horacemicros copique sorti de ses presses. Il se retira des affaires en 1830 , et vécut depuis presque constamment dans son petitmanoir de Saussiel , encore habité par l'un de ses petits -enfants: M. GÉLIS - Didot, banquier à Paris. Le. jardin est pourvu d 'eaux vives abondantes. Unehabita tion plus considérable de ce hameau est la propriété de M.MAIGNE, avoué honoraire, beau - frère de M. Magne, ancien ministre des finances.“ Il nous reste à parler du château de Mont-Huchet. Sa construction n ' a rien de remarquable. On y manque de vue. Nous lisons dans le Mercure Galant du mois de mai 1710 (p. 157); maitre BERNARD PINON, seigneur deMont-Huchet, conseiller en la grande chambre, vient de mourir. Cette terre fut alors acquise par un mem bre de la famille de PRACOMTAL. Elle appartint ensuite à M. de SALVALETTE. Pendant les événements de la révo lution , M. FÉRON en devint propriétaire; il la vendit sous l'Empire, au général DESSOLE, marquis de la Restaura tion , (1 ). Il y est mort le 14 novembre 1828 et a été inhumé au Père Lachaise. Sa carrière militaire com mença avec la République et finitavec l'Empire. Il se fit remarquer dans toutes les occasions importantes. Louis XVIII le nomma pair de France , ministre d 'État, ma NAR (1) Jean -Joseph- Paul-Augustin Dessole naquit à Auch (Gers ), le 3 juillet 1767, et non au mois d 'octobre , comme le dit la biographie Didot. Le général Lamarque lui a consacré unenotice, insérée dans la Revue encyclopédique, tome XL, p. 812. 274 CORBEIL ET SES CANTONS. jor général des gardes nationales du Royaume, grand cordon de la Légion d 'honneur et chevalier de Saint Louis. Le général passa les Cent jours dans son château de Mont-Huchet. Lors de la retraite du duc de Riche lieu , le roi donnaau marquis Dessole le portefeuille des affaires étrangères et la présidence du conseil des mi nistres. Il ne conserva pas longtemps ces hautes fonc tions. Il adressa, dans ce court espace de temps, une remarquable circulaire aux ministres près des cours étrangères (21 septembre 1819). Elle a été imprimée dans les Mémoires deGouvionSaint-Cyr. À la naissance du duc de Bordeaux, le général reçut le cordon du Saint Esprit. Il n 'a laissé qu 'une fille (madameDE LA ROCHE FOUCAULD D 'ESTISSAC), de son mariage avec dameANNE ÉMILIE -MARIE -LOUISE PICOT DE DAMPIERRE , morte à Paris , le 7 avril 1852, à l'âge de 74 ans. Tous deux étaient nobles. Ils ont eu quelquefois pour hôte , à Mont- Huchet, le BARON DESOLLE , leur oncle, successive ment évêque de Digne, puis archevêque de Chambéry, mort à Paris , le 31 décembre 1824 , dans sa 81e année. La terre de Mont-Huchet fut acquise en 1829 par le général RUELLE qui depuis l'a vendue à M. AIMÉ-GA BRIEL D 'ARTIGUES, chimiste distingué, membre du con seil général des manufactures , chevalier de la Légion d 'honneur, mort à Paris , le 27 mars 1848 , dans sa 76e année. Sa veuve en est encore en possession. Il y a encore sur le territoire de Saulx: la Tuilerie el un Moulin sur l’Yvette. M. FÉRON, jadis possesseur de Mont-Huchet, mort dernièrement, en était propriétaire. Son fils est receveur général à Amiens. Il y avait, dit -on , ELLE SAULX-LÈS -CHARTREUX. 275 sur les Roches , un hameau appelé Rouillon qu 'on sup pose avoir été détruit durant les guerres du quinzième siècle. Saulx a vu mourir deux artistes égalementdistingués: ALEXANDRE -MARTIAL-AUGUSTE DAMAS, sociétaire de la Comédie Française; et BARTHÉLEMY JOSEPH - FULCRAN ROGER, artiste graveur. Le premier est né à Paris le 10 janvier 1772 (suivant l'acte de son décès, son épitaphe au P. Lachaise dit le 12). Il est mortle 16 octobre 1834. Ses camarades l'avaient surnommél'acteur de ressource, parce que les orages du parterre ne le déconcertaient pas, et qu'il savait souvent conduire à bon port de très mauvaises pièces dont le naufrage paraissait imminent. Il se retira à Saulx à l' époque où il quitta le théâtre , en 1825 , et y vécut dans une complète retraite. Le second naquit à Lodève le 20 mai 1770 , et mourutle 4 mai 1841. Il a gravé l'euvre de Proudhon et a laissé d 'au tres travaux qui luiassurent un rang parmi nos fameux graveurs. Roger a laissé à Saulx un gagede son talent. Nous avons vu au presbytère une vue générale de l'é glise due à son crayon. Ce dessin porte le millésime 1837. La biographie Didot n'a pas oublié cet artiste. En 1838 , est mort à Saulx, M. MÉLAND , architecte à Paris; ce philanthrope, étranger à la France, a laissé aux pau vres de la commune une rente annuelle de cinq cents francs Enſin , Saulx a été fréquanté par un peintre de genre: M. VICTOR - JEAN ADAM. On a de lui une suite d 'animaux domestiques. Quelques-unes de ses loiles ont été ébauchées dans ce village où la nature offre tant d 'attraits. e.

SAVIGNY-SUR-ORGE

Le nom porté par ce village est très- commun en France. Son étymologie est la même que celle de Savi gnac, Savigné et Savigneu , qu'on rend en latin par Sa viniacum ou Sabiniacum. Les nomsde Sabinus et Savi nus, étaient, comme on sait, fort communs chez les Romains. La situation de Savigny sur l'Orge lui a fait donner le surnom de cette rivière. La vallée où elle coule est en prairies; les parties élevées sont en labou rage; on y trouve aussi quelques vignes. On compte à Savigny 1 ,016 habitants. Il est à 6 kilomètres E. -S.- E. de Longjumeau et à 15 de Corbeil. L 'administration du chemin de fer d 'Orléans y a fait établir une station qu 'elle n 'avait point promise , et qui ne figurait pas sur les plans primitifs. Elle est la cinquième depuis Paris. Savigny était paroisse dès le douzième siècle. Le curé d 'alors, nommé TERRIC, fit en 1136 la concession de partie de l'église au prieuré de Longpont. Vers le même temps, Rosceline, femme de Thibault de Savigny, étant au lit de la mort, accorda ,du consentementde son mari et de celuide ses deux frères, à ces mêmes religieux , la moitié de cette même église , la moitié de la dîme et la moitié de l’Atrium pour en jouir après son décès. cesmêmes religieux,la SAVIGNY-SUR-ORGE. 277 Cette église a pour patron saint Martin. On reconnaît le quatorzième siècle dans la construction de ce petit monument. Il a été en grande partie réédifié dans le cours du dernier siècle par les libéralités du comte DU Luc , seigneur du lieu , et de l' archevêque de Paris , DE VINTIMILLE , son frère. Le premier a été inhumé dans le caveau pratiqué sous le chœur. Une chapellenie du titre de Sainte - Marguerite fut fondée en cette église , au commencement du quatorzième siècle , par GAZON DE CHAMPAGNE, évêque de Laon. Trois messes annuelles devaient y être célébrées à son intention. Nous aurons occasion de reparler de ce prélat. L 'acte est daté d ’ A nisy, le samedi après la Chaire de saint Pierre 1307. Il y marque en propres termes: Savigniaco Parisiensis diæcesis cujus parochia nobis natale præbuit. On a parfois confondu cette chapelle avec une autre du titre de Notre Dame construite loin de là , au milieu des champs, en tre Aunay et Villepinte. L'épitaphe de Nicolas JOLY, décédé curé de Savigny le 22 mai 1728 , se lisait jadis du côté méridional à l'ex térieur de l'édifice. Ce prêtre fonda une école gratuite de garçons dans cette paroisse. Il avait été , suivant ses intentions, inhumé, dans le cimetière commun , alors contigu à l' église. ( D 'abord transféré au couchant du village , au commencementdu siècle ,mais devenu insuf lisant, il a été de nouveau changé en 1828.) Là, repo sait aussi JEAN DEMONTAL (armes: de gueules, à trois léopards d ’or, l'un sur l'autre), secrétaire de M. Lesca lopier , intendant de la province d'Auvergne, décédé en 1738. C 'est lui qui a commencé à disposer le Journal 278 CORBEIL ET SES CANTONS. ܕܐ ܘܢ -..T des Savants par ordre de matières. Nommons encore JEAN - BAPTISTE CADRY , docteur en théologie, théologal de Laon; né à Tretz , diocèse de Marseille , en 1680 , mort à Savigny le 25 novembre 1756. Venu à Paris en 1710 , il y remplit les fonctions de vicaire dans les pa roisses Saint- Étienne- du -Mont et Saint -Paul , et se fit une grande réputation pour ses prônes. Il fut destitué à cause du parti qu'il prit dans l'appel de la fameuse bulle Unigenitus. M. de Caylus , évêque d'Auxerre; l'appela auprès de lui. À la mort de ce prélat , en 1748 , l'abbé Cadry se retira d'abord à Palaiseau , puis à Savigny en 1734; il y est mort oublié! Dès le commencement de la persécution exercée contre lui, il prit le nom de Darcy, qui était l'anagramme du sien. On a de lui plusieurs ouvrages qui , tous , traitent de matières religieuses. Le château de Savigny a été épargné par la Bande Noire; non qu'elle en ignorât l'existence , mais parce qu'elle aurait trouvé dans sa démolition plus de briques que de pierre; plus d'ardoises que de plomb et de fer, encore qu'il soit en grande partie l'ouvrage du quinzième siècle. Partant, ne sachons pas gré du sacrifice à ces impitoyables niveleurs , plus avide d'or que de renom mée! Ce château est uneminiature du terrible, un abrégé de l'imposant! Restauré à la fin du quinzième siècle , et peut -être un peu trop restauré depuis , il est l'arrière petit-fils d'un manoir élevé sur le même emplacement trois siècles auparavant. La porte principale était jadis ornée des insignes de la royauté. Il a conservé ses tou relles et ses fossés, alimentés par les eaux de la petite SAVIGNY- SUR -ORGE. 279 rivière de l'Orge; ses ponts -levis ont été remplacés par des ponts en pierre. Si nous en croyons l'abbé Lebeuf, que de drames se sont joués dans ce manoir dans le cours des quinzième, seizième et dix -septième siècles! Nous devons au cartulaire de l'abbaye de Longpont, document écrit dans le cours du treizième siècle, les noms et la connaissance de ceux qui possédèrent autre fois des seigneuries ou des fiefs sur cette paroisse. La qualité de chevalier , donnée à plusieurs d'entre eux, dit l'abbé Lebeuf, désigne assez le seigneur du lieu. Dans l'origine ils ont porté le nom de cette terre. Au qua torzième siècle , son possesseur était Oudin LEFÈVRE; il contribua à payer la rançon du malheureux roi Jean. Au milieu du quinzième siècle nous trouvons JEAN DE Piles. Si Charles VII n'a pas jeté les fondements du château actuel, la tradition veut au moins qu'il y ait retenu la dame de BEAUTÉ, sa maitresse , fille du seigneur de Saint-Géraud , gentilhomme attaché à la maison de Clermont. On prétend qu'Agnès Sorel fut étroitement resserrée dans une de ses tourelles, et que ce prince ne pouvait lui-même parvenir jusqu'à elle qu'à l'aide d'une échelle. Était - ce jalousie ou mécontentement de la part du monarque? Cost ce qu'on ne dit pas. Nous ne concevons pas dans quel temps de leur vie ces deux amants furent obligés de mettre tant de précautions et de mystères dans leurs rendez - vous. Évidemment le roi DE Bourges n'a dù venir à Savigny que lorsqu'il fut de venu Roi de Paris, et alors Charles et Agnès ne cachaient pas leurs sentiments mutuels. Alain CHARTIER , histo 280 CORBEIL ET SES CANTONS. riographe de ce prince , raconte ingénument qu'il inter rogea les domestiques de Charles VII , et leur fit prêter serment , selon le devoir de sa charge, pour savoir d'eux si ce monarque avait en effet Agnès pour maîtresse. Il conclut qu'il ne se passa jamais rien de libre entre ces amants, et que tout se réduisit à quelques caresses hon nêtes dont ces derniers avaient été les témoins inno cents. Cependant,il est constant que trois filles ont été le fruit de leur commerce illégitime. L'ainée d'entre elles épousa un DE BRÉZÉ , d'une famille étrangère à celle encore subsistante. Cette dame surprise par son mari en délit d'adultère , fut poignardée par lui! La prétendue tour où Agnès Sorel aurait été enfer mée, disparut en 1735 , lorsque M. le comte du Luc, possesseur de ce château , en fit augmenter les bâtiments à la suite d'un incendie. S'il est vrai de dire que Charles VII y a résidé , on peut ajouter avec plus de certitude que Louis XI l'a possédé. Il en accommoda JEAN HABERGE, évêque d'Évreux, et par ses lettres datées de Paris , en mars 1474 , il accorda à ce prélat la haute justice du lieu. Ces lettres ne furent enregistréesau parlement que le 18 avril 1486. Ce ne fut certainement pas au profit de l'évêque d'Évreux, dont la Gallia Christiana marque le décès en 1479.Ce prélat avait reçu ce princeàSavigny au mois d'octobre 1475. Louis XI vint plusieurs fois au château de Savigny dans le même temps. L'auteur des mélanges tirés d'une grande biblio thèque ( 1 ) , nous apprend que ce monarque donna cette 1 ) Tome XLII OU SS, page 242. SAVIGNY - SUR -ORGE. 281 terre au fameux cardinal DE LA BALUE, son favori in time; on sait que, lui aussi, fut évêque d'Évreux , mais plus tôt. M. DE PAULmy l’a assurément lu quelque part pour l'avancer; et ce qui augmente notre créance à cet égard, c'est que des souvenirs paraissaient attacher l'as tucieux roi à ce château. S'il en est ainsi, ce manoir a certainement été le foyer des intrigues de ces deux tigres. Bien des lettres de cachets ont été signées à Savi gny! Bien des condamnations à huisclos ont dû y être prononcées! Le farouche monarque punit dans la suite son ingrat favori par onze années de détention au châ teau de Loches; il les passa dans une de ces cages de fer dont il avait été l'inventeur. Il était bien naturel qu'il en goûtât les douceurs! Et puis, quel châtiment ne méritait pas cet intrigant! C'est évidemment de sa disgrâce que daterait la vente faite par Louis XI de la terre de Savigny à Jean Haberge. À l'évêque d'Évreux, succéda ÉTIENNE DE VEST, conseiller chambellan du roi, qualifié en 1487 de maitre des eaux et forêts de France, Champagne et Brie; et en 1488 de capitaine et bailly de Meaux. Il obtint du roi la permission de forti fier et réparer sa maison de Savigny. Il fit aussi l'acqui sition des seigneuries de Viry et Orangy. En 1510 , com parut à l'ancienne coutume de Paris, CHARLES DE VEST , en qualité de seigneur de Savigny et de Viry. Il était sans doute filsd'Étienne. En 1512 , JEAN du même nom, écuyer, se dit seigneur de Savigny dans l'hommage qu'il rend au seigneur de Fleury-Mérogis pour le moulin Jobelin. En 1540, une demoiselle d'Albiac possédait cette seigneurie. Elle fut acquise , en 1580 , par Louis 282 CORBEIL ET SES CANTONS. D'AGOULT , COMTE DE SAULT, chevalier de l'ordre du roi. Peu après, FERDINAND DE LA BAULME , chevalier, COMTE DE MONTREVEL ( 1 ) , en fit l'acquisition. Il posséda aussi les seigneuries de Viry, Breuil et Épinay. François , de ce nom , est mort en ce château le 1er mai 1657 , il a été inhumé dans l'église paroissiale où on lui consacra cette épitaphe: Invictissimis manibus Francisci de la Baume Montrevel, equitis melitensis natalium splendore clari, gestorum gloria illustris insolentia lugenti, quem post mille apud Belgus infrà quintum et vigesimum annum passim exemptas lauros probe se et fortiter Parisüs geren tem impia sicariorum manus stantem et adversum non ausa aggredi, prostratum improbè et aversum nefario ictu percussit. Obiit die primamaii 1657 , omnibus sui deside rium relinquens, exemplum multis, imitationem nemini. Vers cette époque ( 1580) , le château de Savigny fut pris d'assaut par les Royalistes sur les ligueurs (6 janvier 1591 ). Voici le narré de cette action , tel que le récit en est fait par l'historien de Corbeil , écrivain contempo rain ( 2). « En cette saison , M. de Blin , gouverneur de Paris , s'étoit saisi de la place afin de s'en prévaloir pour le passage des vivres qui descendent du Gâtinais à Paris; ( 1 ) C'était une des plus anciennes et des plus illustres familles de la Bresse. Elle était connue dès le douzième siècle , et a donné deux cardinaux, archevêques de Besançon, deux maréchaux de France, un maréchal et amiral de Savoie, un vice-roi de Naples, dix-sept gouverneurs et lieutenants généraux de province, quatre chevaliers des ordres du roi, quatre de celui de la Toison d'or, et autant de celui de l'Annonciade. ( Courtépée, Description de la Bourgogne, t. II page 120.) – Armes: D'or, à la bande vivrée d'azur, au filet de gueules en barre. (2) Page 67 et suivante. · SAVIGNY-SUR -ORGE. 283 il y avoitmis une douzaine de cavaliers pour réprimer les courses des soldats de la garnison de Corbeil qui ne lais soient pas que de passer la nuit sur la chaussée du châ teau; en ce faisant, ils reconnurent que ceux du chasteau nemettoient point desentinelles au pavillon quiregarde sur le verger, se confiant à la largeur du fossé plein d 'eau vive de la rivière d 'Orge. Saint-Denis, l'un des capitaines de la garnison de Corbeil, par la permission du sieur de Treigny, entreprit d 'emporter la place par escalade. La contre-escarpe du fossé faisoit la première difficulté pour descendre des nacelles qu'il avoit fait apporter pour s'en aider à passer le fossé. Le capitaine Saint-Denis et quatre de ses soldats se dépouillèrent en chemise, leurs épées pendues à leur col, descendirent dedans le fossé avec une échelle , puis reçurent les nacelles qui leur furent dévalées , et sachant que la célérité les favorisoit plus que le reste , ces cinq per sonnes nues entrèrent en l'une des nacelles garnie de leur échelle poussèrent le bateau à l'encognure d 'un pavillon où l'on avoit laissé une fenêtre ouverte pour découvrir le long du bâtiment. Saint-Denis et ses com pagnons entrèrent par cette fenêtre, et sans s'amuser à attendre plus grand renfort, vont droit au corps de garde où ils trouvèrent sept ou huit tant maîtres que valets qui dormoient auprès du feu; ils se laissèrent saisir et désarmer sans faire aucune résistance, et se laissèrent enfermer dans une chambre proche. Saint Denis laissa deux des siens au corps de garde, et lui avec les deux autres va droit à la chambre du capitaine qui s' étoit éveillé au bruit et commençoit à mettre ses 284 CORBEIL ET SES CANTONS. chausses; étonné de se voir surpris , se laissa lier et garrotter. Nos conquérants saisis des clefs du château , firent ouverture des portes au reste de leur troupe et depuis gardèrent la place avec plus de vigilance , recon noissant qu'ils s'étoient acquis une grande commodité pour détrousser les marchands qui s'aventuroient de mener leurs marchandises à Paris , d'autant que ce chasteau est situé entre les grands chemins de Lyon et d'Orléans où ils alloient poser deux corps de garde sur les advenues de Paris , l'un à la Saussaye ( 1 ) , l'autre au pont d'Antony. » Il ne s'agit plus de la Ligue: Henri IV régnait paisi blement en attendant que le fer homicide d'un assassin le ravît à l'amour de son peuple! L'épisode singulier que nous allons esquisser est aussi surprenant qu'amu sant. Il est longuement et agréablement raconté par M. De Pontis, officier des armées du roi , gentilhomme provençal , qui , lassé de vieillesse et affaibli de ses bles sures, disait son épitaphe, se retira du service des rois de la terre, pour servir le Roi des Rois, dans l'abbaye de Port- Royal, l'an 1653 , où il a passé le reste de ses jours dans l'exercice des vertus chrétiennes et est décédé le 14 juin 1670 , âgé de 78 ans. Les Mémoires ( 2) qui portent son nom ont été recueillis de sa bouche par messieurs de Port- Royal et ont été rédigés par le P. THOMAS DU Fossé , de cette congrégation. L'épisode qui regarde Savigny se rencontre t. ler , p. 35 , édit. de 1766. Vers ( 1 ) Ancienne abbaye de filles , près de Villejuif. ( 2) Ils ont été plusieurs fois réimprimés. La première édition est de 1676. Celle de 1678 est la plus recherchée. SAVIGNY-SUR -ORGE. 285 l'an 1605 ou 1606 , le comte de Montrevel, qui possédait le terre de Savigny, mourut, laissant pour héritiers M. DE CRÉQUY, mestre de camp, et sa sæur, mariée à M. DE MORNES; tous deux prétendaient à la propriété du château. Ils en jouirent en effet l'un après l'autre et y mirent tour à tour un concierge ou des gardes. Pontis entreprit d'expulser ceux que M. de Mornes y avait mis , et il y réussit avec l'aide de quelques gens de guerre. Il imagina de faire chaque soir éclairer le châ teau dans toutes ses parties et de faire promener ses gens pour laisser soupçonner qu 'ils y étaientnombreux. Mais quelques jours après, il lui fut fait commande ment au nom du Parlement de Paris d 'abandonner la place, faute de quoi il serait décrété contre lui. Bien plus, un conseiller, commis à cet effet, se transporta à Savignyetluinotifia l' injonction. Pontis faisait la sourde oreille. Les archers firent venir un bateau de Juvisy et songèrent à escalader les murailles. Mais ils ne purent y réussir. Madame de Mornes fit alors venir un prévôt et rassembler les paysans de quatre ou cinq villages: ils enveloppèrent le château , et du canon fut mandé à Paris, M. de Créquy, averti de ce qui se passait , envoya · un renfort de deux cents hommes des gardes; mais un peu trop tard. Madame deMornes leur barra le passage du pont avec son carrosse et par ses discours les em pêcha de rien entreprendre. Pontis et ses compagnons voyant toutes les machines s'apprêter pour l'assaut qu 'on se disposait de donner , usa de ruse; il abandonna la place la nuit suivante par un pont pratiquéau moyen d'une échelle sur laquelle fut placée une planche. Ils 286 CORBEIL ET SES, CANTONS. coururent à Juvisy où ils passèrent promptement la Seine. La place resta ainsi à madame de Mornes sans coup férir. Les héritiers de cette dame ont vendu Sa vigny au maréchal d'EFFIAT. (V. Chilly). Il ne le con serva que quelques années. Dans le cours du dix - septième siècle, cette terre a été possédée par NICOLAS HENNEQUIN, conseiller du roi, mort à Paris le 21 octobre 1624 , à l'âge de 78 ans et inhumé à Saint-Méry. Ce seigneur possédait depuis plus long temps , dans le voisinage , le fief du Perray , sur Sainte Geneviève-des-Bois. À sa mort , le marquis de Vins fit l'acquisition de Savigny. Il était lieutenant général des armées du roi , et le dernier de sa maison. Ce seigneur est mort à Paris le 9 février 1732 , à l'âge de 90 ans; il a été inhumé à Saint- Eustache, ainsi que son épouse , morte le 1er août 1737 , CHARLOTTE - RÉNÉE LAVOCAT qui le seconda dans ses bonnes auvres pendant les cin quante - huit ans qu'ils passèrent ensemble. Cette dame était cette bonne DE VINS dont parle souvent madame de Sévigné dans ses lettres; elle y parle de Savigny comme du plus beau lieu du monde. M. de Vins ins titua le COMTE DU Luc , de la maison de Vintimille , son parent et son ami particulier , son légataire uni versel (Mercure de France, mars 1732 , p. 6.1 ). L'ABBÉ LEGRAND ( 1 ) , particulièrement attaché marquis de Vins , dont il a été l'aumônier , a fait imprimer son Éloge dans le Mercure. Il a dû tra au ( 1 ) Martin Legrand, né à Saint- Lo, le 6 février 1653 , est mort le 1er mai 1733. On à son Éloge historique, par le R. P. Bougerel, prêtre de l'Oratoire (Mercure de France, février 1734 , p. 245). 1 SAVIGNY-SUR-ORGE. ' 287 vailler à son Histoire de Louis XI dans ce château. M. le comte du Luc eut un long procès à soutenir contre les prétentions des autres héritiers de M. de Vins. Le parlement lui donna gain de cause. Vers 1735 , il a changé l'ordonnance du château par des additions malheureuses: on peut s'en convaincre par la vue qu' en a donnée (1610 ) Claude Chastillon , en sa Topographie. M. le comte du Luc estmort dans ce châ teau , dans sa 88e année , le 19 juillet 1740; il a été inhumé dans l'église du lieu. CHARLES-FRANÇOIS , issu des comtes de Vintimille et de Marseille, était chevalier des armes du roi. (Armes: Écartelé aux 2 et 3 de Mar seille qui est de gueules , au chef d 'or , que les diffé rentes branches ont écartelé , des diverses alliances qu'elles ont contractées avec les Lascaris , les Mar seille et le Jeraci. Devise: Præ millibus unus!) Il avait épousé MARIE -LOUISE - CHARLOTTE DE FORBIN - JAN SON , sa cousine germaine, dont il n 'eut pas de pos térité. Il eut pour secrétaire M. MaltoR , mort curé de Groslay, de qui Jean -Jacques Rousseau fait quelque part cet éloge: « Il fut plus fait pour être homme d'État el ministre que curé de village, et on lui eût donné tout au moins un diocèse à gouverner , si les talents déci daient des places. » La terre de Savigny passa , à la mort de M. du Luc, aux mains de son frère , CHARLES-GASPARD -GUILLAUME DE VINTIMILLE, archevêque de Paris, nomméévêque de Marseille le 25 mars 1692; transféré à Aix en 1.708 et sur le siége de Paris en 1729. Ce prélat est mort à 288 CORBEIL ET SES CANTONS. ROUART & Paris le 13 mars 1746 dans sa 91e année. Ses héritiers vendirent à M. HAMELIN , fils d 'un fermier général. C ' est pendant sa possession que l' architecte TROUART a fait exécuter le salon en stuc. Depuis le commencement du siècle , ce château est la propriété de la mêmefamille. Lemaréchal DAVOUST, son chef, a été l'un des militaires que la Révolution a placés le plus haut, à qui la guerre a valu le plus de faveurs , de titres , de décorations! Louis - NICOLAS DA VOUST, issu d 'une famille noble , naquit à Aunoux en Bourgogne, le 19 mai 1770. Il a reçu de Napoléon les titres de DUC D 'AUERSTAED et de PRINCE D 'ECKMUHL. Après cet accroissement d 'illustration , le maréchal fit observer dans sa maison l' étiquette suivie dans les palais des princes souverains; à leur imitation , il avait près de lui un cabinet politique, historique et topographique; et ce qui est peut-être plus remarquable , un chapelain. Rentré en France après les événements de 1814 , il fut exilé de Paris et obtint de se retirer dans son château de Savigny. C 'est là qu'il écrivit son Mémoire au Roi, sur sa conduite à Hambourg (Paris , 1814 , in -8°). Quelques jours avant le 20 mars 1815 , le prince fut au moment de voir son exil se transformer en détention. Après la période convulsive des Cent- Jours auxquels il prit une part active , il revint de nouveau à Savigny; mais au mois de juillet 1816 , ce lieu d 'exil fut échangé contre Louviers où le maréchal passa six mois. Rentré en grâce en 1819, il siégea de nouveau à la chambre des pairs. C 'est au château de Savigny que le maréchal est mort , le 1er juin 1823. Il a été inhumé au Père-Lachaise. SAVIGNY-SUR-ORGE. 289 L 'ABBÉ GLEY (1), son chapelain et son secrétaire , a écrit sa vie avec beaucoup d 'étendue; ce travail est resté manuscrit (armes: d 'or à deux lions léopardés et adossé de gueules; l'un placé au premier canton , l'autre au dernier; tenant chacun une lance polonaise; à la bor dure , componée d 'or et de gueules; au chef des ducs de l' empire; de gueules, semé d 'étoiles d 'argent, bro chant sur la bordure). De son mariage contracté, en 1801, avec dame LOUISE -AIMÉE - JULIE LECLERC, née à Pontoise, le 19 juin 1782 , sont nés: 1° NAPOLÉON Louis , à Paris , le 7 janvier 1811; il est mort en cette ville, non marié , le 13 avril 1853. 2° ANTOINETTE JOSEPHINE, née à Paris, le 2 septembre 1805 , morte au château de Savigny, le 19 août 1821 , épouse du comte ACHILLE VIGIER. 3° NAPOLÉONE-ADÈLE , comtesse DE CAMBACÉRÈS. On sait que l'un de ses fils, LÉON -HUBERT, né à Paris, le 22 décembre 1827, a été tuédans le parc de Savigny, où il faisait une promenade à cheval, le 15 août 1840. 4° LOUISE -ADELAIDE , comtesse DE BLOCQUE VILLE. Le château de Savigny est décoré de tableaux qui reproduisent les maisons de plaisance des souverains de France et d 'Allemagne. Ils sont l'œuvre des artistes BIDAULT et THIBAULT. VERNET en a peint les figures. Le parc est vaste et bien dessiné. L 'Orge n 'en fait pas le moindre agrément. L 'architecte DUFOUR -a reconstruit les moulins mus par cette rivière, en 1811; ainsi que l'entrée principale du château et les communs. On (1) Né à Gérardmes (Vosges),le 24mars 1761; mort chapelain des Invalides, à Paris , le 11 féyrier 1830. 19 290 CORBEIL ET SES CANTONS. trouve dans le parc la statue pédestre du général LE CLERC, frère de madame la maréchale; né à Pontoise en 1772, mort en 1802. C ' est un don du roi Louis XVIII. On sait que le général épousa PAULINE BONAPARTE , seconde seur de Napoléon Ier alors premier consul. JEAN DE PILES possédait à Savigny, en 1454 , un moulin sur l’Orge, appelé JOPIN OU JOBELIN. C ' était évi demment celui dont nous venons de parler. Il relevait de la terre de Fleury-Mérogis. Le vicomte DE CHATEAUBRIAND nous apprend , dans ses Mémoires d 'outre- tombe, qu'il a séjourné quelque temps à Savigny: « Le succès d 'Atala , dit- il, m 'ayant déterminé à recommencer le Génie du Christianisme dont il y avait déjà deux volumes imprimés,madameDE BEAUMONT (née de Montmorin , morte à Rome le 4 novembre 1803 , alors que le noble vicomte y était am bassadeur) me proposa de me donner une chambre à la campagne, dans une maison qu'elle venait de louer à Savigny. Je passai six mois dans cette retraite (c 'était en 1801) avec M. Joubert et nos autres amis. La maison était située à l'entrée du village, du côté de Paris , près d 'un vieux grand chemin qu'on appelle dans le pays le chemin de Henri IV. Elle était adossée à un coteau de vignes et avait en face le parc de Savigny, terminé par un rideau de bois et traversé par la petite rivière de l’Orge. Sur la gauche s'étendait la plaine de Viry jusqu 'aux fontaines de Juvisy. Tout autour de ce pays, on trouve des vallées où nous allions le soir à la décou verte de quelques promenades nouvelles. » Plus tôt, on a connu à Savigny M. DE SÉROUVILLE: SAVIGNY -SUR - ORGE. 291 M. DE LA PANOUZE , chef du mouvement au chemin de fer d'Orléans, y a de nos jours une maison de cam pagne. La maison moderne de madame ANDRÉA se distingue particulièrement des autres habitations du village. Les écarts de la commune sont le hameau de Grand Vaur, la ferme de Champagne et partie du hameau de Fromenteau appelée aussi Saint-Michel. Grand - Vaur est ainsi appelé pár opposition à Petit Vaur qui dépend d'Épinay , la rivière d'Yvette entre les deux. L'ancienneté de ce nom est prouvée par l'exis tence d'un chevalier, appelé GUY DE Vaux , qui, en 1182 , était seigneur suzerain d'une dime à Morcent sur -Orge. Le hameau de Grand - Vaux se fait remarquer par plusieurs propriétés importantes. La terre domi nante est celle de M. le comte Vigier. Elle appartenait en 1587 au président Brisson , déplorable victime des fureurs de partis, dont nous avons rapporté la fin tra gique ( v. Épinay). L'année suivante , elle fut acquise par CLAUDE DE Choiseul, marquis de FRANCIÈRES , l'un des plus grands capitaines d'un siècle fécond en héros! Le maréchal passait pour être aussi habile guerrier que mauvais courtisan. Né le 1er janvier 1632 , il est mort le 15 mars 1711 , sans postérité. Le père Destermes, moine augustin , prononça son oraison funèbre à Lan gres. Après ce possesseur , nous trouvons le comte de Sades, ministre plénipotentiaire de la cour de France auprès de l'électeur de Cologne. Son fils se rendit célèbre par de criminels égarements. En 1786 , elle appartenait à M. Huchet marquis DE LA BÉDOYÈRE , 292 CORBEIL ET SES CANTONS. d père de l'infortuné colonel du 7e régiment de ligne de ce nom. À la fin du siècle dernier, M. VIGIER , riche industriel, en fit l'acquisition. Il y est mort le 16 sep tembre 1817 et a été inhumé dans une chapelle con struite dans le parc. Il était né à Cassaniouze (Cantal) le 9 janvier 1760. Son fils , possesseur actuel du château de Grand - Vaux, a été créé comte en faveur de son ma riage avec la fille ainée du prince d 'Eckmulh , en 1820 (armes: coupé au 1 d 'argent, à trois tours de gueules; au franc quartier des comtes militaires; au 2 de gueules à un pont d 'or (armes de patronage). Nous avons rap porté la mort de cette dame au château de Savigny, quelques jours après avoir donné le jour au vicomte JOSEPH -LOUIS- JULES- ACHILLE, né le 12 août 1821; marié en 1858 à mademoiselle MARTHE BONNIOT DE SALIGNAC. Le comte Vigier épousa en secondes noces la fille du lieutenant général , comte FRÈRE; née à Paris le 24 avril 1803 , morte à Livourne le 15 mai 1828. Un second fils est né de cette union , le baron GEORGES ACHILLE - HIPPOLYTE , marié à mademoiselle CRUWEL, dont le nom révèle un grand talent. M. le comte Vigier , né à Paris le 22 mai 1801, a été député du Morbihan de 1831 à 1842 et pair de France jusqu 'en 1848. Il est chevalier de la Légion d 'honneur. Au château de Grand -Vaux est morte , le 19 décembre 1858, dame MARIE -ANNE- THÉRÈSE FRÈRE, seur du lieutenant général de ce nom; née à Montréal (Aude), le 20 mars 1775. Elle a été inhumée au Père - La chaise où repose son frère. On remarque encore à Grand - Vaux l'habitation créée SAVIGNY-SUR-ORGE. 293 par le chirurgien -dentiste AUDIBRAN , et celle plus modeste occupée par M. VINCENT , gendre de M. Bouil LET , inspecteur de l'Université, auteur d'un Diction naire fort estimé. Ils y vivent en communauté. La partie du hameau de FROMENTEAU, qui borde le côté gauche du grand chemin de Paris, fait partie du territoire de Savigny. L'autre est de Juvisy ( v. ce nom). Plusieurs géographes indiquent ce hameau sous le nom de Saint -Michel. Cet archange a pu figurer sur l'en seigne de la première hôtellerie du lieu. Il nous reste à parler de la ferme de Champagne. C'était au quinzième siècle une seigneurie mouvante de la terre de Chilly. Là est né Gazon dit de Cham PAGNE. Il entra dans les ordres et fut élu évêque de Laon en 1297. Il est mort titulaire, le 13 décembre 1317. Voici l'épitaphe qui lui fut consacrée et que nous a conservée l'abbé Lebeuf ( t. XII , p. 77). Dux laudunensis et præsul Gazo vocatus Laudibus immensis dignus jacet hic tumulatus: Parisiensis ei Campania villæ dat ortum Cui lucis portum tribuat Deus et requiei. Hic decretorum doctor fuit et generosus, Castus, formosus; promotor eratque bonorum Largus, morosus, humilis fuit atque quietus, Facundus, lætus, sapiens, inhonesta perosus. L'auteur précité dit: On lit dans le nécrologe de l'abbaye de Sainte-Geneviève de Paris le nom d'un des bienfaiteurs de cette communauté; il paraît être né à Savigny. C'était un de ces savants qu'on qualifiait de maitres au douzième siècle. Obiit magister Matthæus de Saviniaco…. dedit bibliam valdè pulchram…. unum 294 CORBEIL ET SES CANTONS. annulum aureum. À ce nom ajoutons celui de JEAN BAPTISTE MEUNIER , né à Savigny , où il est décédé le 24 décembre 1855 à l'âge de 87 ans. Il fit toutes les guerres de la République et de l'Empire et parvint au grade de capitaine. Fait prisonnier en Russie pendant la cam pagne de 1812 , il ne revit sa patrie qu'après les événe ments de 1814. Là sont morts: 1 ° ANTOINE - ANGÉLIQUE CHOMEL DE SAINT-ANGE, né à Paris le 4 février 1729. Son père était médecin du roi: il exerça cette profession qu'avaient honorée ses ancêtres, et remporta , en 1764 , le prix des tiné à quiconque, au jugement de sa compagnie, ferait le meilleur éloge de Louis DUREL, médecin célèbre sous Charles IX et Henri III. Il est mort à Savigny le 15 mai 1818 ( armes: d'or à la face d'azur chargée de trois carreaux d'argent) , et y a d'abord été inhumé. Ses restes reposent au cimetière du Père - Lachaise , près de ceux de son fils mort à Morsang - sur -Orge (v. ce nom). 2° JEAN-BAPTISTE LAUNAY, né à Avranches , le 20 mars 1768 (épitaphe) , et non le 8 mars 1769 , comme le marque la biographie universelle; mort le 23 août 1827 , et non le 23 mai indiqué par la biographie Didot. Il se destinait à l'état ecclésiastique , et devint militaire. Admis à la retraite à la suite d'un accident qui faillit lui coûter la vie , il se fit fondeur en bronze. Launay fut chargé de diriger la fonte du pont des Arts en 1802; puis celle des ponts à bascule , du pont d'Austerlitz.. En 1806 , on lui confia celle de la colonne qui s'élève sur la place Vendôme. La statue de Napoléon dont elle était couronnée, fondue d'un seul jet , avait été mise à SAVIGNY -SUR -ORGE. 295 découvert le 15 août 1809. Launay a laissé quelques opuscules relatifs à son art. 3 ° JEAN -CLAUDE DANCE, né à Baussac (Haute - Loire), mort à Savigny où il avait exercé la médecine, le 5 juillet 1836, à l'âge de 84 ans. 4° Et ANTOINE - Philippe GRANDJEAN DE Fouchy, né à Givet , capitaine en retraite, chevalier de la Légion d'honneur mort le 28 avril 1851, à l'âge de 65 ans; ( armes: d'argent , à la fougère arrachée de sinople). A l'époque de nos malheurs révolutionnaires vivait à Savigny un ouvrier couvreur, appelé Jean - Louis LE PAGE , âgé de 36 ans. Il a été condamné à mort le 15 brumaire an II (5 novembre 1793), comme contre révolutionnaire, et immédiatement exécuté ( L. Prud homme , Dictionnaire des condamnés à mort révolu tionnairement.) Au dernier siècle , le comte DE MONTREVEL obtint des lettres patentes portant établissement à Savigny d'un marché par semaine , et de trois foires annuelles ajou tées à celles qui subsistaient déjà. Il ne reste que la foire indiquée au jour de saint Martin d'hiver, qui est assez fréquentée.

