Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Pierre-Anatole Poulain Motte de Vareille

Monographie historique de la commune d'Itteville (Seine-et-Oise), depuis son origine jusqu'à nos jours

Imprimé, aux dépens de l'auteur, à 100 exemplaires in-18 jésus. Propriété de l'auteur, tous droits réservés.

ITTEVILLE

(SEINE-ET-OISE)

SON ORIGINE, SON HISTOIRE, SA SITUATION

ACTUELLE.

1874

1

AVANT-PROPOS

La notice historique que nous présentons à tous ceux qui aiment et cultivent l'histoire nous a coûté prês de vingt-cinq années de recherches nécessitées par l'absence de tous documents historiques. Notre travail est bien minime, si on le compare aux nombreux et considérables ouvrages des érudits de nos jours. Nous faisons des vœux, néanmoins, afin que des hommes instruits, patients investigateurs dans le domaine des temps passés, accomplissent la même tâche pour chacune des trente mille communes de la nationalité française, ceci, bien entendu, dans l'intérêt de chacune de celles pour lesquelles ce travail n'existe pas encore; alors nous pourrions nous enorgueillir de posséder un corps d'histoire vraiment national, où se trouverait décrit, depuis son

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origine, l'accroissement lent, mais progressif, de la civilisation française, dont l'influence se fait sentir, malgré tous nos malheurs et nos revers, jusque dans les contrées les plus éloignées.

Ce vœu que nous formons est en voie de s'accomplir, au moins dans l'ancienne province de l'Ile-de-France, au sein de laquelle se trouve la commune d'Itteville dont nous avons cherché à rétablir, autant qu'il nous a été possible, l'origine légendaire, l'histoire bien accidentée, enfin la situation actuelle.

Puisse cet exemple, donné par la Société des historiens de l'Ile-de-France, trouver de nombreux imitateurs et donner l'élan aux autres lettrés de notre admirable patrie!

Paris, juin 1874.

P. A. Poulain Motte de Varcille.

MONOGRAPHIE HISTORIQUE⠀⠀⠀⠀BIA

DE A

COMMUNE D'ITTEVILLE

PREMIÈRE PARTIE

I

Itteville, commune du département de Seineet-Oise, canton de la Ferté-Alais, arrondissement d'Étampes, se trouve à environ 40 kilomètres sud de Paris, à 16 kilomètres nord-est d'Étampes, à la même distance sud-ouest de Corbeil, à 6 kilomètres nord-ouest de la Ferté-Alais, son chef-lieu de canton, et environ 35 kilomètres sud-est de Versailles, le cheflieu du département.

Cette commune, avec les six hameaux qui

en dépendent, les.. Moulins-du-Gué, les Murs, Aubin, tes Moulins-du-Saussaye, la Brière et L'Épine, est située dans l'ancien comté de Hurepoix, non loin des confins du duché de Gâtinais. C'est le premier village qui se rencontre depuis la Ferté-Alais, sur la route départementale n° 34 qui relie celle de Corbeil à Milly depuis son point de rencontre, à la Ferté-Alais, à la grande route de Paris à Orléans et Bordeaux, à Arpajon.

L'origine de ce village doit être fort ancienne. Son heureuse situation dans la presqu'île formée entre les deux rivières de Juine et de Malesherbes, non loin du confluent où elles prennent le nom d'Essonne, l'air pur et salubre dont on y jouit, rendu plus sain encore par le voisinage des coteaux boisés qui le dominent, ont dû attirer sur son emplacement, depuis les temps les plus reculés, une population considérable.

Son terroir, qui contient une vaste superficie confinant à l'ouest à celui de la commune de Bouray, bordé au nord-ouest, au nord, au nordest, à l'est et au sud-est par le cours des deux rivières de Juine et de Malesherbes, enfin au sud et au sud-ouest par les terroirs des communes de Cerny et de Bouray, offre un sol d'une grande richesse, où prospèrent à souhait les céréales, les

plantes légumineuses, la vigne, les arbres à fruit et les prairies naturelles et artificielles.

Ce village est situé, avons-nous dit, dans l'ancien Hurepoix, presque sur les confins du Gâtinais. Ces deux provinces faisaient partie de l'ancienne Ile-de-France, et étaient renommées pour leur richesse et leur abondance.

L'origine du mot, Gâtinais, dérivée soit du mot grec yasτn, en latin gaster, synonymes de ventre, symbole d'abondance, ou bien de Vastinium, son ancien nom latin, de vastum, vaste, signifiait assez son importance. Jules César, le conquérant des Gaules, s'y plaisait : il avait augmenté encore l'étendue de cette province; son vaste ter ritoire comprenait toute une contrée couverte de bois et de pâturages, aboutissant d'un côté à la Champagne, d'autre au pays du Mans, et englobait alors tout le Hurepoix et la Beauce. Les habitants s'appelaient aussi Méloduniens, de la ville de Melun, qui fut parfois la capitale du Gâtinais; quant aux habitants du Hurepoix, on les nommait Parisiens, tout spécialement à cause de Paris, capitale de tout le Hurepoix.

Ces deux provinces, suivant J. Spigel (voir les annotations sur les antiquités de Richard Ber thelin), comprenaient tout le pays, limité, au nord

et à l'orient, aux rivières de Seine et d'Yonne, depuis Montereau jusqu'à l'Auxerrois; au midi, de la Loire jusqu'à Orléans, enclavant les terroirs d'Étampes, Pluviers, Janville, etc., etc.

L'air y était renommé pour sa pureté et sa salubrité excessives, ce qui avait engagé les rois de France à y posséder de nombreuses maisons de plaisance; Étampes, Montargis, Fontainebleau recevaient souvent leur visite, ils se plaisaient à y séjourner.

En remontant le cours des âges, on a de sérieuses présomptions de croire que l'emplacement où se trouve le village actuel, ou au moins ses proches environs, ont dû servir d'habitations aux hommes.

En effet, en opérant l'extraction de la tourbe dans les marais communaux de la vallée de la rivière de Malesherbes, dans l'espace compris entre les Moulins-du-Saussaye et les prairies voisines du hameau d'Aubin qui dépendent de la commune d'Itteville, on a retrouvé des traces d'habitations lacustres, de vieux pilotis, des corps d'arbres entiers carbonisés, des débris de nacelles et autres, enfin des cornes de cerfs.

L'auteur de cette notice historique possède une hache de pierre en parfait état de conservation,

qu'il a trouvée dans les bancs de sable situés au lieu dit le Chemin-à-Potier, entre la montagne dite de la Justice et celle des Glands.

Il a aussi découvert, non loin de là, une pièce de monnaie, ou médaille de bronze, dont la face représente un roi coiffé d'une couronne de fer, ladite médaille percée d'un trou destiné peutêtre à recevoir un anneau, et qui a dû servir d'amulette ou de signe de reconnaissance à quelque soldat romain ou barbare.

Cette allégation ne trouverait-elle pas une preuve suffisante dans ce fait existant encore aujourd'hui que, sur l'emplacement du bois dit des Glands, on rencontre, ainsi que dans la partie dite de l'Ardennais, de nombreux murgers, ancien mot celte signifiant tas de pierres, qui y existent d'un temps immémorial, formant circonvallation, et qui ont dû, assurément, être des ruines de camps, ou d'habitations fortifiées? On remarquera, de plus, qu'entre ces deux collines se trouve une dépression du sol formant ravin, qui conserve encore de nos jours le nom de vallée aux Alains, dénomination rappelant les invasions des Barbares dans les Gaules, pendant les derniers jours de l'empire romain. D'ailleurs les hauteurs de la montagne dite de la Justice, le plateau qui

s'étend depuis la sommité des Glands jusqu'à celles qui dominent, dans une continuité non interrompue, les vallées qui se rencontrent aux défilés de la Ferté-Alais et de la vallée de la Juine venant d'Étampes, n'auraient-ils pas été un lieu favorable à l'établissement d'un camp d'observation dans les anciens temps?

Le pays d'Étampes et ses environs étaient, en effet, une sorte de station militaire. Le Chemin-àPotier dont nous parlons plus haut, situé derrière la montagne de la Justice, aboutit, en se rendant du côté de la Ferté-Alais, à un autre chemin appelé le Chemin-Vert, après avoir traversé le Chemin de l'Ardennais.

Or ce Chemin-Vert est une ancienne voie romaine, formée jadis de larges dalles et de blocs de grès dont on a détruit à grand'peine la plus longue partie, et dont la destruction complète a toujours résisté à la pioche des habitants. Cette voie romaine était sans doute une voie de communication transversale entre l'ancienne Agendicum (Sens) et Genabum (Orléans).

Tous ces indices prouvent surabondamment que ces lieux, couverts jadis de forêts impénétrables, ont dû néanmoins attirer des habitants dès les temps anciens et préhistoriques. [ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Les nations et les cités ont, pour la plupart du temps, une origine fabuleuse ou fondée sur des légendes. Celle du village dont nous allons tracer l'histoire sera, si on le veut, basée sur des conjectures; aucun titre, aucun document ne sont malheureusement restés sur lesquels nous puissions nous appuyer; nos allégations offriront cependant, nous l'espérons, de grandes probabilités.

Toutes les localités dont le nom propre est composé du mot ville, ont dû, généralement, leur naissance à une ferme ou métairie. Pour distinguer une ferme d'une autre ferme, on ajoutait, ordinairement, à ce mot de ville, en latin villa, ferme ou métairie, le nom de son premier propriétaire. Ainsi les lieux nommés Alainville, Fromondville, Ville-Vallier étaient originairement la ferme d'Alain, de Fromond, de Vallier.

Itteville était donc aussi, dans son origine, la ferme d'Itte, Ittæ villa.

C'est ce qu'on croit avoir découvert.

Les historiens de la première race (Duchesne, tome 1er des Historiens de France), Aimoïn, Frédégaire, Sigebert de Gemblours (le 1o1 sècle des Bénédictins), etc., rapportent que la bienheureuse Itte, aliàs Yde ou Ydeberge, et son frère, saint Modoald, évêque de Trèves, sortaient de la première noblesse d'Aquitaine. Yde ou Ydeberge épousa le bienheureux Pépin de Landen, dit Pépin le Vieux, prince du Brabant, seigneur du palais des rois d'Austrasie, et qui devint, après l'avénement au trône de France du roi Clotaire II,

par la réunion entre les mains de ce dernier des trois royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Bourgogne, le maître du palais de Dagobert 1er, roi d'Austrasie, que son père, Clotaire II, fut obligé de donner aux peuples et aux seigneurs austrasiens, sur leur demande formelle, en l'année 622.

<«< Clotaire II (voyez Anquetil, Histoire de « France, 614-622), orphelin à l'âge de six mois, <«< fils d'une mère accusée et mal justifiée de la « mort de son époux (Frédégonde), possesseur «< peu assuré du plus petit royaume de France, « envié et toujours attaqué par ses plus proches « parents, devient roi unique par la méchanceté [blocks in formation]

imprudente de sa tante (Brunehaut) et réunit « sous son sceptre la monarchie tout entière « (Velly, t. I, p. 210). Il ne porta pas la cou« ronne avec une égale autorité dans les trois «« royaumes.

« Les Austrasiens et les Bourguignons voulu« rent continuer à être gouvernés par leurs lois, <«< et que leurs pays conservassent chacun leur « titre de royaume et leurs officiers, en sorte « qu'on peut dire que Clotaire ne fut réellement <«< roi que de la Neustrie, sa première posses« sion; il s'assura cependant la prépondérance «< dans le gouvernement des deux autres, en re<«< tenant auprès de lui les principaux seigneurs « d'Austrasie et de Bourgogne, comme ses con« seillers intimes pour les affaires de leur pays «< (612-622).

« On remarquera qu'entre les seigneurs aus«« trasiens retenus à la cour de Neustrie se trou« vait un Pépin, dit Pépin de Landen, ou le « Vieux, très-estimé de Clotaire, et possesseur « de grandes terres entre la Meuse et le Hainaut. (Anquetil, Histoire de France, édition Lecointe « et Durey, 1820, tome II, page 82.) [ocr errors]

« Clotaire avait deux fils, Dagobert, fort jeune, <«<et Aribert ou Caribert, encore enfant. Quand

« l'aîné eut acquis l'âge où la raison se déve

loppe, les Austrasiens, s'ennuyant de ne pas « avoir de roi chez eux, le demandèrent à son «< père.

«En effet, ce royaume qui s'étendait beau« coup en Allemagne, peuplé de nations mal domptées et exposé aux incursions de voisins « entreprenants, avait besoin de la présence <«< d'un monarque. Clotaire accorda son fils. On « ne croit pas que ce fut bien volontiers. Car, en « faisant la part de Dagobert, il retint et appliqua « à la Neustrie et à la Bourgogne des provinces limitrophes qui jusque-là avaient appartenu à <«<l'Austrasie. Cependant il réunit, peu de temps « après, à la couronne de son fils ce fleuron qu'il « en avait détaché; mais ce ne fut pas encore de « bonne grâce qu'il fit ce sacrifice. Il fallut, pour <«<le déterminer, des instances des seigneurs <«< austrasiens, qui ne l'amenèrent qu'avec peine « à satisfaire ce désir.

«

« En leur livrant son fils, encore peu capable « de régner, il le recommanda pour la conduite personnelle à Arnould, évêque de Metz, et « pour le gouvernement à Pépin de Landen, <«< qu'il fit maire, deux hommes d'une pro«bité rare et d'une capacité reconnue. (An

<«<quetil, même ouvrage, tome II, page 84.) <«< Il est certain, d'ailleurs, dit M. Daras (1) « dans son histoire estimée, que jamais l'Aus<«< trasie ne contempla plus de splendeur, de « gloire et de vertus réunies que sous le gouver« nement du jeune Dagobert; saint Arnould « avait suivi son royal disciple, et en demeurait «<le fidèle conseiller.

«Il partageait l'autorité avec un maire du « palais, honoré plus tard par l'Église du nom « de bienheureux, célèbre dans l'histoire comme «< la tige de la seconde race des rois francs, Pé<«< pin de Landen, appelé, par les chroniqueurs « de ce temps éloigné, « le vivant domicile de « la sagesse, le trésor des conseils, le soutien « des lois, le terme des débats, le rempart de la

patrie, l'honneur de la cour, le modèle des «< chefs, la règle des rois,» premier de sa race, « dit le cardinal Pitra; le bienheureux Pépin, « surnommé de Landen, apparaît sans que rien «<le prépare, ses ancêtres peuvent à peine être « vaguement nommés. Est ce une famille fran«que, ou gauloise ou romaine?

<«< Les noms, les origines, les relations les plus

(1) Daras, Histoire de l'Église.

« divergentes se croisent dans nos premières an« nales.

« Les domaines des Pépins couvrent le Braabant, les Vosges, les rives du Rhin; leurs « villas s'élèvent aussi par delà la Loire et jus« qu'au pied des Pyrénées; mais le signe le « plus royal du viIe siècle et de la France en particulier, c'est l'abondante sainteté. C'est « aussi le plus bel apanage des Pépins. Par des « titres irrécusables, ils marchent en tête de ce « peuple d'élus. En gagnant le royaume du ciel, « ils ont conquis l'empire du monde.

«

« Parmi les fondateurs de cette dynastie, il « faut compter non-seulement son chef, Pépin « de Landen, dont l'Église, la science et les peu«ples ont respecté les titres à la vénération pu«blique, mais encore sa noble et fidèle com«<pagne en ce monde, la bienheureuse Itta, Yde «ou Ydeberge, son frère saint Modoald de « Trèves, et sa sœur sainte Severa (1).

« Les mêmes raisons qui avaient fait désirer <«< aux Austrasiens la présence d'un roi sous Clo«taire se montrèrent aussi impérieuses sous

(1) Anquetil, Histoire de France.

α

« Dagobert. Il se fit solliciter pour son fils comme « son père avait été sollicité pour lui, et enfin il « céda aux instances des seigneurs austrasiens « Sigebert II, son fils, à peine sorti de l'enfance. En même temps il destina la Neustrie et la Bourgogne à Clovis II, autre fils qui venait de « lui naître. Il eut la même politique que son père « de retenir auprès de lui quelques-uns des « principaux seigneurs austrasiens, comme pour « lui servir de conseillers, mais véritablement « comme otages. On remarque aussi que de ce « nombre était encore Pépin, quoiqu'il fût maire « d'Austrasie.

« Dagobert mourut à trente-cinq ans (638). « Avec lui disparut la gloire des Mérovingiens. «< (Voir Mézeray, page 180; - Velly, page 123; Anquetil, pages 90-91, tome II). [ocr errors] [ocr errors]

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« Clovis II, qui, à la mort de Dagobert, son

père, hérita de la Neustrie et de la Bourgogne,

« n'avait pas quatre ans. Sigebert II, qui régnait déjà en Austrasie, n'en avait que neuf. Pépin, « délivré, par la mort de Dagobert, de l'espèce de « captivité où il était retenu, va prendre les fonc• tions de maire d'Austrasie, dont il portait le « titre. Il meurt (640), avec la réputation d'un « homme plein de probité, doué des vertus

« douces qui répandent le bonheur et sur « l'homme vertueux et sur ceux qui l'en

« tourent. »

Suivant d'autres versions, Pépin de Landen cessa d'être ministre en 638; à la mort de Dagobert, devenu libre, il se retira avec Itte, son épouse, et Gerlonde, sa fille, dans sa terre de Landen en Brabant.

Il mourut, ainsi que nous venons de le dire plus haut, en 640; sa veuve, la bienheureuse Itte, ne lui survécut que douze ans et succomba à son tour en 652.

Nous avons dit plus haut que Clotaire II, ayant réuni les trois royaumes de Neustrie, d'Austrasie et de Bourgogne sous son sceptre, ne pouvait se passer des sages conseils du bienheureux Pépin. Il le retint à sa cour, et l'éleva de suite à la dignité de maire du palais et premier ministre de son fils Dagobert, lorsqu'il fut obligé de l'accorder aux seigneurs et aux peuples de Bourgogne. Pépin fut donc obligé d'abandonner le Brabant et le Hainaut, dont il était un des puissants seigneurs, pour venir se fixer à la cour de Clotaire II.

Une épouse aussi choisie que Itte ne pouvait demeurer éloignée de son époux; elle le suivit

en France. Elle ne possédait aucun domaine en ce royaume. La plupart des terres étaient encore incultes; les princes en distribuaient à leurs principaux officiers. Clotaire donna à l'épouse de son ami le terrain sur lequel s'est fondée peu à peu la commune d'Itteville. Les seigneurs avaient alors des serfs. Ceux d'Itte commencèrent à essarter, à cultiver le domaine de leur maîtresse; les premières cultures et les premiers bâtiments établis formèrent une métairie qui, du nom de la propriétaire, fut appelée Ittæ villa, ou la ferme d'Itte.

Itteville ne fut pas une simple ferme ou métairie de la bienheureuse Itte. Ce fut aussi le lieu de sa résidence pendant vingt ans. On n'en sera pas surpris si on se rappelle qu'alors les dames, même de la plus haute distinction et noblesse, ne faisaient pas encore l'ornement de la cour, souvent ambulante; que Paris était renfermé dans l'île formée par la Seine, dans l'espace actuellement appelé la Cité, ou du moins qu'il s'étendait alors fort peu au delà, et que la piété de la famille de Pépin rendait sa maison et celle de son épouse aussi régulières que les monastères dans leur ferveur primitive.

L'époux, l'épouse, leurs filles, tous les mem

bres de la famille du vieux Pépin sont honorés d'un culte public dans l'Église.

De l'union d'Ydeberge et de Pépin de Landen naquirent:

1o Grimoald, qui succéda aux charges de son père après la mort de Dagobert Ier (638).

« Grimoald ne vécut pas longtemps honoré de a ces fonctions, ayant voulu substituer son fils « Childebert, qu'il prétendait adopté par Clo«vis II, fils de Dagobert Ir, au propre fils de «« Sigebert, roi d'Austrasie, lequel régna sous le « nom de Dagobert II; les seigneurs austrasiens, « irrités de cette usurpation, l'arrêtèrent et le li« vrèrent ainsi que son fils à Clovis II. Ce der«nier le fit juger et condamner à mort. Quant à « son fils Childebert, il disparut. »

2o Sainte Gerlonde ou sainte Gertrude de Nivelles, honorée le 18 mars, première abbesse, et fondatrice, avec la bienheureuse Itte, sa mère, du monastère de Nivelles, entre Mons et Bruxelles.

3° Sainte Begge ou Dode, honorée le 17 décembre, mariée à Ansegise, fils de saint Arnould, évêque de Metz ces derniers eurent pour fils Pépin de Herstal ou de Héristal, père de Charles Martel, et aïeul de Pépin le Bref, tige de la deuxième race de nos rois.

La postérité directe de Pépin de Landen et d'Itta, son épouse, fournit encore à l'halgiologie :

Sainte Walfetrude, fille de Grimoald, honorée le 18 novembre;

Sainte Gertrude de Hamay (et ses enfants), honorée le 6 décembre;

Le bienheureux Adalbert, honoré le 2 février; Sainte Rictrude, honorée le 12 mai; Saint Maurond, honoré le 5 mai;

Sainte Clotsinde, honorée le 30 mai;

Sainte Eusébie ou Ysoie, honorée le 16 mars; Et enfin Sainte Adalsinde, honorée le 24 décembre.

La bienheureuse Itte, en quittant le Brabant, s'était séparée de l'Évesque de Trèves, saint Modoald, son frère, de Saint Arnould et de saint Amand; mais elle retrouva leurs sages conseils dans la personne de saint Gombert ou saint Gondelbert.

Ce prélat était, au rapport du savant Mabillon (évêque de Sens) (Annales, tome Iar, page 467), Corrévesque de Sens, c'est-à-dire chargé, pour la campagne, de la plus grande partie des fonctions Épiscopales; son district fut cette partie du diocèse, la plus éloignée de la métropole (au nord

ouest). Il fut le directeur d'Itte et le premier pasteur des colons du village naissant.

C'était à Itteville qu'il habitait. Ses vertus le firent bientôt asseoir sur le siége épiscopal de Sens; mais il conserva toujours dans son cœur le goût de la retraite et de la solitude. A la mort de Dagobert (638), saint Gombert renonça à son diocèse pour suivre ses illustres amis, Pépin de Landen et son épouse, et se retira auprès d'eux dans le Brabant, après avoir jeté au milieu des Vosges les fondements d'une abbaye qu'il nomma Senones, du nom de la ville de Sens, dont le souvenir lui était toujours cher.

Childéric confirma ce saint établissement par son diplôme de l'année 661.

La demeure habituelle de saint Gombert n'est point prouvée par des titres ou par des monuments; mais ce saint prélat avait été contemporain de la bienheureuse Itte, Corrévesque pour cette partie du diocèse, et quoique élevé bientôt, ainsi que nous l'avons dit plus haut, sur le siége de Sens, la paroisse d'Itteville est le seul lieu de tout ce vaste diocèse qui l'honore d'un culte religieux, le seul lieu où il a existé d'un temps immémorial une église sous son nom. Ce n'est pas là qu'est sa sépulture, on n'y conserve aucune de

ses reliques; ce n'est donc qu'au souvenir des vertus que les premiers colons lui avaient vu pratiquer, que l'on peut attribuer le culte religieux que leurs descendants ont conservé pour ce saint Évesque.

La liste des Archevesques de Sens, jointe au cérémonial de l'Église et du diocèse, imprimée en 1770, place Saint-Gombert, entre 769 et 794. Cette liste ne se rapporte point à tous les auteurs, et n'est point conforme au calendrier des deux dernières éditions du bréviaire de Sens, qui assigne l'année 675 pour celle de sa mort. Une remarque, néanmoins, qui n'est pas à négliger, c'est que la commémoration de saint Gombert se fait le 21 février, jour de la mort du bienheureux Pépin. L'épouse de Pépin de Landen fonda la métairie qui donna naissance au village et à la commune d'Itteville dans la partie du pays qui regarde Ballancourt, et très-probablement dans la propriété qui portait jadis (voyez l'Almanach historique du diocèse de Sens, années 1782-1783-1784) le nom de fief du Bois-Chaussier dit Rouany, et qui appartenait vers la fin du dernier siècle à M. Sorbet, chevalier de l'ordre du roi, ancien chirur gien-major de la première compagnie des mousquetaires. [ocr errors]

En effet, d'après un acte authentique de « vente devant Me Legrand et son collègue, noa taires à Paris, en date du 1er février 1762, con« senti par M. Michel-Alexandre Lepaige, écuyer <«< de main de Madame la Dauphine, et son épouse, il résulte que le fief du Bois-Chaussier «dit Rouany, sis audit Itteville, consistait en la « ferme dite la Grande Maison, et se composait « d'une maison pour le fermier, granges, écu«ries, étable, cour haute, cour basse, puits, vo«< lière et autres bâtiments, d'un jardin clos de « murs situé le long des fossés dudit village « d'Itteville, et du jardin et enclos de la maison « bourgeoise avec la quantité de 180 arpents « environ, partie en fief, partie en roture, tant « en terres labourables que prés, bois, taillis et « vignes, y compris un arpent de vigne sis aux « Carrières en plusieurs pièces. Le tout apparte<«< nait aux sieur et dame Lepaige au moyen de l'acquisition qu'ils en avaient faite de JeanFrançois Legagneur, Écuyer, sieur du Guay et « de Rouany, chevalier de l'ordre Royal et mili<«<taire de Saint-Louis, mousquetaire du roi, « par contrat passé devant M Gervais et son «< confrère, notaires à Paris, le 31 janvier 1754, <«< insinué à la Ferté-Alais le 26 mars suivant et

«ensaisiné les 27 dudit mois de mars et 21 avril « dudit an, auquel sieur Legagneur lesdites mai« son, fief, ferme, héritages et rentes appartenaient de la manière énoncée audit contrat, qui a été suivi du décret volontaire que lesdits «sieur et dame Lepaige en ont fait faire sur eux, « au Châtelet de Paris, adjugé par sentence du « 10 septembre 1755, sous les charges des cens « sur cens et rentes foncières envers la Seigneurie d'Itteville. » [ocr errors]

Cette propriété resta entre les mains de la famille Sorbet jusque vers l'année 1820; à cette époque, elle fut morcelée.

La maison bourgeoise actuelle d'Itteville, appelée maintenant le Château, passa alors aux mains d'un sieur Bongue qui la céda à M. Verbruggé, tailleur de Paris, puis en celles d'un autre tailleur, M. Lagarrigue, lequel enfin la vendit, à son tour, à M. Sauvat, qui l'a considérablement embellie et améliorée. Malgré tous les morcellenients que successivement avait subis la ferme d'Itte, il en restait encore quelques vestiges.

On peut voir, adossé au mur de clôture de cette propriété, du côté de Saint Vrain, un puits qui porte encore aujourd'hui le nom de puits Crapet,

peut-être en mémoire de celui qui le fit rétablir.

Ce puits alimentait autrefois la métairie, il portait aussi le nom de puits de la Ferme. Il y a une trentaine d'années on pouvait encore retrouver des ruines de murs de clôture fort anciens : elles ont aujourd'hui complétement disparu.