VILLEMOISSON

Ce village est échelonné sur la pente d'un coteau qui regarde le couchant, au pied duquel coule la petite ri vière de l'Orge; il est à 5 kilomètres de Longjumeau et à 1 myriamètre 7 kilomètres de Corbeil. On y compte 268 habitants. Ce chiffre n 'a pas varié, ainsi que le prouvent les divers recensements. Pourtant, la proxi mité de Paris et les moyens de transport semblaient as surer à ce village une colonie d 'émigrants, attirée , pen dant la belle saison , par l'air pur et embaumé qu 'on y respire et le calme parfait qui y règne. La station d' É pinay en est fort rapprochée; celle de Savigny n 'est pas beaucoup plus loin. Le nom de ce village , dit l'abbé Lebæuf (t. XII, p. 30), en a imposé aux étymologistes. Il vientdu latin villis messis ou vilis messio. On devrait en conséquence l' écrire Vile-Moisson. Il ajoute: Les uns en ont inféré que c' était un pays de blé , que son territoire était une vaste campagne fertile en froment; d 'autres pensent avec plusde raison que les terres qui constituent son sol sontmaigres. On aura dit primitivement Villemosus, avec l'intention de signifier Villa stagnosa; Villa Ul ginosa; pays humide, ressentant le marais et la fraicheur VILLEMOISSON. 297 des eaux. Le Moss est une expression empruntée aux habitants du nord. Nous croyons ce savantdans le vrai. La colline fournit partout des eaux de sources qui con tribuent à l'agrément des habitations principales du village. Villemoisson n 'était encore qu 'un hameau au onzième siècle. Il dépendait pour le spirituel de la paroisse deSa vigny. Il fut érigé en cure au treizième siècle. Les regis tres de l'archevêché de Paris des années 1521, 1534 et 1544 témoignent, dit l'historien précité , d 'une nouvelle annexion à la paroisse de Savigny.Lamisère des guerres et l'incommodité de la rivière avaient été la cause de cette réunion. Cet état de choses parait avoir duré jus qu ' en 1678. Un arrêté archiépiscopaldu 6 août de cette année rétablit le curé. L ' église , originairement dédiée à saint Martin de Tours , fut alors placée sous le vo cable de saint Laurent. C 'est une grande chapelle sans aile , couronnée par un clocher qui est placé en tête du bâtiment; l'absence d 'ornementations et les diverses res taurations empêchent d 'en apprécier la véritable date. Elle a dû, à notre avis, être reconstruite au dix -septième siècle. Ce n 'est plus qu'une annexe dont la desserte est confiée au curé de Morcent ou Morsang. Le cimetière a été transféré ces années dernières dans la plaine au -des sus du village. L'ancien , contigu à l'église , est au midi. Là reposent les deux épouses de M. DE LAUNAY DES VA RENNES, ancien officier supérieur, chevalier de Saint Louis; MARIE -ANNE - VICTOIRE -ADELINE DUQUESNOY et ALEXANDRINE XANDRINE-CHARLOTTE ARLOTT - LUCIE LE TELLIERR DEDE GRÉ COURT. 298 CORBEIL ET SES CANTONS. de temps On ne connait les seigneurs de Villemoisson qu'à l'aide des titres du prieuré de Longpont-sous-Montlhéry. Ils en font mention à partir du onzième siècle , c'est - à - dire depuis sa fondation; ils portaient alors le nom du lieu. Un document que nous avons plusieurs fois cité , la liste qui fut dressée des seigneurs de la châtellenie de Mont Théry ayant contribué à payer la rançon du roi Jean , nous fournit à Villemoisson le nom de PERRIN YyÈTE. L'abbé Leboeuf n'en dit mot, mais il mentionne à peu de là CHRISTOPHE FOURQUEUX ou plutôt FOURQUANT, procureur au parlement; mort le 6 novembre 1684 , suivant le recueil des épitaphes des églises de Paris (t. III , p. 21 , manuscrit de 1722 , conservé à la biblio thèque de la ville). Il avait reçu cette terre en dot lors de son mariage avec PERNETTE HESSELIN , dite dame DE VILLEMOISSON dans son épitaphe. Elle est morte le 13° jour de février 1501; tous deux avaient été inhumés dans le cimetière des Saints-Innocents, à Paris. Dans l'Épitaphier de l'Ile de France, manuscrit de la biblio thèque Impériale, Fourquant est qualifié seigneur de Villegrines (peut-être Villegenis) et de Villemoisson sur-Orge. En 1670 , Lucien BOIZARD , écuyer , est quali fié seigneur de Villemoisson dans l'autorisation qui lui fut accordée , et à MARGUERITE GELÉ , sa femme, d'avoir un oratoire domestique dans son château. Bientôt après cette seigneurie fut incorporée à celle de Sainte -Gene viève des Bois , et y demeura unie un certain temps; puis fut cédée au seigneurde Savigny qui , après s'être attribué les droits honorifiques qui y étaient attachés , l'aliéna à Dame MARIE-HÉLÈNE MOREAU DE SÉCHELLES , veuve de VILLEMOISSON. 299 RENÉ HÉRAULT. De ce mariage est né le conventionnel HÉRAULT DE SÉCHELLES, en 1760, à Paris. Le neveu du comte d 'Argenson dut ses fautes et ses malheurs à une célébrité précoce! Il est mort sur l' échafaud révolu tionnaire, le 5 avril 1794. Sa Théorie de l'Ambition est l'ouvrage le plus important qu 'il ait laissé. Madame HÉRAULT DE SÉCHELLES vendit son domaine de Ville moisson , en 1770 , à JACQUES-CHARLES LESENÉCHAL, ancien receveur des domaines; et celui- ci, en 1791 , à NICOLAS - JACQUES - SÉBASTIEN BLANDIN , ancien fermier général. Ses héritiers l'ont vendu , le 27 août 1800 , à dame MARIE - JEANNE - DENISE - ELISABETH DE RIGOLEY D 'OGNY, marquise de BASSOMPIERRE, née à Dijon le 21 janvier 1753, morte dans ce château le 29 janvier 1810. JEAN - ANACLET, son époux, d 'une ancienne famille de chevalerie du Barrois, né le 5 novembre 1735, prit le titre de marquis à la mortde son père , qui en avait été honoré par le duc Léopold de Lorraine, le 2 novembre 1719, en récompense de ses services (armes: d 'azur, au chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe , d 'un faisan; le tout d 'or ). Il émigra et fit les campagnes des Princes en qualité de maréchal de camp. Le 7 octobre 1806, M. de Bassompierre chemi nait vers Longjumeau , lorsqu'il fut frappé d 'une attaque d'apoplexie foudroyante. De cette union sont nés un fils et trois filles; nous ne parlerons que de celui- ci, à qui fut léguée la terre de Villemoisson. CHARLES- JEAN STANISLAS-FRANÇOIS, dernier marquis de BASSOMPIERRE naquit à Paris , le 21 septembre 1777; et non comme le dit M. Borel d 'Hauterive, à Clichy la Garenne (An 300 CORBEIL ET SES CANTONS. nuaire de la noblesse, année 1855 , p. 188). Nous l'ap prenons dans son acte de décès. Il est mort dans ce château , le 13 novembre 1837. Ses restes ont été inhumés dans le cimetière de Morcent, où reposent aussi ceux de son père et de sa mère. Il eut , de dame CLAIRE - JEANNE -ROSALIE - CHANTAL DE VILLENEUVE DE VENCE , qu'il épousa en 1811 , cinq fils, morts avant lui , en bas âge ou sans alliance; et trois filles qui lui ont survécu; madame la marquise DE Pins , comtesse d'Hunolstein , morte le 22 février 1847 , et madame la marquise DE CHANTÉRAC. Madame la marquise DE BAS SOMPIERRE est morte au château de Cires - lès -Mello ( Oise) , le 11 avril 1861 , dans sa 75e année. Ce nom avait été plus anciennement connu dans nos cantons: CHARLES DE BASSOMPIERRE , commissaire ordinaire de l'artillerie, était au camp de Longjumeau le 30 septembre 1568 (Catalogue des autographes de M. Lucas de Montigny, p. 33 , Paris 1860 in- 89). Monseigneur DE BAUSSET , ancien évêque d'Alais , allié aux Bassompierre , y fut presque constamment leur commensal jusqu'à sa mort , arrivée à Paris , le 21 juin 1824. Il y employa ses loisirs à célébrer les deux plus illustres évêques dont s'honore l'Église de France: BOSSUET et FÉNELON. Il écrivait de Ville moisson le 16 janvier 1808: « L'intérêt et la bonté que M. Boissy d’Anglas a bien voulu me marquer dans tous les temps , me font espérer qu'il voudra bien accepter avec plaisir un exemplaire de mon Histoire de Fénelon. C'est un hommage que je me plais d'autant plus à lui rendre , qu'il m'est inspiré par l'attachement le plus VILLEMOISSON. 301 sincère et le plus respectueux. » Une polémique litté raire suivit cet envoi. L 'Histoire de Fénelon a eu les honneurs de quatre éditions. M. de Bausset en consacra les bénéfices tout entiers au soulagement des pauvres. On sait que la Restauration lui fit donner le chapeau de cardinal, le nomma membre de l'Académie française et le créa duc et pair. Les héritiers de M. de Bassompierre ont vendu cette terre , anciennement appelée Beaumont , à CHARLES CossonNET et consorts , en 1839; et ceux- ci , la même année , à M. LASSON , père du propriétaire actuel. Il y a , indépendamment deux maisons de campagne importantes, à Villemoisson , celle appelée le château Gaillard , qui a appartenu au célèbre docteur LISFRANC , né le 2 avril 1790 à Saint-Paul en Jarret (Loire ), mort à Paris le 12 mai 1847. Atteint de la pierre , sa vie fut longtemps languissante. Il a beaucoup écrit. Son frère , PAUL- ALEXIS -LISFRANC DE SAINT-MARTIN , né à Paris le 10 août 1795 , eut aussi sa maison de campagne à Villemoisson; il y est mort le 26 janvier 1849 , et a été inhumé au cimetière du Père -Lachaise. Là est né son fils , ALPHONSE- JOSEPH -LISFRANC DE SAINT-Martin , le 25 septembre 1830. BARBIN , célèbre libraire du dix- septième siècle , dont les livres sont hors de prix aujourd 'hui dans les ventes d 'amateurs , avail sa maison de campagne dans ce vil lage. Il en faisait ses délices. BOILEAU -DESPRÉAUX, al lant ou revenantde Chilly , où il allait visiter Chapelle , son ami, s'arrêtait chez Barbin , qui considérait ses visites comme une insigne faveur. 302 CORBEIL ET SES CANTONS. Villemoisson comptait au nombre de ses habitants , en 1789 , MM. MALLET et BLACQUE, procureurs au Châte let de Paris. Ce village a eu pour maire M. FRANÇOIS ANDRÉ MAURoy, mort à Paris, le 18 janvier 1849 , à l'âge de 80 ans. Cette commune n'a pas d'écarts. Donnet marque sur sa carte de l'arrondissementun lieu appelé les Franchises, au territoire de Villemoisson.

VILLENEUVE-LE-ROI

Nous connaissons ta source et ton antiquité! Trente siècles sont là , marquant ton origine. Songez- y bien! Et nous, montrons à notre mine Que d 'un si grand renom nous comprenons le poids, En portant fièrement ce beau nom de Gaulois! Nous empruntonscette épigrapheà l'œuvre de M. Oli VIER-ROLLAND, barde du pays , l' Antiquité Gallo - Ro maine de Villeneuve- le- Roi (1). Les investigations sa vantes, non moins intelligentes,de M. l'abbé BARRANGER, curé du lieu , ont fait découvrir à Villeneuve un monde sous le monde! Il est difficile de comprendre aujour d'hui comment ce village, posé dans l'horizon de Paris, a vu son antiquité si longtemps ignorée. Depuis ces découvertes, les commissions ministérielles scientifi ques, officielles et officieuses, sont descendues sur les lieux. Nous nommerons MM. Jules Quicherat, Alfred Maury, Leroux de Lincy, général Creuly, Bertrand , Henri Martin , L. Coutant, Joseph Bard , etc. Le docte ecclésiastique a vu ses appréciations confirmées par ces savants. Ainsi, son nom est inséparablement lié à l'his toire du pays. Villeneuve se dresse en amphithéâtre sur une col line à laquelle l'aurore livre toute sa lumière, sa salu (1) Cette pièce a été insérée dans l'Union de Seine- et-Oise et dans le Moniteur viennois, en 1861. 304 CORBEIL ET SES CANTONS. brité (1 ) et ses splendeurs ( 2). Devant lui coule la Seine, à la rive gauche de laquelle il est assis; la voie ferrée de Paris à Orléans et à Corbeil est parallèle au fleuve; 13 kilomètres séparent Villeneuve de Paris. Il eut ori ginairement sa station: elle a été reportée à Ablon. La distance est à peu près la même. Ce village compte 474 habitants. Il est à 1 myriamètre 2 kilomètres de Longjumeau; 5 kilomètres en plus le séparent de Cor. beil. C ' est un pays de labours. La vigne cultivée sur le coteau y est en honneur. Ses produits sont des plus estimés des environs de Paris. Le 18 juillet 1484 , Charles VIII dînait chez les Chartreux, alors seigneurs du lieu. Ce monarque trouva le vin du cru si bon et si à son goût, que son premier maître d 'hôtel eut ordre d 'en prendre un muid de blanc et un muid de clairet, qui furent payés neuf livres douze sols parisis ( 3).Guil LAUME GODEFROY, écuyer, fit à ces moines la cession de quelques héritages situés dans la Brie , sous réserve d 'une redevance de vin à prendre dans ce cru. Rois et sujets buvaient alors à la mode des Gaulois, sans me sure et sans terme: Biberunt ut Galli, nec erat men sura in erogando. Il faut le dire à regret pour nos devanciers, l'anti quité de Villeneuve se révélait par quelques monu ments , et particulièrement par des noms de climats enregistrés au terrier de l'ancienne Seigneurie, dressé (1) M. le docteur Bourdin , de Choisy -le-Roi, répute ce village dans des conditions exceptionnelles d'hygiène. (2) Villeneuve -le -Roi en 1860, br. in - 8 , de 19 pages, par le cheva lier Joseph Bard. (3 ) Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, t. XII , p. 136. VILLENEUVE -LE-ROI. 305 en 1725 (1 ). On se demande alors comment tant de siècles ont pu passer sans qu 'on y ait fait attention! Ici c 'est le champlier de Pierre- Fritte et le Rů bâteau , tous deux contigus, situés entre la Seine et le village. Dans le premier, se dresse encore, à moitié enterré par les alluvions, un men -hir. Il porte le nom populaire de Pierre- fritte, qui l'a évidemment fait oublier. Une rue de Vitry est aussi ainsi appelée. La voie romaine de Lutèce à Melodunum devait suivre cette direction. Une fouille pratiquée au pied du monument druidique n 'est pas venu révéler le statumen de la voie antique; peut- être passait- elle à quelques mètres de là. Cela parait d 'autant plus évident que l' établissement d 'un barrage sur le fleuve , devant Ablon , ayant nécessité le draguage du lit en cet endroit (1861) , on a rencontré les pilotis du pont quidut procurer son passage d 'une rive à l'autre. Des vases, des fragments de poterie , des armes en bronze , en silex , de l'époque de l'occupation des Gaules par les Romains, ont été retirés de l'eau durant l' opération. Dans le second champtier, il faut reconnaître un bras mort de la Seine; les inondations du fleuve l'envahissent encore. Les nautes y condui saient leurs barques pour les mettre à l' abri d 'un cou rant dévastateur; peut- être ce rủ fut- il creusé pour protéger le men - hir , devant lequel les druides durent exercer leur culte mystérieux? Si nous nous transpor tons sur la colline au sud du village, nous trouvons le champtier des Godets et celui de Saintot. Ces dénomi (1) Il est conservé à la maison communale. 306 CORBEIL ET SES CANTONS. nations conservent évidemment des souvenirs celtiques. Dans le premier , l'inspection du sol fait reconnaître des restes de poteries grossières, non vernissées , dont la fa brique subsistait en cet endroit. Cette céramique indi que une haute antiquité. Elle était fabriquée sans l'aide du tour, c'est-à-dire façonnée seulement avec la main , les fragments trouvés portent l'empreinte des doigts de l'inhabile potier. Dans l'autre canton , on trouve une fontaine, appelée anciennement Cély, et de nos jours Saintot, en meilleur français , Sainte - eau. C'est le bap tême de l'ère chrétienne! Un canal souterrain , long de cent mètres au moins, y amène les eaux qui l'alimen tent. Au nord , dans le village même, se trouve une se conde fontaine: elle eut également part aux bommages et à l'affection des Celtes. De temps immémorial, la place au - devant est appelée Pierre - Laye. Là se dressait le Peulvan , le Mercure de Villa antiqua! Nous le répé tons, ces diverses dénominations celtiques , auxquelles on ne faisait pas attention, rappellent des centres d'ha bitations gauloises de la plus haute antiquité. Ville neuve était sans doute un oppidum; nous n'oserions affirmer qu'il fut le Metiosedum mentionné par Cé sar ( 1 ) , tant cherché, et dont l'emplacement certain est encore un problème. Cette conjecture se relierait en quelque sorte à celle de M. J. Quicherat (2) , que M.l'abbé Barranger proclame. La nôtre est plus arrêtée pour Athis , dont la position élevée était le choix le plus ha bituel des Celtes. Le savant membre de la Société des 7 ( 1 ) Liv. VII , chap. LXI. ( 2) V. Juvisy. VILLENEUVE-LE -ROI 307 nus antiquaires de France a rencontré sur son passage un un rude joûteur, M. DE Saulce, qui, dans ses cam pagnes de Jules César dans les Gaules (1) , le combat sans conclure , mais en indiquant Meudon. Il lui a ré pondu en maintenant ses conclusions ( 2 ). Aux faits pal pables, qu ' on ne cherchait pas à connaître, sont venus se joindre des découvertes récentes; elles sont mises en lumière les unes par les autres. Au-dessus du village , dans une carrière à ciel ouvert,on a reconnu deshuttes gauloises souterraines. L ' examen a montré un foyer garnide ses cendres , des débris de céramique, et une partie de la mâchoire supérieure d 'un babyroussa, ani mal appelé chærelaphos par les anciens, c'est- à - dire cochon -cerf. Son espèce ne se rencontre plus en Eu rope. Ces huttes ont-elles été creusées pendant une occupation militaire? Ou bien sont- elles le cubicula des chrétiens persécutés? Telle est la question. Il faut aussi signaler, à l'est du territoire de Villeneuve , l'exis tence de margelles ou mardelles, dans lesquelles on trouve des débris de vases d 'une fabrication primitive, des ossements d 'animaux, et quantité de bois carbonisé. De semblables restes d ' établissements celtiques ont été observés sur plusieurs points du territoire de l'empire. M.DE LA VILLEGILLE en a reconnu dans l'ancien Berri(3); M. FERET, dans les environs de Dieppe; M. DE COLLE VILLE , dans l'arrondissement d 'Argentan; M. Firy, en (1) Études d 'archéologiemilitaire, 1re part.; Paris, 1862, in -. (2) L 'opinion de M. F. de Saulcy sur la bataille entre Labiénus ei les Parisiens. Revue archéologique, 15e année , 2° sér. , p. 101. (3 ) Mémoires de la Scciété des Antiquaires de France, t. IV de la 2e série. 308 CORBEIL ET SES CANTONS. n Lorraine. Il y en a également en Champagne. Leur dia mètre varie; leur forme est ordinairement circulaire et elliptique. Strabon et Vitruve ont décrit ces habita tions. Le dernier dit: Luteas domos legebant arundini- > bus. Nonnulli de luto et virgultis fecere loca….. Hirun dinem nidos imitantes. A la fin de l'année 1859, on fit disparaître l'ancien cimetière: il occupait le côté méridional de l' église; on n ' y inhumait plus depuis 1820. Les fouilles exécu tées pour extraire les ossements , et abaisser le sol, mi rent à découvert un ustulum destiné autrefois à la ci nération des corps (1). C 'est à M. l'abbé Barranger que revient l'honneur de cette découverte. Près de là existe une voûte souterraine qu 'on eut le tort de ne pas explo rer. C 'était certainement la galerie des Columbarium. L 'un d 'eux a été ouvert par la pioche à son orifice. La forme de ces dépôts funéraires est celle d 'une ruche d 'abeilles. Le fond decelui - ci était garni d 'une couche de graine de millet, et sa capacité de pierres debout (2), dontles rangs étaient séparés par un lit de terre. L 'urne qui renfermait les cendres du personnage était placée au centre. Autour, on avait disposé, dans le sens exact des points cardinaux , des os de poulets , de lièvres, de chevreuils. Tel était garni intérieurement ce petit sanc tuaire de la mort. Plus de doute, lorsque le christia nisme put sortir des catacombes, il dut se greffer sur le (1) On pense que la rue du Cendrier, à Paris, tire son nom d 'un quartier appelé anciennement Locus cinerum , le lieu des cendres. ( 2) M. l'abbé James, dans son Dictionnaire de la Bible (édition Migne), répute les pierres brutes pures. VILLENEUVE -LE-ROI. 309 - VO paganisme pour faire oublier aux néophytes leurs an ciens dieux, et leur ôter ainsi les moyens de leur ren dre plus longtemps des hommages qui se seraient per pétués. M. Ronjou , de Choisy- le - Roi, jeune élève de l'École des chartes, a fait récemment d 'autres décou vertes sur le territoire de Villeneuve. Il nous en dira un jour le secret. On ignore le sort de Villa antiqua sous les mérovin giens. Déjà , néanmoins, il y avait une église; la base de la tour des cloches, et quelques substructions voi sines, accusent le huitième siècle. Le territoire de Ville neuve formait une des terres du fisc , sous les rois ca pétiens; ils y avaient un rendez- vous de chasse , et y entretenaient une meute. À son nom , Villeneuve vit s'ajouter celui du Roi (Villa nova à rege), pour le dis tinguer de Villeneuve - Saint -Georges, posé en regard , à l'opposite du fleuve. Le premier monument écrit , où il soit nommé, est de l'an 1112; il concerne l'abbaye Saint-Magloire de Paris, et parle de terres situées apud montes (à Mons), Villam novam et upud Ablun. Une charte de Louis le Gros, de l'an 1122 , parle de Villa nova , comme d 'une terre dont le roi était seigneur par ticulier, et où il avait des hommes-serfs. Ce prince confirme, par cet acte , une coutume appelée Befcht, par laquelle , dans le mariage des serfs de cette terre avec ceux de l'abbaye Sainte-Geneviève, la femme ap partenait à celui dont le mari était serf, et même les enfants des deux sexes. Louis VII et Philippe -Auguste, après lui, confirmèrent cette coutume. Le ciernier fit don de la terre et du manoir royal de Villeneuve aux e 310 CORBEIL ET SES CANTONS. Chartreux de Paris , avec l'obligation singulière de pour voir à la nourriture de sa meute. Le trésor des chartes, à la Bibliothèque impériale , nous a révélé l'existence d'un acte passé à Paris, le 13 octobre 1337 , contenant vente d'un droict de past-à -chiens, que le roy prenoit d'ancienneté pour ses chiens sur plusieurs héritages , au terroir de Villeneufve - le - Roy, faite par le roy Philippe de Valois, au prieur et couvent de la Grande- Char treuse , diocèse de Grenoble , en la comté de Savoye , pour soixante sols parisis de rente. Nous trouvons le roi Philippe -Auguste à Villeneuve-le-Roi , le 1er mai 1209. Il reste la pierre du témoignage de l'habitation de la communauté , non loin de l'église; c'est un portail buté par deux éperons. Il fut peut-être celui d'une cha pelle; de la grange aux dimes; ou enfin l'entrée princi pale du monastère. Le village de Wissous offre une construction de même analogie. L'une et l'autre accusent le treizième siècle; l'arc brisé , si en usage alors , sert de couronnement à la porte; et on reconnaît la coulisse ou rainure par laquelle la herse descendait , ce qui an nonce un système de fortification. Mais ce qui arrête pour se bien fixer, c'est la forme et l'ampleur du bâti ment qui s'y adapte derrière; sa charpente, d'ailleurs considérable , fournit matière à conjectures. Ajoutons qu'il est à l'usage d'une grange. Au quatorzième siècle , les chartreux possédaient la plus grande partie de la terre de Villeneuve. Sur la fin du seizième , ces religieux, s'étant indiscrètement enga gés dans la Ligue, se virent forcés d'aliéner le temporel de leur seigneurie à Mathieu MARCEL, conseiller d'État. VILLENEUVE-LE-ROI. 311 Il en possédait déjà une partie notable. Nous en re parlerons bientôt. L 'église est sous le vocable des apôtres Pierre et Paul, dont les attributs, le glaive et la clef sont peints sur la muraille extérieure du clocher. L ' édifice est orienté suivant la règle liturgique. Il se compose de trois nefs: celle au midi, la plus écourtée, rencontre la base de la tour des cloches sur son chemin. Là est la partie la plus ancienne de l'édifice; on y reconnait le huitième siècle. C ' est la primitive église. Elle a dû disparaitre au dix septième siècle , lorsque CLAUDE LE PELETIER , sei gneur du lieu , fit édifier le cheur et le transept septen trional actuels. Le surplus du monument est l'euvre du douzième siècle. La voûte insolite des nefs a été re faite ou restaurée. La charpente du comble , originai rement apparente , étail en bardeaux. Celle , plus élevée du sanctuaire , montre une clef pendante. Les trois ſe nêtres de l'abside sont garnies de verrières modernes; celle du centre montre le Rédempteur des hommes ayant à ses côtés Pierre et Paul, ses disciples bien - ai més. Les deux autres sont des grisailles. La tour, dans sa partie supérieure, est une construction du treizième siècle. Elle a son toit en bâtière; cette forme se ren contre souvent à la campagne; elle n 'exclut pas la pré sence de la croix , surmontée du coq, emblème du ju gement dernier , jour où la trompette nous éveillera du tombeau , comme, à l'aurore , le chant de cet oiseau domestique rappelle l'hommeà la vie active et l'arrache au sommeil. La cloche suspendue au beffroi porte le millésime 1754. 312 CORBEIL ET SES CANTONS . Le pavé de l'église montre plusieurs pierres tom bales dont les inscriptions ont été effacées par le frotte ment de la chaussure. Sur l' une d 'elles est représenté un hommeen robe longue, le capuchon abattu; il a les mains jointes. Cemonumentpeut remonter à l'an 1320. On lit encore sur la bordure de la pierre: « Ci- gist JACQUES DE SAULIS…. de Erani…. lequel trespassa , etc. Dans la chapelle seigneuriale se voyait jadis le monu ment funéraire derrière lequel avait été déposé le cœur du contrôleur- général Claude Le Peletier, mort à Paris en 1711. Il a disparu durant nos dissensions civiles. Il serait bien de renouveler ce Memento. Les largesses de ce magistrat, bienfaiteur de cette église, en font un de voir. Le littre funèbre qui fait ceinture au dehors de l'abside du monument, a été peint pour cette cérémo nie. On y voit les armes de ce magistrat. Nepourrait-on pas aussi ériger en cette église un marbre à la mémoire de JEAN NERVET. Il honora le lieu de sa naissance par son mérite et son élévation à l'épiscopat. On lisait cette épitaphe sur sa sépulture dans l'église de la commu nauté du Val- des- Écoliers, à Paris, dont il avait été le supérieur: Icy repose au rang des morts De lehan Nervet le religieux corps Natif du bourg Villeneufve-le-Roy Près de Paris; lequel en noble arroy Au bon Loys unzièmede ce nom Fut chapellain , ou acquit grand renom Qui fust évesque après de Magarance, Etde Sully abbé par révérence , Pareillement prieur de ce saint lieu , Par cinquante ans un mois servant à Dieu. VILLENEUVE- LE-ROI. 313 Ou mort le prist dixième de novembre Mil cinq cent vingt et cinq que remembre Chacun priera Dieu pour sa pauvre âme Soit en son divin royaume. Amen. Le Laboureur donne cette épitaphe dans son ouvrage: Les tombeaux des personnes illustres ( 1 ) , et la gravure des armes du prélat: d'argent, à un lion de sable ram pant. Il dit ce tombeau de pierre, et élevé au-dessus du sol. Jean Nervet y était représenté revêtu de ses habits pontificaux. Il a été le dix-septième prieur du Val-des Écoliers. Le père Quesnel lui a consacré une notice dans son histoire manuscrite de cette communauté ( 2). Elle nous apprend qu'en embrassant la vie religieuse, il fut d'abord profès au prieuré Saint-Éloi de Longju meau. Louis XI , devant qui il offrit le sacrifice à la maison du Val-des-Écoliers , le remarqua et le retint auprès de sa personne. Il devint l'aumônier et le con fesseur de ce prince , en 1474 , et fut élu prieur de sa communauté en 1476. Après la mort du roi ( 1483) , il en prit le gouvernement. Ce nom nous rappelle celui d'un digne ecclésiasti que , autre enfant du pays , l'abbé CHARLES LE PORTIER , chanoine de Lens , au moment de la révolution. Il émi gra , et , pour se procurer des moyens d'existence , se chargea d’une éducation en Angleterre , où il s'était ( 1 ) Paris , 1679, in - fol., p. 242. (2) Liv. II , chap. xvii, p. 149. Le livre du P. Quesnel est conservé dans la bibliothèque Sainte -Geneviève. L'abbé Lebeuf et l'Épitaphier des églises de Paris, donnent aussi l'épitaplie de Jean Nervet. Ce der nier ouvrage est manuscrit; il a été écrit en 1722 et forme 3 vol. in fol. ll en existe plusieurs copies; nous avons consulté celle de la bibliothèque de la ville ( v. t. II , p. 239). 314 CORBEIL ET SES CANTONS. réfugié. Après les jours d 'épreuves, il revit la France et ne prit plus rang dans le clergé. Athis, Corbeil et Soisy- sous - Étiolles se sont partagé ses derniers jours. Il est mort à Soisy , le 9 avril 1832 , à l'âge de quatre vingt-dix ans, et aveugle depuis plusieurs années. Il était chevalier de l'Eperon d 'or. Disons tout de suite qu 'à Villeneuve est mort, vers 1760 , l'abbé JEAN - BAP TISTE HOUSSET. Il se fit des ennemis en protestantcontre la bulle Unigenitus, et fut enfermé à la Bastille , en 1745. Après deux ans de détention dans cette prison , on l'envoya en exil à Villeneuve - le - Roi, où il est mort oublié. L 'ameublement de l'église de Villeneuve offre d 'assez belles menuiseries du dix -septième siècle. Le retable du maitre- autel est de cette date; il provient de la chapelle du château de Chilly. Le lambris du sanctuaire , celui de la chapelle du transept, et la tribune de la nef, sont dumêmetemps. Mais ce qui intéresse plus particuliè rement, ce sont deux tableaux sculptés en relief, sur bois: l’un représente saint Pierre - és -liens; l'autre la conversion de saint Paul. Il y a dans le chour une toile de grande dimension , peinte par madame Louise Mari gny: la Flagellation. C ' est un don de madame FÉRON MICHEL (1861), auquel elle a ajouté depuis deux au tres tableaux. M. l'abbé A. BARRANGER, curé de Villeneuve , est né à Tillenay, dans la Côte - d 'Or, en 1805. Aux vertus, à l'érudition du prêtre, il unit la science de l'historien et de l'helléniste. L 'archéologie ne lui est point non plus étrangère. Le docte abbé est membre de la Société des CU VILLENEUVE-LE-ROI. 315 sciences morales, lettres et arts de Seine-et-Oise; des sciences industrielles, arts et belles - lettres de Paris; des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. L'Union de Seine - et - Oise et le Moniteur Viennois ont publié , en 1860 et 1861 , plusieurs articles rédigés par ce savant sur les découvertes faites à Villeneuve. Il a aussi donne: Bourgade souterraine celtique et gallo -romaine, bro chure in - 8 ° de 11 pages ( Paris , 1861 ) , sur le même sujet, et précédemment: Heures paroissiales de Bossuet, textuellement extraites de ses auvres, in - 8 °; Heures eu charistiques de Bossuet , in- 18; Légendes de Notre-Dame de la Levée, in- 8°; Souvenirs de l'église de Flagey, in - 8 °; Souvenirs de l'église de Labergement, in-8°; Souvenirs de Napoléon Jer au polygone de Tillenay, in- 8°; Odyssée étymologique gallo - grecque de Lyon à Paris , avec grande excursion en Bourgogne. Paris, 1858 , br. , in- 18 de 52 pages, et Étude sur l'esclavage de l'antiquité jusqu'à nos jours, 1860 , br. , in-8° de 34 pages. Après avoir parlé de M. l'abbé Barranger, pouvons nous oublier son ami et compatriote, le chevalier Jo SEPH BARD, né à Beaune en 1803; mort en la même ville en 1861. Il venait chaque année à Villeneuve; il y a laissé plusieurs marques d'affection pour notre pays. La Semaine religieuse contient une monographie de l'église de Villeneuve , sortie de sa plume ( 1 ); il a aussi publié, sur la villégiature de la commune, une notice pleine d'intérêt ( 2); et a fourni au Journal des Villes et des Campagnes une monographie de l'église de Longpont ( 1 ) T. VIII , nº 191 , 12 juillet 1857. (2) Villeneuve- le-Roy en 1860, broch. in - 8 de 19 p. 316. CORBEIL ET SES CANTONS. sous Montlhéry. Plusieurs communes de notre arron dissement ont aussi une mention dans son opuscule: Voyage pédestre de Paris à Melun (Paris , 1830 , in - 12). Au milieu du dix - septième siècle , le presbytère de Villeneuve abritait quelques prêtres de la mission , ap pelés Lazaristes. La tradition veut que SAINT VINCENT DE PAUL, leur fondateur, soit venu les y installer dans cette sorte de petit séminaire. La petite communauté avait donné à cet asile le nom de la Charité. Les biens qu'elle possédait sur le territoire portaient également ce nom. L 'ancien terrier seigneurial en fait foi. MM. les Lazaristes avaient un hospice non loin , au village de Grigny. C 'est en 1596, que les Chartreux aliénèrent la sei gneurie de Villeneuve. Elle passa alors en des mains laïques. MATHIEU MARCEL l' eut le premier. Peut-être ce qu'il possédait déjà à Villeneuve venait- il de J. CHAP PUIS , inscrit sur la liste des seigneurs de la châtellenie de Montlhéry, commeayant contribué à payer la rançon du roi Jean (1). L 'église de Saint-Jacques -de- la - Bou cherie à Paris , contenait l' épitaphe deCLAUDE MARCEL , mort le 1er octobre 1590 (2 ). Il y était qualifié contrôleur général des finances et seigneur de Villeneuve-le -Roi. C 'était certainement le père deMathieu. La veuve etles héritiers de celui-ci vendirent cette terre à GUILLAUME du VAIR. Il prêta foi et hommage au roi à ce titre , le 5 juillet 1617. Son père luiavait laissé pour toute for (1) Mélanges de littérature et d 'histoire, recueillis par la Société des bibliophiles français. Paris, 1850, in - 12. (2) Recueil manuscrit des épituphes des églises de Paris, manuscrit écrit en 1722. H VILLENEUVE -LE -ROI. 317 tune une prébende dans la cathédrale de Meaux. C'est à son mérite qu'il dût de parvenir à l'évêché de Lisieux et à la charge éminente de garde des sceaux. Du Vair écrivit son testament à Villeneuve -le - Roi, sous la date du 10 juin 1620; il est mort l'année suivante , le 3 août. Antoinette du Vair , sa seur, veuve de M. Aleau me, conseiller au parlement , son héritière, jouissait encore de la terre de Villeneuve en 1630. Son fils la vendit à CLAUDE LE PELETIER. (Armes: d'azur , à la fasce d'or , accompagné de trois croissants d'argent, en chef et un en pointe. Les deux du chef brisés d'un Lambel de trois pendants de gueules). On lit dans le Mercure Galant du mois de mars 1684 ( p. 30) , à l'occasion de la nomination de ce magistrat à la place de contrôleur - général: « Ce grand homme avoit les veux du public avant qu'il eust esté choisy par Sa Majesté, et l'on peut dire que ses rares qualités le rendoient très- digne d'un pareil honneur. Sa prudence , qui a éclaté en toutes choses, a paru surtout dans l'édu cation de Messieurs ses enfants, dont il a toujours pris un soin très- particulier. » C'est après avoir travaillé avec M. de Lamoignon aux fameuses ordonnances de Louis XIV, que Le Peletier fut appelé à succéder à Colbert. Le quai connu à Paris sous son nom , a été construit en 1675 , alors qu'il était prévôt des mar chands. Claude Le Peletier, né le 26 juin 1631 , épousa en 1656 MARGUERITE FLEURIAU D'ARMENONVILLE, veuve du président de Fourcy ( 1 ). Il en eut cinq enfants: Mi ( 1 ) Mort à 32 ans; laissant une fille, Marguerite de Fourcy , qui épousa le secrétaire d'État de La Vrillière. 318 CORBEIL ET SES CANTONS. VE CHEL , l'aîné, embrassa l’état ecclésiastique, et devint évêque d'Angers en 1692. Il est mort évêque nommé d 'Orléans, le 3 août 1706, à quarante -cinq ans (1). Louis, le second , a été seigneur de Villeneuve -le -Roi; CHARLES-MAURICE, le troisième, connu sous le nom de l'abbé de Saint-Aubin , est mort à Issy, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, le 7 septembre 1731, à soixante - sept ans. MARIE -MADELEINE épousa le prési dent d 'Aligre , et FRANÇOISE , Jean - Pierre d 'Argouges de Ranes. Cette dame est morte le 14 janvier 1745, à quatre - vingt-quatre ans. Le Peletier se retira dans sa terre de Villeneuve - le Roi, en 1697 , lorsqu'il abandonna les affaires et la cour. Louis XIV l'honora d 'une visite à quelque temps de là. Le roi approuva le bon goût et la simplicité du manoir ,reconstruit récemment par ses soins. MARIETTE a gravé ce château , c 'est à peu près tout ce qui en reste. La topographie de la France à la Bibliothèque impériale , conserve aussi les plans qui en furentdressés, et celui d 'ensemble du parc. La façade principale regardait Pa ris. Un Saint-Louis de LEBRUN ornait le retable de la chapelle; le plafond de la galerie représentait l' histoire deMoïse , peinte par BOURDON. Cette vaste galerie était remplie de livres , et ornée de bustes et de portraits d 'un grand nombre de savants. L 'enclos subsiste encore, mais il est livré à la culture; on parle de le morceler. Lemaître aimait si passionnément les inscriptions, qu'il y en avait sur l'écorce des arbres et sur les bancs des (1) Mademoiselle Scudéry écrivit une lettre de condoléance à Le Peletier , à l'occasion de la mort de ce prélat. VILLENEUVE-LE-ROI. 319 tinés au repos et à la méditation. Piganiol de la Force parle longuement de cette terre, dans sa description des environs de Paris; et l'abbé Lebeuf (p. 142) donne à la suite de l'histoire de la paroisse, une pièce de vers la tins de la composition de Le Peletier; elle a pour titre: Descriptio Ville -novæ. Nous eussions voulu , ainsi que ce savant, en faire l'application à Villeneuve -le - Roi; nous sommes forcé d ' y trouver la description de la de meure qu'il se choisit à Villeneuve- Saint-Georges, après avoir cédé celle - ci à Louis, son second fils. Dansla tra duction qu'a donnée de cette poésie le SÉNATEUR VER NIER, en 1807 , on lit (p. 25 ): « Je ne puis passer sous silence mon ancienne habitation , qui a faitmespremières délices. Quoique placée au - dessous de celle que j'occupe, elle ne lui porte point envie. » Ce passage ne peut laisser de doute. Claude Le Peletier est mort à Paris le 10 août 1711; on l'inhumaà Saint-Gervais, Son portrait a été gravé. J. Boivin a publié sa vie en latin (Paris, 1716 , in -4°). ROLLIN (1 ), recteur de l'Université de Paris , était le commensal le plus habituel de Le Peletier; c'est à lui qu 'il adressa sa description de Villanova. Lo hasard avait donné à ce docte pour condisciples et pour rivaux, les fils de ce magistrat, il voulut que leur émule, sou vent leur vainqueur, fut associé à leurs plaisirs comme à leurs exercices. Rollin , leur ami constant, surveilla dans la suite l'éducation de leurs enfants, et s'attacha de plus en plus à cette respectable famille , par le sen (1) Néle 23 août 1665 , mort le 7 septembre 1731. 320 CORBEIL ET SES CANTONS. timent aimable qui se nourrit des souvenirs de l'en fance, et s'étend à tout le reste de la vie. On trouve dans ses Opuscules (Paris , 1771 , 2 vol. in - 12), la lettre qu 'il adressa à Le Peletier en remerciement de l'envoi de la pièce dont nous venons de parler. N 'oublions pas les plaintes , ou plutôt les regrets exprimés par le poëte SANTEUIL , de n 'être point de la compagnie deMM. Rol lin et Hersant. La pièce a pour titre: Ad Claud. Pelle terium regni administrum in villa sua rusticantem. San tolius se relictum ab eo fuisse queritur (Carmina, p. 227). Louis Le Peletier fit l'acquisition de la terre d 'Ablon , et l'unit à celle de Villeneuve. Ce magistrat avait une santé si délicate , et était si pénétré de ses devoirs, qu 'il ne conserva la première présidence du parlement de Paris que de 1707 à 1712. Le Père Jacques de la Baume ne l'a pas oublié dans son éloge historique de ce même parlement, traduit du latin par Dreux du Radier, en 1753. M. Cuvier , recteur des colléges de Dormans et de Beauvais, lui a consacré une ode latine (1736 , in 4°): Illustrissimo viro D. D. Ludovico Le Peletier , se natus principi, collegium Dormano- Bellovacum , quod est in regimine ac tutela supremi senatus, recentem ho norem gratulatur. Louis Le Peletier, né à Paris, est mort en cette ville , le 31 mai 1730 , âgé de soixante neuf ans. Il se maria deux fois: en 1688, à GENEVIÈVE JOSEPH DU COSKAER, morte le 10 septembre 1693; et, en 1694 , à CHARLOTTE-HENRIETTE LE MAIRAT (1). Du premier lit: est né Louis II, le 9 octobre 1692; après (1) Les enfants du second lit ont été: Charles- Étienne Le Peletier , intendant en Champagne, et madame la marquise de Feudol. VILLENEUVE-LE-ROI. 321 lui seigneur de Villeneuve - le -Roi et d 'Ablon; il lui suc céda aussi dans sa charge de premier président, dont il se démit le 1er octobre 1743. Devenu veuf de THÉRÈSE HENNEQUIN , le 26 février 1746 , il se retira à la Char treuse de Paris, où il estmort le 20 janvier 1770. C 'est de cette famille que sont issus les MARQUIS DE Ro SAMBO et les LE PELETIER D 'AULNAY. En quittant le monde, M. Le Peletier vendit ses terres de Villeneuve et d 'Ablon à NicoLAS- ALEXANDRE DE SÉGUR, président à mortier au parlement de Bordeaux , marié à CHẢR LOTTE -ÉMILIE LEFÈVRE DE CAUMARTIN. Ce seigneur fit détruire une portion du château, et fit employer les matériaux aux murs du parc dont il augmenta l' éten due. De son temps, et sous son successeur, M. BERGON DUMÉNIL, Louis XV et Louis XVI, lorsqu'ils étaient au château de Choisy, venaient chasser à Villeneuve. Un jour , un enfantdu village cria: Vive le roi! au passage de Louis XVI. Ce prince cheminait à pied; il s'appro cha et embrassa l' enfant aujourd 'huioctogénaire. Le DUC DE Coigny posséda ensuite la terre de Ville neuve, puis M. GAUTHIER DE VINFRAY , secrétaire du roi. M. COTELLE DE GRANDMAISON acheta nationalementcette terre en 1791. Il la céda en 1796 à M. JANVIER Mon NERON, celui qui,avec son frère , donna son nom à notre monnaie de cuivre. Il a fait disparaître le château et a mis la cognée dans la belle futaie du parc. Ensuite vin rent MM. DELAVILLE -LEROUX, ÉTIENNE et ALEXANDRE DELESSERT (1 ). Ce philanthrope a doté le bureau de (1) Né à Lyon le 17 avril 1776 , mort à Paris, le 27 novembre 1833. 1 322 CORBEIL ET SES CANTONS. bienfaisance et dispensé ses largesses à Villeneuve. Il vendit en 1833 à M. FÉRON MICHEL , négociant de Paris , colonel de la 4e légion de la garde nationale, mort le 11 mars 1853 dans sa soixante -douzièmeannée. Il était officier de la Légion d 'honneur. Sa veuve l'habite avec M. SOUPAULT, son gendre. Le rôle des tailles de l'année 1790 , conservé aux ar chives du département, nous a fourni les noms des pro priétaires alors les plus imposés. C ' étaient: MM. DAR DENNE, procureur au parlement; FOULON DE DOUÉ, intendantde Moulins; LE Roi, de Petit-Val; DE LIGNAC, avocat général à la cour desmonnaies; THORÉ, curé de la paroisse Saint- Hilaire de Paris; LE BOURRELIER, se crétaire du roi. On voit que les maisons de campagne n ' étaient alors niplus désertes, ni moins bien habitées que de nos jours. M. Foulon de Doué était frère du malheureux FOULON D 'ESCOTIER , seigneur de Morangis. C 'est à ce voisinage que Villeneuve dut sa préférence. Dans son opuscule , Villeneuve-le - Roi en 1859 (br. in -8° de 19 pages), M. le chevalier Joseph Bard passe en revue les nombreuses habitations champêtres du village. Il sera notre guide. La plus remarquable est celle deM. CHARLESNOEL , agentde change à Paris ,maire de Villeneuve , homme de goût favorisé par la fortune. Ce logis vient d 'être restauré dans le style Louis XIII; son ornementation est riche. Un dôme s' élève au cen tre; il supporte la balustrade d 'une terrasse , et est do miné par un paratonnerre. Des pelouses, de belles fu taies avoisinent. Du haut du parc, Paris fait horizon. Là , l'ail plane sur un admirable paysage, sur un mer VILLENEUVE - LE -ROI. 323 veilleux bassin fertilisé par la Seine. Li serre est un charmant objet de luxe. Le propriétaire a procuré des eaux à son domaine. M. Mulot y a perforé un puits artésien dont la réussite n'a pas été complète. Il four nit de l'eau, mais elle arrive à la surface du sol au moyen du jeu d'une pompe à feu; c'est presque un phé nomène. 'M. le docteur Bourdin doit donner une cu rieuse étude des diverses couches qu'a traversées la sonde. M. Noël a réuni à son enclos l'ancienne ferme seigneuriale , ou plutôt l'ancienne demeure conventuelle des Chartreux. On rencontre à quelques pas une galerie souterraine; c'est l'entrée d'un chemin qui devait con duire les moines dans la campagne, en cas de surprise ou d'attaque. Parmi les anciens possesseurs du domaine de M. Noël , on trouve dans le cours du dix-huitième siècle la fa mille DE NICOLAï, puis le MARQUIS DE FUMEL, d'une maison illustre du Quercy, où elle est connue depuis le treizième siècle. Son épouse était née d'ABZAC. Ils échappèrent au bourreau. La marquise vendit à M. SAGET , riche in dustriel, fondateur de la verrerie de la Garre , à Ivry. Il était le père de ses nombreux ouvriers. JEAN -ANDRÉ SA GET , né à Metz le 2 janvier 1758 , est mort à Villeneuve le 29 avril 1823. M. LOUVAULT, juge de paix à Paris, acquéreur de ses héritiers, vendit à M. Noël. Vis - à - vis de l'église est l'habitation de M. Bonjour , an cien entrepreneur de roulage. Elle fut plutôt à M. Hu Tix , pharmacien en chef de l'armée d'Italie , chevalier de la Légion d'honneur, maire de Villeneuve , membre du conseil général du département. Il a donné à la 324 CORBEIL ET SES CANTONS. commune le terrain du cimetière actuel. M. Hutin , né à Villeneuve , y est décédé le 23 mars 1838 , à l'âge de soixante-huit ans. LOUISE - ADÉLAÏDE DELISY, sa veuve , est également morte à Villeneuve , le 27 septembre 1847 , à l'âge de soixante- sept ans. Là encore est dé cédé , le 30 mai 1851 , M. AUGUSTE BERNARD DE Mau CHAMP, leur gendre. Il était président du tribunal civil de Versailles , chevalier de la Légion d'honneur. Son épouse , dame ADÉLAÏDE - CONSTANCE Hutin, née à Vil leneuve le 17 juin 1799 , est morte à Versailles le 7 juil let 1857. Elle a été inhumée avec sa famille. De l'autre côté du chemin est l'habitation que s'est créée M. OLIVIER ROLLAND, le barde et l'enfant du pays. Voici quelques fragments de son ode inédite sur les agréments du champêtre petit manoir: Ce pays n’est cher, il a vu mon enfance; En partant , j'avais dit: Oh! si la Providence Exauvait mon désir, je reviendrais un jour Abriter ma vieillesse en cet heureux séjour. Si Dieu m'a protégé, moi , j'ai tenu parole. De ma fenêtre, amis, je revois mon école; Et , quand j'entends sortir tous les marmots joyeux, Des larmes de bonheur s'échappent de mes yeux. Que ferais- je à Paris? On s'écrase , on s'y pousse; Ici la vie est calme, et les jours sans secousse, En succédant aux jours, ont pour témoin les cieux. Goûtez- vous à Paris ce bonheur précieux? C'est vivre deux fois que vivre en ce séjour, Entouré d'amitiés, et d'estime et d'amour. La demeure de notre poëte est placée au milieu d'un délicieux jardin où ne manquent ni l'eau ni les ombrages, même le pittoresque! Au faite d'un monticule factice VILLENEUVE -LE -ROI. 325 se dresse un kiosque. De cette lanterne la vue em brasse le plus bel horizon. M. Olivier a pour voisin M. LAMBRE, dont la maison , comme jardin et comme habitation , est l'emblème de la vie bourgeoise. Plus haut dans le village , on rencontre le domaine créé en 1758 par sir Elliot, venu en France à la suite du roi Jacques II. L'enclos renferme huit arpents; il y a des eaux vives. Le fameux horloger RAGUET- LÉPINE , plus connu sous ce dernier nom , a été propriétaire de cette belle campagne, où il est mort le 30 mai 1810, âgé seulement de cinquante- sept ans. Lépine était né dans la Côte-d'Or. Nos biographes ont oublié cet habile mécanicien. Il a laissé une grande fortune à son fils ALEXANDRE-PIERRE- FRANÇOIS , député , puis pair de France , mort au château de Ranay , près de Vendôme , le 12 juin 1851. Il conserva sa maison de Villeneuve plusieurs années , et revint jusqu'à la fin de sa vie vi siter la tombe de son père. La scur de MM. Delessert fut son acquéreur, puis est venu M. Ricois , ancien offi cier supérieur, officier de la Légion d'honneur, qui l'a habitée trente ans. Le décès de son épouse l'a déter miné à l'aliéner en 1862. M. Thomas en est propriétaire. M. Howin , honoré d'une médaille à l'exposition uni verselle pour ses cultures et ses beaux produits de maïs , habite à Villeneuve un pavillon couvert à l'ita lienne , qu'on dit avoir été construit pour madame de Pompadour. M. GODEFROY, à qui la culture du pays est redevable de tant de progrès , est né à Villeneuve le 14 avril 1807. Il a été maire de la commune, membre du conseil d'ar 326 CORBEIL ET SES CANTONS. rondissement, du conseil général du département. FRANÇOIS- Louis -GODEFROY, son père, né à Villejuif , est mort à Villeneuve , où il était également honorablement connu , le 30 juin 1831, à l'âge de cinquante-sept ans. Nous répéterons, en terminant, avec M. Bard: Des flots d 'harmonie coulent dans la maison de M. Barthé lemy; de nombreux concerts ,exécutés par les virtuoses les plus renommésde la capitale , font retentir les échos orphéoniques de son jardin. C 'est dire que le maître du logis est lui-même artiste.