DEUXIÈME PARTIE

Nous avons cherché à établir l'origine de la commune d'Itteville. Nous avons vu que sa fondation remontait, suivant toutes les probabilités, à l'époque comprise entre les années 622 et 638, sous le règne de Clotaire II.

On a perdu, lors de la révolution en 1793, le peu de documents historiques que possédaient les archives de la commune; le tout, par ordre de la convention, a été transporté à Versailles, où il a péri dans ces affreux temps de tourmentes révolutionnaires. On peut, néanmoins, penser que l'histoire de notre commune se trouva intimement liée au sort des importantes localités qui l'entourent, telles qu'Étampes, la Châtre (Arpajon), Corbeil, la Ferté-Alais, Farcheville (Bou

ville), Milly, etc., etc. Son histoire se rattache donc sans doute à tous les événements qui survinrent dans l'ancienne province du Hurepoix dont nous avons dit qu'Itteville faisait partie et dans celle du Gâtinais dont ce village est si rapproché.

Le silence de l'histoire est, à juste titre, considéré comme un signe de la tranquillité, sinon de la sécurité laissées aux populations des campagnes. Pendant plusieurs siècles, nous retrouvons peu de traces de combats ou d'événements tragiques survenus dans le pays dont nous nous occupons. Sous les descendants de Charlemagne, les hordes normandes conduites par leur duc Rollon viennent envahir la vallée de la Seine, ainsi que toutes celles qui y aboutissent. Parvenues, comme un torrent impétueux, dont rien ne peut arrêter les flots dévastateurs, dans la vallée de la Juine, les cruels envahisseurs vinrent, en l'année 911, se répandre dans les campagnes voisines et s'amonceler auprès d'Étampes, après avoir tout ravagé, brûlé et pillé.

Itteville n'échappa sans doute pas au sort des malheureuses populations conquises.

« Stampas quidem adiens Rollo, totam terram adja« centem perdidit, quamplurimos Captitavit. » (Guillaume de Jumièges, lib. II.)

On peut voir aussi dans le roman de Rou ou Rollon, par Robert Wace, le récit des ravages des Normands dans le Gâtinais. (Manuscrit de la Bibliothèque nationale.)

Les populations de ces belles campagnes durent être longtemps à se remettre de ces affreuses calamités. Elles purent enfin respirer au moment où les descendants indignes du grand roi Charlemagne, abandonnant le pouvoir entre les mains de leurs premiers ministres, ainsi que l'avaient fait les derniers rois de la première race des Mérovingiens, une troisième dynastie fut fondée. Hugues le Grand, comte de Paris, s'assit enfin sur le trône de France, et régna sous le nom d'Hugues Capet. 987-996. Son fils Robert, surnommé le Pieux, fit le bonheur de la ville d'Étampes dont le séjour lui plaisait fort. Ses bienfaits s'étendirent sur tout le pays avoisinant. C'est à l'époque tranquille du règne de ce bon prince, dont les chroniqueurs et historiens de ces temps reculés ont vanté la sagesse et les vertus (V. Helgaud, Vita Roberti, Rec. des Hist. de Fr., tome X), 996-1032, que nous pensons pouvoir faire remonter la fondation et l'érection de l'église d'Itteville. Son clocher, de forme carrée, et qui porte bien le cachet du x1° siècle, renferme une pierre scel

lée dans la muraille où se trouve gravé le millésime 1011. Nous décrivons plus loin, dans la troisième partie de l'esquisse historique que nous traçons, l'église dont nous parlons, seul édifice intéressant existant encore dans le village.

Depuis la fondation d'Itteville, en 638, les évêques de Sens étaient demeurés seigneurs de ce fief, créé, avons-nous dit, par Clotaire II en faveur de l'épouse de Pépin de Landen. En l'an 1005, Lothéric, évêque de Sens, transféra le patronage de cette cure et du fief en même temps au Chapitre de Notre-Dame de Paris. Le Chapitre en resta le seigneur ecclésiastique jusqu'en l'année 1591. Nous n'avons pas trouvé de traces, dans l'histoire, de seigneurs antérieurs à la reine Blanche de Castille.

Les successeurs de Robert le Pieux se plurent aussi sur les bords de la Juine, ils aimèrent le séjour d'Étampes qu'ils embellirent, à laquelle ils accordèrent de nombreuses franchises et privilégcs, et toutes les campagnes voisines se ressentirent des bienfaits royaux.

Sous Henri Ier, Philippe Ier, Louis le Gros, qui ́ régnèrent de 1032 à 1137, nous traversons encore une période assez calme; avec le dernier roi commence la lutte de la royauté et de la puissance

féodale, et nous voyons apparaître les premiers affranchissements des communes.

Parmi les événements de ces règnes qui ont pu influer sur le sort de notre commune se placent au premier rang les conciles provinciaux qui se tinrent successivement à Étampes.

Le premier, dont on parle peu, fut tenu en 1048 par Gerduin, évêque de Sens, en la présence d'Henri Ier. Richer, archevêque de Sens sous le règne de Philippe Ier, convoqua dans la même ville, en 1092, le deuxième concile.

Enfin, sous le règne de Louis le Gros nous trouvons un troisième Concile provincial à Étampes, sous la présidence de Daimbert, élève et ami de Richer, et son successeur sur le siége archiépiscopal de Sens.

Un nouveau siècle environ se passe, et nous voyons s'accentuer la lutte des deux pouvoirs se disputant le sol de la France.

Louis VII, surnommé le Jeune (Florus), Philippe-Auguste, Louis VIII (Cœur de Lion), de l'année 1137 à 1226, malgré les guerres lointaines qu'ils eurent à subir, ne perdirent pas de vue les rivages de la Juine.

Enfin arrive Louis IX, saint Louis, l'un des plus grands souverains qu'ait possédés la France [ocr errors]

(1226); saint Louis n'avait que douze ans lorsqu'il monta sur le trône. Sa mère, Blanche de Castille, avait été nommée régente du royaume, par son père Philippe-Auguste. Les grands vassaux de la couronne espérèrent qu'à la faveur de la minorité de leur nouveau souverain et que, grâce à la faiblesse d'une femme appelée à diriger les destinées de la France, ils auraient bon marché de l'un et de l'autre; mais la veuve de Philippe-Auguste était douée d'une prudence et d'une sagesse rares, et sa main ferme et énergique sut déjouer leurs ruses et leurs perfidies. Honteusement défaits à Montlhéry 1229, par le secours inattendu des Parisiens accourus en foule au secours du roi de France, les conjurés durent se soumettre et abandonner leurs projets. Saint Louis, à la suite de ces événements, accorda à sa mère Blanche de Castille, en dédommagement de son douaire qu'elle avait abandonné à son fils Robert en 1937, la suzeraineté de la terre et seigneurie d'Étampes, de Pontoise, Dourdan, Corbeil et Melun.

Saint Louis continua la politique de ses ancêtres; il fit tous ses efforts pour combattre la puissance dominatrice des grands vassaux de la couronne. Les croisades qu'il entreprit amoindrirent pour quelque temps ce pouvoir, ennemi né de la

royauté, et à sa mort, après 44 ans de règne, le 25 août 1270, la royauté avait fait de grands progrès pour l'unification du royaume.

Après la mort de Blanche de Castille, 1er décembre 1252, la seigneurie d'Étampes, érigée alors en baronie, rentra dans le domaine de la couronne; mais, quelques années après, elle en fut encore détachée, pour composer, avec d'autres terres, le douaire de la reine Marguerite de Provence, épouse de saint Louis.

Le douaire de Marguerite de Provence avait été, par son contrat de mariage, assigné sur la ville et le comté du Mans; mais le roi saint Louis, ayant, dans la suite, donné ces biens à Charles d'Anjou son frère, transporta sur d'autres domaines le douaire de son épouse, et c'est alors que le territoire d'Étampes, avec ceux de Corbeil, Dourdan, la Ferté-Alais, etc., devint sa propriété. (Voir les Essais historiques sur la ville d'Étampes, par M. G. de Montrond, tome Ier, page 176.)

C'est à partir de cette époque que le sort de notre village se trouve intimement lié aux événements dont Étampes devint le théâtre. En 1295, à la mort de la reine Marguerite, la seigneurie d'Étampes retourna au domaine de la couronne. Philippe III le Hardi avait pris les rênes de l'État

après la mort de son père, Louis IX (1270). Son règne, rempli de vicissitudes, ne dura que 10 ans; à sa mort, en 1280, il avait ordonné que l'un de ses fils, Louis comte d'Évreux, fût apanagé de 15,000 livres de pension annuelle, assignée sur des terres nobles en baronie. Philippe IV le Bel, son fils, lorsqu'il fut monté sur le trône, céda à son frère, en payement de cette somme, la jouissance perpétuelle de la prévôté et châtellenie d'Étampes, Évreux, Gien et autres lieux. (Même ouvrage ci-dessus cité, t. Ier, page 178.) Nous ne voyons surgir aucun événement se rattachant à nos contrées sous les règnes de Philippe IV le Bel, 1286-1315. Louis X le Hutin, 1315-1316, l'interrègne de dix mois qui suivit sa mort, le court règne de Jean Ir le Posthume, qui vécut huit jours, et celui de Philippe V le Long, 1316-1322. A la mort de Louis d'Évreux, seigneur baron d'Étampes, la Ferté-Alais et autres lieux, en l'année 1319, ses fils se partagèrent ses biens suivant ses volontés : le puîné, Charles d'Évreux, devint seigneur baron d'Étampes, etc. C'est vers cette époque, huit ans après, 1327, que Charles IV le Bel érigea ces domaines en comté.

L'original même de ce titre existe encore au trésor des Chartes.

Charles le Bel, qui avait commencé son règne en 1322, succomba six ans après et céda le trône à Philippe VI de Valois en 1328.

Avec Charles IV s'est éteinte la branche directe des descendants d'Hugues le Grand. La branche des Valois entre en scène, et les contrées avoisinant Étampes se trouveront entraînées dans le tourbillon des guerres séculaires qui ravagèrent l'Ile-de-France pendant la lutte des souverains français et anglais. Après la mort de Charles d'Évreux, l'aîné de ses fils, Louis II d'Évreux, lui succéda dans la suzeraineté du comté d'Étampes, Dourdan et autres châtellenies; année 1336.

Ce seigneur, se voyant sans enfants, fit donation, en 1381, des domaines qu'il possédait en Beauce au prince Louis duc d'Anjou, second fils du roi Jean II le Bon; mais le duc d'Anjou mourut avant son donateur, et il jouit à peine, pendant trois ans, de cette libéralité (1384). Les enfants du nouveau comte d'Étampes transférèrent toutes ces seigneuries à leur oncle Jean duc de Berri, et des lettres patentes du roi Charles VI, au mois d'août 1384, ratifièrent ce transport.

Pendant le cours de la suzeraineté du comte Louis II d'Évreux, s'étaient passés de graves évé

nements.

La funeste bataille de Poitiers avait décidé du sort de la royauté en France, et le roi Jean II le Bon était devenu prisonnier du roi d'Angleterr (1356).

En 1360 le traité de Brétigny, conclu entre le dauphin Charles, régent du royaume, et le roi d'Angleterre Édouard, avait accordé quelque trêve aux populations avoisinant la capitale, qu'avaient décimées les sanglantes hostilités de cette guerre d'invasion. Ce traité de Brétigny, surnommé la Paix des Dames, avait été conclu pour la délivrance du roi Jean.

Il autorisait les Anglais à rester en possession de toutes les places dont ils s'étaient emparés jusqu'à l'entier payement de la rançon du monarque; mais quelque temps après, comme, malgré la trêve, les Anglais continuaient à mettre à contribution et à ravager les pays voisins de la capitale, la ville de Paris, autorisée par le régent, depuis Charles V, racheta neuf forteresses, que les Anglais évacuèrent moyennant 24,000 florins, à l'écu du roi Philippe de Valois, et payés par moitié au comte de Warwick et au captal de Buch. Au nombre de ces forteresses se trouvaient celles d'Etteville, Farcheville et Boissy-le-Sec, aux environs d'Étampes. (Voir l'ouvrage de M. de Montrond,

tome II, page 169, article de BOISSY-LE-SEC.) Ainsi, notre commune d'Itteville a joué un certain rôle, et a dû posséder une importance réelle. Il est donc à présumer que déjà, vers le xin ou XIVe siècle, son enceinte était fortifiée. Les nombreuses carrières qu'on rencontre sous le sol du village lui-même indiquent bien, en effet, qu'une population considérable s'est trouvée jadis agglomérée dans son enceinte, et, dans ces époques tourmentées, les habitants des campagnes, loin de se disséminer, se réfugiaient, au contraire, dans l'enceinte des lieux fortifiés.

A partir de l'année 1387, nous voyons le comté d'Étampes et les pays circonvoisins passer aux mains des ducs de Bourgogne; vingt ans après, (1407), l'assassinat du duc d'Orléans, rue Barbette, à Paris, ouvre l'ère des grandes querelles entre les Armagnacs et les Bourguignons, sous le tristerègne de Charles VI (1380-1422).

Le siége d'Étampes par Jean sans Peur apporte de nouvelles calamités aux habitants des campagnes de son territoire (1411). Il avait été précédé de la prise du château de la Bretonnière, près la Châtre (Arpajon).

En 1419, succombe Jean sans Peur, assassiné par les vassaux du nouveau duc d'Orléans, sur le [ocr errors]

pont de Montereau. Le Hurepoix et le Gâtinais deviennent alors le théâtre des exploits de Charles VII, le nouveau roi de France, qui régna de 1422 à 1461, et de l'intrépide Jeanne d'Arc, dont la vaillance lui facilita, après la prise d'Orléans (1428), qui avait précédé la levée du siége (1427) de Montargis par les Anglais, le refoulement et l'expulsion des conquérants de la France.