VILLIERS - SUR -ORGE

M. l'abbé Lebeuf (t. X , p. 139) fait dériver le nom de ce village du mot latin Villare , lieu habité. M. l'abbé Barranger , dans les étymologies grecques que nous lui devons des localités du canton , de va-No -pos, amour des bois et des champs. Il n 'y a pas là unegrande différence. C 'est de la Gaule romaine. Rien n 'est changé en quelque sorte à Villiers: le bois, la fraîcheur des eaux , le ren dent encore précieux à ceux qui aiment le calme le plusabsolu de la campagne. Comme ce nom est commun à beaucoup de localités, on y a ajouté celui de la petite rivière de l'Orge qui l'arrose et limite son territoire. Il est posé à sa rive gauche , à l'aspect du midi. On compte 6 kilomètres pour gagner Longjumeau et 1 myria mètre 9 kilomètres pour se rendre à Corbeil. La station la plus rapprochée du chemin de fer d 'Orléans est celle d 'Epinay, village qui le confine. Le dernier recense ment donne à Villiers 205 habitants. Ce village est privé d'une église; il dépend de Long pont pour le spirituel. Il y a eu jadis une chapelle que son état de vétusté a fait détruire, il y a près d 'un siècle. Son emplacement est connu. SAINT CLAUDE, arche vêque de Besançon , en était patron. Cet oratoire public 328 CORBEIL ET SES CANTONS. TO. n 'eut jamais le titre de paroisse. Lesmoines de Longpont en avaient la desserte. Un des religieux était désigné pour y célébrer les dimanches et fêtes afin d 'éviter aux habitants la course à l'église matrice. L 'ancienne seigneurie a été ainsi d 'abord impropre ment appelée. Les moines de Longpont jouissaient à Villiers de tous les droits qui s' y rattachaient. La jus tice relevait de la tour et prévôté royale de Montlhéry. Les possesseurs de ce domaine principal commencent pour nous avec une dame TIPHAINE DE VILLIERS. Elle vécut au quatorzièmesiècle , etfutinhumée dans l' église du prieuré de Longpont où se voyait encore sa pierre tumulaire , à la fin du dernier siècle. Dans le cours du seizième, nous le trouvons la propriété de la famille Lemaitre. Lamême, sans doute , que celle des LEMAITRE DE BELLEJAME, originaire de Montlhéry (v. ce nom ). JEAN-JACQUES de ce nom , auditeur à la Courdes comptes, le vendit au commencement du siècle suivant à AN TOINE D 'AUBRAY, seigneur d 'Offemont, lieutenant civil à Paris après son père; frère aîné de la trop célèbre marquise de Brinvilliers. On sait qu'il fut la seconde victime de sa famille que cette scélérate sacrifia à sa barbare cupidité. La famille QUENTIN , originaire de Bretagne , le posséda ensuite. JEAN , écuyer, est le pre mier que nous trouvons qualifié seigneur de Villiers sur-Orge. Il était barbier et valet de chambre du roi. Louis XIV , pour reconnaître ses services, lui donna la haute justice du lieu, en 1689. Il eut poursuccesseur, dans ses titres et charges, son fils aussi appelé JEAN , dès l'an 1703; il mourut en 1717. Il a été inhumé dans VILLIERS- SUR - ORGE. 329 l'église des Jacobins de la rue Saint-Honoré à Paris. ( Armes: d'azur à trois pommes de pin de Sinople. Devise: Semper stabit claritas.) Jean II épousa MADE LEINE Poisson, femme de chambre de madame la du chesse de Bourgogne. Ils eurent plusieurs enfants: Louis , l'ainé, a été seigneur de Villiers. Il suivit la car rière militaire et mourut sans laisser de postérité. Louis PhiliBERT , son frère puiné, baron de Champlost , maître d'hôtel ordinaire du roi, devint par droit d'hérédité seigneur de Villiers. Il est mort en 1767 , à l'âge de quatre-vingts ans , laissant de son mariage avec MARIE ANNE-ADRIENNE DE GUEUDEVILLE un fils unique: MARIE Louis , dernier seigneur de Villiers, qui épousa MARIE CHARLOTTE DE BALLAINVILLIERS ( v. ce nom). M. LE LIVRY, de la famille SANGUIN , en a été depuis propriétaire; après lui , l'excentrique GRIMOD DE LA REY NIÈRE , fils d’un fermier général, en toutes choses original , si extraordinaire! ALEXANDRE-LAURENT-BAL THAZAR GRIMOD DE LA REYNIÈRE naquit à Paris le 20 novembre 1758; sa mère, née de JARENTE DE SENAS , était fille du marquis d'Orgeval, et nièce et petite -nièce des évêques d'Orléans, morts en 1790 et 1805. Grimod vint au monde avec un défaut de conformation aux mains qui l'obligeait de se servir de doigts postiches; mais par leur secours il écrivait, découpait et dessinait avec une facilité merveilleuse. On le destina à la magis trature; il préféra se frayer un chemin à la célébrité par des bouffonneries qui pouvaient faire quelque hon neur à son esprit; mais trop souvent , disent ses biogra phes , elles n'en firent qu'un homme ridicule. Il passa . 330 CORBEIL ET SES CANTONS. son temps au foyer des spectacles , dans les coulisses , et préféra la société du café du Caveau à la brillante compagnie où l'appelait sa naissance. Devenu maître d'une fortune immense , l'auteur de l'Almanach du Gourmand et de beaucoup d'opuscules , donna des fes tins à la Lucullus dans lesquels il se montra convive aussi vaillant, qu'amphitryon attentif. M. de la Reynière tra versa assez paisiblement la révolution. La diminution de sa fortune ne lui fit rien perdre de sa gaieté. Sous l’Empire, ses publications lui procurèrent l'accès des meilleures tables. Lors du retour des Bourbons , dégoûté de toute espèce de fumée , même de celle de la gloire, il se retira dans son châleau de Villiers-sur -Orge, où il s'occupa de ses souvenirs et des lettres, sans renoncer à pratiquer la gastronomie. Au commencement de l'année 1816, il songea, pour la première fois, à se marier; il épousa ADELAÏDE FEUCHÈRE, ancienne actrice du théâtre de Lyon , morte à Paris le 10 juin 1845 , à l'âge de quatre - vingt-deux ans. Elle a été inhumée au cimetière de Montmartre. Grimod est mort dans son château de Villiers , le 25 décembre 1837. Il a été inhumé à Longpont, où nous avons vu sa tombe oubliée. ( Armes: d'azur, à la fasce d'argent, accompagné en chef d'un croissant de même, accolé de deux étoiles d'or; en pointe , un poisson d'argent , sur une rivière de même. ) Madame veuve MESSENER, propriétaire de cette ancienne seigneurie, vient de la mettre en vente. Un autre domaine de Villiers , dont l'enclos renferme des eaux , a été la propriété du COMTE BRAGLIONI , en voyé extraordinaire de Mantoue sous Louis XIV. De nos VILLIERS-SUR-ORGE. 331 jours, il a été longtemps au général BARROIS , comte de l'Empire, dont le nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile. Il gagna tous ses grades sur les champs de bataille. Né à Ligny (Meuse) le 30 octobre 1774 , il est mort à Villiers le 19 octobre 1860 et a été inhumé à Paris. Son épouse , née LEVESQUE DE VILMORIN , est également morte à Villiers, le 26 décembre 1860 , à l'âge de quatre - vingt- sept ans. Ce domaine est la pro priété de leur fille , épouse de M. le général PERROT, ancien membre du Corps législatif. Citons encore la Maison rouge, dont le nom est jus tifié par l'emploi de la brique dans sa construction. Au commencement du dernier siècle , JEAN - Joseph Nau était qualifié sieur de la Maison rouge (v. Épinay). Plus tard , la comtesse Du BARRY en fit l'acquisition pour y loger sa mère: ANNE BÉCU , dite CANTIGNY , née à Vau couleurs le 16 avril 1713. Mariée: 1° à VAUBERNIER , dont elle eut madame du Barry (mort le 14 septembre 1748); 2° à NICOLAS RANÇox. Elle est morte le 20 octobre 1788. Nous lisons dans l' Opuscule de M. J. A. LEROi, bi bliothécaire de la ville de Versailles , ayant pour titre: MADAME DU BARRY, 1768 - 1793 (Versailles, 1858 , in - 8 ): « Madamedu Barry acheta fort peu de biens pendant sa grandeur. Elle fit l'acquisition d 'une maison à Saint Vrain , près Arpajon, et d 'une petite ferme appelée la Maison rouge à Villiers-sur-Orge, près Longjumeau. — On a vu par le contrat demariage de madamedu Barry , que sa mère se nommait madame Rançon. En effet, elle avait épousé en 1749 un nomméRançon , commis 332 CORBEIL ET SES CANTONS . aux aides, titre qu 'on changea , dans le contrat de la comtesse , en celui d 'intéressé dans les affaires du roi. On conçoit qu 'avec un aussi mince emploi pour toute fortune, M. etmadameRançon devaientmeneruneassez triste existence. Dans sa haute position , madame du Barry n ' oublia pas sa mère. Elle allait souvent la voir , et elle la mit à même de vivre largement. Quoiqu'elle n 'eût ni les manières ni le langage d 'une femme de qualité, on ne pouvait cependant continuer de donner ce nom de Rançon à la mère d 'une comtesse qui avait *l'insignehonneur d 'être la maîtresse du roi, et on l'ap pela MADAME DE MONTRABLE. C 'est pour madame de Montrable que madame du Barry acheta la Maison rouge, et cette dame l'habita fort longtemps. Au commencement de l'Empire, le COMTE DE MAL VALLE a été propriétaire de la Maison rouge. Depuis M. le COMTE O 'DONNELL, gendre de madame SOPHIE GAY, né dansMaine- et-Loire en 1783. Il suivit d 'abord la carrière militaire , et la quitta pour celle adminis trative; nous le voyons successivement: maître des requêtes au conseil d 'État,maire de Villiers et conseiller référendaire à la Cour des comptes. Il est officier de la Légion d 'honneur. M. le comte O 'Donnell a été l'un des fondateurs de l'école d ' enseignement mutuel de Montlhéry, où il faisait instruire plusieurs enfants à ses frais.. Madame Sophie Gay a passé plusieurs étés à Villiers; elle y était entourée de sa famille. MARIE - FRANÇOISE NICHAULT DE LA VALETTE, née à Paris le 1er juillet 1776 , morte en la même ville le 4 mars 1852, fut VILLIERS- SUR-ORGE. 333 mariée en 1793 à M. LIOTTIER , agent de change; elle en eut une fille , madame la COMTESSE DE CANCLAUX. Divorcée en 1799, elle épousa bientôt M. GAY, associé d 'une maison de banque, puis receveur général à Aix la -Chapelle. Elle eutde ce second mariage: 1° EDMOND ADOLPHE , officier de cavalerie , tué en Afrique le 11 mai 1842; 2º ÉLISA, madame la comtesse O 'Donnel; 3º et DELPHINE, madame Émile de Girardin , née à Aix - la Chapelle le 26 janvier 1804, morte à Paris le 29 juin 1855. Madame Sophie Gay a daté plusieurs de ses poé sies de Villiers - sur-Orge; nous connaissons celle ayant pour titre: Le bonheur d 'être belle! attribuée à Del phine. On lit au bas du manuscrit autographe: Villiers sur - Orge, 1821. Grimod de la Reynière était en com merce de lettres avec cette dame. Elle lui écrivait ce billet le 31 décembre 1816. « Il est certain que j'ai eu tort de dire la vérité à mon voisin; les rois , les femmes et les amoureux la reçoivent toujours mal; mais, qu'il soit tranquille, elle ne m 'attirera plus désormais tant d 'amertume de sa part, et il ne l'entendra qu'à propos des sentiments d 'amitié que je lui ai voués. — Mon pro chain départ pour Paris meprivera du plaisir d 'accepter son invitation nuptiale; mais je n 'en prendrai pas moins de part au succès de tout ce qui pourra con tribuer à son bonheur. Quelques mots encore à l'honneur de la jeuneMuse sa fille. C 'est à Villiers que DELPHINE commença à écrire; NAPOLINE etMAGDELEINE y ont été pour le moins esquissées. Le poëme d 'Élgise , on le sait, y a été com posé. Madame de Girardin avait un talent souple et 1 334 CORBEIL ET SES CANTONS. IS délicat; rien ne lui fut étranger: prose, vers, romans, contes , odes, élégies , poëmes épiques, romances, théâtre, politique! Elle emprunta plusieurs pseudo nymes. Qui ne connut le VICOMTE CHARLES DELAUNAY? Madame de Girardin était membre de l'Académie du Tibre. La Maison rouge à depuis été possédée par LOUIS ALEXANDRE DUWIQUET, chevalier de Rodelingheim , né à Boulogne-sur-Mer le 18 mars 1766, mort à Villiers le 26 septembre 1836. Il épousa ÉLÉONORE - ÉLISABETH MALAN , née à Genève le 30 avril 1767, morte à Paris le 25 novembre 1842. Tous deux reposent dans le cime tière de Longpont. Leurs héritiers ont vendu la Maison rouge à M. ALQUIER, ancien agent de change, qui l'habite. Oudiette , si rarement en défaut, dit dans son: Dictionnaire des environs de Paris, la Maison rouge démolie en 1808.