Louis XI succède à Charles VII, son pèré (1461); il règne vingt-deux ans.

Son règne est rempli par la lutte acharnée qu'il soutient contre la féodalité et surtout contre la puissance des ducs de Bourgogne. Le Hurepoix devient de nouveau le lieu, tristement prédestiné, de ces sanglantes discordes. La bataille célèbre de Montlhéry, où Louis XI faillit périr, la retraite du roi et de ses troupes vers Corbeil (1465), les marches et contre-marches stratégiques des corps ligués et confédérés contre le roi de France, tant sur Étampes que dans les environs, dûrent amener de bien tristes calamités dans toute cette partie du Hurepoix.

En 1478, le roi Louis XI réunit à la couronne le comté d'Étampes, suivant arrêt du parlement. Il ne reste pas longtemps entre ses mains. Jean [merged small][merged small][ocr errors]

de Foix, vicomte de Narbonne, en reçoit la même année, au mois d'avril, l'investiture et la donation sous la réserve de foi, hommage et suzeraineté envers la couronne de France.

En 1490, des lettres patentes datées de Tours, le 27 juillet, accordées par le nouveau seigneur comte d'Étampes, mentionnent l'existence d'un ancien port joignant l'hôpital Saint-Jacques-del'Épée, à Étampes. Ce port servait à l'embarquement des blés nombreux venant de la Beauce et à leur transport vers Corbeil et Paris, sur un canal formé à l'aide des rivières qui arrosent la vallée d'Étampes. Ces rivières se déversant dans l'Essonne par le lit de la Juine à la sortie des usines du Bouchet, la canalisation de cette dernière rivière a dû exister à cette époque ; il ne reste aucune trace de cette canalisation, et l'établissement de nombreuses usines et des moulins. que font mouvoir les belles chutes de cette charmante rivière prouvent qu'on renonça promptement à se servir de cette voie de transport,

Jean de Foix, le nouveau comte d'Étampes, a laissé un beau nom dans l'histoire. Sa gloire militaire fut pure et sans tache, comme celle du chevalier Bayard, son contemporain. Il fut fidèle à trois grands souverains de France qu'il vit suc

cessivement monter sur le trône à Louis XI (1461), à Charles VIII (1483), et à Louis XII (1495). Il mourut épuisé de fatigues et de travaux, - comblé de gloire et d'honneurs, le 5 novembre 1500. On lui fit des obsèques magnifiques. Son fils, Gaston V, duc de Nemours, éclipsa sa gloire; mais il passa comme un météore et périt victime de sa bravoure à la bataille de Ravenne (1512).

La contrée dont nous traçons l'histoire perdit, en ces deux grands princes, de puissants protecteurs. Bientôt la venue de sa nouvelle souveraine, la reine Anne de Bretagne, à laquelle Louis XII conféra le don et l'investiture du comté d'Étampes, rendit l'espoir aux populations de ces campagnes. Anne de Bretagne, une des personnes les plus accomplies de son temps, ne vécut malheureusement pas assez pour le bonheur de ses nouveaux vassaux; elle expira le 9 janvier 1514, au château de Blois, à l'âge de 38 ans. Louis XII, le père du peuple, ne lui survécut qu'un an.

Le comte d'Angoulême, premier prince du sang, issu du roi Charles V, par la branche cadette d'Orléans, lui succède sur le trône. Il règne sous le nom de François Ier (1515). Son amour pour les sciences, les lettres et les beauxarts lui fit donner le surnom de Père des lettres.

Claude de France, à laquelle il avait été fiancé en 1506, devient son épouse en 1514, par la célébration de son mariage. Cette princesse avait succédé à sa mère Anne de Bretagne dans la possession du comté d'Étampes, et ce, aux termes des lettres patentes délivrées à sa mère, dont nous avons parlé plus haut.

La même année, pour droit de joyeux avénement, la princesse obtient de son père, Louis XII, le rétablissement de la commune d'Étampes et. l'affranchissement de la gestion et administration de ses dépendances et territoires des lieutenants du roi. La suzeraineté de Claude de France ne dura que dix ans. Comme sa mère, elle mourut au château de Blois. Elle était à peine âgée de vingt-cinq ans (1524)..

Après cette noble princesse, nous voyons le comté d'Étampes revenir au domaine de la cou

ronne.

Apparaît alors Jean de la Barre, premier gen-. tilhomme de la chambre du roi François Ier, auquel ce souverain fait don du comte d'Étampes, par lettres patentes du 13 avril 1526. Ce sei-. gneur fit peu parler de lui, et ne fut pas longtemps en possession de ce domaine.

En 1534, François Ier délivre de nouvelles.

lettres patentes pour conférer de nouveau la possession du comté d'Étampes à Melle de Helly, Anne de Pisseleu, épouse de Jean des Brosses, noble ruiné dont la fortune fut ainsi rétablie par les faveurs du monarque et qui prit aussi le nom de comte d'Étampes.

Deux ans après (1536), le comté d'Étampes était érigé en duché en faveur des deux époux. En 1547, à la mort de François Ier, s'éteignit leur suzeraineté.

Nous voyons ensuite Henri II, le nouveau roi de France, la concéder à Diane de Poitiers, sa maîtresse, la rivale de son épouse, Catherine de Médicis. Le triomphe de la nouvelle duchesse d'Étampes dura douze années, autant que sa faveur, perdue à la mort d'Henri II (1559).

François II succède à son père.

Son court règne d'une année contient en germe tous les maux qui vont s'abattre sur la France pendant les trois règnes suivants (1559-1589).

Les luttes des calvinistes et des catholiques, qu'inaugure la conjuration d'Amboise, dont le fil fut retrouvé à Étampes, entre les mains de Jacques d'Espagne, vidame de Chartres, émissaire du prince de Condé et d'Antoine de Bourbon roi de Navarre, enfin les horreurs et les massacres de la

Saint-Barthélemy (1572), remplissent les campagnes des environs d'Étampes des malheurs causés par ces affreuses querelles.

Charles IX meurt en 1574; son frère Henri III, duc d'Anjou et roi de Pologne, lui succède sur le trône de France. Sous ce monarque, les querelles et les sanglantes discordes se réveillent plus violentes que jamais. Nous sommes parvenus aux temps de la Ligue de si funeste mémoire. Étampes, ainsi que tout son territoire et toute l'ancienne Ile-de-France n'échapperont pas à ces calamités. La cité d'Étampes et les seigneurs qui dépendaient de sa suzeraineté se jetèrent tête baissée dans la Ligue l'auteur des Antiquités d'Étampes, don Basile Fleureau, en fait foi et cite même les noms des nombreux adhérents (1576-1588).

Vingt-quatre ans avant, notre commune d'Itteville avait vu les membres du Chapitre de NotreDame de Paris transférer la seigneurie d'Itteville aux mains de Jacques Le Compte, gendre du célèbre Barnabě Brisson; le Chapitre de Paris s'était, néanmoins, réservé la suzeraineté religieuse de la paroisse et le droit de nommer aux cures vacantes, ainsi que celui de percevoir les revenus et capitaux de l'église Saint-Germain et ses annexes. 1564.

Depuis cette époque, notre commune, érigée en seigneurie, posséda successivement des suzerains jusqu'en 1789. Henri III était mort en 1589, assassiné par Jacques Clément à Saint-Cloud. Avec lui s'est éteinte le branche des Valois.

Celle des Bourbons prend en mains les rênes de l'État. Henri de Bourbon, prince de Navarre et Béarn, règne sous le nom d'Henri IV, Son règne illustre dura 21 ans, il devait avoir le même sort que son prédécesseur et succomber sous les coups d'un fanatique (Ravaillac)(1610). Son fils Louis XIII lui succède et règne 33 ans (1610-1643).

Sous ces deux souverains, dont le premier éprouva tant de vicissitudes pour affermir son trône, et le second ne gouverna que par l'inter, médiaire du plus grand des ministres qu'ait possédés la France, le cardinal de Richelieu, la province du Hurepoix put enfin respirer et guérir tous les ravages que trois cents ans de guerres lui avaient apportés.

Nous n'avons pu recueillir, durant cette longue. période, aucun fait saillant ayant trait à l'histoire de notre village, Nous ignorons même à quelle époque vécut le seigneur d'Itteville ayant nom Jehan de Moucy, dont le cénotaphe se voyait encore dans l'église Saint-Germain et qui por

tait cette mention remarquable: «< Cy gist. [ocr errors] [ocr errors]

enterré à Sainte-Croix-de-la

Bretonnerie, à Paris (1). »

Avec la minorité orageuse du roi Louis XIV, de nouveaux désastres viennent fondre sur nos

campagnes.

La fronde et ses sanglants épisodes déciment de nouveau les villes, bourgs et châteaux de Hurepoix.

De 1648 à 1652, cette partie de la France est. sillonnée successivement, parcourue et ravagée à tour de rôle par les troupes royales commandées par Turenne ou d'Hocquincourt, et par les corps d'armée des frondeurs, dirigés par le prince de Condé, Tavannes et leurs adhérents.

Ces horribles événements éprouvèrent, bien cruellement la population de notre commune. Elle fut envahie à deux reprises, lors du passage consécutif des armées du jeune roi, commandées par Turenne et d'Hocquincourt.

En 1652, au mois de mars, le vicomte de Turenne et le maréchal d'Hocquincourt, chefs de

(1) D'après des contrats de vente et de location récemment communiqués à l'auteur, ce seigneur d'Itteville, Jehan de Moucy, vivait vers l'an 1640.

l'armée royale, après avoir traversé la forêt de Fontainebleau et la Ferté-Alais, étaient venus camper à Châtres sous Montlhéry (Arpajon). Ils avaient voulu ainsi intercepter à l'armée de la fronde, commandée par le comte de Tavannes, toute communication avec la capitale, et ils observaient avec un soin vigilant tous les mouvements de l'armée ennemie. (Essais historiques sur Étampes, M. G. de Montrond, tome II, page 108.)

Quelque temps après le 4 mai, Turenne alla mettre le siége devant Étampes. Le même jour, son armée était aux prises avec celle du comte de Tavannes, qu'elle venait de surprendre. Néanmoins elle ne put s'emparer de la ville, vaillamment défendue, et Turenne fut obligé de se replier sur la Châtre (Arpajon).

Mais il revint le 27 mai, et mit décidément le siége devant la ville; de fortes escarmouches se suivirent, meurtrières, où beaucoup de monde succomba des deux côtés. Dans les premiers jours de juin, le roi Louis XIV, alors âgé de treize ans, vint en personne faire visite à son armée.

Le prince Charles de Lorraine, pendant tous ces événements, s'approchait à grandes marches de la capitale, pour venir en aide aux frondeurs.

Turenne, ayant alors reçu des ordres de la

cour qui lui enjoignaient de diriger son armée contre ce nouvel ennemi, fut obligé, à grands regrets, d'abandonner le siége d'Étampes, qu'il considérait comme prise, et dont la possession aurait couronné cette savante campagne.

Il sut alors, dit M. de Ramsay, dans sa belle Histoire du vicomte de Turenne (1736, la Haye), mettre son armée en si bon ordre, qu'il fut impossible à l'armée des frondeurs de lui nuire, si ce n'est qu'on lui fit quelques prisonniers sur son arrière-garde. Il fit camper ses troupes à Etréchy, le 7 juin 1652; le lendemain elles traversèrent la Juine et vinrent camper à Itteville, près la Ferté-Alais, où elles séjournèrent jusqu'à ce qu'elles partissent pour Villeneuve-Saint-Georges, sur la Seine, combattre l'armée du duc de Lorraine (1).

L'armée royale mit tout à feu et à sang dans ce malheureux village; ce n'est que vers le 5 ou 6 juillet qu'elle se retira, après avoir ruiné blés et vignes, et laissant, après elle, la famine, la désolation et la mort.

Il résulte d'une note que nous avons recueillie

(1) Page 218, tome IV, Histoire de Turenne, par M. de Ramsay, contenant les Mémoires du duc d'York, fils de Charles fer d'Angleterre.

sur le registre des mariages et décès de la paroisse d'Itteville, comprenant la période d'années comprise entre 1644 et 1672, qu'il est décédé, pendant l'année 1652, à Itteville, 125 personnes. D'après cette note, ces morts auraient été occasionnées par le passage de trois compagnies de gens de guerre, qui auraient apporté, avec eux, des maladies contagieuses. L'armée du roi aurait campé sous les murs de ce village depuis le 9 juillet 1652 jusqu'au 15 du même mois. Elle y aurait commis toutes sortes d'excès, et elle s'y serait livrée au pillage, au meurtre et au viol. Les blés, les avoines sur pied y auraient été détruits, et les vignes arrachées; enfin les habitants auraient été obligés de s'enfuir pour éviter tous ces excès (1).

La malheureuse population d'Itteville fut, par suite, décimée d'une manière horrible. Ce registre fait mention de l'extinction de la plus grande partie de ses habitants qui succombaient jusqu'à 7 par jour.

Ému de compassion à la nouvelle de ces affreuses misères, saint Vincent de Paul, l'apôtre

(1) Cette note émane de la main de Messire Tremblay, alors curé de l'église Saint-Germain d'Itteville.

des malheureux, à la tête de ses compagnons charitables, accourut pour adoucir ces cruelles plaies. Par ses soins, quatre hospices furent établis et fondés à Étampes; un seul fut réservé spécialement à cette ville, aussi infortunée que les campagnes voisines. Les trois autres furent destinés aux habitants des villages du duché d'Étampes qui avaient tant souffert.

Les nombreux orphelins furent spécialement recueillis dans une maison à Étampes, et le vénérable prêtre appela à son aide les sœurs de la Charité, dont il avait fondé l'ordre, qu'il avait doté de son amour inépuisable pour les souffrances humaines.

De si nobles travaux ne tardèrent pas à panser ces horribles misères. Peu à peu l'ordre et la paix se rétablirent, grâce à des secours que savait découvrir son admirable dévouement.

Les malades de langueur et d'inanition recouvrèrent leurs forces, et saint Vincent de Paul, à son départ, fut salué des acclamations et des bénédictions de la population dont il avait relevé le moral et adouci les infortunes (1),

(1) Extrait des Essais historiques sur Élampes, de M. de Montrond, tome II, et de la Vie de saint Vincent de Paul, par Collet, tome Ier,

Nous avons dit plus haut que la seigneurie d'Itteville, en 1564, sous la suzeraineté de Jean de Brosses, époux d'Anne de Pisseleu, avait passé aux mains de Jacques Le Compte, et que nous n'avions trouvé traces nulle part d'autres seigneurs de ce village, sauf d'un sieur Jehan de Moucy.

Cette année 1564 vit le duché d'Étampes faire retour à la couronne.

Du temps des guerres contre les calvinistes, nous voyons Jean Casimir, fils de Frédéric III, comte palatin, investi de ce duché par un traité conclu avec les calvinistes.

Catherine de Lorraine, duchesse de Montpensier, en prend ensuite possession (1578). En 1582, nous trouvons une reine de France, Marguerite de Valois, femme de Henri de Bourbon (le grand Henri IV), duchesse d'Étampes. La duchesse de Beaufort, Gabrielle d'Estrées, lui succéda dans ce titre (1598).

Puis vient la suzeraineté des ducs de Vendôme. César, duc de Vendôme, fils de la belle Gabrielle. d'Estrées, conserve le duché d'Étampes depuis la mort de sa mère (1599) jusqu'en 1654.

Louis de Vendôme et de Bourbon, duc de Mercœur, devint alors duc d'Étampes (1654). Ce

prince, qui devint ensuite cardinal, laissa son duché d'Étampes aux mains de son fils, LouisJoseph. Ce dernier duc d'Étampes doit être compté au nombre des plus nobles et plus illustres héros dont s'honore la France. Il fut le soutien du trône de Louis XIV et mourut en 1712, en Espagne, deux ans après sa belle victoire de Villaviciosa.

C'est probablement vers cette époque, à la fin du règne du roi Louis XIV, que nous pouvons présumer que la seigneurie d'Itteville passa aux mains de la famille de Broglie, seigneuresse déjà de divers domaines dans le comté de Hurepoix et dans le duché d'Étampes.

L'origine de la famille des de Broglie n'est pas fort ancienne; on ne croit pas qu'elle remonte plus haut que le xvII° siècle. Peut-être la seigneurie de notre village lui advint-elle par acquisition ou par transmission, soit par alliance, soit par héritage. Le fait est que, depuis cette époque, elle fut en possession de cette seigneurie, et qu'elle en est restée la titulaire jusqu'à la révolution de1789.

<«< L'une des filles de Louis-Joseph de Ven« dôme, madame Louise-Élisabeth de Bourbon, a été duchesse d'Étampes; elle fut mariée, le « 4 juillet 1713, à Louis-Armand, prince de

5.

«Conti, et porta, par suite, le duché d'Étampes « dans une autre branche de la famille de Bour« bon.

« De là, dit M. de Montrond, il passa, par « alliance et partage, à celle d'Orléans, lors du « mariage de Louise-Henriette de Bourbon-Conti « avec Louis-Philippe d'Orléans, aïeul du roi « Louis-Philippe Ier (1752). »

Suivant des actes de 1770, les sentences du bailliage d'Étampes, à cette époque, étaient rendues au nom de monseigneur Louis-Philippe d'Orléans, tuteur honoraire de monseigneur le duc de Chartres. Enfin, le 23 juin 1779, par suite d'un partage de la succession de la princesse de Conti entre Louis-Philippe-Joseph d'Orléans et la duchesse de Bourbon, sa sœur, les domaines d'Étampes et de la Ferté-Alais échurent à ce prince pour la somme de 480,000 livres. A la révolution de 1789, il était encore en possession du duché d'Étampes.

Le titre et les attributions attachés à cette dignité périrent entre ses mains avec tant d'autres institutions ou coutumes que les bouleversements de cette époque entraînèrent comme un irrésistible torrent.

Depuis l'année 1652, nous n'avons retrouvé,

dans l'histoire, aucune trace de grands événements survenus dans nos campagnes.

Louis XIV mourut en 1715; son petit-fils, Louis XV, monte sur le trône et règne près de soixante ans. Il est mort en 1774, le 10 mai.

Avec Louis XVI, qui devait régner dix-neuf ans et succomber si affreusement sous les excès révolutionnaires, nous avons des temps de décadence et de troubles amenés inévitablement par le relâchement des mœurs et des esprits sous les deux règnes précédents.

Un nouvel ordre de choses se fonde; l'émancipation du tiers état, l'amélioration du sort des classes inférieures, enfin l'affranchissement du sol des campagnes et l'avénement du gouvernement des communes par elles-mêmes, sont le résultat décisif de tant d'années de troubles et de révolutions.

Avec la révolution de 1789, disparaît définiti→ vement la féodalité. La seigneurie d'Itteville est érigée en commune; à sa tête, comme administrateur, se trouve placé un maire chargé de surveiller ses intérêts et d'entretenir des rapports incessants avec le sous-préfet résidant à Étampes. Son territoire se trouve classé dans le canton de la Ferté-Alais, lequel ressort de l'arrondissement

d'Étampes, un des plus populeux, des plus industrieux et des plus riches du département de Seine-et-Oise.

Notre commune fit peu parler d'elle 'pendant la première révolution. Napoléon I“, d'abord l'un des membres du triumvirat (1795), puis bientôt premier consul, finit par vouloir être complétement le maître des destinées françaises. L'Empire fut fondé (1804); mais hélas! des revers épouvantables suivirent trop rapidement ses succès foudroyants. Il sembla lasser la fortune et deux invasions vinrent successivement bouleverser notre sol.

Notre commune eut sa part d'épreuves dans ces malheureux temps (1814-1815). L'étranger foula son territoire à deux reprises; un camp de troupes cosaques, puis bavaroises, fut établi dans sa riche plaine située entre le village de Bourray et ses murs, et la longue durée de l'occupation pesa lourdement sur sa population.

A partir de 1816 et à la suite de la seconde restauration, qu'avaient précédés d'abord la première chute de l'empire, 1814; la première restauration si éphémère, puis les cent jours suivis du désastre de Waterloo et de la chute définitive du premier empire, une ère de repos et de tran

quillité s'ouvre pour les belles contrées des environs d'Étampes; cette ère de calme amène avec elle l'aisance et la prospérité. Elle se prolonge sous les règnes de Louis XVIII, de Charles X, et enfin de Louis-Philippe I (1816-1830).

Avec ce dernier prince, un des meilleurs qu'ait possédés notre admirable pays (1830-1848), une paix durable de dix-huit années fait fleurir les arts, les sciences, le commerce et l'industrie. La fortune se répand dans les campagnes, les chaumières disparaissent peu à peu, un certain confortable s'introduit dans les habitations, si tristes et si misérables jadis, des villageois, et enfin l'application de la vapeur aux transports maritimes et terrestres change tout à fait l'aspect du pays.

En 1842, on ouvre à la circulation le chemin de fer de Paris à Orléans. Étampes n'est plus qu'à une heure et demie de la capitale. Il fallait jadis une grande journée pour s'y transporter. Une station établie à Bourray, à 8 kilomètres d'Étampes, rapproche de même notre village.

Bientôt les produits des campagnes, expédiés par ces nouveaux moyens de transport, jettent l'aisance et la richesse, dans un rayon qui s'étend de plus en plus autour de Paris.

La vallée de la Juine voit changer ses destinées; mais Étampes voit, par contre, diminuer son importance et déchoir son ancienne splendeur.

Quelques années se passent, une révolution nouvelle éclate tout à coup, et le 24 février 1848 sombre, à son tour, la dynastie fondée par LouisPhilippe Ier.

La révolution de 1848 s'épuise elle-même par ses excès; au mois de novembre, apparaît, comme président de la république, l'héritier désigné des Bonaparte, Louis-Napoléon, fils de la reine Hortense et du roi de Hollande, neveu de Napoléon Io. Bientôt, quatre ans après, Louis-Napoléon rétablit en sa faveur le trône impérial (1852). C'est vers cette époque que la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon commence la construction du chemin de Corbeil à Montargis, qui traverse la vallée de l'Essonne et celle de la rivière de Malesherbes. Il règne dix-huit ans; son règne, malgré sa devise, « l'Empire, c'est la Paix,» se fit remarquer par plusieurs guerrés étrangères : Expédition de Rome, guerre de Crimée, expédition de Chine, et enfin expédition du Mexique, si fatale à la France. Nos finances s'y épuisent, une dette énorme en résulte; elle monte à près de 12 milliards.

Enfin arrive 1870. Cette année néfaste voit poindre l'affreux orage qui bouleversera nos destinées. Une guerre horrible avec l'Allemagne ou plutôt avec le roi de Prusse, impatient de venger les malheurs qu'avait subis sa patrie lors du premier empire, se termine par un épouvantable désastre pour la France. Les batailles successives de Woerth et Sedan, le siége de Metz, la marche des armées prussiennes et allemandes sur Paris, les efforts impuissants que tente le nouveau gouvernement provisoire après la captivité de l'empereur Napoléon III et son départ pour l'exil, les combats de Coulmiers, la prise d'Orléans, le sac de Châteaudun-sur-Loire et de nombreux combats où les Prussiens restent maîtres par la supériorité du nombre et des armes, et la destruction complète de l'armée française, nécessitent la soumission du pays.

Les 27 et 28 septembre 1870, deux uhlans envoyés en estafettes par les avant-postes prussiens des environs de la Ferté-Alais essuyèrent des coups de feu tirés des bois environnant la route, près des moulins du Gué; un d'eux fut tué sur le coup, l'autre retournant bride alla jeter l'alarme au poste qu'il venait de quitter. Un corps détaché de 3,000 hommes et muni de trois canons vint

prendre possession des alentours du village d'Itteville, menaçant d'y mettre tout à feu et à sang, et réclamant 20,000 francs de rançon pour la vie des habitants. Ils ne purent sauver leur existence qu'en versant immédiatement 7,750 francs à valoir sur cette rançon et s'engageant à payer le surplus qui, par suite de l'armistice et de la signature définitive de la paix, n'a jamais été réclamé.

Enfin, en 1871, au mois de janvier, Paris, qui subissait un siége épouvantable accompagné d'un bombardement contraire à toutes les lois du droit des gens et de la civilisation, se soumet, et un armistice, puis un traité qui stipule, en définitive, une rançon de 5 milliards au profit du nouvel empereur d'Allemagne, et la perte de deux de nos plus belles provinces, l'Alsace et la Lorraine, mettent fin à d'épouvantables malheurs.

Les rivages de la Juine se ressentirent au moins pendant une année, jusqu'au départ des Prussiens, de leur occupation militaire.

Des exactions de tout genre, des impôts forcés, sous tout prétexte, viennent appauvrir les villages sous le nom de contributions de guerre, et Itteville y fut malheureusement soumis comme les autres.

Depuis cette époque, la France cherche à se

remettre; elle se recueille, elle aspire à se relever de ces calamités. Le gouvernement de M. Thiers 1871-1872-1873 restera célèbre par sa sagesse et sa modération. L'évacuation du sol français, le payement de la rançon de 5 milliards, le second siége de Paris amené par l'épouvantable folie de la Commune, dont les mobiles secrets resteront toujours inconnus, mais dont le résultat désastreux fut l'incendie et la destruction avérée, en projet au moins, de Paris, la reine de la civilisation, tels sont les principaux épisodes des deux années de son gouvernement. Après M. Thiers, mars 1873, un noble général a reçu des mains de l'Assemblée nationale les rênes du pouvoir qu'elle lui a conféré pour sept ans. Puisse notre malheureuse patrie profiter de cette période de calme qui commence, que le puissant maître de nos destinées veuille nous accorder de meilleurs jours, et nous rendre, après une trop longue durée de nos infortunes, le repos et la paix, avec un gouvernement sérieux et sage qui seul pourrait éloigner de nous de nouvelles révolutions et de nouveaux revers!

TROISIÈME PARTIE

I

L'Église.

L'église paroissiale d'Itteville est un monument assez remarquable, tant comme construction que par rapport aux souvenirs historiques qu'il rappelle. Elle est située au milieu du village, isolée de toute habitation voisine, et est entourée de murs qui, plus élevés jadis, ne sont plus maintenant qu'à hauteur d'appui.

Elle est érigée sous le vocable de saint Germain, le grand évêque de Paris, dont l'Église honore la mémoire le 28 mai.

C'est à l'époque tranquille du règne de Robert le Pieux qu'on peut vraisemblablement faire remonter l'origine et la fondation de la belle église que possède notre commune. C'est à ce moment solennel que le monde entier, effrayé des prophéties sinistres répandues par toute la chrétienté, attendait la fin du monde. L'an 1000 de l'incarnation avait été considéré comme l'époque de son extinction. « Mundi termino appropinquante, fine sæculi imminente, » tel était l'exorde d'une foule de chartes et de diplômes de ces temps mémorables, où d'innombrables fondations pieuses et l'érection d'une immense quantité d'églises furent le résultat positif de la terreur des peuples. Il paraît, en effet, d'après une pierre scellée dans la tour ou clocher de l'église, que sa fondation ainsi que celle de la ferme qui y était jointe remonteraient à l'an 1011, dont le chiffre s'y trouve gravé.