VIRY-CHATILLON

Viry et Châtillon son annexe comptent une agglomé ration de 564 habitants. Ce village est distant de Long jumeau de 8 kilomètres, et de 1 myriamètre 1 kilomètre de Corbeil. Viry est groupé sur la pente d 'un coteau qui regarde le levant, et a son territoire limité d 'un côté par la Seine, de l'autre, par la rivière de l'Orge. L 'ancien grand chemin de Paris à Fontainebleau le sépare de Châtillon. L 'un et l'autre ne sont qu'à une très-petite distance de la station de Juvisy où s 'opère la bifurcation des lignes d 'Orléans et de Corbeil. Bien anciennement, le fleuve était l'unique communication avec Paris; on prenait la voiture d 'eau à Châtillon. JEAN CORNEILLAN , écuyer, conseiller au Châtelet de Paris , dans le dix septième siècle a laissé un petit poëme, manuscrit et anonyme, conservé au Britisch museum à Londres. Il a pour titre: Le Voyage de Viry. Il montre la douce quié tude de nosaïeux. Nous en devons la connaissance à M. VALENTIN DE COURCEL, quil'a copié à notre intention. Quand les santés furent portées Et que la faim nouseut quitté , Nous laissons aller nos pensées Sur le voiage projetté 336 CORBEIL ET SES CANTONS. Et, détournant vers la Tournelle ( 1 ), Où le corbillards ( 2 ) nous appelle, Plus inflexible que le sort , Nous nous rendons dessus la rive , Dans le même temps qu'il arrive Sur le sable de nostre port. Enfin , cette grande machine Nous laissa grimper sur son dos, Et va de colline en colline Sur l'humide route des flots. Sur ces belles rives l'on trouve Conflans, Choisy et Villeneuve, D'où sort un certain pâtissier, Qui vous vient tenir compagnie; Autant que sa pâtisserie , Met à sortir de son panier. Près de la Hablon se découvre, Qui mire dans l'eau qui le bat, Les quatre tours d'un petit Louvre Qui voit deux lieues de pays plat. Athis et Mons viennent ensuite Dont un torrent se précipite (3 ) , Quand quelque nuage se fond; Et , tout plein d'écume et de rage, Dégorge les eaux de l'orage Par deux arches d'un petit pont. Enfin Chastillon vous arreste, Le bâteau y vient aborder; ( 1 ) Paris a encore un port et un quai qui portent ce nom. (2) Ce nom est celui de Corbeil , terme du voyage qu'il accomplis sait. Ce coche, établi d'abord pour transporter du pain à Paris, trois fois la semaine , prit dans la suite des voyageurs. Il subsistait encore au commencement du siècle. Les bateaux à vapeur, puis les voies ferrées l'ont détrôné. Le coche de Corbeil fut employé, dans une épidémie survenue à Paris dans le cours du seizième siècle , au trans port des morts. Son nom a été donné dans ce temps à nos chars funèbres. (3 ) C'est la jonction de l'Orge avec la Seine. VIRY-CHATILLON. 337 Et Viry qui montre la teste , Vous convie à le regarder. Lå, parvenus, nous fimes route Dessous une petite voûte Qui reçoit l'égout du moulin; Et , laissant Chastillon derrière , Nous touchåmes l'heureuse terre, Où nostre voyage prist fin. M. de Valois, dans sa Notitiæ Galliarum (p. 438) , dit que le nom de ce village a été emprunté à un Ro main; nous pencherions plutôtpour celui d'un Gaulois. Il ajoute qu'il dut s'appeler Verus, nom assez répandu chez ce peuple. De Verus , on a fait VERIACUM , et par corruption Viriacum. Delabarre l'écrit Vizy , dans sa Description de la châtellenie de Corbeil ( p. 17). On ne sait rien de positif sur Viry avant le onzième siècle. L'église , monument de la fin du douzième , n'est pas orientée. Elle occupe une plate -forme établie vers le milieu du coteau. Le cimetière occupe encore toutes les parties libres autour de l'édifice. L'apôtre des Gaules , saint Denis, premier évêque de Paris , en est le patron. On y honore aussi sainte Luce , vierge. Trois nefs, com posées chacune de sept travées inégales , en sontle plan; toutes se terminent carrément. La trop grande élévation de la nef majeure raccourcit le monument. La tour des cloches s'élève à gauche; elle aussi a une grande élévation. L'escalier qui la dessert occupe une tourelle adhérente. Un pavillon à double poinçon termine cette tour. La seule cloche suspendue à son beffroi porte le millésime 1633. Le mobilier de cette église montre des boiseries exécutées au dix -septième siècle et plusieurs ta 22 338 CORBEIL ET SES CANTONS. bleaux d'un mérite incontestable , dons des habitants notables du pays. M. l'abbé Lebeuf (t. XII , p. 84) décrit une tombe qu'il dit placée sous la lampe du cheur; nous l'y avons vainement cherchée. Elle recouvrait les restes de JEAN PIÉDEFER , nom honorablement connu dans le canton et que nous avons souvent cité. Cette famille était origi naire du Beauvoisis. Elle a légué son nom à un fief de la paroisse et à plusieurs autres du voisinage. Le per sonnage qui nous occupe est mort à Viry en 1506. Il était chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et commandeur des Fieffes ou Siestes. Il était gravé au trait de grandeur naturelle sur la pierre qui recouvrait ses restes. Ses armes étaient échiquetées d'or et d'azur. La famille Piédefer, alliée à celle de Longueil , avait ses membres inhumés à Paris dans l'église des Cordeliers, dans celles des religieux de Saint-Antoine et des Blancs Manteaux, enfin , à Moussy-le-Viel , près de Dommartin , dont ils étaient seigneurs par suite d'alliances avec les Boutheiller. Le 15 septembre 1861 , fut une heureuse journée pauvres du pays. Madame la baron neVIGIER , dont le talent est si remarquable, a bien voulu condes cendre à prêter son admirable voix aux chants de l'é glise de Viry. Dire l'affluence des auditeurs distingués du voisinage n'est pas nécessaire… Dans une fouille opérée en 1846 sur une portion du cimetière , on a découvert un bénitier en pierre, sculpté au treizième siècle. Nous l'avonsvu à la cure; il pourrait être rendu à sa première destination. On a aussi pour les VIR Y -CHATILLON. 339 trouvé alors une statue, æuvre du quatorzième siècle. Les moines de Longpont avaient la moitié de la dime de Viry. Messieurs de la Mission de Saint-Lazare et les Cordelières de Paris y avaient des biens. Deux doyens de l'église de Paris: HERVÉ DE MONTMORENCY, le pre mier, légua , vers 1191, un repas de quatre plats pour le jour de son anniversaire à prendre sur ses biens de Viry, et JEAN CHANTEPRIME, le second , dont nous re parlerons, fonda également son anniversaire , en assu rant aussi la rente à Viry. Les évêques de Paris, colla teurs de la cure , avaient un fief dans cette paroisse. Parmi les principales sépultures de Viry, nous avons remarqué celles: 1° de dame ARMANDE - CATHERINE DE MONTMORIN , MARQUISE D 'ASNIÈRES LA CHATAIGNERAIE , née à Fontainebleau , morte à Viry le 30 août 1833, à l'âge de soixante -douze ans. Elle était veuve depuis le 3 janvier 1824. L 'aînéde ses deux fils, né en 1785 , a quitté la plume pour l'épée. On a de lui une traduction des Satires de Juvénal; le Turbot et les Vaux; un discours au roi; plusieurs odes; Phocas, tragédie en cinq actes , dédiée à madame la duchesse d 'Angoulême; enfin plu sieurs Macédoniques et Miscellanées. Quelques- unesde ces productions ont été écrites à Viry; 2° CHRISTOPHE PAUL GAUTRON, MARQUIS DE ROBIEN , d ' une famille du parlement de Bretagne, né le 22 mars 1763, mort à Viry le 3 juin 1844. Les siens prirent part aux croisades; à ce titre, les armes de la famille sont peintes dans les Galeries de Versailles; elles sont d ' azur, à dix billettes d 'argent, posées 5 , 3 , 2 et 1 , avec cette devise: Sans vanité ni faiblesse; 3° HENR1- VITAL PAPILLON , licencié 340 CORBEIL ET SES CANTONS. en droit, séminariste à Saint -Sulpice, né à Paris, mort à Viry le 8 octobre 1841 , à l'âge de vingt- cinq ans; 4° LOUISE-EUGÉNIE-LUCIE DE FONTENELLES, née à Bru xelles, morte à Viry le 23 août 1843 , dans le célibat , à l'âge de soixante - douze ans; 5 ° FRANÇOIS-ANTOINE WALTER, ancien capitaine de cavalerie , chevalier de la Légion d'honneur, néà Huningue le 14 novembre 1776 , mort à Viry le 16 janvier 1859; 6° JEAN - BAPTISTE CAMILLE POLONCEAU , ingénieur, régisseur de la traction du chemin de fer de Paris à Orléans; officier de la Lé gion d'honneur; auteur de plusieurs ouvrages publiés en collaboration , touchant cette matière; né à Cham béry le 29 octobre 1813 , mort à Viry le 21 septembre 1859; 7° Louis-BENJAMIN FRANCEUR, membre de l'Ins titut , chevalier de la Légion d'honneur. Cet habile mathématicien a résolu plus d'un problème dans sa retraite champêtre à Châtillon; né à Paris le 16 août 1773 , il est mort en la même ville le 15 décembre 1849; gº dame MARGUERITE-GENEVIÈVE MARIETTE , sa veuve , née à Paris , morte à Châtillon le 23 janvier 1858 , à l'âge de soixante - dix -huit ans; 9° M. l'abbé Mottu, curé de la paroisse , né à Étampes, mort à Viry le 9 no vembre 1835 , à l'âge de trente-huit ans. VULGRAIN DE VIRY est le premier seigneur connu. Il vivait en 1093. Plusieurs autres , après lui , ont aussi porté le nom de ce village. Bochard, l'un d'eux , vendit au chapitre de la cathédrale de Paris quarante hosties ou cabanes de serfs, à Viry, moyennant une redevance annuelle de cent sols (d'or probablement). Parmi ceux qui ont illustré le nom de Viry , l'abbé Lebeuf ( t. XII , VIRY- CHATILLON. 341 p. 90) mentionne Gozon , chanoine de l'église de Paris; il vécut dans le cours du douzième siècle. Il a été inhumé dans l'église de Saint- Denis du Pas , l'une des filles de cette illustre église. On lit dans l'Obituaire, à la date du 28 août: « Obüt bonce memorie Gazo de Viriaco quondam canonicus et cantor Parisiensis. » Il était cer tainement de la même famille que l'évêque de Laon, dont nous avons rapporté l'épitaphe. ( V. Savigny.) Millin ( Antiquités nationales, t. V, chap. lx , p. 35) cite JEAN , qui porta aussi le nom de Viry; mort vers l'an 1358 , il joua un grand rôle dans les affaires ecclésias tiques de son temps. Il a été abbé de Sainte -Geneviève de Paris. En 1349 , il donna dans l'église de son abbaye la bénédiction nuptiale à JEANNE DE NANTES, comtesse d'Auvergne et de Boulogne , qui épousait JEAN , duc de Normandie, sacré roi de France l'année suivante. Il fut le malheureux Jean JI! Jean de Viry a été ensuite abbé de Citeaux. Clément VII le nomma juge et conserva teur de cet ordre. Il a assisté à plusieurs chapitres qui lui confièrent des missions importantes , particulière ment celle de vicaire général des monastères de Paris. On lit dans le nécrologe de cette congrégation: In sacra theologiâ eximius doctor. (Lebeuf, t. XII , p. 96.) Vers 1360 , lorsque fut dressée la liste des seigneurs du comté de Montlhéry, qui contribuèrent à payer la rançon du roi, on y inscrivit pour Viry: J. LE BERGIER. Nous avons souvent cité ce document. Bientôt le roi Charles V donna cette terre, avec la haute , moyenne et basse justice, à l'abbaye Saint - Maur des Fossés en échange d'autres biens. Nous ignorons comment elle 342 CORBEIL ET SES CANTONS. était passée aux mains du roi. Ce monastère ne tarda pas à l'aliéner , puisqu 'en 1383 elle appartenait à JEAN DE BEAUMONT, comte de Hainaut, ancien maitre d 'hôtel du roi Philippe de Valois, à qui ce prince avait précédemment fait don d 'une rente qu 'il levait à Antony et à Viry. Jean de Beaumont est honorablement men tionné par Sainte- Palaye dans son Histoire de la Cheva lerie (t. II, p. 7). Nous supposons que ce seigneur a donné son nom à un fief de Villemoisson , qui plus tard fut enclavé dans le domaine seigneurial.. Au commencement du quinzième siècle, la terre de Virydevintla propriété d 'EUSTACHE DE GAULCOURT, grand fauconnier de France. (Deux évêques de ce nom , ses neveux, fils de CHARLES, contrôleur général et gouver neur de Paris, se sont succédé sur le siége épiscopal d 'Amiens. Il est à remarquer que ces deux frères ne possédèrent ce siége qu'en commende.) Le seigneur de Viry est mort en 1437. Il ne laissa pas de postérité de son mariage avec JEANNE DE MONTMORENCY. À son décès, la seigneurie de Viry passa à JEAN , son frère , archidiacre de Joinville au diocèse de Châlons en Cham pagne. Il eut pour héritiers ses neveu et nièce, JEAN D 'AVESNES, époux de N. de Gaulcourt, et COLAYE DE GAULCOURT. La fille de ce dernier épousa JEAN Fou CAULT. Ces époux donnèrent le jour à une fille unique, JEANNE, qui porta cette terre en dot à RICHARD DE SAINT- MARCY. Ils la vendirent au mois de janvier 1488 à ESTIENNE DE Vest , seigneur de Savigny-sur -Orge. Elle suivit le sort de cette terre jusqu 'en 1789. Plusieurs nomsde fiefs sont encore connus à Viry. ' s non ICONA Conn VIRY- CHATILLON. 343 Le principal était celui de PIÉDEFER, au nom duquel fut ajouté dans la suite celui d ' AIGUEMONT. Ce domaine porte encore ces deux noms. La famille Piédefer l'a longtemps possédé; le premier paraît avoir été le che valier inhumé dans l'église. Le martyrologe de l'abbaye de Jarcy- en -Brie nous fournit une religieuse de ce nom. Elle y est mentionnée en ces termes: Tertio nonas de cembris obiit dilectissima nobis in Christo soror Ludovica Piedefer. Ce document ne marque pas l'année de son décès. MICHEL , l'un des membres de cette famille , mort en 1473, avait épousé DENISE CHANTEPRIME; ce nom a déjà été cité. Un romancier a donné, en 1861 , un feuilleton (V. le journal ” Opinion nationale) , où l'action se passe au village de CHANTEPIE , qu'il place entre Corbeil et Juvisy, où ce nom ne se rencontre pas. Cette fiction se rattache évidemment à la famille Chan teprime. Nous avons indiqué les différentes sépultures de la famille Piédefer; il faut y ajouter le cimetière des Saints - Innocents, à Paris. L 'Épitaphier , lant de fois cité,nousfournit la preuve que beaucoup d 'entre eux ont eu la qualité de seigneurs de Viry. Louis , de ce nom , épousa , dans le cours du dernier siècle , CATHERINE DURAND DE VILLEGAGNON , d 'une famille originaire de Provins; il était sieur de Champlot et premier écuyer du prince de Condé. Peut- être ce nom s 'est - il éteint avec lui; toutefois il ne laissa pas de postérité. Le fief de Piédefer a été ensuite la propriété de la fa mille PERRAULT, dont le chef, avocat au parlement de Paris, était originaire de Tours. Il lui venait des propres de son épouse , dont aucun documentn 'est venu nous ré 344 CORBEIL ET SES CANTONS. véler le nom. CHARLES , l'un de leurs enfants, a laissé des Mémoires manuscrits, imprimés seulement en 1759. Nous y lisons ( page 28 ): « Ma mère étant morte en l'année 1657 , la maison de Viry fut donnée à mon frère (CLAUDE) , le receveur général des finances, dans le partage que nous fîmes des biens de la succession de la famille. Il y fit bâtir un corps de logis , et , comme j'avais un plein loisir , car mon frère avait pris un commis pour sa recette générale, je m'appliquai à faire bâtir cette maison, qui fut trouvée bien entendue. Il est vrai que mes frères avaient grande part au dessein de ce bâtiment que je conduisis, n'ayant pour ouvriers que des Limousins qui n'avaient fait autre chose toute leur vie que des murs de clôture. Je leur fis faire aussi la rocaille d'une grotte qui était le plus bel ornement de cette maison de campagne. » CLAUDE PERRAULT , médecin- architecte , n'avait point encore élevé la colonnade du Louvre , l'un de ses chefs d'euvre. Né en 1613 , il est mort en 1688. CHARLES , né le 12 janvier 1628 , est mort à Paris le 16 mai 1703. Il a été inhumé dans l'église Saint-Benoît. Tous deux ont été de l'Académie française. L'aimable auteur des Contes de fées parle, dans ses Mémoires, de son portrait d'Iris (p. 26): « Je fis ce portrait à Viry sur une idée en l'air , et ne crus nullement qu'il fût à beaucoup près aussi bon qu'il fut trouvé quand il parut. M. Quinault vint nous voir à Viry; je le lui lus , et , comme il le trouva fort à son gré , je lui en donnai une copie. » On peut présumer que Viry fut fréquenté par cette famille plus d'un demi-siècle. Charles y reçut nombreuse société VIRY-CHATILLON. 345 de beaux esprits. Nous en trouvons la preuve dans un recueil manuscrit en vers et en prose; il a pour titre: Rondeaux pour l'agréable maison de Viry. Il est passé de la bibliothèque du duc de la Vallière dans celle du bibliophile Boulard , au décès duquel il a appartenu à M. de Montmerqué; il a été acquis à la vente de ses livres par la Bibliothèque impériale. Cette poésie ne s'applique pas, comme on pourrait le supposer, à la description du logis de Perrault. MM. Blin , fils d 'un gouverneur de Paris , et ESTIENNE MARTIN DE PIN CHESNES, neveu de Voiture, qui les ont écrits, s'invitent à diner à Viry, louent le veau qui leur est servi, et re mercient de l'accueil reçu. Tout se borne à cela. On se réjouit , avant et après le repas , de la bonne chère attendue et distribuée , et on gloutonne. Les autres pièces contenues en ce recueil traitent toutes de la gastro nomie; nous citerons les titres parce qu 'on prétend que Perrault a aussi fourni son contingent à ce recueil: Les Gélinotes du Mans, à l'illustre Claudine; les Chapons du Mans, à MM. Ménage et Scarron; Repas atermoyé de madame Mastillon - Bernage, etc. MICHEL PONCET DE LA RIVIÈRE , ancien évêque d 'Uzès , a ensuite possédé ce domaine. Il en a agrandi et em belli les jardins. C'est ce prélat quia recueilli les sources d 'eaux vives qui y entretiennent la fraicheur; elles sont reçues dans un canal aux deux bouts duquel on rencontre des rochers factices bien conçus. On a pré tendu qu'aidé de son valet de chambre, il construisit la grotte ou galerie dontnous avons parlé. Il faut seu lement lui attribuer la construction des rochers qui 346 CORBEIL ET SES CANTONS. terminent le canal. Le prélat fit de cette curieuse grotte son oratoire domestique. Il est mort à Paris le 19 no vembre 1728,à l'âge d 'environ quatre- vingt- dix ans. Il ne faut pas le confondre avec son neveu du mêmenom , mort évêque d 'Angers le 2 août 1730, à l'âge de cin quante -huit ans, que nous trouvons assistant l'abbé Delalande, curé de Grigny, à ses derniers moments. M. LEBEUF, secrétaire du roi, posséda ce fief après lui. Puis un autre prélat, GASPARD BRUNET DE TRESSE MANNES, évêque deGlandèves, né en 1721, morten 1772. Le COMTE DE BOTTEREL , père de l'inventeur de la cuisine ambulante, en fit ensuite l'acquisition. En ce siècle, ce domaine a été la propriété successive deMM. BILGRAIN , DOLFUS, général Davous, mort en 1842 , qu 'il ne faut pas confondre avec le maréchal prince d ' Eckmühl. Pendant sa possession , il loua au lieutenant général COMTE DE BEAUMONT, pair de France, mort en 1830. Puis vint M. GUIBAL, alors associé de la maison Rattier. Il a vendu à M. DALIFOL, possesseur actuel. Un autre fief, LA BERTINIÈRE, a été, en ce siècle , la propriété de l'acteur MAUDUIT, plus connu sous le nom de LARIVE. Né à la Rochelle en 1747 , et non en 1744; mort en 1827 dans la vallée de Montmorency, à Mont lignon. Il a écrit à Viry ses Réflexions sur l'art théâtral (Paris , an IX , br. in - 8 ). SAINT- Prix , autre acteur de la scène française , l'avait attiré à Viry , où il avait acheté l'ancien presbytère lorsqu'il devint propriété nationale. A l'époque de son mariage avec la veuve du négociant Maille, il vint habiter Corbeil et rendit son habitation à sa destination première, en la cédant à la commune à VIRY-CHATILLON. 347 des conditions très -acceptables. JEAN -AMABLE FOUCAULT Saint-Prix , né à Paris le 9 juin 1759 , est mort en la même ville le 28 octobre 1834. Il était sculpteur- sta tuaire lorsqu'un penchant irrésistible l'entraîna vers un autre art. LA MARQUISE DE SAINT - GILLES acheta de Larive; ensuite vint MADEMOISELLE DE FONTENELLES , puis le possesseur actuel , M. FRANC@UR , fils du savant mathématicien. L'ancien fief de LA MARCHE OU DES MARCHES , con tigu , est beaucoup plus important; il appartenait , au moment de la Révolution , au lieutenant de police de SARTINES , chez lequel fut arrêté le malheureux Foullon ( V. Morangis). ANTOINE - RAYMOND- JEAN -GUALBERT GABRIEL DE SARTINES , COMTE D'ALBY, né à Barcelone le 12 juillet 1729 , est mort à Tarragone le 7 septembre 1801. Une rue de Paris porte le nom de ce magistrat. Plus heureux que son fils, il émigra. Celui-ci périt à trente - quatre ans sous la hache révolutionnaire le 17 juin 1794 , avec son épouse , qui n'en comptait que dix - neuf. Ce même domaine a été de longues années la propriété de madame la DUCHESSE DE RAGUSE , née ANNE -MARIE - HORTENSE PERREGAUX. La duchesse en fit l'acquisition de ses propres. Les agents du fisc avaient mis le séquestre sur ce domaine en 1815. L'empereur le fit lever par décret du 14 avril. On est étonné de rencontrer les armes du maréchal au -dessus de l'une des principales portes de cette propriété, car on sait que les deux époux sympathisaient peu. Là se lit la devise accordée au duc par le roi Louis XVIII en considération de ses services: Patrice totus et ubique. 348 CORBEIL ET SES CANTONS. FRÉDÉRIC - LOUIS VIESSE DE MARMONT, DUC DE RAGUSE , dernier maréchal du premier Empire, né à Châtillon sur-Seine (où il a été inhumé) le 20 juillet 1774 , est mort à Venise le 2 mars 1852. La duchesse est morte à Paris le 25 mai 1857; elle a laissé 2 ,000 francs aux pauvres de Viry. On sait combien elle affectionnait sa maison de Viry, et combien elle dépensa pour l'em bellir. Les jardins ont été dessinés par DAMESME, né à Magny (Seine -et- Oise) en 1757, mort à Paris en 1822. Une rivière factice y décrit d ' agréables méandres. Un seul épisode a marqué le séjour de madame de Raguse à Viry. La fille adoptive deNapoléon , HORTENSE EUGÉNIE DE BEAUHARNAIS , ex - reine de Hollande , DUCHESSE DE SAINT-LEU, mère de S. M. l'Empereur Napoléon III, lorsque les événements du 30 octobre 1836 lui furent connus, quitta sa résidence d 'Arenen berg , et , dans le plus strict incognito , arriva en toute hâte jusqu'à Viry , chez madame de Raguse, marraine du prince son fils, afin d ' être plus à portée d 'intercéder en sa faveur. Aussitôt que la malheureuse mère eut fait connaître son dessein , elle reçut l'ordre de repartir immédiatement. Ce fut en vain que madamela BARONNE · SALVAGES DE FAVEROLLES ( Anne - Charlotte - Benoîte Dumory, morte à Paris le 1er mars 1856 , inhumée au P. Lachaise , où elle a un des monuments les plus re marquables) , depuis exécutrice testamentaire de la princesse , alla représenter au Comte MOLÉ, lors prési dent du conseil du roi Louis-Philippe, que le chagrin , l'inquiétude, les fatigues d'un voyage fait avec tant de rapidité , avaient déterminé chez elle une violente souf VIRY- CHATILLON. 349 france, et exigeaient au moins quelques jours de repos et le secours immédiat desmédecins. On fut inflexible et on lui enjoignit de håter son départ. C 'est à onze mois de là que mourut la princesse , en son château d 'Arenenberg, le 5 octobre 1837; elle était née à Paris le 17 avril 1783. Ses restes reposent dans l' église de Ruel , près de ceux de sa mère, l'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE. C 'est pour la reine Hortense que M. DELABORDE fit les couplets chevaleresques: Partant pour la Syrie , dont la musique est de la composition de la princesse , ainsi que celle de cette autre non moins populaire: Reposez- vous, bon chevalier. M. CHARTRY-LAFOSSE , maréchal de camp, député du Calvados, légalaire de madamela duchesse de Raguse, a vendu ce domaine à l'ingénieur Polonceau , dont la veuve l'habite. On indique encore, à Viry , les anciens fiefs de PRO METot et de LA CELLE. Donnet a marqué sur sa carte de l'arrondissement de Corbeil un lieu appelé la Tour nelle ruinée. Une rue de ce village est appelée la Rue aux huiliers. La grande abondance des noyers sur son territoire a pu nécessiter la construction d 'un pressoir en ce lieu pour tirer l'huile de ce fruit. N 'oublions pas les fromages à la crème dits de Viry, si recherchés à Paris et tant vantés par l'ingénieux panegyriste des bons comestibles. Il nous reste à parler du GRAND et du Petit-Cha TILLON , autrefois CHASTILLON. Ce nom vient évidem ment de Chastel ou Chastelet. Il y avait , dès le moyen âge, un château fortifié à cet endroit de la rive gauche 350 CORBEIL ET SES CANTONS . de la Seine, et son nom était porté par des chevaliers, mentionnés au cartulaire du prieuré de Longpont sous-Montlhéry. Delabarre, historien de Corbeil, dans la description de la châtellenie de cette ville (p. 17), place Châtillon sur la paroisse de Juvisy. Le castel élevé sous la féodalité a donné naissance au hameau qui borde le fleuve. Les premières maisons furentoccu pées par des pêcheurs et par des hôteliers qui rece vaient la marine. Depuis on y a construit quelques maisons de plaisance. Le mathématicien FRANCEUR Y eut longtemps sa maison des champs, aujourd'hui ha bitée par M. BARTHÉLEMY, son gendre. M. DUMANOIR , auteur dramatique, y vient depuis longtemps; il pour rait bien y avoir écrit Don César de Bazan. M. POLON CEAU , parent de l'ingénieur dont la famille déplore la perte, y a aussi une maison de campagne. Celle de M. HOLLANDE est la plus importante du hameau. Il y a au Petit -Châtillon un moulin faisantde blé farine; son bief est alimenté par les eaux des sources qui s'échap pent du coteau qui domine Viry. WISSOUS M. l'abbé Chastelain pense que l'emplacementoccupé par ce village l'a été autrefois par un temple dédié à Cérès; et il l'appelle villa Cereris. M.de Valois partage la même opinion: il dit qu'on a honoré cette divinité païenne à Wissous. L 'abbé Lebeufaffirmeque ces savants se sont trompés. Selon lui, ils ne connaissaient ni les titres du chapitre de la métropole de Paris , ni ceux plus anciens de l'abbaye de Longpont- sous-Montlhéry , où le nom de ce lieu est écrit: Viceorium. Il n ' y a aucune rai son , ajoute -t-il (t. X , p. 78), de donner à ce village un nom qui ne convient qu 'à des lieux élevés, sa situa tion n 'ayant rien d 'extraordinaire. Il est plus naturel de penser qu'il vient de Vicorium , expression qui signi fiait un petit village , un hameau. Origine tout albio nique, s' écrie M. l'abbé Barranger, et qui sent le manant, le taillable et le corvéable à merci! Ici n 'avaient que faire les filles du Parnasse! On écrivit d 'abord son nom en français: Viceous; on en a fait ensuite Wissous. À quoi attribuer ce chan gement? Ce village, situé au milieu des terres , n 'a pas decommunications facilesavec son voisinage.On compte 6 kilomètres de Longjumeau et 11 kilomètres de Paris. 352 CORBEIL ET SES CANTONS. Le dernier recensement lui donne 766 habitants. Wissous n'était pas encore paroisse à la fin du treizième siècle; c'est le sentiment de M. l'abbé Lebeuf. Ce savant se trompe évidemment d'un siècle , ou il y a erreur du typographe. Ce n'était alors qu'un simple hameau compris dans la circonscription de Rungis ou de Chevilly. Disons tout de suite que le nom de Wis sous est inscrit sur les bannières déployées à Saint Étienne-du-Mont, le jour de la solennité du 3 janvier, en l'honneur de l'humble bergère de Nanterre , pa tronne de Paris , et que sainte Geneviève a un autel sous son invocation à Wissous. L'église a pour patron SAINT Denis , apôtre des Gaules. On monte sept degrés pour y arriver. Au-dessus de la porte se lit cette inscription: Ce lieu est saint. Une autre porte au nord a été murée. On voit par le niveau de son seuil que le cimetière était jadis à cet endroit. On l'a fait disparaitre il y a long temps. Ce monument porte des traces du siècle que nous venons d'indiquer; le cheur est certainement de cette date. Peut- être y eut-il seulement une chapelle avant l'érection de la cure. Il est positif qu'elle remonte au temps de saint Louis. La nef, plus vaste , nous semble plus moderne, elle est voûtée en berceau , peut être par suite d'une restauration , car le seul bas -côté, au midi , évidemment du treizième siècle , a conservé sa voûte. La tour des cloches est du même lemps. On l'a surélevée , nous ne savons pas trop pourquoi; son loit est en batière. Le passage à travers la nef montre plusieurs pierres tombales , les unes en long , les autres en travers; ce qui prouve le peu de goût de ceux qui WISSOUS. 353 ont dirigé son dernier pavage. Elles sont antérieures à cette partie de l'édifice; la gravure au trait des person nages ensevelis autrefois dessous et leurs épitaphes ont été effacés par le frottement des pieds. Il faut en excepter celle immédiatement à l'entrée. Elle est , du reste , la mieux conservée. On y a gravé le nom de Fran çois Paris ou de Paris. Elle nous rappelle la pierre tom bale d'une religieuse du monastère de la Saussaye, près de Villejuif, apportée à Wissous , et qui jadis y recouvrait un écoulement d'eau. Elle est placée maintenant contre le mur d'une maison voisine. La gravure montre cette religieuse: la figure et les mains sont de marbre blanc. L'inscription autour est endommagée. On apprend qu'elle était fille de François Dolu, et la date du 9 mai 1610 indique sans doute celle de son décès. On pour rait enrichir le musée de Cluny de ce monument fu néraire. L'abbé Lebeuf nous apprend que deux des tombes de l'église recouvraient les restes de deux curés de Rungis , lesquels vécurent dans le cours du seizième siècle. Ils étaient qualifiés vicaires de Wissous. En 1284 , Nicolas , chanoine, prestre de Saint-Ho noré deParis ,fonda en cette égliseunechapellenie au titre de l'évêque de Myre , son patron. Peut-être était- il né à Wissous? Une verrière montre l'apôtre saint Pierre. C'est tout ce qui reste des vitraux dont les fenêtres devaient être autrefois garnies. Il y a plusieurs stalles dans le chæur, elles sont d'un travail qui mérite l'examen. La cure était à la nomination du chapitre de l'é glise cathédrale de Paris. Cependant , les évêques de ce siége paraissent avoir été en possession de la seigneurie 23 354 CORBEIL ET SES CANTONS. du lieu. Une charte de l'an 1242 , porte: « Qu'il soit notoire à tous qui les présentes verront, que nous, Guillaume, indigne évêque de Paris, consentons à ce que Odeline, fille de Radulphe Gaudin , du village de Wis sous, femme de corps de notre église, épouse Bertrand, fils de défunt Hugon , du village de Verrières , homme de corps de l'abbaye Saint-Germain des Prés , à condi tion que les enfants qui naîtront dudit mariage seront partagés entre nous et ladite abbaye; et que, si ladite Odeline vientà mourir sans enfants , tous les biens mo biliers et immobiliers dudit Bertrand retourneront à ladite abbaye (Lebeuf, t. X , p. 82). » En 1255 , Re GNAULT DE CORBEIL , qui lors occupait le siégede Paris , affranchit les habitants de Wissous de cette servitude, à la condition du doublement de cens. ETIENNE TEM PIER , qui succéda à ce prélat, amoindrit encore cette charge en 1273; il s'en tint au droit de taille , sous la réserve de l'augmenter au cas où il devrait suivre le roi à la guerre.Le Nécroloyedu chapitre de la cathédrale de Paris parle de la maison de campagne qu 'avaient ces prélats à Wissous. SIMON DE Bucy, dont l'épiscopat commença en 1289, la fortifia de redoutes et de tou relles. De là, sans doute, la construction de ce frontis pice si en harmonie avec celui de Villeneuve -le- Roi (V. ce nom ). Du BELLAY, évêque de Paris , échangea, au milieu du seizièmesiècle, ce qu'il avaitdela terre de Wissous, contre celle de Créteil, que possédaient les chanoines de sa cathédrale. Il y avait aussi un seigneur laïque à Wissous. Nous rencontrons son nom sur la liste de ceux qui contribuèrent à payer la rançon du WISSOUS. 355 roi Jean , dans la châtellenie de Montlhéry. Il s 'appelait J. Du Bec. En 1452, on trouve, au mêmetitre , PIERRE DE TUILLIÈRES , conseiller au parlement. La seigneurie était sans doute Ville -Milan , jadis annexe de Rungis. M. Alexandre- Jérôme BOURGAREL a été curé de Wis sous avant et après la révolution.. Le chapitredeLinas percevait une rente sur la terre de Wissous. En 1520 , les célestins de Marcoussis s 'y pré tendaient propriétaires de deux fiefs appelés Bièvre et Bonneuil. Le collége de Montaigu de Paris reçut, en 1499 , de la libéralité deNicolas Le Fèvre etde sa femme, partie d 'une ferme au même territoire. En 1789 , MM. du séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet et le collége des Bons - Enfants possédaient également des biens à Wissous. Il y a plusieursmaisons de campagne dans le village. Le graveur GÉRARD , M. GOMEts, procureur au Châtelet , y ont eu la leur; sous la restauration , le lieutenant-gé néral,marquis DE CHASSELOUP-LAUBAT, pair de France, mort dans sa quatre - vingtièmeannée , le 6 octobre 1833; son épouse était l'une des femmes de madame la du chesse de Berry; son nom nous est resté ignoré; et M. Émile PEIGNÉ, industriel fort connu à Corbeil , où il a dirigé une filature de coton. Pris d 'un étourdisse ment, le 24 juin 1849, il tomba dans le bassin de son jardin où il a été trouvé asphyxié. Il était né à Ver sailles , le 28 juillet 1792. Montjean , petit château posé dans une plaine élevée , au nord du village, est son seul annexe. Au commence ment du dix -huitième siècle , il appartenait à FRANÇOIS 356 CORBEIL ET SES CANTONS. DE FERRAND, intendant de Bretagne. Après lui vint JEAN CHARLES- JOSEPH LENOIR , conseiller au Parlement; puis M. MARCILLY, gentilhomme de la chambre du roi. En ce siècle, il a été la propriété dumarquis dE CLERMONT GALLERANDE, lieutenant- général honoraire , pair de France , d 'une des plus anciennes et des plus illustres maisonsde l'Anjou. Né à Paris, le 30 juillet 1744, il y est mort le 16 avril 1823. Il n 'a pas laissé d 'héritier de son nom. Montjean appartint ensuite à M. le DUC D 'AU MONT, gentilhommede la chambre du roi. Le baron DE MARGUERITTES, intendant de son hôtel, vécut ainsi que son épouse , à Montjean.Celle- ci,née sous le ciel brûlant des Antilles , troubla l'esprit ombrageux de la duchesse. Ce qui fit que M. d 'Aumont entendait lamesse à Saint Thomas- d 'Aquin , et madame la duchesse à Saint Louis - d 'Antin; que le duc habitait Montjean , et ma dame la duchesse Boussy- Saint-Antoine (V. ce nom ). ADOLPHE-HENRI-ÉMERY D'AUMONT,né en 1785, estmort en 1849. (Armes: d'argent à un chevron de gueules , accompagné de septmerlettes de même, posées quatre en chef, deux et deux; et trois en pointe, une et deux.) C 'est chez M. le duc d 'Aumontque DUPUIS -DELCOURT fit la première expérience de sa Nautiqueaérienne, au mois de juin 1824. Montjean est devenu plus tard la propriété de M. DARBLAY aîné, ancien député de l'arrondisse ment de Corbeil, officier de la légion d 'honneur. On a de lui: un rapport fait à la Société d 'agriculture sur les grains et les silos, 1826 , in - 8°; et une brochure poli tique: La France , l'Europe; leur état présent, leur avenir, Paris, 1861, in - 8°. WISSOUS. 357 Un canton du territoire de Wissous porte le nom de Collerie. Il m'a remis en mémoire, dit M. l'abbé Lebeuf ( t. X, p. 84) , un poëte qui vivait sous François Ier , dont le nom était ROGER DE COLLERIE. Il pourrait bien y être né. La Biographie universelle n'est pas de l'avis de ce savant, peut-être sans fondement. Elle le fait naitre à Paris. Maitre Roger mourut dans un âge avancé, vers 1540. C'était un personnage très - facétieux; et , quoiqu'il ne fût guère bien partagé du côté de la for tune, il n'en saisissait pas avec moins d'empressement toutes les occasions de se divertir. Il fut près de qua rante ans secrétaire de l'évêque d'Auxerre (Roger de Dinteville, mort en 1530); et demanda à ce prélat , pour retraite , une cure qu'il n'obtint pas. Collerie pre nait dans ses ouvrages le nom de BONTEMPS (V. le Mer cure du mois de décembre 1737 , p. 281 ). On conjec ture que c'est de là qu'est venue l'origine de cette façon de parler, un Roger-Bontemps, pour dire un homme gai et sans souci. Il a laissé un livre fort rare , avec ce titre: Les æuvres de maitre Roger de Collerye, homme très-savant , natifdeParis, secrétairede feu M. d'Auxerre, lesquelles il composa en sa jeunesse , contenant diverses matières plaines de grant récréation et passe - temps. On les vend à Paris, en la rue Neufve- Nostre - Dame, à l'en seigne du Faucheur. Avec privilége pendant deux ans. M. V. XXXVI, in- 12. La Bibliothèque impériale pos sède un exemplaire de ce livre. Voici un rondeau de sa façon , pris dans la collection manuscrite de Colletet, à la bibliothèque de l'Arsenal ( t. II , p. 159). Il est précédé de ces quelques mots: Le bigarement et le mélange con 358 CORBEIL ET SES CANTONS. fus du latin avec le français, le rend scholastique et pédantesque , ridicule même au dernier point. Ce ron deau est contre les flatteurs: Pour bien jouer du placebo , Pour flatter et mentir aussi, Pour rapporter cela , cecy, Toujours en grâce mancbo; Qui biens veut avoir docebo: Qu'il est besoin de faire ainsi Pour bien jouir. En usant donc de tacebo Contre droict et raison dixi, Que vertu nunquam dilexi, Mais mon cour de mal replebo Pour bien jouir. : Nous avons rencontré cette annonce dans le tome V du Magasin encyclopédique de Millin: La rive gauche du Rhin limite la Républiquefrançaise; recueil de plusieurs dissertations jugées dignes des prix proposés par un né gociant de la rive gauche du Rhin , avec figures, publié par GEORGES - GUILLAUME BOEHMER, ex-député de la Con vention nationale rhéno- germanique , in-8° , deux par ties; Paris , 1795 , pourl'auteur de l'ouvrage signé par un jardinier du village de Wissoux, près Antony. Nous ignorons et le titre de cet ouvrage et le nom du jardi nier. L'enquête à laquelle nous nous sommes livré n'a rien produit. APPENDICE ABLOX. Boucher, le célèbre violon, se rend à Ablon pour exécuter à la messe de Requiem , célébrée pour le roi Louis XVIII ( Moniteur, année 1824 , p. 1336.) EPINAY. L'article de ce village était imprimé quand mourut M. Lejeune. C'est aussi depuis , que le domaine de Vaucluse est devenu la propriété de la ville de Paris. Elle en a fait l'acquisition pour y transférer l'hospice de la Salpêtrière. Nous ignorions, en rédigeant l'article de ce village, que partie de la terre , composée de l'ancien fief de Mauregard , passa par beritage à M. Brière de Valigny de Monólélour, ancien maire du se arrondisse ment de Paris, mort en 1810 , dont l'épouse était née Cochin. Un fils né de cette union est membre de la Cour de cassation. Il est beau -père de M. de Royer, premier président de la Cour des comptes. Le trop plein des eaux du parc de Sillery , et non l'Yvette , met le mou lin de Quincampoir en mouvement. Ce parc n'a pas été dessiné par Damesme, mais bien par Varé. SAVIGNY. Le Domaine principal de Grand - Vaux appartenait , avant les proprie taires nommés, aux Dames religieuses de Bonne-Nouvelle, établies à Orléans. La propriété créée par Audibran a ensuite appartenu à M. le baron Vincent, général , ancien préfet du Rhône, aujourd'hni sénateur. Puis elle a été habitée, à titre de locataire , par M. Valentin, auquel s'est ud joint M. Bouillet, l'historien , son beau- père. Ils y.ont passé plusieurs étés , et se sont établis dernièrement à Grigny , dans la propriété de M. Lambaud de Fougères, administrateur de chemin de fer. VIRY. Jean - Baptiste - Raphaël -Urbain Massard , graveur estimé, né à Paris en 1755 , est mort à Viry -Châtillon le 27 septembre 1819. Il était che valier de la Légion d'honneur. Corbeil , typ. et stér. de Creté.