Son architecture est noble et sévère. Elle est de style roman, à trois nefs, mais sans croix; il est probable qu'elle était plus considérable, mais des événements en ont, sans doute, détruit le chevet. Comme tous les monuments religieux éclos en cette époque de croyances vives, elle est orientée d'orient en occident; les deux nefs des

(

bas-côtés sont du style ogival, à nervures fines et élancées. La nef du milieu se prolonge sur deux rangs de belles colonnes romanes, à chapiteaux feuillus, dont aucun ne se ressemble. La voûte principale est aussi ogivale, à arcs doubleaux ayant clef de voûte, élevée d'environ 15 mètres et éclairée d'œils-de-boeuf ronds, qui jettent dans l'église une splendide lumière. Les bascôtés offrent des baies ogivales, ornées de beaux vitraux représentant des saints et des apôtres, acquis à grands frais par les soins religieux de M. Moreau, le curé actuel, qui a entrepris avec prédilection, zèle et persévérance la restauration et l'ornementation de sa charmante église.

Le maître-autel est d'un beau style, en forme de portique corinthien, enchâssé dans le mur du chevet, doré sur les nervures et les architraves, et rappelle le siècle de Louis XIV, auquel il remonte sans doute. Il en est de même des deux autels des nefs des bas-côtés, dont l'un est dédié à la sainte Vierge; l'autre, celui de droite, à saint Gombert, directeur d'Itte, épouse de Pépin de Landen, la fondatrice du village, dont saint Gombert est le protecteur.

Ce dernier autel est orné d'un tableau représentant ce saint. Nous parlerons plus longuement

de cette peinture en décrivant l'histoire de la chapelle qui lui avait été jadis dédiée dans le village.

A gauche, en entrant dans l'église, se voient les fonts baptismaux entourés d'une grille. Le chœur est fermé d'une autre grille et orné d'un piano-orgue d'Alexandre.

Enfin un beau tableau représentant Childebert Ier malade, au château de Celles-sur-Seine, un peu au-dessous de Melun, et guéri par l'intervention de saint Germain, décore le maître-autel. Ce tableau est signé de M. Laguerre, peintre connu de sujets religieux.

Un chemin de croix, donné par l'empereur Napoléon III; d'autres peintures ornent les bascôtés et les murs de l'église. Elle est bâtie en pierre et en grès, tirés sans doute des carrières du pays; il est probable aussi que des caveaux avaient été ménagés sous l'église elle-même, car, dans certaines parties, son pavage offrait jadis de larges dalles qui ont disparu.

Il y a quelques années, en faisant les fouilles nécessaires aux réparations de sa porte d'entrée, on a mis à jour la sépulture d'un seigneur d'armes enterré au devant du porche; à ses ossements se trouvaient mêlés des os de cheval et à ses côtés

étaient une épée et divers fragments de ses armes qui sont encore entre les mains de M. Delaunay, maire de la commune, antérieurement à la funeste guerre de 1870.

Sous le règne de Henri III, les habitants obtinrent la permission de clore leur église, pour se mettre à l'abri des attaques de leurs ennemis. A ces retranchements fut ajouté un petit fort flanqué de deux tourelles, dont on voyait encore les ruines il y a quelques années. Ces lieux ont conservé le nom de fort. Le roi Henri III avait à ce sujet octroyé aux habitants d'Itteville une charte, motivée «< en raison de ce qu'ils lui avaient toujours été fidèles. »>

La construction de ces retranchements coûta aux habitants 3,000 livres, somme assez considérable pour l'époque. Ils les acquittèrent en trois années. Ces retranchements ne les garantirent pas toujours néanmoins des dangers extérieurs, car ils se virent obligés, de temps en temps, d'acheter leur tranquillité à prix d'argent, ainsi que le constate un compte de marguillier sous la minorité de Louis XIV, où il est expliqué qu'il fut payé 19 livres aux ennemis, pour qu'ils n'entrassent pas dans Itteville.

Lotheric, évêque de Sens, seigneur d'Itteville,

avait accordé le patronage de cette cure au Chapitre de Notre-Dame de Paris en l'année 1005 ; il est probable que c'est vers cette époque que fut entreprise la construction de cette belle église.

Le Chapitre de Saint-Denis était fort riche; les croyances religieuses, très-vives alors, firent éclore, en ces temps de renaissance des arts, des monuments que celui-ci rappelle vivement.

On pourra remarquer que des peintures murales décoraient jadis la voûte et les murs. Malheureusement les réparations successives, nécessitées par le temps, les ont presque entièrement détruites, et elles ont été recouvertes d'un triste badigeonnage à la chaux.

On voyait jadis, dans l'église, le mausolée de Jacques Le Compte, gendre de Barnabé Brisson, célèbre et savant magistrat au parlement de Paris, qui fut successivement, sous Henri III, avocat général, conseiller d'État, président à mortier, puis ambassadeur en Angleterre, et que les ligueurs firent pendre si indignement aux grilles du Châtelet le 15 novembre 1591.

On y lisait aussi l'épitaphe de Jehan de Moucy, autre seigneur d'Itteville, remarquable par la manière dont elle était conçue :

Ci-gist..

de-la-Bretonnerie, à Paris (1).

enterré à Sainte-Croix

Il est à présumer que, vers le commencement du xvi° siècle, l'église d'Itteville était devenue dans un état de vétusté et de délabrement graves qui nécessitèrent sans doute de grandes réparations, sinon une reconstruction totale, car on voit, dans les registres de la paroisse d'Itteville, tenus par les anciens curés, la copie de l'extrait de la dédicace de l'église de Saint-Germain d'Itteville en l'année 1538. Voici le texte de cette copie :

« L'an mil cinq cent trente-huit, le dix-hui<«<tième jour du mois d'aoust, cette église fut « dédiée et consacrée par Révérend Père en Dieu « Messire Jehan Lunélius, Évesque de Sebaste «<et abbé de Saint-Sébastien ad Catacombas de « Urbe, près et hors les murs de Rome, de l'ordre « de Cîteaux, lequel a donné et octroyé quarante « jours de vray pardon et indulgences à tous ceux «< qui la visiteront au jour anniversaire de la dédicace, la fête et la solennité de laquelle est

α

toujours le Dimanche d'après l'Assomption de

(1) Ce Jehan de Moucy vivait, ainsi que nous l'avons dit plus haut, vers l'année 1640.

« Nostre Dame, ainsi qu'il apparaît par acte signé « de la propre main du seigneur Évesque, lequel « acte est, avec les titres de l'église, 1679.

« Nota. 1679 est la date de l'année à la

quelle l'inscription a été faite sur les murs de « l'église à côté de la grande porte. »>

Le 31 octobre 1762, ainsi que le constate une note insérée au feuillet 41 du registre paroissial de la cure, le beffroi de l'église fut entièrement réparé, on y plaça 3 cloches.

La première portant la date de 1540, la plus grosse portant le nom de Saint-Germain.

La deuxième, moyenne, a le même nom.

Et enfin, la troisième, plus petite, sans date, nommée Barbe.

Quatre ans après, on fut obligé de faire refondre la grosse cloche; cet ouvrage fut exécuté, le 27 juillet 1766, par les sieurs Pierre-François et Charles-François Limaux, maîtres fondeurs de cloches, pour le prix de 450 livres.

Le 19 octobre suivant, elle fut bénie et remise en place. Feuillets 46 et 47 du même registre.

II

La Chapelle de saint Gombert.

En traçant l'historique de l'origine du village d'Itteville, nous avons dit que saint Gombert, évêque de Sens, avait été le directeur d'Itte et le premier pasteur des colons du village naissant. Il aimait Itteville et en faisait sa résidence accoutumée. Cependant cette demeure habituelle de saint Gombert n'est pas prouvée par des titres ou des monuments.

Ce fut sans doute pour honorer la mémoire de ses vertus que les descendants des fondateurs d'Itteville lui ont voué un culte religieux. Une vaste chapelle avait été érigée sur le lieu probable de son habitation. Elle fit donner au quartier qu'elle desservait le nom de quartier de SaintGombert qu'il porte encore aujourd'hui. La construction de cette chapelle ne paraissait pas cependant remonter à une antiquité reculée.

Elle menaçait ruine vers le milieu du siècle dernier; elle fut rasée en 1762, et une plus petite fut élevée sur son emplacement. La première

pierre en fut posée le 5 juin 1763; cette dernière chapelle pouvait contenir environ cent per

sonnes.

La révolution de 1793, qui détruisit tant d'édifices voués au culte, fit abandonner celui-ci, qui, vendu comme bien national, est devenu cabaret et salle de danse. Les bâtiments qui en dépendent étaient destinés à servir d'école de filles dirigée par deux religieuses.

Nous avons parlé, dans la première partie de cet essai historique, des vertus du saint évêque de Sens, qui vécut dans l'intimité des nobles fondateurs du village d'Itteville. Saint Gombert, avonsnous dit, quitta son diocèse pour les suivre dans leur retraite du Brabant. Le peu de documents que nous avons pu recueillir sur son existence feront peut-être lire avec quelque intérêt les lettres suivantes, le concernant ainsi que son église, datées des 8 et 27 juillet 1758, et que nous avons pu transcrire et extraire des registres paroissiaux de l'église de Saint-Germain-d'Itteville.

Voici le texte de cet extrait :

« On a cru devoir transcrire dans ce registre «< ces lettres, pour, en cas que cette église, qui « tombe en ruines (la chapelle de saint Gombert), [ocr errors]

« ne soit jamais rétablie, en conserver la mé«moire, ainsi que celle de son saint, et faire <«connaître que depuis très-longtemps on n'a « rien sçu de certain ni sur l'un, ni sur l'autre.

« Sens, ce 8 juillet 1758.

འ J'ay appris qu'il y avait dans votre paroisse, « Monsieur, une ancienne et vaste Église dédiée « sous l'Invocation d'un Saint Gombert. Notre «<bréviaire, sur l'autorité de quelques diptyques,” « fait mémoire au 21 février d'un Saint Gom« bert, archevesque de Sens; on peut donc «< croire que c'est en l'honneur de ce saint ar«< chevesque de Sens que votre Église aura été « construite. Sa situation dans ce diocèse, la «< rareté de son nom, que ce Saint n'a partagé « avec aucun Saint de ce Royaume, au moins « qui ait été connu de nos plus savants apologistes, rendent cette opinion très-probable. La « découverte de cette église, érigée en l'honneur « de saint Gombert, peut devenir intéressante « pour la notice de ce saint Archevesque, « qui a eu le sort de la plupart des prélats de France du 7° et du 8° siècle? autant de diffi«< cultés et d'obscurités qui ont paru insolubles au sçavant Père Mabillon, mais sur lesquelles [ocr errors]

« l'existence de cette église et la tradition qui se « sera conservée dans le païs peut répandre un « certain jour. Dans cette vue, j'ai l'honneur « de m'adresser à vous pour vous prier de m'in<«<struire sur tout ce qui a rapport à cette église, <«<et je le fais avec d'autant plus de confiance, « que M. votre archidiacre m'a asseuré que je « trouverais dans votre bienfaisance et dans vos lumières toute la satisfaction que je pourrais « souhaiter.

« Vous ajouteriez encore un nouveau prix à « votre complaisance et à vos bontés, si vous pou «viez me renvoyer, le plus tôt qu'il sera possible, « les éclaircissements et les réponses aux ques«tions que je prends la liberté de vous proposer. « Si je pouvais vous être de quelque utilité dans <«< cette ville, j'en saisirais l'occasion avec la satis« faction la plus sensible, dans la vue de vous a prouver et la sincérité de ma reconnaissance, <«<et la parfaite considération avec laquelle j'ay «<l'honneur d'être, Monsieur, votre très-humble « et très-obéissant serviteur. Signé Garsement « de Foulaine, Chanoine de Sens.

« 1° Quelle est la tradition du païs sur cette « église de Saint-Gombert, située dans la paroisse « d'Itteville? A-t-elle été autrefois paroissiale?

« Son étendue, sa situation dans la campagne, «< et plus encore le terme d'altare (nota, le mot « d'altare s'entend des revenus), qui est donné à « l'église de Saint-Germain, dans l'acte de dona«<tion de cette église au Chapitre de Paris, en [ocr errors]

1005, par l'Archevesque de Sens, Leotheric. « Altare Sancti Germani in Iteovilld. Dubois, Hist. Ecclesiæ Parisiensis, t. Ier, p. 682.

« 2° S'y fait-il un concours de dévotion? A quel

jour de l'année? Est-ce le 21 février ou le « 1er mars, jours auxquels les anciens martyro« loges en font mémoire ? [ocr errors][merged small][merged small]

« 3° Conserve-t-on dans cette Église quelque « relique de ce saint, ou bien quelques légendes, « quelque office particulier?

« En solemnise-t-on la feste dans l'église pa« roissiale de Saint-Germain ? Y est-il honoré “comme patron? La feste est-elle chômée ?

« 4o Y a-t-il dans cette église de Saint-Gom« bert quelque autre saint révéré comme pa-· « tron second ou par quelque dévotion particu« lière ?

« Se conserve-t-il dans le païs quelque tradi<tion sur l'époque du culte de ce saint? Quelles

« circonstances peuvent avoir donné lieu à cette <«< interruption et à son rétablissement?