ADDITIONS ET CORRECTIONS

Page 7 , ligne 15 , ministre des finances; lise:: des travaux publicz. 11 , 7 , 1513; lisez: 1483. 11 , 13, ajoute: après le mot II , est mort à Paris le 29 novembre 1513 , et 14 , 15, lisez: Gaspard - Joseph Ange , buron de Lalive d'Épinay , est mort à Paris le 15 avril 1829, à l'âge de 63 ans. 26, 4 , au lieu de: rive droite; lisez: rive gauche. 26 , 13, au lieu de: propèt; lisez: proprét. 34 , 1 , lisez: poëme manuscrit. 41 , 24 , au lieu du mot: la; lisez: une autre. 43 , 9, remplacez le millésime 1842 , par 1812. 51 , 17 , lise:: 7 ° Et madame Lecour, belle -mère du fermier général Blandin , aïeule de M. de Courcel , inhumée dans l'église d'Athis en 1780. 61 , 5 , après: M. de la Brousse; ajoutez: ( Cette famille sub siste encore. Elle a sa sépulture à Paris , au cimetière Mont-Parnasse.) 63 , 20 , au lieu de: 1805; lisez: 1784. 84 , 30, au lieu de: Larget; lisez: Laget. $ 5, 27 , après: Il a été; ajoutez: adjoint aux membres. 14, après: de sa maison; ajoutez: Ce ne fut pas la seule passion qu'inspira cette dame. Elle écrivit de Genève, à Azais, le 12 septembre 1806 , pour lui apprendre sa détermination de voyager en Italie, pour calmer, par l'absence, la passion violente qu'elle lui avait inspirée. 18. M. Jean - Bernard Baradère, né à Luz ( Hautes-Pyrénées) , 11 janvier 1773 , est mort à Paris, le 7 février 1863. Il a été inhumé à Champlant. 132, 18. Il n'est pas exact de dire que la famille de Windt ait été alliée à celle de Montclour. Jacques - Gabriel Chapt, comte de Rastignac, lieutenant- général honoraire, che valier de Saint- Louis, épousa Judith de Windt, d'une famille originaire de Hollande. Ces deux familles habi tèrent en commun le château d'Épinay. Devenue veuve , madame de Rastignac conserva cette habitation plu sieurs années encore. Une rue du village est appelée: De Windt. - 108 , 109 , – * 360 ADDITIONS ET CORRECTIONS. 174 , 174 , Page 133 , ligne 17 ,. après les mots: en a retenu le nom; ajoutez: Dans l'église Saint-Christophe, à Paris, ont été inhumés: Jean de Terme, écuyer, seigneur de Preux et de la Gilquinière, mort le 15 avril 1520; et Catherine de Terme, épouse de Louis de Martine, procureur du roi au Châtelet de Paris , morte en 1542 (l'Épitaphier de l'Ile- de- France). 137 , 3 , Dufay; lisez: A. P. Dufey , mort le 8 novembre 1858 , dans sa 72e année ( épitaphe dans le cimetière d'Épinay). 148, 15, au lieu du mot: et; lisez: ce fut. 172, 3 , après: Espérance Perrot; ajoutez: Christophe de ce nom, seigneur de la Malmaison, conseiller en la grande chambre du parlement, prévôt des marchands en 1641. avait pour armes: D'azur, à deux croissants renversés l'un sur l'autre; au chef d'or, chargé de trois aiglons aux ailes éployées. 7 , après: mort en émigration; ajoutez: en 1802 , sans laisser postérité. 26, après le mot: Juvisy; ajoutez: M. Pajot a été marié deux fois. 29, au lieu de: gauche; lisez: droite. 28. C'est à Chaillot ( Paris) qu'est mort l'abbé Raynal. 25 , changez: M en N. 27 , M. Bé; lisez: Constantin Say, membre dn conseil muni cipal de Paris. 217 , 28, supprimez le mot: en. 259, 27. Nous avons fait erreur, c'est le petit- fils du maréchal de Noailles, aussi maréchal de France, qui , par son ma riage avec la nièce de madame de Maintenon , posséda la terre de ce nom. Toutefois, qu'il fût à la guerre ou à se reposer dans une autre terre , les faits cités à la suite sont exacts. 265, 9, Leborgne; lisez: Lelorgne. 289 , note 1 , Gerardmez; lisez: Gérardmer. 291 , ligne 19 , l'année suivante; lisez: Dans la suite. 302, 3 , Mauroy; lisez: Maurey, ancien avocat au parlement de Paris. 312 , 16, après le mot: magistrat; ajoutez: ( D'azur, à la croix patée d'argent; chargée en cæur d'un chevron de gueules; et en pointe, d'une rose du même, boutonnée d'or; le chevron accosté de deux molettes d'éperon de sable sur la traverse de la croix. ) · 317 , 9, Ces armes sont celles de Du Vair. - 176 , 183 , 189, 205 , C :

TABLE DES NOMS PROPRES MENTIONNÉS EN CE VOLUME.

Abeilard, 194. Ablon , 33. Abzac, 323. Adam ( V. J. ) , 275. Agnès, 190. Agnès Sorel, 33 , 35 , 157 , 279. Agoult, 281. Aguado ( marquis) , 132. Alain Chartier, 279. Albiac ( d '), 281. Albignac de Castelnau , 235. Aleaume, 317. Alexandre VII , 192. Algrain ( famille), 35. Allard de Maritens, 127. Allonville ( famille d' ) , 64. Alquier , 334. Ameline, 154. Amelot de Gournay, 261. Amfray, 233. Andeville ( d' ) , 74. Andlau ( comte et comtesse d') , 230. André ( d '), 130. Andréa, 291. Angouillant, 221. Angoulême (Souveraine d') , 16 , 120. Anjou (Charles d' ) , 119. Anjou ( Louis d' ) , 118. Anne d'Autriche, 225. Anne de Bretagne, 188. Anselme ( le Père) , 117 , 119, 245. Apremont (l'abbé d' ) , 199. Arabi, 120. Arbaleste ( famille), 158, 161. Arcis (a' ) , 154. Ardier, 201. Argenson ( comte d') , 25, 299. Argouges ( famille d' ), 161 , 249, 318. Armagnac (famille d' ), 16, 119. Arnaud de Pomponne, 107. Arragon , 219. Arthaud, 189, 195. Artigues (d') , 274. Asfeld (maréchal d’ ) , 148. Asnières de la Chataigneraie, V. de Montmorin. Athis (famille d') , 49, 56. Aubernon, 87. Aubourg de Boury (famille), 115. Aubray ( d '), 328. Audibran, 293. Auguis, 108. Aumont (duc et duchesse d') , 355. Aumont- Mazarin ( duc et duchesse d') , 123. Auvillard (marquis d’ ) , 263. Avaugour (d' ) , 75. Avesne (d' ) , 342. Aviat , 200. 362 TABLE DES NOMS PROPRES. B | Leu, 348. Beaumont ( comte de ), 346. Badol, 99. Beaumont ( famille de) , 132. Bailly ( Madeleine) , 235. Beaumont (Jean de ), 342. Bailly (Jacqueline de) , 147. Beaumont-Montmorin (de) , 290. Bailly (Sylvain ), 229. Beaunée , 55. Baléchou , 17. Bécu, dite Cantigny, 331. Balizy (de), 52. Belmont (de) , 257. Ballainvilliers ( famille Bernard de), Belmonte (de) , 212. 92 , 93, 200, 329. Belot, 80. Ballenvillers, 90. Bénard , 24. Balzac (Charles de), 199. Bérard , 243. Balzac ( comte de), 265. Béraud de Merceur, 117. Bancelin Dutertre de Maisonneuve, Bérault, 144, 148. 139. Bergon - Duménil, 321. Baradère ( famille ), 109. Bernage de Chaumont, 94. Barbier, 177. Bernant, 241. Barbin , 301. Bernard de Boulainvilliers, 69. Bard, 303, 304 , 315, 322. Bernard de Forax, 71. Bardon de Moranges, 260. Bernard de Mauchamp, 324. Barillon de Morangis ( famille), 221, Bernard de Rezay, 60. 222 , 224. Berthault, 155. Barjac ( vicomtesse de ), 266. Berthe, 5. Barranger, 2, 46 , 89, 143, 153 , 166, Berthevin ( Anne de), 247. 167 , 303, 306, 308 , 314 , 327 , 351 , Bertier, 97. Barrois (comte) , 331. Bertier de Sauvigny ( famille), 229, Barthélemy ( l'abbé ), 41. 235, 262. Barthélemy ( Nicolas) , 138. Bertin , 98. Barthélemy (N.) , 326. Bertrand , 303. Barthélemy, 350. Bertrand d'Avignon , 30. Barthet de Bonneval, 260. Béthune-Charost ( duc et duchesse) , Baschi ( de) , 236. 200. Bassompierre ( famille de), 299. Béthune-Sully, 251. Baudement (de) , 116. Beugnot ( comte) , 57. Baudens, 98. Bèze ( Nicolas et Théodore de) , 10. Baudoin , 200. Bibens , 197. Baudois , 98. Bidault, 289. Baudry, 88. Bignon (l'abbé ), 196. Baume ( famille de la) , 134 , 282. Bigot de Préameneu, 125. Baume ( le Père de la), 320. Bilgrain , 346. Bausset (de) , 300. Biron (maréchal de) , 181. Bavière ( Louis de), 178. Blacque , 302. Beaudouin (famille), 65. Blandin ( famille), 51 , 199. Beaufleury (de) , 184. Blin , poëte , 345. Beaufort ( duc de) , 32. Blin (général) , 41. Beaufort ( l'abbé de) , 13. Blin (de) , 282. Beauharnais (de) , duchesse de Saint- | Blocqueville (comtesse de), 289. TABLE DES NOMS PROPRES. 303 Blois ( Charles et Marie de) , 118. Bragelogne (de), 65. Blondel d'Aubers , 95. Brancas (de) , 173. Blosset ( famille), 248. Breban (Marie de ), 59. Boehmer, 357. Bréhant (marquise de), 202. Boileau (Jean ), 270. Bretagne ( duc et duchesse de) , 117 , Boileau -Despréaux, 126 , 301. 118, 272. Boischateau (de ), 271. Bretigny ( Thomas de), 198. Boisgelin ( de) , 228. Bretigny (madame de) , 189. Boisgontier (de) , 114. Brézé (de) , 280. Bois- Robert, 72. Briçonnet, 222. Boissy d'Anglas , 300. Bricqueville (de ) , 248. Boizard , 298. Brinvilliers (marquise de), 328. Bollard, 53. Brisson , 131 , 291. Bologne, 176. Brochant de Villiers, 175. Bonaparte ( Pauline) , 290. Brousse ( de la) , 50 , 61. Bonjour, 323. Brunet d'Ivry, 196. Bonniot de Salignac , 292. Brunet de Tressemannes, 155, 346. Borderies ( M8+. ) , 70. Brunsay (de) , 161. Bordier, 52. Bucy ( Simon de) , 354. Botterel (comte de) , 346. Budé (famille ), 147 , 157. Boucher ( famille), 224. Bullion ( famille de) , 153, 226, 235. Boucher d'Argis , 256. Burchard Cocherel, 200. Boucherat ( famille), 76 , 80, 222. Boucicault (maréchal de ) , 8. Bouglé, 197. Bougerel (R. P.) , 286. Cadry, 278. Bouhyer ( famille ), 257. Caillot, procureur au parlement, 230. Bouillet, 293. Caillot (Antoine ), 108. Bouillon (duc de) , 23. Calixte II , 268. Boulanger de l’Estoc (famille), 152 , Callou (John ), 42. 158. Calonne ( de) , 95. Boulard , 345. Cambacérés ( comtesse de ), 289. Boulay de la Meurthe (comte Joseph) , Cambout de Coislin ( du) , 196. 125. Canclaux (comtesse ) , 333. Bourdin , 304 , 323. Carle Vanloo, 61. Bourdis, 250. Caylus ( Mør. de) , 278. Bourdon , 318. Cellerier ( architecte) , 255. Bourgarel, 99, 354. Cenesme ( famille de) , 126. Bourlon, 3. César (Jules), 306. Bourlon (Charlotte de ), 148. Chagot, 98, 200. Bourmont ( de) , 272. Chailly (famille de), 126. Bournonville (de ), 261. Chambarlhac ( famille de ) , 41. Bourquelot, 21. Chambon (Anne de) , 59. Boutheiller ( famille), 148 , 338. Champagne ( connetable de) , 117. Bouvot (prétre ), 52. Champlost ( baron de) , 94 , 329. Bouvot (Madeleine de) , 248. Chanac (famille de) , 195. Boyer ( famille), 258, 261. Chanteprime ( famille), 339, 343. 364 TABLE DES NOMS PROPRES. Chapelle (poëte), 125. Clausse ( famille ), 161 , 168. Chappins (J. ) , 316. Clément (famille ), 71. Chapt de Rastignac , 132 , 359. Clermont -Gallerande (marquis de) , Charles II d'Angleterre , 122. 355. Charles V , 341. Clinchant (baron de), 32. Charles VII , 58 , 157 , 279. Cocheris , 263. Charles VIII, 119, 189, 304. Cochin, 132. Charles IX, 120 , 179. Coëtnempren , 265. Charles de Bourbon , 32. Coffin , 43. Charles le Bel, 117. Coigny ( duc de) , 321. Charles le Simple, 48. Coislin (cardinal de) , 201 , 210. Charnailles ( de ), 230. Colard, 22. Charnailles ( vicomtesse de) , 34. Colin Bruneau, 234. Charolais (mademoiselle de), 61 , 87. Colletet , 356. Chasseloup -Lauhat (marquis de) , 355. Colleville ( de) , 307. Chastelain ( l'abbé), 188 , 220, 351. Colonna- Walewska ( comtesse), 84. Chateaubriand ( vicomte de) , 390. Commaille ( baron) , 64. Châtillon ( cardinal de) , 17. Condé (prince de) , 32 , 107. Châtillon ( duc de), 69. Conrart, 70 , 72. Châtillon (Claude) , 124, 232, 287 , Coquereau (l'abbé) , 175. Chartry - Lafosse , 349. Corbeil (Jean de) , 151 , 156. Chauchet, 234. Corbeil (Regnault de) , 90, 354. Chaulnes (Françoise de) , 201. Corbrun, 69. Chaumont ( mademoiselle de) , 174. Corneillan , 33 , 83, 335. Chauveau (Madeleine) , 215. Corvisart ( famille), 78. Chazelais ( Catherine de), 65. Coskær ( du) , 320. Chénier (de) , 156. Cossard , 20. Chevalier (famille Étienne), 133 , 157 , Cossonnet, 301. 162. Corelle de Grandmaison, 321. Chevalier ( madame Adrien) , 140. Cottin (madame) , 101 , 107. Chevalier ( E. T. M. ), 250. Cottini, 70. Chevalier (Guillaume) , 58. Coucy ( Iolende de) , 116. Chevalier (Michel), sénateur, 205. Coudert (de), 35. Chevalier ( Pierre- Alexandre) , 218, Courpon ( famille), 170. Chevranville (de), 198. Courtin (Marie) , 36 , 199. Chevrier, 85. Cousin ( A. ) , 93. Chevry (Raoul de) , 13. Cousin (V.) , 45, 76. Chilly (Jean de) , 126. Coustou le Jeune, 180. Chodron de Courcel ( famille ), 51 , 77 | Coutant (Lucien ), 303. 84 , 85 , 335. Coyma (Anne de) , 65. Choiseul ( de) , marquis de Beaupré, Coypel, 176. 226. Créquy ( de) , 285. Choiseul (de) , marquis de Francières, Créquy (marquise de) , 141. 291. Créquy - Lesdiguières ( duc de) , 66. Cholet, 27. Creuly ( général), 303. Chrotilde , 100. Croizet, 173. Cinq-Mars, 11 , 121. Crussol ( bailly de ), 134. TABLE DES NOMS PROPRES. 365 Crussol d'Uzès (baron de) , 69. Despréaux Saint- Sauveur, 97. Crussol d'Uzès (comte de) , 80. Desquinemare, 269. Cruwel ( Sophie) , 292. Dessole ( marquis) , 273. Cubert, 146. Dessole (baron ), 274. Cuvier, 320. Destermes (le Père) , 291. Dicy, dit Bureau, 34. D Didot ( famille), 272. Digeon, 251. Dabrin (famille ), 135. Doisy, 26. Dagobert ler, 267. Dolfus, 346. Dalifol, 346. Dolu , 353. Dallier ( famille) , 152 , 158. Dominge de la Mirandole, 190. Damas ( acteur) , 175. Dondeauville ( Jeanne) , 82. Damesme (architecte ) , 140 , 348. Donnet, géographe, 133 , 171 , 182 , 237. Dammartin ( comte de) , 178. Dormans (Pierre de) , 224. Dance (médecin ), 88 , 99. Dorsenne (comte) , 135. Dangeville ( actrice ) , 74. Douet de la Boullaye, 150. Daniélo, 3. Douin de Courcelles , 84. Danycan de l'Espine, 261. Douzeville ( de) , 35. Darblay aîné , 356. Doyen , 244. Darcy , V. Cadry. Dreux (comtes de) , 8 , 127 , 241. Dardenne, 322. Dreux -Budé, 146. Darondel, 52. Dreux du Radier, 320. Dautier , 70. Drouet, 7. Davous ( général ), 346. Drouillet, 134. Davout , maréchal ( famille), 288. Du Barry ( comtesse ) , 331. Davy ( famille), 133. Du Bec, 354. Decory, 242. Du Bellay, 354. Delabarre, historien de Corbeil, 33, Dubois, 109, 110. 159, 337 , 350. Dubos ( l'abbé ), 219. Delaborde, 349. Dubos ( H. F.) , 206. Delacour, 106. Duchesne, historien , 35, 56. Delaitre ( baron) , 135. Dufey, 137. Delalande, 154 , 346. Dufossé ( Th. ) , 284. Delaunay ( vicomte Charles) , V. Del- Dufour, architecte , 289. phine Gay. Du Jardin ( famille ), 137. Delaville -Leroux, 321. Du Luc ( marquis) , 132 , 277 , 286, 287. Delessert (famille), 321 , 325. Dumanoir, 350. Delille ( l'abbé ), 67. Dumesnil ( l'abbé) , 7. Delizy, 324. Dumoulin ( P. ) , 30, 140. Delorme, 98, 218. Dumoulin (Jacqueline) , 76. Delort, 182. Du Prat (chancelier) , 224. Denayer, 135. Dupuis - Delcourt, 356. Des Ecaux, 79. Du Puy ( Jacques) , 189. Des Essarts de Lignières, 84. Du Puy (Jean) , 58. Desmoulin, 42. Duquesnel, 97. Desportes ( peintre) , 217. Duquesnoy, 297. 366 TABLE DES NOMS PROPRES. Durand de Villegagnon , 343. Feuchère (Adélaide), 330. ” Duras (duc de), 123. Feuquières (madame de), 162. Durel, médecin , 294. Fezensac (marquise de), 14. Durey d 'Amoncourt (famille ) , 225 , Fiacre de Saint-Berthevin , 146. 235, 262. Fieubet de Sivry, 113. Du Tillet (famille ), 60, 75 , 269. Filhon , 87. Du Tremblay (vicomte ), 171. Fillette , dit Loraux , 78. Du Vair (chancelier), 316. Firy, 307. Flamanville (madamede), 177. Flamarens (comte de) , 201. Flandres (Jean , Philippe et Robert de), Édouard d 'Angleterre, 8. 57. Effiat (famille d '), 9 , 12, 17 , 112, 113, Fleuriau d 'Armenonville (Marie-Anne), 120, 214, 286. 94 , 199. Elliot ( sir ), 325. Fleuriau d 'Armenonville (Marguerite), Emis (Adam du ), 14, 272. 317. Enguerrand de Marigny (famille ), 81, Fleury (cardinal de) , 40. 117. Fleury (famille de), 145 , 146. Entraigues (d '), 200. Florence (André de), 270. Eremburge, 126. Folletemps (de), 58. Esclignac (comtesse d'), 251. Fontanges (Marie de), 259. Escoubleau, 120. Fontenay (madame de) , 228. Esmenond (Alix d '), 190. Fontenelles (mademoiselle de), 340, Espagnat, 97. 347. Espinay Saint-Luc (comte d '), 251. Forbin - Janson (M. L. C. de), 287. Esquiros, poëte, 135. Forêt (Jacqueline), 76. Estoile (l') , 30. Forges (baron ), 150. Estouteville (Guillaumed '), 82. Foucault (de), 75. Etchegoyen, 85. Foucault (Jean ), 342.. Foucault, V. Saint-Prix. Fouché d 'Otrante, 63. Foucques, 104. Failly (comte de) , 43. Fougères (madame de), 156. Fain (famille ), 264. Foullon d'Ecotais (famille), 226 , 235, Farcy (de), 229. 262, 322. Faulcon (Félix ), 101, 103, 109. Fouquet, ministre, 72. Favart, 124. Fourcault, 217. Faverolles (de), 50. Fourcy (famille de), 13 , 112, 317. Fayet (Jeanne), 225. Fournier , 22. Félibien , 72. Fourqueux, 298. Fénelon (marquise de), 320. Francatel (de), 269. Feret, 307. France (Robert de), 116.. Feron , 274. France (mesdames de ), 122. Féron -Michel, 314, 322. | Franceur (famille ), 340 , 347, 350. Ferrand, 356. François ler , 16 , 23, 24 , 120 , 194. Fersen (comte de), 43. Fregenville, 31. Féry, 237. Frère (famille ), 292. TABLE DES NOMS PROPRES. 367 Fresnes (connétable de), 8. Gourgue (famille de), 51, 55, 62, 69, Frezals de Bourfaud (comte), 43. i 163, 226. Frion , 86. Gouvion , 183. Fuensaldagnes (comte de), 32. Gouvion (comte de), 125. Fumel (marquis de), 323. Gouvion Saint-Cyr, 274. Gramont-Lespare (duchesse de), 140. Grandidier , 150. Grandjean de Fouchy, 295. Grassin (famille), 36 , 79. Gagarin (princesse), 177. Grégoire de Tours , 167. Gagnant, 85. Grésy (Eugène), 157. Gaillard (Michel), 15 , 24 , 119. Grézis (de), 42. Gallien , 14. Grigny (Frédéric de), 156. Gaillon (Jean de), 214. Grimod de la Reynière ( famille), 200, Gaillon (mademoiselle de), 171. 206 , 329, 333. Galtier, 10. Grisson (Robert) , 190, 198. Gamba, 170. Grollier (marquise de), 135. Gandillon , 234. Grondard, 23. Garancières (Jean de), 213. Gros (Mgr.), 29, 196. Garancières (Yvon de), 224. Gruter, 111. Garnier (M.), 80. Gueudeville (de), 329. Garnier (madame), 109. Gueuffron , 28 , 41. Gassendi, 126. Guibal, 346. Gaudedry (famille de), 223, 226. Guide (le ), 130. Gaulcourt (famille de), 342. Guilbert, médecin, 199. Gauthier de Vinfray , 37, 321. Guillaume, évêque de Paris, 354. Gay (famille ), 332. Guillemeau de Freval, 65. Gazon de Champagne, 277, 293. Guiot (abbé), 53. Gelé (Marguerite ), 298. Guise (chevalier de), 32. Gelis- Didot, 273. Guy de Charlieu, 189. Geoffrin , 141. Guy-Patin , 82. Geoffroy de Laigue, 248. Guy-Troussel, 185, 189, 198. Gérard , graveur, 355. Guy de Vaux, 291. Gérard de Montaigu, 270. Girardin (madameÉmile de), 333. Giroux (Alphonse), 218. Gley (l'abbé), 289. Haberge , 280. Glu , 217. Hacqueville (Radegonde de), 59. Godefroy (Guillaume) , 304. Hamelin (François), 71. Godefroy (famille), 325. Hamelin (Nicolas), 80, 288. Godefroy (mademoiselle), 74. Hanet- Cléry, 182. Godet (Jeanne), 76. Harcourt (François d '), 214. Gohier, 139. Harlay (Guillaume de), 255. Gombault, 72. Harville des Ursins, 106. Gomets , 355. Hatte de Chevilly ( famille ), 152, 151, Gontaut-Biron , 17. 160. Goullier ( comtesse de), 251. | Heckbourg (mademoiselle d'), 84. 368 TABLE DES NOMS PROPRES. Helphenstein (de ) , 175. Jean de Bretagne , 118. Helyon de Jacqueville, 34. Jean- sans - Peur, 178. Hémery ( Jeanne d' ) , 59. Jeanne de Bourgogne, 118. Hennequin (Nicolas) , 263 , 286. Jehan ( abbé) , 145. Hennequin ( Thérèse) , 321. John Bunn de Crockfort, 87. Henri II , 160. Jolimont, 108. Henri III , 120. Joly (Nicolas), 277. llenri IV, 181. Joly de Fleury ( famille ) , 145 , 147 , Hérault (lieutenant de police) , 40. 152 , 161. Hérault de Séchelles, 299. Joussineau de Tourdonnet ( M. L. ) , Hérouville ( marquise d '), 230. 95. Hersant, 320. Jupinet, 86. Hervé de Milly, 58. Jurien de la Gravière, 78. Hesselin ( Pernette ) , 298. Héverard ( d '), 173. Hodic (Anne de) , 249. K Hodierne, 186, 189. Hogguer (d' ) , 197. Klinglin (de), 263. Holac ( de) , 32. Holdearde, 200. Hollande, 350. Hotman , 53. Labalue, 281. Houdetot ( madame de) , 14. Labbé ( famille), 94 , 190 , 199. Housset ( abbé ) , 314. La Bédoyère ( marquis de), 291. Howin, 325. Labergère, 42. Hozier ( d '), 80. Labiénus , 166. Huet ( abbé) , 93. La Boulaye , 31. Huet (François), 53. La Chaise ( R. P. de) , 75. Hugues-Capet, 232, 253, 260. La Chalotais ( de) , 68. Hulot , 197. La Chesnaye des Bois, 15 , 74 , 77 , 82 , Hurault de l'Hopital ( famille), 82 , 83, 148. 171. La Cloche ( Jean de) , 171. Hutin( famille ) , 323. Lacombe ( abbé) , 169. Lacroix , 115. I Lafayette ( marquis de ) , 228. Lafayette ( Claudine de) , 17. Isabeau de Bavière , 178. Lafon , acteur, 205. Isabey, 175. La Fontaine ( le poëte) , 126. La Forest ( Pierre de) , 170, La Forest d'Armaillé , 163. La Fosse (Jean de) , 257. Jager (abbé) , 6. Lafosse, 70, 75. James (abbé ), 308. La Garde ( madame de) , 229. Janvier Monneron, 321. Laget-Bardeleu , 84. Jarente ( famille de) , 17 , 329. Laillet, 70. Jauge ( madame), 109. Laine ( l'abbé) , 175. Jean JI , 341. Lair, 125. TABLE DES NOMS PROPRES. 