«6° Cette Église est-elle ancienne ? Les arcs+ a doubleaux des voûtes, si elle est voûtée, les <«< cintres des fenêtres, sont-ils exactement ronds « ou en pointe en ogive?

« 7° Au portail de cette Église, sur le maître« autel, sur les murailles extérieures ou inté→ « rieures aux vitres, y a-t-il quelques figures de «ce saint, ou à la construction de cette Église?

« 8° Cette église renfermerait-elle quelque « ancienne tombe ou quelque épitaphe et in«scription remarquable ? [ocr errors]

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« 9° Quelle dénomination donnaient à cette Église les anciens papiers et titres soit de l'Église, soit des particuliers?

« 10° A la charge de qui est l'entretien de cette « église? A-t-elle des revenus qui lui soient spé«cialement affectés ? et de quelle nature?

Au dos de cette lettre est écrit : Provins à Monsieur Monsieur Chesnel curé d'Itteville en Beausse près la Ferté Alaix, à la Ferté Alaix près Estampes. [blocks in formation]

« J'aurais souhaitté, Monsieur, faire une.re«ponse plus prompte à votre lettre datée de Sens,

du huit de ce mois, mise à la poste à Provins, « et qui m'a été rendue le quinze du courant, mais comme tous nos titres nè disent rien de saint « Gombert et de son église, j'aurais voulu voir « si dans les archives de M. de Broglie, successeur ⚫ actuel du Chapitre de Notre-Dame de Paris, « dans la seigneurie d'Itteville, il ne s'y serait pas « trouvé de quoy vous satisfaire, et je n'ay pu « joindre que ces jours cy celui qui en a la garde, <«<et encore tout ce que j'ay obtenu de luy est « une promesse qu'il ferait une recherche sur les « notes que je luy ay laissé, aussitôt que des af« faires qui l'occupent entièrement le laisseront <«< libre. S'il tient sa parole, comme je l'espère, «< peut-être trouverons-nous de quoy vous faire connoître quel est notre Saint Gombert. S'il « était vray que le saint Archevesque de Sens, « n'eûst partagé son nom avec aucun saint de ce « royaume, saint Gombert, seigneur de la cour « de Chilpéric, Roy d'Austrasie et ensuite de « France, lequel saint était époux de sainte « Berthe, et qui n'a jamais été prêstre, ne serait « donc qu'une chimère. Il est cependant fort ho«noré à Avenay, près Rheims, en l'abbaye du « Val d'Or, abbaye de filles, desservie par les « Révérends Pères Carmes. Sa fêste s'y célèbre

1

« tous les ans, très solennellement. par un office « propre, où sont des légendes qui rapportent « l'histoire de sa vie. Binet a écrit la vie de ce

saint, et le Père Bonnefons, Jésuiste, en son « Abrégé des heures des Saints, en fait aussi « mention au 29 avril. La proximité de ce jour « avec le 2o mai, auquel dernier jour nous fai<«<sons la fêste de saint Gombert, comme 2o paa tron, porterait assez à croire que saint Gombert « d'Avenay serait celui d'Itteville plutôt que « saint Gombert de Sens, dont la fêste est au « 21 février ou au plus tard le 1er mars, et trop ⚫ éloigné du 2 may pour êstre le nôstre. Au reste, « je vous laisse à décider ce point de critique. « Vous aurez assez de peine à le faire sur mes « réponses aux questions que vous me faites « l'honneur de me proposer ; je voudrais qu'elles « fussent plus satisfaisantes.

L'église de Saint-Gombert est scituée dans le « village mêsme d'Itteville; il n'en reste plus que «< la nef longue de cinq toises et demye, sur trois «toises de large. Le chœur et un bas-côté sub« sistoient encore en 1747. Le choeur qui avoit « tout au plus deux toises et demye de long, y compris la place de l'autel endosé au pignon, « étoit plus bas que la nef, et le bas-côté étoit en

«< core plus bas que le chœur, il régnoit le long « de la nef et du chœur et avoit deux toises de

large. Rien n'a été vousté dans cette église, « sa couverture est tout à fait semblable à celle « d'une grange, ainsi que la hauteur du corps du « bâtiment. Ce sont deux lucarnes à jour, dans « l'une desquelles est encore une cloche à capu«< cinière, qui servent de clocher. Les fenestres « tant celles au-dessus du maître-autel que celles « de la nef, et celles au-dessus de la grande porte <«<et de la petite porte du bas-côté et à côté <«< du portail, toutes inégales, petites et étroites, « étaient rondes.

« Il n'y a jamáis eu, à ce qu'il paroît de sculp«tures et de peintures sur les vitres et les mu« railles, on n'y voit aucun vestige de tombes d'é“ pitaphes et d'autres inscriptions. Il y avait dans «< cette église trois autels bâtis de pierres brutes de «<et de plâtre, ainsi que leurs gradins ; le maître« autel, un dans le bas-côté, et un autre dans la « nef. Sur ce dernier étaient quatre petites fi«gures, les unes de pierre, les autres de bois, «représentant saint Roch, saint Nicolas, sainte « Anne, et une Véronique; sur celui du bas-côté « une de la Vierge, et sur le maître-autel une « d'un Évesque avec sa mître.

A juger de la grandeur de cette église, du « nombre de ses autels, et de la multiplicité des « figures de saints, la tradition du païs qu'elle a « été paroissiale paraitrait vraye. Car pourquoi <«< une aussi grande étendue, tant d'autels et un « si grand nombre de saints, si elle n'avoit été qu'une simple chapelle? Ordinairement les simples chapelles n'ont qu'un patron, qu'un a autel, et le vaisseau en est petit, surtout quand « il ne s'y fait aucun concours de dévotion, et « de l'aveu de nos bonnes gens il ne s'en est ja« mais fait dans cette église, quoiqu'ils disent « que saint Gombert guérit de la fièvre.

« A deux pas de cette église il y a un jardin <«< d'un païsan qui donne sur les murs du village « que l'on dit avoir été autrefois le cymmetière « de saint Gombert, parce qu'il y a environ dix « ans que ce particulier y fouillant pour bastir y « trouva une teste et des os de corps humain (1).

(1) Remarques. Cette assertion de M. Chesnel, ancien curé d'Itteville, auteur de la lettre que nous transcrivons, s'accorde parfaitement avec un fait tout récent. M. Louis Boudignon, propriétaire d'Itteville, auquel appartient aujourd'hui le jardin dont il est parlé par M. Chesnel, a dernièrement fait opérer de grands terrassements et enlèvements de terre dans le terrain en ques

«Cependant il n'y a aucun papier, soit de l'église, «< soit des particuliers, qui fasse connoître que « cette église a été paroissiale. Toutes les dona<tions de terres et rentes qui ont été faites pour « des fondations et des obits et dont il s'en trouve

de 1498 et qui sont en une infinité de par<«<ties, et qui montent à plus de cent pistolles, <«< il n'y en a aucune pour l'église de saint Gom« bert. Cette église n'a aucun revenu, aussi « tombe-t-elle en ruines. Toutes ces fondations « ont été faites à l'église de Saint-Germain.

D

« Il ne paroit pas mesme que cinq arpens de « terre situés sur le terroir d'Itteville, que l'on > appelle le Chantier de Saint Gombert dont la «cure jouit d'une partie, et la fabrique de Saint« Germain de l'autre, ayent jamais appartenu à « saint Gombert. Il y a aussi plusieurs arpens de « terre scitués à Janville, de la paroisse d'Auvers, « voisine de celle d'Itteville, qu'on appelle le fief « de Saint-Gombert, mais ces terres appartiennent « aux différents particuliers, et il ne paroit pas

tion, transformé en cour, et il a été mis à jour de nombreuses sépultures contenant beaucoup d'ossements humains, et plusieurs tombes de plâtre gallo-romaines ou de la dernière époque mérovingienne, qui renfermaient quelques armes.

«< que la concession leur en ait été faite à charge « de rente à l'église de Saint-Gombert ou de « Saint-Germain, et qu'ils aient par conséquent « appartenu à une de ces Eglises; nous n'avons « aussi aucun registre qui fasse mention de curés « de Saint-Gombert, et des baptêmes, mariages a et sépultures faits en la paroisse de Saint-Goma bert.

« La tradition du païs est que l'église de Saint« Gombert étoit l'église paroissiale du tems qu'il « y avoit des chanoines à Itteville, et que lors<«< qu'ils en sont sortis, on a fait de l'église Saint«< Germain l'église paroissiale. Ce raisonnement « ne paroit pas fondé. 1° Il n'y a aucune preuve «< qu'il y ait eu des chanoines à Itteville. Il est «vray qu'il y a, dans les deux fermes des sei«gneurs scituées proche l'Église, des chambres [ocr errors]

qui servent aujourd'huy de grenier, et qu'on «dit avoir été celles des chanoines. Ces fermes, « ainsi que l'église de Saint-Germain, étoient en« tourées de grands murs et de tourelles. Il en <«< reste encore des vestiges que l'on appelle le

fort. La tradition est que ce sont les chanoines «< qui se sont ainsi fortifiés pour se mettre à cou« vert des partis bleus, du temps des guerres «< civiles. Pour moy je crois que ces chambres et [ocr errors][merged small][merged small]

aces fortifications n'étoient pas pour des cha« noines qui demeurâssent habituellement à « Itteville; mais pour recevoir MM. les chanoines « de Notre-Dame de Paris, lorsqu'ils venoient à « leur terre d'Itteville, d'autant plus qu'il n'y a «<eu de châsteau bâsti pour les seigneurs que depuis que le Chapitre de Paris a vendu la « terre d'Itteville.

«

« 2' Je vois des curés de Saint-Germain d'It<«<teville à qui MM. de Nostre-Dame de Paris « payaient le mesme Gros que le Seigneur me « paie aujourd'huy. La vente a été faite en 1594, • et il y avait des Curés en 1577. Je tiens ces « dates de M. l'abbé Parafin, chanoine de Notre« Dame de Paris, mort depuis quelques années, «< et qui, en vertu de sa prébende, nommait à la « cure de Saint-Germain d'Itteville, ainsi que ses <«« successeurs ont droit d'y nommer. Voicy ce « qu'il me fit l'honneur de m'écrire à mon avè«nement à Itteville :

« Extrait d'un bail de la Seigneurie d'Itteville « du 27 juin 1577, fait par le Chapitre de Paris « à Simon Compotier, à la charge par le dit pre« neur de payer au Curé dudit Itteville trois « muids de grain, etc., et dans sa mesme lettre

« il ajoute : « Je n'ay point trouvé le con« trat de vente de la Seigneurie d'Itteville <«<faite par Messieurs du Chapitre; mais je « l'ay trouvé cité dans plusieurs actes en date « du 1er décembre 1594. Ils vendirent à Messire « Jacques Le Compte, trésorier de France de «la Généralité de Paris. »

« Le mausolée de ce premier Seigneur laïc « est dans l'église de Saint-Germain. Il acheta la « terre d'Itteville la somme de six mille huit «cents écus d'or au soleil. [ocr errors]

« Ce curé, qui, dans cet extrait du bail du 27 juin « 1577, n'est nommé que curé d'Itteville, s'appelait Jean Leroy, et est nommé curé de «< Saint-Germain, dans le compte du marguillier « de la ditte église, en la ditte année. Il n'y « avait donc point, pour lors, de chanoine de «< l'église Saint-Germain, mais un curé. Dans un «< compte de 1590, on trouve dans le chapitre « de dépense cet article: payé à Félix, vitrier « à Estampes, onze livres, pour avoir fait les « vitres de la chapelle de M. saint Gombert et «< racoupé les vitres de l'église de Mgr. saint « Germain. Cela prouve que l'on regardait alors l'église de Saint-Gombert comme chapelle, et,

« dans un autre compte de 1566, qui sont tous « des marguillers de l'église et fabrique de « Saint-Germain, il y est fait mention de bois « pour faire la figure de M. saint Germain et « d'autres saints, et il est probable que celles-cy « étaient les anciennes de l'église de Saint«Germain; effectivement elles étaient toutes « mutilées et dévermolues, posées sur les autels « sans être arrêtées. Ainsi on ne peut conclure « que la figure d'un evesque en mître posée et « non attachée sur l'autel de la chapelle de Saint« Gombert fût la figure de ce dernier et des au« tres figures, qu'il y avait dans cette chapelle, « de plusieurs patrons, supposé qu'elles vinssent « toutes de l'église Saint-Germain, et de cette « multiplicité de saints que l'église de Saint-Gom«< bert fût autrefois paroissiale, du moins pendant «<les années qui ont précédé la vente de la terre «<d'Itteville, faite par Messieurs du Chapitre de « Notre-Dame de Paris. Quant à l'église de SaintGermain, je n'en sçais que ce que je viens de « vous en dire, et qu'elle a été dédiée l'an mil <«< cinq cent trente-huit, le dix-huit aoust, par le « Révérend Père en Dieu Messire Jean Lunélius, «< évesque de Sébaste. Cette note est écrite au«dessus du bénitier de la ditte église. Cette [ocr errors] [merged small][ocr errors][merged small]

« église est grande et une des plus belles du dio « cèse. On n'y voit d'épitaphe autre que celle « de Jacques Le Compte, premier seigneur laïc, <«<et une de Jean de Moucy, un de ses succes«<seurs, et un reste de tombe de Guy Le Ronsin, « ancien curé. S'il y avait eu des chanoines dans «< cette église, on y verrait quelques monuments « de leurs sépultures. Par les arcs-doubleaux en «ogives de sa voûte, et les colonnes qui soutien« nent ces doubleaux, il paraît que cette église « a été édifiée au plus tôt vers le milieu du XII siècle, où cette architecture a commencé. « Il est cependant facile de juger qu'elle est plus « ancienne que celle de Saint-Gombert. Le bâti<«<ment de cette chapelle n'est qu'une maçon« nerie en terre, par conséquent très-moderne.“ « Nous n'avons à Itteville aucune relique de « saint, ny d'office particulier de saint Germain et « de saint Gombert. Ces deux saints sont repré«sentés en évesques à côté de la sainte Vierge « sur notre bannière qui a été faite en 1721.