869 La Landelle (de ), 266. Le Bascle d'Argenteuil , 204. La Live d'Épinay ( baron ), 14. Le Bergier, 341. La Marche ( comte de ' , 117. Lebeuf ( l'abbé), 264. La Marck ( maréchal de) , 23. Lebeuf, secrétaire du roi , 346. La Marcque ( Françoise de ) , 235. Le Bègue , 139. La Martizière ( comte de) , 155. Lebois (Catherine), 29. Lambert ( madame) , 92. Leborgne, 234. Lambert ( M. de) , 228. Leboucher, 33. Lambre, 325. Le Bourlier, 243 , 322. La Meilleraie ( duc et duchesse ), 121. Lebrun , peintre , 318. Lamoignog (Chrétien del , 133. Le Bugle Delorme du Châtelet , 115. Lamoignon de Courson (de) , 164. Le Camus, 161. Lancastre ( duc de) , 8. Le Charron (Jean) , 224. Landais (Napoléon ), 219. Leclerc, général, 290. Langault (Catherine ) , 234. Leclerc (Jean ) , 84. Langres ( Simon de ) , 7. Leclerc ( Louise - Aimée-Julie ), 289. Languedoue (Jeanne de ), 61. Lecocq , 125. La Panouze (de) , 291. Lefèvre, peintre, 73. Larcher ( Claude) , 131. Lefèvre (Claude ) , 252. La Reveillière -Lepaux, 141. Lefèvre ( Nicolas) , 355. Larive , acteur , 316. Lefèvre de Caumartin (Jacques) , 12. Larivière ( Étienne de ) , 229. Lefèvre de Caumartin ( Charlotte - La Roche ( Marie - Antoinette de) , 51. Emilie), 321. La Rochefoucauld ( duc de) , 32. Lefèvre d'Ormesson ( Anne) , 61. La Rochefoucauld d'Estissac (madame Lefèvre d'Ormesson ( A. L. F. de P. de) , 274. T.) , 236. La Roche - Maillet ( famille de) , 103, Le Gascon, 226. 207. Legendre , 113. Larru (Samuel de) , 32. Lo Gendre de Lormoy ( famille) , 201. Lasson , 301. Legrand ( l'abbé), 280. La Tour d'Auvergne (prince de) , 196. Le Jay (famille ), 82. La Tour du Pin de la Charce ( fa- Lejeune, 132. mille de) , 174 , 230. Le Laboure! ır , 313. La Tour du Pin Montauban ( mar- Lelièvre de la Grange ( Marie - Renée) , quise de) , 03. 149. Launay, 294. Lelorgne , 205, 360. Launay des Varennes de ), 297. Lemairat (Charlotte - Henriette), 320. Laurent ( l'abbé ), 5 , 7. Lemaître ( Jean) , 133. Laurent, ingénieur, 86. Lemaître ( Marie-Françoise ) , 148. Laurent ( Émile) , 42. Lemaître de Bellejame , 18, 61, 328. Laurent (Charles- Louis), 109. Le Marchant de Bardonville , 163 , 226, Lausmonier, 190. Le Masle des Rochers , 182 , 189 , 193. Laval (Marie -Louise de) , 66. Lemercier, architecte , 120. La Vieille - Vigne ( de) , 201. Lemercier ( famille), 152 , 159 , 168. Lavigne, chanteur , 182. Lemonyer, 135. La Vigne ( Anne de) , 160. Lenoir, conseiller au parlement, 356. Lavocat (Charlotte- Renée ), 286. Lenôtre , architecte, 132 , 177. 370 TABLE DES NOMS PROPRES. Léon (princesse de) , 66. Louis XI , 35, 119, 280, 313. Lepage, 295. Louis XIII , 121 , 147 , 172 , 258. Lépagnol ( famille ), 91 , 93. Louis XIV , 79 , 121 , 170, 172 , 259, Le Peletier ( famille ), 37 , 311 , 312 , 266, 328. 317 , 360. Louis XV, 321. Le Péletier d'Aulnay, 321. Louis XVI, 124 , 321. Le Picart, 132. Louis XVIII , 96 , 134. Le Picart (Jean) , 249. Louis de France , 190. Le Picart d'Estellan , 119. Louis le Gros, 116 , 127. Lepitre ( l'abbé ), 130. Lours, 23. Le Portier ( l'abbé), 313. Louvault , 323. Le Ray, 61. Loynes ( famille de) , 65, 152 , 158. Leroi , 322. Lucas de Montigny, 300. Leroi (J. A.) , 331. Lucotte , général, 47. Leroux de Lincy, 303. Luxembourg ( la maréchale de) , 141. Leroy, 217. Luynes ( famille de ) , 158. Lesénéchal , 299. Lesieure - Desbrières , 265. Lesseville (comte de ) , 115. Le Tellier de Grécourt, 297. Mabile ( Mgr. ) , 196. Levayer, 217. Machault (Catherine de) , 77. Le Venier, 168. Mâcon ( comte et comtesse de), 8 , 241. Le Vignen ( comtesse de) , 212. Macy (famille de) , 211 , 212 , 213. Lhospital (chancelier de) , 162. Magne ( S. E. M. ) , 28 , 29 , 41 , 273. Lhospital de Belesbat, 172. Magnier, sculpteur, 9. Liégeois, architecte , 98. Maigne, 273. Lieutaud de Trois- Villes, 210. Maigret, 29. Lignac (de) , 322. | Mailhat, 155. Ligneville (de) , 32. Maillart, avocat, 57. Linière, 73. Maille, 346. Liotier, agent de change, 333. Maillé (famille de) , 203. Lisfranc, docteur , 301. Maillé (de), V. Montessuy. Lisfranc Saint- Martin ( famille), 301. Mailly ( marquis de) , 251. Livry ( Sanguin de) , 329. Malan, 334. Lobéran (de) , 36. Malesherbes ( Lamoignon de), 68. Loisel (Pierre) , 271. Malet (comte de ) , 230. Longjumeau ( André de ) , 20. Mallet ( l'abbé), 84. Longjumeau ( Philippe de) , 20. Mallet, procureur, 302. Longueil ( famille de) , 138 , 338. Maltor (l'abbé), 287. Lorraine ( duc de) , 32 , 119. Malvalle ( comte de) , 332. Lossin , graveur , 73. Mancini ( Hortense ) , 122. Louans (famille de) , 223. Mantes ( Pierre de ) , 9. Louis Ier, 190. Marandon de la Maisonfort, 80. Louis VI, 81 , 193. Marcel ( Matthieu) , 310, 316. Louis VII, 81 , 116, 127 , 152 , 190. Marchant, 134. Louis IX , 56. Marcilly, gentilhomme, 356. Louis X, 245. Marcilly ( Guillaume de) , 58. TABLE DES NOMS PROPRES. 371 Maréchal, 246. Monin, 42. Maréchal ( Gabriel) , 65. Moniquet, 213. Marguerittes (baron et baronne de) , Monnerot, 260. 356. Monnot-Leroy, 78. Marie - Antoinette, 124. Mons ( famille de) , 81. Mariette , graveur , 318. Montaigu (Jean de) , 178. Mariette ( Marguerite - Geneviève) , 340. Montal ( de) , 277. Marigny (Louise), 314. Montbron ( de) , 248. Marolles de Villeloin , 52. Montcloux ( famille de) , 138. Marsillac (prince de) , 3… Montcrif (Marguerite -Marie de) , 163. Marsollier (Geneviève -Céline) , 235. Montessuy ( famille de) , 80, 98 , 175. Martin ( llenri ), historien , 303. Montfort ( comte de) , 118. Martin de Mauvières , 140. Montgommery ( comte de) , 199. Martin du Nord ( comte ), 303. Montlhery (J. de) , 157. Martin de Pinchesnes, 345. Montlhery (Milon de) , 190, 198. Martine ( Louis de ), 133, 360. Montmorency ( Hervé de) , 339. Martines ( Isaac de ), 263. Montmorency (Jeanne de) , 342. Massawuf-Berault, 64. Montmorency (Marie de) , 312. Masson (Augustine-Agathe-Marie), 14. Montmorency- Laval, 60. Mauny ( baron de), 150. Montmort (marquise de) , 149. Maurepas, ministre , 40. Montmorin ( de) , V. de Beaumont. Maurey, avocat , 302 , 360. Montmorin (de ), marquise d'Asnières Maury (Alfred ), 303. la Chateigneraye, 339. Mazade (famille de) , 50, 61. Montmerqué ( de ', 72 , 345. Mazarin ( cardinal), 122 , 225. Montrable, 332. Mazeret , 37. Montrevel ( comte de) , v. de la Baume. Méland, architecte , 275. Montsablon (Jean de) , 270. Menéne (Simon de) , 129. Moreau de Séchelles, 298. Méraugis , 144 , 146 , Moreau ( l'abbé) , 7. Mercier Saint-Léger (l'abbé ), 53. Moreau ( C. ) , 178. Merlin ( comte ), 139. Moré-Pontgibaud ( comtesse), 214 , 242. Mesmes ( de) , 17. Morel ( Jean) , 159. Mesnard de Chouzy, 230. Morel (Camille) , 160. Messener (madame), 330. Moréri, historien , 11 , 17 , 106. Mestrezat , ministre protestant, 109. Morin , historien , 59. Meudon ( Pierre de ) , 223. Morogues (François de ) , 37. Meunier, 294. Mornay (Anne de ) , V. de Barjac. Michaud, 72 , 108. Mornes ( de) , 285. Michel (Jean ), 106. Motteville (madame de) , 257. Michel de la Roche-Maillet, 106, 207 , Mottu ( l'abbé), 340. Millin 126 , 188 , 217 , 357. Mouthard-Effendi , 3. Milon de Montlhéry, 190, 198. Mozard , dit Roquelaure, 67. Misback , peintre , 177. Mulot, 323. Molé ( comte) , 318. Murillo, peintre, 130. Molière , 126. Monchenu ( Marie de ), 214. Monet de la Salle , 235. 372 TABLE DES NOMS PROPRES. N Pasquier ( Pierre ) , 215. Pasquier de Franclieu (Charlotte Nantes ( Pierre de) , 118. Madeleine) , 80. Nantes (Jeanne de) , 341. Pasté ( famille ), 244, 246, 247. Napoléon Ier, 181. Patrick ( sir) , 135. Napoléon III , 218 , 348. Paturle, ancien pair de France, 97 , Napoléon ( famille Jérôme) , 218. 201 , 205. Nativelle ( abbés) , 6. Paul- Lacroix ( Bibliophile Jacob) , 72 , Nau (J. J. ) , 138 , 331. 260. Nau ( Florentin) , 5. Paulmy ( de) , 281. Nervet ( Jean) , 312. Peigné, 355. Nesmond (de) , 222. Pellisson , poëte , 72. Neufville de Villeroy ( Denise ) , 161. Périer ( l'abbé) , 154. Nichault de la Valette, V. Sophie Gay. Perrault (Charles), 172. Nicolaï ( famille de ) , 323. Perrault ( famille ), 343. Nitot ( Estelle) , 252. Perregaux ( Anne - Marie - Hortense ) , Noailles ( cardinal de) , 247 , 254. 347. Noailles ( famille de), 258 , 360. Perrin -Duchemin , 171. Noblet , 139. Perrin - Yvète, 131 , 198. Noël ( Charles) , 322. Perron , historien , 18. Nollet ( abbé) , physicien , 84. Perrot, général , 331. Nonnant ( marquise de) , 161. Perrot, hommes de lettres, 42. Nougarède de Fayet (famille), 125. Perrot ( famille ), 77 , 82 , 172 , 360. Perthuis ( vicomte de) , 109. Pesnel, 58 , 171. Petit de Leudeville ( Anne- Marie) , 05. O'Donnell ( comte) , 332. Philippe V, 245. Olivier de Leuville (Marie- Anne), 121. Philippe - Auguste, 310. Olivier de Serres, 62. Philippe de Valois, 118 , 194. Olivier de Vaugien ( Anne- Marguerite ) , Philippe le Bel , 57 , 129 , 193 , 257, 270. 63. Pibrac ( baronne de) , 62. Olivier-Rolland , poëte, 303 , 324. Pichon (baron J. ) , 150. Orange (princesse d' ) , 31. Picot de Dampierre (Emilie-Marie ), Ornano ( comte d' ) , 84. 274. Orvilliers (famille d' ) , 229. Pie IX , 192. Oudin -Lefèvre, 279. Piédefer (Jean) , 338. Oudiette , 133 , 334. Piédefer (Robert), 251. Piedefer (Marguerite ) , 119. P Piédefer ( famille) , 76 , 343. Piganiol de la Force , 319. Pacy ( famille de) , 34. Piles ( Jean de), 279, 290. Paix hans, général, 236. Pinault de Bonnefond, 99. Pajot (famille ), 174 , 201 , 360. Pinel, menuisier, 91. Pannière d’Ormoye, 246. Pinon (Bernard.) 273. Panon des Bassyns, 266. Plessis-Mornay ( du) , 162. Papillon (l'abbé) , 339. Pluquet , 249. Paris ( François) , 77 , 353. Pochard, 13 , 88. TABLE DES NOMS PROPRES. 373 Poignant (famille ), 59, 224. | Refuge (Raoul du), 158. Poirier de Saint-Brice, 238. Rémusat (Abel), 20. Poisson (Madeleine), 329. René, roi de Sicile, 119. Polignac (prince de), 70. Rezay (l'abbé de), 268. Polonceau (famille ), 340, 349, 350. Riant (famille ), 140 , 175. Pommelet (l'abbé), 196. Riants (Marie de), 248. Pommereu (Michelle de), 173. Richard (J. B. ), 239. Poncet de la Rivière (Mgr.), 345. Richard de Jouvence, 239. Pons (princesse de), 66. Richard de Saint-Marcy, 342. Pons de Rennepont (famille ), 152. Richelieu (cardinal) , 121, 132, 172, Pont de Veyle (comtesse de ), 40. 225. Pontevèse (abbé de) , 63. Richelieu (duchesse de), 83. Pontis (de) , 284. Ricois, 325. Porquet (abbé), 114. Ricord, docteur, 237. Portail (famille), 173, 174. Ricquebert, 129. Postel (l'abbé), 231. Riencourt (Marie -Louise-Pauline de), Pougeot, 183. 236. Poujoulat, historien , 226. Rieux (Jean ), 134. Poupart de la Blotterie , 174. Rigolet d 'Ogny (M. J. D. E. de), 299. Pré-Costigny (Catherine du), 257. Rilliet, 229. Prunelay (Anne de), 214. Rivière (François de), 147. Rivière (Denise de), 106. Robert -Canolle , 82. Robert le Pieux, 186. Quentin (famille ), 328. Robien (marquis de), 339. Quentin de Richebourg, 176. Rochambeau (comte de), 106. Quérard , 21. Rochester (l'abbé), 52. Quesnel (le Père), 14, 212. Rochon (Louise ), 257. Quétif, historien , 20. Rodet (Marie - Thérèse ), V. Mme Cottin. Quicherat (Jules) , 46 , 166 , 303, 306. Roger (baron ), 21. Quillet (l'abbé), 53. Koger, graveur, 275. Quinault, poëte , 344. Roger (Pierre), 266. Roger de Collerie , 357. R Roger de Dinteville, 357. Rohan (de), 32. Racine, poëte , 126. Rohan-Chabot (famille de), 67, 68. Raguet-Lépine ( famille ), 325. Rohan- Soubise (Louise-Françoise de), Raguière, chanoine de Paris, 36. 123. Raguse (duc et duchesse de), 347. Roland (famille ), 196. Raguyer (l'abbé), 196. Rollin , recteur de l'Université , 319. Rançon , 331. Rollon , 48. Ranjou , 165. Ronjou , 309. Rannes (marquise de), 138. Roquelaure (duc de), 66. Rappe, 227. Rosambo (marquis de), 321. Ravenet (de), 32. Rose (Rose -Madeleine), 173. Raynal (l'abbé), 183. Rosny (de) , 31. Réaumur, physicien , 84. Rossignol (famille ), 170 , 172, 175. 374 TABLE DES NOMS PROPRES. Rossignol (Jacques-Henri-Louis ), 360. Scarron , poëte , 67. Rothelin (marquis de), 248. Scudéry (Madeleine), 66, 70, 318. Rouvres (marquis de) , 69. Sebbeville (marquis de), 250. Rousseau (J. J.), 287. Ségur (vicomte de), 140. Roussel, fondateur du Constitionnel, Ségur (Nicolas-Alexandre de), 37, 321. 64. Senasme V. Cenesme. Roussel (Simon ), 119, 199. Senevoy (marquis de), 230. Rouxel de la Rouxillière, 251. | Sens (mademoiselle de), 217. Royale (Mme) , duchesse de Savoie , 173. Seringe, botaniste, 21. Ruelle , général, 274. Sérouville (de), 290. Serres de Prat (famille), 61, 62, 183. Sevennes, banquier, 175. Silhouette (de), 173. Saccardy (de), 168. Slanne ( baronne de), 85. Sades (comte de) , 291. Sorbet, 85. Saget, 323. Soufflot, architecte , 255. Sains (Louise de ), 16. Soupault, 322. Saint-André ( Jean de), 199. Strabon , historien , 308. Saint Bernard , 194. Suarès (J.), 30. Saint- Bonnet de Thoiras, 196. Suger (l'abbé), 152. Saint-Germain , 31. Sully (duc de), 31 , 37. Saint-Gilles (marquise de), 347. Surbeck (baron de), 237. Saint- Julien , 179. Saint-Louis , 117 , 119, 194 , 270. Saint-Maurice- Cabany, 22. Saint- Prix , acteur, 346. Taillepied de la Garenne (famille ), 15. Saint-Simon (duc de), 12 , 75 , 121, 261. Tallemant des Réaux, 59. Saint Vincent de Paul, 316. Talon (Madeleine), 148. Sainte -Marthe (Scévole de), 160. Tambonneau (famille ), 257. Sainte-Maure (Guillaume de), 272. Tamizier (marquis de), 218. Sainte -Palaye, historien , 34?. Tamponnet (Guillaume), 79. Salvages de Faverolles (baronne ), 348. | Tamponnet (Catherine), 71. Salvalette (de), 273. Tanneguy du Châtel, 178. Santeuil, poëte , 320. Tardif, conseiller, 131. Sarrazin , peintre , 72. Tarente (prince de), 32. Sarrazin , sculpteur, 124. Tarente (André de), 270. Sartines (de), 227 , 347. Taschereau de Baudry (Jeanne- Fran Saulcy (de), 166 , 307. çoise ), 202. Saulmeur de Villeronde, 139. Tavannes (comte de), 32. Saumaise (Claude), 159. Tempier (Étienne), 354. Sauval, historien , 157. Tencin (madamede), 39. Saux (famille de), 270. Tenon (docteur), 216. Savigny (Burchard de) , 190. Terric , 276. Savoie (Louise de) , 16. Thevenin le Maistre, 271. Savoie (duc de) , 123. Thiange (comtesse de) , 94. Savoie ( Jeanne de), 118. Thibault , peintre, 289. Say (Constantin ), 205 , 360. | Thierrée, architecte, 109. TABLE DES NOMS PROPRES. 375 Thiroud , 138. Vérolles (Mgr.), 196. Thomas de Mauléon , 239. Vest (famille de), 281, 342. Thomas des Vaux de Cernay, 52. Vezins (marquis de), 32. Thomé de Gamond, 87. Veyret, 139. Thoré (l'abbé), 322. Vic (Pierre de), 118. Thou (de), historien , 121, 171. Vicence (duc de) , 181. Thoulouze (Jean de), 52. Vigier (famille ), 289, 291, 338. Tillières d 'Osmond (C. E. J. de), 205. Vignacourt (Françoise de), 258. Tiphaine de Villiers, 328. Vigneul-Marville , historien , 125. Toulan , 183. Vigneux (Th. de ), 81. Touzet (l'abbé), 52. Vigny (Denise de), 132. Treilhard (famille ), 251. Vigny (Françoise de), 217. Trivulce, maréchal de France , 124. | Vilette , 183. Trou (l'abbé), 52. Villars (duchesse de), 67. Tudeval de Carvoisin , 213. Villars ( H. A. de), 68. ' Tuffet (Catherine) , 50, 61. Villecardel (de), 147. Tuillières (de ), 355. Villegille (de la ), archéologue, 307. Turckeim , général, 228. Villeneuve (comte de), 70. Turenne (maréchal de), 33. Villeneuve de Vence ( C. J. R. comte de), 300. Villiers (famille de), 119. Villiers ( Pierre de), poëte , 212. Urbain VIII, 268. Vincent, 293. Vins (marquise de), 286. Vintimille du Luc (famille de), 248, 286. Viole (famille), 59 , 75, 76 , 134. Vair (chancelier du), 316. Viomesnil (marquis et marquise de), Valenciennes, peintre, 98. 63. Valleran , 70. Vitruve, 308. Vallière (duc de la ), 345. Viviers (de) , 271. Valois (de) , historien, 143, 151, 153, Viry (famille de), 340. 210 , 337. Voltaire , 149. Varennes (Robert de), 198. Vouet, peintre , 113. Varin ( E.) , graveur, 67. Vasan , 234. Vatable , orientaliste , 159. Vaubernier, 331. Wagram (prince de ), 181. Vaury , 114. Walter (François- Antoine), 340. Vaux (maréchal de), 241. Watteville (Dom Jean de), 79. Vauxborel (marquise de), 242. Wicquet deRodelinghem (du), 206, 331. Ventadour (duc de), 114. Windt (famille de) , 132, 359. Verdier (madame), 109. Wurtemberg (roi de), 62. Vérité (l'abbé), 113. Wurtemberg (duc de), 32 Verjus, 24. Vernet, peintre, 289. Vernier (comte ), sénateur, 319. Vernon (Jean de), 270.! Zeiller , graveur, 124.

1)
Histoire du diocèse de Paris, t. X , p. 111.
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