« Je crois, Monsieur, avoir répondu à toutes « vos questions. Si l'homme d'affaires de M. de « Broglie me donne des mémoires, je les remet« tray à M. l'abbé de Bouillon lors de sa visite. [ocr errors]

(Nota:) Il ne s'est rien trouvé dans les archives

« de M. de Broglie. Je prends la liberté de lui « présenter mes respects et vous prie d'être per« suadé de la sincérité de celuy avec lequel j'ai «<l'honneur d'être, Monsieur, votre très-humble « et très-obéissant serviteur. Signé Chesnel, «< curé d'Itteville. »

Nous avons dit plus haut, en faisant la description de l'intérieur de l'église Saint-Germain d'Itteville, que l'autel du bas-côté de droite est -dédié à la mémoire de saint Gombert, et qu'un tableau représentant ce saint archevêque décore çet autel. Nous avons trouvé sur les registres paroissiaux de la cure d'Itteville la mention suivante relative à cette peinture : [ocr errors]

« Feuillet 48°, 24 octobre 1766, Fonts de « bâtesme nouveaux, donnés par M. Claude Léger Sorbet, écuyer, propriétaire du fief de « Rouany, et la maison bourgeoise, scitués en «< cette paroisse, ainsi que le tableau de la cha« pelle de Saint-Gombert. Description du tableau « de ladite chapelle.-Le mêsme jour a été placé « dans la chapelle, et au-dessus de l'autel de « Saint-Gombert, le tableau qui représente le « saint Archevêsque de Sens habillé à la grecque.

« Le dessein de ce tableau a été pris sur la <«< figure de saint Denys qui est posé dans la

«< cathédrale de Paris sur l'autel parallèle à celui « de la sainte Vierge. (Nota.) Comme on n'est [ocr errors]

point certain si saint Gombert, patron de cette

chapelle, est l'Archevêsque de Sens, de ce nom, « ou un autre saint (voyez les lettres à ce sujet), <«< on a cru devoir l'habiller ainsi à l'antique « parce que cette draperie, au pallium près, « peut convenir à beaucoup de saints. [ocr errors]

« Ce tableau est du sieur Alizard, élève de « l'Académie royale des Peintres, où il a remporté le prix, et actuellement à l'Académie de <«< Rome, en qualité de pensionnaire du Roy; il <«<est neveu, mais à la mode de Bretagne, de « M. l'abbé Nollet, auteur de la physique expé« rimentale. » [blocks in formation]

On ne rencontre pas dans le village d'autres monuments. La Mairie, maison commune à laquelle se trouve réunie l'Ecole communale, est de construction récente, élevée sur les plans de

M. Magne, architecte d'Etampes. Elle est simple et commode, mais n'offre rien à l'œil. Elle comprend, au rez-de-chaussée, une salle de conseil. qui en même temps sert à l'usage des réunions électorales et aux cérémonies publiques, une grande salle d'école et l'habitation journalière de l'instituteur; au premier étage, une autre salle de mairie et des chambres occupées par l'Instituteur actuel; une avant cour, divisée en deux parties et close par de simples treillages, la précède; et enfin un beau jardin en contre bas d'une terrasse est mis, par la Commune, à la disposition de l'instituteur et est attenant à la façade postérieure de la Mairie.

Le village contient encore de nombreuses chaumières, et la seule habitation bourgeoise qui s'y fasse remarquer est celle de M. Sauvat, dont nous avons parlé précédemment, dont la construction, autant qu'on puisse le présumer, n'est pas fort ancienne et qui a été sans doute élevée vers l'an 1595, lors de la vente de la Seigneurie d'Itteville par le Chapitre de Notre-Dame de Paris à Messire Jacques Le Compte. De même que l'église, et à la même époque sans doute, sous le règne de Henri III, le village fut clos de murs. Ces murailles avaient 6 à 7 mètres de hauteur,

sur 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres d'épaisseur; tous les 50 mètres on avait élevé des tourelles de 5 à 6 mètres de largeur sur 2 mètres de rayon; le tout, ne formant qu'une seule et même enceinte à laquelle on avait ménagé quatre portes principales, était surmonté de créneaux et sans doute d'une plate-forme, et le village était défendu en outre par des fossés pratiqués à l'extérieur des murs et des tours. Enfin, des meurtrières percées dans tout ce système de défense et garnies de fortes et solides pierres permettaient de repousser une attaque ou une escalade avec des armes défensives telles que fusils de siéges, petits canons, etc. Mais le tout est en ruines. Cepen. dant, de distance en distance, on rencontre encore de ces tourelles dont quelques-unes, assez bien conservées, peuvent encore donner quelque idée de la hauteur et de la force de ces moyens de défense.

Tout ce que nous venons de dire de l'histoire de notre village, bien déchu aujourd'hui, prouve donc qu'il a eu son importance. Sa population a dû être considérable. Il a joué quelque rôle dans notre histoire, car nous avons vụ plus haut qu'en l'année 1360, lors du traité de Brétigny, dit Paix des Dames, et sous le règne [ocr errors][merged small][merged small]

du roi Jean, il avait été compris dans le nombre des neuf forteresses rachetées dans le duché de France, et que les Anglais évacuèrent moyennant 24,000 florins à l'écu du roi Philippe de Valois. Il est donc probable, puisque la forteresse d'Etteville, ainsi désignée dans ce traité, avait été rachetée et comprise au nombre des neuf places fortes, qu'elle avait une importance majeure, et qu'elle offrait un point stratégique sérieux. Son enceinte a dû être assez considérable, et sa population bien plus nombreuse que de nos jours. En effet, depuis le lieu dit de la porte du Billoy jusqu'à la porte appelée d'En-Haut ou de Saint-Vrain, on retrouve des amas de ruines de murs de clôture, des excavations indiquant d'anciennes caves qui ont dû appartenir à de vieilles habitations, et cette partie du sol du village s'appelle encore les faubourgs. On ne se tromperait guère en l'évaluant à plus de 2,500 ou 3,000 habitants.

La population actuelle comprend à peine 700 habitants pour le village seul, et une cinquantaine pour les hameaux qui en dépendent.

L'ancien cimetière de la commune était, pour ainsi dire, attenant à l'église, dont il n'était séparé que par une ruelle donnant accès tant à

l'église qu'à l'ancienne ferme dite du Fort. Il a été fermé comme insuffisant pour la commune et se trouvant dans l'enceinte du village, depuis à peu près trente-cinq ans; un nouvel emplacement au sud-est et hors de l'enceinte des habitations a été choisi depuis cette époque.

Le nouveau cimetière, d'une contenance de plus de 2,000 mètres, est tout à fait convenable, et il sera possible, le cas échéant, de l'agrandir. Divisé en deux parties séparées par une grande allée au milieu de laquelle est une belle croix de fonte, le côté gauche a été destiné aux sépultures temporaires gratuites, le côté droit aux concessions perpétuelles qu'on peut obtenir moyennant un taux assez modéré.

Les hameaux qui dépendent de notre commune sont appelés l'Épine, la Brière, le Saussaye, Aubin, les Murs, les Moulins-du-Gué.

L'Épine.

Le hameau de l'Épine se compose d'une belle propriété appartenant à M. Narcisse Rabourdin, riche négociant en farines, un des anciens meuniers dits des quatre marques. Ce domaine com

prend de vastes et magnifiques moulins élevés [ocr errors]

sur la rivière de Juine, que fait mouvoir une puissante chute d'eau. Ces usines ont près de 9 mètres de fondations; elles sont renommées pour leur bel outillage et leur matériel parfaitement aménagé, et leurs importantes dépendances. On y compte vingt ou vingt-cinq paires de meules.

Une belle maison de campagne, bien embellie et améliorée par son propriétaire, est à proximité de ces moulins; un ancien corps de ferme et le surplus de l'ancien parc de l'Épine ont été rachetés, il y a quelques années, par M. Rabourdin; enfin une autre maison de campagne, voisine de ce corps de ferme, fait également partie de la propriété de l'Épine. Le tout peut comprendre une surface de 250 à 300 arpents. Un beau parc, bien dessiné, embelli d'arbres exotiques, et traversé par la charmante rivière de la Juine, qui traverse, dans son cours, une riche et ombreuse vallée, offre un grand charme à ce beau domaine.

La Brière.

Le hameau de la Brière appartient, presque tout entier, au propriétaire de l'Épine; il n'a plus

qu'une seule habitation particulière, le surplus est en ruines; mais un beau moulin, muni d'une belle chute d'eau qui donne la vie à quatre ou cinq paires de meules, anime cet endroit du cours de la Juine que de grands ombrages, et la proximité du parc du château de Saint-Vrain, appartenant à M. le comte de Mortemart, embellissent encore.

Le Saussaye.

La propriété du Saussaye, troisième dépendance de la commune, appartient à M. Jules Chéron, ancien notaire à Lardy. Elle se trouve séparée en deux parties par le cours de la rivière de Malesherbes qui, à 1 kilomètre plus loin, se réunit à la Juine et prend le nom d'Essonne jusqu'à Corbeil, où se trouve son embouchure dans la Seine.

La moitié de cette propriété seule dépend de la commune d'Itteville, l'autre moitié se trouve comprise dans le terroir de la commune de Ballancourt. La première partie, dépendant d'Itteville, est un beau moulin de quatre paires de meules, qui n'a pas une grande importance, mais qui a, dernièrement, subi une réparation com

plète. Le propriétaire a cherché à l'améliorer en faisant donner une meilleure direction à la faible chute d'eau qui dessert cette usine; plusieurs corps de bâtiments, des jardins font également partie de ce moulin.

De ce côté du terroir de notre commune existent de grandes tourbières, établies et exploitées dans les anciens marais communaux et dans l'île formée par la rivière de Malesherbes. Cette industrie offre quelque intérêt au visiteur.

Aubin.

Le hameau d'Aubin offre, comme habitation principale, le petit château d'Aubin, qui appartient à M. Alexandre Sanson Dorival, fils d'un riche maître de forges de Charleville. A cette charmante maison bourgeoise se trouve jointe une ferme. Le reste des habitations de ce hameau appartient à des cultivateurs.

Dans les prairies qui avoisinent ce hameau sont de grandes exploitations de tourbières dont lés étangs et pièces d'eau communiquent avec la rivière de Malesherbes..

Les Murs.

Le hameau des Murs n'est qu'un amas de quelques granges et habitations occupées par deux ou trois familles.

Les Moulins-du-Gué.

Les Moulins-du-Gué sont ainsi nommés parce qu'ils ont été construits non loin d'un gué qui existait sur l'Essonne ou la rivière de Males [ocr errors]

herbes, à 150 ou 200 mètres en aval de la petite ville de la Ferté-Alais.

Les moulins et la filature de bourre de soie sont la propriété de la famille Thirouin de Gironville. La fabrique de bourre de soie était dirigée, jadis, par M. Langevin, fabricant célèbre, qui a obtenu de nombreuses médailles aux expositions diverses, et qui fut décoré, en 1867, de la croix de chevalier de la Légion d'hon

neur.

Cette usine est dirigée actuellement par M. Sylvestre. Quant aux moulins, ils dépendent de l'exploitation de ceux de l'Épine et de la Brière, et sont sous l'administration de MM. Lefebvre et

Vaury, successeurs de M. Rabourdin. La position de ces usines est fort belle, très-avantageuse, à proximité de plusieurs routes vicinales et départementales qui se rencontrent à la FertéAlais et de la gare du chemin de fer de Corbeil à Montargis. Leur outillage et leur matériel sont d'une grande importance. La filature occupe environ cent cinquante ouvriers et ouvrières. Quant aux moulins, ils font de blé-farine à l'aide de quatorze ou seize paires de meules.

La chute d'eau est forte et belle, et le paysage qui encadre cette propriété est charmant.

IV

Excursions et promenades des environs d'Itteville.

Les environs d'Itteville offrent aux visiteurs d'agréables excursions.

Les bords ombrageux de la Juine, le joli vallon de Lavau, les beaux taillis qui s'étendent sur les coteaux boisés qui dominent le village, parsemés de rochers comme la forêt de Fontaine. bleau, offriront des promenades peu éloignées.

Dans les bois du terroir de Cerny, commune limitrophe de la nôtre, on pourra visiter de curieuses carrières de grès; une excavation naturelle, sur un plateau rocheux, appelée le Troudu-Sarrasin, au fond de laquelle s'ouvre une grotte profonde, où jadis murmurait une source limpide et fraîche; non loin de là un cataclysme de roches de grès existant dans un vallon sauvage, et une autre belle roche, appelée la Rochequi-Pleure. On pourra, si on en obtient la permission, visiter un établissement magnifique aux confins de la commune, la poudrerie.du Bouchet, qui appartient à l'État, usine ou plu tôt réunion d'usines admirablement montées, séparées les unes des autres, et grandement améliorées depuis quelques années.

Ajoutons, pour dernier mot, que, partout, Itteville est entouré de châteaux et de maisons de plaisance, au nombre desquels nous pourrons citer les châteaux de Frémigny, de Billy, de la Boissière, de Colbert à Ballancourt, et à la FertéAlais, de Presles, etc., etc.

FIN.

PARIS.

IMPRIMERIE DE Mme ve BOUCHARD-HUZARD,

       rue de l'Éperon, 5. 
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